Le Saint Concile de Trente
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Le Saint Concile de Trente
Ouverture du Concile de Trente.
Ce que c'est que le Pape.
Ce qu'il a fait.
Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin.
Négociations de Clément VII pour l’ouverture du concile.
Négociations plus heureuses de Paul III pour le même sujet.
Discours préliminaire de Dominique Soto.
Séance d’ouverture. Discours de l’évêque de Bitonto. Observations sur certaines critiques.
Seconde session. Discours de l’évêque de Saint-Marc.
Exhortation des légats. Décret sur la manière de vivre dans le concile. Deux oppositions à ce décret.
Discussions sur le titre de représentant l’Église universelle.
Discussion sur le point de savoir si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme. On décide de traiter à la fois des deux choses.
Troisième session. Discours du Dominicain Antoine Polite. Profession de foi de tout le concile.
Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.
Caractère de Luther suivant Pallavicin.
Caractère de la nation allemande.
Après avoir promis de se soumettre au concile, les Luthériens font la guerre à l’empereur. Intérim de Charles-Quint.
Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
L’Église catholique au concile de Trente.
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
Décret de réformation. — De l'établissement et entretien des lecteurs en théologie et maîtres ès arts libéraux.
Décret sur la prédication.
Le concile partagé en trois congrégations. Affaire de Vergério.
Insinuation mensongère de Fra-Paolo.
Marc-Jérôme Vida, évêque de Crémone.
Louis Lippoman, évêque de Vérone.
Cinquième session. Décret sur le péché originel. Réflexions à cet égard.
Guerre civile en Allemagne. Victoires de Charles-Quint sur les protestants.
Vivacité extrême d’un évêque de Trente.
Sixième session. Décrets et canons sur la justification.
Différence entre Luther et le concile.
Chapitres de réformation sur la résidence ecclésiastique.
Sagesse pratique du Pape et du concile.
Septième session. Doctrines et canons sur les sacrements en général, sur le Baptême et la Confirmation.
Décrets de réformations ou de discipline, avec une clause remarquable. Translation et interruption du concile.
Conduite de Charles-Quint envers le Pape et le concile.
Politique peu honorable de la France.
Reflet de la France dans Marot et Rabelais.
Première cause de l’opposition que le concile de Trente rencontre en France.
Opinion du protestant Cobbet sur la mort de Henri VIII et l’avènement d’Édouard.
Omission d’une cérémonie importante dans l’inauguration d’Edouard VI. Origine anglicane de l’absolutisme royal ou despotisme.
Fernand Cortez fait la conquête du Mexique et y remplace les sacrifices humains par la civilisation chrétienne.
Conquête du Pérou par François Pizarre.
Si aucune politique, philosophie ou religion moderne peut blâmer ces conquérants aventureux.
Témoignage du protestant Robertson sur la conduite des missionnaires catholiques dans le Nouveau-Monde.
Premier synode au Mexique. Propagation de la foi, érection d’évêchés au Mexique, Pérou, Brésil.
Saint-Louis Bertrand, de l’ordre de Saint-Dominique, apôtre du Nouveau-Monde.
Travaux apostoliques de saint François-Xavier, au Japon.
Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine, et meurt dans l’île de Sancian.
Miracles qu’il opère avant sa mort. Sa canonisation.
Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens. Témoignages que lui rendent les protestants. Qu’en conclure ?
Projet du saint. La Providence y dispose les peuples.
Mort et caractère de Paul III.
Election de Jules III. Ses soins pour la reprise du concile.
Politique peu française et peu franche du roi Henri II envers le concile et le Pape.
Treizième session. Décrets et canons dogmatiques sur le sacrement de l’Eucharistie.
Sauf-conduit pour les protestants.
Quatorzième session. Doctrine et canons sur les sacrements de Pénitence et d’Extrême-Onction.
Décrets disciplinaires du concile pour élever le pouvoir des évêques au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique. Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape.
Seconde suspension du concile.
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune, vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand, ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II, et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.
Variations religieuses de l’Angleterre à la mort de Henri VIII et sous le règne d’Édouard VI.
Quatre évêques fidèles.
Vraies causes de ces innovations, malgré le clergé et le peuple.
Les novateurs brûlent une dissidente.
Persécution contre les pauvres.
Le pape-roi Édouard VI signe la mort de ses deux oncles.
Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet. Mort d’Édouard VI.
Avènement de la reine Marie.
Elle épouse le prince d’Espagne, Philippe II.
Rétablissement de la religion catholique en Angleterre. Légation du cardinal Polus.
Ce que signifie au juste Persécution et Martyr.
Poursuites légales de la reine Marie contre certains hérétiques, entre lesquels Latimer et Cranmer, d’après le protestant Cobbet.
Mort de la reine Marie.
Mort de l’évêque et chancelier Gardiner.
Mort du cardinal Polus. Ses vertus, ses talents, ses ouvrages.
Mort de Jules III. Il ne répond pas à la haute idée qu’il avait fait concevoir étant cardinal.
Court pontificat de Marcel II.
Avènement de Paul IV. Ses vertus, ses défauts.
Accord de la prudence et de la simplicité chrétiennes.
Paul IV reçoit l’obédience de l’Angleterre.
État critique de la France. Mort de Henri II. Trois partis : les huguenots sous les Bourbons, les Politiques sous les Montmorency, et les catholiques sous les princes de Lorraine.
François de Lorraine, duc de Guise, lieutenant général du royaume.
Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement. Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.
Nouveau clergé intrus et schismatique.
Gouvernement papal de la reine papesse, d’après le protestant Cobbet.
Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots. Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg. Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil de leurs prédicants. Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse, sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
Pourquoi les protestants d’Allemagne ne rougissent pas de cette partie de leur histoire.
Conversion de plusieurs protestants instruits : Georges Wicélius, Vitus Amerbach, Frédéric Staphilus, Théobald Thamer.
Commencements, vertus, travaux littéraires et apostoliques du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
L’empereur Ferdinand lui demande un catéchisme.
Extraits de ce chef-d’œuvre, où est réfutée avec ensemble toute la prétendue réforme.
Succès de Canisius à Augsbourg.
Fondation du Collège germanique à Rome par saint Ignace.
Fondation par saint Ignace du Collège romain pour l’univers entier.
Saint Ignace procure des missionnaires à l’Église dans toutes les parties du monde, notamment en Corse et en Éthiopie, où le Pape institue un Jésuite patriarche et deux autres évêques.
Le Jésuite Laynez.
Dernières actions et mort de saint Ignace. On lui donne Laynez pour successeur.
Dernières actions et mort du Pape Paul IV.
Élection de Pie IV. Procès des neveux de son prédécesseur.
Commencements de Pie IV.
Famille et commencements de saint Charles Borromée.
Négociations du nouveau Pape pour la reprise du concile de Trente.
Dix-septième et dix-huitième sessions.
Insistance de l’archevêque de Bragues pour la réformation des cardinaux.
Réception des ambassadeurs. Joie du concile au sujet de la France.
Colloque de Poissy. Sage conduite et excellent discours du Jésuite Laynez.
Paroles sanguinaires de Calvin à ce propos.
Le Père Edmond Auger et d’autres Jésuites en France.
Les Jésuites établissent un collège à Paris. Leur succès dans l’enseignement d’après l’historien de l’université Boulay, d’Alembert et le protestant Ranke.
Arrivée des ambassadeurs français à Trente. Dix-neuvième et vingtième sessions. Discours et demandes des ambassadeurs français et ceux de l’empereur. Les Français donnent lieu à des plaintes.
Vingt et unième session. Doctrine et canons touchant la communion sous les deux espèces et celle des enfants.
Congrégation préparatoire à la session suivante.
L’Assyrie orientale, dans la personne de son patriarche Abd-Isu, se soumet au Pape Pie IV, qui érige de nouveaux évêchés dans l’Amérique et dans l’Inde.
Vingt-deuxième session. Doctrine et canons touchant le saint sacrifice de la messe.
Décret touchant les choses qu’il faut observer et éviter dans la célébration de la messe. Le concile réserve au Pape de permettre ou non l’usage du calice aux laïques.
Arrivée du cardinal de Lorraine et des évêques français. Discussions sur l’origine immédiate de la juridiction épiscopale.
Mort du cardinal de Mantoue et du cardinal Séripand, présidents du concile.
Difficulté sur la préséance entre les ambassadeurs.
Vingt-troisième session. Doctrine et canons touchant le sacrement de l’Ordre.
Universalité historique et doctrinale de l’Église de Dieu.
Conséquences que tire de là un politique anglais.
Décrets des sessions 21, 22 et 23 pour la réformation ecclésiastique.
Décret mémorable pour l’établissement des séminaires. Réflexions à ce sujet.
Discussions au sujet des mariages.
On propose la réformation des princes. Ils ne veulent pas entendre de cette oreille. Ce qui est à conclure de là.
Mot du Pape sur la pluralité des bénéfices.
Vingt-quatrième session. Doctrine et canons touchant le sacrement de Mariage.
