Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Dim 03 Nov 2013, 5:54 am


François de Lorraine, duc de Guise, lieutenant général du royaume.

Le chef de la seconde branche était François de Lorraine, duc de Guise, fils aîné de Claude de Lorraine, qui fut le fils puîné de René II. François de Lorraine, né en 1519, montra dès sa plus tendre jeunesse tant d'ardeur pour la gloire, tant d'intrépidité, de prudence et de sang-froid dans les moments les plus périlleux, qu'on augura dès lors qu'il deviendrait un illustre guerrier. Le soin qu'il prenait de s'attacher par des bienfaits les hommes chez lesquels il remarquait des talents, sa libéralité envers les soldats, son affabilité avec les officiers, un port majestueux, un front toujours serein et plus ennobli que défiguré par la cicatrice d'un coup de lance qui lui avait percé la tête en 1545, au siège de Boulogne, où il combattit presque seul un bataillon anglais; tant d'avantages réunis ne pouvaient manquer de lui concilier l'amour et la vénération des gens de guerre; mais, comme il eut d'abord plus d'occasions de se distinguer dans le conseil qu'à l'armée, il avait atteint l'âge de trente-trois ans qu'il ne possédait encore d'autre grade militaire que le commandement d'une compagnie de gendarmerie.

Nommé en 1552 lieutenant général dans les Trois-Évêchés, il soutint, contre une armée de cent mille hommes, ce mémorable siège de Metz que Charles-Quint fut contraint de lever après deux mois d'attaque et la perte d'un tiers de ses troupes. Si la France, à cette époque, fut délivrée d'une invasion qui s'annonçait de la manière la plus terrible, elle le dut au héros lorrain. Il ajouta encore à l'éclat de la victoire par les soins qu'il prit des malades de l'ennemi laissés dans son camp, et par les ordres qu'il donna pour que les chariots chargés de ceux que l'armée impériale emmenait en Allemagne ne fussent point attaqués. Un officier espagnol lui ayant fait demander un esclave qui, pendant le siège, s'était sauvé dans la ville avec le cheval de son maître, Guise fit racheter le cheval et le renvoya sans perdre un instant. Quant à l'esclave : « Cet homme, dit-il, est devenu libre en mettant le pied sur les terres de France. Le rendre pour qu'il retrouve ses fers, ce serait violer les lois du royaume. »

Ce fut l'ombrage que le crédit de Guise faisait aux Montmorency qui lui valut, en 1557, le commandement de l'armée envoyée en Italie, à la sollicitation de Paul IV, pour entreprendre la conquête du royaume de Naples. On le vit traverser, avec une poignée d'hommes, cette contrée fameuse alors par nos désastres et qu'on appelait le tombeau des Français; on le vit aller défier, jusqu'au cœur du royaume, le duc d'Albe, le plus célèbre général qu'eût alors l'Espagne. N'ayant pu l'attirer au combat, trahi et arrêté dans toutes ses opérations par ces mêmes Caraffe qui avaient imploré son secours, il sut se garantir de leurs pièges, conserver son armée entière, enfin la ramener plus forte encore et plus nombreuse qu'il ne l'avait conduite au delà des monts.

C'était après la malheureuse journée de Saint-Quentin (1557)…

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Message  Louis Dim 03 Nov 2013, 12:25 pm


François de Lorraine, duc de Guise,
lieutenant général du royaume.

(suite)

C'était après la malheureuse journée de Saint-Quentin (1557), où le connétable de Montmorency avait été fait prisonnier, lorsque toute la France le rappelait à grands cris, regardant ce désastre comme une suite de ce qu'on l'avait éloigné des conseils du roi. À son approche l'armée ennemie, qui menaçait la capitale, se retira dans les Pays-Bas; l'incendie, près de dévorer les provinces méridionales par l'irruption du duc de Savoie, se dissipa en fumée. Guise fut déclaré lieutenant général des armées au dedans et au dehors du royaume. Les lettres qui lui accordaient ce titre, avec un pouvoir presque illimité, furent enregistrées sans la moindre restriction dans tous les parlements et publiées aux applaudissements de tous les ordres de citoyens. Il répondit bientôt à la confiance de son souverain et à l'enthousiasme des Français en s'emparant de Calais, seul point que les Anglais eussent gardé de leurs anciens triomphes et d'où ils bravaient encore la France. Toutes les richesses de cette ville, unique entrepôt du commerce entre l'Angleterre et le Pays-Bas, furent employées par le vainqueur en gratifications considérables aux officiers ou livrées au pillage des soldats : Guise ne se réserva rien pour lui. Cette conquête, suivie de celles de Guines et de Ham, toutes trois faites en moins d'un mois au cœur de l'hiver, quoique ces places fussent jugées imprenables, le rendit l'idole de la France et le héros de l'Europe. La prise de Thionville sur les Espagnols se fit avec la même rapidité, et les succès de ce grand capitaine ne furent suspendus que par la paix désastreuse de Cateau - Cambresis conclue contre son avis.

L'autorité du duc de Guise, balancée sous Henri II par la faveur des Montmorency, n'eut aucun contre-poids pendant le règne de François II, dont la femme, Marie Stuart, était sa nièce ; mais, loin de faire servir à sa fortune un pouvoir presque absolu, il augmenta beaucoup ses dettes. Ce pouvoir et cette faveur étaient tels que le connétable Anne de Montmorency lui donnait du monseigneur et se disait son très-humble et très-obéissant serviteur, tandis que Guise ne l'appelait que monsieur le connétable, et signait, en écrivant soit à lui, soit au parlement : Votre bien bon ami. On sait que la cour fut en proie aux intrigues et le royaume aux factions; mais le duc triompha de tous ses ennemis en déjouant la conjuration d'Amboise, tramée pour le perdre, ainsi que le cardinal, son frère, Charles de Lorraine, conjuration qui forçait Catherine de Médicis, effrayée, de venir avec son fils se jeter dans les bras du prince lorrain 1.

La conjuration d'Amboise…

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1 Biographie univ. t. 19.
 
Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement. Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

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Message  Louis Lun 04 Nov 2013, 5:33 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.
La conjuration d'Amboise, avec les guerres civiles qui s'ensuivirent, était une restitution de l'Angleterre à la France. Sous le règne de Marie d'Angleterre nous avons vu le gouvernement français y exciter des conspirations et des révoltes. Marie, étant morte en 1558, fut remplacée par sa sœur Elisabeth, dont le protestant Cobbet parle en ces termes :

« Nous avons vu Elisabeth, fervente protestante pendant le règne d'Edouard ; quand sa sœur monta sur le trône elle avait édifié tout le monde par son zèle pour la religion catholique, et, quand Marie mourut, elle allait non-seulement à la messe, mais elle avait encore dans l'intérieur de ses appartements une chapelle ornée avec pompe et desservie par un prêtre catholique romain ; un confesseur était même officiellement attaché à sa personne. Cependant Marie avait toujours douté de la sincérité de ces démonstrations extérieures, et, à l'article de la mort, elle avait poussé la sollicitude jusqu'à implorer de sa part un libre et franc aveu de ses opinions religieuses.

L'hypocrite Elisabeth n'avait répondu à cette preuve si touchante d'attachement qu'en priant le Dieu tout-puissant de permettre que la terre s'entr'ouvrît et l'ensevelît aussitôt si elle n'était pas invariablement attachée de cœur et d'âme à la religion catholique, apostolique et romaine. Elle renouvela encore cette protestation au duc de Féria. ambassadeur d'Espagne, et ce seigneur fut tellement dupe de sa duplicité qu'il manda au roi Philippe, dans ses dépêches, qu'en montant sur le trône, la nouvelle reine n'apporterait aucun changement à l'état de la religion en Angleterre. Néanmoins, peu de temps après, elle faisait prendre, écarteler et éventrer ceux de ses malheureux sujets qui avaient le courage de ne pas renier la foi de leurs pères 2. »
Un de ses premiers soins fut de…

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 2 Cobbet, lettre 9.

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Message  Louis Lun 04 Nov 2013, 12:04 pm


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.


(suite)
Un de ses premiers soins fut de notifier aux cours étrangères son avènement à la couronne par droit de naissance et du consentement de la nation. Elle fit secrètement connaître au roi de Danemark, au duc de Holstein et aux princes luthériens d'Allemagne, son attachement à la religion réformée et son désir de cimenter une union entre tous ceux qui la professaient 1. On n'a sans doute pas oublié que le mariage de la mère d'Elisabeth avait été juridiquement déclaré nul et non avenu par le parlement, par le roi et par le Pape ; la naissance de cette princesse se trouvait donc illégitime aux yeux de toutes les lois.

L'ambassadeur anglais à Rome reçut ordre d'annoncer à Paul IV qu'elle avait succédé à sa sœur par droit héréditaire, qu'elle était déterminée à ne faire aucune violence aux consciences de ses sujets, quelle que fût leur croyance religieuse.

