Le Saint Concile de Trente
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
(suite)
Le duc, ex-moine, Albert de Brandebourg fut réduit à envoyer jusqu'à deux ambassades au prédicant démagogue Merlin, devenu superintendant de Brunswick, pour le supplier de vouloir bien, avec son collègue Chemnitz, revenir à Kœnigsberg et reprendre l'évêché de Samland. Ils daignèrent revenir en automne 1567, et rédigèrent pour l'Église prussienne une nouvelle constitution qui fut adoptée dans un synode. Le duc, ex-moine, Albert de Brandebourg mourut le 20 mars 1568. Les dernières-paroles de son agonie furent : « Ne me retenez pas captif ! Rendez-moi à la liberté! » Était-ce un accomplissement funeste de cette exécration prononcée contre lui-même : « Que le diable emporte mon âme si jamais j'ai eu la pensée de faire du mal à aucun de mes sujets ? »
Son fils, Albert-Frédéric, âgé de quinze ans, ne fut jamais duc que de nom ; même lorsqu'il fut plus avancé en âge, les conseillers de régence le réduisaient à leur volonté par des menaces et des coups. Ce traitement exaspéra au dernier point le jeune prince. Bien des fois il disait en pleurant : « Ils ont chagriné et tourmenté mon père jusque dans la tombe, ils me font de même. Que Dieu les punisse jusqu'à la troisième et quatrième génération ! » Il conçut le soupçon qu'on voulait l'empoisonner, et, de fait, les remèdes qu'on employa pour vaincre sa répugnance au mariage affaiblirent son esprit sans atteindre le but qu'on se proposait. Comme il refusait de s'y prêter, le jour fixé pour ses noces avec la princesse Marie-Eléonore de Clèves, un des conseillers du gouvernement lui dit : « Si votre princière grâce ne veut pas obéir, on ne dira plus : Gracieux seigneur ! mais bien : Ah ! damoiseau ! Qu'on le tire sous la table et qu'on le rosse comme il faut ! » Le mariage s'accomplit, mais le prince tomba complètement en démence. Les enfants qui naquirent de cette union expirèrent tous en bas âge 1.
Tel fut le sort du moine apostat Albert de Brandebourg et de sa race. Ce duché de Prusse, qu'il avait volé par l'apostasie, appartenait de droit à l'ordre des religieux militaires de Sainte-Marie, ou chevaliers Teutoniques, sous la suzeraineté du Pontife romain. En vertu de la politique moderne, ce prix de l'apostasie et du parjure, ce nouvel Haceldama fut adjugé à la maison de Brandebourg, qui en a même étendu le nom à tous ses domaines.
Merlin mourut en…
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1 1 Menzel, t. 4, c 12.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
(suite)
Merlin mourut en 1571 et eut pour successeur Hesshus, qui procura l'évêché de Poméranie à son ami Wigand, lequel en 1577, fit déposer Hesshus de celui de Samland comme hérétique, en sorte qu'il fut obligé d'aller mourir à l'université de Helmstädt, où il avait fini par devenir un très souple courtisan.
Matthias Flacius Illyricus eut un sort encore plus triste. Après avoir été chassé d'Iéna il vécut plusieurs années à Ratisbonne, avec sa nombreuse famille, sans aucun revenu certain. En 1566, pendant les troubles des Pays-Bas, il fut appelé comme prédicant luthérien dans la ville d'Anvers; mais, cette ville s'étant soumise aux Espagnols dès l'année suivante, il se trouva de nouveau sur le pavé. Son idée fixe était que le péché originel était devenu la nature même de l'homme. L'ayant reproduite dans un ouvrage intitulé Clef de l'Écriture, il fut stigmatisé comme manichéen par Hesshus et Wigand, et décrié de telle sorte que parmi les Luthériens rigides il ne trouva plus une demeure permanente. Il erra bien des années comme aventurier théologique et chevalier du péché originel à travers l'Allemagne, disputa en divers lieux, appela à un concile général, à quoi personne ne voulut entendre, souffrit avec sa nombreuse famille la faim et le chagrin, la maladie et le besoin, et succomba, finalement à sa misère, le 11 mars 1575, à Francfort-sur-le-Mein. A peine ses anciens collègues lui accordèrent-ils une sépulture convenable 1.
Le duc de Saxe-Weimar, Jean-Frédéric, eut son tour….
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1 Menzel, t. 4, c 12.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestanteLe duc de Saxe-Weimar, Jean-Frédéric, eut son tour. Un baron luthérien de Franconie, Wilhem Grumbach, ayant un procès avec l'évêque de Wurzbourg, Melchior Zobel, envoya dès gens qui le tuèrent, le 15 avril 1558. Grumbach s'enfuit en France et y recruta des troupes. On lui fit espérer que le nouvel évêque lui donnerait satisfaction quant au procès. Le conseil épiscopal répondit: « Si on s'était garé des gros oiseaux, on n'aurait pas maintenant à craindre les petits. L'instigateur du meurtre commis sur un évêque n'est point à récompenser, mais à punir. » Grumbach s'associa des nobles de son caractère pour se venger du nouvel évêque de Wurzbourg et montrer, à la noblesse allemande, que l'épée l'emportait sur la crosse des évêques et la plume des juristes impériaux. L'important pour lui était de gagner le duc Jean-Frédéric de Saxe et; son chancelier Bruck, dont le père avait été le principal ressort politique du luthéranisme. Grumbach leur promit des secours de France et d'Angleterre pour exécuter prochainement leur dessein contre la Saxe électorale, et affermit son influence sur l'esprit faible du duc par le moyen d'un jeune visionnaire.
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
(suite)
C'était Jean Mille-Fois-Beau, que le duc avait pris à sa cour parce qu'il prétendait que des anges, grands comme des enfants de trois ans, avec des habits couleur de cendre, des chapeaux noirs et des bâtons, le visitaient et lui faisaient voir des choses merveilleuses. Un jour, sur leur commandement, il les suivit à la cave, d'où ils venaient à lui, et là il vit son père et ses grands-pères; plus tard le jeune homme persista dans les tortures à soutenir ses visions d'anges. Le sceptre de l'empire fut, dit-on, montré au duc dans un cristal; lui-même rappelle dans un Mémoire justificatif publié plus tard, qu'il vit un aigle sans tête, mais qu'il ne savait pas si cela signifiait l'empereur. Les anges avaient aussi parlé d'un grand trésor qu'il lui était réservé de découvrir.
En attendant, se fiant un peu plus sur son épée que sur les promesses de ses anges, Grumbach rassembla des troupes, et, le 4 octobre 1563, surprit la ville de Wurzbourg et força l'évêque et le chapitre à souscrire toutes les conditions voulues; mais l'empereur défendit à l'évêque de les accomplir, déclara au ban de l'empire l'auteur et les complices de cet attentat contre la paix publique, et manda itérativement au duc de ne pas tenir plus longtemps chez lui les coupables. Le duc n'en tint compte, quitta Weimar, et se relira dans la forteresse de Gotha, résolu d'y braver la justice de l'empire.
Un jour cependant il chancela et exprima des doutes…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
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Un jour cependant il chancela et exprima des doutes, parce qu'une promesse des anges, que tel jour s'ouvrirait à, son profit une mine, ne s'était pas réalisée, Grumbach lui écrivit aussitôt que ces indications tiraient quelquefois en longueur sans qu'on pût savoir pourquoi Dieu le permettait. « L'affaire des anges, disait-il, est au-dessus de mon esprit, à moi qui suis un laïque; mais le jeune garçon a dit récemment qu'on ne devait pas entretenir de doutes ni s'affliger, attendu que Dieu accorderait abondamment ce qu'il a promis. Au fond, moi-même je trouve tout véritable, et j'ai été confirmé encore davantage lorsque je me suis fait lire le vingt-deuxième chapitre que le docteur Martin Luther a écrit dans son Explication des bons et des mauvais anges. » En outre, ces angelots révélèrent encore la manière dont il fallait préparer le breuvage de vin blanc et de vin rouge, avec du gingembre pilé et un peu de pain d'épices ou de laurier, que le duc devait boire en compagnie des chevaliers avant d'aller dormir.
En conséquence, le duc de Saxe-Weimar répondit d'une manière évasive à tous les mandements de l'empereur, qui était Maximilien II; même lorsque, le 13 mai 1566, la diète d'Augsbourg eut mis juridiquement Grumbach au ban de l'empire, le duc répondit absolument qu'il n'abandonnerait pas un innocent persécuté. Enfin, après d'autres instances inutiles, le duc lui-même fut mis au ban de l'empire, le 12 décembre de la même année. Son parent, l'électeur de Saxe, Auguste, fut chargé de l'exécution ; son propre frère, le duc Jean-Guillaume, eut ordre d'y prendre part. Le duc proscrit, Jean-Frédéric, ne s'en émut pas ; au contraire il prit dès lors sur ses monnaies, et peu après en public, le titre d'électeur-né. Nous avons vu son père dépouillé de la dignité électorale par Charles-Quint, qui la transféra au duc Maurice de Saxe. De là une haine profonde entre les deux branches de Dresde et de Weimar.
