Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 3:19 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
La seconde religion des Japonais est celle de Budsdo ou Bouddha, dont nous avons déjà vu assez au long l'histoire fabuleuse ou la fable historique, avec ses noms divers et son culte, dans le vingtième livre de cet ouvrage.

Saint François-Xavier, arrivé à Méaco, fit inutilement demander audience au daïri, au cubosama et au saço ou grand-prêtre ; on ne le flatta même de voir le saço qu'autant qu'il payerait cent mille caixes, qui font six cents écus de France, somme qu'il n'était pas en état de donner. Les troubles occasionnés par des guerres civiles empêchèrent qu'on ne l'écoutât, et il vit que les esprits n'étaient pas encore disposés à ouvrir les yeux à la vérité. Il sortit de Méaco au bout de quinze jours pour retourner à Amanguchi. La pauvreté de son extérieur l'empêchant d'être reçu à la cour, il crut devoir s'accommoder aux préjugés du pays ; il se présenta donc avec un appareil et un cortège capables d'imposer, et il fit quelques présents au roi ; il lui donna entre autres choses une horloge sonnante. Par là il obtint la protection du prince avec la permission de prêcher l'Évangile. Il baptisa trois mille païens dans la ville d'Amanguchi. Ce succès le remplit de la plus grande consolation, et il l'écrivit depuis aux Jésuites d'Europe.

« Quoique je sois déjà tout blanc, leur dit-il,  je suis plus vigoureux et plus robuste que je n'ai jamais été ; car les fatigues qu'on prend pour cultiver une nation raisonnable, qui aime la vérité et qui désire son propre salut, donnent bien de la joie. Je n'ai en toute ma vie goûté tant de consolation qu'à Amanguchi, où une grande multitude de gens venaient m'entendre avec la permission du roi. Je voyais l'orgueil des bonzes abattu, et les plus fiers ennemis du nom chrétien soumis à l'humilité de l'Evangile. Je voyais les transports de joie de ces nouveaux chrétiens quand, après avoir surmonté les bonzes dans la dispute, ils retournaient tout triomphants. Je n'étais pas moins ravi de voir la peine qu'ils se donnaient à l'envi l'un de l'autre pour convaincre les Gentils, et le plaisir qu'ils avaient à raconter leurs conquêtes, par quelles manières ils se rendaient maîtres des esprits et comment ils exterminaient les superstitions païennes. Tout cela me causait une telle joie que j'en perdais le sentiment de mes propres maux. Ah ! plût à Dieu que, comme je me ressouviens de ces consolations que j'ai reçues de la miséricorde divine au milieu de mes travaux, je pusse non-seulement en faire le récit, mais en donner l'expérience, et les faire un peu sentir à nos académies de l'Europe ! Je suis assuré que plusieurs des jeunes gens qui y étudient viendraient employer à la conversion d'un peuple idolâtre ce qu'ils ont d'esprit et de forces, s'ils avaient une fois goûté les douceurs célestes qui accompagnent nos fatigues 1. »

Lorsque le saint était à Amanguchi Dieu…

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1 Bouhours,  l.  5.

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 6:27 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.

(suite)

Lorsque le saint était à Amanguchi Dieu le favorisa de nouveau du don des langues ; il se faisait entendre des Chinois que le commerce attirait dans cette ville, quoiqu'ils ne sussent que leur langue et que lui ne l'eût jamais apprise; mais sa sainteté, sa douceur et son humilité touchèrent plus souvent que ses miracles. Les païens les plus opiniâtres ne pouvaient y résister. Un trait arrivé à Fernandez, un de ses compagnons, contribua aussi beaucoup à faire respecter la religion chrétienne. Un jour qu'il prêchait dans la ville, un homme de la lie du peuple s'approcha comme pour lui parler et lui cracha au visage. Le Père, sans dire un seul mot ni sans faire paraître aucune émotion, prit son mouchoir pour s'essuyer et continua tranquillement son discours. Chacun fut surpris d'une modération aussi héroïque; ceux qu'une telle insulte avait d'abord fait rire furent saisis d'admiration. Un des plus savants docteurs de la ville, qui était présent, se dit à lui-même qu'une loi qui inspirait un tel courage, une telle grandeur d'âme, et qui faisait remporter sur soi-même une victoire si complète, ne pouvait venir que du Ciel. Le sermon achevé, il confessa que la vertu du prédicateur l'avait touché ; il demanda le baptême et le reçut solennellement. Cette illustre conversion fut suivie d'un grand nombre d'autres.

Xavier, après avoir recommandé les nouveaux chrétiens aux deux Jésuites qu'il laissait à Amanguchi, partit de cette ville vers la mi-septembre 1551. Suivi de deux chrétiens japonais qui avaient sacrifié leurs biens pour embrasser l'Évangile, il se rendit à pied à Fuchéo ; c'était là que le roi de Bungo faisait sa résidence. Il avait entendu parler du Père François-Xavier et il désirait ardemment le voir ; aussi le reçut-il de la manière la plus honorable. Le saint, dans des conférences publiques, confondit les bonzes, qui, par des motifs d'intérêt, cherchaient partout à le traverser ; il en convertit cependant quelques-uns. Ses prédications et ses entretiens particuliers touchèrent le peuple, et on venait en foule lui demander le baptême. Le roi lui-même fut convaincu de la vérité du Christianisme et renonça à des impuretés contre nature auxquelles il s'abandonnait; mais un attachement criminel à quelques plaisirs sensuels l'empêcha de se convertir. Il se rappela depuis les instructions que le saint lui avait données ; il quitta ses désordres et reçut le baptême. Xavier, ayant pris congé du roi, s'embarqua pour retourner dans l'Inde, le 20 novembre 1551. II. était resté au Japon deux ans et quatre mois. Comme il fallait veiller à la conservation de cette chrétienté naissante, il y envoya trois Jésuites, que d'autres suivirent bientôt après.

On lui avait souvent objecté que les sages et les savants de la Chine…

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 12:21 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
On lui avait souvent objecté que les sages et les savants de la Chine n'avaient point embrassé la foi; il conçut le projet de faire connaître Jésus-Christ dans ce vaste empire, et il s'occupait des moyens de l'exécuter en quittant le Japon. Les accidents qui lui arrivèrent pendant son voyage ne ralentirent point son zèle. Le vaisseau qu'il montait fut assailli de la plus violente tempête; mais il le sauva par ses prières. On lui fut aussi redevable de la conservation de la chaloupe, qu'un coup de vent avait séparée du vaisseau, et où étaient quinze personnes. Lorsqu'il fut arrivé à Malacca les habitants de cette ville le reçurent avec les plus grandes démonstrations de joie. Il pensait toujours à la mission de la Chine, mais il ne savait comment passer dans cet empire.

Indépendamment de la difficulté de l'entreprise, les Chinois n'aimaient pas les Portugais, et il était défendu aux étrangers d'entrer dans le pays sous peine de mort ou de prison perpétuelle. Quelques marchands portugais y avaient passé secrètement pour trafiquer ; on les découvrit, et quelques-uns d'entre eux perdirent la tête; ceux qu'on épargna furent chargés de fers et destinés à mourir en prison. Xavier s'entretint de ces objets avec don Pedro de Sylva, l'ancien gouverneur de Malacca, et avec don Alvarez d'Atayda, qui l'avait remplacé. Il fut arrêté qu'on pourrait envoyer en Chine un ambassadeur au nom du roi de Portugal, pour demander la permission de faire le commerce dans cet empire, parce que, si on l'obtenait, les prédicateurs évangéliques n'éprouveraient plus les mêmes difficultés. Les choses en restèrent là pour le moment.

Cependant le saint s'embarqua pour aller à Goa. Il arriva à Cochin le 24 janvier 1552. Il y trouva le roi des Maldives, que ses sujets révoltés avaient obligé de prendre la fuite et de se réfugier auprès des Portugais. Il baptisa ce prince, que le Père Hérédia avait instruit. Le roi des Maldives, désespérant de recouvrer jamais ses États, épousa une Portugaise et mena une vie privée jusqu'à sa mort; heureux toutefois en ce que la perte de sa couronne lui valut le don de la foi et la grâce du baptême.

