Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Mar 20 Aoû 2013, 5:23 am


Septième session.
Doctrines et canons sur les sacrements en général,
sur le Baptême et la Confirmation.

La session septième fut tenue le 3 mars 1547 ; on y vit trois cardinaux, neuf archevêques, cinquante-trois évêques, deux procureurs d'absents, deux abbés et cinq généraux d'ordres, sans compter les docteurs en théologie et en droit. Le concile y publia son décret sur les sacrements, avec cette introduction :

« Pour complément de la doctrine salutaire de la justification qui a été promulguée dans la session précédente, du consentement unanime de tous les Pères, il a été jugé à propos de traiter des sacrements très-saints de l'Église, par lesquels toute justice véritable ou prend son commencement, ou s'augmente lorsqu'elle est commencée, ou se répare quand elle est perdue. C'est dans ce dessein, pour bannir les erreurs et extirper les hérésies au sujet de nos sacrements, en partie réveillées de nos jours des anciennes hérésies que nos Pères avaient autrefois déjà condamnées, en partie aussi inventées de nouveau, au grand préjudice de la pureté de l'Église catholique et du salut des âmes, que le saint concile de Trente, œcuménique et général, assemblé légitimement dans le Saint-Esprit, les mêmes légats du Siège apostolique y présidant, s'attachant à la doctrine des saintes Écritures, aux traditions des apôtres, au sentiment unanime des autres conciles et des Pères, a trouvé bon de faire et de publier les canons suivants, en attendant qu'il publie de même, avec le secours du Saint-Esprit, ce qu'il reste à faire pour achever l'ouvrage qu'il a commencé.


DES  SACREMENTS  EN  GÉNÉRAL....

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Message  Louis Mar 20 Aoû 2013, 12:39 pm


Septième session.
Doctrines et canons sur les sacrements en général,
sur le Baptême et la Confirmation.


(suite)
DES  SACREMENTS  EN  GÉNÉRAL.

« CANON I. Si quelqu'un dit que les sacrements de la loi nouvelle n'ont pas tous été institués par Notre-Seigneur Jésus-Christ, ou qu'il y en a plus ou moins de sept, savoir : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre et le Mariage, ou que quelqu'un de ces sept n'est pas proprement et véritablement un sacrement, qu'il soit anathème!

« II. Si quelqu'un dit que ces sacrements de la loi nouvelle ne diffèrent des sacrements de la loi ancienne qu'en ce que les cérémonies et pratiques extérieures sont différentes, qu'il soit anathème!

« III. Si quelqu'un dit que ces sept sacrements sont tellement égaux entre eux qu'il n'y en a aucun plus digne qu'un autre de quelque manière que ce soit, qu'il soit anathème !

« IV. Si quelqu'un dit que les sacrements de la loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le désir de les recevoir, les hommes, par la seule foi, peuvent obtenir de Dieu la grâce de la justification, encore qu'il soit vrai de dire que tous ne sont pas nécessaires à chacun, qu'il soit anathème !

« V. Si quelqu'un dit que ces sacrements n'ont été institués que pour nourrir seulement la foi, qu'il soit anathème!

« VI. Si quelqu'un dit que les sacrements de la loi nouvelle ne contiennent pas la grâce qu'ils signifient ou qu'ils ne confèrent pas la grâce elle-même à ceux qui n'y mettent point d'obstacle, comme s'ils étaient seulement des signes extérieurs de la justice ou de la grâce qui a été reçue par la foi, ou de simples marques de la profession du Christianisme, par lesquelles on discerne aux yeux des hommes les fidèles d'avec les infidèles, qu'il soit anathème !

« VII. Si quelqu'un dit que la grâce, quant à ce qui est de la part de Dieu, n'est pas donnée toujours à tous par ces sacrements, encore qu'ils soient reçus avec toutes les conditions requises, mais que cette grâce n'est donnée que quelquefois et à quelques-uns, qu'il soit anathème !

« VIII. Si quelqu'un dit que les mêmes sacrements de la loi nouvelle ne confèrent pas la grâce par leur propre vertu, mais que la seule foi aux promesses de Dieu suffit pour obtenir la grâce , qu'il soit anathème !

« IX. Si quelqu'un dit que, par les trois sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Ordre, il ne s'imprime pas dans l'âme un caractère, c'est-à-dire un signe spirituel et ineffaçable qui fait que ces sacrements ne peuvent être réitérés, qu'il soit anathème !

« X. Si quelqu'un dit que tous les chrétiens ont le pouvoir d'annoncer la parole de Dieu et d'administrer tous les sacrements, qu'il soit anathème !

« XI. Si quelqu'un dit que l'intention au moins de faire ce que fait l'Église n'est pas requise dans les ministres des sacrements, lorsqu'ils les font et les confèrent, qu'il soit anathème !

« XII. Si quelqu'un dit que le ministre du sacrement qui se trouve en péché mortel, quoique d'ailleurs il observe tout ce qui est essentiel pour faire ou conférer ce sacrement, ne le fait ou ne le confère pas, qu'il soit anathème!

« XIII. Si quelqu'un dit que les cérémonies reçues et approuvées dans l'Eglise catholique, et qui sont en usage dans l'administration solennelle des sacrements, peuvent être sans péché ou méprisées ou omises, selon qu'il plaît aux ministres, ou changées en d'autres par tout pasteur, quel qu'il soit, qu'il soit anathème ! »


DU BAPTÊME.

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Message  Louis Mer 21 Aoû 2013, 6:23 am


Septième session.
Doctrines et canons sur les sacrements en général,
sur le Baptême et la Confirmation.

(suite)
DU BAPTÊME.

« CANON  I. Si quelqu'un dit que le baptême de Jean avait la même force que le baptême du Christ, qu'il soit anathème !

« II. Si quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle n'est pas de nécessité pour le baptême, et pour ce sujet détourne à quelque explication métaphorique cette parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Si quelqu'un ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, qu'il soit anathème !

« III. Si quelqu'un  dit que l'Église romaine, qui est la mère et la maîtresse de toutes les Églises, ne tient pas la véritable doctrine touchant le sacrement de Baptême, qu'il soit anathème !

« IV. Si quelqu'un dit que le baptême donné même par les hérétiques, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, avec intention de faire ce que fait l'Église, n'est pas-un vrai baptême, qu'il soit anathème !

« V. Si quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire pour le salut, qu'il soit anathème !

« VI. Si quelqu'un dit qu'un homme baptisé ne peut pas, quand il le voudrait, perdre la grâce, quelque péché qu'il commette, à moins qu'il ne veuille pas croire, qu'il soit anathème !

« VII. Si quelqu'un dit que ceux qui sont baptisés ne contractent pas le baptême d'obligation qu'à la foi seule, et non pas à garder toute la loi de Jésus-Christ, qu'il soit anathème !

« VIII. Si quelqu'un dit que ceux qui sont baptisés demeurent exempts de tous les préceptes de la sainte Église, soit qu'ils soient écrits, soit qu'ils viennent de la tradition, de telle manière qu'ils ne sont point obligés de les observer, à moins qu'ils n'aient voulu d'eux-mêmes s'y soumettre, qu'il soit anathème!

« IX. Si quelqu'un dit qu'il faut tellement rappeler aux hommes le souvenir du baptême qu'ils ont reçu qu'ils comprennent que tous les vœux qui se font depuis sont nuls, en vertu de la promesse faite antérieurement dans le baptême, comme si par ces vœux on dérogeait et à la foi qu'on a embrassée et au baptême même, qu'il soit anathème !

« X. Si quelqu'un dit que, par le seul souvenir et la foi du baptême qu'on a reçu, tous les péchés qui se commettent depuis sont remis ou deviennent véniels, qu'il soit anathème !

« XI. Si quelqu'un dit que le vrai baptême, bien et dûment conféré, doit être réitéré dans celui qui, ayant renoncé à la foi de Jésus- Christ chez les infidèles, revient à pénitence, qu'il soit anathème !

« XII. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé qu'à l'âge où l'a été Jésus-Christ ou bien à l'article de la mort, qu'il soit anathème !

« XIII. Si quelqu'un dit que les petits enfants après leur baptême ne doivent pas être mis au nombre des fidèles, parce qu'ils ne sont pas en état de faire un acte de foi, et que, pour cela, ils doivent être rebaptisés lorsqu'ils ont l'âge de discrétion, ou qu'il vaut mieux ne les point baptiser du tout que de les baptiser dans la seule foi de l'Église, avant qu'ils produisent eux-mêmes un acte de foi, qu'il soit anathème!

« XIV. Si quelqu'un dit que les petits enfants ainsi baptisés doivent, quand ils sont grands, être interrogés s'ils veulent ratifier ce que leurs parrains ont promis en leur nom tandis qu'on les baptisait, et que, s'ils répondent que non, il faut les laisser à leur liberté, sans les contraindre à vivre en chrétiens par aucune autre peine que par la privation de l'Eucharistie et des autres sacrements, jusqu'à ce qu'ils viennent à résipiscence, qu'il soit anathème ! »


DE LA CONFIRMATION.
« CANON  I. Si quelqu'un dit que la Confirmation, dans ceux qui sont baptisés, n'est qu'une vaine cérémonie, et non pas un sacrement véritable et proprement dit, ou qu'autrefois ce n'était qu'une espèce de catéchisme où ceux qui approchaient de l'adolescence rendaient compte de leur foi en présence de l'Église, qu'il soit anathème !
 