Cependant les moyens ne répondaient point à la confiance de Jean-Frédéric…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestanteCependant les moyens ne répondaient point à la confiance de Jean-Frédéric; dès la fin de décembre il se vit bloqué par les troupes de l'électeur et de son propre frère, qui les commandait en personne. Les secours promis n'arrivaient point ; les assiégeants surent faire connaître aux assiégés le véritable état des choses. Le quatrième mois du siège, comme on ne payait pas les troupes de la forteresse, elles se mutinèrent. Le commandant, voulant les calmer par des menaces, empira le mal. La multitude le fit prisonnier, envahit le château, et, malgré les supplications du prince, se saisit du chancelier Bruck et des autres partisans de Grumbach. Grumbach lui-même fut tiré de la couchette où il était malade, placé sur une civière et porté à l'hôtel de ville aux cris de : «Nous avons la mariée ! » Le 13avril 1567 la ville se rendit à l'électeur, La bourgeoisie demanda pardon et fit serment de fidélité au duc Jean-Guillaume comme à son nouveau maître. Le duc Jean-Frédéric fut réservé à la discrétion de l'empereur. C'était vingt ans auparavant, jour pour jour, que son père avait perdu la bataille de Muhlberg. Le fils, ayant ainsi perdu le même jour la souveraineté et la liberté, fut conduit en Autriche, où il demeura en prison le reste de sa vie.
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sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
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Les autres prisonniers furent jugés à Gotha. L'électeur Auguste et le duc Jean-Guillaume assistèrent à la question derrière un rideau de soie. Lorsque Grumbach fut étendu sur l'échelle il cria malheur sur le chancelier, qui avait persuadé au duc de le rappeler à Gotha lorsqu'il était déjà sur la route de France. II avait assuré vouloir le défendre devant tout l'empire romain. Le chancelier Bruck se jeta aux pieds du comte de Schwarzbourg et le supplia de s'intéresser pour lui auprès des princes afin de lui obtenir la vie, ou du moins qu'il pérît par le glaive, sans être mis à la torture. Le comte répondit : « Misérable ! tu as voulu me priver du mien ! Qu'on te fasse grâce comme tu le mérites ! » Ensuite le malheureux s'adressa au docteur Cracow, dont il avait été le professeur en droit à Wittemberg, le lui rappela, ainsi que le souvenir de son père, qui avait tant fait pour la maison de Saxe et pour l'Église évangélique, et le supplia par tous ces motifs d'intercéder pour lui auprès de l'électeur. Le docteur luthérien ne répondit que par des injures : « Si j'ai appris de toi quelque chose, je te l'ai bien payé ; si ton père a été un honnête homme, tu devrais suivre son exemple. » Le chancelier fut donc, malgré ses pleurs, appliqué à la torture.
Voici le résultat principal des aveux. Le plan était de lever huit mille chevaux et trois régiments d'infanterie, de surprendre d'abord la ville d'Erfurt, puis, avec la moitié des troupes, envahir les évêchés sur le Mein et sur le Rhin; avec l'autre moitié et les troupes auxiliaires, chasser l'électeur, proclamer le duc Jean-Frédéric non-seulement électeur de Saxe, mais empereur. Deux jours après les interrogatoires on prononça le jugement; Grumbach et Bruck furent condamnés à être coupés en quatre morceaux, tout vivants ; Jean Beyer et le visionnaire des anges, à être pendus.
Le 18 avril, un échafaud…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Pourquoi les protestants d’Allemagne ne rougissent pas de cette partie de leur histoire.Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.
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Le 18 avril, un échafaud ayant été dressé sur le marché de Gotha, on apporta sur une mauvaise chaise le sexagénaire Grumbach, qui ne pouvait marcher à cause de sa maladie. Huit trompettes font retentir à ses oreilles le son de mort; on le dépouille de ses vêtements, on le jette sur l'échafaud, on l'y cloue vivant ; le bourreau lui arrache le cœur, l'en frappe au visage avec ces mots : « Vois, Grumbach, ton cœur perfide ! » puis il le coupe en quatre morceaux, tout vivant. Le mourant lui dît : « Tu écorches un vautour bien maigre. » Le chancelier Bruck endura le même supplice. Sur l'échafaud il témoigna son repentir de ce qu'il avait fait. Jeté sur la fatale planche, il supplia qu'on lui coupât la tête avant de l'écarteler; le bourreau lui répliqua : « II te sera fait comme Sa Grâce électorale a ordonné. « Quand on lui eut ouvert le corps et arraché le cœur on l'entendit crier tout haut : « Dieu de miséricorde, ayez pitié de moi ! » Les lambeaux des suppliciés furent suspendus le long des routes. Nous ne nous souvenons pas d'avoir rencontré dans l'histoire une exécution aussi atroce. Ce n'est pas tout; un homme de la campagne acheta l'échafaud sanglant et en employa les planches à construire la chambre où il se tenait avec sa famille. L'électeur de Saxe se glorifia de cette exécution dans une médaille portant cette légende : « Enfin la bonne cause triomphe. » Les hommes de lettres et les théologiens le préconisèrent toute sa vie comme le héros de l'Allemagne ; au contraire l'empereur Maximilien écrivit, sur le rapport qu'on lui adressa : « Le remède a passé la mesure 1. »
Plus d'un lecteur s'étonnera peut-être de ce que les protestants d'Allemagne…
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1 Menzel, t. 4, c. 13.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Conversion de plusieurs protestants instruits : Georges Wicélius. Vitus Amerbach, Frédéric Staphilus, Théobald Thamer.Pourquoi les protestants d’Allemagne
ne rougissent pas de cette partie de leur histoire.
Plus d'un lecteur s'étonnera peut-être de ce que les protestants d'Allemagne ne rougissent pas de cette barbarie ramenée parmi leurs ancêtres par la révolution luthérienne; le protestant Menzel nous en révèle la cause. Pour rougir de ce qui est honteux il faut en avoir une idée; or les savants d'Allemagne connaîtront fort bien l'histoire d'Athènes, de Rome, de Byzance, de la cour de Louis XIV, mais ils ignorent complètement l'histoire de leur pays, l'histoire de cette période révolutionnaire qui a brisé leur unité nationale 2.
Le même auteur nous signale encore d'autres faits dont on ne se doute guère.
C'est la mode de dire que la réformation de Luther fut le réveil de la philosophie, des sciences, des lettres et des arts, en un mot de la civilisation ; erreur que tout cela. Le protestant Menzel atteste et fait voir à qui a des yeux que la réformation de Luther a été l'époque et la cause de la décadence, de la chute même de la philosophie, des sciences, des lettres et des arts, en un mot de la civilisation entière, notamment des langues latine et allemande ; que cette décadence a duré deux cents ans; que pendant ces deux cents ans les savants d'Allemagne n'ont parlé qu'un latin et un allemand barbares ; que la poésie y était nulle et impossible 3.
C'est encore la mode de dire que la réformation de Luther a donné naissance aux libertés publiques, aux droits politiques des individus, des communes, des provinces, des nations ; erreur que tout cela. Le protestant Menzel fait observer que c'est précisément le contraire qu'il faut dire ; que, par suite de la réformation de Luther, les libertés publiques, les diètes provinciales et nationales ont disparu peu à peu ; que les princes, rendus maîtres de tout le spirituel, se sont, à plus forte raison et bien vite, rendus maîtres de tout le temporel; qu'enfin tout en Allemagne a tourné au despotisme d'une part et au servilisme de l'autre 4.
Ces excès et ces funestes suites de la prétendue réformation ouvrirent dès lors les yeux à quelques-uns de ses partisans et les ramenèrent à l'unité de l'ancienne Église.
Un des premiers fut…
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2 T. 4, préface. —3 Id., t. 4, c. 1.— 4 T. 4, préface, et p. 426 et 427; t. 3. p. 576; t.(5), p, 1-7, 225.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Conversion de plusieurs protestants instruits :
Georges Wicélius. Vitus Amerbach, Frédéric Staphilus, Théobald Thamer.
Ces excès et ces funestes suites de la prétendue réformation ouvrirent dès lors les yeux à quelques-uns de ses partisans et les ramenèrent à l'unité de l'ancienne Église.
Un des premiers fut Georges Wicélius, né dans une petite ville de la Hesse.
En 1520 il eut pendant six mois Luther et Mélanchthon pour professeurs à Wittemberg, se fit ordonner prêtre par l'évêque de Mersebourg et fut nommé vicaire dans son endroit natal ; mais bientôt, par divers motifs, entre autres par suite de ses lectures dans Érasme, il embrassa les nouvelles doctrines. Il prêcha dès lors avec ardeur contre l'Église romaine et se maria; car dès lors c'était ainsi surtout qu'un ecclésiastique se montrait bon luthérien.
Il perdit naturellement sa place, mais reçut, en 1525, celle de prédicant en Thuringe, puis, sur la recommandation de Luther, devint pasteur à Niémeck, dans le voisinage de Wittemberg, Il y travailla plusieurs années avec zèle, appliqué aux études théologiques. S'apercevant que la réformation de Luther n'était guère conforme à la primitive Église, il publia des écrits à ce sujet, l'un desquels est adressé à Mélanchthon. Ce qui le choquait surtout dans la doctrine luthérienne, c'est que les bonnes œuvres n'eussent aucune part à la justification devant Dieu ; tel fut le principal motif de son retour.