Xavier arriva à Goa au commencement de février. Après avoir visité les hôpitaux il se rendit au collège de Saint-Paul, où il guérit un malade agonisant. Il y trouva la plupart des missionnaires qu'il avait envoyés dans les Indes avant son départ pour le Japon et qui avaient porté le flambeau de la foi chez différents peuples. Le Père Gaspard Barzée avait converti l'île et la ville d'Ormuz. Le Christianisme était très florissant sur la côte de la Pêcherie, et il avait fait de grands progrès à Cochin, à Coulan, à Bazaïn, à Méliapour, aux Moluques, dans les îles du More, etc. Le roi de Tanor, dont les États étaient sur la côte de Malabar, avait reçu le baptême, ainsi que le roi de Trinquemale, un des souverains de Ceylan.

Mais, si Xavier eut à se réjouir des progrès…

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 6:30 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Mais, si Xavier eut à se réjouir des progrès que faisait l'Évangile, il fut affligé de la conduite que tenait le Père Antoine Gomès, recteur du collège de Goa. C'était un homme fort instruit et un habile prédicateur, mais il avait un attachement singulier à ses propres idées. II gouvernait arbitrairement, et il avait introduit de telles innovations que le saint fut obligé de le renvoyer de la Société. Il lui donna pour successeur le Père Gaspar Barzée, qu'il fit aussi vice-provincial. Il envoya en même temps de nouveaux prédicateurs dans toutes les missions de la presqu'île en deçà du Gange, et il obtint du vice-roi don Alphonse de Norogna une commission qui nommait Jacques Pérégra pour l'ambassade de la Chine.

Lorsqu'il eut mis ordre à tout il fit les adieux les plus tendres à ses frères et leur donna les instructions qu'il jugea leur être les plus nécessaires. Il partit de Goa le 15 avril 1552, et, quand il eut abordé à Malacca, il trouva une ample matière à sa charité. Il régnait dans cette ville une maladie contagieuse qui emportait beaucoup de monde et qu'il avait prédite avant son arrivée.

Dès qu'il eut mis pied à terre il alla chercher les malades ; il courait avec ses compagnons de rue en rue pour ramasser les pauvres qui languissaient sur le pavé sans aucun secours ; il les portait aux hôpitaux et au collège de la Compagnie. Il fit construire le long de la mer des cabanes pour servir de logement au reste de ces malheureux ; il leur procura ensuite les remèdes et les aliments dont ils avaient besoin. Ce fut dans le même temps qu'il ressuscita un jeune homme, nommé François Ciavos, qui depuis prit l'habit de la Compagnie. La contagion ayant presque entièrement cessé, il traita de l'ambassade de la Chine avec le gouverneur de Malacca, auquel don Alphonse de Norogna s'en rapportait sur cette affaire.

Don Alvarez d'Atayda Gama avait alors le gouvernement de cette ville…
 
A suivre :  Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine, et meurt dans l’île de Sancian.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 3:18 pm


Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine,
et meurt dans l’île de Sancian.  

Don Alvarez d'Atayda Gama avait alors le gouvernement de cette ville ; il avait succédé à don Pedro de Sylva Gama. Cet officier, mécontent de Pérégra, traversa le projet de l'ambassade. Xavier allégua inutilement l'autorité du roi et l'ordre du vice-roi ; Alvarez entra en fureur et le traita de la manière la plus outrageante. Le saint continua ses sollicitations pendant un mois sans pouvoir rien obtenir.

Enfin il menaça le gouverneur de l'excommunication, s'il persistait à s'opposer à la propagation de l'Évangile. Il produisit les brefs du Pape Paul III qui l'établissaient nonce apostolique, et dont il n'avait rien dit par humilité, depuis son arrivée dans les Indes. Le gouverneur se moqua de ces menaces, en sorte que le grand-vicaire de l'évêque lança contre lui une sentence d'excommunication. Xavier, voyant que le projet de l'ambassade ne pouvait avoir lieu, résolut de s'embarquer sur un vaisseau portugais qui partait pour l'île de Sancian, près de Macao, sur la côte de la Chine. Le gouverneur fut depuis déposé pour ses extorsions et pour d'autres crimes, et conduit chargé de fers à Goa, par ordre du roi de Portugal.

Xavier, durant son voyage, opéra plusieurs miracles et convertit quelques passagers mahométans. Le vaisseau arriva à Sancian le vingt-troisième jour après son départ de Malacca. Les Portugais avaient la permission d'aborder dans cette île pour s'y pourvoir des choses qui leur étaient nécessaires.

Le projet de l'ambassade à la Chine ayant échoué, le saint avait envoyé au Japon les trois Jésuites qu'il avait pris pour l'accompagner. Il n'avait retenu qu'un jeune Indien et un frère de la Société qui était Chinois et qui avait pris l'habit à Goa. II espérait trouver le moyen de passer secrètement avec eux en Chine. Les marchands portugais de Sancian tâchèrent de le détourner de ce dessein; ils lui représentèrent la rigueur des lois de l'empire chinois, la vigilance des officiers qui gardaient les ports et qu'il était impossible de gagner ; ils ajoutèrent qu'il devait s'attendre pour le moins à être battu cruellement et condamné à une prison perpétuelle. Rien ne put ébranler sa résolution ; il répondit à toutes les objections qu'on lui fit, et déclara que les plus grandes difficultés ne l'empêcheraient point d'entreprendre l'oeuvre de Dieu, et que la crainte seule de ces difficultés lui paraissait plus insupportable que tous les maux dont on le menaçait. Il prit donc des mesures pour le voyage de la Chine et commença par se procurer un bon interprète. Le Chinois qu'il avait amené avec lui de Goa n'entendait point la langue de la cour, il avait même oublié en partie celle que parlait le peuple. Un marchand chinois s'offrit de conduire le saint pendant la nuit à un endroit de la côte éloigné des habitations maritimes, et il demanda pour récompense deux cents pardos ; le pardo vaut 1 fr. 35 c. monnaie de France. Il exigea de plus que, dans le cas où Xavier serait arrêté, il lui promit de ne jamais découvrir le nom ni la maison de celui qui l'aurait débarqué.

Cependant les Portugais de Sancian…

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 6:12 am


Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine,
et meurt dans l’île de Sancian.  


(suite)
Cependant les Portugais de Sancian, qui craignaient de devenir eux-mêmes les victimes des Chinois, mirent tout en œuvre pour empêcher le voyage que le saint méditait. Pendant ces délais le serviteur de Dieu tomba malade. Tous les vaisseaux portugais étant partis, à l'exception d'un seul, il manquait des choses les plus nécessaires à la vie. D'un autre côté l'interprète chinois rétracta la parole qu'il avait donnée. Xavier ne perdit pas courage et guérit de sa maladie. Ayant appris que le roi de Siam se préparait à envoyer une ambassade magnifique à l'empereur de la Chine, il résolut de faire tous ses efforts pour obtenir la permission d'accompagner l'ambassadeur siamois ; mais Dieu se contenta de sa bonne volonté et voulut l'appeler à lui.

La fièvre le reprit le 20 novembre, et il eut en même temps une claire connaissance du jour et de l'heure de sa mort, comme il le déclara à un ami, qui l'attesta depuis avec un serment solennel. Dès ce moment il sentit un dégoût étrange pour toutes les choses de la terre et ne pensa qu'à la céleste patrie où Dieu l'appelait. Étant fort abattu de la fièvre, il se retira dans le vaisseau, qui était l'hôpital commun des malades, afin de mourir dans la pauvreté; mais, comme l'agitation du vaisseau lui causait de grands maux de tête et l'empêchait d'être aussi appliqué à Dieu qu'il le désirait, il demanda le jour suivant à être remis à terre, ce qui lui fut accordé. On le laissa sur le rivage, exposé aux injures de l'air et surtout d'un vent du nord très-piquant qui soufflait alors. Georges Alvarez, touché de compassion pour son état, le fit porter dans sa cabane, qui ne valait guère mieux que le rivage, parce qu'elle était ouverte de toutes parts. La maladie, accompagnée d'une douleur de côté fort aiguë et d'oppression, faisait de jour en jour de nouveaux progrès. On saigna deux fois Xavier ; mais le chirurgien, peu expérimenté dans son art, lui ayant piqué le tendon, il tomba en faiblesse et en convulsion. Il lui survint un dégoût horrible, en sorte qu'il ne pouvait rien prendre. Son visage était toujours serein et son esprit toujours calme. Tantôt il levait les yeux au ciel, tantôt il les fixait sur son crucifix. Il répétait souvent : Jesu, fili David, miserere mei, et ces paroles, qui lui étaient si familières : 0 sanctissima Trinitas ! Il disait aussi, en invoquant la Reine du ciel : Monstra te esse matrem.