Paul avait été prévenu par l'ambassadeur français, qui lui avait donné à entendre, que, s'il admettait l'avènement d'Elisabeth, il approuverait le prétendu mariage de Henri VIII avec Anne de Boulen, annulerait les décisions de Clément VII et de Paul III, repousserait sans examen les réclamations de la véritable et légitime héritière, Marie Stuart, reine d'Écosse, et offenserait le roi de France, qui était résolu à soutenir les droits de sa belle-fille de toute la puissance de son royaume. Paul IV répondit donc à l'ambassadeur anglais qu'il ne pouvait reconnaître le droit héréditaire d'une princesse qui n'était pas née en légitime mariage ; que la reine d'Écosse réclamait la couronne comme la plus proche parente légitime de Henri VIII ; mais que, si Elisabeth voulait soumettre la discussion à son arbitrage, il la traiterait avec toute l'indulgence que lui commanderait l'équité 2.

Par ses confidences aux princes luthériens on voit que la fille d'Anne de Boulen était décidée à une nouvelle apostasie ; elle ne la différa que pour y préparer la nation même. Dans cette vue ses ministres lui soumirent le projet suivant :

1° de défendre toute espèce de sermons, afin que les prédicateurs n'excitassent pas leurs auditeurs à la résistance;

2° d'intimider le clergé par des procès de prœmunire ou d'autres lois pénales;

3° d'avilir aux yeux du peuple tous ceux qui avaient eu de l'autorité sous le dernier règne par de rigoureuses informations sur leur conduite, et en les dévouant, autant que possible, à la censure des lois;

4° de destituer les magistrats actuels et d'en nommer d'autres moins riches et plus jeunes, mais plus attachés aux doctrines protestantes ;

5° de former un comité secret pour réviser et corriger la liturgie publiée par Edouard VI 1.
En attendant, apostate dans le coeur, Élisabeth continua d'assister et quelquefois de communier à la messe…


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1 Cambden, 1, 28. — 2 Lingard. Pallavicin. — 1 Strype, Annal., mém. 4.  

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Message  Louis Mar 05 Nov 2013, 5:20 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)

En attendant, apostate dans le coeur, Élisabeth continua d'assister et quelquefois de communier à la messe ; elle inhuma sa sœur avec toute la solennité du rite catholique. Elle ordonna un service solennel et une messe de Requiem pour l'âme de l'empereur Charles-Quint. Mais, si toutes ces choses contribuaient à diminuer les appréhensions des catholiques, beaucoup d'autres flattaient l'espoir des sectaires ; les prisonniers pour causes de religion furent mis en liberté, sous promesse de se représenter dès qu'ils seraient appelés ; les théologues protestants revinrent de l'exil et reparurent publiquement à la cour, et Ogilthorpe, évêque de Carlisle, se préparant à célébrer la messe dans la chapelle de la reine, reçut l'ordre, auquel il refusa d'obéir, de ne point élever l'hostie en présence de la reine 2.

Le secret de l'apostasie transpira par degrés. Les évêques virent avec surprise que White, évêque de Winchester, avait été emprisonné pour son sermon aux obsèques de Marie, et que Bonner, évêque de Londres, était cité pour rendre compte de diverses amendes payées par ordonnance de son tribunal durant le dernier règne. L'archevêque de Cantorbéry, Heath, reçut l'avis ou peut-être crut-il prudent de résigner les sceaux, qui furent donnés à Nicolas Bacon, jurisconsulte enrichi, comme beaucoup d'autres, de la dépouille des monastères.

Mais ce qui leva tous les doutes, ce fut une proclamation qui défendait au clergé de prêcher, et qui ordonnait d'observer le culte établi « jusqu'à ce qu'une consultation eût lieu, dans le parlement, entre la reine et les trois états 3 . »

Alarmés de cette clause, les évêques se rassemblèrent à Londres et se consultèrent pour savoir s'ils pouvaient en conscience officier au couronnement d'une princesse qui, selon toute probabilité, s'opposerait à quelque portion du culte, comme impie et superstitieuse, et qui, si elle ne refusait pas de prêter cette partie du serment qui obligeait une souveraine à maintenir les libertés de l'Eglise catholique, avait certainement l'intention de la violer. La question fut posée elle fut unanimement résolue par la négative.

Cette détermination imprévue des prélats causa un embarras extrême…

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2 Cambden, 32, 33. — 3 Wilkins, Concil., Brit. , t. 4, p. 180.

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Message  Louis Mar 05 Nov 2013, 10:13 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
Cette détermination imprévue des prélats causa un embarras extrême. On attachait beaucoup d'importance à ce couronnement ; on croyait nécessaire que la cérémonie fût accomplie avant que la reine présidât son parlement, et on craignait que le peuple ne la considérât point comme valide à moins qu'elle ne fût faite par un prélat catholique. On chercha des expédients pour écarter ou surmonter cette difficulté ; enfin l'évêque de Carlisle se sépara de ses collègues. Mais, si l'on obtint de lui qu'il couronnât la reine, elle fut de son côté obligée de prêter le serment accoutumé et de se conformer à tous les rites du Pontifical romain. La cour et les citoyens n'épargnèrent aucune dépense ; mais l'absence des évêques jeta des nuages sur l'assemblée. Leur exemple fut suivi par le duc de Féria, l'ambassadeur espagnol, qui fut invité, mais refusa de paraître 1.

Le parlement qui suivit laissa subsister dans le livre des Statuts l'acte qui déclarait nul dès l'origine le mariage de Henri VIII et d'Anne de Boulen, et celui qui condamnait Anne pour cause d'inceste, d'adultère et de trahison; ce qui confirmait sur le front d'Élisabeth la flétrissure de bâtardise. Mais ce qui occupa le parlement davantage, ce fut la consommation de l'apostasie. Dans cette vue on révoqua la statuts votés sous le dernier règne pour rétablir l'ancienne croyance, la croyance des grands et saints rois Éthelbert, Edwin, Oswald, Oswin, Sebbi, Richard, Éthelbert, Edmond, Alfred, Edouard le Martyr, Edouard le Confesseur, la croyance des grands et saints pontifes anglais, Augustin, Laurent, Mellit, Juste, Honorius, Théodore, Bridwald, Odon, Dunstan, Elphége, Lanfranc, Anselme, Thomas, Edmond, primats de Cantorbéry, les saints Paulin, Wilfrid, Oswald, Guillaume, archevêques d'York, les saints Mellit, Cedde, Erkonwald, évêques de Londres ; la croyance de tant d'autres saints évêques, prêtres, religieux, laïques, qui avaient fait surnommer l'Angleterre l'île des Saints. La reine Marie et son parlement avaient rétabli cette ancienne croyance de leurs glorieux ancêtres…

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1 Cambden, 33. Lingard.

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Message  Louis Mer 06 Nov 2013, 5:57 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
...La reine Marie et son parlement avaient rétabli cette ancienne croyance de leurs glorieux ancêtres, comme ne faisant avec eux qu'une même famille, une même nation, une même Église catholique; Élisabeth et son parlement rétablirent la scission, la rupture de l'Angleterre d'avec elle-même, comme des enfants qui renieraient leurs père et mère; on fit revivre la plupart des actes schismatiques de Henri VIII qui dérogeaient à l'autorité du successeur de saint Pierre, et rompaient ainsi, non-seulement avec l'Église, mais avec tout le reste de l'humanité chrétienne, mais avec les mille ans de l'Angleterre catholique. On fit revivre aussi les actes d'Edouard VI en faveur du nouveau culte, importé de Suisse et d'Allemagne.

Le parlement arrêta que le livre de Commune Prière, avec certaines additions et corrections, serait seul employé par les ministres du culte dans toutes les églises, sous peine de confiscation, de déposition et de mort;

qu'on abolirait entièrement l'autorité spirituelle de tous les prélats étrangers dans le royaume;

que la juridiction nécessaire pour la répression des erreurs, hérésies, schismes et abus, appartiendrait à la couronne, ainsi que le pouvoir de déléguer cette juridiction à quelque personne que ce fût, au gré de la souveraine;

que la pénalité de ceux qui maintiendraient l’autorité du Pontife romain s'élèverait, selon la récidive, de la confiscation des propriétés domaniales et mobilières à l'emprisonnement perpétuel, et de l'emprisonnement perpétuel à la mort, telle qu'on l'infligeait dans les cas de haute trahison ;

que tout ecclésiastique recevant les Ordres ou possédant un bénéfice, tout magistrat et officier inférieur tenant des gages ou appointements de la couronne, tout laïque sollicitant la mise en possession de ses terres, ou avant de faire hommage à la reine, devraient, sous peine de destitution ou d'incapacité de prêter serment, la reconnaître comme suprême ;

directrice de toutes les choses ou causes ecclésiastiques et spirituelles, comme du temporel, et renoncer à toute juridiction étrangère, ecclésiastique ou spirituelle, ou toute autorité sur le royaume.