Il quitta donc, en 1531, et son emploi et la nouvelle Église, et écrivit contre elle et contre Luther, dès l'année suivante, avec d'autant plus de véhémence qu'il les avait connus de plus près.
En 1533 un comte catholique de Mansfeld l'appela comme prédicateur à Islèbe; sa position y fut pénible au milieu d'une population presque toute luthérienne.
En 1538 le duc Georges de Saxe, zélé catholique, le fit venir à sa cour et se servit beaucoup de lui pour travailler à la réunion des protestants avec les catholiques.
Ce prince étant mort en 1539 et l'hérésie ayant prévalu dans son duché, Wicélius se rendit en Bohême; il fut protégé successivement par l'évêque de Misnie, l'abbé de Fulde, l'électeur de Mayence, et mourut dans cette dernière ville en 1573. Comme il avait été marié trois fois il n'y eut pas moyen de lui confier des fonctions ecclésiastiques; de là peut-être, dans ses écrits, une certaine rancune contre le célibat religieux. Il rédigea dans sa vie plusieurs projets pour la réunion de tous les partis 1.
Un autre savant luthérien se convertit une dizaine d'années après Wicélius. Vitus Amerbach, né en Bavière, était devenu professeur de philosophie à Wittemberg, où il avait fait ses études sous Luther et Mélanchthon. En 1542 il conçut des doutes sur l'opinion de Luther, érigée en dogme, que la foi seule justifie, doutes qui s'étendirent bientôt à d'autres points fondés sur ce premier. « Il est impossible, se disait-il, que l'Église ait pu errer dans des articles aussi importants que la justification, la messe, les vœux, la primauté du Pape, et, comme là-dessus elle a toujours enseigné autrement que Luther, nécessairement les assertions de celui-ci sont fausses. »
Or les protestants n'étaient pas moins attentifs que les catholiques aux écarts dans la doctrine; seulement l'hérésie consistait pour ceux-là dans l'antiquité, pour ceux-ci dans la nouveauté. Le chancelier Bruck ayant donc su les propos suspects d'Amerbach, Mélanchthon eut ordre de l'entreprendre; mais il ne put lui faire changer de sentiments. Il quitta donc Wittemberg, retourna en Bavière, rentra au sein de l'Église catholique, devint professeur de philosophie à Ingolstadt, et y mourut vers l'an 1557, auteur de plusieurs opuscules de philosophie et de littérature 2.
Une troisième conversion fut celle de Frédéric Staphilus…
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1 Schrœckh, t. 1 et 4. Menzel, t. 2. — 2 Menzel t 4, c. 2. Biogr. univ., t. 2.
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Commencements, vertus, travaux littéraires et apostoliques du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.Conversion de plusieurs protestants instruits :Une troisième conversion fut celle de Frédéric Staphilus, professeur de théologie à Kœnigsberg. Il s'était trouvé longtemps à Wittemberg dans la confiance de Luther et de Mélanchthon ; il avait pris part, à Kœnigsberg, dans l'affaire d'Osiander. L'an 1553 il renonça à la théologie protestante et se déclara pour l'Église catholique. Le roi Ferdinand et le duc Albert de Bavière lui firent les offres les plus avantageuses pour l'attirer à leur service ; ayant accepté celles du dernier, il fut nommé inspecteur dans l'université d'Ingolstadt, et le Pape lui permit d'enseigner la théologie et le droit canon, quoiqu’il fût marié. Il y écrivit plusieurs ouvrages pour réfuter les erreurs qu'il avait quittées 1.
Georges Wicélius, Vitus Amerbach, Frédéric Staphilus, Théobald Thamer.
(suite)
Vers le même temps se convertit Théobald Thamer, de Rosheim, en Alsace, Il avait étudié à Wittemberg, et en 1543 le landgrave Philippe de Hesse le nomma professeur de théologie et pasteur à Marbourg. Il accompagna le landgrave dans la guerre de Smalkalde en qualité de prédicant militaire. Comme il s'efforçait de porter remède à la vie dissolue et aux excès sauvages de la soldatesque protestante, les uns le maudirent, les autres se moquèrent de lui; d'autres enfin lui répliquèrent :
« Mais vous nous enseignez que l'homme ne peut rien faire de bon pour subsister devant Dieu et devenir juste. C'est pourquoi nous devons être sauvés et devenir enfants de Dieu UNIQUEMENT par le mérite de Christ qui nous est appliqué par la foi. Pourquoi donc vouloir nous tourmenter avec vos bonnes œuvres? Si nous pouvions faire quelque chose de bon et par nos œuvres devenir justes, à quel propos Christ serait-il mort pour nous? »
Ces objections firent une grande impression sur Thamer ; à force d'y penser et de considérer l'état moral du peuple, il tomba d'abord dans une grande tristesse. Il résolut enfin de combattre dans ses sermons la doctrine de Luther sur la justification par la foi seule ; ce qui lui attira avec les autres prédicants et théologiens des disputes à la suite desquelles le gouvernement de Hesse lui donna son congé en 1549. Thamer allait trouver le landgrave, prisonnier dans les Pays-Bas, lorsqu'à Anvers il rencontra Billik, provincial des Carmes, qui le recommanda à l'archevêque-électeur de Mayence. Sur quoi Thamer rentra dans l'Église catholique, devint prédicateur à Francfort, plus tard à Minden, obtint un canonicat à Mayence, et mourut en 1569 professeur à Fribourg. Il publia plusieurs écrits, tant pour justifier sa conversion que pour réfuter les erreurs protestantes 2.
Ce qui ramenait à l'Église, ce n'étaient pas seulement les excès de ses ennemis…
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1 Biogr. univ., t. 2.
2 Menzel, t. 4, p. 292, note.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Commencements, vertus, travaux littéraires et apostoliques du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
Ce qui ramenait à l'Église, ce n'étaient pas seulement les excès de ses ennemis, mais encore et surtout les lumières, les vertus, le zèle de ses fidèles enfants. Parmi eux tous se distinguait la Compagnie de Jésus, fondée et recrutée par saint Ignace de Loyola, et dans cette compagnie se distinguait l'apôtre de l'Allemagne, Pierre Canisius, que l'Église catholique, nous n'en doutons pas, comptera un jour au nombre des saints 1.
Il naquit à Nimègue, capitale du duché de Gueldres, le 8 mai 1521. Son père, Jacques Canisius, distingué par ses vertus et ses connaissances, fut appelé en Lorraine par la duchesse Philippine de Gueldres, épouse de René II, pour y être gouverneur des princes ses enfants. Il remplit avec succès plusieurs ambassades. Sa mère, Gilette Houvingane, d'une tendre piété, exacte à tous ses devoirs, s'en faisait un particulier de l'éducation de cet enfant, qui était aussi toute sa joie; mais il la perdit de bonne heure. Son père s'étant remarié, la sœur de sa nouvelle femme prit le jeune Pierre tellement en affection que sa propre mère n'eût pu lui en témoigner davantage. Cette demoiselle, retirée chez son beau-frère, y vivait dans la retraite avec toute la régularité qu'elle eût pu observer dans le silence du cloître le plus austère ; là, uniquement occupée du désir de plaire à Dieu, elle crut ne pouvoir rien faire qui lui fût plus agréable que de cultiver les bonnes dispositions qu'elle admirait dans cet enfant et de travailler à les faire servir aux desseins que le Ciel avait sur lui.
Soit inclination, soit inspiration qui la fît agir, elle ne se trompa point ; Canisius croissait en perfection à mesure qu'il avançait en âge; il était doux, honnête, respectueux, et porté merveilleusement à remplir ses devoirs. Pour l'esprit il l'avait excellent, une mémoire heureuse, une pénétration vive, une ardeur extraordinaire, jointe à une facilité surprenante. Tout cela faisait l'étonnement de ses maîtres; mais, ce qui charmait ses parents, c'était une inclination comme naturelle qu'ils lui voyaient à la piété; tous ses plaisirs étaient d'orner de petits oratoires, de représenter les cérémonies de l'Église, d'imiter les prêtres à l'autel et dans la chaire.
Ces petites choses, qu'on ne regarde souvent que comme de légers amusements de l'âge, sont quelquefois des présages de celles qui doivent être un jour les plus importantes dans la vie d'un serviteur de Dieu, ainsi que Canisius le remarque lui-même en rapportant ce qui faisait le divertissement de son enfance.
Ce qui suit est moins équivoque et paraîtra plus merveilleux…
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1 Cette prédiction s'est réalisée en 1865.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Ce qui suit est moins équivoque et paraîtra plus merveilleux. Il avait dès ses plus tendres années un attrait singulier pour la prière ; afin d'y vaquer avec plus de recueillement il cherchait les lieux les plus retirés ; il retranchait de son sommeil pour y donner encore une partie de la nuit; il mortifiait même son corps innocent par le cilice. On n'a jamais pu savoir qui lui avait inspiré de si bonne heure cette sainte haine de soi-même qu'il a conservée jusqu'à la mort. Enfin, comme si Notre-Seigneur eût voulu faire connaître par avance le zèle qu'il aurait dans la suite pour réprimer l'impiété des libertins durant les derniers jours du carnaval, selon l'esprit de la compagnie à laquelle il le destinait, il ajoutait dans ces mêmes jours à de plus longues prières une austérité encore plus grande, ne touchant point aux viandes les plus exquises qu'on lui servait et se passant même de vin.