Enfin, le 3 décembre 1552, qui était un vendredi, ayant les yeux baignés de pleurs et tendrement attachés sur son crucifix, il prononça ces paroles : Seigneur, j'ai mis en vous mon espérance, je ne serai jamais confondu, et en même temps, transporté d'une joie céleste qui parut sur son visage, il rendit doucement l'esprit. Il avait quarante-six ans, et il en avait passé dix et demi dans les Indes. Ses travaux continuels l'avaient fait blanchir de bonne heure, et il était presque tout blanc la dernière année de sa vie. On l'enterra le dimanche suivant. Son corps fût mis dans une caisse assez grande, à la manière des Chinois, et cette caisse fut remplie de chaux vive, afin que, les chairs étant plus tôt consumées, on pût emporter les os à Goa.

Cependant Dieu manifesta…
 
A suivre : Miracles qu’il opère avant sa mort. Sa canonisation.


Dernière édition par Louis le Sam 14 Sep 2013, 3:10 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 11:12 am


Miracles qu’il opère avant sa mort. Sa canonisation.

Cependant Dieu manifesta dans le royaume de Navarre la sainteté de son serviteur par un événement miraculeux ou plutôt par une cessation de miracle. Dans une petite chapelle du château de Xavier il y avait un ancien crucifix fait de plâtre et de la hauteur d'un homme. Pendant la dernière année de la vie du saint on vit ce crucifix suer du sang en abondance tous les vendredis ; mais dès que Xavier fut mort le sang cessa de couler. Le crucifix se voit encore aujourd'hui au même endroit, avec du sang caillé le long des bras et des cuisses, aux mains et au côté 1

Deux mois et demi après la mort du saint homme, le navire qui était au port de Sancian étant sur le point de faire voile vers les Indes, on ouvrit le cercueil, le 17 février 1553, pour voir si les chairs étaient consumées; mais, lorsqu'on eut ôté la chaux de dessus le visage, on le trouva frais et vermeil comme celui d'un homme qui dort doucement. Le corps était aussi très-entier et sans aucune marque de corruption. On coupa, pour s'en assurer davantage, un peu de chair près du genou, et il coula du sang. La chaux n'avait point non plus endommagé les habits sacerdotaux avec lesquels on l'avait enterré. Le saint corps exhalait une odeur plus douce et plus agréable que celle des parfums les plus exquis. Il fut mis sur le vaisseau et porté à Malacca, où il aborda le 22 mars. Les habitants de cette ville le reçurent avec le plus grand respect. La peste, qui y faisait sentir ses ravages depuis quelques semaines, cessa tout d'un coup. Le corps du saint missionnaire fut enterré dans le cimetière commun. Ayant été trouvé frais et entier, au mois d'août suivant, on le transporta à Goa, et on le déposa dans l'église du collège de Saint-Paul, le 15 mars 1554. Il s'opéra dans cette occasion plusieurs guérisons miraculeuses.

On dressa, par ordre de Jean III, roi de Portugal, des procès-verbaux de la vie et des miracles du serviteur de Dieu, non-seulement à Goa, mais dans d'autres contrées des Indes, et ces procès-verbaux furent dressés par des personnes éclairées, habiles et d'une probité reconnue. Le saint fut béatifié par le Pape Paul V en 1619 et canonisé par Grégoire XV en 1621. L'an 1714, l'archevêque de Goa, accompagné du marquis de Castel-Nuovo, vice-roi des Indes, fit par ordre de Jean V, roi de Portugal, la visite des reliques de saint François-Xavier; il trouva son corps parfaitement conservé, n'exhalant aucune mauvaise odeur et paraissant même environné d'une splendeur extraordinaire. Le visage, les mains, la poitrine et les pieds n'offrirent pas la moindre trace de corruption. En 1747 le même prince obtint de Benoît XIV un bref portant que le serviteur de Dieu serait honoré comme patron et protecteur de toutes les contrées des Indes orientales.

Mais, ce qui est plus admirable,…

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1 Bouhours,  l.  6.
 
A suivre : Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens. Témoignages que lui rendent les protestants. Qu’en conclure ?

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 6:33 am

Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens.
Témoignages que lui rendent les protestants.
Qu’en conclure ?

Mais, ce qui est plus admirable, les ennemis mêmes de Jésus-Christ le révéraient après sa mort, comme ils avaient fait pendant sa vie; ils le nommaient l'homme de prodiges, l'ami du Ciel, le maître de la nature, le Dieu de la terre. Quelques-uns faisaient de très-longs voyages et venaient à Goa exprès pour voir son corps exempt de corruption, et qui, au mouvement près, avait toutes les apparences de la vie. Il y eut des gentils qui parlèrent de lui élever des autels, et quelques peuples de la secte de Mahomet lui dédièrent en effet une mosquée sur la côte occidentale de Comorin. Le roi de Travancor, Mahométan, lui bâtit aussi un temple superbe, et les infidèles avaient une telle révérence pour ce lieu, où le grand Père était honoré, qu'ils n'osaient y cracher à terre, si nous en croyons le témoignage des naturels du pays. Les païens avaient coutume, pour confirmer la vérité, de tenir à la main un fer chaud et de pratiquer d'autres superstitions pareilles ; mais, depuis que le Père François fut en si grande vénération dans les Indes, ils juraient par son nom, et c'était entre eux la preuve la plus authentique qu'on disait vrai.

Aux païens et aux Mahométans se joignent les hérétiques pour rendre témoignage à la sainteté et aux miracles de l'apôtre des
Indes.

Le protestant Baldéus parle de lui en ces termes dans son Histoire des Indes : « Si la religion de Xavier convenait avec la nôtre nous le devrions estimer et honorer comme un autre saint Paul. Toutefois, nonobstant cette différence de religion, son zèle, sa vigilance et la sainteté de ses mœurs doivent exciter tous les gens de bien à ne point faire l'œuvre de Dieu négligemment ; car les dons que Xavier avait reçus pour exercer la charge de ministre et d'ambassadeur de Jésus-Christ étaient si éminents que mon esprit n'est pas capable de les exprimer. Si je considère la patience et la douceur avec lesquelles il a présenté aux grands et aux petits les eaux saintes et vives de l'Évangile ; si je regarde le courage avec lequel il a souffert les injures et les affronts, je suis contraint de m'écrier avec l'Apôtre : Qui est capable comme lui de ces choses merveilleuses? »

Baldéus finit l'éloge du saint par une apostrophe au saint même : « Plût à Dieu, dit-il, qu'ayant été ce que vous avez été vous fussiez ou vous eussiez été des nôtres 1 ! »

Richard Haklvit, aussi protestant, …

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1 Baldéus, Hist. des Indes.

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 12:50 pm

Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens.
Témoignages que lui rendent les protestants.
Qu’en conclure ?


(suite)
Richard Haklvit, aussi protestant, de plus ministre en Angleterre, loue Xavier sans aucune restriction. « Sancian, dit-il, est une île dans les confins de la Chine, et proche le port de Canton, fameuse par la mort de François-Xavier, ce digne ouvrier évangélique et ce divin maître des Indiens en ce qui concerne la religion ; qui, après de grands travaux, après plusieurs injures et des croix infinies souffertes avec beaucoup de patience et de joie, mourut dans une cabane, sur une montagne déserte, le 2 décembre de l'année 1552, dépourvu de toutes les commodités de ce monde, mais comblé de toutes sortes de bénédictions spirituelles, ayant fait connaître auparavant Jésus-Christ à plusieurs milliers de ces Orientaux. Les histoires modernes des Indes sont remplies des excellentes vertus et des œuvres miraculeuses de ce saint homme 2. »

Le voyageur protestant Tavernier, qui a toute la probité qu'on peut avoir hors de la vraie religion, enchérit sur ces deux historiens, et parle comme un catholique. « Saint François-Xavier, dit-il, finit en ce lieu sa mission avec sa vie, après avoir établi la foi chrétienne avec des progrès admirables dans tous les lieux où il avait passé, non-seulement par son zèle, mais aussi par son exemple et par la sainteté de ses mœurs. Il n'a jamais été dans la Chine ; néanmoins il y a beaucoup d'apparence que le Christianisme qu'il avait établi dans l'île de Niphon s'étendit dans les pays voisins et se multiplia par les soins de ce saint homme, qu'on peut nommer à juste titre le saint Paul et le véritable apôtre des Indes 3. »