« II. Si quelqu'un dit que ceux qui attribuent quelque vertu au saint chrême de la Confirmation font injure au Saint-Esprit, qu'il soit anathème !
 
« III. Si quelqu'un dit que l'évêque seul n'est pas le ministre ordinaire de la sainte Confirmation, mais que tout simple prêtre l'est aussi, qu'il soit anathème ! »
 
On remarque dans ce dernier canon la sage attention du concile de Trente…
 
A suivre :  Décrets de réformations ou de discipline, avec une clause remarquable. Translation et interruption du concile.

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Message  Louis Mer 21 Aoû 2013, 11:51 am

Décrets de réformations ou de discipline,
avec une clause remarquable. Translation et interruption du concile.

On remarque dans ce dernier canon la sage attention du concile de Trente à ne flétrir aucun des sentiments reçus par les théologiens catholiques. Comme plusieurs d'entre eux pensent que les simples prêtres avaient autrefois administré la Confirmation, ainsi qu'ils le font encore chez les Grecs, et que le concile de Florence reconnaît au souverain Pontife le pouvoir de les commettre à cet effet pour des causes graves, pourvu qu'ils se servent du chrême consacré par l'évêque, on prononça, non pas simplement que l'évêque seul est le ministre de la Confirmation, mais qu'il en est le seul ministre ordinaire.  Le concile passe ensuite au décret de réformation en ces termes : « Le même saint concile, les mêmes légats y présidant, voulant poursuivre, à la gloire de Dieu et à l'accroissement de la religion chrétienne, ce qu'il a commencé au sujet de la résidence et de la réformation, a jugé à propos d'établir ce qui suit, sauf toujours en tout l'autorité du Siège apostolique. »

Cette clause est remarquable ; elle indique le bon esprit du concile et une sagesse pratique de gouvernement. Les lois ne se font que pour ce qui arrive d'ordinaire ; il n'y a pas de loi possible pour tous les cas particuliers ; partant il n'y a pas de loi sans exception. Bon gré, mal gré, il faut que l'autorité souveraine ait le droit d'interpréter la loi ou d'en dispenser dans des cas semblables.

Ce petit préambule est suivi de quinze chapitres de réformation…

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Message  Louis Jeu 22 Aoû 2013, 6:27 am


Décrets de réformations ou de discipline,
avec une clause remarquable. Translation et interruption du concile.


(suite)
Ce petit préambule est suivi de quinze chapitres de réformation.

I. Qui est capable de gouverner les églises cathédrales. Nul ne sera élevé au gouvernement des églises cathédrales qu'il ne soit né en légitime mariage, qu'il ne soit d'un âge mûr, grave, de bonnes mœurs et habile dans les lettres, suivant la Constitution d'Alexandre III, qui commence Cura in cunctis publiée au concile de Latran.

— II. Ordre à ceux qui possèdent plusieurs églises cathédrales de s'en défaire, à l'exception d'une, dans six mois si elles sont à la libre disposition du Siège apostolique, dans un an si elles n'y sont point ; autrement ces églises seront censées vacantes par là même, à l'exception de celle qui aura été obtenue la dernière.

— III. Les autres bénéfices inférieurs seront conférés à des sujets dignes et capables ; toute collation ou provision fait  autrement sera nulle.

— IV.  Celui qui retient plusieurs bénéfices, contre les canons, doit en être privé.

— V. Ceux qui ont plusieurs bénéfices ayant charge d'âmes doivent exhiber leurs dispenses à l'ordinaire, qui pourvoira à ces églises par des vicaires, en leur assignant une partie convenable des revenus.

— VI.  Quelles unions de bénéfices sont valides.

— VII. Les bénéfices unis doivent être visités et desservis par des vicaires même perpétuels, auxquels on assigne une portion du revenu, même sur un fonds certain.

— VIII.  Les ordinaires sont obligés de visiter les églises tous les ans et de pourvoir à leur réparation.

— IX. Les prélats sont tenus de se faire sacrer dans le temps prescrit par le droit.

Le chapitre X est conçu en ces termes : « Pendant la vacance du siège, les chapitres, dans le cours de la première année, ne pourront point accorder la permission de conférer les Ordres ni donner des lettres dimissoriales, si ce n'est en faveur de quelque sujet pressé à l'occasion d'un bénéfice qu'il aurait obtenu ou qu'il serait près d'obtenir. Autrement le chapitre qui aura contrevenu sera soumis à l'interdit ecclésiastique, et ceux qui auront été ordonnés de la sorte, s'ils ont reçu les ordres mineurs, ne jouiront d'aucun privilège de la cléricature, principalement dans les affaires criminelles ; s'ils ont reçu les ordres majeurs, ils seront de droit suspens des fonctions de leur ordre tant qu'il plaira au prélat qui sera élevé sur ce siège. »

—  XI. Les facultés pour être promu ne doivent servir à personne sans une raison légitime.

— XII. Toute dispense pour les Ordres ne doit point excéder une année.

— XIII. Ceux qui sont présentés seront examinés et approuvés par l'ordinaire, excepté ceux qui sont présentés, élus ou nommés par les universités ou collèges en plein exercice pour toutes les sciences.

— XIV. Quelles sont les causes civiles des exempts dont les évêques peuvent connaître.

— XV. Les ordinaires auront soin que tous les hôpitaux, même ceux qui sont exempts, soient fidèlement gouvernés par leurs administrateurs.

Après ces règlements de discipline le concile termina la septième session par indiquer la huitième pour le 22 avril de la même année (1547). On la tint dès le 11 mars, mais pour transférer le concile à Bologne, à cause d'une maladie pestilentielle qui s'était déclarée à Trente et de laquelle plusieurs membres de l'assemblée étaient morts. On tint la neuvième session à Bologne, le 21 avril, mais pour la proroger au 2 juin; en ce dernier jour on la différa au 15 septembre. Le concile fut interrompu pendant trois ans ; voici pourquoi.



§ II. ÉVÉNEMENTS   CONTEMPORAINS   EN  EUROPE,  EN   AMÉRIQUE   ET  AU   JAPON.

La translation de Trente à Bologne s'était faite régulièrement ; les légats en avaient le pouvoir par une bulle du 22 février 1544. Ils ne la décrétèrent point de leur chef, mais avec la très-grande majorité des Pères. La cause n'était que trop réelle; la peste avait été constatée juridiquement par les médecins du concile; plusieurs personnes, même de la suite des légats, y avaient succombé ; d'autres s'étaient retirés de Trente pour sauver leur vie. Mais  l'empereur Charles-Quint…
 
A suivre : Conduite de Charles-Quint envers le Pape et le concile.

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Message  Louis Jeu 22 Aoû 2013, 1:14 pm

Conduite de Charles-Quint envers le Pape et le concile.

…Mais  l'empereur Charles-Quint trouva mauvais que la peste fût venue à Trente, plus mauvais encore qu'on y eût peur de la peste, enfin très-mauvais que par un pareil motif on eût transféré le concile à Bologne. Il ordonna aux évêques espagnols de demeurer à Trente, ce qui exposait l'Église à un schisme; heureusement ces évêques, tout en demeurant à Trente, eurent la sagesse de ne point s'ériger en concile et de ne point tenir de séance. Charles-Quint, qu'on eût pris en ce moment pour un empereur de Byzance, en voulait beaucoup au président du saint concile, il en voulait plus encore au Pape, qu'il traitait de vieil obstiné qui voulait perdre l'Église. « Mais, ajouta-t-il, on ne manquera pas de concile qui satisfasse à tout et remédie à tout. »

Le nonce Véralli, auquel il adressa ces paroles, le pria de considérer qu'on ne pouvait appeler obstiné un Pape qui avait si souvent, et en matières si graves, obtempéré aux vues de l'empereur; que, parce qu'il était vieux, il prévoyait les événements et ne voulait pas permettre que l'Église tombât en ruines de son temps. Mais rien ne piqua plus l'empereur que ce raisonnement du nonce : « Les évêques qui sont allés à Bologne y sont allés de leur propre mouvement; ceux, au contraire, qui sont restés à Trente y demeurent par ordre de Votre Majesté; ce sont donc ceux-ci, et non ceux-là, qui manquent de liberté. » L'empereur, qui avait accusé le Pape de violenter les évêques du concile, s'écria de dépit : « Allez, nonce, je ne peux point discuter là-dessus! parlez à l'évêque d'Arras. » C'était le fameux Granvelle, depuis cardinal.

Sous cette mauvaise humeur impériale se cachait un calcul politique et financier…

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Message  Louis Ven 23 Aoû 2013, 7:05 am


Conduite de Charles-Quint envers le Pape et le concile.