Dix chapitres de réformation concernant le Mariage.
Vingt et un autres chapitres sur différents objets de réforme. Le seizième sur les devoirs du Chapitre pendant la vacance du siège.
Vingt-cinquième et dernière session. Excellent résumé des travaux du concile par l’évêque de Nazianze, coadjuteur de Famagouste.
Décret touchant le purgatoire.
De l'invocation, de la vénération et des reliques des saints, et des saintes images.
Décret de réformation touchant les religieux et les religieuses.
Décret concernant la réformation générale.
Chapitre contre le duel.
Chapitre et exhortation aux princes.
Le dernier chapitre porte : Qu'en toutes choses l'autorité du Siège apostolique demeure en son entier.
Décret sur les indulgences.
Du choix des viandes, des jeûnes et des fêtes.
Du catalogue des livres prohibés, du Catéchisme, du Bréviaire et du Missel.
Le concile réserve au Pape les difficultés qui pourraient survenir touchant la réception et l’interprétation de ses décrets. Le concile demande au Pape la confirmation de ses décrets.
Joie des Pères du concile d’en voir la fin. Leurs acclamations et leurs souscriptions.
D’où viennent l’unité et la force de l’Église catholique.
Pie IV confirme solennellement le concile de Trente. Il ordonne, ainsi que le concile lui-même, d’en recevoir et exécuter les ordres. Bien des catholiques ne font peut-être point assez attention à cette double ordonnance.
Le concile de Trente est reçu sans condition ni réserve par la France catholique et ecclésiastique.
Pour l’exécution et l’interprétation du concile, le Pape établit une congrégation permanente de huit cardinaux. Certains théologiens modernes ne respectent point assez ce tribunal canonique de l’Église.
Pour précautionner les fidèles contre les mauvaises doctrines, Pie IV approuve le catalogue ou index des livres prohibés, avec les dix règles à suivre en cette matière. Sixte-Quint complète la mesure en instituant la congrégation de l’Index.
Pour conserver la santé publique dans les âmes, Pie IV confirme et Sixte-Quint complète la congrégation du Saint-Office ou de la sainte inquisition.
Benoît XIV complète l’ensemble de ces règlements par sa constitution peu connue des livres d’auteurs catholiques.
Pour couronner toutes ces mesures, Pie IV dresse la profession de foi.
Cette profession de foi est expliquée dans le catéchisme du concile de Trente, publié par Pie V.
Correction du Bréviaire et du Missel, achevée sous Pie V. Ordonnance du saint Pape à ce sujet.On n’y pense point assez sérieusement.
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* Note de Louis :
Histoire universelle de l'Eglise catholique.... 1872. Rohrbacher, René François (1789-1856).
Numérisé par Gallica et provenant des collections BnF.
Nous l’utiliserons pour fin non commerciale.
Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Ven 14 Fév 2014, 5:35 pm, édité 169 fois (Raison : Déposer un lien, présentation.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
Ouverture du Concile de Trente.
Le 13 décembre 1545, le premier des légats, le cardinal del Monte, s'adressa aux Pères du concile en disant : « À l'honneur et à la gloire de la sainte et indivisible Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, pour l'accroissement et l'exaltation de la foi et religion chrétienne, pour l'extirpation des hérésies, la paix et l'union de l'Église, la réformation du clergé et du peuple chrétien, et pour l'humiliation et l'extinction des ennemis du nom chrétien, vous plaît-il d'ordonner que le saint concile général de Trente soit commencé et de déclarer que l'ouverture en est faite ? » Ils répondirent ; Placet, cela nous plaît. « Et comme la solennité de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ est proche, et qu'il se rencontre plusieurs autres fêtes de suite dans les derniers jours de l'année qui finit et les premiers de celle qui commence, trouvez-vous bon que la première session prochaine se tienne le jeudi d'après l'Epiphanie, qui sera le septième jour de janvier de l'année 1546 ? » Ils répondirent : « Nous le trouvons bon 1.
C'est ainsi que s'ouvrit le concile de Trente, sous la présidence des trois légats du Pape Paul III : Jean-Marie del Monte, d'Arezzo, cardinal-évêque de Palestrine ; Marcel Cervini, de Monte-Pulciano, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Croix; Réginald Polus, du sang royal d'Angleterre, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Marie in Cosmedin, et depuis légat en Angleterre et archevêque de Cantorbéry. Les deux premiers deviendront Papes sous le nom de Jules III et de Marcel II ; le troisième était également digne de l'être et plus d'une fois fut sur le point de le devenir. À cette première séance il y eut, outre les cardinaux, quatre archevêques, vingt-deux évêques, cinq ou six généraux d'ordres, avec un grand nombre de docteurs, tant séculiers que réguliers.
À eux seuls les quatre archevêques représentaient les principales parties de l'Europe chrétienne. Olaüs Magnus, archevêque d'Upsal, exilé de son siège par l'hérésie triomphante, apportait au sein du concile les derniers soupirs de la Scandinavie catholique. Robert Wanschop, Écossais, archevêque d'Armagh, primat d'Irlande, vient rendre témoignage à la foi ancienne que, plus fidèle et plus généreuse que la Scandinavie, la pauvre Irlande conservera intacte à travers les sanglantes persécutions de la puissante Angleterre pendant trois siècles. L'archevêque d'Aix, en Provence, est là pour professer la foi de saint Louis, que la France catholique conservera, malgré la dégénération des enfants de saint Louis, qui travailleront à la corrompre par leur politique et quelquefois par leur exemple, sans être ni assez clairvoyants pour s'en apercevoir ni assez méchants pour le vouloir. Enfin Pierre Tagliava, Sicilien, archevêque de Palerme, en Sicile, avec plusieurs évêques italiens, représente l'Italie toujours fidèle et condamnant l'infidélité de la Grèce, de l'Asie Mineure, de la Syrie et d'autres peuples situés sous la même latitude.
L'Espagne, qui, ainsi que le Portugal, après avoir expulsé le mahométisme de la Péninsule, travaillait à porter la foi chrétienne dans le Nouveau-Monde, le Mexique, le Pérou, comme le Portugal dans le Brésil, l'Inde et le Japon ; l'Espagne comparaissait à Trente, dès la première séance, dans la personne de plusieurs de ses évêques. Quant à l'Allemagne, pour la guérison de laquelle la chrétienté s'assemblait en concile, la partie saine y avait pour représentant le cardinal-évêque de Trente et le procureur de l'archevêque de Mayence ; la partie malade y enverra aussi, non pour chercher le remède, mais pour tenter de communiquer la maladie au reste du corps.
Mais qu’est-ce donc que le Pape pour que ses légats président aux états généraux de l'humanité chrétienne ?
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1Labbe, lit. 14, col, 733.
A suivre : Ce que c’est que le Pape.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
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Merci pour cet autre excellent dossier.
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Merci pour cet autre excellent dossier.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
Ce que c’est que le Pape.
(suite)
Mais qu est-ce donc que le Pape pour que ses légats président aux états généraux de l'humanité chrétienne ? Nous l'avons vu dans tout le cours de cette histoire. Le Pape, c'est le vicaire de Jésus-Christ, le successeur de saint Pierre : c'est Pierre toujours vivant et toujours présidant dans son siège 1 ; Pierre, à qui le Fils du Dieu vivant a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ; et je te donnerai les clefs du royaume des deux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ; » et encore : « Simon, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; lors donc que tu seras converti confirme tes frères; » et enfin : « Pais mes agneaux, pais mes brebis ; » Pierre qui, suivant saint Chrysostome, aurait pu, lui seul, choisir un apôtre à la place de Judas, comme étant celui sous la main duquel tous les autres ont été placés 2 ; Pierre, qui paraît le premier en toutes manières: le premier à confesser la foi; le premier dans l'obligation d'exercer l'amour; le premier de tous les apôtres qui vit Jésus-Christ ressuscité des morts, comme il en devait être le premier témoin devant tout le peuple ; le premier quand il fallut remplir le nombre des apôtres; le premier qui confirma la foi par un miracle ; le premier à convertir les Juifs ; le premier à recevoir les Gentils; le premier partout 1; Pierre, la source unique de la juridiction spirituelle ; « car, dit Tertullien, le Seigneur a donné les clefs à Pierre, et par lui à l'Église 2 ; » et saint Optât de Milève : « Saint Pierre a reçu seul les clefs du royaume des cieux pour les communiquer aux autres 3 ; » et saint Grégoire de Nysse : « Jésus-Christ a donné par Pierre aux évêques les clefs du royaume céleste 4 ; » et saint Léon : « Tout ce que Jésus-Christ a donné aux autres évêques, il le leur a donné par Pierre 5 ; » et saint Césaire d'Arles, qui écrit au saint Pape Symmaque : « Puisque l'épiscopat prend son origine dans la personne de l'apôtre saint Pierre, il faut que Votre Sainteté, par ses sages décisions, apprenne clairement aux Églises particulières les règles qu'elles doivent observer 6.(» ?)