« Au reste, conclurons-nous avec le biographe de notre saint, si Xavier a été doué de toutes les vertus apostoliques, ne s'ensuit-il pas que la religion qu'il prêchait était celle des apôtres? Y a-t-il la moindre apparence qu'un homme choisi de Dieu pour détruire l'idolâtrie et l'impiété dans le Nouveau-Monde fût un idolâtre et un impie, lorsqu'il adorait Jésus-Christ sur les autels, qu'il invoquait la sainte Vierge qu'il s'engageait à Dieu par des vœux, qu'il demandait des indulgences au souverain Pontife, qu'il employait le signe de la croix et l'eau bénite à la guérison des malades, qu'il faisait des prières et disait des messes pour les morts ? Peut-on croire enfin que ce saint homme, ce faiseur de miracles, ce nouvel apôtre, ce second saint Paul, ait été toute sa vie dans la voie de perdition, et qu'au lieu de jouir maintenant du bonheur des saints il souffre les supplices des damnés ? Disons donc, pour finir cet ouvrage par où nous l'avons commencé, que la vie de saint François-Xavier est un témoignage authentique de la vérité de l'Évangile, et qu'on ne saurait regarder de près ce que Dieu a fait par le ministère de son serviteur sans tomber d'accord que l'Église catholique, apostolique et romaine, est l'Église de Jésus-Christ 1, »

François-Xavier, dont le cœur était aussi grand que le monde,…

___________________________________________________________________

2 Les principales Navigations, etc., de la nation anglaise, t. 2, part. 2. — 3  Recueil de plusieurs Relations , etc. — 1 Bouhours, Vie de saint François-Xavier, l. 6, fin.
 
A suivre : Projet du saint. La Providence y dispose les peuples.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 7:10 am

Projet du saint. La Providence y dispose les peuples.

François-Xavier, dont le cœur était aussi grand que le monde, eût bien voulu ressusciter d'abord en Chine la foi chrétienne que Jean de Montcorvin, archevêque catholique de Péking, y avait plantée deux siècles auparavant ; puis en faire autant chez les Tartares, et revenir en Europe, en ramenant à l'Église les schismatiques de la Russie et les hérétiques de l'Allemagne. En un mot il eût voulu reprendre dans tout son ensemble l'œuvre interrompue par le grand schisme d'Occident.

La Providence y disposait les peuples.

En 1533 l'empereur d'Éthiopie envoie une ambassade au Pape Clément VII, avec sa profession de foi, et lui demande de saintes images 2.

En 1542 les Arméniens demandent un évoque au Pape Paul III, qui leur donne pour évêque de Nadchivan frère Benoît, de l'ordre de Saint-Dominique 3.

En 1545 le même Pape promet un nonce et des présents à Claude, roi d'Éthiopie, qui demandait l'union avec l'Église romaine 4.

En 1553 Jules III, successeur de Paul, reçoit les Assyriens à l'obéissance de l'Église romaine et confirme leur patriarche Sulalla 1. L'année suivante il institue un patriarche  dans l'empire d'Éthiopie et en loue l'empereur par ses lettres 1.

________________________________________

2 Raynald, ann. Ï533, n. 24 et seqq. — 3 Id., ann. 1542, n. 57. — 4 Id., ann. 1545, n. 61. — 1 Raynald, ann. 1553, n. 42-45. — 1 Id., ann. 1554,n. 26 ; ann; 1555, n. 10.
 
A suivre :   § III.  SECONDE  REPRISE  DU  CONCILE   DE  TRENTE   (1550 A 1551), SESSIONS 11-16, sous JULES III.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 12:33 pm

§ III.

SECONDE  REPRISE  DU  CONCILE   DE  TRENTE   (1550 A 1551), SESSIONS 11-16, sous JULES III.
 
Mort et caractère de Paul III.

Paul III était mort en 1549, cardinal et Pape exemplaire si, comme Melchisédech, il n'avait pas eu de famille ou ne l'avait trop aimée. Voici ce qu'en dit sur cet article la Biographie universelle :

« Paul III avait été marié avant d'embrasser l'état ecclésiastique. Il lui restait un fils nommé Louis Farnèse et un petit-fils appelé Octave. Il avait donné à Louis, en apanage, les villes de Parme et de Plaisance, et attaché au Saint-Siège, à titre d'échange, les principautés de Camérino et de Népi, qu'il avait précédemment concédées à Octave. Cet arrangement déplut à Charles-Quint, qui refusa aux Farnèse l'investiture de Parme et de Plaisance, lesquels dépendaient du duché de Milan comme fief de l'empire. Louis Farnèse ayant été assassiné à Parme, à cause de la haine qu'il s'était attirée par ses crimes et ses débauches, les troupes de l'empereur s'emparèrent de la ville et le Pape ne put obtenir qu'elle lui fût rendue ; mais il obtint plus tard, pour son petit-fils Octave, la main de Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-Quint et veuve de Julien de Médicis, qui avait été assassiné à Florence.

Paul III fut puni par où il avait péché ; il trouva dans le sein de sa famille des chagrins qui empoisonnèrent la fin de ses jours. Il avait comblé de biens ses parents, qui le payèrent d'ingratitude. Il mourut le 20 novembre 1549, dans la quatre-vingt-quatrième année de son âge et la seizième de son pontificat. Sentant sa fin approcher il fit appeler les cardinaux et régla avec eux les affaires de l'Église. Les mauvais procédés de ses proches lui arrachèrent des regrets, et l'on prétend que, dans un mouvement de repentir, il répéta plusieurs fois avec douleur ces paroles du psaume 18 : « Si les miens ne m'avaient pas dominé, je serais sans tache et exempt d'un très-grand péché 2. »

Il eut pour successeur le cardinal del Monte, qui avait présidé le concile de Trente….

_____________________________________________

 2 Biographie universelle, t. 33, art. PAUL III.
 
A suivre : Election de Jules III. Ses soins pour la reprise du concile.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 6:09 am


Election de Jules III.
Ses soins pour la reprise du concile.

Il eut pour successeur le cardinal del Monte, qui avait présidé le concile de Trente. Son nom de famille était Jean-Marie Giocchi. Il était né à Rome, mais d'une origine obscure. Son élection souffrit des lenteurs qui durèrent plus de deux mois. Trois partis divisaient le conclave, celui des Français, celui des impériaux et celui des créatures du dernier Pape, à la tête duquel se trouvait le cardinal Farnèse, neveu de Paul III. Ce fut à lui que del Monte dut principalement son exaltation. Le cardinal Polus fut une fois sur le point d'avoir toutes les voix.

Enfin elles se réunirent, le 7 février 1550, en faveur du cardinal Jean del Monte, qui prit le nom de Jules III, en mémoire de Jules II, qui avait fait sa fortune en élevant son oncle au cardinalat. II embrassa tous ceux qui avaient le plus traversé son élection ou qui l'avaient offensé personnellement au concile de Trente, et leur fit connaître, en leur accordant des grâces,  qu'il n'en avait conservé aucune ressentiment.

Un des premiers actes du nouveau Pontife furent ses négociations avec l'empereur Charles-Quint et le roi de France. Henri II, pour replacer et reprendre le concile œcuménique de Trente.

Avant de publier la bulle de convocation il consulta les cardinaux, et les évêques qui étaient à Rome ; tous applaudirent à la résolution que le Pape avait prise de convoquer de nouveau le concile dans la ville où il avait commencé. La bulle fut publiée le 14 novembre 1550 et envoyée à Charles-Quint, qui la fit examiner dans son conseil. On en agit ainsi à cause des protestants, qui paraissaient disposés à accepter le concile, et effectivement, quelque temps après, l'empereur offrit au Pape leur soumission. Il faut en excepter Maurice, électeur de Saxe, qui demandait un concile indépendant du Pape et où ceux de la Confession d'Augsbourg eussent voix délibérative. L'événement montra que toutes ces protestations d'accepter le concile n'étaient qu'un artifice de la part des protestants pour amuser l'empereur afin de mieux le tromper.

