Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Sam 26 Oct 2013, 1:32 pm

Mort du cardinal Polus.
Ses vertus, ses talents, ses ouvrages.

La reine Marie était morte le 17 novembre 1558 ; son parent, le cardinal Polus, archevêque de Cantorbéry et légat apostolique en Angleterre, mourut le lendemain. Polus possédait éminemment les talents d'un homme d'État et les vertus, d'un grand évêque. « Sa haute naissance et ses qualités personnelles, dit le protestant Colliers, lui auraient ouvert le chemin de la fortune et la carrière de l'ambition si la délicatesse de sa conscience lui eût permis de se prêter aux changements qui eurent lieu sous Henri VIII et Édouard VI. Il eut des adversaires, mais point d'ennemis. »

Il était d'un accès facile et gracieux, d'une conversation agréable et instructive, d'un caractère aimable et ouvert, qui lui attirait la confiance de ceux même dont il se croyait obligé de combattre les opinions. Le cruel supplice de sa mère, qu'il aimait tendrement, et celui de son jeune frère, immolés au ressentiment de Henri VIII, l'affligèrent vivement; mais il ne laissa échapper aucun sentiment de vengeance contre le tyran qui les avait ordonnés. Il obtint la grâce ou du moins un adoucissement à la punition des émissaires que son persécuteur avait envoyés à Viterbe pour l'assassiner.

L'évêque protestant Burnet attribue le supplice de Cranmer à l'impatience de Polus pour occuper le siège de Cantorbéry ; mais Colliers, autre historien protestant, l'en justifie pleinement. Il prouve que le légat avait écrit deux lettres très-pressantes à cet hérésiarque, dans sa prison, pour l'engager à se rétracter de ses erreurs, et par conséquent à se soustraire au supplice ; que Cranmer avait déjà été déclaré coupable de haute trahison dans l'affaire de Jeanne Grey avant l'arrivée du cardinal en Angleterre, ce qui le rendait incapable de conserver son siège, lequel avait été conféré à Polus par une bulle du 11 décembre précédent. On sait d'ailleurs que les voies de rigueur répugnaient extrêmement à son caractère et qu'il opina toujours dans le conseil privé pour celles d'indulgence.

Du reste Burnet même lui rend la justice…

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Message  Louis Dim 27 Oct 2013, 6:45 am


Mort du cardinal Polus.
Ses vertus, ses talents, ses ouvrages.  

(suite)
Du reste Burnet même lui rend la justice qu'il fut illustre non-seulement par son savoir, mais encore par sa modestie, son humilité, son excellent caractère, et il convient que, si les autres évêques eussent agi selon ses maximes et gardé la même modération, la réconciliation de l'Angleterre avec le Saint-Siège aurait été consommée sans retour. Quoique très-modeste pour sa personne, Polus tenait un grand état de maison et se montrait avec magnificence dans les occasions où il était obligé de paraître avec tout l'éclat de sa dignité. Généreux, libéral, hospitalier, il avait établi le plus grand ordre dans son domestique. Il trouvait, par une sage économie, les moyens d'exercer son immense charité envers les pauvres. Les bénéfices et les grâces qui dépendaient de sa légation étaient donnés gratuitement, et il ne souffrait pas que les personnes attachées à son service reçussent aucun présent, sous quelque prétexte que ce fût.

Dans son diocèse de Cantorbéry Polus suspendit l'exécution des anciennes lois contre les hérétiques et procéda plutôt par douceur. Les évêques et les prêtres qui, quoique adhérant au schisme de Henri VIII, ne s'étaient point prêtés aux innovations religieuses d'Édouard VI, furent maintenus dans leurs bénéfices et dans leurs fonctions; les autres n'y furent réintégrés qu'après avoir subi des épreuves sur leur capacité et sur leur conduite. On répara les défauts des ordinations faites selon le nouveau rituel. On obligea les prêtres mariés à se séparer de leurs femmes et à s'abstenir des fonctions sacerdotales, sans toutefois les destituer de leurs places. Le cardinal était entièrement livré au rétablissement de la discipline ecclésiastique, soit dans les assemblées du clergé de sa métropole, soit dans un concile national qu'il tint à cet effet, et où il fit rédiger d'utiles règlements, tels que les circonstances pouvaient les comporter. Ce fut au milieu de ces travaux qu'il éprouva de violents accès de fièvre …

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Message  Louis Dim 27 Oct 2013, 12:02 pm


Mort du cardinal Polus.
Ses vertus, ses talents, ses ouvrages.  

(suite)

…Ce fut au milieu de ces travaux qu'il éprouva de violents accès de fièvre quarte qui le conduisirent au tombeau le 18 novembre 1558, le lendemain de la mort de la reine Marie. Il prévit les suites funestes de ce triste événement pour la religion, et il en exprima toute son affliction par les dernières paroles qu'il prononça en embrassant son crucifix : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! Sauveur du monde, sauvez votre Église ! » Son corps fut porté à Cantorbéry et enterré dans la chapelle de Saint-Thomas, qu'il avait fait bâtir, avec cette simple épitaphe : Depositum cardinalis Poli, dépôt du cardinal Polus.

Comme écrivain on s'aperçoit que Polus a voulu imiter le style de Cicéron ; mais à cet égard il est inférieur à Bembo et à Sadolet,  ses amis. Ses traités dogmatiques sont écrits avec méthode et netteté, les autres avec une certaine éloquence. On a de lui : 1° pour l'Unité de l'Église, à Henri VIII; Polus s'y élève fortement contre le schisme de ce roi ; 2° Défense de l'unité de l'Église, insérée dans le tome 18 de la Bibliotheca maxima pontificia; 3° Discours de la Paix, à Charles-Quint ; 4° du Concile, composé lors de sa légation au concile de Trente; 5° de l'Office et du pouvoir du souverain Pontife ; il soutient, dans ces deux derniers traités, que les conciles généraux reçoivent leur autorité du Pontife romain, doctrine que nous avons vue professée par les conciles œcuméniques d'Ephèse et de Chalcédoine; 6° Réformation de l'Angleterre; c'est un recueil des statuts qu'il fît pendant sa légation en ce royaume ; 7° Traité de la Justification; 8° du Baptême de l'empereur Constantin; 9° divers discours prononcés soit au parlement, soit devant l'empereur, ou adressés au Pape Jules III; 10° le Missel, le Bréviaire et le Rituel de Sarum ou Salisbury, revus et publiés par lui.

Le Pape Jules III…
 
 
A suivre : Mort de Jules III. Il ne répond pas à la haute idée qu’il avait fait concevoir étant cardinal.

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Message  Louis Lun 28 Oct 2013, 6:52 am

Mort de Jules III.
Il ne répond pas à la haute idée
qu’il avait fait concevoir étant cardinal.

Le Pape Jules III, auparavant cardinal del Monte, avec qui le cardinal Polus présida la première période du concile de Trente, était mort dès 1555. Ce fut lui, comme Pape, qui envoya Polus légat en Angleterre et contribua au retour de ce royaume à l'Église catholique. En 1553 il accorda des indulgences aux fidèles qui prieraient pour la conversion et la paix de l'Angleterre. Ce pays étant revenu à l'unité de l'Église, il publia, en 1554, un jubilé pour tout l'univers chrétien 1.