Nous avons vu dans cette Histoire que, quand Jéroboam, fils de Nabat, voulut faire prévariquer le royaume d'Israël, lui faire abandonner le culte du vrai Dieu et le sacerdoce divinement institué d'Aaron, il érigea deux nouveaux dieux, les veaux d'or, et s'en fit lui-même le grand-prêtre. Ici nous voyons une femme ériger un nouveau culte et s'en constituer elle-même la papesse.

Le clergé anglais opposa à ces ordonnances séculières une opposition qui l'honore….

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Message  Louis Mer 06 Nov 2013, 11:36 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)

Le clergé anglais opposa à ces ordonnances séculières une opposition qui l'honore, et qui donna lieu d'espérer que Dieu se ressouviendrait un jour de ses anciennes miséricordes pour l'Angleterre. Il présenta à la chambre des Lords une déclaration de sa croyance à la présence réelle, à la transsubstantiation, au sacrifice de la messe, à la primauté du Pape ; il protesta en même temps que ce n'était pas à une assemblée de laïques, mais aux pasteurs légitimes de l'Église, à prononcer sur la doctrine, les sacrements et la discipline 1. Les deux universités de Cambrigde et d'Oxford signèrent la profession de foi du clergé, et les évêques, d'un concours unanime, saisirent toutes les occasions de parler et de voter contre cette mesure. On a les discours de l'archevêque d'York, de l'évêque de Chester et de Feckenham, abbé de Westminster 2.

Pour rompre ou paralyser cette opposition les ministres de l'apostasie s'avisèrent d'un expédient que nous avons déjà vu prendre à Julien l'Apostat, aux empereurs sophistes de Byzance et même aux Vandales d'Afrique. Ordre de la reine à cinq évêques et trois docteurs catholiques de disputer publiquement contre huit théologues protestants venus de Suisse ou d'ailleurs sur tels et tels articles de controverse, sous la présidence du garde des sceaux, qui en jugerait comme vicaire général de la nouvelle papesse. Ordre aux catholiques de commencer chaque jour, et aux prétendus réformés de répondre. Les évêques s'opposèrent à un arrangement qui donnait un avantage si palpable à leurs adversaires, et, sur le refus du garde des sceaux d'écouter leurs remontrances, déclarèrent la conférence rompue. Les ministres de l'apostasie envoyèrent aussitôt en prison les évêques de Winchester et de Lincoln, et forcèrent les six autres à comparaître tous les jours, jusqu'à ce que le garde des sceaux eût prononcé le jugement, qui fut de les condamner à une forte amende. Les ministres de l'apostasie avaient un autre but encore : c'était d'empêcher ces évêques d'assister et de voter à la chambre des Pairs, où le livre d'apostasie, le nouveau livre de Prière commune, ne fut adopté qu'à une majorité de trois voix 1.

Peu après la dissolution du parlement la papesse Elisabeth, parjure à son serment…

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1 Wilkins, Conc., t. 4, p. 179.— 2 Strype, 1, mém, 7 et suiv.— 1 Lingard. Élisabeth

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Message  Louis Jeu 07 Nov 2013, 6:00 am


Apostasie d’Élisabeth d’Angleterre et de son parlement.
Fidélité des évêques anglais, hormis un seul.

(suite)
Peu après la dissolution du parlement la papesse Elisabeth, parjure à son serment de maintenir les libertés de l'Église catholique, fit venir les évêques, les requis de se conformer aux nouveaux statuts, et, sur leur refus, les chassa de sa présence avec des expressions de mépris et de colère. L'apostasie espérait toujours que leur fermeté céderait devant les rigueurs nouvellement décrétées ; elle se trompa. On demanda successivement à chacun d'eux le serment de suprématie ou d'apostasie, mais tous sacrifièrent leurs dignités et leur liberté pour rester fidèles à Dieu et à son Église, fidèles aux exemples des saints de la vieille Angleterre. Dans tout leur nombre il n'y eut qu'un seul renégat, l'évêque de Landaff. Chose remarquable ! à la première tentation, sous Henri VIII, il n'y eut qu'un seul évêque qui tint ferme, l'évêque de Rochester ; à la troisième tentation, sous Élisabeth, il n'y a qu'un seul évêque qui succomba. Espérons pour l'Angleterre: tôt ou tard elle reviendra.

Ces évêques fidèles non-seulement furent chassés de leurs sièges, mais se virent en butte à la persécution tant qu'ils vécurent. Tous furent mis en surveillance; durant l'hiver 1559 les ministres de l'apostasie prononcèrent une sentence prétendue d'excommunication contre Heath, archevêque légitime et fidèle de Cantorbéry, et contre Thirlby, évêque légitime et fidèle d'Ély; durant l'été, contre Bonner, évêque légitime et fidèle de Londres.

A cette époque Tunstal de Durham, Morgan de Saint-David, Ogilthorp de Carlisle, White de Winchester et Baines de Coventry moururent victimes de la maladie qui régnait, pareils aux confesseurs que les Vandales ariens exilaient dans les déserts de la Mauritanie. Scot de Chester, Goldwell de Saint-Asaph et Pate de Worcester parvinrent à se retirer sur le continent.

Des sept autres qui restaient, Heath, archevêque de Cantorbéry, après deux ou trois emprisonnements à la Tour de Londres, reçut seul la permission de vivre dans une de ses propriétés. Bonner, évêque de Londres, mourut en prison après y avoir langui dix ans ; Waston de Lincoln y mourut de même après une détention de trente-trois ans. Thirlby, évêque d'Ély, fut placé sous la surveillance de l'archevêque intrus et schismatique Parker ; Bourne de Bath et Wells sous celle de Carew, doyen schismatique d'Exeter ; Tuberville, évêque d'Exeter, et Paul de Péterborough eurent la permission de résider dans des maisons à eux, mais à condition qu'ils n'en sortiraient pas sans autorisation spéciale. Feckenham, abbé de Westminster, passa de la Tour sous la surveillance de l'évêque intrus et schismatique de Londres, ensuite sous celle de l'évêque intrus et schismatique de Winchester, et fut enfin renfermé dans une forteresse 1.

La plus grande partie du haut clergé et les principaux membres des universités de Cambridge et d'Oxford suivirent le bel exemple de ces généreux évêques…

____________________________________________

1 Lingard, t. 7, p. 558, note H.
 
 
A suivre : Nouveau clergé intrus et schismatique.

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Message  Louis Jeu 07 Nov 2013, 12:02 pm

Nouveau clergé intrus et schismatique.

La plus grande partie du haut clergé et les principaux membres des universités de Cambridge et d'Oxford suivirent le bel exemple de ces généreux évêques ; mais dans la classe inférieure il s'en trouva plusieurs qui prêtèrent le serment de schisme à la papesse Élisabeth, les uns par attachement aux doctrines hérétiques, d'autres par crainte de la pauvreté, d'autres encore dans l'espérance de voir, dans peu, une nouvelle révolution religieuse. Leur nombre cependant ne fut guère considérable ; car la multitude des places demeurées vides par suite de la persécution exercée contre les pasteurs fidèles obligea l'apostasie de créer un nouvel ordre de ministres, composé d'artisans, de tailleurs, de maçons, qui obtinrent la permission de lire la liturgie dans l'Église, mais auxquels il était défendu d'administrer les sacrements. Nouveau trait de ressemblance avec Jéroboam, fils de Nabat, qui, ne pouvant séduire les enfants de Lévi, transforma en prêtres les derniers du peuple, et aussi avec Jézabel, qui avait ses prêtres, autres que ceux du vrai Dieu.

Mais à ce clergé intrus et schismatique il fallait un primat de même espèce, un archevêque de Cantorbéry succédant non point à saint Augustin, à saint Dunstan, à saint Anselme, à saint Thomas, mais au parjure et apostat Cranmer, pour consommer l'apostasie de l'Angleterre. Ce fut Matthieu Parker, chapelain d'Anne de Boulen et de Henri VIII, puis doyen de Lincoln sous Edouard VI. Il avait écrit en faveur du mariage des prêtres, étant lui-même prêtre marié. Mais il s'écoula plusieurs mois avant que cet intrus et ses collègues pussent entrer en fonctions, et plusieurs autres avant qu'ils obtinssent la possession de leur temporel. Le premier obstacle vint du refus des évêques catholiques de sacrer cet usurpateur, qui fut obligé de s'en tenir à Barlow et à Scory, deux évêques protestants du règne d'Edouard VI. Comme ils le sacrèrent d'après le rituel de ce prince, c'est une grande question de savoir s'ils reçurent effectivement, lui et ses collègues, le caractère épiscopal. Le second obstacle à leur installation vint de la rapacité des ministres de la nouvelle papesse, qui employèrent cet intervalle pour s'enrichir aux dépens des églises, eux et leurs créatures 1.

Quant au gouvernement pontifical de la reine-papesse…

___________________________________________

1 Lingard.
 
 
A suivre : Gouvernement papal de la reine papesse, d’après le protestant Cobbet.