Le 4 mars 1551 Jules nomma pour présider le concile, en qualité de légat, le cardinal Marcel Crescendo, qui à une profonde érudition joignait beaucoup de prudence et d'habileté. Il ne lui donna point de collègues dans la légation, mais il lui adjoignit, en qualité de président, Sébastien Pighin, archevêque de Manfrédonia ou Siponte, et Louis Lippoman, évêque de Vérone. Il choisit exprès deux évêques afin d'honorer l'épiscopat et de faire cesser les plaintes contre le choix des présidents de la première assemblée, qui tous trois étaient cardinaux. Il leur donna ses instructions de vive voix, avec une commission très-ample par écrit. Il ordonne des prières publiques le 14 avril pour demander à Dieu de bénir une entreprise si importante pour la religion, et envoya à Trente tous les évêques qui étaient alors à Rome, au nombre de quatre-vingt-quatre. Le légat partit avec ses deux adjoints et quelques prélats, et arriva à Trente le 29 avril.

Le même jour François de Tolède, ambassadeur de l'empereur…


Dernière édition par Louis le Mar 17 Sep 2013, 3:50 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 11:48 am


Election de Jules III.
Ses soins pour la reprise du concile.
(suite)
Le même jour François de Tolède, ambassadeur de l'empereur, fit son entrée dans la même ville, et deux jours après, c'est-à-dire le 1er mai, on ouvrit le concile par la session onzième. Il n'y eut de particulier que le rang du cardinal Madruce, évêque de Trente, relativement aux deux évêques revêtus de la qualité de nonces et donnés pour adjoints dans la présidence au légat apostolique. Le Pape fut consulté, et régla que ce cardinal précéderait les nonces dans toutes les fonctions qui ne regarderaient pas le concile, mais que, dans les sessions, congrégations ou autres concours semblables, les trois présidents occuperaient les trois premières places, comme s'ils étaient tous cardinaux. Il assigna cependant à Madruce une place particulière, distinguée de celle des autres évêques. Le secrétaire du concile fit lecture de la bulle de convocation, après laquelle on lut un décret où l'on déclarait que le concile était commencé de nouveau et continuerait l'examen et la discussion des matières, et où l'on indiquait la session suivante au 1er septembre.

L'arrivée des évêques d'Allemagne, notamment des électeurs de Mayence et de Trêves, avait causé à Trente une joie extraordinaire, et on se prépara aussitôt à la douzième session, qui se tint le jour indiqué.

L'évêque de Cagliari célébra la messe, après laquelle on lut un discours au nom des présidents pour exhorter les Pères à ne rien négliger pour défendre l'Église catholique et condamner l'hérésie. Après cette exhortation le secrétaire Massarel lut quelques avis sur la manière dont on devait se comporter dans le concile.

Ensuite l'évêque de Cagliari monta au jubé et fit lecture du décret qui indiquait la session suivante à vingt jours de distance. Le concile annonce dans un décret que l'on traitera dans cette session du sacrement de la très-sainte Eucharistie, et exhorte tous les prélats à travailler à apaiser Dieu par le jeûne et par la prière, afin qu'il daigne ramener les hommes à la vraie foi, à l'unité de l'Eglise et à la véritable règle des mœurs.

Jacques Amyot, abbé de Bellozane, qui était alors à Venise…
 
A suivre : Politique peu française et peu franche du roi Henri II envers le concile et le Pape.

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 6:23 am


Politique peu française et peu franche
du roi Henri II envers le concile et le Pape.

Jacques Amyot, abbé de Bellozane, qui était alors à Venise avec le cardinal de Tournon, eut ordre de partir pour Trente et d'y porter une lettre du roi de France aux Pères assemblés dans cette ville. Il parut au concile pendant la session, sans être attendu, et présenta au légat une lettre du roi, son maître, adressée aux très-saints Pères en Jésus-Christ de l'assemblée de Trente . Les prélats espagnols ne voulaient pas qu'on la lût parce que dès le titre Henri II ne donnait que le nom d'assemblée au concile. Amyot s'efforça de persuader que le terme conventus, dont son maître se servait, ne devait pas être pris en mauvaise part, que le secrétaire avait peut-être  cru qu'il était plus latin que concilium. Après une longue dispute on convint de lire la lettre sans préjudice . Le roi y déclare en substance que la guerre qu'il a avec le Pape et l'empereur l'empêche d'envoyer aucun évêque à Trente; mais en même temps il proteste de son attachement à la foi catholique et de son zèle contre les hérétiques. Sa lettre est datée de Fontainebleau, le 13 août 1551.

Amyot lut ensuite à haute voix le Mémoire du roi. Ce prince y déclarait que la guerre allumée depuis peu par le Pape ne pouvait que nuire au concile et causer des maux infinis dans toute l'Europe ; qu'on ne pouvait attribuer tous ces malheurs qu'au souverain Pontife s'il persistait à entretenir la guerre ; que, tant qu'elle durerait, il ne pourrait envoyer aucun évêque de son royaume à Trente, et qu'ainsi le concile, dont il se voyait exclu malgré lui, ne pourrait être regardé comme œcuménique, mais comme un concile particulier. Ce Mémoire n'était qu'une répétition de ce qui avait été développé fort au long par l'ambassadeur dans le consistoire. Amyot raconta plutôt ce qui s'était fait à Rome qu'il ne signifia dans les termes la même chose aux Pères de Trente.

Ils répondirent aux écrits présentés par Amyot et justifièrent le concile, qu'ils assuraient être très-éloigné d'épouser les querelles d'aucun prince particulier et très-déterminé à poursuivre l'œuvre de Dieu malgré les contradictions.

Henri II avait menacé de rétablir la pragmatique sanction, et le concile répondit qu'on ne pouvait croire ce prince capable de renouveler une jurisprudence dont ses ancêtres s'étaient départis avec tant de raison. Tout le reste de cette réponse, extrêmement modérée, ne présentait encore que des exhortations et des prières pour engager le roi à laisser partir ses évêques. On faisait sentir que, si la présence des Français devait faire beaucoup de plaisir aux Pères de Trente, leur absence ne pouvait empêcher que le concile ne fût toujours l'assemblée de l'Église universelle, puisque la convocation était générale, que le Saint-Siège l'appuyait de toute son autorité et que le nombre des évêques y devenait plus grand de jour en jour.

Ces remontrances ne firent aucune impression sur l'esprit de Henri II ou plutôt de ceux qui le menaient…

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 12:06 pm

Politique peu française et peu franche
du roi Henri II envers le concile et le Pape.


(suite)
Ces remontrances ne firent aucune impression sur l'esprit de Henri II ou plutôt de ceux qui le menaient. Avant même la réponse du concile il avait publié un édit où, parmi ses griefs contre la cour romaine, il accusait le Pape d'avoir voulu empêcher, par ses hostilités, que l'Église gallicane, faisant une des plus notables parties de l'Église universelle , n'assistât au concile. Cet acte défendait aussi tout transport d'argent à Rome, et la défense subsista jusqu'à la réconciliation des deux cours. Du reste cette querelle, plus politique au fond qu'ecclésiastique, n'eut d'autre effet que d'empêcher les évêques de France d'assister à la seconde célébration du concile de Trente 1.

Les vrais motifs de cette politique peu française et peu franche étaient de trois sortes. Henri II, à l'exemple de son père, venait de faire alliance avec les Turcs contre les chrétiens et avec les hérétiques d'Allemagne contre les catholiques. Pour seconder les complots de ses alliés hérétiques contre leur souverain légitime, Charles-Quint, il suscita des guerres à celui-ci en Italie. En second lieu Henri II avait marié une de ses filles bâtardes à Horace Farnèse, frère d'Octave. Jules avait fait rendre à ce dernier le duché de Parme, par considération pour leur aïeul, Paul III. Octave eût encore voulu Plaisance ; Charles-Quint refusa d'y consentir. Octave s'en prit au Pape, et, avec son frère Horace, se mit avec le roi de France contre le Pape et l'empereur. Enfin, nous l'avons déjà vu, les prélats de la cour en France goûtaient fort peu les derniers décrets du concile de Trente, qui les obligeaient à résider dans leur diocèse et à n'en avoir qu'un. Tels étaient les vrais motifs de la guerre que le roi de France faisait au Pape et à l'empereur. Cela sent fort les Grecs du Bas-Empire.