Cependant, sur le Saint-Siège, il ne justifia point les hautes espérances qu'il avait fait concevoir en présidant le concile de Trente; il négligea les grandes affaires de l'Église pour se livrer aux plaisirs de la table ou à des occupations frivoles, comme de cultiver une vigne. Ce qui lui fit le plus de tort fut la nomination de son premier cardinal. Pendant qu'il gouvernait Plaisance en qualité de légat, il avait remarqué beaucoup d'intelligence à un petit enfant trouvé ; il le prit en affection, le fit étudier, le fit même adopter par son frère, Baudouin del Monte. Devenu Pape, il nomma cardinal ce jeune homme, qui avait alors dix-huit ans, qui, dans la suite, le paya d'ingratitude et se déshonora par sa mauvaise conduite. Le Luthérien Sleidan et ses copistes ont supposé à cette affection indiscrète de Jules III un motif des plus infâmes, ce qui prouve, non pas précisément ce qu'il y avait dans le cœur du Pontife, mais dans l'imagination de ses détracteurs 1. Jules III mourut peu regretté, le 23 mars 1555, dans la soixante-quatrième année de son âge et dans la sixième de son pontificat. En 1553 le prince des Moscovites lui fit des ouvertures pour quitter le schisme. La même année il reçut les Assyriens à l'obéissance de l'Église romaine et confirma leur patriarche Simon Sulalla 2. En 1554 il établit un patriarche dans l'empire d'Ethiopie et en salua l'empereur par ses lettres 3.

Jules III eut pour successeur dans le Saint-Siège…

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1 Raynald, ann. 1553, n. 34; ann, 1554, n. 14.— 1 Pallavicin, 1. Il, c. 7, avec la note de l'édition Migne. — 2 Raynald, ann. 1553, n. 40-45. — 3 ld., ann. 1554, n. 26.
 
 
A suivre: Court pontificat de Marcel II.

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Message  Louis Lun 28 Oct 2013, 1:04 pm


Court pontificat de Marcel II.  

Jules III eut pour successeur dans le Saint-Siège son collègue dans la présidence du concile de Trente, le cardinal Marcel Cervin, élu à l'unanimité le 9 avril 1555. Le lendemain il fut consacré, et le 11, qui était le jeudi saint, il reçut la couronne pontificale. Il garda son nom de baptême et s'appela Marcel II. Tout le monde, et avec raison, se promettait en lui un Pape excellent sous tous les rapports. Effectivement Marcel II avait un grand désir de rétablir le concile, suspendu depuis 1552, et un zèle ardent pour la réformation; mais, tandis qu'il était tout occupé des mesures à prendre pour extirper les vices et les hérésies, apaiser les guerres et les divisions des princes, retrancher les abus, il fut saisi, le 30 avril, d'une apoplexie qui l'emporta la nuit suivante, n'ayant tenu le Saint-Siège que vingt et un jours.

Il eut pour successeur...
 
 
A suivre : Avènement de Paul IV. Ses vertus, ses défauts.

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Message  Louis Mar 29 Oct 2013, 6:29 am


Avènement de Paul IV.
Ses vertus, ses défauts.  
Il eut pour successeur le cardinal Jean-Pierre Caraffe, évêque de Théate, supérieur général des Théatins, fondés par saint Geatan de Thienne. Il fut élu Pape le 23 mai 1555, couronné le 26, et prit le nom de Paul IV. Il était âgé de près de quatre-vingt-neuf ans, tint le Saint-Siège quatre ans et trois mois moins cinq jours, et mourut le 18 août 1559,

C'était un homme vertueux et de mœurs austères ; il avait un grand zèle et de bonnes intentions, mais ces intentions n'avaient pas toute la simplicité de la colombe ; il ne parut pas, comme Melchisédech, sans père, sans mère, sans généalogie, uniquement Pontife du Très-Haut; il eut des cardinaux-neveux qui abusèrent de son affection et de sa confiance, lui firent faire de fausses démarches, et qu'il finit par chasser d'auprès de sa personne et même de la ville de Rome. Il n'avait pas non plus toute la prudence du serpent, mais quelque chose de la roideur du bélier.

Lorsque le Fils de Dieu fait homme envoya Pierre et ses onze collègues…

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1 Matth. 10,16.
 
 
A suivre :  Accord de la prudence et de la simplicité chrétiennes.

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Message  Louis Mar 29 Oct 2013, 11:52 am


Accord de la prudence et de la simplicité chrétiennes.  
Lorsque le Fils de Dieu fait homme envoya Pierre et ses onze collègues faire leur noviciat d'apôtre dans la Judée, pour les préparer à la conversion de tout l'univers, il leur dit entre autres : « Voici ! je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents et simples comme des colombes 1. » Dans ces paroles Jésus-Christ recommande à Pierre et aux autres apôtres, aux Papes et aux évêques, et même à tous les fidèles, deux choses qu'il semble difficile de concilier : la simplicité et la prudence.

Considérons bien ce qu'il en est.

Qu'est-ce que la simplicité qu'il veut que nous ayons ? Une chose est simple lorsqu'elle n'est pas double; par exemple, un vêtement est simple lorsqu'il n'est pas de plusieurs étoffes, de plusieurs couleurs, de plusieurs façons, mais d'une seule. Ainsi un cœur est simple lorsqu'il n'a pas plusieurs volontés, plusieurs vues, plusieurs intentions, mais une seule, qui est de plaire à Dieu et de procurer sa gloire. Un cœur parfaitement simple est avec Dieu comme un petit enfant est avec sa mère, humble, modeste, sans prétention, sans malice, avouant volontiers ses fautes, porté à toujours estimer les autres plus que soi, ne connaissant, ne regardant, pour ainsi dire, qu'une chose, Dieu, sa volonté, son bon plaisir.

Mais la simplicité n'empêche-t-elle pas la prudence ? Non pas. D'abord le même Jésus qui nous commande d'être simples comme des colombes nous recommande aussi d'être prudents comme des serpents. Soyons donc à la fois simples et prudents, parce que Dieu veut que nous soyons l'un et l'autre, et alors nous serons prudents par simplicité, parce que nous le serons pour plaire à Dieu.

Mais comment allier la simplicité avec la prudence? Le voici.

La simplicité est dans l'intention et regarde la fin qu'on se propose ; la prudence est dans l'exécution et s'occupe des moyens pour parvenir à la fin proposée. Par exemple, gouverner l'Église, le diocèse, la paroisse pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, c'est la fin que se propose un Pape, un évêque, un prêtre, et la simplicité consiste principalement à ce qu'il ne s'en propose pas d'autre. Mais, pour parvenir à cette fin, la pureté d'intention ne suffit pas ; il faut encore la prudence. Non-seulement il faut savoir les choses qui peuvent procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes, mais encore la manière, suivant les temps, les lieux, les personnes, les circonstances. Saint Paul peut nous servir de modèle; il agissait en tout avec la simplicité la plus parfaite, ne cherchant qu'à plaire à Dieu. Cependant, pour gagner à Dieu et les Juifs et les païens, il employait tous les pieux artifices que son industrieuse charité lui suggérait; il se montrait avec les Juifs comme Juif, avec les païens comme païen, faible avec les faibles ; en un mot il se faisait tout à tous, pour les gagner tous à Jésus-Christ.  

Non-seulement la simplicité recommandée par Notre-Seigneur et pratiquée par…


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(1) S. Matth. , 10, 16.


Dernière édition par Louis le Mar 29 Oct 2013, 3:49 pm, édité 3 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 30 Oct 2013, 7:04 am


Accord de la prudence et de la simplicité chrétiennes.  

(suite)
Non-seulement la simplicité recommandée par Notre-Seigneur et pratiquée par saint Paul n'empêche pas la véritable prudence, la prudence chrétienne, elle en est le premier fondement. Suivant la comparaison de Jésus-Christ, ce que notre œil est à notre corps, notre intention l'est à nos œuvres.