Aussi, comme le remarque le savant Thomassin…
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1Conc. Chalced. — 2 Homél. 3, in Act., n. 2 et 3.— 1 Bossuet, Sermon sur l'Unité l'Église. — 2 Scorpiac. , n. 10. — 3 L. 7, contra Parmen. n. 3. — 4 T. 3, p. 314. — 5 Sermon IV, in Ann. Assumpt., c. 2. — 6 Labbe, Concil., t. 4, 1294.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
Ce que c’est que le Pape.
(suite)
Aussi, comme le remarque le savant Thomassin, « les privilèges dont jouissaient les patriarches d'Alexandrie et d'Antioche n'étaient-ils qu'un rejaillissement de la primauté céleste dont Jésus-Christ honora saint Pierre 7. »
Et, de fait, dès l'an 494, le Pape saint Gélase disait, avec le concile de Rome : « L'Eglise romaine, sans rides et sans tache, est donc le premier et le principal siège de saint Pierre. Le second est le siège d'Alexandrie, consacré au nom de Pierre par saint Marc, son disciple et son évangéliste, qu'il envoya en Egypte, où, après avoir prêché la parole de vérité, il consomma son glorieux martyre. Le troisième siège, établi à Antioche, tient aussi un rang honorable à cause du nom du même apôtre qui habita dans cette ville avant de venir à Rome, et parce que c'est en ce lieu que prit naissance le nom du nouveau peuple des chrétiens 8 . »
Saint Léon avait dit la même chose auparavant 9.
Saint Grégoire dira de même après : « Quoiqu’il y ait eu plusieurs apôtres, il n'y a pourtant qu'un seul d'entre eux, placé en trois lieux différents, qui ait eu autorité sur les autres sièges. Saint Pierre a élevé au premier rang celui où il daigna se fixer et terminer sa vie mortelle. C'est lui qui a illustré le siège où il envoya l'évangéliste son disciple; c'est encore lui qui établit le siège qu'il devait abandonner après l'avoir occupé sept ans ; ce n'est ainsi qu’un seul et même siège 1. »
Nous avons vu le Pape saint Nicolas tenir le même langage dans sa réponse aux Bulgares 2.
Nil, archimandrite grec, dira de même : « Pierre, le premier des apôtres, après avoir rempli, tant par lui-même que par ceux qu'il institua à sa place, les fonctions d'évêque dans les principales villes de deux parties du monde, l'Asie et l'Europe, résolut aussi d'en créer un pour la troisième partie, je veux dire pour la Libye. C'est pourquoi il envoya de Rome en Egypte l'évangéliste saint Marc, qui fonda dans Alexandrie, capitale de cette contrée, une Église qui éclaira toute la Libye. En parcourant l'univers et en prêchant l'Évangile les autres apôtres établissaient des évêques dans toutes les villes où ils passaient ; mais les trois que nous venons de nommer possédèrent la primauté sur toutes les autres, savoir : l'évêque d'Antioche, en Asie et dans tout l'Orient; l'évêque de Rome, en Europe, c'est-à-dire en Occident, et dans le Libye l'évêque d'Alexandrie, qui commandait à toute la Palestine, dont Jérusalem fait partie 3. »
D'où l'on peut conclure que tous les évêques…
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7 Thomassin, Discipline, t. 1, pars 1,1. 1, c. 13, n, 4. — 8 Labbe, t. 4. col. 1262. — 9 Epist. 104, ad Anatol. — 1 L. 7, epist. 40. — 2 Labbe,t. 8, col. 545. — 3 Apud Léon. Allat., de Eccl., etc., 1. 2, c. 2, n. 9.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
Ce que c’est que le Pape.
(suite)
D'où l'on peut conclure que tous les évêques, même ceux créés par les apôtres, furent soumis dès le commencement à la juridiction des trois grands sièges à qui saint Pierre communiqua la totalité ou une partie de sa primauté ; que Thomassin a bien raison de dire que toutes les prérogatives des patriarches d'Alexandrie et d'Antioche ne sont qu'un rejaillissement de la primauté divine de saint Pierre.
Les faits de l'histoire répondent aux conséquences des principes. Nous avons vu le Pape confirmer, déposer, rétablir les patriarches et les autres évêques, tant en Orient qu'en Occident.
« Dans le même temps, dit Socrate, c'était au quatrième siècle, Paul de Constantinople, Asclépas de Gaze, Marcel d'Ancyre et Lucius d'Andrinople, chargés chacun de différentes accusations et chassés de leurs Églises, se rendirent dans la ville de Rome. Ayant instruit Jules de ce qui les concernait, celui-ci, selon la prérogative de l'Église romaine, les munit de lettres où il s'exprimait avec une grande autorité et les renvoya en Orient, après avoir rendu à chacun d'eux son siège et blâmé fortement ceux qui avaient eu la témérité de les déposer. Étant donc partis de Rome, et appuyés sur les rescrits de l'évêque Jules, ils reprirent possession de leurs Eglises et envoyèrent les lettres à qui elles étaient adressées 1. »
Sozomène, qui confirme pleinement le récit de Socrate, ajoute que le Pape remit ces évêques dans leurs sièges, « parce que le soin de l'Église universelle lui appartient en vertu de la dignité de son trône 2. »
Donc, de l'aveu des Grecs, c'est à raison de sa primauté que le Pape dépose ou rétablit les évêques. Ces deux auteurs, ainsi qu'Épiphane dans son Histoire tripartite, vont encore plus loin ; ils ne balancent point à déclarer nul tout ce qui avait été fait dans un concile d'Antioche, « parce que la règle ecclésiastique défend de rien décider, de s'assembler en concile et de faire aucun canon sans le consentement de l'évêque de Rome 3. »
Voilà donc ce qu'est le Pape. Tel il se montre dans les conciles généraux. Nous avons vu, en 325…
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1 Socr., 1. 2, c. 15. — 2 Sozom., 1. 3, c. 8. — 3. Socr., l. 2, c. 17. — Sozom., 1. 3, c. 10, Hist. tripart., l. 4 c, 9.
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Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Le Saint Concile de Trente
Ce que c’est que le Pape.
(suite)
Voilà donc ce qu'est le Pape. Tel il se montre dans les conciles généraux. Nous avons vu, en 325, le premier concile œcuménique de Nicée présidé par les légats et confirmé par l'autorité du Pape saint Sylvestre 4.
Le concile œcuménique d'Éphèse est présidé par saint Cyrille d'Alexandrie, au nom et par l'ordre du Pape saint Célestin et pour exécuter la sentence déjà prononcée par le Pape. Ce concile dit solennellement : « Contraints par les saints canons et par la lettre de notre saint Père et coministre Célestin, évêque de l'Église romaine, nous en sommes venus par nécessité à cette lugubre sentence : Notre-Seigneur Jésus-Christ, que Nestorius a blasphémé, a défini, par ce très-saint concile, qu'il est privé de toute dignité épiscopale et retranché de toute assemblée ecclésiastique 1. »
Le concile œcuménique de Chalcédoine, présidé par les légats du Pape, s'écrie : « Pierre a parlé par Léon. » Il demande au Pape l'approbation de ses actes ; saint Léon approuve ce qu'a fait le concile touchant la doctrine, mais il casse ce qu'il a tenté de faire pour favoriser l'ambition de l'évêque de Constantinople 2.
En 519 tous les évêques d'Orient, au nombre d'environ deux mille cinq cents, souscrivent au formulaire du Pape saint Hormisdas; ils y reconnaissent que, conformément à la promesse du Seigneur, la religion catholique est toujours demeurée inviolable dans la chaire apostolique, que dans cette chaire réside la vraie et entière solidité de la religion chrétienne, et ils promettent de ne point réciter dans les saints mystères les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l'Église catholique, c'est-à-dire qui ne sont pas d'accord avec le Siège apostolique en toutes choses. Ce formulaire sert de règle dans les siècles suivants ; il est consacré par le huitième concile œcuménique, en 869 ; nul chrétien ne peut le rejeter 3 .
Enfin, vers le milieu du quinzième siècle, dans le concile œcuménique de Florence, les métropolitains de Grèce, de Trébizonde, d'Ibérie et de Russie, ainsi que les députés de l'Arménie, de l'Éthiopie et des autres chrétiens d'Orient, disent avec le Pape Eugène IV : « Nous définissons encore que le Saint-Siège apostolique et le Pontife romain est le successeur du bienheureux Pierre, prince des apôtres, qu'il est le véritable vicaire du Christ et le chef de toute l'Église, le Père et le docteur de tous les chrétiens ; qu'à lui a été donnée, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans le bienheureux Pierre, une pleine puissance de paître, de régir et de gouverner l'Église universelle, comme cela est aussi contenu dans les actes des conciles œcuméniques et dans les saints canons 4 »
Voilà ce qu'est le Pape, d'après les conciles généraux. Maintenant qu'a-t-il fait ?...
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4 T. 3 de cette Histoire. — 1 T. 4 de cette Histoire. — 2 T. 4. — 3 T. 4. — 4 T. 11.