Mais revenons à Trente. On y tint, dans le cours du mois de septembre, plusieurs congrégations dans lesquelles on examina la question de l'Eucharistie, qui devait être décidée dans la prochaine session. Le légat demanda que les décisions fussent si bien mesurées, et que tous les termes en fussent si bien choisis, qu'ils ne donnassent aucune atteinte aux différents sentiments de l'école entre lesquels les théologiens catholiques étaient partagés. Il était en effet de la prudence de ne point susciter de nouveaux troubles dans l'Église et de tenir toutes ses forces réunies contre l'erreur, attention qui fit tellement choisir, peser, compasser les termes, que les définitions parurent rédigées avec une sorte de scrupule, et en même temps avec tant de sagacité que partout l'hérésie est confondue, sans imprimer la moindre flétrissure à aucune des opinions adoptées par tant d'écoles orthodoxes qui se trouvaient partagées entre elles. Pendant que l'on discutait le dogme de l'Eucharistie et tout ce qui y a rapport, on examinait dans d'autres congrégations ce qui concernait la réformation, et l'on commença par la matière de la juridiction épiscopale.

Quand tout fut disposé pour la treizième session…

__________________________________________________

1 L'abbé Dassance, Essai historique sur le Concile de Trente, CXLIX et seqq.
 
A suivre : Treizième session. Décrets et canons dogmatiques sur le sacrement de l’Eucharistie.

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Message  Louis Jeu 19 Sep 2013, 6:24 am

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.
Quand tout fut disposé pour la treizième session, et que le légat eut encore pris, sur quelques points épineux, l'avis des Pères du concile, on se réunit au jour marqué, le 11 octobre 1551.

Cette auguste assemblée était composée, outre les trois présidents, du cardinal de Trente, de neuf archevêques , dont trois étaient princes électeurs de l'empire, de trente-quatre évêques, de trois abbés, d'un général d'ordre et de différents ambassadeurs, parmi lesquels se trouvaient ceux d'un prince protestant, l'électeur de Brandebourg. L'évêque de Majorque célébra la messe, et l'archevêque de Sassari, en Sardaigne, fit le sermon, dont le sujet était l'excellence de l'Eucharistie; ce fut lui aussi qui lut les décrets tout prêts à recevoir la sanction du concile. Ils contenaient en premier lieu les chapitres de doctrine, au nombre de huit, conçus en.ces termes :

« Le saint concile de Trente, œcuménique et général, assemblé légitimement dans le Saint-Esprit, le même légat et les mêmes nonces du Saint-Siège y présidant; encore qu'il ait été convoqué par une impulsion et une protection particulières du Saint-Esprit, pour exposer la doctrine ancienne et véritable touchant la foi et les sacrements, et pour remédier à toutes les hérésies et à tous les autres grands désordres qui agitent de nos jours misérablement l'Église de Dieu et la divisent en plusieurs et différents partis, il est vrai néanmoins que, dès le commencement, son grand désir a été d'arracher jusqu'à la racine cette ivraie d'erreurs exécrables et de schismes qu'en ce déplorable siècle l'ennemi a semée dans la doctrine de la foi, l'usage et le culte de la sainte Eucharistie, que Notre-Seigneur a cependant laissée exprès dans son Église comme le symbole et l'union de cette charité par laquelle il a voulu que tous les chrétiens fussent joints et unis ensemble. Le saint concile déclarant donc ici, touchant ce divin et auguste sacrement de l'Eucharistie, la doctrine saine et sincère que l'Église catholique, instruite par Jésus-Christ et ses apôtres, enseignée par le Saint-Esprit, qui de jour en jour lui suggère toute vérité, a toujours conservée et qu'elle conservera jusqu’à la fin des siècles, il interdit et défend à tous les fidèles de croire, d'enseigner et de prêcher, touchant la très-sainte Eucharistie, une autre doctrine que celle qui est définie et expliquée dans le présent décret.

CHAPITRE I. De la présence réelle de

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Message  Louis Jeu 19 Sep 2013, 12:16 pm

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
CHAPITRE I. De la présence réelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le très-Saint sacrement de l'Eucharistie.

« En premier lieu le saint concile enseigne et reconnaît ouvertement et simplement que, dans l'auguste sacrement de l'Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est contenu véritablement, réellement et substantiellement sous l'espèce de ces choses sensibles; car il ne répugne pas que notre Sauveur soit toujours assis à la droite du Père dans le ciel, selon la manière d'être naturelle, et que néanmoins il soit présent substantiellement en plusieurs autres lieux d'une manière sacramentelle; ce que notre esprit, éclairé par la foi, peut concevoir comme possible à Dieu, et ce que nous devons croire très-constamment, quoiqu'on puisse à peine l'exprimer par des paroles; car c'est ainsi que tous nos prédécesseurs, qui ont appartenu à la véritable Église de Jésus-Christ, toutes les fois qu'ils ont parlé de cet auguste sacrement, ont reconnu et professé ouvertement que notre Rédempteur institua ce sacrement si admirable dans le dernier repas, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et formels qu'il leur donnait son propre corps et son propre sang. Et comme ses paroles, rapportées par les saints évangélistes, et depuis répétées par saint Paul portent en elles-mêmes cette signification propre et très-manifeste, selon laquelle elles ont été entendues par les Pères, certes c'est un attentat horrible que des hommes opiniâtres et méchants osent les détourner, selon leur caprice et leur imagination, à un sens métaphorique, par lequel la vérité de la chair et du sang de Jésus-Christ est niée, contre le sentiment universel de l'Église, qui, étant comme la colonne et l'appui de la vérité, a détesté ces inventions d'esprits impies comme sataniques, conservant toujours la mémoire et la reconnaissance d'un bienfait qu'elle regarde comme le plus excellent qu'elle ait reçu de Jésus-Christ.

CHAP. II. De la manière de l'institution de ce très-saint sacrement.

« En effet notre Sauveur, étant près de quitter ce monde pour aller à son Père, institua ce sacrement, dans lequel il répandit, pour ainsi dire, toutes les richesses de son amour envers les hommes, perpétuant la mémoire de ses merveilles, et il nous commande d'honorer sa mémoire et d annoncer sa mort, en le recevant, jusqu'à ce qu'il vienne lui-même juger le monde. Il a voulu aussi que ce sacrement fût reçu comme la nourriture spirituelle des âmes, qui les entretînt et les fortifiât, en les faisant vivre de la propre vie de Celui qui a dit : Celui qui me mange vivra aussi pour moi , et comme un antidote par lequel nous fussions délivrés de nos fautes journalières et préservés des péchés mortels. Il a voulu, de plus, qu'il fût le gage de notre gloire future et de notre bonheur éternel, et enfin le symbole de l'unité de corps dont il est lui-même la tête, et auquel i la voulu que nous fussions unis et attachés par le lien de la foi, de l'espérance et de la charité, comme des membres étroitement serrés et joints ensemble, afin qu'ayant tous un même langage il n'y ait point de schisme parmi nous.

CHAP. III. De l'excellence de la très-sainte Eucharistie par-dessus les autres sacrements.

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Message  Louis Ven 20 Sep 2013, 6:50 am

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.


(suite)
CHAP. III. De l'excellence de la très-sainte Eucharistie par-dessus  les autres sacrements.

« La très-sainte Eucharistie a cela de commun avec les autres sacrements qu'elle est le symbole d'une chose sainte et le signe visible d'une grâce invisible; mais, ce qu'elle a de singulier et d'excellent, c'est que les autres sacrements n'ont ni la vertu ni la force de sanctifier que dans le moment de l'usage, au lieu que l'Eucharistie contient l'Auteur même de la sainteté avant l'usage. Car les apôtres n'avaient pas encore reçu l'Eucharistie de la main du Seigneur lorsque néanmoins il assurait lui-même, avec vérité, que ce qu'il leur présentait était son corps ; et on a toujours cru dans l'Église de Dieu, qu'après la consécration le véritable corps de Notre-Seigneur, et son véritable sang, avec son âme et sa divinité, sont sous l'espèce du pain et du vin, c'est-à-dire son corps sous l'espèce du pain et son sang sous l'espèce du vin, par la force des paroles mêmes; mais son corps aussi sous l'espèce du vin, et son sang sous l'espèce du pain, et son âme sous l'une et sous l'autre, en vertu de cette liaison naturelle et de cette concomitance par laquelle ces parties en Notre-Seigneur, qui est ressuscité d'entre les morts pour ne plus mourir, sont unies  entre elles; de même la divinité, à cause de son admirable union hypostatique avec le corps et l'âme de Notre-Seigneur. C'est pourquoi il est très-véritable que l'une des deux espèces contient autant que toutes les deux ensemble; car Jésus-Christ est tout entier sous l'espèce du pain et sous chaque partie de cette espèce, comme il est tout entier sous l'espèce du vin et sous chacune de ses parties.