Si notre œil est bien net, tout notre corps sera éclairé; si notre intention est bien pure, toutes nos œuvres seront saintes et faites par là même avec la véritable prudence.

Si notre œil est trouble, notre corps sera comme dans l'ombre ; si notre intention n'est pas bien pure, nos œuvres perdront beaucoup de leur mérite.

Si notre œil s'obscurcit tout à fait, tout notre corps sera dans de profondes ténèbres ; si notre intention est mauvaise, toutes nos œuvres seront des péchés. Ainsi le méchant emploie beaucoup de prudence, de ruses, d'artifices pour arriver à  ses fins; mais, comme ses fins sont mauvaises, il ne réussit qu'à se perdre éternellement; sa prudence est de la folie. Des chrétiens du monde voudraient tout ensemble servir Dieu et les richesses au lieu de se servir des richesses pour servir Dieu; leur intention n'est pas simple, mais double. Que leur arrive-t-il ? Si tant est qu'ils se sauvent, ils perdront bien des œuvres devant Dieu. Faute de simplicité leur prudence est à moitié folie.

Or telle était la prudence du siècle ou la politique moderne, sans Dieu, sans foi ni loi, ne cherchant que ses propres intérêts aux dépens des autres, mettant le feu chez son voisin, bien loin de l'éteindre. La moins mauvaise, au lieu de chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, et d'obtenir le reste par surcroît, cherchait avant tout le royaume de la terre, puis le royaume céleste. Or c'est à travers ces pirateries de la politique humaine que le Pape devait conduire le vaisseau de l'Église, avec le trésor de la foi, de la morale et du bon sens. Quelle prudence surhumaine ne lui était donc pas nécessaire !

La première chose qu'eut à faire le nouveau Pape, Paul IV…
 
 
A suivre : Paul IV reçoit l’obédience de l’Angleterre.

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Message  Louis Mer 30 Oct 2013, 12:47 pm

Paul IV reçoit l’obédience de l’Angleterre.

La première chose qu'eut à faire le nouveau Pape, Paul IV, couronné le 26 mai 1555, fut de recevoir l'obédience de l'Angleterre, qui lui envoyait en ambassade un évêque et deux seigneurs, au nom du roi Philippe, de la reine Marie et de toute la nation anglaise. Le cardinal Polus, archevêque de Cantorbéry, avait prévu que le titre de roi et de reine d'Irlande, que venaient de prendre Philippe et Marie, à l'exemple de Henri et d'Édouard, pouvait élever quelque difficulté à Rome, et, par cette raison, il avait demandé que le Pape érigeât l'Irlande en royaume avant l'arrivée des ambassadeurs 1. Les Irlandais soutenaient effectivement que les rois d'Angleterre ne tenaient l'Irlande que de la donation du Pape Adrien IV et qu'ils l'avaient perdue par leur défection d'avec l'Église romaine.

Paul IV publia donc une bulle, le 7 juin, par laquelle, à la requête de Philippe et de Marie, il érigeait en royaume la seigneurie d'Irlande. Les ambassadeurs attendirent cet acte hors de la ville. Trois jours après on les introduisit publiquement ; ils reconnurent le Pontife romain comme chef de l'Église universelle, lui présentèrent une copie de l'acte législatif qui rétablissait son autorité, et le sollicitèrent de ratifier l'absolution prononcée par le légat et de confirmer les évêchés érigés durant le schisme. Paul IV reçut les ambassadeurs avec amitié et leur accorda leurs demandes 1.

Cependant le nouveau Pontife, autrefois cardinal Caraffe, n'avait pas une grande sympathie pour le cardinal Polus, légat apostolique en Angleterre. Après la mort de Paul III le cardinal Polus allait avoir toutes les voix du conclave ; le cardinal Caraffe y mit opposition en l'accusant d'être suspect sur la foi. Devenu Paul IV, il finit par revenir aux mêmes préventions, manda le cardinal Polus à Rome et voulut le remplacer dans sa légation d'Angleterre ; mais le roi Philippe et la reine Marie s'y opposèrent, et Polus mourut à Cantorbéry, comme nous l'avons vu.    

Dans ce temps la France commença de subir une série de…

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1 Poli Epist., 1. 5, epist, 5.— 1 Lingard, Marie, c. 2, à la fin.
 
 
A suivre : État critique de la France. Mort de Henri II. Trois partis : les huguenots sous les Bourbons, le Politiques sous les Montmorency, et les catholiques sous les princes de Lorraine.

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Message  Louis Jeu 31 Oct 2013, 6:38 am


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.
Dans ce temps la France commença de subir une série de crises et de châtiments terribles dont elle n'est pas encore complètement remise après trois siècles. Nous avons vu la France de Charlemagne et de saint Louis se montrer en tout sens la première des nations chrétiennes, marcher à la tête de la chrétienté pour la défendre contre les infidèles au dehors et contre les hérésies au dedans. Nous avons vu la France de Philippe de Bel, dégénérée d'elle-même, laissant envahir l'Europe chrétienne par les Turcs au dehors, la divisant au dedans par le schisme et par des guerres civiles ; nous avons vu cette France aveugle et coupable, trahie et vendue à l'étranger par ses propres princes, sur le point de devenir une province anglaise, ne devoir son salut qu'à une vierge de Lorraine.

Nous voyons la France de François Ier et de Henri II, dégénérant toujours davantage, bien loin de défendre l'Église de Dieu au dedans et au dehors, se liguer avec les infidèles, avec les Turcs contre les chrétiens, avec les hérétiques contre les catholiques; nous la voyons attisant le feu de la discorde religieuse et politique en Allemagne et en Angleterre, jusqu'à ce qu'il éclate chez elle et la couvre de sang et de ruines ; nous verrons des princes français, même des enfants dégénérés et apostats de saint Louis, traîtres à leur patrie et à leur nom, appeler l'étranger, l'étranger hérétique, l'appeler d'Angleterre et de Germanie, pour violenter la France, lui faire apostasier le Dieu de ses pères, le Dieu de saint Louis et de Charlemagne, et la forcer d'adorer un autre dieu, un dieu étranger, nouvellement venu d'Allemagne ou d'Angleterre. Car le dieu de Luther et de Calvin, cet être pire que le démon, qui nous punit, suivant eux, non-seulement du mal que nous n'avons pu éviter et que lui-même opère en nous, mais encore du bien que nous faisons de notre mieux, toutes nos bonnes œuvres étant pour lui des péchés, certainement ce dieu-là n'est pas le Dieu de saint Louis et de Charlemagne, le Dieu des saints et des martyrs, le Dieu des chrétiens. Et après trois siècles la France est encore à comprendre cela, tant son intelligence est déchue.

Le 24 avril 1558 le roi Henri II célèbre le mariage de François, son fils aîné, avec Marie Stuart, reine d'Ecosse et nièce des princes de Lorraine. En 1559 il marie sa fille aînée au roi d'Espagne, sa fille cadette au duc Charles de Lorraine, sa sœur au duc de Savoie, et meurt au milieu des fêtes nuptiales, à la fin d'un tournoi, par suite d'un éclat de lance qui lui entre dans l'œil, le 10 juillet 1559, âgé de quarante ans. François II, son fils, âgé de quinze ans et demi, lui succéda, pour mourir dix-sept mois après, le 5 décembre 1560. Il a pour successeur son frère Charles IX, âgé de dix ans, qui meurt en 1574, à l'âge de vingt-quatre ans, et laisse le trône à son frère, Henri III, en qui finit, l'an 1589, la branche régnante, pour faire place à une autre qui a régné jusqu'à nos jours.        
   