A suivre : Ce qu’il a fait.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Ce qu’il a fait.
Voilà ce qu'est le Pape, d'après les conciles généraux. Maintenant qu'a-t-il fait ?
C'est saint Pierre, le premier Pape, qui, à la première Pentecôte chrétienne, promulgue l'Église catholique; c'est saint Pierre qui y reçoit d'abord les Juifs, ensuite les Gentils, et fixe enfin son siège à Rome, la capitale de l'Occident et du monde, afin que dans l'univers entier il n'y ait qu'un troupeau et un pasteur. De là il envoie en Egypte, en Afrique, en Espagne, en Gaule, pour amener à l'unité chrétienne toutes ces nations. C'est le Pape saint Grégoire qui, par son ami saint Léandre, convertit la nation des Visigoths ; par son ami saint Augustin, celle des Anglais ; par lui-même, celle des Lombards. Ce sont les Papes Zacharie, Grégoire II et III, qui, par saint Boniface, convertissent et civilisent l'Allemagne ; c'est le Pape Grégoire IV qui, par saint Anschaire et d'autres, porte la lumière de l'Évangile, non-seulement dans la Scandinavie, mais jusque dans l'Islande et le Groenland. Cette évangélisation universelle, les Papes ne la discontinuent pas. Dans les treizième et quatorzième siècles nous les avons vus envoyer des prédicateurs apostoliques chez tous les peuples du Nord et du Midi, de l'Occident et de l'Orient, chez les Maures, les Arabes, les Éthiopiens, les Tartares, les Indiens, les Chinois; établir un archevêque catholique dans la capitale de la Chine, entretenir une correspondance amicale avec l'empereur des Chinois et des Tartares. Nous les voyons, dans le quinzième et le seizième, envoyer des ouvriers évangéliques dans le Nouveau-Monde pour travailler à la conversion du Mexique, du Pérou, du Brésil, ainsi que d'autres nations; plus loin, à la conversion de l'Inde, du Japon et de la Chine, réalisant ainsi de plus en plus cette grande pensée: un Dieu, une foi, une Église, un troupeau, un pasteur.
Et, lorsque les schismes et les hérésies s'efforceront de rompre cette grande unité de l'Église et du monde, toujours c'est le Pape qui s'oppose à leurs efforts impies, toujours c'est de Rome que leur vient le coup mortel. Et lorsque le mahométisme s'avance pour exterminer par le fer et le feu l'humanité chrétienne, ce sont les Papes, et les Papes seuls, qui sauvent l'humanité chrétienne et le monde avec elle, en la réveillant sans cesse, en la réunissant sous un seul étendard, pour la défense commune de sa liberté et de son existence même.
Et lorsque des rois ou empereurs chrétiens, aveuglés par des passions et des conseillers coupables…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Ce qu’il a fait.
(suite)
Et lorsque des rois ou empereurs chrétiens, aveuglés par des passions et des conseillers coupables, prétendront se faire pontifes comme Mahomet, ou même dieux comme Néron, et devenir la loi et les propriétaires uniques de l'univers, ce sont les Papes, et les Papes seuls, qui s'opposeront avec force et constance à cette invasion du despotisme universel et maintiendront la juste liberté et l'indépendance des peuples chrétiens sous la loi de Dieu interprétée par l’Église. Voilà comment les Papes sauveront l'Europe et le monde, sauf à être calomniés, pendant des siècles, pour leurs immenses bienfaits.
Et c'est pour conserver à l'humanité ces biens déjà obtenus et y en ajouter d'autres que les Papes convoquent le concile de Trente. Depuis des siècles les successeurs dégénérés de Charlemagne et de saint Louis, au lieu de Dieu et de son Église, ne voient plus qu'eux-mêmes et leur famille. Chacun dit dans son cœur : « L’État, c'est moi ; l'Europe, c'est moi; le monde, c'est moi; le tout, c'est moi; mon intérêt, c'est la loi suprême. » Pour y parvenir, tous les moyens sont bons. Telle est la politique moderne, qui est déjà vieille; car c'est le langage de l'antique Babylone, qui depuis des siècles gît dans la poussière. Machiavel a mis cette politique en théorie. Luther l'a étendue des princes à tous les particuliers. Chaque protestant dit dans son cœur : « L'Église, c'est moi; l'Écriture, c'est moi; le peuple, c'est moi; la raison, c'est moi ; je suis la règle et le juge suprême de tout, et il n'y en a point d'autre. » La plupart des princes d'Allemagnes et du Nord, croyant en profiter pour eux seuls, applaudissent à ces principes d'anarchie universelle ; le roi d'Angleterre, après les avoir combattus, finit par les adopter pour satisfaire ses impures convoitises.
Ceux à qui Dieu fait la grâce de conserver la foi et le bons sens, François Ier et Charles-Quint, au lieu…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Ce qu’il a fait.
(suite)
Ceux à qui Dieu fait la grâce de conserver la foi et le bons sens, François Ier et Charles-Quint, au lieu d'unir leurs efforts pour réprimer l'anarchie au dedans de l'Europe, repousser le Turc au dehors, porter la gloire de leur nom avec la civilisation chrétienne en Afrique, en Amérique, aux Indes, au Japon, à la Chine, dont la Providence leur ouvre le chemin, comme pour leur dire : « Allez, nobles rivaux, luttez glorieusement ensemble à qui fera pour Dieu et l'humanité des choses plus belles et plus grandes ; » François Ier et Charles-Quint ne s'accordent que pour se contrarier, souvent d'une manière basse et ignoble.
Le roi très-chrétien, le fils aîné de l'Église, s'allie avec les hérétiques d'Allemagne contre les catholiques ; il s'allie avec le Turc, avec le Mahométan, contre les chrétiens, pour lui livrer l'Italie et Rome, Rome déjà saccagée par l'armée de Charles-Quint, qui rançonne le Pape comme aurait fait un chef de corsaires.
Et c'est avec ces deux princes que les Papes sont obligés de s'entendre pour remédier aux maux de l'Église et du monde. Ce n'était pas chose facile; quand l'un voulait, l'autre ne voulait pas ou voulait d'une autre manière. On le voit en particulier pour la convocation et la tenue du concile de Trente.
Quant aux historiens de ce concile, il y en a deux principaux : Fra-Paolo et le cardinal Pallavicin….
A suivre : Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin.
Quant aux historiens de ce concile, il y en a deux principaux : Fra-Paolo et le cardinal Pallavicin.
Pierre Sarpi naquit à Venise en 1552, entra dans l'ordre des Servites en 1565, et changea son nom de baptême en celui de Paul ; dès lors on ne l'appelait plus que Fra-Paolo , c'est-à-dire frère Paul. Il fut théologien consulteur de la république de Venise dans ses démêlés avec le Pape Paul V. On le consulta même sur des matières d'État, « et l'opinion qu'il donna pour garantir la stabilité du gouvernement, dit Lanjuinais, est un monument du plus odieux machiavélisme ; » Daru, dans son Histoire de Venise , l'appelle « un chef-d'œuvre d'insolence et de conceptions non moins scélérates que tyranniques 1. » Cet esprit me paraît surtout dans les Conseils politiques adressés à la noblesse de Venise . Voici quelques-unes des maximes de Fra-Paolo : « Dans les querelles entre les nobles, châtier le moins puissant ; entre un noble et un sujet, donner toujours raison au noble ; dans la justice civile on peut garder une impartialité parfaite. Traiter les Grecs comme des animaux féroces ; du pain et le bâton, voilà ce qu'il leur faut ; gardons l'humanité pour une meilleure occasion. S'il se trouve dans les provinces quelques chefs de parti, il faut les exterminer sous un prétexte quelconque, mais en évitant de recourir à la justice ordinaire. Que le poison fasse l'office de bourreau; cela est moins odieux et beaucoup plus profitable 1. »
Tel était Fra-Paolo, qui fit une histoire du concile de Trente publiée pour la première fois à Londres en 1619. Il en avait donné le manuscrit à Marc-Antoine de Dominis, lorsque ce dernier allait apostasier dans la capitale de l'Angleterre. Cette édition, publiée sous le nom de Pietro Soave Polanoy anagramme de Paolo Sarpi Veneto, fut reçue avec applaudissement dans tous les États protestants et le livre fut bientôt traduit en diverses langues.
Quant au jugement des catholiques…
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1 Biographie univ. t. , 40, art. SARPI.
1 Daru, Hist, de Venise, l. 29, à la fin.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin.
(suite)
Quant au jugement des catholiques, voici ce que dit Bossuet en réfutant les histoires ou historiettes de l'évêque anglican, Burnet : « On se doit donc bien garder de croire notre historien en ce qu'il prononce touchant ce concile (de Trente) sur la foi de Fra-Paolo, qui n'en est pas tant l'historien que l'ennemi déclaré, M. Burnet fait semblant de croire que cet auteur doit être pour les catholiques au-dessus de tout reproche, parce qu'il est de leur parti, et c'est le commun artifice de tous les protestants ; mais ils savent bien en leur conscience que ce Fra-Paolo, qui faisait semblant d'être des nôtres, n'était en effet qu'un protestant habillé en moine.