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Message  Louis Ven 08 Nov 2013, 7:50 am

Gouvernement papal de la reine papesse, d’après le protestant Cobbet.

Quant au gouvernement pontifical de la reine-papesse, voici comment en parle le protestant Cobbet :

« Élisabeth comprenait que le sang de ses sujets était nécessaire à la consolidation de son pouvoir ; elle le fit couler par torrents. L'esprit du catholicisme répugnait à consacrer une usurpation ; la religion catholique ne convenait plus dès lors à ses peuples, et elle en conjura la ruine. Une législation spéciale, qu'on dirait faite par le bourreau, fut introduite à cet effet et servit à augmenter le nombre de ces héros de la foi chrétienne qui, dans les jours de persécution, s'estimaient heureux de payer de leur mort leur vie éternelle.

Après avoir prescrit à tous ses sujets le serment de suprématie en les plaçant dans l'alternative du supplice ou de l'apostasie, la digne fille de Henri VIII poussa bientôt sa frénésie antireligieuse jusqu'à faire déclarer punissable de mort tout prêtre catholique qui célébrerait la messe dans l'étendue de ses Etats. Les bourreaux manquèrent bientôt aux victimes, et la plume s'échappe de mes mains au moment où je me dispose à faire le récit de toutes les atrocités qui épouvantèrent alors l'univers.

Comme pour mettre le comble à tant de forfaits, Élisabeth voulait encore violenter les malheureux catholiques jusque dans leur conscience, et elle leur imposa, sous des peines terribles, l'obligation de fréquenter les temples de la nouvelle religion, où des tables en bois blanc tenaient lieu d'autels. Quel ingénieux moyen pour ajouter aux vexations de toute espèce dont les catholiques étaient victimes, eux qui, continuellement inquiétés ou tourmentés, ne pouvaient échapper à la mort, qu'ils encouraient en refusant de se soumettre aux tyranniques ordonnances de la reine, qu'en s'expatriant 1 ».

________________________________________________

1 Cobbet, lettre 9.
Bientôt la reine-papesse fit sentir les effets de sa sollicitude pastorale à la France et à l'Ecosse, où elle finira par couper la tête à une reine d'Ecosse et de France, à sa cousine Marie Stuart.

En France le roi Henri II, suivant la politique de son père…
 
A suivre : Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots. Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg. Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants. Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

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Message  Louis Ven 08 Nov 2013, 12:14 pm

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

En France le roi Henri II, suivant la politique de son père, avait conspiré avec les Turcs contre les chrétiens, avec les hérétiques d'Allemagne et d'Angleterre contre les catholiques ; il avait même protesté contre le concile de Trente, qui travaillait à réprimer et à guérir radicalement cette anarchie révolutionnaire et dans la société spirituelle et dans les sociétés matérielles. Après avoir ainsi fomenté l'anarchie religieuse et intellectuelle par sa politique et son exemple, tout en punissant quelques sectaires de bas étage, ce roi parut étonné de la voir aboutir à des émeutes et à des séditions.

Beaucoup d'auteurs français disent et répètent que, pour couper la racine du mal, Henri II voulut introduire en France l'inquisition espagnole et la confier aux Dominicains, comme ils l'avaient en Espagne, mais que le parlement de Paris s'y opposa fortement et demanda que le jugement des hérétiques fût remis entre les mains des évêques. En parlant ainsi ces auteurs confondent des choses très-distinctes : l'inquisition ecclésiastique, qui existait depuis longtemps en France, et l'inquisition royale, qui existait en Espagne seulement. L'inquisition ecclésiastique, confiée aux Dominicains, nous l'avons vue en France au temps de Jeanne d'Arc et tout récemment dans la vie de saint Ignace de Loyola. Nous avons vu aussi que l'inquisition d'Espagne n'était pas une juridiction ecclésiastique, mais royale, composée en très-grande partie de juges séculiers, et n'ayant parmi les conseillers ecclésiastiques que deux religieux, dont un seul Dominicain. Quant au bien ou au mal qu'a fait à l'Espagne sa royale inquisition, il est un fait notoire : pendant que l'Allemagne, la France, l'Angleterre, qui n'avaient pas l'inquisition espagnole, se déchiraient, se déshonoraient par des guerres civiles, des meurtres, des incendies, des régicides, l'Espagne jouit de la paix, cultive avec succès les lettres et les arts, porte ses conquêtes et sa gloire, avec la civilisation chrétienne, jusqu'aux extrémités des deux mondes; et, pour que nous ayons la contre-épreuve, l'Espagne abolit son inquisition; aussitôt elle perd sa gloire, ses conquêtes, sa paix, et entre dans la carrière sanglante des révolutions.

Il y eut cependant un grand-inquisiteur en France ; ce fut le peuple français, peuple qui se montra plus chrétien et plus français que les Montmorency et les Bourbons, peuple qui empêcha la France de se renier elle-même, peuple qui obligea les descendants de saint Louis à rejeter la religion étrangère et à reprendre la foi éminemment française de saint Louis et de Charlemagne, peuple qui obligea les Bourbons à conserver l'honneur de la France et l'honneur de leur race.

Ainsi les Luthériens de Paris…

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Message  Louis Sam 09 Nov 2013, 10:34 am


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
Ainsi les Luthériens de Paris, car ils prenaient encore le nom de leur premier père, s'étant assemblés, le 4 septembre 1557, nuitamment, dans une maison de la rue Saint-Jacques, le peuple du quartier s'ameuta autour de la maison. À la sortie des Luthériens il y eut un combat à coups de pierres et d'épées; la force publique survint et arrêta plusieurs sectaires,, parmi lesquels on découvrit plusieurs seigneurs et dames de la cour. La justice n'osa poursuivre ces derniers et se contenta de punir quelques individus médiocres. Chose remarquable ! cette anarchie révolutionnaire qui menace de broyer les trônes et les grandeurs humaines comme une poussière que le vent emporte, cette anarchie révolutionnaire est partie d'auprès des trônes; ses plus puissants propagateurs ont été de grands seigneurs et de grandes dames, et c'est le peuple français qui s'y est opposé le plus énergiquement.

Parmi les seigneurs apostats de France les premiers furent un descendant de saint Louis et un neveu du connétable de Montmorency. Les sectaires en devinrent plus hardis. Dans les soirées du printemps 1558 il se forma dans le Pré-aux-Clercs, à Paris, des rassemblements de cinq à  six mille Luthériens, ou huguenots, chantant ensemble les psaumes de Marot, qu'ils avaient adoptés pour leur culte. Antoine de Bourbon, roi de Navarre, par complaisance pour sa femme, se trouvait souvent à ces assemblées. Louis de Bourbon, prince de Condé, et François de Châtillon, surnommé Dandelot, avaient aussi embrassé la secte. Ce dernier fit même prêcher l'hérésie de Calvin dans ses terres, en Bretagne. Le roi lui en fit de vifs reproches et le mit aux arrêts quelque temps 1.

L'année suivante, ayant fait la paix avec Philippe d'Espagne, Henri II…

________________________________________________________________________

1 Sismondi, Hist.  des Français, t. 18, p, 75.

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Message  Louis Sam 09 Nov 2013, 2:25 pm


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
L'année suivante, ayant fait la paix avec Philippe d'Espagne, Henri II songea tout de bon à réprimer l'hérésie avec plus de suite et d'ensemble. Le 14 juin 1559, comme le parlement délibérait sur les moyens de rétablir l'uniformité dans le châtiment des hérétiques, le roi s'y rendit inopinément, accompagné des princes de Bourbon et de Lorraine. Il fit continuer la délibération. Le président Minard et le premier président Lemaître votèrent pour la stricte exécution des lois contre les hérétiques, comme au temps de Philippe-Auguste. Quelques conseillers, au contraire, un surtout, Luthérien dans l'âme, s'emportèrent contre la cour de Rome et prirent le parti des hérétiques. Le plus violent fût un prêtre apostat, Anne Dubourg. Le roi le fit arrêter. Le prisonnier fut interrogé trois jours après sur sa religion; l'évêque de Paris le déclara hérétique, le dégrada du sacerdoce et le livra au bras séculier, c'est-à-dire au juge royal, pour être puni. Dubourg appela de cette sentence à l'archevêque de Sens, métropolitain de Paris.

Henri II mourut dans cet intervalle; mais son fils, François II, guidé par ses oncles, les princes de Lorraine, fit continuer le procès. Entre les juges était le président Minard; Anne Dubourg le récusait et, sur son refus de s'abstenir, lui dit d'un ton de prophète qu'il ne  serait point ses juges. Les protestants surent bien accomplir la prophétie ; le président fut massacré sur le soir en rentrant dans sa maison. On sut depuis que Lemaître et le maréchal Saint-André, très-opposés au nouvel évangile, auraient eu le même sort s'ils étaient venus au palais. Trois jours après, le prêtre apostat, Anne Dubourg, fut condamné à mort, pendu et brûlé 1.