CHAP. IV. De la transsubstantiation.

« Et parce que Jésus-Christ, notre Rédempteur, a dit, en parlant de ce qu'il pressentait sous l'espèce du pain, que c'était véritablement son corps, c'est pour cela qu'on a toujours tenu pour certain dans l'Église de Dieu, et le saint concile le déclare encore de nouveau, que, par la consécration du pain et du vin, il se fait un changement de toute la substance du pain en la substance du corps de Notre-Seigneur, et de toute la substance du vin en la substance de son sang, changement que la sainte Église catholique a appelé transsubstantiation, d'un nom propre et convenable à la chose.

CHAP. V. Du culte et de la vénération qu'on doit rendre à ce très-saint sacrement...

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Message  Louis Ven 20 Sep 2013, 5:57 pm

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
CHAP. V. Du culte et de la vénération qu'on doit rendre à ce très-saint sacrement.

« II n'y a donc aucun lieu de douter que tous les fidèles chrétiens, suivant la coutume reçue de tout temps dans l'Eglise catholique, ne soient obligés de rendre au très-saint Sacrement le culte de latrie qui est dû au vrai Dieu; car, pour avoir été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin qu'il fût reçu par les fidèles, nous ne devons pas moins l'adorer, puisque nous y croyons présent le même Dieu dont le Père a dit, en l'introduisant dans le monde : Et que tous les anges de Dieu l'adorent 1 ; le même que les mages, se prosternant, ont adoré; le même enfin que les apôtres, selon le témoignage de l'Écriture, ont adoré en Galilée.

« Le saint concile déclare, de plus, que c'est une très-sainte et très-pieuse coutume établie dans l'Église de destiner tous les ans un certain jour et une fête particulière pour honorer avec une vénération et une solennité singulières cet auguste et adorable sacrement, et pour le porter en procession avec respect et avec pompe par les rues et les places publiques ; car il est bien juste qu'il y ait certains jours de fête établis auxquels tous les chrétiens témoignent, par quelque démonstration solennelle de respect, leur gratitude et leur reconnaissance envers leur Maître et leur commun Rédempteur pour un bienfait si ineffable et tout divin, par lequel la victoire et le triomphe de sa mort sont représentés. Et d'ailleurs la vérité victorieuse devait triompher ainsi du mensonge et de l'hérésie, déconcerter et faire sécher de dépit ses ennemis à la vue de ce grand éclat et de cette joie universelle de l'Église, ou les ramener enfin de leur égarement par la confusion et la honte dont ils pourraient être touchés.

CHAP. VI. De la coutume de conserver le sacrement de l'Eucharistie et de le porter aux malades.

« La coutume de conserver dans un lieu sacré la sainte Eucharistie est si ancienne qu'elle était connue dès le siècle même du concile de Nicée 1. Et pour ce qui est de porter la sainte Eucharistie aux malades et de la conserver avec soin pour cet usage dans les églises, outre que c'est une chose parfaitement conforme à la raison et à l'équité, on le trouve prescrit par plusieurs conciles et observé très-anciennement dans l'Eglise catholique. C'est pourquoi le saint concile ordonne qu'il faut absolument retenir cette coutume si salutaire et si nécessaire.

CHAP. VII. De la préparation qu'il faut apporter pour recevoir dignement la sainte Eucharistie.

________________________________________

1 Ps, 96. — Hébr., 1.
1 Nicen., 1, cap. 13.

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Message  Louis Sam 21 Sep 2013, 6:47 am

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
CHAP. VII. De la préparation qu'il faut apporter pour recevoir dignement la sainte Eucharistie.

« S'il ne convient à personne d'entrer dans l'exercice d'aucune fonction sainte sans une sainte préparation, il est certain que, plus l'homme chrétien reconnaît la sainteté et la divinité du sacrement céleste de l'Eucharistie, plus il doit être attentif à n'en approcher et à ne le recevoir qu'avec un grand respect et une grande sainteté, principalement quand l'Apôtre nous fait entendre ces paroles pleines de terreur : Celui qui mange et qui boit indignement mange et boit sa propre condamnation ne faisant pas le discernement du corps du Seigneur. Ainsi celui qui voudra communier doit se rappeler ce précepte : Que l'homme s'éprouve lui-même. Or la coutume de l'Église nous apprend que cette épreuve nécessaire consiste en ce qu'une personne qui se reconnaît coupable d'un péché mortel, quelque contrition qu'elle semble en avoir, ne doit point s'approcher de la sainte Eucharistie sans avoir préalablement recouru à la confession sacramentelle. Ce que le saint concile ordonne devoir être perpétuellement observé par tous les chrétiens et même par les prêtres qui sont obligés de célébrer, pourvu qu'ils ne manquent pas de confesseur. Si la nécessité oblige un prêtre de célébrer sans s'être confessé auparavant, qu'il le fasse au plus tôt.

CHAP. VIII. De l'usage de cet admirable sacrement.

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Message  Louis Sam 21 Sep 2013, 11:56 am

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
CHAP. VIII. De l'usage de cet admirable sacrement.

« Quant à l'usage de ce très-saint sacrement, nos pères ont bien et sagement distingué trois manières de le recevoir ; car ils ont enseigné que les uns ne le reçoivent que sacramentellement, et ce sont les pécheurs; les autres seulement spirituellement, savoir ceux qui mangent par le désir ce pain céleste et en reçoivent l'utilité et le fruit en vertu de leur foi vive, qui opère par la charité; les troisièmes sacramentellement et spirituellement tout ensemble ; ce sont ceux qui s'éprouvent et se préparent de telle manière qu'ils s'approchent de cette table divine revêtus de la robe nuptiale.

Or, dans cette réception sacramentelle, la coutume a toujours été dans l'Église que les laïques reçussent la communion des prêtres et que les prêtres célébrants se communiassent eux-mêmes ; et cette coutume doit être gardée avec justice et raison, comme descendant de la tradition des apôtres.

Enfin le saint concile avertit avec une affection paternelle, exhorte, prie et conjure, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, tous ceux en général et en particulier qui portent le nom de chrétiens, qu'enfin ils s'accordent et se réunissent dans ce signe de l'unité, dans ce lien de la charité et dans ce symbole de la concorde, et que, se souvenant d'une si grande majesté et de l'amour si excessif de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a livré son âme bien-aimée pour le prix de notre salut et nous a donné sa chair à manger, ils croient les mystères sacrés de son corps et de son sang avec une telle constance et fermeté de foi, et les révèrent avec une telle piété, un tel respect et une dévotion telle qu'ils soient en état de recevoir souvent ce Pain qui est au-dessus de toute substance, et que véritablement il soit la vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit, afin qu'étant fortifiés par cette divine-nourriture ils passent du pèlerinage de cette misérable vie à la patrie céleste pour y manger sans aucun voile le même Pain des anges qu'ils mangent maintenant sous des voiles sacrés.

« Mais, comme il ne suffit pas d'exposer la vérité si l'on ne dévoile et si l'on ne réfute aussi les erreurs...
 
* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.

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Message  Louis Dim 22 Sep 2013, 6:17 am

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
« Mais, comme il ne suffit pas d'exposer la vérité si l'on ne dévoile et si l'on ne réfute aussi les erreurs, le saint concile a trouvé bon d'ajouter les canons suivants, afin que tous, après avoir reconnu la doctrine catholique, sachent aussi quelles sont les hérésies dont ils doivent se garder et qu'ils doivent éviter.

DU TRÈS-SAINT SACREMENT DE L'EUCHARISTIE.
« CANON I. Si quelqu'un nie que le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec son âme et sa divinité, et par conséquent Jésus-Christ tout entier, soit contenu véritablement, réellement et substantiellement dans le sacrement de la très-sainte Eucharistie, et s'il dit au contraire qu'il est seulement comme dans un signe, ou bien en figure ou en vertu, qu'il soit anathème !