Personne ne le connaît mieux que M. Burnet, qui nous le vante. Lui, qui le donne dans son histoire de la réformation pour un auteur de notre parti nous le fait voir, dans un autre livre qu'on vient de traduire en notre langue, comme un protestant caché qui regardait la liturgie anglicane comme son modèle; qui, à l'occasion des troubles arrivés entre Paul V et la république de Venise, ne travaillait qu'à porter cette république à une entière séparation, non-seulement de la cour, mais encore de l'Église de Rome; qui se croyait dans une Église corrompue et dans une communion idolâtre, où il ne laissait pas de demeurer; qui écoutait les confessions, qui disait la messe, et adoucissait les reproches de sa conscience en omettant une grande partie du canon et en gardant le silence dans les parties de l'office qui étaient contre sa conscience.
Voilà ce qu'écrit M. Burnet dans sa vie de Guillaume Bedell, évêque protestant de Kilmore, en Irlande, qui s'était trouvé à Venise dans le temps du démêlé et à qui Fra-Paolo avait ouvert son cœur.
Je n'ai pas besoin de parler des lettres de cet auteur, toutes protestantes, qu'on avait dans toutes les bibliothèques et que Genève a enfin rendues publiques. Je ne parle à M. Burnet que de ce qu'il écrivait lui-même pendant qu'il comptait parmi nos auteurs Fra-Paolo, protestant sous un froc, qui disait la messe sans y croire, et qui demeurait dans une Église dont le culte lui paraissait une idolâtrie 1. »
Les apologistes du Calviniste ont crié à la calomnie…
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1 Variat. l. 7, n. 109.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin..
(suite)
Les apologistes du Calviniste ont crié à la calomnie, se sont inscrits en faux contre les assertions de Burnet, de Bedell, de Bayle, de Le Courayer, etc. ; ils ont nié l'authenticité des lettres imprimées et de quelques-uns des ouvrages publiés sous son nom. Malheureusement pour sa mémoire l'examen des archives secrètes de Venise, dont M. Daru a eu communication, et d'autres découvertes récentes n'ont que trop confirmé les assertions de Bossuet. Un écrivain protestant, Lebret, nous apprend qu'en 1609 Jean-Baptiste Linck, agent de l'électeur palatin, eut une entrevue avec Fra-Paolo, qui, avec Fra-Fulgence, son confrère, dirigeait une association secrète de plus de mille personnes, dont trois cents patriciens des premières familles, dans le but d'établir le protestantisme à Venise. Ils attendaient, pour éclater, que la réforme se fût introduite dans les provinces allemandes limitrophes du territoire de la république.
Un fait analogue, publié depuis longtemps, mais dont les apologistes de Sarpi se sont bien gardés de parler, confirme la même chose. Un ministre de Genève écrivait à un Calviniste de Paris que « l'on ne tarderait pas à recueillir les fruits des peines que Fra-Paolo et Fra-Fulgence prenaient pour introduire la réforme à Venise, où le doge et plusieurs sénateurs avaient déjà ouvert les yeux à la vérité, etc. » La lettre, interceptée par Henri IV, fut envoyée à Champigny, ambassadeur de France à Venise, qui en communiqua la copie d'abord à quelques-uns des principaux sénateurs, et ensuite au sénat assemblé, après en avoir retranché, par ménagement, le nom du doge. Le cardinal Ubaldini raconte que cette lecture fit pâlir un des sénateurs ; un autre avança que la lettre avait été fabriquée par les Jésuites; mais le sénat, méprisant cette imputation, remercia le roi de son avis, défendit à Fra-Fulgenzio de prêcher davantage et prescrivit à Fra-Paolo de mieux s'observer à l'avenir. On voit par ces lettres qu'il priait Casaubon de lui ménager un asile en Angleterre dans le cas où il se verrait forcé de quitter l'Italie 1.
L'histoire du concile de Trente par Fra-Paolo excita une réclamation générale parmi les catholiques. Mis à l'index avec les qualifications les plus fortes, il fut réfuté, à Venise même, par Philippe Quarli ; mais il fut mieux réfuté encore par l'histoire authentique du même concile, publiée, en 1655, sur les pièces originales conservées aux archives du château Saint-Ange, et qui valut le chapeau de cardinal à son auteur, le Jésuite Pallavicin, né à Rome en 1607, d'une des premières familles de cette ville. On y trouve, à la fin, l’énumération de trois cent soixante et un points de fait sur lesquels Sarpi est convaincu d'avoir altéré ou dénaturé la vérité, indépendamment d'une multitude d'autres erreurs qui ne sont pas susceptibles d'être articulées en peu de lignes, mais qui résultent de l'ensemble de son discours. Il suffît de lire cette longue liste, à chaque article de laquelle on indique les preuves justificatives, pour s'assurer qu'il n'est point vrai que ces erreurs ne portent que sur des objets de peu d'importance, comme affectent de le dire les apologistes de Fra-Paolo 2. L'histoire de Pallavicin, publiée récemment en français par Migne, aidera singulièrement à redresser les innombrables faussetés qui se propagent dans les histoires modernes comme autant d'échos de l'apostat Sarpi.
Ce dernier suppose que le Pape Clément VII…
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1 Biographie univers., art. SARPI.
2 ibid.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Historiens du concile de Trente : Fra-Paolo et Pallavicin.
(suite)
Ce dernier suppose que le Pape Clément VII hésita à convoquer un concile parce qu'il craignait qu'on ne l'y déposât à cause de l'illégitimité de sa naissance et de son entrée simoniaque dans la papauté, Pallavicin fait voir que tout ceci est un rêve. Lorsque Clément VII, encore Jules de Médicis, dut être élevé au cardinalat, la légitimité de sa naissance fut prouvée juridiquement par un acte de mariage clandestin contracté entre son père Julien et sa mère Fioretta. Nous avons vu que son père fut assassiné soudainement dans une église de Florence. D'ailleurs Sarpi avoue lui-même qu'aucune loi n'exige pour la validité de l'élection du Pape que sa naissance soit légitime. Quant à la simonie, jamais elle n'a été reprochée à Clément VII par aucun de ses ennemis, et il en a eu de très-violents, tels que le cardinal Pompée Colonne, qui, excommunié et dégradé comme rebelle, fut cause du sac de Rome par le connétable de Bourbon et de la captivité du pontife 1.
Ce qui de prime abord fit hésiter Clément VII à convoquer un concile œcuménique, c'est que…
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1 Pallavicin, Hist. du Concile de Trente, l. 2, c 19.
A suivre : Négociations de Clément VII pour l’ouverture du concile.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Négociations de Clément VII pour l’ouverture du concile.
Ce qui de prime abord fit hésiter Clément VII à convoquer un concile œcuménique, c'est que les principaux souverains de l'Europe étaient en guerre les uns contre les autres ; c'est qu'il y avait à craindre que le mauvais esprit de Bâle ne se réveillât et ne vînt empirer le mal, bien loin de le guérir; c'est que les protestants voulaient en effet que le Pape parût au concile, non plus comme chef de l'Église, mais comme simple évêque, ce qui était se faire protestant avec eux.
En 1530, de la diète d'Augsbourg, où les protestants présentèrent leur fameuse Confession, Charles-Quint pria le Pape, même de la part des protestants, d'indiquer le concile général, ainsi que la ville où il devait se réunir. Les protestants déclaraient vouloir s'y soumettre, et, en attendant, renoncer à leurs erreurs. Fra-Paolo suppose que Clément VII fit tout son possible pour éluder la demande. Or nous avons la lettre autographe de ce Pape à l'empereur ; il y expose d'abord les inconvénients que certains cardinaux trouvaient à l'assemblée d'un concile dans les circonstances présentes ; lui cependant, rassuré par la prudence et la fermeté de l'empereur, consent à cette assemblée, et propose comme lieu le plus convenable la ville de Rome, ou bien Bologne, Plaisance et Mantoue. Dans ses réponses à cette lettre et à d'autres l'empereur reconnaît que les inconvénients et les difficultés étaient très-graves ; il en avait délibéré par lettres avec son frère, le roi des Romains, et les autres princes catholiques; tous ils persistaient néanmoins à croire que le concile était le remède unique et nécessaire pour la guérison de pareilles plaies.
