Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 6:24 am

Vraies causes de ces innovations,
malgré le clergé et le peuple.


(suite)

La grande masse du peuple anglais pensait comme ses paroissiens de Londres.

« On se flattait que le livre de prières de Cranmer mettrait fin à toutes les dissensions ; mais, à son apparition et au commencement des spoliations qui en furent la conséquence nécessaire, une insurrection ouverte éclata dans plusieurs comtés; elle fut suivie de plusieurs batailles et d'exécutions nombreuses. Quoique tout le royaume ressentît plus ou moins les secousses d'une aussi violente commotion, les comtés de Devon et de Norfolk furent les principaux foyers de l'insurrection. Les insurgés, supérieurs en nombre aux troupes qui leur étaient opposées, prirent bientôt une attitude menaçante et vinrent mettre le siège devant Exeter, ville du comté de Devon. Le gouvernement envoya contre eux lord Russel, qui les défit au moyen d'un renfort de troupes allemandes reçu à propos. On exécuta alors en masse ceux des insurgés dont on parvint à s'emparer, conformément aux lois militaires, et le brave général se couvrit de gloire en faisant pendre un vénérable prêtre au haut du clocher de son église. Dans le comté de Norfolk l'insurrection, qui avait pris un caractère non moins alarmant, fut également réprimée par le secours des troupes étrangères, et cette province devint à son tour le théâtre des plus sanglantes exécutions.

Le docteur Heyleyn, théologien protestant rapporte lui-même que les griefs allégués par la population du Devonshire étaient les altérations subies par la religion ; l'oppression à laquelle quelques membres de la noblesse prétendaient soumettre le tiers-état, né libre et indépendant; l'abolition de la sainte liturgie observée par leurs pères et l'établissement d'un nouveau culte étranger à leurs mœurs. Il ajoute qu'on demandait à grands cris le rétablissement de la messe et des couvents, et l'interdiction du mariage, aux prêtres, comme avant la révolution. On entendait partout de pareilles plaintes et de semblables demandes ; mais le livre de prières de Cranmer et l'Église établie par la loi finirent cependant, grâce au secours des troupes étrangères, par triompher de tous ces obstacles 1. »

Tandis que les réformateurs anglais anathématisaient aujourd'hui ce qu'ils professaient hier…

____________________________________

1 Cobbet, Ibid..
 
 
A suivre : Les novateurs brûlent une dissidente.


Dernière édition par Louis le Lun 14 Oct 2013, 4:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 12:55 pm


Les novateurs brûlent une dissidente.
Tandis que les réformateurs anglais anathématisaient aujourd'hui ce qu'ils professaient hier, ils condamnaient au feu d'autres sectaires comme hérétiques ; de ce nombre fut une prêcheuse nommée Jeanne Boker, de Kent. Durant le dernier règne elle avait rendu des services marqués aux réformateurs en colportant clandestinement les livres défendus, qu'elle faisait tenir aux dames de la cour par l'entremise d'Anne Askew. On la somma de comparaître devant les inquisiteurs Cranmer, Smith, Cook, Latimer et Lyell, et on l'accusa d'avoir prétendu que le Christ n'avait pas pris chair de l'homme extérieur de la Vierge, à cause que l'homme extérieur était conçu dans le péché, mais avec le consentement de l'homme intérieur, qui était sans tache. Elle persévéra jusqu'à la fin dans cet inintelligible jargon, et, lorsque l'archevêque Cranmer l'excommunia comme hérétique et ordonna de la livrer au bras séculier, elle répondit :

« Voici matière à méditer pour votre ignorance. Il n'y a pas longtemps que vous brûlâtes Anne Askew pour un morceau de pain ; cependant vous en êtes bientôt venu à croire et à professer la doctrine même pour laquelle vous l'avez brûlée. Maintenant vous voulez absolument me brûler pour un peu de chair, et à la fin vous en viendrez à croire comme moi, quand vous aurez lu les Écritures et que vous les aurez entendues. » Les inquisiteurs réformés ne répliquèrent mot à cette poignante observation. Jeanne Boker fut livrée aux flammes et dit au prédicant qui s'efforçait de la réfuter: « Tais-toi; tu mens comme un chien, et tu ferais mieux de t'en retourner à ta maison étudier l'Écriture 1. »

Une autre classe de personnes se voyait cruellement poursuivie : c'étaient les pauvres…

____________________________________________

1 Lingard, t. 7, p. 113. Wilkins, Concil. Brit. t. 4, p. 42 et  43.
 
 
A suivre: Persécution contre les pauvres.