Marie Stuart ou de Lorraine..


Dernière édition par Louis le Jeu 31 Oct 2013, 4:16 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Jeu 31 Oct 2013, 2:42 pm


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.

(suite)

Marie Stuart ou de Lorraine, veuve à vingt ans de François II, dut retourner dans son royaume d'Écosse, où l'hérésie, fomentée par l'Angleterre, lui préparait une destinée cruelle. Portant le deuil de son jeune époux, elle s'embarqua à Calais le 15 août 1561 ; elle vit périr un vaisseau en sortant du port. Appuyée sur la poupe de sa galère et les yeux attachés au rivage, elle fondit en larmes quand la terre s'éloigna; elle demeura cinq heures entières dans cette attitude, répétant sans cesse : Adieu, France! Adieu, France ! Lorsque la nuit fut venue : Adieu donc, ma chère France, que je perds de vue, se disait- elle; je ne vous verrai jamais plus! Elle refusa de descendre dans la chambre de la galère; on étendit un tapis sur le château de poupe; elle s'y coucha sans prendre aucune nourriture. Elle commanda au timonier de l'éveiller au point du jour si l'on apercevait encore les côtes de France. En effet la terre restait visible au lever de l'aurore, et Marie Stuart la salua de ces derniers mots : Adieu la France ! Cela est fait; adieu la France! Je pense ne vous revoir jamais plus !

Sous les règnes assez courts des jeunes rois François II et Charles IX…

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Message  Louis Ven 01 Nov 2013, 6:40 am


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.  

(suite)

Sous les règnes assez courts des jeunes rois François II et Charles IX une grande influence dans le gouvernement échut à leur mère, Catherine de Médicis, nièce du Pape Clément VII. Sous François Ier, son beau-père, qui lui préférait sa concubine, la duchesse d'Étampes, et sous Henri II, son époux, qui lui préférait sa concubine, Diane de Poitiers, elle avait été négligée et sans crédit et supporta sa position avec patience.

Comme, sous le règne de ses trois fils, François II, Charles IX et Henri II, il y eut bien des troubles en France, bien des écrivains supposent qu'elle en fut la cause principale par sa mauvaise politique ; mais, tous les reproches que lui font ces écrivains fussent-ils vrais, le plus coupable ne serait pas elle, mais eux ; car la politique de Catherine n'eût été que la politique moderne, adoptée par ces mêmes écrivains et pratiquée par tous les gouvernements depuis Philippe le Bel jusqu'à nos jours, politique sans foi ni loi que son intérêt.

Comment peut-on, sans une criante injustice, blâmer dans une personne ce qu'on approuve dans les autres et en soi-même ? D'ailleurs ces mêmes écrivains qui représentent Catherine de Médicis comme la cause principale des troubles de la France ignorent ou dissimulent la ligue honteuse de François Ier et de Henri II avec les Turcs contre les chrétiens, avec les protestants contre les catholiques, pour diviser toute l'Europe, en particulier l'Allemagne et l'Angleterre ; conduite aussi imprudente qu'impie, car c'était donner aux seigneurs de France l'idée et l'exemple de n'avoir pas plus d'honneur ni de probité, et de trahir et déchirer de même leur patrie.

La France se divisa en trois partis…

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Message  Louis Ven 01 Nov 2013, 3:22 pm


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.  

(suite)
La France se divisa en trois partis, sous trois familles principales : les Bourbons, les Montmorency, les princes de Lorraine. Les Bourbons descendaient de Robert de France, comte de Clermont, cinquième fils de saint Louis. Le chef de la famille était Antoine de Bourbon, roi de Navarre et duc de Vendôme, époux de Jeanne d'Albret, reine de Navarre, dont il eut Henri IV. Il avait un frère cardinal, Charles de Bourbon, archevêque de Rouen et légat d'Avignon. Un autre frère était Louis de Bourbon, prince de Condé, Au commencement du seizième siècle les Bourbons parurent dégénérer de leur glorieux ancêtre, saint Louis, et comme chrétiens et comme Français.

Nous avons vu le connétable de Bourbon, traître à la France, conduire une armée de Luthériens contre Rome et périr dans l'assaut.

Antoine de Bourbon, roi de Navarre, était un prince doux, faible, voluptueux, irrésolu, qui flotta longtemps entre la foi de ses pères, la foi de saint Louis et de Charlemagne, l'antique religion des Francs, et la nouvelle religion d'Allemagne, fabriquée en Saxe par Luther, raffinée en Suisse par Zwingle et Calvin, et adoptée par sa femme, Jeanne d'Albret; cependant il finit par se déclarer catholique.

Son frère, le cardinal de Bourbon, paraît avoir été un prélat exemplaire, car on ne trouve aucun soupçon ni sur sa foi ni sur ses mœurs.

Il n'en fut pas de même du prince de Condé ; il se déclara ouvertement pour la religion germanico-helvétique, dont les sectateurs français prirent même le nom allemand et suisse de huguenots, eidguenos, qui veut dire confédérés, conjurés. C'était en effet une confédération, une conjuration de Français contre la France, pour lui faire renier la religion dans laquelle elle est née, la religion de Clovis, de Charlemagne, de saint Louis, de Godefroi de Bouillon, de Tancrède, de Duguesclin, de Bayard, la religion universelle que tout l'Orient appelle la religion des Francs, la religion d'Europe, et lui faire embrasser de force la religion d'un moine allemand. C'est pour dégrader ainsi la France que cette confédération antifrançaise y allumera la guerre civile et y appellera les baïonnettes étrangères d'Angleterre et d'Allemagne.

La famille des Montmorency…

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Message  Louis Sam 02 Nov 2013, 6:56 am


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.  

(suite)
La famille des Montmorency, premiers barons chrétiens, est une gloire de la France, et même de l'Église catholique, par sa fidélité héréditaire à Dieu, à son Église et à la France. Les Montmorency prennent les titres de premier Chrétien, premier baron de France. Suivant de vieilles traditions, certains écrivains leur donnent pour auteur Lisoie, un des plus puissants seigneurs de France, qui reçut le baptême avec Clovis ; d'autres, remontant encore plus haut, leur donnent pour ancêtre Lisbius ou Lisbiéus, qui exerça l'hospitalité envers saint Denys, fut converti par l'apôtre au Christianisme et partagea avec lui la palme du martyre. Quoi qu'il en soit de ces premiers commencements, toujours est-il que la maison des Montmorency est une des plus anciennes de l'Europe.

Cette antiquité ne serait pour elle qu'une gloire médiocre si, depuis les temps les plus reculés, elle n'avait été relevée par les alliances les plus brillantes, par l'exercice des charges les plus importantes de l'État, par de grands talents, des vertus éclatantes et des services éminents rendus aux rois et à la patrie.

C'est une véritable grandeur attachée pendant tant de siècles à cette famille, qui fit dire à Henri IV que, si la maison de Bourbon venait à périr en France, nulle n'était plus digne de la remplacer que celle de Montmorency. Elle a donné à la France six connétables, onze maréchaux, sans compter les autres dignitaires.

Anne de Montmorency, connétable de France sous François Ier, Henri II, Charles IX, naquit à Chantilly l'an 1493; la reine Anne de Bretagne, femme de Louis XII, fut sa marraine et lui donna son nom. De mœurs austères, d'une valeur indomptable, grand capitaine, grand diplomate, grand ministre, Anne de Montmorency était en même temps un fidèle chrétien. Il ne manquait jamais de dire ses prières à la tête de ses troupes, et, si le prévôt de l'armée venait dans ce moment lui rendre compte de quelque délit, il ne s'interrompait que pour lui prescrire des peines sévères, reprenant ensuite son Pater ou son Credo avec la plus grande tranquillité; ce qui faisait souvent répéter à ses soldats : Dieu nous garde des patenôtres de monsieur le connétable. Satisfait d'inspirer la crainte et le respect, il sembla toujours dédaigner de se faire des amis.