(suite)
Sous cette mauvaise humeur impériale se cachait un calcul politique et financier. Pour empêcher la ligue protestante de Smalkalde de bouleverser l'empire et l'Église le Pape avait conclu avec l'empereur une ligue catholique, mais qui ne devait durer que six mois. Après les succès que nous avons vus, l'empereur aurait voulu que cette ligue durât plus longtemps : les motifs en étaient assez naturels. Paul III avait fourni, sous le commandement d'un cardinal de sa famille, un corps de troupes assez considérable pour qu'il en pérît neuf mille dans la guerre, pourtant heureuse, dont nous avons vu les résultats. De plus il fournissait à l'empereur des subsides non moins considérables que les troupes.

L'empereur aurait donc voulu, chose naturelle à tout homme, que cette ligue durât plus de six mois, que le Pape lui fournît plus longtemps et ses troupes et son argent, d'autant plus que l'empereur, d'un jour à l'autre, pouvait avoir la guerre avec la France. Et certainement c'était une chose fort commode à un empereur d'Allemagne, défenseur armé de l'Église romaine, de tirer de celle-ci des troupes et de l'argent pour faire la guerre au fils aîné de cette même Église, au royaume très-chrétien, et lui attirer ainsi des inimitiés et des malheurs des deux côtés.

Paul III, tout vieux qu'il était, ne jugea point à propos de donner dans ce piège, d'autant plus que l'empereur avait traité avec les princes protestants sans consulter le Pape, comme il s'y était engagé par un article de la ligue catholique. Aussi Charles-Quint se fâcha-t-il d'autant plus qu'il avait plus tort, ce qui est dans la nature de l'homme, du moins dans la nature de certains hommes et de certains princes.

Pour se venger du Pape et du concile, qui avaient raison l'un et l'autre, Charles-Quint renouvela une de ces comédies impériales du Bas-Empire qui ennuient si fort et l'historien et le lecteur. Le concile de Trente avait décidé ecclésiastiquement et définitivement des questions de foi et de discipline; pour lui faire pièce Charles-Quint entreprit de décider les mêmes questions laïquement et provisoirement. Ce qu'avaient prétendu les empereurs de Byzance, Zénon avec son Hénotique , Constant II avec son Type, Charles-Quint le prétendit avec son Intérim, autrement sa religion provisoire de l'Allemagne.

Comme nous l'avons déjà vu, il ne réussit pas mieux que ses devanciers. Il montra du moins que, si l'Eglise y avait consenti, il se serait volontiers servi d'elle pour soumettre tout le monde, non pas à elle, mais à lui, et réaliser ainsi le rêve des césars allemands et même de beaucoup d'autres qui ne sont ni allemands ni césars ; car il n'y a guère d'ambitieux qui, de proche en proche, n'aspire à être le monarque de l'univers et la loi vivante de tous les hommes.

Tandis que Charles-Quint…
 
A suivre :  Politique peu honorable de la France.

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Message  Louis Ven 23 Aoû 2013, 2:33 pm

Politique peu honorable de la France.

Tandis que Charles-Quint, voulant dominer sur tout l'univers, se voyait dominé de plus en plus par la goutte, son rival, François Ier, mourut de la fièvre le 31 mars 1547, à l'âge de cinquante-trois ans. Il eut pour successeur dans le royaume et dans sa politique son fils Henri II. Cette politique est la politique moderne, que Nicolas Machiavel de Florence n'a fait que résumer en peu de mois : « Un prince, comme un individu, peut avoir de la religion et de la conscience ; mais, comme prince, il n'en a d'autre que son intérêt, pour qui tous les moyens sont bons, même les moyens honnêtes. »

Ainsi nous voyons Henri II, comme son père, punir les hérétiques de France et faire alliance avec les hérétiques d'Allemagne contre leur souverain légitime et catholique ; nous le voyons, comme son père, faire alliance avec les Turcs contre les Chrétiens, joindre les flottes françaises aux flottes du sultan de Stamboul et des corsaires d'Afrique pour ravager les côtes de la Sicile, de l'Italie, de la Sardaigne et de la Corse, incendier les églises et les cités, et livrer à l'esclavage des Turcs et des corsaires barbaresques les populations chrétiennes ; nous le voyons, sans scrupule, fomenter des révoltes, des trahisons, des meurtres, en Italie et ailleurs ; prendre lui-même par trahison les villes de Metz, Toul et Verdun ; faire la guerre aux peuples chrétiens de Flandre avec une cruauté de Vandale, égorgeant tout ce qui résiste, incendiant les maisons, rasant les villes; nous le voyons, comme son père, outre sa femme légitime, avoir une concubine en titre, qui passait même pour avoir été celle de son père. Cependant Henri II n'était pas un mauvais homme; mais tel était l'état des esprits, des idées et des mœurs en France, état qui eût fait verser des larmes amères à saint Louis sur la dégénération de ses descendants.

Cet état se montre dans deux écrivains français de l'époque, Marot et Rabelais…

_____________________________________
1 Sismondi, Hist. des Français, t. 17.
A suivre : Reflet de la France dans Marot et Rabelais.

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Message  Louis Sam 24 Aoû 2013, 7:11 am


Reflet de la France dans Marot et Rabelais.

Cet état se montre dans deux écrivains français de l'époque, Marot et Rabelais : le premier, traducteur en vers des psaumes et auteur de poésies licencieuses; le second, d'abord religieux franciscain, puis religieux bénédictin, puis prêtre séculier, enfin curé de Meudon, auteur de romans bouffons et obscènes ; deux écrivains dont La Bruyère a dit : « Marot et Rabelais sont inexcusables d'avoir semé l'ordure dans leurs écrits ; tous deux avaient assez de génie et de naturel pour pouvoir s'en passer, même à l'égard de ceux qui cherchent moins à admirer qu'à rire dans un auteur. Rabelais surtout est incompréhensible. Son livre est une énigme, quoi qu'on veuille dire, inexplicable; c'est une chimère; c'est le visage d'une belle femme, avec des pieds et une queue de serpent, ou de quelque autre bête plus difforme ; c'est un monstrueux assemblage d'une morale fine et ingénieuse et d'une sale corruption. Où il est mauvais, il passe bien loin au delà du pire; c'est le charme de la canaille; où il est bon, il va jusqu'à l'exquis et à l'excellent ; il peut être le mets des plus délicats 1. »

Jusque-là le concile de Trente n'avait point éprouvé de contradictions en France, du moins à l'extérieur et sous les yeux du roi François Ier. Le nonce Dandino, qui résidait auprès de ce prince, mandait, le 14 février 1547, que les décrets de la sixième session avaient été bien reçus de l'université de Paris et que le roi voulait les faire publier dans le royaume; mais, pendant la maladie de François Ier, un notable changement s'était opéré dans les conseils du roi ; les prélats, qui dominaient, étaient mécontents des dispositions prises à Trente contre la non-résidence des évêques et la pluralité des bénéfices à charge d'âmes; ils étaient presque tous extrêmement coupables dans ces deux points, et la réformation commencée par le concile leur paraissait d'une discipline onéreuse, qu'ils n'avaient nulle envie d'embrasser 2.

Ainsi donc la première opposition que rencontre en France le concile de Trente…

_____________________________________________________________________

1 La Bruyère, Caract., c. 1. — 2 L'abbé Dassance, Essai hist. sur le conc. de Trente.
 
A suivre : Première cause de l’opposition que le concile de Trente rencontre en France.

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Message  Louis Sam 24 Aoû 2013, 2:49 pm

Première cause de l’opposition que le concile de Trente rencontre en France.

Ainsi donc la première opposition que rencontre en France le concile de Trente lui vient de ceux-là mêmes qui avaient le plus besoin des réformations de ce concile; il en fut de même ailleurs. Et cela est naturel; nous aimons bien qu'on réforme les autres, mais non pas nous-mêmes. En conséquence les évêques voulaient bien qu'on réformât les Papes, les cardinaux, les abbés, les prêtres et les moines; mais prétendre que les évêques de cour, au lieu d'avoir deux ou trois évêchés sans résider dans aucun, n'aient plus qu'un évêché et qu'ils y résident, c'est aller trop loin et blesser une des libertés de l'Église gallicane. De même les laïques, les princes, les rois voulaient bien qu'on réformât le clergé; mais, quand le concile parlera de les réformer eux-mêmes, pour rendre la réforme même du clergé plus complète et plus durable, en le dérobant à l'influence pernicieuse du siècle, tous les princes se récrieront. Parler de réformation aux princes mêmes, c'était bon du temps de Charlemagne et de saint Louis ; mais sous leurs descendants, au vingtième ou trentième degré, cela n'est plus de saison ; toute la réformation qu'il leur faut se trouve résumée dans Nicolas Machiavel. Tels sont les obstacles, et beaucoup d'autres, contre lesquels l'Eglise catholique et le concile de Trente avaient et ont encore à lutter.

En Angleterre l'auteur et le chef de l'apostasie anglicane, Henri VIII, était mort dans la nuit du 28 au 29 janvier 1547….
A suivre : Opinion du protestant Cobbet sur la mort de Henri VIII et l’avènement d’Édouard.