Commencements, vertus, travaux littéraires et apostoliques du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
(suite)
On voit par là que Notre-Seigneur avait déjà pris possession de son cœur, qu'il se plaisait à y répandre ses dons avec abondance, et que cet enfant, par sa fidélité à suivre les mouvements du Saint-Esprit, se rendait digne d'en recevoir tous les jours de nouvelles grâces. C'est ce qu'il reconnaît lui-même dans le livre de ses Confessions, écrit à l'imitation de saint Augustin.
Voici comment il y parle : « Tout enfant que j'étais, ô mon Dieu! mais mûr au-dessus de mon âge, par un effet de votre miséricorde, j'avais assez de lumières pour connaître que je devais m'adresser à vous pour ce qui concernait mon salut. Ainsi je ne puis oublier la grâce que vous me fîtes dès lors, quand, prosterné au pied de vos autels, dans l'église de Saint-Étienne de Nimègue, j'y adorais votre divine majesté dans le Sacrement de votre amour; car, autant que je puis m'en souvenir, l'esprit agité et inquiet, j'invoquais votre saint nom avec beaucoup de larmes, et je vous exposais tous mes désirs et toutes mes peines, à la vue des terribles dangers qui paraissent inévitables au temps de la jeunesse. Dans cet état je vous priais, ô mon Dieu, d'avoir égard à ma faiblesse, et il me semble que je vous adressais ces paroles de votre prophète, ou du moins quelques autres qui avaient le même sens ; Découvrez-moi vos voies, Seigneur; enseignez-moi par quelle route vous voulez que j'aille à vous, parce que vous êtes mon Dieu et mon Sauveur . »
« Je suis convaincu, dit-il un peu plus bas, que c'était vous uniquement qui produisiez en moi cet esprit de crainte. C'est ce même esprit qui, par un effet particulier de votre grâce, retenait mon cœur sur le penchant du plaisir, dans un âge si dangereux et où il est si difficile de ne pas s'y laisser aller; car vous perciez dès lors ma chair de votre crainte, afin que je commençasse à redouter vos jugements. »
En même temps que Dieu faisait sentir intérieurement à Canisius…
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Re: Le Saint Concile de Trente
En même temps que Dieu faisait sentir intérieurement à Canisius qu'il voulait qu'il fût entièrement à lui, il lui fît encore connaître quelque chose de plus particulier touchant l'état auquel il le destinait, par le moyen de quelques saintes âmes qu'il favorisait de plusieurs grâces extraordinaires.
Commencements, vertus, travaux littéraires et apostoliques du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
(suite)
Il y avait à Arnheim, qui n'est qu'à deux lieues de Nimègue, une parente de Canisius; elle y vivait dans une haute réputation de sainteté, et il plaisait au Seigneur de lui révéler plusieurs choses. Comme il lui eut un jour fait connaître les troubles que l'hérésie allait exciter en Allemagne, en France et dans les Pays-Bas, et les services qu'il prétendait tirer d'un nouvel ordre de prêtres qui était près de paraître dans l'Église, elle s'en expliqua d'un air inspiré en présence de ses parents, qui l'étaient venus visiter. Le petit Canisius était de la compagnie. Cette bonne veuve, se tournant tout à coup vers lui et le touchant doucement de la main : « Voyez-vous cet enfant ? dit-elle; il sera de cette société des prêtres de Jésus et travaillera beaucoup pour réparer les désordres que l'hérésie s'efforcera de causer dans l'Église de Jésus-Christ. Courage, mon fils, ajouta-t-elle en s'adressant à lui, soutenez-vous par cette espérance ; car vous ne serez pas longtemps sans jouir de l'avantage qu'il vous a destiné.» Ce qu'il y eut de plus singulier dans cet événement, c'est qu'il arriva la même année que saint Ignace se consacra à Notre-Seigneur dans la chapelle de Montmartre, à Paris, où il jetait, avec ses premiers compagnons, les fondements de cette compagnie dont Canisius devait un jour être un des plus illustres sujets,
À l'âge de treize ans, il fut envoyé à l'université de Cologne. Outre les dangers ordinaires parmi la jeunesse, il y avait de plus à craindre les séductions de l'hérésie, qui se glissait partout. Le Ciel préparait au jeune Canisius un préservatif contre tous ces périls dans la personne d'un saint prêtre, Nicolas Eskius, que les parents du jeune étudiant avaient prié de prendre soin de sa conduite. Il était un des professeurs du collège où l'on avait mis cet enfant. Sous la direction de ce sage ecclésiastique le jeune Pierre fit des progrès dans les lettres humaines au delà même de ce qu'on pouvait attendre d'un esprit mûr, solide et appliqué.
Avec cela l'étude ne nuisait point à ses exercices de piété ; il purifiait souvent son cœur par le sacrement de Pénitence, ce qui était assez rare en ce temps-là ; il donnait tous les jours un temps réglé à la prière et à la lecture spirituelle ; la vie des saints en faisait d'ordinaire le sujet, et il avouait qu'il se sentait merveilleusement excité à la piété par les grands exemples qu'il tirait de cette lecture. Il lisait encore chaque jour, par le conseil de son directeur, un chapitre de l'Évangile; il en apprenait par cœur quelque trait, pour pouvoir se les imprimer plus facilement par la méditation. Uniquement occupé des exercices de l'esprit, il négligeait assez le soin de son corps ; il aimait à être vêtu simplement; ennemi du jeu et des plaisirs propres à son âge, il employait en aumônes, ou à acheter de bons livres, l'argent que ses parents lui donnaient pour ses divertissements. Ainsi il s'appliquait de telle sorte à devenir savant que rien ne l'empêchât de devenir saint.
Cependant son père…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Cependant son père, apprenant tous les jours des nouvelles de son mérite, lui procura un mariage très-avantageux dans le monde. Le fils avait d'autres pensées et se consacra sans retour à Dieu par le vœu de chasteté dans la vingtième année de son âge. Son père, voyant qu'il penchait pour l'état ecclésiastique, lui conseilla l'étude de la jurisprudence, nécessaire pour les hautes fonctions ; le fils y joignit par goût l'étude de la théologie.
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Il ne parut pas plus tôt sur les bancs qu'il attira sur lui les yeux de toute l'université. C'était, pour un homme de son âge, une pénétration, une facilité qui allaient jusqu'au prodige. Mais, ce qui est beaucoup plus admirable, c'est qu'il était aussi petit à ses yeux qu'il paraissait grand aux yeux des autres ; la science qui enfle n'eut point cet effet sur lui ; il s'avançait également dans les connaissances sublimes de la théologie et dans l'humble science de la croix. « Ignorer toute chose, mais connaître parfaitement Jésus-Christ, c'est, disait-il avec son cher maître Eskius, c'est tout savoir; tout le reste n'est que tromperie et vanité. » L'on dit même, et c'est ce que d'anciennes estampes justifient, que, pour se précautionner contre la vanité, qui se glisse imperceptiblement dans l'esprit des gens d'étude dont le cœur n'est pas solidement humble, il avait toujours une tête de mort sur sa table lorsqu'il étudiait ; c'était là le livre qui ne le flattait pas, il le consultait à tout moment, et il en tirait ces grandes maximes de vertu qui, tout le reste de sa vie, le garantirent de la vaine gloire au milieu des applaudissements. Parmi ses amis d'étude était Laurent Surius, qui, d'après ses conseils, entra dans l'ordre des Chartreux et s'y rendit célèbre par ses vertus et ses écrits.
Lui-même cependant priait Dieu de lui faire connaître sa vocation propre ; Dieu la lui fit connaître de la manière suivante.
Le Père Le Fèvre, premier compagnon de saint Ignace, allant de Spire au concile de Trente, se vit obligé de séjourner à Mayence, plus longtemps qu'il ne s'y attendait à cause des guerres qui s'étaient élevées entre Charles-Quint et François Ier. En attendant le cardinal-archevêque de Mayence le pria d'expliquer l'Écriture sainte dans son université. Il s'acquitta de cet emploi avec un succès qui répondit à l'attente qu'on avait conçue de sa haute réputation. Mais son zèle ne put se contenir dans des bornes si étroites; il se répandit encore avec bien plus d'éclat dans la chaire et dans la conversation, dans les conférences particulières avec les nouveaux hérétiques, mais surtout dans les retraites qu'il faisait faire, selon la méthode de saint Ignace, à toutes sortes de personnes qui s'empressaient de se mettre sous sa conduite pour arriver à une plus haute perfection.
Le bruit de ces changements merveilleux étant passé jusqu'à Cologne…
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du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
(suite)
Le bruit de ces changements merveilleux étant passé jusqu'à Cologne, Canisius en fut vivement frappé. Il conçut que ce pouvait bien là être l'homme que Dieu lui destinait pour guide dans sa vocation. Il part aussitôt pour Mayence et vient loger chez un ecclésiastique, nommé Contade, qui, plein de cet esprit de ferveur qu'il avait reçu dans la retraite, faisait autant d'honneur à son caractère par la vie nouvelle qu'il menait qu'il l'avait déshonoré auparavant par une vie toute déréglée.