Dès sa première jeunesse il se glorifiait du surnom de Caton, qui lui avait été donné de bonne heure au sein de la brillante cour de François Ier ; sa présence y imposait plus que celle du roi lui-même, et le plus grand silence régnait devant lui. Une chose ne lui ferait pas honneur, supposé qu'il eût pu l'empêcher ; c'est l'alliance honteuse de la France avec les Turcs contre les chrétiens et avec les protestants contre les catholiques. Ce qui lui fit moins d'honneur encore, c'est la conduite de ses trois neveux, fils de sa sœur Louise et de Gaspard de Coligny-Châtillon, mort lieutenant général l'an 1522.

Anne de Montmorency prit soin de ces trois orphelins en bas âge; mais ils déshonorèrent tous les trois le sang de Montmorency ; tous les trois ils renièrent la foi de leurs pères, la foi de la France, pour l'hérésie importée de Suisse et d'Allemagne. L'un d'eux, Odet de Coligny, cardinal de Châtillon et évêque de Beauvais par le crédit de son oncle, non-seulement devint apostat de sa religion et de son ordre, mais prit publiquement une femme. Son apostasie avait été précédée et provoquée par celle de son frère, François de Coligny, plus connu sous le nom de Dandelot. Elle fut suivie de l'apostasie de leur frère aîné, Gaspard de Coligny, amiral de France. Tous les trois se liguèrent avec le prince de Condé, chef des huguenots, pour introduire en France la religion étrangère au moyen de la guerre civile et des armes étrangères.

Quant à ce qui est du connétable Anne de Montmorency, il devint le chef d'un autre parti, qu'on nomma les Politiques, nom qui par lui seul en indique assez le caractère.

Restait le troisième parti…

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Message  Louis Sam 02 Nov 2013, 12:32 pm


État critique de la France. Mort de Henri II.
Trois partis : les huguenots sous les Bourbons,
les Politiques sous les Montmorency,
et les catholiques sous les princes de Lorraine.  

(suite)

Restait le troisième parti, soutenu de la masse du clergé, des parlements et de la nation, celui des princes de Lorraine, distingués en deux branches, Lorraine et Guise. Le chef de la première était Charles III, duc de Lorraine, arrière-petit-fils de René II, qui défit Charles le Téméraire devant Nancy ; petit-fils d'Antoine de Lorraine, qui battit, en 1525, les rustauds ou paysans luthériens qui venaient ravager la Lorraine et la France; fils de François Ier de Lorraine, qui mourut après un an de règne. Charles III épousa, en 1559, Claude de France, fille de Henri II. II agrandit Nancy, établit l'université de Pont-à-Mousson, eut un règne long et heureux de soixante-trois ans (de 1545 à 1608), pendant lesquels, tandis que l'Allemagne, la France et l'Angleterre nageaient dans le sang des guerres civiles et religieuses, la Lorraine, augmentée du Barrois, jouissait de la paix et du bonheur. La postérité de Charles de Lorraine continue à régner sur les trônes d'Autriche, de Hongrie et de Bohême.

Le chef de la seconde branche était François de Lorraine, duc de Guise…
 
A suivre : François de Lorraine, duc de Guise, lieutenant général du royaume.

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Message  Louis Dim 03 Nov 2013, 5:54 am


François de Lorraine, duc de Guise, lieutenant général du royaume.

Le chef de la seconde branche était François de Lorraine, duc de Guise, fils aîné de Claude de Lorraine, qui fut le fils puîné de René II. François de Lorraine, né en 1519, montra dès sa plus tendre jeunesse tant d'ardeur pour la gloire, tant d'intrépidité, de prudence et de sang-froid dans les moments les plus périlleux, qu'on augura dès lors qu'il deviendrait un illustre guerrier. Le soin qu'il prenait de s'attacher par des bienfaits les hommes chez lesquels il remarquait des talents, sa libéralité envers les soldats, son affabilité avec les officiers, un port majestueux, un front toujours serein et plus ennobli que défiguré par la cicatrice d'un coup de lance qui lui avait percé la tête en 1545, au siège de Boulogne, où il combattit presque seul un bataillon anglais; tant d'avantages réunis ne pouvaient manquer de lui concilier l'amour et la vénération des gens de guerre; mais, comme il eut d'abord plus d'occasions de se distinguer dans le conseil qu'à l'armée, il avait atteint l'âge de trente-trois ans qu'il ne possédait encore d'autre grade militaire que le commandement d'une compagnie de gendarmerie.

Nommé en 1552 lieutenant général dans les Trois-Évêchés, il soutint, contre une armée de cent mille hommes, ce mémorable siège de Metz que Charles-Quint fut contraint de lever après deux mois d'attaque et la perte d'un tiers de ses troupes. Si la France, à cette époque, fut délivrée d'une invasion qui s'annonçait de la manière la plus terrible, elle le dut au héros lorrain. Il ajouta encore à l'éclat de la victoire par les soins qu'il prit des malades de l'ennemi laissés dans son camp, et par les ordres qu'il donna pour que les chariots chargés de ceux que l'armée impériale emmenait en Allemagne ne fussent point attaqués. Un officier espagnol lui ayant fait demander un esclave qui, pendant le siège, s'était sauvé dans la ville avec le cheval de son maître, Guise fit racheter le cheval et le renvoya sans perdre un instant. Quant à l'esclave : « Cet homme, dit-il, est devenu libre en mettant le pied sur les terres de France. Le rendre pour qu'il retrouve ses fers, ce serait violer les lois du royaume. »

Ce fut l'ombrage que le crédit de Guise faisait aux Montmorency qui lui valut, en 1557, le commandement de l'armée envoyée en Italie, à la sollicitation de Paul IV, pour entreprendre la conquête du royaume de Naples. On le vit traverser, avec une poignée d'hommes, cette contrée fameuse alors par nos désastres et qu'on appelait le tombeau des Français; on le vit aller défier, jusqu'au cœur du royaume, le duc d'Albe, le plus célèbre général qu'eût alors l'Espagne. N'ayant pu l'attirer au combat, trahi et arrêté dans toutes ses opérations par ces mêmes Caraffe qui avaient imploré son secours, il sut se garantir de leurs pièges, conserver son armée entière, enfin la ramener plus forte encore et plus nombreuse qu'il ne l'avait conduite au delà des monts.

C'était après la malheureuse journée de Saint-Quentin (1557)…

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Message  Louis Dim 03 Nov 2013, 12:25 pm


François de Lorraine, duc de Guise,
lieutenant général du royaume.