Ce fut alors que les Luthériens de France se préparèrent à la révolte ; Elisabeth d'Angleterre les favorisait secrètement, ainsi que l'atteste l'évêque anglican Burnet. De son côté Théodore de Bèze, bras droit de Calvin, après avoir raconté l'exécution d'Anne Dubourg, ajoute aussitôt l'histoire de la conjuration d'Amboise. A la tête des motifs qui la firent naître il place « ces façons de faire ouvertement tyranniques et les menaces dont on usait à cette occasion envers les plus grands du royaume, » comme le prince de Condé et les Châtillon.

C'est alors, dit-il, que


« plusieurs seigneurs se réveillèrent comme d'un profond sommeil; d'autant plus, continue cet historien, qu'ils considéraient que les rois François et Henri n'avaient jamais voulu attenter à la personne des gens d'état (c'est-à-dire des gens de qualité), se contentant de battre le chien devant le loup, et qu'on faisait tout le contraire alors; qu'on devait pour le moins, à cause de la multitude, user de remèdes moins corrosifs et n'ouvrir pas la porte à un million de séditions 1. »
En vérité l'aveu est sincère. Tant qu'on ne punit que la lie du peuple…
________________________________________________________________________

1 Hist. des Variat., l. 10, n, 51. Biogr. univ., t. 5.
1 Bèze, Hist. eccl., 1. 3, p. 249.

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Message  Louis Dim 10 Nov 2013, 5:23 am


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
En vérité l'aveu est sincère. Tant qu'on ne punit que la lie du peuple les seigneurs du parti ne s'émurent pas et les laissèrent traîner au supplice; lorsqu'ils se virent menacer comme les autres ils songèrent à prendre les armes, ou, comme parle l'auteur, « chacun fut contraint de penser à son particulier, et commencèrent plusieurs à se rallier ensemble pour regarder à quelque juste défense, pour remettre sus l'ancien et légitime gouvernement du royaume. » Il fallait bien ajouter ce mot pour couvrir le reste 2 .

On avait bien prévu que les nouveaux sectaires de France ne tarderaient pas à prendre les armes contre leur prince et leur patrie. Pour ne point rappeler ici les guerres des Albigeois, les séditions des Wicléfites en Angleterre et les fureurs des Taborites en Bohême, on n'avait que trop vu à quoi avaient abouti toutes les belles protestations des Luthériens en Allemagne. Les ligues et les guerres, au commencement détestées, aussitôt que les protestants se sentirent forts, devinrent permises, et Luther ajouta cet article à son évangile. Les ministres des Vaudois avaient encore tout nouvellement enseigné cette doctrine, et la guerre fut entreprise dans les vallées contre les ducs de Savoie, qui en étaient les souverains.

Les nouveaux réformés de France ne tardèrent pas à suivre ces exemples; ils se déclarèrent peu à peu, dans le même temps que la réformation anglicane prit sa forme sous la reine-papesse. Après environ trente ans les Luthériens français se lassèrent de tirer leur gloire de leur souffrance; leur patience n'alla pas plus loin. Ils cessèrent aussi d'exagérer aux rois de France leur soumission. Cette soumission ne dura guère qu'autant que les rois furent en état de les contenir ; sous des règnes faibles ils produisirent bien vite, contre toutes leurs déclarations et protestations précédentes, la nouvelle doctrine, qu'il est permis de prendre les armes contre son prince et sa patrie pour la cause d'une religion nouvelle, inventée en Saxe par un moine apostat et raffinée en Suisse par un prêtre marié.

Quant à la conjuration d'Amboise tous les historiens témoignent que…

________________________________________________________________

 2 Variat., l. 10, n. 28.

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 6:27 am

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
Quant à la conjuration d'Amboise tous les historiens témoignent que les sectaires de France y furent engagés par leurs prédicants, et Bèze même en est d'accord dans son Histoire ecclésiastique. Ce fut sur l'avis des docteurs, luthériens ou calvinistes que le prince de Condé se crut innocent, ou fit semblant de le croire, quoiqu'un si grand attentat eût été entrepris sous ses ordres. On résolut dans le parti de lui fournir hommes et argent, afin que la force lui demeurât, de sorte qu'il ne s'agissait de rien moins, après l'enlèvement violent des deux Guise dans le château même d'Amboise, où le roi était, que d'allumer dès lors dans tout le royaume le feu de la guerre civile 1. Tout le gros de la réforme entra dans ce dessein, et la province de Saintonge est louée par Bèze en cette occasion pour avoir fait son devoir comme les autres 2. Le même Bèze témoigne un regret extrême de ce qu'une si juste entreprise ait manqué, et en attribue le mauvais succès à la déloyauté de quelques-uns.

L'agent de la conspiration protestante fut un seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord. Jean du Tillet, greffier du parlement de Paris, ayant eu occasion d'examiner les titres de cette famille, trouva que la Renaudie possédait illicitement un riche bénéfice et l'en fit dépouiller pour le donner à son frère. La Renaudie appela de cette décision au parlement de Bourgogne. Dans le cours du procès il altéra son titre de possession, dont on lui avait fait apercevoir le vice. Il fut poursuivi alors comme faussaire par du Tillet, et il aurait couru risque de la vie si le duc de Guise, François de Lorraine, gouverneur de Bourgogne, ne l'eût fait évader le jour de la Fête-Dieu. Il s'enfuit à Genève, y embrassa le calvinisme, et ourdit une trame avec les réfugiés français pour rentrer dans leur patrie en liant leur cause à  celle des grands seigneurs que l'ambition et la jalousie éloignaient de la cour, et qui soupiraient après une révolution pour se mettre à la place des autres. Mais, pour bien concerter toute l'affaire, il fallait pouvoir circuler en France. La Renaudie recourut donc au même duc de Guise, dont il avait éprouvé la bienveillance ; il obtint par son crédit des lettres de révision et put revenir en France sans être inquiété. Mais, au lieu de s'occuper de son procès,  il s'occupait uniquement de son projet de renverser ces mêmes Guise, et avec eux l'ancienne religion de la France, et par là même son ancienne constitution. Ce fut lui qui colporta de côté et d'autre la consultation des théologues protestants qui canonisaient son entreprise.

Le 1erfévrier 1560, avant tout concerté dans une assemblée des conjurés à Nantes, il vint à Paris pour en rendre compte au prince de Condé, fils apostat de saint Louis et de la France, et pour conférer avec les meneurs de la secte protestante sur la somme qu'elle fournirait pour le succès de la conjuration. Il alla loger chez un avocat nommé Pierre des Avenelles, qui tenait un hôtel garni fréquenté par les huguenots que leurs affaires appelaient à Paris. Avenelles, étonné de l'affluence des étrangers qui venaient dans sa maison le jour et la nuit, les observa plus attentivement et devina qu'il se tramait quelque chose d'extraordinaire. Il fit part de ses soupçons à la Renaudie, qui crut pouvoir sans danger lui révéler une partie de son plan. Avenelles, huguenot zélé, reçut avec joie cette confidence; mais bientôt, poussé par la crainte ou le remords, il alla  révéler ce qu'il venait d'apprendre au duc de Guise, François de Lorraine, et à son frère le  cardinal, lesquels soupçonnaient déjà quelque chose.

La cour faisait alors son séjour ordinaire à Blois…

__________________________________________________________________

1 De Thou, ann. 1560, t. 1,1. 24, p. 752. La Poplinière,1. 6. Bèze, 1. 3, p. 250, 254, 270. —  2 Bèze, 1. 3, p. 313.


Dernière édition par Louis le Lun 11 Nov 2013, 1:36 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 8:10 am

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
La cour faisait alors son séjour ordinaire à Blois, ville qu'une simple muraille ne mettait pas à l'abri d'un coup de main. Dès qu'il connut avec certitude l'existence et le plan de la conjuration, le duc de Guise fit conduire la famille royale au château d'Amboise, qui pouvait offrir quelque résistance. Les conjurés, quoique contrariés par cette manœuvre, se rendent par petits détachements au lieu que la Renaudie leur a désigné ; mais, à mesure qu'ils arrivent, ils sont enlevés par les troupes royales, conduits aux prisons d'Amboise si l'on en espère des révélations, ou pendus aux créneaux du château. La Renaudie, instruit de ces désastres, cherchait à rassembler ses différentes bandes pour attaquer Amboise et l'emporter de vive force, lorsqu'il est rencontré par un de ses cousins, le jeune Pardaillan, fidèle au roi, qui le tue, le 17 mars 1560. Son cadavre fut apporté à Amboise et attaché à une potence avec cette inscription : « La Renaudie, dit Laforêt, chef des rebelles. » La Bigne, son secrétaire, fut pris avec son chiffre et ses papiers et révéla toute la conjuration. Il déclara que le véritable chef en était le prince de Condé, que les Guise devaient être massacrés les premiers, et qu'on n'aurait point épargné le roi.