Canisius, reçu dans la Compagnie de Jésus par Le Fèvre, revint à Cologne avec d'autres jeunes Jésuites qui devaient y achever leurs études. On le vit s'occuper à toutes les œuvres de miséricorde et d'humilité avec une ferveur et une joie que la grâce seule peut donner ; il instruisait les ignorants, soulageait la misère des pauvres par les charités qu'il leur procurait, consolait les affligés, visitait les hôpitaux et s'abaissait jusqu'à rendre aux malades les services les plus vils et les plus dégoûtants.
Son père, tombé dangereusement malade, ayant témoigné le désir de le voir une dernière fois, il se rendit à Nimègue; le pauvre père fut si touché de sa venue qu'il expira subitement. Cette mort soudaine jeta Canisius dans une cruelle inquiétude, à cause que son père avait passé une grande partie de sa vie dans les affaires du monde ; il craignait pour son salut et passa toute la nuit en prière : Dieu daigna lui faire connaître que son père et sa mère étaient sauvés ; sa tristesse se changea aussitôt en joie, et, dans sa reconnaissance, il distribua tous ses biens aux pauvres et reprit le chemin de Cologne.
Sur sa route il fut joint par trois jeunes hommes. En marchant avec eux, il leur parla de Dieu avec tant d'onction et de force, qu'ils prirent tous trois la résolution de tout quitter pour se consacrer à son service. Ils furent fidèles à leur vocation ; deux, aussitôt après leur arrivée à Cologne, se firent Chartreux; le troisième entra dans la Compagnie de Jésus. Pierre Canisius n'était encore que novice.
Ayant été admis à la profession, il reprit ses études avec plus d'application que jamais. Non-seulement il brillait dans les exercices de l'école, mais au collège Montan il faisait régulièrement des leçons sur l'Évangile, en même temps qu'il s'acquittait d'une pareille fonction dans l'université, où il expliquait les épîtres de saint Paul à Timothée. Infatigable dans le travail, il s'appliquait encore à la-lecture des Pères. C'est à ses soins et à ses veilles que l'on doit une traduction plus correcte de saint Cyrille, en deux volumes ; il dédia le premier à l'archevêque de Mayence et le second aux théologiens qui étudiaient avec lui dans cette même université. Ce fut encore en ce temps-là qu'il donna les œuvres du grand saint Léon exactement corrigées.
L'on ne concevait pas qu'un homme de son âge pût suffire seul à tant de choses différentes. Quand il eut atteint celui qui est nécessaire pour entrer dans les ordres sacrés, il fut ordonné par les mains d'un évêque catholique. C'est ce qu'il rapporte lui-même, regardant cela comme une grâce singulière du Ciel dans un temps où la foi de quelques prélats d'Allemagne commençait à devenir suspecte. Revêtu de ce nouveau caractère, qui lui donnait plus d'autorité, il était de toutes les bonnes œuvres de la ville; et, comme si tout ce que nous venons de rapporter n'eût pas suffi pour l'occuper ou pour contenter son zèle, il trouvait encore du temps pour catéchiser, instruire, prêcher, et pour agiter ou démêler plusieurs points controversés entre les catholiques et les hérétiques; enfin il s'appliquait à porter tout le monde à la vertu par tous les moyens qu'un zèle ardent et éclairé peut suggérer à celui qui en est entièrement pénétrée.
Nous avons vu déjà la conduite déplorable de l'archevêque Herman de Cologne…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Nous avons vu déjà la conduite déplorable de l'archevêque Herman de Cologne, qui, faute de science et d'énergie, se laissa circonvenir par les novateurs, à tel point que Bucer et Mélanchthon prêchèrent hautement le luthéranisme dans son diocèse. Tout ce qu'il y eut de gens de bien frémit à la vue d'un tel scandale ; le clergé, l'université, le magistrat, le peuple, tout s'émut. Le célèbre docteur Jean Gropper, qui, par ses belles ordonnances qu'on voit insérées dans le premier concile de Pologne, avait fait tant d'honneur aux premières années de l'épiscopat de Herman, croyant qu'il n'y avait plus rien à ménager, se déclara hautement contre les hérétiques, et de vive voix et par écrit, avec une vigueur d'apôtre.
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du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
(suite)
Canisius et ses frères, animés par l'exemple de ce grand homme et soutenus par l'autorité du nonce apostolique, firent paraître un zèle semblable et eurent un succès qui donna autant de joie aux catholiques que de dépit aux hérétiques. Ceux-ci conçurent bien que, partout où il s'agirait de là doctrine de l'Eglise romaine, ils trouveraient toujours les Jésuites sur leur chemin et qu'ainsi le plus court était de les écarter et de s'en défaire. Insultes, menaces, calomnies, rien ne fut épargné ; mais tout cela ne fut qu'un prélude des accusations que l'on intenta contre eux dans les formes. On ne prétendait pas moins que les chasser de Cologne.
Enfin, par les intrigues de certaines gens qui se sentaient appuyés en conséquence d'un ancien décret de la ville qui défendait qu'il s'y fît aucun nouvel établissement, l'on obtint du magistrat un arrêt par lequel les Jésuites étaient obligés de sortir incessamment de Cologne, ou du moins de quitter leur maison, de vivre séparément les uns des autres en différents logis, et de s'abstenir dans leurs fonctions de tout ce qui paraîtrait avoir quelque air de communauté. L'arrêt leur fut intimé; ils s'y soumirent avec respect. Si leurs adversaires n'avaient pas tout ce qu'ils avaient prétendu par leur requête, ils eurent du moins et la joie de voir les Jésuites humiliés, et l'espérance que les incommodités inséparables de l'état où ils les réduisaient pouvaient les dégoûter, ralentir leur zèle et les déterminer enfin à se retirer de Cologne.
Mais ces Pères ne prirent pas le change, résolus de tout souffrir plutôt que d'abandonner la cause de l'Église dans un danger si pressant. Ils ne doutèrent point que Dieu, qui fait tout servir au bien de ses serviteurs, ne tirât sa gloire et leur propre avantage de cette petite disgrâce.
En effet l'obligation de vivre séparément ne servit qu'à les unir davantage en esprit de charité ; par là ils se virent plus à portée de découvrir et de déconcerter les desseins novateurs dans les différents quartiers où ils étaient répandus. La patience avec laquelle ces Pères s'élevaient au-dessus de la passion qu'on remarquait dans ceux qui les poussaient si vivement contribua fort à leur attirer de la compassion, de l'estime, de l'affection, un désir sincère de les soulager.
« Les Jésuites seraient les plus ingrats de tous les hommes, dit le Père Dorigny…
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Re: Le Saint Concile de Trente
En effet l'obligation de vivre séparément ne servit qu'à les unir davantage en esprit de charité ; par là ils se virent plus à portée de découvrir et de déconcerter les desseins novateurs dans les différents quartiers où ils étaient répandus. La patience avec laquelle ces Pères s'élevaient au-dessus de la passion qu'on remarquait dans ceux qui les poussaient si vivement contribua fort à leur attirer de la compassion, de l'estime, de l'affection, un désir sincère de les soulager.
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du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
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« Les Jésuites seraient les plus ingrats de tous les hommes, dit le Père Dorigny, biographe français de Canisius, s'ils oubliaient jamais la charité que les révérends Pères chartreux firent paraître pour eux en cette occasion. Ces saints solitaires en reçurent quelques-uns dans leur maison, contribuèrent par leurs aumônes à en entretenir d'autres en différents endroits de la ville où on les avait obligés de se retirer ; enfin ils les assistèrent tous par leurs prières auprès de Dieu et par leur crédit auprès des magistrats. Les magistrats eux-mêmes, le premier feu de cette émotion s'étant ralenti, revinrent de leurs préventions à l'égard des Jésuites; ils leur permirent de rentrer dans leur maison, et, quelque temps après, d'y vivre à leur manière et d'y exercer toutes leurs fonctions. On n'en resta pas là; du consentement unanime du clergé et de l'université, Canisius fut député vers le prince évêque de Liège et vers l'empereur Charles-Quint pour les prier de venir en aide aux catholiques de Cologne, et il réussit dans sa double ambassade.
Envoyé par le cardinal d'Augsbourg au concile de Trente, il se rendit de là à Rome, d'où saint Ignace, pour éprouver son obéissance, l'envoya professer la rhétorique à Messine, en Sicile. Voici comment l'humble religieux s'en expliqua dans un écrit que l'on conserve encore :
« Ayant examiné devant Dieu ce que le Père Ignace, mon vénérable père et maître en Jésus-Christ, m'a proposé :
1° je me sens également porté soit à demeurer ici pour toujours, soit à aller en Sicile, aux Indes, et partout ailleurs où il jugera à propos de m'envoyer. 2°; S'il me faut aller en Sicile, je proteste que, quelque emploi qu'on me donne, soit de cuisinier, soit de jardinier et de portier, d'écolier ou de professeur, en quelque faculté que ce soit, quand elle me serait jusqu'ici entièrement inconnue, ce me sera une chose très-agréable de m'y appliquer. » Il ajoute ces paroles, qui marquent bien la solidité de sa vertu : « Je m'engage par un vœu exprès, que je fais à mon Dieu sans nul retour, sans nulle réserve, de ne jamais me procurer rien qui puisse contribuer à ma commodité, soit dans les emplois, soit dans les lieux de ma demeure, laissant une bonne fois et pour toujours ce droit à mon père en Jésus-Christ, le Père Ignace, auquel, pour la conduite de mon âme et pour le soin de mon corps, je me remets entièrement de tout, lui soumettant et lui abandonnant en Notre-Seigneur mon jugement et ma volonté, avec une humble et parfaite connaissance. Ce 5 février 1548 1. »
Cependant Guillaume, duc de Bavière…
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1 Dorigny, Vie du P. Canisius, 1, 1.