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 6:14 am

Persécution contre les pauvres.

Une autre classe de personnes se voyait cruellement poursuivie : c'étaient les pauvres. Les mendiants, qui recevaient autrefois des secours aux portes des monastères et des couvents, erraient alors par bandes à travers la contrée, et souvent, par leur nombre et leurs importunités, extorquaient des aumônes aux voyageurs intimidés. Pour arrêter ce désordre on fit un statut

« qui, dit Lingard, rappellera au lecteur les barbares coutumes de nos ancêtres païens. Quiconque  « vivait oisif et sans occupation pendant l'espace de trois jours »  était classé parmi les vagabonds et passible du châtiment que voici.

Deux juges de paix lui faisaient imprimer, avec un fer chaud, sur la poitrine, la lettre V, et le livraient à son dénonciateur, qu'il devait servir comme esclave pendant deux ans.

Ce nouveau maître était obligé de lui fournir du pain et de l'eau et de lui refuser toute autre nourriture. Il pouvait lui fixer un anneau de fer au cou, au bras ou la jambe, et il était autorisé à le forcer à toute espèce de travail, quelque avilissant qu'il fût, en le frappant et en l'enchaînant, ou autrement.

Si l'esclave s'absentait pendant quinze jours on lui imprimait la lettre S sur la joue ou sur le front, et il devenait esclave pour la vie, et, s'il retombait encore dans la même faute, sa fuite le soumettait au châtiment de la félonie 2. »

Le roi-enfant, Edouard VI, avait deux oncles maternels…

________________________________________________________

 2 Wilkins, Conc. Brit. p. 35 et 36. Statut 1 Edw. VI, 3.
 
 
A suivre : Le pape-roi Édouard VI signe la mort de ses deux oncles.

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 12:40 pm

Le pape-roi Édouard VI signe la mort de ses deux oncles.

Le roi-enfant, Edouard VI, avait deux oncles maternels : son tuteur, le duc de Sommerset, et son frère, Thomas Seymour, grand-amiral. Celui-ci, ayant voulu supplanter l'autre, fut accusé de haute trahison, condamné au dernier supplice et exécuté par la main du bourreau; la sentence de mort était signée de son frère et de son neveu. Son frère, le duc de Sommerset, eut son tour; supplanté par le comte de Warwick, il fut accusé, condamné et exécuté, comme son frère ; sa sentence de mort était également signée de la main de son neveu, le roi-pape Edouard VI.

Le protestant Cobbet dit à ce sujet : …
 
 
A suivre :  Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet. Mort d’Édouard VI.

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Message  Louis Mer 16 Oct 2013, 5:55 am

Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet.
Mort d’Édouard VI.
Le protestant Cobbet dit à ce sujet : « Warwick, devenu protecteur par la mort de Sommerset, se fit créer duc de Northumberland, et s'adjugea les propriétés immenses qui avaient appartenu à l'antique famille dont il prenait le nom, et qui depuis longtemps étaient tombées dans le domaine de la couronne. C'était peut-être un protestant plus zélé que son prédécesseur, c'est-à-dire qu'il était encore plus débauché, plus cruel et plus rapace.

« Le pillage et la dévastation des églises continuèrent sous son administration, jusqu’à ce qu'il ne restât plus rien à voler. On réunit alors un grand nombre de paroisses en une seule, que l'on fit desservir par un seul prêtre. Aussi bien ne restait-il dans le clergé aucun homme véritablement digne de ce nom; tout ce qu'il y avait de savant et de vertueux dans ce corps avait été massacré ou réduit soit à périr de faim, soit à s'expatrier. Le règne de la terreur avait tellement diminué les revenus de ceux qui avaient sacrifié leur conscience à leur place qu'ils étaient souvent obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins, comme charpentiers, serruriers, maçons, etc., et même d'entrer comme domestiques au service des gentilshommes, de telle sorte que cette Église d'Angleterre, établie par la loi et surtout par les troupes allemandes, devint en peu de temps l'objet du mépris général de la nation et des autres peuples d'Europe.