(suite)

C'était après la malheureuse journée de Saint-Quentin (1557), où le connétable de Montmorency avait été fait prisonnier, lorsque toute la France le rappelait à grands cris, regardant ce désastre comme une suite de ce qu'on l'avait éloigné des conseils du roi. À son approche l'armée ennemie, qui menaçait la capitale, se retira dans les Pays-Bas; l'incendie, près de dévorer les provinces méridionales par l'irruption du duc de Savoie, se dissipa en fumée. Guise fut déclaré lieutenant général des armées au dedans et au dehors du royaume. Les lettres qui lui accordaient ce titre, avec un pouvoir presque illimité, furent enregistrées sans la moindre restriction dans tous les parlements et publiées aux applaudissements de tous les ordres de citoyens. Il répondit bientôt à la confiance de son souverain et à l'enthousiasme des Français en s'emparant de Calais, seul point que les Anglais eussent gardé de leurs anciens triomphes et d'où ils bravaient encore la France. Toutes les richesses de cette ville, unique entrepôt du commerce entre l'Angleterre et le Pays-Bas, furent employées par le vainqueur en gratifications considérables aux officiers ou livrées au pillage des soldats : Guise ne se réserva rien pour lui. Cette conquête, suivie de celles de Guines et de Ham, toutes trois faites en moins d'un mois au cœur de l'hiver, quoique ces places fussent jugées imprenables, le rendit l'idole de la France et le héros de l'Europe. La prise de Thionville sur les Espagnols se fit avec la même rapidité, et les succès de ce grand capitaine ne furent suspendus que par la paix désastreuse de Cateau - Cambresis conclue contre son avis.

L'autorité du duc de Guise, balancée sous Henri II par la faveur des Montmorency, n'eut aucun contre-poids pendant le règne de François II, dont la femme, Marie Stuart, était sa nièce ; mais, loin de faire servir à sa fortune un pouvoir presque absolu, il augmenta beaucoup ses dettes. Ce pouvoir et cette faveur étaient tels que le connétable Anne de Montmorency lui donnait du monseigneur et se disait son très-humble et très-obéissant serviteur, tandis que Guise ne l'appelait que monsieur le connétable, et signait, en écrivant soit à lui, soit au parlement : Votre bien bon ami. On sait que la cour fut en proie aux intrigues et le royaume aux factions; mais le duc triompha de tous ses ennemis en déjouant la conjuration d'Amboise, tramée pour le perdre, ainsi que le cardinal, son frère, Charles de Lorraine, conjuration qui forçait Catherine de Médicis, effrayée, de venir avec son fils se jeter dans les bras du prince lorrain 1.

La conjuration d'Amboise…

___________________________________________________

1 Biographie univ. t. 19.
 
Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement. Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

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Message  Louis Lun 04 Nov 2013, 5:33 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.
La conjuration d'Amboise, avec les guerres civiles qui s'ensuivirent, était une restitution de l'Angleterre à la France. Sous le règne de Marie d'Angleterre nous avons vu le gouvernement français y exciter des conspirations et des révoltes. Marie, étant morte en 1558, fut remplacée par sa sœur Elisabeth, dont le protestant Cobbet parle en ces termes :

« Nous avons vu Elisabeth, fervente protestante pendant le règne d'Edouard ; quand sa sœur monta sur le trône elle avait édifié tout le monde par son zèle pour la religion catholique, et, quand Marie mourut, elle allait non-seulement à la messe, mais elle avait encore dans l'intérieur de ses appartements une chapelle ornée avec pompe et desservie par un prêtre catholique romain ; un confesseur était même officiellement attaché à sa personne. Cependant Marie avait toujours douté de la sincérité de ces démonstrations extérieures, et, à l'article de la mort, elle avait poussé la sollicitude jusqu'à implorer de sa part un libre et franc aveu de ses opinions religieuses.

L'hypocrite Elisabeth n'avait répondu à cette preuve si touchante d'attachement qu'en priant le Dieu tout-puissant de permettre que la terre s'entr'ouvrît et l'ensevelît aussitôt si elle n'était pas invariablement attachée de cœur et d'âme à la religion catholique, apostolique et romaine. Elle renouvela encore cette protestation au duc de Féria. ambassadeur d'Espagne, et ce seigneur fut tellement dupe de sa duplicité qu'il manda au roi Philippe, dans ses dépêches, qu'en montant sur le trône, la nouvelle reine n'apporterait aucun changement à l'état de la religion en Angleterre. Néanmoins, peu de temps après, elle faisait prendre, écarteler et éventrer ceux de ses malheureux sujets qui avaient le courage de ne pas renier la foi de leurs pères 2. »
Un de ses premiers soins fut de…

__________________________________________________

 2 Cobbet, lettre 9.

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Message  Louis Lun 04 Nov 2013, 12:04 pm


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.


(suite)
Un de ses premiers soins fut de notifier aux cours étrangères son avènement à la couronne par droit de naissance et du consentement de la nation. Elle fit secrètement connaître au roi de Danemark, au duc de Holstein et aux princes luthériens d'Allemagne, son attachement à la religion réformée et son désir de cimenter une union entre tous ceux qui la professaient 1. On n'a sans doute pas oublié que le mariage de la mère d'Elisabeth avait été juridiquement déclaré nul et non avenu par le parlement, par le roi et par le Pape ; la naissance de cette princesse se trouvait donc illégitime aux yeux de toutes les lois.

L'ambassadeur anglais à Rome reçut ordre d'annoncer à Paul IV qu'elle avait succédé à sa sœur par droit héréditaire, qu'elle était déterminée à ne faire aucune violence aux consciences de ses sujets, quelle que fût leur croyance religieuse.

Paul avait été prévenu par l'ambassadeur français, qui lui avait donné à entendre, que, s'il admettait l'avènement d'Elisabeth, il approuverait le prétendu mariage de Henri VIII avec Anne de Boulen, annulerait les décisions de Clément VII et de Paul III, repousserait sans examen les réclamations de la véritable et légitime héritière, Marie Stuart, reine d'Écosse, et offenserait le roi de France, qui était résolu à soutenir les droits de sa belle-fille de toute la puissance de son royaume. Paul IV répondit donc à l'ambassadeur anglais qu'il ne pouvait reconnaître le droit héréditaire d'une princesse qui n'était pas née en légitime mariage ; que la reine d'Écosse réclamait la couronne comme la plus proche parente légitime de Henri VIII ; mais que, si Elisabeth voulait soumettre la discussion à son arbitrage, il la traiterait avec toute l'indulgence que lui commanderait l'équité 2.

Par ses confidences aux princes luthériens on voit que la fille d'Anne de Boulen était décidée à une nouvelle apostasie ; elle ne la différa que pour y préparer la nation même. Dans cette vue ses ministres lui soumirent le projet suivant :

1° de défendre toute espèce de sermons, afin que les prédicateurs n'excitassent pas leurs auditeurs à la résistance;

2° d'intimider le clergé par des procès de prœmunire ou d'autres lois pénales;

3° d'avilir aux yeux du peuple tous ceux qui avaient eu de l'autorité sous le dernier règne par de rigoureuses informations sur leur conduite, et en les dévouant, autant que possible, à la censure des lois;

4° de destituer les magistrats actuels et d'en nommer d'autres moins riches et plus jeunes, mais plus attachés aux doctrines protestantes ;

5° de former un comité secret pour réviser et corriger la liturgie publiée par Edouard VI 1.
En attendant, apostate dans le coeur, Élisabeth continua d'assister et quelquefois de communier à la messe…


___________________________________________________________________________

1 Cambden, 1, 28. — 2 Lingard. Pallavicin. — 1 Strype, Annal., mém. 4.  

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Message  Louis Mar 05 Nov 2013, 5:20 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)

En attendant, apostate dans le coeur, Élisabeth continua d'assister et quelquefois de communier à la messe ; elle inhuma sa sœur avec toute la solennité du rite catholique. Elle ordonna un service solennel et une messe de Requiem pour l'âme de l'empereur Charles-Quint. Mais, si toutes ces choses contribuaient à diminuer les appréhensions des catholiques, beaucoup d'autres flattaient l'espoir des sectaires ; les prisonniers pour causes de religion furent mis en liberté, sous promesse de se représenter dès qu'ils seraient appelés ; les théologues protestants revinrent de l'exil et reparurent publiquement à la cour, et Ogilthorpe, évêque de Carlisle, se préparant à célébrer la messe dans la chapelle de la reine, reçut l'ordre, auquel il refusa d'obéir, de ne point élever l'hostie en présence de la reine 2.