On a voulu infirmer cette déposition en disant que cet homme n'avait parlé de la sorte que pour racheter sa vie ; mais Brantôme et l'historien Belleforest nous apprennent que, longtemps après, et lorsqu'il n'y avait plus aucun intérêt, il leur confirma sa première déclaration. Aussi le parlement de Paris, informé par le gouvernement de ce qui s'était passé, donna-t-il au duc de Guise, François de Lorraine, le titre de  CONSERVATEUR  DE  LA  PATRIE.

Cependant les huguenots de France, traîtres à Dieu et au prochain eussent bien voulu donner ces noms aux princes de Lorraine, qu'ils traitaient d'étrangers. Les princes lorrains étaient étrangers à la France comme Jeanne d'Arc, dont ils achevaient l'ouvrage. Sous Charles VI et Charles VII les princes et leurs parents abusent de la démence de l'un et de la jeunesse de l'autre pour déchirer la France par des guerres civiles et la vendre à l'étranger, aux Anglais. Lorsqu’il n'y a plus d'espoir Jeanne d'Arc arrive de Lorraine et chasse les Anglais de devant Orléans, conduit et fait sacrer le roi à Reims, et rend la France aux Français. Sous Henri II, lorsque des princes français complotent d'imposer à la France une religion étrangère et de la rendre étrangère à elle-même, François de Lorraine, enfermé dans Metz, défend la France contre toutes les forces de l'empire, puis enlève aux Anglais le dernier pied-à-terre qu'ils avaient sur les terres françaises, et enfin, malgré certains princes français, il rend à la France et lui conserve la France une et entière, à peu près comme une autre famille, sortie de la même contrée, l'Austrasien Charles-Martel, l'Austrasien Charlemagne, rendirent à l'Europe et lui conservèrent l'Europe une et entière.

Pour demeurer ou redevenir une et entière à son tour il aurait fallu à l'Allemagne…
 
 
A suivre :  Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse, sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 1:00 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

Pour demeurer ou redevenir une et entière à son tour il aurait fallu à l'Allemagne un ou deux hommes semblables ; Charles-Quint croyait en avoir trouvé un dans son favori, Maurice de Saxe ; mais ce favori joua son bienfaiteur et rendit la division humainement irrémédiable par la pacification de Passau, consommée à la diète d'Augsbourg en 1555. L'Allemagne, au lieu de rester une et entière, se reconnut divisée en deux, les catholiques et les protestants ; l'Allemagne protestante l'est encore en deux, les Luthériens et les Calvinistes ou sacramentaires, qui pendant plus d'un siècle s'anathématiseront, se traiteront réciproquement d'hérétiques, et même se condamneront au dernier supplice lorsqu'ils en auront le pouvoir. Et, chose singulière ! ces deux partis ennemis dans le protestantisme reconnaissent pour leurs chefs indigènes le maître et le disciple, Luther et Mélanchthon.

Enfin les difficultés, les frottements, les collisions entre les protestants et les catholiques aboutiront à une guerre civile de trente ans, dans laquelle les bons Allemands, ne se croyant point assez forts tout seuls pour ruiner leur pays en tous sens et s'égorger les uns les autres, appelleront à leur aide les Français, les Espagnols, les Anglais, les Suédois, et finalement les Russes et les Cosaques. Leur ancienne bonhomie continuera d'écrire dans les protocoles ces grands mots : LE SAINT-EMPIRE ROMAIN ; mais il ne sera plus ni saint, ni empire, ni romain, si ce n'est, comme en use Luther pour le libre arbitre de l'homme, qu'on donne le nom d'une maison, d'une cité, à ses ruines et à ses décombres.

Effectivement, depuis cette époque, l'Allemagne, surtout l'Allemagne protestante, ne présente plus un peuple, une grande communauté d'hommes ayant un passé, un présent et un avenir, ayant une religion certaine et constante qui lie entre elles ces trois phases de son existence ancienne et lui donne ainsi l'idée et la force de conserver tous ses anciens droits, même temporels; mais des troupeaux d'hommes, renégats de la seule religion certaine et constante, et par suite privés de leurs anciens droits politiques, à qui leurs conducteurs ont dit jusqu'à présent : Aujourd'hui vous serez Luthériens, demain Calvinistes, après-demain autre chose, et ce sous peine d'être bâtonnés, pendus, fusillés, suivant notre bon plaisir. Et jusqu'à présent il a été fait comme il a été dit. Voilà ce que montre l'histoire de l'Allemagne protestante à qui sait lire; voilà surtout ce qui est bien présenté dans la Nouvelle Histoire des Allemands depuis la réformation jusqu'à l'acte d'alliance, par le protestant Menzel. Nous ne ferons le plus souvent que résumer la substance de ce travail, aussi neuf que remarquable en soi-même.

Les membres du clergé allemand qui poussèrent à la défection d'avec Rome croyaient travailler pour eux-mêmes…

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Message  Louis Mar 12 Nov 2013, 9:12 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
Les membres du clergé allemand qui poussèrent à la défection d'avec Rome croyaient travailler pour eux-mêmes ; ils comptaient marcher dorénavant de pair avec les Papes, les cardinaux, ou tout au moins les évêques. Les populations allemandes qui se laissèrent entraîner à la défection croyaient travailler pour elles-mêmes et secouer le joug des princes comme celui du Pape. Les apostats du clergé allemand se trompaient, les populations allemandes se trompaient ; bien loin de secouer le joug temporel des princes, ils n'ont fait que le rendre plus dur, en y joignant forcément le pouvoir spirituel, enlevé au Pape et aux évêques.

Parmi les auteurs et ouvriers de cette révolution plusieurs ne l'entendaient pas ainsi et prétendaient sérieusement mener les peuples : tels Osiander à Kœnigsberg, Flacius Illyricus à Magdebourg. Les troubles qui s'ensuivirent hâtèrent l'asservissement général. Les théologues du luthéranisme, convoqués à Naumbourg, sur la Saale, en mai 1554, par l'électeur de Saxe, ne trouvèrent d'autre moyen, pour arrêter la confusion et l'anarchie, que de conjurer les princes de remplacer les évêques pour maintenir dans leurs églises l'unité de la doctrine et l'ordre de la discipline et du culte. Mélanchthon, qui était du nombre de ces théologues, gémissait sur la manière dont les affaires religieuses étaient traitées dans les cours ; « mais les menées des anarchistes et des démagogues théologiques, dit le protestant Menzel, ne lui laissèrent, non plus qu'aux autres modérés, d'autre choix que de chercher leur salut auprès des cours. »  

Pour justifier cet asservissement de la religion aux princes ils alléguaient deux passages de l'Écriture : l'un d'Isaïe, où il est dit que « les rois seraient les nourriciers des églises 1. » mais, fait observer Menzel, supposé qu'on applique ce passage à l'Église, il y est dit en même temps que « les rois se prosterneraient devant elle et baiseraient la poussière de ses pieds ; » aussi les docteurs protestants n'eurent-ils garde de citer tout le passage. L'autre citation est encore plus étrange de la part de ces docteurs; ce sont quatre mots d'un psaume, non suivant l'hébreu ni la traduction de Luther, mais suivant la Vulgate latine : Attollite portas, principes, vestras : levez vos portes, ô princes; tandis que dans l'hébreu et dans la traduction de Luther il y a : O portes, levez vos têtes. L'auteur s'étonne avec raison de cette manière d'agir, surtout après qu'on eut tant déclamé contre la Vulgate et contre l'abus qu'on pouvait en faire 2.

Ce que les docteurs protestants avaient conseillé à Naumbourg, en 1554, fut définitivement décrété à la diète d'Augsbourg de l'année suivante; dans la pacification conclue entre les princes protestants et Ferdinand, roi des Romains. Le protestant Menzel dit à ce sujet:

« Ce qu'il y a sans doute de plus remarquable dans cette pacification religieuse, c'est que, chez les protestants, la religion et l'église, après avoir été enlevées à l'autorité spirituelle, dont elles dépendaient jusqu'alors, furent mises sous la dépendance des princes et des états, qui venaient de conclure cet accord pour le nouveau parti avec les adhérents de l'ancien. Ceux qui firent la paix avec les adversaires, ce ne furent ni le peuple ni le clergé, du milieu desquels cependant était sortie cette religion et cette Église nouvelle, mais les princes, qui en avaient pris la protection, et les premiers n'y trouvaient d'avantage qu'autant que les princes et les autorités demeuraient fidèles aux convictions où ils étaient lors de la pacification. Ces convictions changeaient-elles et se retournaient-elles vers l'ancienne Église : aussitôt la croyance des sujets perdait tous les droits acquis par la paix. Il était clair comme le jour que ces rapports étaient très-défavorables, et que la forme religieuse, pour laquelle on avait tant combattu, était abandonnée à l'arbitraire et à l'inconstance des puissants 1 »

L'auteur en cite un exemple…

_________________________________

1 Is., 49, 23, — 2 Menzel, t 3, p, 530-536. — 1 Menzel, t 3, p, 576 et 577.

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Message  Louis Mar 12 Nov 2013, 12:26 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

L'auteur en cite un exemple. Les électeurs palatins, en vertu du droit de réformation que la pacification religieuse établissait de fait et que la paix de Westphalie déclara un droit originaire de l'Empire, contraignirent leurs sujets à passer d'abord du catholicisme au luthéranisme, ensuite du luthéranisme au calvinisme, puis du calvinisme au luthéranisme, puis de nouveau au calvinisme, et enfin les voulurent faire revenir au catholicisme 2.