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Message  Louis Dim 25 Aoû 2013, 6:45 am

Opinion du protestant Cobbet sur la mort de Henri VIII et l’avènement d’Édouard.

En Angleterre l'auteur et le chef de l'apostasie anglicane, Henri VIII, était mort dans la nuit du 28 au 29 janvier 1547. Comme l'Angleterre était un fief de l'Église romaine, et que, d'après l'ancienne constitution de tous les royaumes chrétiens, nul hérétique ne pouvait être roi, le Pape Paul III avait dressé contre lui une bulle d'excommunication et de déchéance, datée du 30 octobre 1535, mais qui ne fut point publiée 1. D'ailleurs la sentence n'était pas définitive, mais conditionnelle, s'il ne se présentait et ne se justifiait dans un terme donné. Toutefois, chose remarquable, Henri VIII, malgré ses six femmes, apparaît comme un arbre frappé d'anathème; sa race s'éteindra dès la première génération. Ce fait n'a point échappé au protestant Cobbet, qui termine ainsi sa sixième lettre sur l'Histoire de la Réforme en Angleterre :

« Dans les dernières années de sa vie les débauches habituelles de Henri l'avaient rendu d'une corpulence telle qu'il ne pouvait se mouvoir qu'à l'aide de mécaniques qu'on inventait pour son usage particulier; mais il n'en conserva pas moins son ancienne férocité et sa passion pour le sang. Déjà il était étendu sur son lit de mort que personne n'osait encore l'informer de son état; car la mort la plus prompte n'eût pas manqué de suivre cet avertissement. Il mourut donc avant d'avoir su qu'il arrivait au terme de sa vie, et laissant une foule de condamnations capitales qu'il n'eut pas le temps de signer.

« Ainsi expira en 1547, à l'âge de cinquante-six ans, et dans la trente-huitième année de son règne, le plus injuste, le plus vil et le plus sanguinaire des tyrans qui eussent encore désolé l'Angleterre. Ce pays, qu'à son avènement au trône il avait trouvé paisible, uni et heureux, il le laissa déchiré par les factions et les schismes, et ses habitants en proie à la misère et à la mendicité. Ce fut lui qui y introduisit cette immoralité, ces crimes, ces vices qui y produisirent de si horribles fruits sous le règne de ses enfants, avec lesquels s'éteignirent, quelques-années après, son nom et sa maison 1. »

Voilà comment le protestant Cobbet termine l'histoire du règne de Henri VIII, le premier pape de l'Église anglicane; voici comment il commence le règne de son fils, Edouard VI, second pape de l'Église anglicane, et qui n'avait pas encore tout à fait dix ans :

« Nous avons vu le tyran mourir à la suite de ses débauches, l'âme tourmentée par ses basses et viles passions, et dans une vieillesse prématurée. Un des derniers actes de son pouvoir avait été un testament par lequel il désignait pour son successeur immédiat son fils encore enfant, et, en cas que celui-ci mourût sans postérité, transférait la couronne à Marie, sa fille, ou à Elisabeth, sa seconde fille, si l'aînée venait également à mourir sans enfants. Mes lecteurs n'ont sans doute pas oublié qu'il les avait cependant fait déclarer illégitimes par actes du parlement, et que cette dernière fille Elisabeth était née d'Anne de Boleyn et du vivant de sa première femme, mère de Marie.

« Il choisit pour exécuter ce testament et pour gouverner le royaume jusqu'à ce qu'Édouard, alors âgé de dix ans, eût atteint sa dix-huitième année, seize exécuteurs testamentaires, parmi lesquels se trouvaient Seymour, comte de Hereford, et l'honnête Cranmer. Ces seize dignes personnages commencèrent par jurer de la manière la plus solennelle qu'ils exécuteraient scrupuleusement les dernières volontés de leur défunt maître. Le second acte fut de rétracter leur serment en nommant tuteur du roi Hereford, frère de Jeanne Seymour, mère du jeune prince, bien qu'un pouvoir égal eût été accordé par le testament du roi à chacun de ses exécuteurs testamentaires. Leur troisième acte politique fut de distribuer entre eux de nouvelles créations de pairies, et leur quatrième, de faire avec l'argent du peuple d'abondantes largesses aux nouveaux pairs. Le cinquième consista dans l'omission d'un ancien usage des sacres des rois d'Angleterre, qui consistait à demander au peuple s'il acceptait le roi pour maître et s'il promettait de lui obéir. Le sixième fut d'assister à la célébration solennelle d'une grand'messe, et le septième, de prendre tout aussitôt après une série de mesures tendant à l'anéantissement total de ce qui restait encore en Angleterre de la religion catholique et propres à achever l'œuvre sanglante commencée par le vieil Henri 1. »

Le protestant Cobbet fait en ceci une remarque très-importante…

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1 Raynald, ann.  1535, n. 18; ann, 1538, n. 46. — 1Cobbet, Hist. de la Réf. en Angl, l. 6. — 1 Cobbet, Hist. de la Réf. en Angl, lettre 7.
 
A suivre : Omission d’une cérémonie importante dans l’inauguration d’Edouard VI. Origine anglicane de l’absolutisme royal ou despotisme.


Dernière édition par Louis le Mar 03 Sep 2013, 2:57 pm, édité 2 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Dim 25 Aoû 2013, 12:49 pm

Omission d’une cérémonie importante dans l’inauguration d’Edouard VI.
Origine anglicane de l’absolutisme royal ou despotisme.

Le protestant Cobbet fait en ceci une remarque très-importante : c'est  l'omission d'un ancien usage dans le sacre des rois de demander au peuple s'il acceptait le roi pour maître et s'il promettait de lui obéir. Lingard fait la même observation. « Sous prétexte, dit-il, de respecter les lois et la constitution actuelle du royaume, on fît un changement important à la partie des formalités imaginée par nos ancêtres saxons pour enseigner au nouveau souverain que le choix libre du peuple lui donnait seul la couronne. L'usage, jusqu'alors, avait voulu que l'archevêque reçût en premier lieu le serment du roi de protéger les libertés du royaume, et demandât ensuite au peuple s'il voulait l'accepter et lui obéir comme à son seigneur-lige. Mais on intervertit cet ordre, et non-seulement on s'adressa au peuple avant le serment du roi, mais encore on lui rappela que le roi tenait son sceptre par droit de naissance, et que son devoir était de se soumettre à sa volonté.

« Messieurs, dit le métropolitain, je vous présente ici le roi Edouard, héritier légitime et incontestable, par les lois divines et humaines, de la dignité royale et de la couronne impériale de ce royaume. Tous les nobles et les pairs de cette contrée ont fixé ce jour pour sa consécration, son onction et son couronnement. Voulez-vous lui  obéir désormais, et donner votre vœu et votre adhésion à sa consécration, onction et couronnement, ainsi que vous y êtes liés par votre devoir d'allégeance ? »

Quand les acclamations des spectateurs eurent cessé, le jeune Édouard prêta le serment accoutumé, d'abord sur le Saint-Sacrement, et ensuite sur le livre dés Évangiles. Il fut alors sacré selon les anciennes formes... Au lieu d'un sermon   Cranmer   prononça   une   courte adresse au nouveau souverain, où il lui disait que les promesses qu'il venait de faire avec toute justice n'affectaient en rien son droit de porter le sceptre de son royaume; que son droit, comme celui de ses prédécesseurs, provenait de Dieu; d'où il suivait que ni l'évêque de Rome ni aucun autre évêque ne pouvait lui imposer des conditions à son couronnement, ni prétendre à le dépouiller de sa couronne sous prétexte qu'il aurait enfreint le serment de ce couronnement 1 »

Nous voyons ici un fait bien grave et qui est comme le nœud de l'histoire moderne…

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1 Lingard, Hist. d'Angleterre , t. 7, p. 9-11.

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Message  Louis Lun 26 Aoû 2013, 5:46 am

Omission d’une cérémonie importante dans l’inauguration d’Edouard VI.
Origine anglicane de l’absolutisme royal ou despotisme.

(suite)

Nous voyons ici un fait bien grave et qui est comme le nœud de l'histoire moderne. Une foule de livres et de personnes imputent à l'Église catholique romaine d'enseigner, de consacrer le despotisme des rois et l'asservissement des peuples ; or c'est un préjugé non moins injuste qu'il est commun. Nous avons vu par tous les monuments de l'histoire que l'Église  catholique romaine ni n'enseigne ni ne consacre ce qu'on lui impute. Si elle a soutenu, si elle soutient encore des luttes si terribles contre les empereurs et les rois, c'est que ces empereurs et ces rois auraient voulu, c'est qu'ils voudraient encore lui faire enseigner, lui faire consacrer le despotisme des rois, l'asservissement des peuples, et qu'elle ne le veut ni ne le peut. Ses docteurs enseignent que la puissance des rois leur vient de Dieu par les peuples, que le pacte entre les peuples et les rois oblige également les uns et les autres, et que l'Église catholique romaine est juge de cette obligation.