Le secret de l'apostasie transpira par degrés. Les évêques virent avec surprise que White, évêque de Winchester, avait été emprisonné pour son sermon aux obsèques de Marie, et que Bonner, évêque de Londres, était cité pour rendre compte de diverses amendes payées par ordonnance de son tribunal durant le dernier règne. L'archevêque de Cantorbéry, Heath, reçut l'avis ou peut-être crut-il prudent de résigner les sceaux, qui furent donnés à Nicolas Bacon, jurisconsulte enrichi, comme beaucoup d'autres, de la dépouille des monastères.

Mais ce qui leva tous les doutes, ce fut une proclamation qui défendait au clergé de prêcher, et qui ordonnait d'observer le culte établi « jusqu'à ce qu'une consultation eût lieu, dans le parlement, entre la reine et les trois états 3 . »

Alarmés de cette clause, les évêques se rassemblèrent à Londres et se consultèrent pour savoir s'ils pouvaient en conscience officier au couronnement d'une princesse qui, selon toute probabilité, s'opposerait à quelque portion du culte, comme impie et superstitieuse, et qui, si elle ne refusait pas de prêter cette partie du serment qui obligeait une souveraine à maintenir les libertés de l'Eglise catholique, avait certainement l'intention de la violer. La question fut posée elle fut unanimement résolue par la négative.

Cette détermination imprévue des prélats causa un embarras extrême…

______________________________________________________

2 Cambden, 32, 33. — 3 Wilkins, Concil., Brit. , t. 4, p. 180.

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Message  Louis Mar 05 Nov 2013, 10:13 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
Cette détermination imprévue des prélats causa un embarras extrême. On attachait beaucoup d'importance à ce couronnement ; on croyait nécessaire que la cérémonie fût accomplie avant que la reine présidât son parlement, et on craignait que le peuple ne la considérât point comme valide à moins qu'elle ne fût faite par un prélat catholique. On chercha des expédients pour écarter ou surmonter cette difficulté ; enfin l'évêque de Carlisle se sépara de ses collègues. Mais, si l'on obtint de lui qu'il couronnât la reine, elle fut de son côté obligée de prêter le serment accoutumé et de se conformer à tous les rites du Pontifical romain. La cour et les citoyens n'épargnèrent aucune dépense ; mais l'absence des évêques jeta des nuages sur l'assemblée. Leur exemple fut suivi par le duc de Féria, l'ambassadeur espagnol, qui fut invité, mais refusa de paraître 1.

Le parlement qui suivit laissa subsister dans le livre des Statuts l'acte qui déclarait nul dès l'origine le mariage de Henri VIII et d'Anne de Boulen, et celui qui condamnait Anne pour cause d'inceste, d'adultère et de trahison; ce qui confirmait sur le front d'Élisabeth la flétrissure de bâtardise. Mais ce qui occupa le parlement davantage, ce fut la consommation de l'apostasie. Dans cette vue on révoqua la statuts votés sous le dernier règne pour rétablir l'ancienne croyance, la croyance des grands et saints rois Éthelbert, Edwin, Oswald, Oswin, Sebbi, Richard, Éthelbert, Edmond, Alfred, Edouard le Martyr, Edouard le Confesseur, la croyance des grands et saints pontifes anglais, Augustin, Laurent, Mellit, Juste, Honorius, Théodore, Bridwald, Odon, Dunstan, Elphége, Lanfranc, Anselme, Thomas, Edmond, primats de Cantorbéry, les saints Paulin, Wilfrid, Oswald, Guillaume, archevêques d'York, les saints Mellit, Cedde, Erkonwald, évêques de Londres ; la croyance de tant d'autres saints évêques, prêtres, religieux, laïques, qui avaient fait surnommer l'Angleterre l'île des Saints. La reine Marie et son parlement avaient rétabli cette ancienne croyance de leurs glorieux ancêtres…

____________________________________

1 Cambden, 33. Lingard.

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Message  Louis Mer 06 Nov 2013, 5:57 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
...La reine Marie et son parlement avaient rétabli cette ancienne croyance de leurs glorieux ancêtres, comme ne faisant avec eux qu'une même famille, une même nation, une même Église catholique; Élisabeth et son parlement rétablirent la scission, la rupture de l'Angleterre d'avec elle-même, comme des enfants qui renieraient leurs père et mère; on fit revivre la plupart des actes schismatiques de Henri VIII qui dérogeaient à l'autorité du successeur de saint Pierre, et rompaient ainsi, non-seulement avec l'Église, mais avec tout le reste de l'humanité chrétienne, mais avec les mille ans de l'Angleterre catholique. On fit revivre aussi les actes d'Edouard VI en faveur du nouveau culte, importé de Suisse et d'Allemagne.

Le parlement arrêta que le livre de Commune Prière, avec certaines additions et corrections, serait seul employé par les ministres du culte dans toutes les églises, sous peine de confiscation, de déposition et de mort;

qu'on abolirait entièrement l'autorité spirituelle de tous les prélats étrangers dans le royaume;

que la juridiction nécessaire pour la répression des erreurs, hérésies, schismes et abus, appartiendrait à la couronne, ainsi que le pouvoir de déléguer cette juridiction à quelque personne que ce fût, au gré de la souveraine;

que la pénalité de ceux qui maintiendraient l’autorité du Pontife romain s'élèverait, selon la récidive, de la confiscation des propriétés domaniales et mobilières à l'emprisonnement perpétuel, et de l'emprisonnement perpétuel à la mort, telle qu'on l'infligeait dans les cas de haute trahison ;

que tout ecclésiastique recevant les Ordres ou possédant un bénéfice, tout magistrat et officier inférieur tenant des gages ou appointements de la couronne, tout laïque sollicitant la mise en possession de ses terres, ou avant de faire hommage à la reine, devraient, sous peine de destitution ou d'incapacité de prêter serment, la reconnaître comme suprême ;

directrice de toutes les choses ou causes ecclésiastiques et spirituelles, comme du temporel, et renoncer à toute juridiction étrangère, ecclésiastique ou spirituelle, ou toute autorité sur le royaume.

Nous avons vu dans cette Histoire que, quand Jéroboam, fils de Nabat, voulut faire prévariquer le royaume d'Israël, lui faire abandonner le culte du vrai Dieu et le sacerdoce divinement institué d'Aaron, il érigea deux nouveaux dieux, les veaux d'or, et s'en fit lui-même le grand-prêtre. Ici nous voyons une femme ériger un nouveau culte et s'en constituer elle-même la papesse.

Le clergé anglais opposa à ces ordonnances séculières une opposition qui l'honore….

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Message  Louis Mer 06 Nov 2013, 11:36 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)

Le clergé anglais opposa à ces ordonnances séculières une opposition qui l'honore, et qui donna lieu d'espérer que Dieu se ressouviendrait un jour de ses anciennes miséricordes pour l'Angleterre. Il présenta à la chambre des Lords une déclaration de sa croyance à la présence réelle, à la transsubstantiation, au sacrifice de la messe, à la primauté du Pape ; il protesta en même temps que ce n'était pas à une assemblée de laïques, mais aux pasteurs légitimes de l'Église, à prononcer sur la doctrine, les sacrements et la discipline 1. Les deux universités de Cambrigde et d'Oxford signèrent la profession de foi du clergé, et les évêques, d'un concours unanime, saisirent toutes les occasions de parler et de voter contre cette mesure. On a les discours de l'archevêque d'York, de l'évêque de Chester et de Feckenham, abbé de Westminster 2.