Afin de lever les obstacles indiqués il avait écrit au roi de France. Il finit par exposer au Pape le grave danger de tout retard, « n'ayant d'autre but, disait-il, que d'engager Sa Sainteté, comme chef de l'Église chrétienne, auquel nous devons tous obéissance et soumission, à prendre le parti qui assurera le mieux la gloire de notre souverain Maître, la guérison des maux de la chrétienté, la conservation de notre sainte mère l'Église et du Siège apostolique. Sa Sainteté doit être assurée d'ailleurs que, pour l'heureuse issue du concile, l'empereur et le sérénissime roi, son frère, mettront à son service et leurs personnes et leurs États, comme il lui en a fait l'offre pour sa part, et comme il espère que le feront les autres rois et princes chrétiens, dès qu'ils auront connaissance de sa détermination. »
En conséquence de ces négociations il y eut, le 28 novembre 1530, un consistoire où il fut décidé, d'un consentement unanime, et par le Pape et par chacun des cardinaux, que le concile aurait lieu ; quant au siège du concile et aux autres circonstances, le tout fut remis à la prudence du Pape, qui déléguerait pour cette affaire une congrégation spéciale. Ainsi Clément VII coupa court à tout délai en ce qui le concernait, et le 1er décembre il adressa un bref conçu en termes uniformes à tous les princes chrétiens 1.
L'année suivante (1531) les affaires politiques se brouillèrent; l'empereur se vit menacé et par la ligue protestante de Smalkalde et par le Turc, excités l'un et l'autre par le roi de France. Le concile dut être différé. L'an 1532 nouvelle conférence à ce sujet entre l'empereur et le Pape, qui écrivit à tous les princes chrétiens pour convenir du temps et du lieu où le concile s'assemblerait. Ses lettres sont de janvier 1533.
Clément VII négociait encore cette grande affaire quand il mourut…
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1 Pallavic. l. (3), c. 5.
A suivre : Négociations plus heureuses de Paul III pour le même sujet.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Négociations plus heureuses de Paul III pour le même sujet.
Clément VII négociait encore cette grande affaire quand il mourut, le 25 septembre 1534. Paul III, qui lui succéda le 13 octobre suivant, s'occupa sans retard et sans relâche du concile œcuménique et de la pacification entre les princes chrétiens, notamment l'empereur et le roi de France. Ce fut pour les réconcilier qu'il fit le voyage de Nice en Provence; car cette pacification était un préliminaire indispensable pour que le concile pût s'assembler. Dès les premiers jours de son pontificat il nomma une commission de cardinaux et d'autres prélats recommandables pour travailler à la réformation de la cour romaine. Il se hâta aussi d'envoyer partout des lettres et des nonces pour presser, de concert avec les princes, la réunion du concile. Le 4 juin 1536, après une entrevue avec l'empereur à Rome, il indique le concile à Mantoue pour le 23 mai de l'année suivante, et envoie partout des légats, des nonces et des lettres pour notifier cette convocation et procurer la paix entre les princes. Le duc de Mantoue ayant fait des difficultés, le Pape prorogea le concile, puis le convoqua dans la ville de Vicence par sa bulle du 8 octobre 1537. La guerre avait recommencé entre Charles-Quint et François Ier, lequel appelait les Turcs pour leur livrer l'Italie et Rome. Ce fut alors que le Pape fit le voyage de Nice. À la demande de ces deux princes il prorogea le concile de Vicence, où il avait déjà envoyé ses légats.
Enfin, le 22 mai 1542, après bien des négociations et avec les princes et avec les diètes d'Allemagne, le Pape Paul III convoqua le concile dans la ville de Trente ; mais il fallut encore le suspendre à cause des guerres entre l'empereur et le roi de France. La paix s'étant rétablie entre ces deux souverains, le Pape, par sa bulle du 19 novembre 1544, convoqua de nouveau le concile de Trente pour le dimanche de Lætare, quatrième du Carême, 15 mars de l'année suivante (1545). De nouveaux incidents, de nouveaux obstacles en firent différer l'ouverture jusqu'au 13 décembre de la même année.
Avant ce jour il y eut plusieurs réunions préparatoires…
A suivre : Discours préliminaire de Dominique Soto.
Dernière édition par Louis le Dim 14 Juil 2013, 7:02 am, édité 1 fois (Raison : Lien inexistant.)
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Re: Le Saint Concile de Trente
Discours préliminaire de Dominique Soto.
Avant ce jour il y eut plusieurs réunions préparatoires. Le premier dimanche de l'Avent, 29 novembre, Dominique Soto, célèbre Dominicain d'Espagne, prêcha devant les Pères du concile sur l'évangile du jour, qui au romain est du jugement dernier.
« Ce jugement, dit-il en substance, est un concile vraiment universel, mais qui n'éprouvera point les délais, les obstacles de celui de Trente. La terre rendra les morts à la vie; les cieux s'arrêteront dans leur course et viendront tremblants, non pour rendre compte, mais pour rendre témoignage. Excepté les anges, l'homme seul rendra compte de ses actions, parce que seul il a reçu le libre arbitre, étant fait à l'image de Dieu et pour commander à la terre. C'est en vain que des novateurs voudraient effacer en nous cette ressemblance divine et nous réduire, sans libre arbitre, à la condition des brutes. Mais, révérendissimes Pères, avez-vous bien pensé à ce jugement formidable ? Dieu vous y demandera compte de son Fils, de sa doctrine, de son Église. En quel état est cette Église pour laquelle Jésus-Christ est mort? N'y voit-on pas comme des signes avant-coureurs du jugement dernier ? le soleil, la puissance spirituelle, ne donnant plus sa lumière ; la lune, la puissance temporelle, tournée en sang par des guerres interminables; les étoiles, les saints, jetés par terre dans leurs images et foulés aux pieds? Ne voyons-nous pas, sous bien des rapports, cette apostasie, cette grande défection prédite par l'Apôtre ? Il est donc l'heure de nous réveiller de notre sommeil et d'implorer la miséricorde de Dieu afin de prévenir sa justice 1. »
La séance d'ouverture…
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1 Labbe, t, 14, col. 980-989.
A suivre : Séance d’ouverture. Discours de l’évêque de Bitonto. Observations sur certaines critiques.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Séance d’ouverture. Discours de l’évêque de Bitonto. Observations sur certaines critiques.
La séance d'ouverture, 13 décembre, troisième dimanche de l'Avent, fut précédée d'un jour de jeûne, afin d'attirer les bénédictions du Ciel sur les opérations de l'assemblée, Le jour même de l'ouverture les trois légats, ainsi que les Pères, se revêtirent de leurs habits pontificaux dans l'église de la Trinité. Là, ayant chanté le Veni, Creator , ils se mirent en procession. En avant marchaient les ordres religieux, ensuite les chapitres collégiaux et le reste du clergé; venaient ensuite les évêques, et enfin les légats, suivis des ambassadeurs du roi des Romains. Ils se rendirent en cet ordre à la cathédrale, qui est dédiée à saint Vigile. Là le premier légat, cardinal del Monte, officia solennellement, et accorda, au nom du Pape, à tous ceux qui étaient présents, une indulgence plénière, leur enjoignant de prier pour la paix et la concorde de l'Église.
À l'évangile l'évêque de Bitonto, de l'ordre de Saint-François, fit le discours. Il prit pour texte le commencement de l'épître de ce même dimanche :
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes Pères, réjouissez-vous dans le Seigneur, mes frères, je le dis encore une fois, réjouissez-vous tous ! Le sujet de cette grande joie, c'est l'ouverture du concile œcuménique, concile si longtemps attendu, si longtemps retardé par toutes sortes d'obstacles, concile cependant si nécessaire; car, encore un peu de temps, si Dieu n'avait conservé l'Église, le concile même n'en trouvait plus à qui porter secours. Concile nécessaire, la nature même nous l'enseigne dans le corps humain, où, ce qu'un membre ne peut isolément, tous le peuvent par leur concert. En effet la nature semble nous avoir donné deux mains, deux yeux et deux pieds, afin que ce petit monde, se réunissant comme en concile, puisse s'aider et se défendre ; car la main lave la main, le pied soutient le pied, le côté droit affermit le côté gauche, et réciproquement. Et qui ne sait que, dans le concile des Pères, les affaires les plus graves de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, se traitent avec plus de prudence, se définissent avec plus de maturité, s'approuvent avec plus de solennité, et sont acceptées plus volontiers par tous les peuples ? Et ce n'est pas témérairement qu'il a été dit : « La multitude des sages est la santé de l'univers 1 ; » et encore : « Là est le salut où il y a beaucoup de conseils 2. » Moïse ne porte ses lois que dans le concile de la synagogue…
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1 Sap. 6. — 2 Prov. , 11.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.
(suite)
… Moïse ne porte ses lois que dans le concile de la synagogue ; c'est en concile qu'il fait l'aspersion du sang de l'alliance ; ce n'est qu'en concile que les apôtres élisent Mathias, les sept diacres, et dressent les premiers décrets du droit ecclésiastique.
Et où le Symbole des Apôtres a-t-il été plus amplement expliqué et défendu que dans les quatre conciles de Nicée, d'Éphèse, de Constantinople, de Chalcédoine ?
Où a-t-on fait le discernement des Écritures canoniques, sinon dans les conciles de Laodicée et de Carthage?
Où a-t-on convaincu les hérétiques et condamné les hérésies, si ce n'est dans les conciles de Latran, de Constance, d'Antioche et de Vienne ?
Quand a-t-on mieux réformé les mœurs, tant du peuple et des princes que du clergé, sinon dans les conciles de Grégoire VII, d'Alexandre III, d'Urbain II ?