Voilà ce que nous avons lu dans les chartes de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, dans les constitutions des Visigoths et des Germains ; voilà ce que l'Église a consacré en pratique par ses Papes et ses conciles. Ce n'est donc pas elle qui enseigne ni consacre le despotisme des rois et l'asservissement des peuples; ce sont les Églises nationales, provinciales, municipales, que les rois, les princes, les bourgmestres voudraient fabriquer avec les lambeaux dépecés de l'Église universelle. Ainsi, par exemple, c'est le premier primat de son Église nationale, et par là schismatique, qui prive l'Angleterre du droit d'élire ses rois, qui enseigne que le pouvoir de ceux-ci leur vient immédiatement de Dieu sans passer par le peuple, que leur pouvoir est irresponsable et inamissible. Combien de catholiques français s'imaginent, dans leur simplicité, que cette doctrine est la doctrine ancienne que saint Louis, Charlemagne, les Francs et les Gaulois ont reçue de saint Pierre, tandis que c'est une marchandise toute moderne, de fabrique anglaise, mise en circulation par le schisme et l'hérésie, et prônée pour la première fois par un archevêque apostat et marié !

En considérant l'interruption du concile de Trente, l'apostasie des royaumes du Nord, d'une partie de l'Allemagne et de l'Angleterre, le mauvais vouloir ou les inconséquences des princes demeurés catholiques, bien des esprits faibles ou forts étaient tentés de conclure, avec Luther, Calvin et autres prophètes de ce genre, que l'Église catholique romaine ne sortirait pas de ce péril et que sa dernière heure avait sonné; et dans ce moment-là cette même Église recevait dans son sein de nouveaux peuples, de nouveaux royaumes, de nouveaux empires, de nouveaux mondes.

Nous avons vu la découverte de l'Amérique par l'Italien Christophe Colomb et les premiers établissements du Christianisme dans ce nouvel hémisphère; nous allons voir la suite de ces découvertes et de ces établissements.

En 1485 naquit à Médelin, petite ville de l'Estramadure, Fernand Cortez…
 
A suivre : Fernand Cortez fait la conquête du Mexique et y remplace les sacrifices humains par la civilisation chrétienne.

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Message  Louis Lun 26 Aoû 2013, 12:06 pm

Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.

En 1485 naquit à Médelin, petite ville de l'Estramadure, Fernand Cortez, d’une famille noble, mais sans fortune, qui le destinait au barreau ; il fut envoyé de bonne heure à l'université de Salamanque. Le jeune Fernand se dégoûta bientôt d'un genre d'étude incompatible avec son génie ardent et embrassa l'état militaire, espérant se signaler sous les ordres du célèbre Gonzalve de Cordoue; mais une maladie dangereuse l'empêcha de s'embarquer pour Naples. A peine fut-il rétabli qu'il tourna ses regards vers les Indes occidentales; elles étaient alors une source de richesses et de gloire pour les Espagnols.

Fernand Cortez partit en 1504 pour Saint-Domingue, où il fut accueilli par Ovando, son parent, qui en était gouverneur. Cortez n'avait alors que dix-neuf ans et se faisait remarquer par son adresse dans tous les exercices militaires; sa physionomie était gracieuse et sa taille élégante ; à ces avantages extérieurs il joignait un caractère aimable. Ovando lui confia successivement plusieurs emplois lucratifs et honorables. Ce fut en 1511 que Cortez quitta Saint-Domingue pour accompagner Diego Vélasquez dans son expédition de l'île de Cuba ; il y fut élevé à l'emploi d'alcade de San-Iago et déploya des talents dans plusieurs circonstances difficiles, À la fougue qui avait marqué sa jeunesse on voyait succéder une activité infatigable, et ce sang-froid, cette prudence si nécessaires pour exécuter de grands desseins.

Grijalva, lieutenant de Vélasquez, venait de découvrir l'empire du Mexique, mais sans oser s'y établir. Le gouverneur de Cuba, mécontent de Grijalva, en confia la conquête à Cortez, qui hâta ses préparatifs. Il partit de San-Iago, le 18 novembre 1518, avec dix vaisseaux, six à sept cents Espagnols, dix-huit chevaux et quelques pièces de canon. C'était bien peu pour la conquête d'un empire ; encore ne fut-ce pas le moindre obstacle. À peine a-t-il mis à la voile que Vélasquez, défiant et jaloux, se repent de son-choix : il craint que son lieutenant ne lui enlève la gloire et les richesses que promet cette grande entreprise; il révoque la commission qu'il lui a donnée, et même il ordonne son arrestation.

Protégé par ses troupes, dont il est chéri, Cortez déconcerte tous les desseins du gouverneur. Il débarque le 4 mars 1519 sur la côte du Mexique, s'avance  le long du golfe, tantôt caressant les Indiens, tantôt répandant l'effroi par ses armes, et s'empare d'abord de la ville de Tabasco. Le bruit de l'artillerie, l'aspect des forteresses mouvantes qui apportent les Espagnols sur l'Océan, les chevaux sur lesquels ils combattent, tous ces objets, nouveaux pour les Indiens, leur causent un étonnement mêlé de terreur et d'admiration ; ils regardent les Espagnols comme des dieux et leur envoient des ambassadeurs et des présents. Cortez apprend d'eux que le monarque indien se nomme Montézuma, qu'il règne sur un empire étendu, fondé depuis cent trente ans, que trente vassaux appelés caciques lui obéissent, que ses richesses sont immenses et son pouvoir absolu.

C'était Montézuma II, qui, en 1502…

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Message  Louis Mar 27 Aoû 2013, 6:44 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
C'était Montézuma II, qui, en 1502, à la mort de son grand-père Ahuitzotl, fut élu roi d'Anahuac ou du Mexique, de préférence à ses frères. Il était alors âgé d'environ vingt- six ans. Sa bravoure dans les combats, sa prudence dans les conseils, sa piété, le respect qu'inspirait son caractère de prêtre fixèrent sur lui le choix des grands. On dit qu'en apprenant la nouvelle de son élection il se retira dans le temple pour se dérober aux honneurs qui l'attendaient, et qu'on le trouva balayant le pavé du sanctuaire.  À son installation sur le trône le prince qui le haranguait le félicita d'y arriver à l'époque où l'empire était parvenu au plus haut degré de splendeur. La cérémonie du couronnement surpassa en pompe et en éclat tout ce qu'on avait vu jusqu'alors ; le nombre des victimes humaines sacrifiées à cette occasion fut immense ; elles furent fournies par les prisonniers faits sur les Atlixtchès, qui s'étaient révoltés.

Tant de grandeur devait bientôt s'évanouir. A peine en possession du pouvoir, Montézuma l'exerça de manière à s'aliéner l'affection d'une partie de ses sujets. Ses ancêtres accordaient les emplois à tous ceux qui s'en rendaient dignes ; Montézuma ne les conféra qu'aux hommes distingués par leur naissance. Les représentations qui lui furent adressées à cette occasion par un vieillard chargé autrefois de son éducation échouèrent contre sa volonté ; il en recueillit plus tard des fruits bien amers. Il se montrait dur et arrogant envers ses vassaux et très-rigoureux dans le châtiment des crimes; mais, en revanche, il punissait sans acception des personnes ; il était ennemi de la fainéantise et ne souffrait pas que qui que ce fût restât oisif dans son empire. Les historiens entrent là-dessus dans des détails singuliers; ils ne causent pas moins d'étonnement quand ils parlent de la magnificence des anciens rois ou empereurs du Mexique, et notamment de Montézuma ; ces récits paraîtraient incroyables, comme le remarque justement Clavigéro, auteur mexicain d'origine, si ceux qui ont détruit cette magnificence n'avaient eux-mêmes pris soin de la décrire

Montézuma était généreux…

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Message  Louis Mar 27 Aoû 2013, 1:42 pm


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.

(suite)

Montézuma était généreux ; il fonda à Colhucan un hôpital destiné aux fonctionnaires publics et aux militaires invalides ; cette humeur libérale l'aurait fait aimer du peuple s'il eût été moins, sévère. Généralement heureux dans ses guerres contre les Etats voisins, il en soumit plusieurs. Au mois de février 1506 ses troupes ayant remporté une grande victoire sur les Atlixtchès, ce fut une occasion de célébrer avec plus de pompe que sous Montézuma Ier, en 1464, la fête du renouvellement du feu qui revenait tous les cinquante-deux ans; elle fut la plus solennelle et la dernière. Cependant les succès de son règne furent mêlés de quelques revers; le fils aîné de Montézuma avait été tué dans une guerre contre les Tlascaltèques, qui avaient repoussé les Mexicains ; une famine désola l'empire en 1504 ; enfin une expédition malheureuse contre Amatla, et surtout l'apparition d'une comète, vers 1512, répandirent la consternation parmi les princes d'Anahuac. Montézuma, naturellement superstitieux et dont l'abus des voluptés avait énervé le caractère, ne put voir un tel phénomène avec indifférence ; il consulta ses astrologues, qui, incapables de le satisfaire, s'adressèrent au roi d'Acolhuacan. Celui-ci, très-habile dans l'art de la divination, assura que la comète annonçait à l'empire de grands désastres causés par l'arrivée d'un peuple étranger. Montézuma ne voulut pas d'abord ajouter foi à cette interprétation; des prodiges réitérés le forcèrent enfin d'y croire, et bientôt des bruits confus l'avertirent que des hommes tout différents de ceux qui peuplaient son pays et les contrées voisines avaient paru sur des côtes lointaines.