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Cependant Guillaume, duc de Bavière, voyait avec douleur les progrès que l'hérésie faisait dans tous les États de l'empire, et que, malgré toutes ses précautions, elle avait trouvé moyen de se glisser jusque dans l'université d'Ingolstadt, surtout depuis la mort du docteur Jean Eckius, que ses fréquentes disputes avec Luther, Carlostadt, Mélanchthon et les nouveaux sectaires ont rendu si célèbre en Allemagne.
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du Jésuite Canisius, apôtre de l’Allemagne.
(suite)
Pour remédier à un si grand mal le prince demanda du secours au Pape et au général des Jésuites. Saint Ignace, sur l'ordre du Pontife, envoya trois de ses religieux : Lejay, Salmeron et Canisius. Lejay reçut ordre du Pape de se rendre à la diète d'Augsbourg: les deux autres s'arrêtèrent à Ingolstadt. Salmeron expliquait les Épîtres de saint Paul; Canisius, qui n'était resté qu'un an à Messine, commentait saint Thomas. De leurs chaires ils passaient aux hôpitaux. Après avoir révélé aux esprits germaniques la profondeur de la théologie et des livres sacrés, ils allaient dans l'école des enfants; ils se faisaient petits comme eux, ignorants comme eux.
En 1550 Canisius est, d'un consentement unanime, nommé recteur de l'université. On l'avait forcé d'accepter ces fonctions ; il en prend les charges, en abandonne aux pauvres tous les bénéfices et s'occupe aussitôt des réformes dont elle a besoin. Avec le secours d'un certain Père Gaudanus, qui fut souvent depuis le compagnon de ses travaux apostoliques, il rétablit dans la philosophie l'exercice de la dispute, qui languissait depuis quelques années, soit par la nonchalance des professeurs, soit par la malignité des novateurs ; car ceux-ci, comme on l'a souvent remarqué, ne s'accommodent pas trop de cette manière de raisonner que l'on tire de la dialectique. Ses soins s'étendirent jusqu'aux dernières classes de la grammaire; lui-même traduisit les rudiments de Codret et y ajouta un petit abrégé de la doctrine chrétienne, afin que les enfants, avec les éléments des sciences profanes, apprissent insensiblement ceux de la doctrine de Jésus-Christ. Il introduisit encore dans l'académie quelques pratiques de piété qui attirassent la bénédiction de Dieu sur les professeurs et les élèves. Il faisait souvent pour cela des sermons à ces derniers, pour leur inspirer l'horreur du vice et l'amour de la vertu. Enfin, agissant de concert avec l'évêque d'Eichstædt, chancelier-né de l'université, il n'omit rien pour y rétablir la discipline et la piété, qui se ressentaient beaucoup du libertinage des prétendus réformateurs.
Notre-Seigneur bénit le travail de son serviteur; l'université changea de face en peu de temps. C'est ce qu'elle-même a cru devoir marquer dans ses archives comme un témoignage authentique de sa reconnaissance. Là, après des éloges extraordinaires qu'elle fait de l'esprit, de la doctrine et de la vertu de l'incomparable Canisius , c'est le terme dont elle se sert, elle reconnaît de bonne foi qu'elle lui doit, aussi bien qu'à ses frères, le rétablissement de sa gloire et la conservation de la saine doctrine.
Le duc Guillaume mourut…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Le duc Guillaume mourut ; mais en mourant il recommanda à son fils Albert de continuer aux Jésuites l'affection qu'il leur portait. Albert exauça le vœu de son père, Canisius a renouvelé Ingolstadt. Il va répondre aux prières des évêques de Naumbourg, de Frising et d'Eichstædt, et aux chanoines de Strasbourg ; mais le duc Albert le retient. Le roi Ferdinand, son beau-père, s'adresse à saint Ignace : Canisius est nécessaire dans la capitale de l'Autriche. Ignace écrit au duc de Bavière qu'il ne fait que prêter Canisius au roi des Romains, et sur cette assurance Albert se sépare du Jésuite. En 1551 il est à Vienne ; Ferdinand désire y créer un collège de la Compagnie. Sur ses instances le général lui envoie dix coadjuteurs, dont Nicolas de Lannoy est le chef, sous l'inspiration de Lejay. Lejay meurt le 6 août 1552, laissant à Canisius le soin d'achever tout ce que sa vie, consumée dans l'apostolat, lui permit d'entreprendre.
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L'on ne peut mieux juger de ce qu'il eut à souffrir dans cette nouvelle mission que par la vue des désordres que l'hérésie avait causés dans l'Autriche, quelque soin que les princes de cette maison eussent apporté pour en arrêter les progrès.
C'était un sentiment commun dans ce temps-là qu'à peine y avait-il la vingtième partie du peuple, dans un pays si catholique, qui eût pu se garantir de la contagion. Elle s'était répandue dans tous les ordres de l'État; les écoles publiques en étaient infectées ; la piété, jusque dans les cloîtres, n'était pas hors de ses atteintes ; plusieurs monastères étaient abandonnés; la profession religieuse était dans le dernier mépris; l'état ecclésiastique n'était guère moins décrié ; de sorte que, selon la remarque de l'évêque de Laybach, confesseur du roi Ferdinand, depuis près de vingt ans personne de la ville de Vienne n'avait été promu aux ordres sacrés.
Par le même principe plusieurs paroisses manquaient de pasteurs, ou, ce qui n'était pas moins déplorable, des sujets les plus indignes, qui s'y étaient ingérés sans vocation, y vivaient de la manière la plus scandaleuse et faisaient voir l'abomination dans le lieu saint. Les catholiques, que par dérision l'on traitait de papistes, avaient honte de paraître ce qu'ils étaient; l'usage des sacrements était rare parmi eux et souvent même défectueux; les prédicateurs, par une lâche complaisance pour les nouveaux hérétiques, faisaient sonner bien haut dans la chaire l'excellence de la foi et les mérites de Jésus-Christ et gardaient un profond silence sur la nécessité des bonnes œuvres ; les livres de ces mêmes hérétiques étaient impunément entre les mains de tout le monde; c'était dans ces sources empoisonnées que les parents puisaient l'instruction qu'ils donnaient à leurs enfants ; en un mot, il n'était guère de parties dans tout le corps de l'Etat qui fussent exemptes de la corruption générale.
Canisius, dans sa chaire de l'université…
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : L’empereur Ferdinand lui demande un catéchisme.Canisius, dans sa chaire de l'université, répandait parmi ses auditeurs la semence catholique ; il inspirait aux docteurs la crainte des innovations ; il avait des conférences avec les hérétiques, en ramenait un grand nombre, entre autres un ministre qui entra dans la compagnie de Jésus. Mais les progrès étaient trop lents à son gré; il fallait commencer l'œuvre par la base. Il choisit donc cinquante jeunes gens; il les réunit dans une maison voisine du collège, et là il les fît élever dans les principes que saint Ignace a prescrits. C'était son séminaire.
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L'empire germanique n'avait pas seulement les Luthériens pour ennemis ; les Turcs envahissaient la Hongrie ; ils menaçaient les frontières d'Autriche. La bataille de Temeswar leur en ouvrait les portes. L'armée impériale était vaincue, et à la honte de la défaite s'ajoutait le spectacle de la peste. Vienne se voyait dans une position horrible. Le Père de Lannoy et ses compagnons se dévouent pour les pestiférés; ils apprennent à leurs élèves ce que c'est que la charité chrétienne, et, tandis que la mort frappait à toutes les portes, tenues fermées par l'effroi, elle respecta celle des Jésuites, qui resta toujours ouverte aux malades et aux mourants 1.
Canisius évangélisait les pauvres de la campagne. Plus de trois cents paroisses de l'Autriche, faute de pasteurs, se voyaient depuis quelque temps destituées de tout secours spirituel. Sur une invitation du roi Ferdinand, datée de l'année 1553, Canisius, aidé de ses frères, courut après ces brebis délaissées, instruisant, catéchisant, prêchant, confessant, administrant les sacrements, consolant les catholiques, les précautionnant contre les surprises des hérétiques, qui, dans l'absence des pasteurs, trouvaient l'entrée libre dans la bergerie et désolaient le troupeau.
Sur ces entrefaites Frédéric Nauséa, évêque de Vienne, étant mort, le roi des Romains désigne Canisius pour lui succéder; déjà précédemment il avait nommé Le Fèvre pour l'évêché de Trieste, mais sans y réussir. Canisius en écrit à saint Ignace ; celui-ci détourne encore de la tête d'un des siens ces honneurs qui le surprenaient au milieu de ses travaux, et Ferdinand, une seconde fois trompé dans ses espérances, exige pour satisfaction ce que l'on verra dans la lettre suivante, du 15 janvier 1554, adressée à saint Ignace.