Quant aux rapports des protestants entre eux, le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar voulut un strict luthéranisme. Les théologiens de ce parti étaient Amsdorf, le même que Luther avait prétendu sacrer évêque de Naumbourg, et Matthias Flacius Illyricus. Ce dernier établit à Magdebourg un bureau d'histoire ecclésiastique pour recueillir tout ce qu'il pouvait y avoir de défavorable à l'Église romaine : c'est ce qu'on appelle les centuriateurs de Magdebourg. Les ecclésiastiques ou prédicants opposés à ce parti furent destitués par l'autorité séculière. George Major, ayant enseigné la nécessité des bonnes œuvres pour le salut, fut chassé pour cela de Mansfeld et anathématisé par Illyricus et Amsdorf. Justus Ménius, prédicant de Gotha, eut le même sort. Amsdorf enseigna, au contraire, que les bonnes œuvres étaient nuisibles au salut. L'autre partie dont le siège était à Wittemberg, avait pour chef Mélanchthon, qui était revenu de quelques excès de Luther sur le libre arbitre ; il reconnaissait enfin que le libre arbitre n’était pas anéanti et qu’il coopérait à l’œuvre du salut. Amsdorf et Illyricus  l’attaquèrent là-dessus ; il y eut guerre entre Wittenberg et Iéna sur la coopération du libre arbitre 1. Les deux maisons de Saxe, le duc et l’électeur, se divisèrent pour et contre.

En 1556, el Palatinat et le Wurtemberg envoient une ambassade à Weimar pour négocier la paix entre les deux partis, avec une amnistie théologique. Le duc de Weimar pose pour première condition que l’on condamnerait toutes les opinions qui s’écarteraient du strict luthéranisme.  Mélanchthon et Illyricus ont en vain des conférences à Coswig pour s’entendre.

En 1557 diète théologique à Francfort-sur-le-Mein afin de remédier à l’anarchie ; on y propose de créer un pape luthérien en Allemagne ; cela n’est pas du goût des princes, qui se bornent à nommer un vicaire général au spirituel pour leurs principautés. Les théologiens s’accordent seulement à dire qu’on est d’accord des deux côtés sur les points principaux et sur la doctrine ; mais les zélateurs, notamment Illyricus, y contredisent avec véhémence. Le duc de Wiemar donne des instructions dans ce sens pour le colloque de Worms, sous la présidence de l’évêque catholique de Naumbourg. Le colloque devait avoir lieu entre les catholiques et les protestants sur la Confession d’Augsbourg, pour essayer si l’on n’arriverait pas à quelque rapprochement. Les deux partis luthériens s’y disputent avec violence. Les catholiques demandent que les uns et les autres expliquent nettement ce qu’ils entendent par la Confession d’Augsbourg ; le parti d’Illyricus appuie la proposition des catholiques, les prend même pour juges de son différend avec l’autre parti, puis se retire de Worms, ce qui rompt la conférence et envenime la division parmi les Luthériens.

Les deux partis se tranchaient de plus en plus…

_____________________________________________

 2 T. 3, préface, p. 14
1 T. 4,  c. 3.

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Message  Louis Mer 13 Nov 2013, 6:04 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
Les deux partis se tranchaient de plus en plus : du côté de la Saxe électorale, avec les deux universités de Wittemberg et de Leipzig, tenaient le Palatinat, le Wurtemberg Hesse et Anhalt ; du parti des Thuringiens et de l’université d’Iéna était la basse Saxe, particulièrement Magdebourg et Brunswick, Mansfeld et Ratisbonne. Les chefs du premier étaient Mélanchthon et Brentius ; à la tête du second se trouvait Illyricus avec le vieux Amsdorf. Le premier parti était accusé par l’autre d’Avoir abandonné la Confession d’Augsbourg, dont les adhérents  étaient seuls dans la pacification générale et en pouvaient revendiquer les droits. Les princes du premier parti sentirent bine vitre le préjudice que cette accusation pouvait leur faire. C’est pourquoi, en mars 1558, les trois électeurs de Saxe, du Palatinat et de Brandebourg, avec les princes de Wurtemberg, de Hesse et de Deux-Ponts, publièrent une déclaration, rédigée par Mélanchthon, de manière à dissiper la mauvaise renommée et à se rapprocher le plus possible du parti contraire. Mais le duc de Wiemar, Jean-Frédéric de Saxe, la repoussa formellement et en publia une Confutation officielle par les théologiens de Weimar. 1.

L’animosité de la dispute vint à son comble sur l’Eucharistie. Luther admettait la présence réelle, Zwingle et Calvin seulement la figure. Du vivant de Luther, Mélanchthon penchait vers le calvinisme; après la mort de son maître il s’y décida tout à fait ; mais, comme l’électeur de Saxe y était opposé, il n.osa se déclarer et dissimula tant qu’il put ; il cherchait même à sortir du pays, afin de manifester librement sa pensée.

Dans les années 1559 et suivantes un prédicant de Hambourg, Joachim Westphal, lança deux libelles contre l’hérésie des sacramentaires, signalant aux vrais Luthériens les ravages que cette hérésie faisait dans leurs propres rangs. Calvin répondit de la manière insultante que nous avons vue ailleurs, puis se retira de la mêlée, La guerre continua plus vive en Saxe. Les Luthériens se réunirent contre les partisans de Mélanchthon, comme secrètement calviniste. Hardenberg refusa de souscrire d’une manière absolue à la Confession d'Augsbourg. Plusieurs villes et princes luthériens se coalisent contre Brême. Tileman Hesshus chasse Hardenberg de cette ville. Le parti luthérien y prend le dessus. Simon Musée s'efforce de rendre au clergé luthérien le droit d'excommunication; le bourgmestre renverse le luthéranisme par un coup d'État. Vainement les Luthériens font-ils une croisade contre Brème : le calvinisme y triomphe 1.

En 1558 l'électeur Otton du Palatinat…

________________________________________________

1 Menzel, t. 4 c. 4.
1 id, t. 4 c. 5 et 6.


Dernière édition par Louis le Jeu 14 Nov 2013, 5:36 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 13 Nov 2013, 12:01 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
En 1558 l'électeur Otton du Palatinat appela Hesshus à Heidelberg et le fit surintendant général de ses églises. Nous avons vu le patriarche de Constantinople prendre le titre de patriarche œcuménique ; le prédicant luthérien de Heidelberg prit celui de généralissime de tous les superintendants du Palatinat. Il se conduisait en pape infaillible et supérieur au concile. Mais l'électeur mourut et fut remplacé par un autre. Le généralissime des superintendants se vit attaquer par le prédicant Klébitz; ils s'anathématisèrent bientôt l'un l'autre du haut de la chaire. Tout le pays s'en émut ; pour faire cesser le trouble, le nouvel électeur, Frédéric III, les destitua tous les deux. Il consulta Mélanchthon, et par suite fit passer le Palatinat au calvinisme. Le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar vint à Heidelberg avec ses théologiens pour soutenir la cause du luthéranisme; il y eut une conférence publique, mais sans résultat : le culte suisse envahit tout le Palatinat. Le catéchisme de Heidelberg fut rédigé dans ce sens.

Cette défection du luthéranisme au calvinisme ne fit pas moins de sensation parmi les Luthériens que leur première séparation d'avec l'Église catholique ; ils se coalisèrent pour s'opposer aux progrès de la doctrine calviniste.

En 1559, par ordre du duc de Wurtemberg, il y eut à Stuttgart un synode luthérien, présidé par Brentius, où l'on condamna les innovations du Palatinat, et où l'on érigea l'ubiquité en dogme, c'est-à-dire cette opinion que le corps, la nature humaine de Notre-Seigneur, était non-seulement dans l'Eucharistie, mais partout, dans toutes les créatures; opinion monstrueuse qui tend à confondre les deux natures. Malgré tout cela elle fut érigée en article de foi, souscrite par le duc et par tous les prédicants, avec la décision que nul n'obtiendrait un emploi sans l'avoir approuvée par sa souscription.