Cependant il fit encore la guerre, et, par ses succès, porta vers 1515 l'empire d'Anahuac à sa plus grande étendue ; mais à mesure que l'État s'agrandissait le nombre des mécontents impatients de secouer le joug augmentait ; il devenait impossible de conserver l'union nécessaire au jour du danger qui était proche.

Bientôt les bruits vagues se confirment ; au mois d'avril 1519 les gouverneurs des provinces de la côte orientale de l'empire mandent à Montézuma que des étrangers viennent d'entrer dans ses États; ce qu'ils lui racontent des vaisseaux, des armes, de l'artillerie, des chevaux de ce peuple lui cause un trouble inexprimable. Il tient conseil avec ses principaux ministres.

On décide, d'après une opinion généralement répandue parmi les Mexicains, que le chef des guerriers qui viennent de débarquer ne peut être que le dieu Quetzalcoatl, attendu depuis longtemps. Montézuma charge des ambassadeurs de féliciter les étrangers et de leur offrir des présents ; mais en même temps il donne des ordres pour que l'on garde soigneusement la côte et que l'on soit attentif à observer les mouvements de ces étrangers 1

Quant à l'état religieux et intellectuel du Nouveau-Monde en général et du Mexique en particulier, nous l'avons vu lors de sa découverte par Christophe Colomb. Nous ajouterons ici les observations suivantes…

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1 Biographie univers. t. 29.

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Message  Louis Mer 28 Aoû 2013, 6:12 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
Quant à l'état religieux et intellectuel du Nouveau-Monde en général et du Mexique en particulier, nous l'avons vu lors de sa découverte par Christophe Colomb. Nous ajouterons ici les observations suivantes.

Nul peuple sur la terre n'offrit  aux démons autant de victimes humaines que les Américains, particulièrement les Mexicains ; ils y employaient généralement des prisonniers de guerre ou des esclaves. D'ordinaire ils s'y prenaient de cette façon. Un pontife, accompagné de cinq prêtres, conduisait au temple l'homme destiné au sacrifice. Alors il montrait aux assistants devant quelle idole il devait être immolé. On étendait l'homme sur un autel dont le milieu était plus élevé, afin que la poitrine ressortît mieux. Quatre prêtres le tenaient par les bras et les jambes, un cinquième lui maintenait la tête par un fer recourbé en faucille, qui lui saisissait le cou. Le pontife, dont chaque divinité avait le sien, lui ouvrait la poitrine avec un couteau de pierre à feu, lui arrachait le cœur, l'élevait fumant vers le soleil, le brûlait et en conservait la cendre avec respect. A certaines idoles colossales et creuses il glissait le cœur sanglant avec une cuillère par la bouche dans le cœur. Toujours on frottait avec le sang les lèvres de l'idole. On coupait la tête de la victime et on la conservait dans un ossuaire ; on précipitait le tronc hors du temple du haut de l'escalier ; le guerrier qui avait fait le prisonnier le portait à sa maison, où il était apprêté pour le repas cruel de la famille et des amis. Ils ne mangeaient que les côtes, les bras et les jambes ; on brûlait le reste ou on le jetait aux bêtes féroces et aux oiseaux carnassiers des ménageries impériales. La victime était-elle esclave son maître emportait le cadavre pour un usage pareil. D'autres victimes humaines étaient noyées ou condamnées à mourir de faim dans les antres des montagnes. À la fête de Tétéoïnan (la mère des dieux) on coupait la tête à une femme sur les épaules d'une autre. À la fête qu'on appelait l'Avènement des dieux on brûlait des hommes. En l'honneur de Tlatot, dieu des eaux, on noyait dans le lac de tendres enfants, un petit garçon et une petite fille. A une autre fête on enfermait dans une caverne des garçons de trois, six ou sept ans, pour y mourir de faim. Clavigéro, historien, originaire du Mexique, estime à vingt mille les victimes humaines qu'on offrait chaque année dans l'empire mexicain, nombre de beaucoup inférieur à celui que laisse conclure l'historien Acosta, quand il dit qu'à certains jours assez fréquents on offrait cinq mille victimes humaines, et en un certain autre vingt  mille.

D'autres peuples de l'Amérique avaient d'autres usages pour les sacrifices humains…

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Message  Louis Mer 28 Aoû 2013, 11:00 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
D'autres peuples de l'Amérique avaient d'autres usages pour les sacrifices humains. Les Ottonites en vendaient la chair par lambeaux sur le marché. Les Zapotèques offraient aux dieux des hommes, aux déesses des femmes, et des enfants à une espèce de dieux nains. Les Tlascaltèques tuaient à coups de flèches des hommes pendus fort haut ou les assommaient à coups de massue, attachés à un poteau. Tous les quatre ans les Qualtiltèques célébraient en l'honneur du dieu du feu la fête suivante : la veille ils plantaient six grands arbres dans le parvis intérieur du temple et immolaient deux esclaves. Ils arrachaient la peau du cadavre et en prenaient les côtes. Le jour de la fête deux prêtres considérables se revêtaient de ces peaux sanglantes, prenaient les côtes à la main et montaient solennellement, mais avec des hurlements effroyables, l'escalier du temple. Le peuple assemblé au bas s'écriait tout haut : « Voici que nos dieux arrivent ! » Ensuite les prêtres dansaient presque tout le jour dans un parvis, le peuple apportait des cailles pour le sacrifice, et le nombre en montait quelquefois à huit mille. Après ce sacrifice les prêtres montaient sur ces arbres avec six prisonniers de guerre et les y liaient. A peine étaient-ils descendus que tout le peuple tirait avec des flèches sur les victimes. Les prêtres montaient de nouveau sur les arbres et en précipitaient les cadavres. On leur arrachait le cœur ; on partageait les corps et les cailles entre les prêtres et les nobles, et ce festin terminait la fête 1.

Tel était donc en particulier l'état du Mexique lorsque Fernand Cortez entreprit d'en faire la conquête avec sept cents Espagnols…

_________________________________________________________________

1 Clavigéro, Storia de Messico, l. 2, c. 45-52. Stolberg, Hist. de la Religion de Jésus-Christ, t. 2, appendice.

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Message  Louis Jeu 29 Aoû 2013, 5:46 am


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par la civilisation chrétienne.


(suite)
Tel était donc en particulier l'état du Mexique lorsque Fernand Cortez entreprit d'en faire la conquête avec sept cents Espagnols. Il a recours pour parvenir à la ruse et à l'adresse autant qu'à la force et au courage. Il jette d'abord les fondements d'une ville, qu'il nomme Véra-Cruz, ou vraie-Croix, parce qu'il y avait abordé le jour du vendredi saint, où les chrétiens adorent la croix. Il se fait élire capitaine général de la colonie naissante et brûle ensuite ses vaisseaux, pour faire entendre à ses soldats qu'il faut vaincre ou périr. Ensuite il pénètre dans l'intérieur du pays, attire dans son camp plusieurs caciques, ennemis de Montézuma, et voit ces Indiens même faciliter ses progrès. La république de Tlascala s'y opposa seule ; Cortez défit trois fois ces Tlascaltèques, qui avaient résisté à toutes les forces de l'empire mexicain ; il leur dicta la paix et s'en fit de puissants auxiliaires. À mesure qu'il avançait et s'attirait la confiance des Indiens il s'efforçait de les détourner du culte des idoles et des sacrifices humains pour les amener au Christianisme. A Zempoala, ayant su que les habitants avaient immolé plusieurs hommes et qu'ils en vendaient la chair, il marcha droit au temple où s'était fait cet abominable sacrifice, fit abattre les idoles et nettoyer le temple, où l'on plaça une image de la sainte Vierge et où on chanta la messe. Au départ un vieux soldat espagnol voulut demeurer seul au milieu de ce peuple mal soumis afin d'avoir soin de la sainte image. Il se nommait Jean de Torás ; Cordoue était sa patrie. L'action de ce soldat, où la valeur avait encore sa part, mérite de passer avec son nom à la postérité 1.

Lorsque les Espagnols sortirent de Tlascala pour se porter en avant Cortez laissa dans cette ville une croix de bois qu'il avait fait planter sur un lieu élevé et très-découvert ; cela s'était exécuté d'un commun consentement, le jour où il fit son entrée. Il ne put souffrir en sortant qu'on l'abattît, quelque censure qu'il eût essuyée sur les transports de son zèle. Il recommanda aux caciques de la garder avec respect; mais il était besoin sans doute d'une recommandation plus forte pour maintenir parmi ces infidèles la vénération qui lui était due. A peine les Espagnols étaient-ils hors de la ville qu'une nuée miraculeuse…

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1 Antoine de Solis, Hist. de la Conquête du Mexique, t.1, 1. 2, c. 12.