« Honorable, religieux, cher et dévoué ami, nous avons appris que les hérésies et les dogmes pervers qui, dans ce siècle, se glissent et se disséminent dans toute la république chrétienne, se sont propagés en Allemagne et y ont jeté dans les esprits de profondes racines. La principale raison en est que les docteurs de mensonge et les hérétiques ont résumé en quelques courts articles leurs erreurs, et qu'ils les répandent dans le public. Nos pasteurs, en Allemagne, s'endormant quelquefois, au grand détriment du troupeau orthodoxe, non-seulement une foule de ces résumés plus ou moins étendus, mais encore des catéchismes, des lieux communs, et autres libelles composés par des hérétiques en latin et en allemand, sont, à cause de leur brièveté, vendus à vil prix et facilement confiés à la mémoire, et n'en sont pour cela même que plus goûtés et plus recherchés du peuple.
« Considérant donc…
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1 Crétineau-Joly, Hist. de la Compagnie de Jésus, t.1, p. 326.
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Re: Le Saint Concile de Trente
L’empereur Ferdinand lui demande un catéchisme.
« Considérant donc attentivement par quels remèdes on pourrait arrêter cette peste, il nous a semblé qu'il n'y en avait pas de plus efficace et de plus aisé que d'employer, pour arracher les hérésies, les mêmes industries dont se servent les schismatiques pour les répandre, à savoir, que nos prélats et nos théologiens orthodoxes rédigeassent un abrégé de théologie qui pût servir de règle à tous, tant ecclésiastiques que séculiers, et que tous pussent se procurer à bas prix.
«Nous avions donc pris la résolution de charger de ce travail quelques-uns des docteurs et des frères de votre ordre qui sont dans notre académie de Vienne ; mais nous avons reconnu qu'ils sont d'ailleurs si occupés dans la vigne du Seigneur, soit par les travaux des classes, soit par la prédication, qu'ils ne pourraient pas se livrer à ce nouveau travail sans que leurs disciples et les fidèles en souffrissent. Mais comme nous ne doutons pas que vous n'ayez à Rome grand nombre d'hommes très-doctes de votre ordre que vous pourriez charger d'une œuvre si pieuse et si nécessaire, et qui auraient plus de temps pour l'entreprendre et l'exécuter, et que nous sommes d'ailleurs convaincu que vous ne nous refuserez pas cette grâce, nous vous conjurons, et supplions, moins par égard pour nous qu'en vue du bien et du salut de la chrétienté tout entière, de charger quelques-uns de ces hommes savants qui sont près de vous de commencer cet abrégé de théologie et de nous l'envoyer quand il sera terminé.
« Nous aurons soin de le faire imprimer aussitôt et de le faire expliquer et enseigner non-seulement dans notre académie de Vienne, mais de le faire également imprimer et enseigner, et même, autant que nous le pourrons avec l'aide du Seigneur, mettre en pratique dans tous nos royaumes et nos autres provinces. Nous veillerons surtout à ce que les curés et les autres qui ont charge d'âmes s'en servent. Du reste, sachez que, vous et ceux aussi qui se consacrent à ce travail, vous ferez non-seulement une œuvre qui me sera agréable, mais que par là vous mériterez bien et de nos provinces et de tout l'univers chrétien. Le Seigneur, de la gloire duquel il s'agit principalement, vous accordera, à vous et à eux, en vue de vos fatigues, quelque grandes qu'elles puissent être, une digne récompense, je veux dire une couronne qui ne se flétrira jamais. Pour nous, nous n'oublierons pas un si grand bienfait, et nous le reconnaîtrons par notre bienveillance envers vous et envers votre sainte Société.
« Donné en notre ville de Vienne, le 15 janvier 1554, l'an vingt-quatre de notre règne romain et vingt-huit des autres règnes. »
Ce que le frère de l'empereur Charles-Quint, le roi, depuis empereur Ferdinand, demande avec tant d'instances à saint Ignace, c'est un catéchisme…
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Re: Le Saint Concile de Trente
L’empereur Ferdinand lui demande un catéchisme.Ce que le frère de l'empereur Charles-Quint, le roi, depuis empereur Ferdinand, demande avec tant d'instances à saint Ignace, c'est un catéchisme, c'est-à-dire un abrégé de la doctrine chrétienne, par demandes et réponses, dans un style familier et facile à comprendre, contenant ainsi, mise à la portée du peuple et de l'enfance même, la substance de la sainte Écriture, de la tradition, des conciles, des Pères, des docteurs, de la théologie, de la philosophie et de l'histoire humaine; contenant ainsi, mises à la portée du peuple et de l'enfance même, toutes les vérités fondamentales sur lesquelles reposent la religion, la morale, la société spirituelle et temporelle. De nos jours on parle beaucoup des chartes constitutionnelles de telle ou telle nation. La charte constitutionnelle de l'humanité chrétienne, c'est le catéchisme; c'est ce que demandait par écrit le roi Ferdinand.
(suite)
Canisius avait refusé l'évêché de Vienne ; à la prière du roi des Romains saint Ignace lui ordonna d'accepter les fonctions d'administrateur de ce siège, mais sans jamais toucher aux riches revenus qui y sont attachés. Canisius obéit, et, fort de l'autorité dont il est investi, il ne s'occupe qu'à réaliser le bien qui est dans son âme.
Une autre chose que lui ordonna saint Ignace fut la composition du catéchisme que lui avait demandé le roi des Romains.
Depuis environ vingt ans Luther en avait composé deux, un petit et un grand, pour populariser plus facilement ses erreurs…
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Extraits de ce chef-d’œuvre, où est réfutée avec ensemble toute la prétendue réforme.Depuis environ vingt ans Luther en avait composé deux, un petit et un grand, pour populariser plus facilement ses erreurs. Les protestants en ont fait une telle estime qu'ils les ont rangés parmi leurs livres symboliques, et que, dans quelques éditions, ils les ont placés immédiatement après les trois Symboles des Apôtres, de Nicée et de saint Athanase, et avant la Confession d'Augsbourg. Un auteur protestant appelle, ces deux catéchismes la Bible des laïques. Ce n'est qu'une explication luthérienne, plus ou moins longue, du Décalogue, du Pater , du Credo et des deux sacrements de Baptême et d'Eucharistie. La différence du petit au grand, outre la longueur, c'est qu'il y a quelques interrogations dans le premier et pas une dans le second. L'un et l'autre ont des préfaces dans lesquelles Luther nous, donne, en 1529, une pauvre idée des pasteurs et des peuples du nouvel évangile. Dans la préface du petit catéchisme il nous apprend que les gens du commun ne savaient ni Pater ni Credo ni Décalogue ; qu'ils vivaient comme des brutes, comme des pourceaux, et que, depuis que le nouvel évangile leur était advenu, il n'avaient bien appris qu'une chose, c'était d'abuser en maîtres de toute espèce de liberté 1.
L’empereur Ferdinand lui demande un catéchisme.
(suite)
Dans la préface du grand il ne donne pas une meilleure idée des pasteurs que des ouailles. A l'entendre, et on peut l'en croire, un bon nombre d'entre eux sont des gloutons et des serviteurs de leur ventre, qui devraient plutôt être gardeurs de porcs ou valets de chiens que gardiens d'âmes et pasteurs de paroisses.
« Depuis qu'on les a débarrassés des sept heures canoniales ils ne lisent pas une page du catéchisme, ni du Nouveau Testament, ne disent pas un Pater ni pour eux ni pour leurs paroissiens ; ils devraient au moins rougir un peu, conclut-il, de n'avoir retenu de l'Évangile, comme des pourceaux et des chiens, qu'une liberté paresseuse, pernicieuse, honteuse et charnelle 2. »
C'est à ces pasteurs qu'il recommande, pour bien instruire les gens du peuple, de conserver exactement, d'une année à l'autre, le même texte, la même formule, la même doctrine ; autrement, si l'on a l'air de vouloir corriger, le peuple ne sait, plus à quoi s'en tenir, on perd absolument avec lui son temps et sa peine.
« Les Pères l'ont bien vu; aussi, dans les choses que doit savoir le peuple, ont-ils eu soin de retenir les mêmes mots. Nous devons faire de même, et.ne pas y déranger une seule syllabe d'une année à l'autre 3. »
Cette observation de Luther est bien remarquable; elle nous donne lieu de conclure que la réformation luthérienne, étant de sa nature une innovation perpétuelle et sans règle, ne peut de sa nature que ruiner la religion dans l'esprit des peuples.
Il en est tout autrement du catéchisme de Canisius; avec l'utile uniformité des prières…
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1 Walch, t. 10, p. 2, n. 1. — 2 Id., p. 26 et 27, n. 2 et 3. —3 Id., t. 10, p. 2 et 3, n. 3 et 4.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Extraits de ce chef-d’œuvre, où est réfutée avec ensemble toute la prétendue réforme.