« Le roi, encore enfant et d'une santé extrêmement débile, semble n'avoir eu de distinctif dans son caractère que la haine vigoureuse qu'il portait aux catholiques et à leur culte, haine soigneusement entretenue par les leçons du pieux Cranmer. Comme on pouvait déjà présumer qu'il ne fournirait pas une longue carrière, Northumberland, son tuteur, songea aux moyens de faire passer la couronne dans sa famille, projet digne à coup sûr d'un héros de la réforme. Il maria donc l'un de ses fils, lord Guilfort Dudley, à lady Jeanne Grey, héritière présomptive du trône après les princesses Marie et Elisabeth, et engagea le roi à faire un testament qui instituait cette même Jeanne Grey son héritière directe, à l'exclusion de ses deux sœurs.

« Dans cette occasion les juges, le lord-chancelier…

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Message  Louis Mer 16 Oct 2013, 1:29 pm


Ce que le protestant Cobbet dit à ce sujet.
Mort d’Édouard VI.


(suite)
« Dans cette occasion les juges, le lord-chancelier, les secrétaires d'Etat et les membres du conseil privé hésitèrent tous à apposer leur signature au bas d'un acte qui disposait de la couronne d'une manière si étrange, en intervertissant entièrement l'ordre de successibilité. Les scrupules cependant disparurent peu à peu, surtout quand on vit Cranmer contre-signer hardiment le testament. Il avait pourtant juré de la manière la plus solennelle, en sa qualité d'exécuteur testamentaire de Henri VIII, d'exécuter ses dernières volontés, qui appelaient au trône les princesses Marie et Elisabeth en cas qu' Édouard vînt à mourir sans postérité. Marie était donc de droit héritière du trône ; mais Cranmer n'avait pas oublié que c'était lui qui avait rédigé l'acte de divorce de la mère de cette princesse avec le feu roi ; il avait à redouter qu'elle ne l'eût pas oublié de son côté, et il n'ignorait pas en outre qu'elle était inébranlablement attachée à la religion catholique. Il lui était facile de prévoir que l'avènement de Marie au trône porterait un coup mortel à son pouvoir et à son Église . Ces diverses circonstances, réunies à la crainte de perdre son évêché, le portèrent à commettre, sans hésiter, le plus grand crime qu'ait prévu notre législation.  
   
« Abandonné à la discrétion de Northumberland et entouré des créatures de cet ambitieux, le jeune roi signa tout ce qu'on voulut, et l'on prévit dès lors qu’il ne lui restait plus longtemps à vivre. Il mourut en effet le 6 juillet 1553, à l'âge de seize ans, dans la septième année de son règne. Ces sept années furent la période la plus fertile en calamités dont notre histoire nationale ait conservé le souvenir. On eût dit, en vérité, que le fanatisme et la friponnerie, l'hypocrisie et l'esprit de brigandage s'étaient partagé entre eux notre territoire pour l'exploiter à leur profit. Ce que le peuple eut à souffrir à cette époque dépasse les bornes de l'imagination. Une misère excessive vint tout à coup remplacer cette abondance dans laquelle il avait toujours vécu dans les temps catholiques, et le gouvernement, pour réprimer l'effrayante mendicité, conséquence naturelle de cette révolution, promulgua des lois d'une barbare sévérité qui interdisaient à tout indigent, fût-il même sur le point d'expirer le besoin, d'implorer la pitié publique. La nation déchut en outre sensiblement de cette haute considération dont elle avait joui jusqu'alors dans l'opinion des peuples étrangers. C'est ainsi que Boulogne, conquis jadis par la valeur des Anglais catholiques, fut rendu aux Français par de lâches ministres protestants 1 ».  

« Le testament souscrit par le jeune roi…

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1 Cobbet, lettre 7.
 
 
A suivre : Avènement de la reine Marie.