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Message  Louis Jeu 29 Aoû 2013, 12:04 pm


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.

(suite)

…A peine les Espagnols étaient-ils hors de la ville qu'une nuée miraculeuse, descendant du ciel, vint prendre, à la vue de tous les infidèles, la défense de la croix. Cette nuée était d'une blancheur éclatante et agréable ; elle s'abaissa insensiblement, jusqu'à ce qu'ayant pris la forme d'une colonne elle s'arrêta perpendiculairement sur la croix ; elle y demeura, plus ou moins visible, l'espace de quatre ans pendant lesquels la conversion de cette province fut retardée par divers obstacles. Il sortait de cette nuée une douce lumière qui imprimait le respect et qui n'était point affaiblie par  l'obscurité de la nuit. Ce prodige effraya d'abord les Indiens, sans qu'ils en pénétrassent le mystère, et, depuis qu'ils y eurent fait attention, ils perdirent leur crainte sans voir diminuer leur admiration. Ils disaient que ce signe vénérable renfermait en soi quelque divinité, et que ce n'était pas sans raison que les Espagnols, leurs bons amis, la révéraient ; sur quoi ils les imitaient, en se mettant à genoux, lorsqu'ils passaient devant la croix. Ils avaient recours à elle dans leurs nécessités, sans se souvenir de leurs idoles, dont les temples étaient beaucoup moins fréquentés. Cette dévotion imitative fit une si forte impression dans l'esprit des nobles et du peuple que les sacrificateurs et les magiciens, poussés d'un zèle furieux pour leurs superstitions, tâchèrent à plusieurs reprises d'arracher la croix et de la mettre en pièces ; mais ils en revinrent toujours dans une horrible consternation dont ils n'osèrent parler, de peur de se décrier dans l'esprit du peuple. Ce miracle est rapporté par des auteurs dignes de foi, et c'est ainsi que le Ciel disposait l'esprit de ces infidèles à recevoir la doctrine de l'Évangile avec moins de résistance, comme le prudent laboureur qui, avant que de jeter la semence en terre, en facilite la production par le moyen de la culture 1.

Comme les Espagnols avançaient toujours, Montézuma envoya contre eux plusieurs troupes de sorciers pour les arrêter par leurs charmes. Le Père d'Acosta et d'autres auteurs dignes de foi rapportent que, lorsqu'ils furent arrivés au chemin de Chalco, par où s'avançait l'armée espagnole, et que ces magiciens commencèrent à faire leurs invocations et à tracer leurs cercles, le démon leur apparut sous la figure d'une de leurs idoles qu'ils appellent Telcatlépuca, dieu malfaisant et redoutable, et qui, selon leur tradition, avait entre ses mains les pestes, les famines et les autres fléaux du Ciel. Ce démon paraissait être au désespoir et dans une fureur horrible. Il y avait sur ses ornements une corde qui lui serrait l'estomac à plusieurs tours, afin de marquer plus positivement son affliction et de leur faire comprendre qu'il était arrêté par une main invisible. Tous les sorciers se prosternèrent dans le dessein de l'adorer ; mais lui, empruntant la voix de l'idole dont il imitait la figure, leur parla de cette manière : « Le temps est venu, misérables Mexicains, où vos conjurations vont perdre toute leur force. Maintenant tous vos pactes sont rompus. Rapportez à Montézuma que le Ciel a résolu sa ruine à cause de ses cruautés et de ses tyrannies, et, afin que vous lui représentiez avec plus de vivacité la désolation de son empire, jetez les yeux sur cette malheureuse ville déjà abandonnée de vos dieux. » À ces mots le démon disparut, et la ville de Mexico parut à ses ministres tout en feu 1

Cortez, accompagné de ses Espagnols et de ses alliés, fit son entrée dans la ville de Mexico le 8 novembre 1519…

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1 Antoine de Solis, Hist. de la Conquête du Mexique, t.1, 1. 3, c. 5. — 2 ibid., t.1, 1. 3, c. 8.

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Message  Louis Ven 30 Aoû 2013, 5:51 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
Cortez, accompagné de ses Espagnols et de ses alliés, fit son entrée dans la ville de Mexico le 8 novembre 1519. Montézuma alla le recevoir avec toute sa cour et lui assigna pour demeure un palais assez vaste pour loger toute son armée.

Le soir même il vint visiter les Espagnols et dit entre autres choses à Cortez : « L'on n'ignore pas parmi nous autres et nous n'avons pas besoin de votre persuasion pour croire que le grand prince à qui vous obéissez descend de notre ancien Quezalcoal, seigneur des sept cavernes de Navatlaque et roi légitime de ces sept nations qui ont fondé l'empire du Mexique. Nous avons appris par une de ses prophéties, que nous révérons comme une vérité infaillible, conformément à la tradition des siècles conservée dans nos annales, qu'il était sorti de ce pays-ci pour aller conquérir de nouvelles terres du côté de l'orient, et qu'il avait laissé des promesses certaines que, dans la suite des temps, ses descendants viendraient modérer nos lois et réformer notre gouvernement sur les règles de la raison. Ainsi, comme les caractères que vous portez ont du rapport avec cette prophétie, et que le prince de l'Orient qui vous envoie fait éclater par vos exploits mêmes la grandeur d'un si illustre aïeul, nous avons déjà résolu de consacrer à son service tout ce que nous avons de pouvoir, et j'ai trouvé à propos de vous en avertir, afin que vos propositions ne soient point embarrassées par ce scrupule, et que vous attribuiez l'excès de ma douceur à cet illustre origine. »

Cortez dit à la fin de sa réponse : …

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Message  Louis Ven 30 Aoû 2013, 1:02 pm

Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
Cortez dit à la fin de sa réponse : « Après cela, seigneur, je dirai, avec toute la soumission qui est due à Votre Majesté, que je viens la visiter en qualité d'ambassadeur du plus grand et du plus puissant monarque que le soleil éclaire aux lieux où il prend sa naissance. J'ai ordre de vous exposer en son nom qu'il souhaite être votre ami et votre allié, sans s'appuyer sur ces anciens droits dont vous avez parlé, et sans autre but que d'établir le commerce entre les deux monarchies et d'obtenir par cette voie le plaisir de vous désabuser de vos erreurs.

Et quoique, selon la tradition de vos histoires mêmes, il pût prétendre à une reconnaissance plus positive dans les terres de votre domaine, il ne veut néanmoins user de son autorité que pour gagner votre créance sur des choses entièrement à votre avantage, et afin de vous faire entendre que vous, seigneur, et vous autres, nobles Mexicains qui m'écoutez, vivez dans un abus terrible par la religion que vous professez, en adorant des bois insensibles, ouvrages de vos mains et de votre caprice, puisqu'il n'y a véritablement qu'un seul Dieu, qui n'a ni commencement ni fin, et qui est le principe éternel de toutes choses. C'est lui dont la puissance infinie a créé de rien cet ouvrage admirable des deux, le soleil qui nous éclaire, la terre qui nous fournit des aliments, et le premier homme de qui nous descendons, avec une égale obligation de reconnaître et d'adorer notre première cause. C'est cette même obligation qui est imprimée dans vos âmes, que, bien que vous en reconnaissiez l'immortalité, vous prostituez et perdez en rendant un culte d'adoration aux démons, esprits immondes que Dieu a créés, et qui, en punition de leur ingratitude et de leur rébellion contre lui, ont été précipités dans ce feu souterrain dont vous avez quelque représentation imparfaite dans l'horreur de vos volcans. La malice et l'envie qui les rendent ennemis du genre humain les obligent continuellement à solliciter votre perte en se faisant adorer sous la figure de ces idoles abominables. C'est leur voix que vous entendez quelquefois dans les réponses de vos oracles, et ils produisent ces illusions que les erreurs de l'imagination introduisent dans votre entendement.