L'union des nations discordantes a-t-elle jamais été plus heureusement rétablie que dans les conciles de Latran et de Florence ?
La rage des Turcs a-t-elle jamais senti la puissance et le courage des chrétiens comme dans le concile de Clermont, où trois cent mille hommes prirent la croix pour le rétablissement de Jérusalem ?
Longtemps les princes chrétiens, avec une fureur tyrannique, se sont insurgés contre la puissance de l'Eglise, devant qui ils auraient dû fléchir le genou et courber la tête. N'est-ce pas dans les saints conciles qu'ils ont été déposés, frappés d'anathème, expulsés du royaume et de l'empire ?
Autant en est-il des schismes, des conciliabules, des accusations injustes contre les Papes; jamais on n'y a porté remède aussi facilement que par des conciles légitimes.
La vertu des conciles est si grande que les poètes les introduisent parmi les dieux. Quant à Moïse, on y voit Dieu, lorsqu'il veut créer l'homme, cette merveille du monde, dire presque conciliairement : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance ; » et encore, lorsqu'il veut réprimer l'audace des géants : « Venez, confondons leur langage afin que nul n'entende la parole de son prochain. »
« Trois choses sont à considérer par le concile : la foi, les sacrements, la charité ; la foi défigurée par l'hérésie, les sacrements foulés aux pieds par l'impiété, la charité anéantie par les schismes et les divisions. Tout cela réclame le secours des conciles. Mais, mes Pères, suivant le prophète, commencez par le sanctuaire de Dieu 1 ; car c'est de là que sont partis tous les maux. Les Turcs, qui menacent continuellement nos têtes, ont pris des accroissements, non par leurs forces, mais par nos mœurs corrompues; ce ne sont pas tant des ennemis que le fléau de Dieu ; ils nous attaquent, mais ce sont nos péchés qui nous abattent. Que nul de vous, mes Pères et mes frères, ne s'irrite contre moi. Souvenez-vous que mieux vaut la blessure de celui qui aime que le baiser frauduleux de celui qui hait 2. »
L'orateur fait l'éloge du Pape Paul III…
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1 Ézéch. , 9. — 2 Prov., 27.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.
(suite)
L'orateur fait l'éloge du Pape Paul III, qui par ses soins avait procuré l'assemblée du concile; de l'empereur, du roi de France, du roi des Romains, du roi de Portugal, qui y donnaient les mains ; des trois légats qui le présidaient. « Qui donc, s'écrie-t-il, ne s'enfermerait volontiers dans l'enceinte de ce concile, comme dans le cheval de Troie, avec les princes de l'empire et de la religion? » Certains critiques ont blâmé cette comparaison comme peu digne ; ces critiques ignoraient qu'elle est de l'Orateur romain, qui l'emploie jusqu'à deux fois, et que l'évêque de Bitonto ne fait que le copier, non-seulement pour la pensée, mais presque dans toutes ses expressions. Cicéron dit en effet dans le second livre de l’Orateur : « De l'école d'Isocrate, comme du cheval de Troie, sont sortis des princes sans nombre. » Enfin, dans sa seconde Philippique, il dit au sénat même : « Je ne refuse pas de demeurer ici, comme dans le cheval de Troie, enfermé, avec les premiers chefs de la république, au sein de cette auguste assemblée. » Ainsi le blâme retombe, non pas précisément sur l'évêque, mais sur ses ignorants critiques. L'évêque finit sa harangue par conjurer les Pères de se rendre dignes par une sainte vie des grâces et des lumières dont ils avaient besoin 3.
Après le discours de l'évêque de Bitonto le premier légat récita différentes prières selon le cérémonial et bénit trois fois le concile entier. On chanta les litanies, on lut la dernière bulle de la convocation à Trente, et le bref qui était personnel aux légats. Lorsque tout fut terminé le premier président, après une courte exhortation aux Pères, fît les questions et le concile les réponses que nous avons déjà vues. Alors Hercule Sévéroli, comme promoteur du concile, demanda que de tout ceci acte fût dressé. On chanta le Te Deum; après quoi tous les prélats se dépouillèrent de leurs habits pontificaux et reparurent dans leur costume habituel. Les présidents retournèrent à leurs logis, accompagnés des Pères et précédés de la croix.
Dans l'intervalle de la première session à la seconde, le quatrième dimanche de l'Avent, frère Antoine, de l'ordre des Carmes, prêcha devant les Pères du concile…
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3 Labbe, t. 14, col. 990 et seqq. Pallavicin, l, 5, c, 18.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.
(suite)
Dans l'intervalle de la première session à la seconde, le quatrième dimanche de l'Avent, frère Antoine, de l'ordre des Carmes, prêcha devant les Pères du concile sur l'évangile du jour, la prédication de saint Jean-Baptiste touchant l'approche du royaume de Dieu ; royaume attendu si longtemps pour réparer la chute originelle de l'homme et détruire le règne du péché. La loi naturelle n'y suffisait point, obscurcie qu'elle est par les ténèbres de l'ignorance. La loi de Moïse fait connaître le mal, mais ne donne pas la grâce de l'éviter et de faire le bien. Cette grâce est un don de Jésus-Christ; elle nous affranchit de l'empire de la loi, non pour que nous puissions la violer, mais pour que nous l'accomplissions au fond de notre cœur, et que pour la gloire de Dieu nous fassions même plus que la loi n'exige. Loin de nous cette prétendue liberté évangélique que quelques-uns mettent en avant pour pécher avec plus de liberté et fouler aux pieds les vœux, le célibat, les prières, les jeûnes, les institutions de l'Église ! Ces œuvres sont précisément les dignes fruits, les consolations, les délices de cette liberté chrétienne que nous procure la grâce ; grâce qui n'est pas restreinte à une époque, mais a été communiquée et sous la loi de nature et sous la loi de Moïse; seulement, à la vue du Christ, elle se répand avec plus d'abondance, afin d'établir le royaume de Dieu par toute la terre, comme il est effectivement arrivé, malgré les Juifs, malgré les philosophes, malgré les empereurs idolâtres. Mais aujourd'hui que voyons-nous ? Cet empire universel réduit à un coin de l'Europe, où il est agité en tout sens comme une barque au milieu de la tempête. Mais déjà il me semble voir Jésus marchant sur les flots et nous disant : « Ayez confiance, c'est moi, ne craignez point. » L'orateur exhorte les Pères, réunis au nom de Jésus, à tout faire pour la gloire de Jésus, sans aucune considération humaine 1.
Après plusieurs réunions particulières et une réunion ou congrégation générale…
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1 Labbe, t. 14, col. 999.
A suivre: Seconde session. Discours de l’évêque de Saint-Marc.
Dernière édition par Louis le Mar 16 Juil 2013, 2:19 pm, édité 1 fois
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Re: Le Saint Concile de Trente
Seconde session. Discours de l’évêque de Saint-Marc..
Après plusieurs réunions particulières et une réunion ou congrégation générale, la seconde session se tint au jour indiqué, le 7 janvier 1546. Jean Fonséca, évêque de Castellamare, chanta la messe solennelle, Coriolan Martiran, évêque de Saint-Marc, fit le discours, « II est bien vrai que la barque de Pierre peut être agitée, mais non submergée. On l'a vu bien des fois, mais jamais plus clairement que de nos jours. Emportée par les flots de nos crimes, elle périclitait au milieu des écueils, des ténèbres et des tempêtes, disloquée et prête à s'entr'ouvrir, sans voiles, sans gouvernail et sans rames, flottant au gré des vents, lorsque Celui qui calme la mer éleva le phare du concile sur les hauteurs de Trente. Aussitôt elle s'y réfugie comme dans un port, mais tellement brisée que, si vous ne réparez promptement ses avaries, elle périra dans le port même. La sainte Église, notre mère, implore votre assistance et votre compassion. Le peuple chrétien, gisant et gémissant à vos pieds, vous demande un remède à ses plaies mortelles. Lorsque, ému de pitié et de douleur, je raconte ses misères et ses souffrances, écoutez- moi comme un homme de ce peuple, comme un ignorant qui, s'il m'avait été permis, ne serait pas monté en cette chaire. « Il y a deux points où la chrétienté est excessivement malade, la religion et les mœurs; c'en est fait de l'un et de l'autre si vous n'y remédiez promptement. »
Commençant par les mœurs, il fait un tableau effrayant de leur corruption et s'écrie :
« Voyez Rome, placée au milieu des nations pour resplendir comme un luminaire; regardez l'Italie, la Gaule, l'Espagne : vous ne trouverez ni état, ni sexe, ni âge, ni membre qui ne soit corrompu, infecté, pourri. Est-il besoin de paroles ? Les Scythes, les Africains, les Thraces ne vivent pas d'une manière plus impure et plus criminelle. Oh ! si j'osais dire la chose même ; si, ce que mon esprit a conçu depuis longtemps, je ne croyais pas intempestif de le produire au grand jour, je découvrirais la cause de cette grande ruine, l'origine de ce grand incendie, je dirais... Mais, oui, je le dirai ; non je ne le tairai point; j'élèverai la voix comme une trompette du haut de ce beffroi, comme une mère qui enfante.