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Message  Louis Jeu 17 Oct 2013, 5:38 am


Avènement de la reine Marie.
« Le testament souscrit par le jeune roi avait été tenu secret ; on laissa ignorer sa mort au peuple pendant trois jours. Lorsque Northumberland eut vu qu'elle était imminente, il avait eu soin, de concert avec Cranmer et les autres membres du conseil, de faire venir les deux princesses Marie et Elisabeth dans les environs de Londres, sous prétexte de les rapprocher de leur frère malade. Le véritable but de cette démarche était d'avoir plus de facilités pour appréhender leur personne et les jeter en prison aussitôt que le roi aurait rendu le dernier soupir. Mais les scélérats de toute espèce ont cela de commun entre eux qu'ils sont toujours prêts à se trahir les uns les autres, dès qu'ils y trouvent leur avantage particulier, et c'est ce qui arriva dans cette circonstance.

Le comte d'Arundel, membre du conseil, et qui, comme Dudley et ses autres collègues, s'était rendu le 10 juillet près de lady Jeanne pour lui présenter ses hommages et la saluer reine, avait eu la précaution d'expédier, dans la nuit du 6, un courrier à Marie, pour la prévenir de la mort de son frère et lui dévoiler le complot formé contre son autorité. Sur cet avis la princesse monte à cheval, accompagnée d'un petit nombre de serviteurs fidèles, et se dirige vers le comté de Norfolk et ensuite vers celui de Suffolk. De là elle envoya aux membres du conseil l'ordre de proclamer son avènement au trône, en leur donnant en même temps à entendre qu'elle était instruite de leurs perfides projets.

Malheureusement pour nos conspirateurs ils avaient fait proclamer le même jour lady Jeanne comme reine légitime d'Angleterre. Ils avaient pris d'ailleurs toutes les précautions possibles pour assurer le succès de leur entreprise ; l'armée, la flotte, le trésor et toute la force administrative se trouvaient entre leurs mains. Leur réponse à Marie fut un ordre de se soumettre, en fidèle et loyale sujette, à sa reine légitime. Le nom de Cranmer était le premier de ceux qu'on apercevait au bas de cet acte étrange.

« Tout homme ayant le cœur droit et aimant sincèrement la justice, ajoute le protestant Cobbet, éprouvera sans doute une véritable satisfaction à considérer l'embarras cruel où fut réduite quelques heures après cette bande d'audacieux scélérats. La noblesse et la bourgeoisie étaient spontanément accourues se ranger sous les étendards de Marie, et le peuple de Londres lui-même, quoique infecté depuis longtemps des doctrines pestiférées apportées en Angleterre par des vagabonds étrangers, avait encore assez de droiture dans ses sentiments pour désapprouver hautement l'injustice qu'on voulait faire souffrir à cette princesse.

Ridley, évêque protestant de cette capitale, prononça dans l'église de Saint-Paul, en présence du lord-maire et d'une nombreuse assistance, un sermon dans lequel il engagea de la manière la plus pressante ses auditeurs à prendre les armes pour défendre la cause de lady Jeanne ; l'auditoire resta muet.

Le 13 juillet Northumberland sortit de Londres, à la tête de quelques troupes, pour aller attaquer la reine, qui était déjà escortée par plus de vingt mille hommes, tous volontaires et refusant de recevoir une solde quelconque. Northumberland n'était pas encore arrivé à Bury-Saint-Edmond que déjà il désespérait du succès de ses entreprises. De là il se dirigea sur Cambridge, d'où il écrivit à ses complices pour en recevoir des renforts. L'épouvante et la trahison se manifestèrent bientôt parmi les siens, et les mêmes hommes qui, quelques jours auparavant, avaient solennellement juré de défendre lady Jeanne, lui ordonnèrent de licencier ses troupes et proclamèrent Marie reine d'Angleterre, aux applaudissements d'une multitude ivre de joie.

« Le chef de la conspiration licencia son armée…
 
 
Note de Louis : J'ai dégagé les 3 paragraphes ci-haut pour faciliter la lecture. Bien à vous.

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Message  Louis Jeu 17 Oct 2013, 1:26 pm


Avènement de la reine Marie.