« Mais, seigneur, je reconnais que ce n'est pas ici le lieu de traiter des mystères d'une si haute doctrine. Ce même monarque, en qui vous admettez une si ancienne supériorité, vous exhorte seulement à nous écouter sur ce point sans aucune préoccupation, afin que vous puissiez goûter le repos que votre esprit trouvera dans la vérité, et que vous appreniez combien de fois vous avez résisté à la raison naturelle, qui vous donnait des lumières capables de vous faire connaître votre aveuglement. C'est la première chose que le roi mon maître souhaite de Votre Majesté ; c'est le principal article de ma proposition, et le plus puissant moyen d'établir, avec une parfaite amitié, l'alliance des deux couronnes sur les fondements inébranlables de la religion, qui, sans laisser aucune diversité dans les sentiments, unira les esprits par les liens d'une même volonté. »

Montézuma répondit à Cortez : …


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Message  Louis Sam 31 Aoû 2013, 6:23 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
Montézuma répondit à Cortez: «Je reçois avec beaucoup de reconnaissance l'alliance et l'amitié que vous me proposez de la part du grand prince descendant de Quezalcoal ; mais je crois que tous les dieux sont bons ; le vôtre peut être tel que vous le dites sans faire tort aux miens. Ne songez maintenant qu'à vous reposer, puisque vous êtes chez vous et que vous y serez avec tout le soin qui est dû à votre valeur et au grand prince qui vous envoie 1 »

Dans une audience du lendemain Montézuma s'applaudit encore de ce que la prophétie relative à la venue des étrangers s'était accomplie sous son règne, après les promesses faites depuis tant de siècles à ses prédécesseurs. Cortez tourna le discours sur la religion, et, parmi les éclaircissements qu'il donnait à l'empereur sur les lois et les coutumes de l'Espagne, il insista sur les lois religieuses et morales qui obligent tous les chrétiens, afin que les vices et les abominations de ses idoles parussent à Montézuma plus horribles par ce contraste. Il prit cette occasion de se récrier contre les sacrifices de sang humain et les repas de chair humaine, qu'on voyait paraître jusque sur la table de l'empereur. Cette audience ne fut pas entièrement inutile; Montézuma bannit de sa table la chair humaine ; mais il n'osa le défendre à ses sujets et soutint même les sacrifices humains.

Dans d'autres conversations Cortez et le Père Olmédo, Dominicain, essayèrent vainement de lui faire reconnaître la vérité. Il avait assez de lumières pour reconnaître quelques avantages à la religion catholique et pour ne prétendre pas soutenir indifféremment tous les abus de la sienne; mais la crainte le retenait toujours dans cette fausse idée que ses dieux étaient bons dans son pays comme celui des chrétiens dans le leur. Il y avait encore un autre obstacle; Montézuma, outre deux femmes portant le titre d'impératrices, avait trois mille concubines, que ses officiers lui amenaient de toutes les parties de son empire et qu'il mariait à d'autres quand il en était las.

Un jour il voulut montrer à Cortez et au Père Olmédo, suivis de plusieurs capitaines, le plus magnifique de ses temples. À la vue de ces idoles monstrueuses et des cérémonies ridicules ou abominables que Montézuma leur expliquait en détail les Espagnols ne purent s'empêcher de rire. Cortez lui dit, plein de zèle ; « Permettez-moi, seigneur, de planter la croix de Jésus-Christ devant ces images du diable, et vous verrez si elles sont dignes d'adoration ou de mépris. » À ces mots les sacrificateurs des idoles s'emportèrent de fureur. Après cette expérience et d'autres semblables Cortez résolut, de l'avis du Père Olmédo et du licencié Diaz, qui a écrit l'histoire de ces événements, de ne plus parler de religion pour le moment et d'attendre un temps plus favorable.

Cependant il obtint de Montézuma…

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1 Antoine de Solis, Hist. de la Conquête du Mexique, t.1, 1. 3, c. 11.

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Message  Louis Sam 31 Aoû 2013, 11:38 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
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(suite)
Cependant il obtint de Montézuma la liberté de rendre au vrai Dieu un culte public. L'empereur lui-même envoya ses architectes, afin qu'on bâtît une église à ses dépens, ainsi que le souhaitait Cortez. D'abord on nettoya un des principaux salons du palais qui servait de logement aux Espagnols. Après l'avoir reblanchi on y éleva un autel, où l'on mit un tableau de la très-sainte Vierge sur des gradins magnifiquement ornés. On dressa une grande croix devant la porte du salon, qui devint ainsi une chapelle fort propre, où on disait tous les jours la sainte messe, et où on faisait la prière du Rosaire et plusieurs autres exercices de piété. Montézuma y assistait quelquefois, accompagné de ses princes et de ses ministres, qui louaient extrêmement la douceur de notre sacrifice, sans reconnaître l'inhumanité et l'abomination des leurs 1.

Sur ces entrefaites Cortez reçut l'avis qu'un général de Montézuma, qui avait reçu des ordres secrets, venait d'attaquer la garnison de Véra-Cruz et de tuer quelques-uns de ses soldats. Cet événement détrompait les Mexicains, qui jusqu'alors avaient cru les Espagnols immortels, et renversait les principaux fondements de la politique de Cortez. Frappé de la grandeur du péril entouré d'ennemis, n'ayant qu'une poignée de soldats, il forme et exécute aussitôt le projet le plus hardi; il se rend avec ses officiers au palais de l'empereur, et, après un assez court préambule, lui déclare qu'il faut le suivre ou se résoudre à périr. Maître de la personne du monarque, il exige qu'on lui livre le général mexicain et les officiers qui ont attaqué les Espagnols, et il les fait brûler vifs aux portes du palais impérial. Pendant cette cruelle exécution Cortez entre chez Montézuma et lui fait mettre les fers aux mains, en expiation de l'ordre secret qu'il avait donné d'attaquer les Espagnols de Véra-Cruz ; l'exécution finie il fit ôter les fers à Montézuma. Ce prince se livra sur-le-champ à une joie indécente, et passa sans intervalle de l'excès du désespoir aux transports de la reconnaissance et de la tendresse envers ses libérateurs.

Durant six mois que Cortez passa à Mexico le monarque continua de rester dans le quartier des Espagnols, avec l'apparence de la tranquillité et de la satisfaction, comme si ce séjour eût été de son choix. Ses ministres et ses domestiques le servaient à leur manière accoutumée ; il prenait connaissance de toutes les affaires; tous les ordres se donnaient en son nom. L'aspect du gouvernement paraissait le même et, comme toutes les formes anciennes subsistaient, la nation, qui ne s'apercevait d'aucun changement, continuait d'obéir au monarque avec la même soumission et le même respect. Les Espagnols avaient inspiré à Montézuma et à ses sujets tant de crainte ou de respect qu'il ne se fit pas une seule tentative pour délivrer le souverain de sa prison ; Cortez même, se confiant dans l'ascendant qu'il avait pris, permettait à Montézuma non-seulement d'aller aux temples, mais même de chasser au delà des lacs qui entouraient Mexico, accompagné d'une garde de quelques Espagnols, qui suffisait pour imposer à la multitude et s'assurer du roi prisonnier 1.

Ainsi, Cortez s'étant rendu maître de la personne de Montézuma…

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1 Antoine de Solis, Hist. de la Conquête du Mexique, t.1, 1. 3, c. 12.
1 Robertstom Hist. d'Amérique, l. 5.

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Message  Louis Dim 01 Sep 2013, 6:42 am


Fernand Cortez fait la conquête du Mexique
et y remplace les sacrifices humains
par la civilisation chrétienne.


(suite)
Ainsi, Cortez s'étant rendu maître de la personne de Montézuma, son heureuse témérité valut tout d'un coup aux Espagnols une autorité plus étendue dans l'empire du Mexique qu'il ne leur eût été possible de l'acquérir avec beaucoup de temps à force ouverte, et ils exercèrent, sous le nom de l'empereur, un pouvoir bien plus absolu que celui dont ils auraient pu faire usage en leur nom propre.

Cortez sut en profiter pour faire bien explorer toutes les provinces de l'empire, pour nommer, au nom de Montézuma, les officiers qu'il jugeait convenable, et pour construire deux vaisseaux semblables à ceux des Européens sur les lacs qui entouraient la capitale, afin de s'y retirer en cas de besoin. Devenant toujours plus hardi, il pressa Montézuma de se reconnaître vassal du roi d'Espagne, tenant sa couronne de lui, et de lui payer un tribut annuel. Montézuma se soumit encore à ce sacrifice. Les grands de l'empire furent appelés. Montézuma, dans une harangue, leur rappela les traditions et les prophéties qui annonçaient depuis longtemps l'arrivée d'un peuple de la même race qu'eux et qui devait prendre possession du pouvoir suprême; il leur déclara qu'il croyait que les Espagnols étaient ce peuple, qu'il reconnaissait le droit de leur souverain sur le Mexique, qu'il voulait mettre sa couronne à ses pieds et être désormais son tributaire.

A ces mots l'assemblée fut frappée d'un muet étonnement, et bientôt après il s'éleva un murmure confus qui exprimait à la fois la douleur et l'indignation. Les Mexicains parurent vouloir se porter à quelque mouvement de violence ; Cortez le prévint à propos en déclarant que les intentions de son maître n'étaient point de priver Montézuma de sa couronne, ni d'apporter aucune innovation dans la constitution et les lois de l'empire. Cette assurance, soutenue de la crainte qu'inspiraient les Espagnols et de l'exemple de soumission que donnait l'empereur lui-même, arracha à l'assemblée un consentement forcé. Cet acte de foi et hommage envers la couronne d'Espagne fut accompagné de toutes les solennités qu'il plut aux Espagnols de prescrire. Montézuma, sur la demande de Cortez, y joignit un présent magnifique pour son nouveau suzerain, et ses sujets, à son exemple, fournirent aussi très-libéralement à une contribution. Cortez trouva plus de résistance quand il voulut abattre les idoles et substituer dans les temples, aux crânes des infortunés qu'on y sacrifiait, les images de la Vierge et des saints.

D'autres périls vinrent le mettre à l'épreuve…

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