« 0 pasteurs! ô cités placées sur la montagne, qui devrions briller avec plus d'éclat que le soleil, c'est nous qui, par l'exemple, plus pernicieux que la flamme, c'est nous qui, par l'exemple, avons égorgé les brebis du Seigneur ; c'est en regardant à nos mœurs et à notre vie, c'est en nous croyant d'autant plus sages qu'elles nous voyaient plus élevés en dignité, c'est en réglant leur vie sur la nôtre qu'elles sont tombées avec nous dans ces gouffres, d'où il n'y a d'autre moyen de sortir si ce n'est en remontant par où nous sommes tombés. Jamais nous ne rétablirons l'édifice écroulé par notre faute si nous ne jetons de nouveau les mêmes fondements que Jésus-Christ, si nous ne revenons aux principes sur lesquels Jésus-Christ a fondé l'Eglise dans l'origine, la probité, l'humilité, la pauvreté, la charité.
« Voyez ensuite les plaies de la religion, attaquée par trois espèces d'ennemis : les transfuges déclarés, qui bouleversent tout, détruisent les sacrements, assujettissent tout à la fatalité, nous attaquent avec nos propres armes, l'Écriture sainte, qu'ils mutilent, déchirent et torturent ; des ennemis occultes, qui, faisant mine d'être des nôtres, pervertissent non-seulement des individus, mais quelquefois des villes entières ; enfin les Turcs, les Ottomans, qui depuis deux cents ans ne cessent d'enlever à la chrétienté des peuples et des provinces et de la resserrer dans des limites toujours plus étroites. » C'est à protéger l'Église contre ces trois espèces d'ennemis que l'évêque exhorte, les Pères du concile 1.
Après ce discours on …
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1 Le Plat, Monumenta Conc. Trid. t. I, p. 32-38.
A suivre : Exhortation des légats. Décret sur la manière de vivre dans le concile. Deux oppositions à ce décret.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.
Après ce discours on fit les prières ordinaires; ensuite Ange Massarelli, secrétaire du cardinal Cervini, choisi par rassemblée deux jours auparavant pour servir provisoirement de secrétaire au concile, jusqu'à ce qu'on eût pourvu définitivement à cette place, lut, au nom des légats, une exhortation à tous les Pères. Elle avait été composée par le cardinal Polus, l'un des présidents, dernier rejeton de la royale dynastie des Plantagenets. On y respire le véritable esprit de l'Église, l'Esprit de Dieu, comme dans les lettres de sainte Catherine de Sienne, dont on sent que les consolantes prophéties vont s'accomplir. Ce qui est surtout nécessaire aux Pères du concile, comme à des nautoniers sur une mer orageuse, c'est la vigilance; vigilance pour ne pas donner dans des écueils semés sur la route; vigilance courageuse pour ne pas se laisser accabler par la grandeur des affaires comme par les flots.
« Il y a trois choses qu'il faut atteindre : l'extirpation des hérésies, la réformation de la discipline et des mœurs, la paix extérieure de toute l'Église; mais cela il ne faut pas nous imaginer qu'aucun de nous ni que tous ensemble nous puissions le faire : c'est Jésus-Christ seul. Penser autrement, ce serait, après avoir délaissé la source d'eau vive, nous creuser des citernes rompues ; car ces citernes sont tous les conseils qui partent de notre prudence, et non de l'Esprit de Dieu, et qui augmentent le mal au lieu de le guérir : le passé peut nous servir de leçon. Mais ce n'est point assez de confesser notre impuissance ; le Prince des pasteurs a pris sur lui les péchés de nous tous, comme s'il les eût commis lui-même ; ce qu'il a fait par charité, nous le devons par justice, prendre sur nous les péchés de tout le monde, parce que nous en sommes en grande partie la cause.
D'où viennent ces hérésies qui pullulent de notre temps comme des ronces et des épines? N'est-ce point parce que nous avons négligé de cultiver le champ du Seigneur et d'y semer le bon grain?
D'où vient la décadence de la discipline et des mœurs ? Pouvons-nous en nommer un autre auteur que nous-mêmes ?
Coupables sur ces deux premiers chefs, pouvons-nous encore attribuer à d'autres…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.
(suite)
Coupables sur ces deux premiers chefs, pouvons-nous encore attribuer à d'autres les guerres qui nous en punissent ? Et pourquoi rappelons-nous ces choses? Est-ce pour vous contusionner ? Loin de nous ! mais pour vous exhorter, comme nos bien-aimés Pères et frères, nous exhorter d'abord nous-mêmes à prévenir par notre résipiscence de plus grands châtiments. Car, dit l'Écriture, un jugement formidable est réservé à ceux qui président, et ce jugement, nous le voyons commencer par la maison de Dieu.
« Ce qui nous donne grande confiance que l'Esprit divin est descendu sur nous, c'est que nous en voyons plusieurs pleurant leurs péchés et ceux de notre ordre. Un autre gage de la miséricorde divine, c'est la réunion même de ce concile pour relever les ruines de l'Église. Prenons pour modèles ce que nous lisons dans Esdras, Néhémie et Daniel, lorsqu'il fut question de finir la captivité de Babylone et de rebâtir le temple et la ville de Jérusalem. Chefs et peuples confessèrent leurs péchés et implorèrent la miséricorde de Dieu; dès lors tout leur réussit, malgré tous les obstacles. Enfin nous sommes ici les conseillers et les juges des douze tribus d'Israël, c'est-à-dire de tout le peuple de Dieu ; comme tels nous devons agir de la manière que Dieu et les hommes nous recommandent, n'avoir ni colère, ni haine, ni prédilection pour personne, pas plus pour les princes, ecclésiastiques ou séculiers, que pour d'autres ; mais rappelons-nous toujours que nous procédons ici en la présence de Dieu, de ses anges et de l'Église universelle 1. »
Après cette exhortation l'évêque de Castellamare lut du haut de la chaire les constitutions du Pape, tant celles qui concernaient le jour de l'ouverture que celles qui interdisaient l'exercice du droit de suffrage par procureur. Vint ensuite le décret …
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1 Labbe, t. 14, col. 973 et seqq. Le Plat, t. 1, p. 38-46.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.
(suite)
…Vint ensuite le décret de la manière de vivre et des autres choses qui se devaient observer pendant le concile.
« Le saint concile de Trente, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois légats du siège apostolique y présidant, reconnaissant avec l'apôtre saint Jacques « que tout bien excellent et tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des lumières, qui départ la sagesse avec abondance et sans reproche à tous ceux qui la lui demandent 1,» et sachant aussi que « la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse 2 , » a résolu d'abord et jugé à propos d'exhorter, comme il fait aujourd'hui, tous et chacun des fidèles chrétiens qui se trouvent à présent dans cette ville de Trente à se corriger des vices et des péchés qu'ils peuvent avoir commis jusqu'ici, pour vivre dorénavant dans la crainte de Dieu et s'abstenir des désirs de la chair ; à s'appliquer à la prière, à fréquenter les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, à visiter souvent les églises ; et que chacun enfin s'efforce de tout son pouvoir d'accomplir les commandements du Seigneur, et fasse tous les jours quelques prières particulières pour la paix entre les princes chrétiens et pour l'union de l'Église.
« Quant aux évêques et à tous les membres de l'ordre sacerdotal qui composent dans cette ville le concile général ou qui y assistent, qu'ils s'appliquent assidûment à bénir Dieu et à lui présenter continuellement l'offrande de leurs prières et de leurs louanges, et qu'au moins chaque dimanche, qui est le jour auquel Dieu a créé la lumière et auquel Notre-Seigneur est ressuscité et a répandu le Saint-Esprit sur ses disciples, ils aient soin d'offrir le sacrifice de la messe ; faisant, comme le même Saint-Esprit l'ordonne par l'Apôtre, « des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces 3» pour notre Saint-Père le Pape, pour l'empereur, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, et généralement pour tous les hommes, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, que nous jouissions de la paix et que nous puissions voir l'accroissement de la foi.
« Le saint concile les exhorte, de plus, à jeûner, au moins tous les vendredis, en mémoire de la passion de Notre-Seigneur, et à faire des aumônes aux pauvres. Que, dans l'église cathédrale, on dise tous les jeudis la messe du Saint-Esprit, avec les litanies et les autres prières ordonnées à ce dessein, et que, dans les autres églises, on dise le même jour au moins les litanies et les prières ; que surtout, pendant qu'on célébrera les saints mystères, on s'abstienne de toutes sortes d'entretiens et de discours frivoles ; qu'on soit attentif à ce que fait le célébrant, et qu'on y réponde aussi bien de l'esprit que de la bouche.
« Et parce qu'il faut que les évêques…
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1 Jacob, 1, 17. — 2 Ps. 110, 10. —3 1 Tim, 2, 1.
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