(suite)
« Le chef de la conspiration licencia son armée, ou plutôt ses soldats l'abandonnèrent avant qu'ils en eussent reçu l'ordre. C'était alors, comme on se le rappelle, le siècle de la réforme ou de la bassesse ; on ne devra donc pas être étonné de voir Northumberland s'avancer sur la place publique de Cambridge et là annoncer l'avènement de Marie au trône, en agitant, à ce que rapporte Stowe, son chapeau dans l'air, en signe de sa joie et de sa satisfaction . Il fut arrêté néanmoins quelques heures plus tard, sur un ordre de la reine et par son complice, ce même comte d'Arundel qui avait été un des premiers à saluer reine lady Jeanne . Non, jamais, dans aucun pays et sous aucun règne, on ne vit, je crois, une hypocrisie, une bassesse et une perfidie semblables à celles des hommes qui détruisirent en Angleterre la religion catholique et y fondèrent l'Église protestante 1 ! »
                         
La reine Marie se trouvait à Hamlingham, dans le comté de Suffolk, au moment où s'opérait si facilement l'heureuse révolution qui la remettait en possession de ses droits légitimes. Elle partit immédiatement pour Londres et y arriva le 13 juillet 1553, saluée sur tous les points de son passage par les acclamations de la multitude. A mesure qu'elle approchait de la capitale la foule des personnes qui accouraient au-devant d'elle augmentait, et Elisabeth, qui jusque-là avait cru prudent de garder le silence, vint elle-même grossir son cortège. Les deux sœurs firent à cheval leur entrée dans la cité, dont toutes les maisons étaient décorées et les rues jonchées de fleurs. Quand elles entrèrent à la Tour ou citadelle elles trouvèrent, à genoux dans la cour, les prisonniers d'État, la duchesse de Sommerset, le duc de Norfolk, le fils du feu marquis d'Exeter et Gardiner, évêque destitué de Winchester. Ce prélat lui adressa une courte allocution pour la féliciter. Marie, touchée jusqu'aux larmes, les appela ses prisonniers, les fit lever, et, les embrassant, leur rendit la liberté. Le même jour elle fit une distribution d'argent à tous les pauvres chefs de famille de la cité 1.

La reine se fit ensuite sacrer suivant le rituel catholique…

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1 Cobbet, lettre 7.  — 1 Cobbet, lettre 8. Lingard, Marie.

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Message  Louis Ven 18 Oct 2013, 5:38 am


Avènement de la reine Marie.  

(suite)
La reine se fit ensuite sacrer suivant le rituel catholique ; ce fut Gardiner qui célébra cette imposante cérémonie. La joie du peuple était sans bornes ; jamais on n'avait vu de couronnement aussi magnifique et de réjouissances aussi vives et aussi sincères.

« Tous les historiens sont d'accord sur ce point, dit le protestant Cobbet, et l'on ne sait, en vérité, comment qualifier les assertions de Hume, qui prétend que les principes de la reine étaient odieux au peuple. Quand bien même l'irréfragable témoignage de l'histoire ne serait pas là pour corroborer mes assertions, le simple raisonnement ne suffirait-il pas pour en démontrer la vraisemblance? N'était-il pas naturel, en effet, qu'une population qui, trois années auparavant, s'était soulevée en masse sur plusieurs points du royaume contre la nouvelle Église, vît avec joie l'avènement au trône d'une princesse dont elle connaissait l'aversion décidée pour les innovations religieuses des deux règnes précédents ?»

Des actes de justice et de bienfaisance signalèrent l'aurore du règne de Marie, qu'un généreux oubli d'elle-même et de ses besoins les plus impérieux engagea à retirer de la circulation les monnaies falsifiées par son père et surtout par son frère. Elle acquitta ensuite intégralement toutes les dettes de la couronne, et opéra en même temps une réduction dans les impôts 2.

La punition des traîtres paraissant nécessaire à la sécurité des trônes, le gouvernement en déféra sept des principaux à la justice. Jamais la reine ne voulut y comprendre Jeanne Grey, la regardant plutôt comme jouet que complice des conspirateurs. Les sept accusés se reconnurent coupables de haute trahison et furent condamnés à mort; mais on n'en exécuta que trois, dont le principal était Northumberland, autrement Dudley ou Warwick. Encore l'évêque Gardiner eût-il obtenu leur grâce si la majorité du conseil ne s'y fût opposée. Sur l'échafaud Northumberland reconnut la justice de son châtiment, mais il déclara qu'il n'était pas le premier auteur de la trahison ; il prit les assistants à témoin qu'il ne voulait de mal à personne, qu'il mourait dans la foi de ses pères, quoique l'ambition l'eût conduit à se conformer en pratique à la nouvelle religion, qu'il condamnait dans son cœur, et que sa dernière prière était pour le retour de ses concitoyens à l'Église catholique, de laquelle il avait contribué à les séparer. Les deux autres suppliciés exprimèrent les mêmes sentiments et sollicitèrent les prières des spectateurs 1.