Mais les rigides Luthériens eux-mêmes se divisèrent à Iéna sur la coopération de la volonté humaine au salut ; le professeur Strigel ou Étrille soutenait que le libre arbitre y coopérait pour quelque chose, Illyricus pour rien du tout. Les théologiens de Thuringe, assemblés à Weimar, condamnèrent l'opinion d'Étrille. Celui-ci en appelle au duc de Weimar. Pour toute réponse, d'après un ordre envoyé par le prince le 24 mars 1559, Étrille et son ami Hugel, superintendant à Iéna, sont arrêtés nuitamment dans leur lit, placés demi-nus sur une voiture, et, au milieu de mauvais traitements, emmenés dans une forteresse. Dix compagnies de mousquetaires tenaient en respect les étudiants de la ville. Sur les remontrances de plusieurs princes, même du roi des Romains, Maximilien II, le duc de Weimar remit les deux captifs en liberté, mais ordonna une conférence publique entre les deux partis. Elle eut lieu à Weimar, sous la présidence du duc, et roula sur le péché originel et sur le libre arbitre. Illyricus, qui avait renforcé son parti de deux prédicants de Magdebourg, Wigand et Judex, et qui même avait entrepris d'excommunier le juriste Wesenbeck, soutint effrontément que le péché originel était devenu la substance même de la nature humaine. Il exigea que les notaires inscrivissent sa doctrine en ces termes : …

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Message  Louis Jeu 14 Nov 2013, 5:59 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
… Illyricus… soutint effrontément que le péché originel était devenu la substance même de la nature humaine. Il exigea que les notaires inscrivissent sa doctrine en ces termes : …

« Dans les choses spirituelles l'homme n'est pas seulement comme un bloc et une statue, mais encore plus misérable ; car un bloc et une statue n'offensent personne et ne haïssent point Dieu. Il est plus misérable que la lune, car celle-ci accepte au moins la lumière ; mais l'homme est entièrement mort pour le bien. La substance originelle de son corps, et encore plus de son âme, est entièrement ruinée par la chute; elle est devenue une pure ombre ; l'image de Dieu a été changée en l'image du diable, de même que le feu change l'or en scorie et les épices en fade résidu. »
Illyricus croyait, par cette déclaration, atterrer son adversaire. Celui-ci voulait comparer l'homme à un malade qui conserve encore assez de force pour ouvrir la bouche afin de recevoir le remède ; mais Illyricus répliqua que ce malade avait la bouche close et que le remède devait lui être administré de force. Le duc, sans prononcer de jugement, suspendit la conférence, sauf à la reprendre plus tard. De retour à Iéna Illyricus et les siens y exercèrent une tyrannie toujours plus violente, excommuniant tous leurs adversaires sans distinction de personnes. Le duc de Weimar leur ayant recommandé la modération, ils prirent à son égard le ton des Papes à l'égard des princes coupables. Mais le vent change bientôt à la cour de Weimar. On y conçoit le projet d'un consistoire dont le duc serait le maître, qui seul aurait la décision des affaires ecclésiastiques et le droit de censure pour les personnes et les livres. Pas un professeur ni prédicant d'Iéna n'en est nommé membre. Ceux-ci jettent feu et flammes, réclamant la liberté de l'Église; la cour leur répond en interdisant la prédication aux professeurs de théologie.

Ce fut au milieu de ces animosités que Mélanchthon mourut à Wittemberg, le 19 avril 1560, dans la soixante-quatrième année de son âge et dans la plus profonde douleur sur le triste état de cette Église qu'il avait fondée avec Luther, et dont les chefs actuels luttaient à qui récompenserait le mieux ses travaux pour elle par des outrages et des anathèmes 1.

En janvier 1561, grande assemblée des princes protestants à Naumbourg, pour savoir quelle position prendre vis-à-vis du concile de Trente, qui allait se réunir de nouveau…

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1 Menzel, t. 4 c. 7.

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Message  Louis Jeu 14 Nov 2013, 10:58 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

En janvier 1561, grande assemblée des princes protestants à Naumbourg, pour savoir quelle position prendre vis-à-vis du concile de Trente, qui allait se réunir de nouveau, en même temps pour calmer les divisions entre les Luthériens rigides et les Luthériens modérés ou calvinistes, et enfin pour renouveler leur adhésion à la Confession d'Augsbourg. L'électeur de Saxe disait, dans sa lettre de convocation, qu'on regarderait comme non avenues toutes les condamnations par lesquelles un parti reprocherait à l'autre d'avoir corrompu la doctrine luthérienne et de faire secte. Ceci tombait directement sur le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar, qui avait publié une réfutation et la condamnation officielle d'une déclaration théologique des autres princes. Le duc vint à l'assemblée, et demanda que l'on souscrivît non-seulement à la Confession d'Augsbourg, mais encore aux articles de Smalkalde, qui étaient plus rigides contre les sacramentaires. La majorité fut d'avis qu'on ne souscrirait que la Confession d'Augsbourg; mais aussitôt on demanda à quelle édition.

Les deux électeurs de Saxe et du Palatinat opinèrent pour la plus récente : c'est qu'elle était plus favorable aux sacramentaires. Les autres provinces votèrent pour l'édition de 1530, qu'on avait présentée à l'empereur.

Sur quoi les princes résolurent d'examiner les deux par eux-mêmes. A la lecture de la plus ancienne, qui reconnaissait la présence réelle et le sacrifice de la messe, l'électeur palatin, calviniste depuis peu, protesta qu'il ne pourrait la souscrire ; toutefois il se rendit à l'avis de la majorité et signa la première édition, à laquelle on joignit une préface pour dire qu'on ne rejetait point pour cela les autres. Le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar refusa constamment d'y souscrire, à moins qu'on n'y condamnât d'une manière plus expresse l'erreur des sacramentaires, et présenta une protestation dans ce sens.

Tous les états de l'assemblée s'engagèrent finalement à obliger leurs superintendants, prédicants et professeurs, à se conformer, dans tous les articles de la foi chrétienne, à l'Écriture sainte et à la confession nouvellement souscrite, de n'employer aucune des locutions jusqu'à présent inusitées dans les églises luthériennes, de ne publier absolument rien par la presse sans l'examen préalable des censeurs, afin de constater si cela était conforme à la Confession d'Augsbourg, non-seulement quant au fond, mais encore quant à la forme et aux expressions.

« Difficilement, dit le protestant Menzel…

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Message  Louis Ven 15 Nov 2013, 5:58 am


Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)
« Difficilement, dit le protestant Menzel, aurait-on pu imaginer une plus grande servitude que cette sujétion de l'esprit humain à l'autorité d'un écrit confessionnel. La liberté d'écrire et de penser, au profit de laquelle avait été opérée la réformation, eut alors en ceci comme plus tard sous d'autres rapports,  Iéna destinée d'être mise aux fers par ceux-là même qu'elle avait aidés à remporter sur leurs antagonistes. Ces fers furent forgés avec les mêmes armes par lesquelles on avait combattu le Pape 1. »

Les Illyriciens d'Iéna ou Luthériens rigides, autrefois favoris du duc de Saxe-Weimar, lui adressèrent les plaintes les plus vives contre les restrictions apportées à la liberté d'écrire et d'enseigner. Dans une remontrance sur la liberté de la presse; contre la censure que le duc venait d'établir, ils lui écrivaient : « Les princes ne doivent pas s'imaginer, parce qu'ils ont envahi les biens ecclésiastiques et les droits de vocation, qu'ils ont à commander aux théologiens et aux prédicants comme à leurs vassaux, parce qu'ils leur payent leur solde du trésor de l'État. Les séculiers peuvent ordonner les choses séculières, mais les ministres du Christ ne sont soumis qu'au Christ. Autant un prince trouverait mauvais que son ambassadeur reçoive et exécute des ordres d'un autre que lui, autant le Fils de Dieu trouve-t-il mauvais que ses envoyés et ses ambassadeurs se laissent prescrire quelque chose par des séculiers. Par conséquent on ne pouvait leur défendre d'imprimer, du moins à l'étranger. »

Leurs plaintes furent encore plus véhémentes lorsque le duc mit en fonction son consistoire. Ils développèrent au long, dans plusieurs écrits, que l'établissement de ce tribunal eût dû être délibéré en synode, attendu qu'un prince n'est ni l'Église ni son chef, et qu'il n'appartient pas à des séculiers de décider des choses ecclésiastiques d'après les formes des juristes. Un évêque même ne pouvait rien décider dans son chapitre. Ceci était la papauté impériale, prédite par Luther. La différence entre la papauté de Rome et le consistoire de Weimar consiste uniquement en  ce que celle-là est une monarchie et celui-ci une oligarchie de neuf personnes, ou plutôt, comme le duc s'arrogeait lui-même le vote définitif, et qu'il n'était pas mentionné qu'on pût appeler du consistoire à un synode, c'était une dictature et une tyrannie où l'on n'entendait plus : « Dites-le à l'Église, » mais, « Dites-le à la cour. »

Pour toute réponse on les appela des théologiens hypocrites, indociles et turbulents…

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1 Menzel, t. 4 c. 9.

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