« II. Si quelqu'un dit que la substance du pain et du vin reste au très-saint sacrement de l'Eucharistie ensemble avec le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qu'il nie ce changement admirable et singulier de toute la substance du pain au corps et de toute la substance du vin au sang du Seigneur, en sorte qu'il ne reste du pain et du vin que les espèces, changement que l'Église catholique appelle du nom très-propre de transsubstantiation, qu'il soit anathème !

« III. Si quelqu'un nie que, dans le vénérable sacrement de l'Eucharistie, Jésus-Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce, et sous chacune des parties de chaque espèce après la séparation, qu'il soit anathème !

« IV. Si quelqu'un dit qu'après la consécration le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ne sont pas dans l'admirable sacrement de l'Eucharistie, mais qu'ils y sont seulement dans l'usage, pendant qu'on les reçoit, et non auparavant ni après, et que le vrai corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou particules consacrées que l'on réserve, ou qui restent après la communion, qu'il soit anathème !

« V. Si quelqu'un dit ou que le principal fruit de la très-sainte Eucharistie est la rémission des péchés, ou qu'elle ne produit point d'autres effets, qu'il soit anathème !

« VI. Si quelqu'un dit que Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, ne doit pas être adoré au très-saint sacrement de l'Eucharistie du culte de latrie, même extérieur, et que par conséquent on ne doit pas l'honorer par une fête solennelle et particulière, ni le porter solennellement en procession, selon la louable coutume et l'usage universel de la sainte Eglise, ou qu'il ne faut pas l'exposer publiquement au peuple pour être adoré, et que ceux qui l'adorent sont idolâtres, qu'il soit anathème !

« VII. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis de conserver la sainte Eucharistie dans un lieu sacré, mais qu'aussitôt après la consécration il faut nécessairement la distribuer aux assistants, ou qu'il n'est pas permis de la porter avec honneur aux malades, qu'il soit anathème !

« VIII. Si quelqu'un dit que Jésus-Christ, présenté dans l'Eucharistie, n'est mangé que spirituellement…

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Message  Louis Dim 22 Sep 2013, 12:50 pm

Treizième session.
Décrets et canons dogmatiques
sur le sacrement de l’Eucharistie.

(suite)
 « VIII. Si quelqu'un dit que Jésus-Christ, présenté dans l'Eucharistie, n'est mangé que spirituellement, et qu'il ne l'est pas aussi sacramentellement que réellement, qu'il soit anathème !

« IX. Si quelqu'un nie que tous et chacun des fidèles chrétiens de l'un et de l'autre sexe, lorsqu'ils ont atteint l'âge de discrétion, soient obligés de communier tous les ans, au moins à Pâque, suivant le précepte de notre mère la sainte Eglise, qu'il soit anathème !

« X. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre de se communier lui-même, qu'il soit anathème !

« XI. Si quelqu'un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très-sainte Eucharistie, qu'il soit anathème! Et de peur qu'un si grand sacrement ne soit reçu d'une manière indigne, et par conséquent à mort et à condamnation, le saint concile ordonne et déclare que ceux qui se sentent la conscience chargée de quelque péché mortel, quelque contrition qu'ils pensent avoir, sont absolument obligés, s'ils peuvent avoir un confesseur, de recourir d'abord à la confession sacramentelle. Que si quelqu'un a la témérité d'enseigner, ou de prêcher, ou d'assurer opiniâtrement le contraire, soit même de le soutenir en dispute publique, qu'il soit dès là même excommunié ! »

Tels sont les chapitres et les canons dogmatiques du concile de Trente sur le sacrement de l'Eucharistie. Après quoi viennent huit chapitres de réformation, dont nous verrons plus loin la suite et l'ensemble.

Il avait été question aussi, dans les congrégations, de l'usage du calice pour la communion des laïques et du saint sacrifice de la messe ; mais le comte de Montfort, l'un des ambassadeurs impériaux, ayant représenté que, si l'on se pressait de prononcer sur des points si délicats pour les protestants, et surtout si l'usage du calice, auquel ils étaient le plus attachés, était une fois réglé d'une façon contraire à leur désir, il fallait perdre toute espérance de jamais les ramener, on fît un décret pour renvoyer la décision de cet article à la quinzième session, qui ne devait se tenir que le 25 janvier de l'année suivante, et à laquelle ils pourraient commodément se trouver. Cependant on indiqua la session quatorzième pour le 25 novembre de l'année courante, et l'on déclara qu'on y prononcerait sur les sacrements de Pénitence et d'Extrême-Onction.

On expédia ensuite un sauf-conduit…
A suivre : Sauf-conduit pour les protestants.

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Message  Louis Lun 23 Sep 2013, 6:00 am


Sauf-conduit pour les protestants.
On expédia ensuite un sauf-conduit en faveur des protestants qui voudraient assister au concile ; il renfermait tout ce qu'ils pouvaient raisonnablement demander. La condescendance fut portée si loin que les Pères crurent devoir protester d'avance que tout ce qu'ils allaient accorder ne pourrait tirer à conséquence pour l'avenir, ni préjudicier aux droits ou à l'honneur du concile, qui n'avait tendu qu'à rétablir la paix et la concorde dans l'Église par des voies insolites, quoique absolument permises.

Néanmoins les protestants se retirèrent tous mécontents de ce sauf-conduit, dans lequel ils prétendaient qu'on aurait dû insérer comme ils le demandaient, que leurs théologiens auraient voix délibérative et décisive, qu'on recommencerait à examiner les décrets précédemment faits, que la sainte Écriture serait juge de toutes les controverses touchant la religion, et enfin que le Pape se soumettrait au concile et délierait les évêques du serment qu'ils lui avaient prêté, afin de leur donner une entière liberté d'opiner. C'était demander en d'autres termes que le concile flétrît ses propres jugements et se dépouillât de sa plus divine prérogative, de l'infaillibilité ; que le souverain Pontife se dégradât de sa primauté; que l'on abandonnât les saints Pères, les anciens conciles, et que l'on brisât toute la chaîne de la tradition, en un mot que l'on se fît protestant.

La quatorzième session…
A suivre : Quatorzième session. Doctrine et canons sur les sacrements de Pénitence et d’Extrême-Onction.

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Message  Louis Lun 23 Sep 2013, 3:38 pm

Quatorzième session.
Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.

La quatorzième session, composée des mêmes personnes que les précédentes, à l'exception de Macaire d'Héraclée qui s'y trouva au nom du patriarche de Constantinople, se tint au jour marqué, le 25 novembre 1551. Tout le temps qui s'était écoulé jusqu'à ce jour avait été employé à examiner et à proposer les matières qui devaient en être l'objet. Il fut réglé dans la première congrégation que l'on traiterait de la Pénitence et de l'Extrême-Onction. On réduisit la doctrine de Luther sur ces deux sacrements à seize articles, douze sur le premier et quatre sur le second, et on les distribua à différents théologiens, à la tête desquels était l'évêque de Vérone. On fit la même chose pour les matières qui regardaient la discipline et la réformation. La session s'ouvrit avec les prières et les cérémonies ordinaires. Après le discours latin, que fit l'évêque de Saint-Marc, François Maurique, évêque d'Orensé, en Galice, qui avait célébré la messe, monta en chaire et lut les décrets suivants sur la foi :

Des très-saints sacrements de Pénitence et d''Extrême-Onction.


DOCTRINE DU SACREMENT DE PÉNITENCE.

« Le saint concile de Trente, œcuménique et général, assemblé légitimement dans le Saint-Esprit, le même légat et les mêmes nonces du Siège apostolique y présidant; quoiqu'on ait déjà beaucoup parlé du sacrement de Pénitence dans le décret touchant la justification, l'affinité des sujets ayant exigé comme nécessaire ce mélange, toutefois, dans le grand nombre et la diversité des erreurs qui paraissent en ce temps sur cette matière, il ne sera pas d'une médiocre utilité pour le public d'en donner une définition plus exacte et plus entière, dans laquelle, après avoir découvert et détruit toutes les erreurs par l'assistance du Saint-Esprit, la vérité catholique paraisse dans toute son évidence et dans toute sa clarté. Le saint concile la propose ici à tous les chrétiens pour être observée à jamais.

CHAPITRE I. De la nécessité et de l'institution du sacrement de Pénitence.

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