Peu de temps après son avènement au trône le parlement avait engagé la reine, par une adresse respectueuse…

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2 Cobbet, lettre 8. — 1 Cobbet et Lingard.
 
A suivre : Elle épouse le prince d’Espagne, Philippe II.

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Message  Louis Ven 18 Oct 2013, 4:48 pm

Elle épouse le prince d’Espagne, Philippe II.

Peu de temps après son avènement au trône le parlement avait engagé la reine, par une adresse respectueuse, à se choisir un époux, exprimant en même temps le désir qu'éprouvait la nation de ne pas voir un étranger obtenir sa main. Sur quoi l'anglican Cobbet fait cette remarque : « Les choses ont bien changé depuis, grâce à cette foule d'aventuriers étrangers de tout rang et de tout métier accourus de tous les coins de l'Europe pour vivre à nos dépens et jeter les fondements de ce glorieux édifice connu sous la désignation de dette nationale 2 . »

Après de longues et mûres délibérations la reine jugea à propos d'épouser Philippe, fils aîné et héritier de l'empereur Charles-Quint. Ce prince, quoique déjà veuf d'une première femme et père de plusieurs enfants, était encore beaucoup plus jeune que Marie. Elle avait alors (juillet 1554) trente-neuf ans, et Philippe n'en avait que vingt-sept. Les flottes combinées d'Espagne, d'Angleterre et de Hollande l'escortèrent pendant sa traversée d'Espagne en Angleterre.

Le 25 juillet 1554, fête de saint Jacques, le patron de l'Espagne, le mariage fut célébré dans la cathédrale de Winchester, devant un concours immense de gentilshommes de toutes les parties de la chrétienté, et avec une magnificence que l'on a rarement surpassée. Immédiatement avant la cérémonie Figuéroa, conseiller impérial, présenta à Gardiner, prélat officiant, deux actes, desquels il paraissait que son souverain, pensant qu'il était au-dessous de la dignité d'une si grande reine d'épouser un homme qui n'était pas roi, avait résigné à son fils le royaume de Naples et le duché de Milan. Déjà précédemment il lui avait résigné les Pays-Bas et la Bourgogne. L'évêque, avant de procéder à la cérémonie du mariage, lut à haute voix ces concessions et les articles du traité matrimonial.

Ces articles portaient que, bien que Philippe dût avoir le titre de roi d'Angleterre, l'administration du royaume resterait exclusivement entre les mains de la reine; qu'aucun étranger ne serait admissible aux charges et emplois du royaume; qu'on n'opérerait aucun changement dans les lois, coutumes et privilèges du peuple anglais ; qu'un préciput de soixante mille livres sterling (un million sterling aujourd'hui) serait constitué en faveur de la reine par l'Espagne, en cas qu'elle survécût à son mari; que l'enfant mâle issu de ce mariage hériterait, avec l'Angleterre, du duché de Bourgogne et des Pays-Bas, et que, si don Carlos, fils de Philippe, d'un précédent mariage, mourait sans postérité, l'enfant que Marie aurait de lui hériterait de l'Espagne, de la Sicile, du Milanais et de toutes les autres possessions de Philippe en Europe et dans les Indes. Ce mariage pouvait ainsi réunir sous la même domination la plus grande partie de l'univers chrétien, outre qu'un membre de la même famille possédait l'empire d'Allemagne, avec les royaumes de Hongrie et de Bohême.

Un autre mariage contre-balançait celui-ci…

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2 Cobbet, lettre 8, note.

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Message  Louis Sam 19 Oct 2013, 6:12 am


Elle épouse le prince d’Espagne, Philippe II.

(suite)

Un autre mariage contre-balançait celui-ci. Marie Stuart, reine d'Ecosse, avait épousé le Dauphin de France ; Marie Stuart, cousine de Marie et d'Élisabeth Tudor, était leur plus proche héritière ; il y en avait même qui prétendaient que Marie Stuart, fille de la sœur ainée de Henri VIII, devait hériter avant Marie et Elisabeth Tudor, que leur propre père avait déclarées et fait légalement déclarer bâtardes. Ce second mariage pouvait ainsi réunir sous la même domination l'Ecosse, l'Irlande, l'Angleterre et la France.