Pour rompre ou paralyser cette opposition les ministres de l'apostasie s'avisèrent d'un expédient que nous avons déjà vu prendre à Julien l'Apostat, aux empereurs sophistes de Byzance et même aux Vandales d'Afrique. Ordre de la reine à cinq évêques et trois docteurs catholiques de disputer publiquement contre huit théologues protestants venus de Suisse ou d'ailleurs sur tels et tels articles de controverse, sous la présidence du garde des sceaux, qui en jugerait comme vicaire général de la nouvelle papesse. Ordre aux catholiques de commencer chaque jour, et aux prétendus réformés de répondre. Les évêques s'opposèrent à un arrangement qui donnait un avantage si palpable à leurs adversaires, et, sur le refus du garde des sceaux d'écouter leurs remontrances, déclarèrent la conférence rompue. Les ministres de l'apostasie envoyèrent aussitôt en prison les évêques de Winchester et de Lincoln, et forcèrent les six autres à comparaître tous les jours, jusqu'à ce que le garde des sceaux eût prononcé le jugement, qui fut de les condamner à une forte amende. Les ministres de l'apostasie avaient un autre but encore : c'était d'empêcher ces évêques d'assister et de voter à la chambre des Pairs, où le livre d'apostasie, le nouveau livre de Prière commune, ne fut adopté qu'à une majorité de trois voix 1.

Peu après la dissolution du parlement la papesse Elisabeth, parjure à son serment…

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1 Wilkins, Conc., t. 4, p. 179.— 2 Strype, 1, mém, 7 et suiv.— 1 Lingard. Élisabeth

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Message  Louis Jeu 07 Nov 2013, 6:00 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
Peu après la dissolution du parlement la papesse Elisabeth, parjure à son serment de maintenir les libertés de l'Église catholique, fit venir les évêques, les requis de se conformer aux nouveaux statuts, et, sur leur refus, les chassa de sa présence avec des expressions de mépris et de colère. L'apostasie espérait toujours que leur fermeté céderait devant les rigueurs nouvellement décrétées ; elle se trompa. On demanda successivement à chacun d'eux le serment de suprématie ou d'apostasie, mais tous sacrifièrent leurs dignités et leur liberté pour rester fidèles à Dieu et à son Église, fidèles aux exemples des saints de la vieille Angleterre. Dans tout leur nombre il n'y eut qu'un seul renégat, l'évêque de Landaff. Chose remarquable ! à la première tentation, sous Henri VIII, il n'y eut qu'un seul évêque qui tint ferme, l'évêque de Rochester ; à la troisième tentation, sous Élisabeth, il n'y a qu'un seul évêque qui succomba. Espérons pour l'Angleterre: tôt ou tard elle reviendra.

Ces évêques fidèles non-seulement furent chassés de leurs sièges, mais se virent en butte à la persécution tant qu'ils vécurent. Tous furent mis en surveillance; durant l'hiver 1559 les ministres de l'apostasie prononcèrent une sentence prétendue d'excommunication contre Heath, archevêque légitime et fidèle de Cantorbéry, et contre Thirlby, évêque légitime et fidèle d'Ély; durant l'été, contre Bonner, évêque légitime et fidèle de Londres.

A cette époque Tunstal de Durham, Morgan de Saint-David, Ogilthorp de Carlisle, White de Winchester et Baines de Coventry moururent victimes de la maladie qui régnait, pareils aux confesseurs que les Vandales ariens exilaient dans les déserts de la Mauritanie. Scot de Chester, Goldwell de Saint-Asaph et Pate de Worcester parvinrent à se retirer sur le continent.

Des sept autres qui restaient, Heath, archevêque de Cantorbéry, après deux ou trois emprisonnements à la Tour de Londres, reçut seul la permission de vivre dans une de ses propriétés. Bonner, évêque de Londres, mourut en prison après y avoir langui dix ans ; Waston de Lincoln y mourut de même après une détention de trente-trois ans. Thirlby, évêque d'Ély, fut placé sous la surveillance de l'archevêque intrus et schismatique Parker ; Bourne de Bath et Wells sous celle de Carew, doyen schismatique d'Exeter ; Tuberville, évêque d'Exeter, et Paul de Péterborough eurent la permission de résider dans des maisons à eux, mais à condition qu'ils n'en sortiraient pas sans autorisation spéciale. Feckenham, abbé de Westminster, passa de la Tour sous la surveillance de l'évêque intrus et schismatique de Londres, ensuite sous celle de l'évêque intrus et schismatique de Winchester, et fut enfin renfermé dans une forteresse 1.

La plus grande partie du haut clergé et les principaux membres des universités de Cambridge et d'Oxford suivirent le bel exemple de ces généreux évêques…

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1 Lingard, t. 7, p. 558, note H.
 
 
A suivre : Nouveau clergé intrus et schismatique.

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Message  Louis Jeu 07 Nov 2013, 12:02 pm

Nouveau clergé intrus et schismatique.

La plus grande partie du haut clergé et les principaux membres des universités de Cambridge et d'Oxford suivirent le bel exemple de ces généreux évêques ; mais dans la classe inférieure il s'en trouva plusieurs qui prêtèrent le serment de schisme à la papesse Élisabeth, les uns par attachement aux doctrines hérétiques, d'autres par crainte de la pauvreté, d'autres encore dans l'espérance de voir, dans peu, une nouvelle révolution religieuse. Leur nombre cependant ne fut guère considérable ; car la multitude des places demeurées vides par suite de la persécution exercée contre les pasteurs fidèles obligea l'apostasie de créer un nouvel ordre de ministres, composé d'artisans, de tailleurs, de maçons, qui obtinrent la permission de lire la liturgie dans l'Église, mais auxquels il était défendu d'administrer les sacrements. Nouveau trait de ressemblance avec Jéroboam, fils de Nabat, qui, ne pouvant séduire les enfants de Lévi, transforma en prêtres les derniers du peuple, et aussi avec Jézabel, qui avait ses prêtres, autres que ceux du vrai Dieu.

Mais à ce clergé intrus et schismatique il fallait un primat de même espèce, un archevêque de Cantorbéry succédant non point à saint Augustin, à saint Dunstan, à saint Anselme, à saint Thomas, mais au parjure et apostat Cranmer, pour consommer l'apostasie de l'Angleterre. Ce fut Matthieu Parker, chapelain d'Anne de Boulen et de Henri VIII, puis doyen de Lincoln sous Edouard VI. Il avait écrit en faveur du mariage des prêtres, étant lui-même prêtre marié. Mais il s'écoula plusieurs mois avant que cet intrus et ses collègues pussent entrer en fonctions, et plusieurs autres avant qu'ils obtinssent la possession de leur temporel. Le premier obstacle vint du refus des évêques catholiques de sacrer cet usurpateur, qui fut obligé de s'en tenir à Barlow et à Scory, deux évêques protestants du règne d'Edouard VI. Comme ils le sacrèrent d'après le rituel de ce prince, c'est une grande question de savoir s'ils reçurent effectivement, lui et ses collègues, le caractère épiscopal. Le second obstacle à leur installation vint de la rapacité des ministres de la nouvelle papesse, qui employèrent cet intervalle pour s'enrichir aux dépens des églises, eux et leurs créatures 1.

Quant au gouvernement pontifical de la reine-papesse…

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1 Lingard.
 
 
A suivre : Gouvernement papal de la reine papesse, d’après le protestant Cobbet.

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