Il en est tout autrement du catéchisme de Canisius; avec l'utile uniformité des prières communes et publiques on y trouve l'unité toujours vivante de l'esprit et de la doctrine. Son catéchisme est un résumé substantiel de l'Écriture et des Pères sur tout ce qu'un chrétien est obligé de connaître et de pratiquer : résumé fidèle non-seulement quant à la lettre de l'Écriture et des Pères, mais encore et surtout quant à l'esprit qui inspire et les Pères et l'Écriture. Le texte en soi, par demandes et par réponses, n'est pas long ; mais dans les éditions qui suivirent la première, l'auteur indique à la marge les endroits de l'Écriture et des Pères dont la réponse est la substance. Dans des éditions subséquentes il ajouta ces passages tout au long, ce qui rendit l'ouvrage volumineux et en fit une théologie complète, du moins pour les besoins d'alors. Cet ouvrage nous paraît tel, et pour le fonds et pour la forme, que nous ne craignons pas, autant qu'il est en nous, de ranger Pierre Canisius de Nimègue parmi les Pères de l'Église. En voici l'ensemble.
La doctrine chrétienne embrasse la sagesse et la justice. A la sagesse chrétienne on peut rapporter les chapitres suivants :
I. De la foi et du Symbole.
— II. De l'espérance et de l'Oraison dominicale, avec la Salutation angélique.
— III. De la charité et des dix commandements de Dieu, ainsi que des commandements de l'Église.
— IV. Des sacrements. — La justice chrétienne comprend deux parties ; 1° le mal qu'il faut éviter ; 2° le bien qu'il faut faire. Premier chapitre.
De la foi et du Symbole.
« D. Qui est-ce qui doit être appelé Chrétien ?
— R. Celui qui, ayant reçu le baptême, professe la doctrine de Jésus-Christ dans son Église. Par conséquent tous les cultes et toutes les sectes qui se trouvent, n'importe où, hors de la doctrine et de l'Église du Christ, comme la secte judaïque, païenne, mahométane, hérétique, le vrai chrétien et qui est fermement attaché à la doctrine du Christ les condamne et les déteste absolument. »
Canisius justifie cette réponse par les Actes des apôtres, par la première Épître de saint Pierre, par des témoignages de saint Athanase, de saint Ignace d'Antioche, de saint Augustin, de Tertullien, de saint Éphrem et de saint Cyprien, lequel dit : « Qui et quel qu'il soit, celui-là n'est pas chrétien qui n'est pas dans l'Église du Christ ; » et encore : « Celui-là n'appartient pas aux récompenses du Christ qui abandonne l'Église. C'est un étranger, c'est un profane, c'est un ennemi. Ne peut avoir Dieu pour père celui-là qui n'a pas l'Église pour mère. »
À la quatrième question : « Qu'est-ce qu'on entend par la foi ? » il répond :…
Dernière édition par Louis le Ven 29 Nov 2013, 1:51 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Le Saint Concile de Trente
Extraits de ce chef-d’œuvre,
où est réfutée avec ensemble toute la prétendue réforme.
(suite)
À la quatrième question : « Qu'est-ce qu'on entend par la foi ? » il répond :
« C'est un don de Dieu et une lumière par laquelle l'homme, étant éclairé, donne un assentiment et une adhésion ferme aux choses que Dieu a révélées et que l'Église nous propose à croire. Telles sont : que Dieu est trine et un; que le monde a été créé de rien ; que Dieu s'est fait homme, etc., et d'autres mystères augustes de notre religion, lesquels, révélés divinement, ne peuvent être compris par l'intelligence humaine, mais seulement perçus par la foi. C'est pourquoi le prophète dit (selon les Septante) : « Si vous ne croyez vous ne comprendrez pas ; car la foi ne regarde pas l'ordre de la nature, ne se fie point à l'expérience des sens, ne s'appuie point sur la puissance ou la raison humaine, mais sur la vertu et l'autorité divine, tenant pour souverainement certain que cette souveraine et éternelle vérité, qui est Dieu, ne saurait jamais ni se tromper ni nous tromper. » Parmi les témoignages des Pères à l'appui de cette réponse se trouve ce mot de saint Augustin : «Quant à moi, je ne croirais pas à l'Évangile si l'autorité de l'Église catholique ne me le persuadait. »
A la question douze : « D'où vient l'usage et quelle est l'utilité de former avec les doigts la croix de Jésus-Christ et d'en marquer notre front? »
Réponse : « Ce rite nous est recommandé par la piété des anciens et par la coutume constante de l'Église. Par là nous sommes excités à la reconnaissance pour ce souverain mystère et bienfait qui s'est accompli pour nous sur la croix. Ensuite cela nous provoque à mettre la vraie et sainte gloire et l'ancre de tout notre salut dans la croix de Notre-Seigneur. C'est de plus un témoignage que nous n'avons rien de commun avec les ennemis de la croix de Jésus-Christ, les Juifs et les païens, mais que, contre eux tous, nous professons librement Celui que nous adorons, le Seigneur Jésus, et le Seigneur Jésus crucifié. Ce signe nous incite aussi à l'étude de la patience, afin que, si nous désirons la gloire éternelle, et nous le devons tous, nous embrassions sans répugnance la croix que nous adorons et le chemin de la croix sous la conduite de Jésus-Christ. Nous n'y trouvons pas moins des armes victorieuses contre Satan, abattu jadis par la vertu de la croix, ou plutôt nous sommes fortifiés par là contre tous les ennemis de notre salut. Enfin, pour commencer quelque chose sous de plus heureux auspices et obtenir un plus grand succès dans nos entreprises, nous arborons ce trophée de la croix, et, sûrs de vaincre par ce signe, nous n'hésitons pas à dire souvent : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »
Parmi les nombreux Pères de l'Église qu'il cite au long pour cette réponse le premier est Tertullien, qui dit ces paroles si connues : « A chaque progrès et promotion, à chaque entrée et sortie, à l'habillement et à la chaussure, en nous lavant et nous mettant à table, au lit, en prenant un siège, enfin à quoi que nous fassions dans la vie, nous marquons notre front du sceau de la croix. »
La dix-huitième question sur la foi et le Symbole est la suivante :…
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Re: Le Saint Concile de Trente
La dix-huitième question sur la foi et le Symbole est la suivante : « Qu'ajoute à cela le neuvième article : Je crois la sainte Église catholique? »
Extraits de ce chef-d’œuvre,
où est réfutée avec ensemble toute la prétendue réforme.
(suite)
Réponse : « Il nous montre l'Église, c'est-à-dire la congrégation visible de tous les fidèles du Christ, congrégation pour laquelle le Fils de Dieu, ayant pris la nature de l'homme, a tout fait et souffert.
Il enseigne d'abord qu'elle est une et unanime dans la foi et dans la doctrine de la foi, et dans l'administration des sacrements, cette Eglise, qui est régie et conservée dans l'unité sous son unique chef, le Christ, et sous l'unique vice-gérant du Christ sur la terre, le souverain Pontife.
Ensuite il annonce qu'elle est sainte, parce que toujours le Christ la sanctifie par l'Esprit-Saint, en sorte qu'elle ne manque jamais de saints hommes ni de saintes lois ; et hors de sa communion nul ne peut participer à la sainteté.
Troisièmement, qu'elle est catholique, c'est-à-dire universelle, de telle sorte que tous les hommes, de tous les temps, de tous les lieux et de toutes les nations, pourvu qu'ils s'accordent avec elle dans la foi et la doctrine de Jésus-Christ, elle les reçoit, les enferme et les sauve; dans l'unité de son sein maternel.
Quatrièmement, que dans cette même Église, est la communion des saints, en sorte que ceux qui demeurent dans l'Église, comme dans la maison et la famille de Dieu, conservent une certaine société et union indivisible, et, comme les membres d'un même corps, ils s'assistent les uns les autres, par des offices, des mérites et des oraisons mutuelles.
C'est auprès d'eux qu'est l'unité de la foi, l'unanimité de la doctrine, l'usage uniforme des sacrements; de plus, quelques erreurs ou dissensions qui surviennent de la part de quelques-uns, ils sont soigneux de conserver l'unité de l'esprit dans le lien de la paix.
Dans cette communion sont compris non-seulement les saints de l'Église militante faisant encore leur pèlerinage sur la terre, mais encore tous les bienheureux de l'Église triomphante avec Jésus-Christ dans le ciel, et enfin les âmes des chrétiens pieux qui sont sortis de cette vie, mais n'ont pas encore obtenu cette félicité des bienheureux.
Hors de cette communion des saints, comme hors de l'arche de Noé, la perte est certaine, et il n'y a nul salut pour les mortels, ni pour les Juifs, ni pour les païens, qui n'ont jamais reçu la foi de l'Église ; ni pour les hérétiques, qui après l'avoir reçue, l'ont abandonnée ou corrompue ; ni pour les schismatiques, qui ont déserté la paix et l'unité de l'Église ; ni enfin pour les excommuniés, qui, pour toute autre cause grave, ont mérité d'être retranchés ou séparés du corps de l'Église comme des membres pernicieux et pourris. Tous ceux-là, n'appartenant point à l'Église ni à sa sainte communion, ne peuvent être participants de la grâce divine et du salut éternel s'ils ne sont d'abord réconciliés et restitués à l'Eglise, de laquelle ils ont été une fois détachés par leur faute ; car elle est certaine, la règle de saint Cyprien et de saint Augustin : Il ne saurait avoir Dieu pour père celui qui ne veut pas avoir l'Église pour mère. »
Sur cet article, Canisius accumule les témoignages de toute la Tradition ; c'est un magasin bien approvisionné, que le théologien consultera avec fruit.
Question dix-neuf : « Qu'est-ce que propose le dixième article du Symbole ?
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