L'ambassadeur français à Londres, Noailles, mit donc tout en œuvre pour empêcher le mariage de Philippe et de Marie ; non-seulement il intrigua pour faire prévaloir l'opinion dont il vient d'être parlé, mais il conspira ; il excita sous main, il fomenta des émeutes, des insurrections : chose peu honorable suivant la morale, vulgaire, chose très-permise suivant la politique moderne, résumée par Machiavel.

Ainsi, vers la fin de l'année 1553, quand on connut officiellement le futur mariage entre Philippe et Marie, il y eut des révoltes ouvertes, excitées par les intrigues déloyales de l'ambassadeur, encouragées par l'argent et les promesses du roi de France ; révoltes qui tendaient à détrôner la reine Marie pour lui substituer sa sœur Elisabeth, ou Jeanne Grey, déjà pardonnée une première fois. La rébellion fut vaincue, Jeanne Grey et son mari exécutés, avec quatre autres conspirateurs, Elisabeth obtint sa grâce par la médiation de l'évêque Gardiner.

Une chose que la reine Marie avait encore plus à cœur que son mariage…
A suivre : Rétablissement de la religion catholique en Angleterre. Légation du cardinal Polus.

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Message  Louis Sam 19 Oct 2013, 2:08 pm


Rétablissement de la religion catholique en Angleterre.
Légation du cardinal Polus.

Une chose que la reine Marie avait encore plus à cœur que son mariage, c'était le rétablissement de cette antique religion

« qui, pendant tant de siècles, dit le protestant Cobbet, avait fait le bonheur et la puissance de l'Angleterre, et dont la destruction a été pour le pays le signal de l'invasion, de la discorde, de la misère et de tous les genres de calamités.

Elle avait à surmonter de puissants obstacles ; car, si les pernicieux principes des réformateurs allemands, suisses et hollandais, n'avaient encore fait que peu de progrès parmi le peuple, restait toujours la tourbe des pillards, dont l'attitude était menaçante. Ils étaient si nombreux et si influents, il y avait si peu de grandes familles dont quelque membre ne fut pas compris dans le pillage des églises et la spoliation des biens ecclésiastiques, que l'entreprise de la reine paraissait presque impraticable.

La destruction de l'Église créée par Cranmer et établie par la loi présentait moins de difficultés, et, si l'on ne pouvait restituer l'or et l'argent volés aux églises pendant le règne d'Edouard, les murs de ces antiques édifices étaient encore restés debout, et rien n'était plus aisé que de les rendre à leur destination primitive.

Aussi les tables qu'on avait substituées aux autels et les prêtres mariés en disparurent-ils presque aussitôt, à la grande satisfaction du peuple, qui se souvenait encore d'avoir été impitoyablement sabré par les troupes allemandes pour avoir demandé dans le temps que le célibat leur fût prescrit comme par le passé.

On rétablit dans leurs sièges les évêques qui en avaient été dépouillés par Cranmer, qui fut bientôt après honteusement expulsé de celui qu'il avait occupé, et même jeté en prison sous le poids d'une accusation de haute trahison, juste punition de tous les crimes commis par ce scélérat.

Le sacrifice de la messe fut de nouveau célébré sur tous les points du royaume ; on ne vit plus marquer du sceau de l'infamie et condamner à l'esclavage les malheureux coupables d'avoir demandé l'aumône.

On crut, en un mot, que l'abîme des révolutions qui venaient de bouleverser l'Angleterre était comblé, et chacun espéra dès lors voir renaître l'antique prospérité de la terre par excellence de l'hospitalité et de la charité 1 »

Le protestant Cobbet poursuit :

« Mes lecteurs, impatients sans doute de connaître le résultat des négociations avec les pillards, vont être témoin d'une scène qu'ils regarderaient comme une pure fiction si elle n'était pas aussi avérée.

« Le même parlement qui avait légalisé le divorce de Catherine, prononcé par Cranmer, et qui avait bâtardisé Marie, la reconnut de la manière la plus solennelle pour légitime héritière du trône d'Angleterre. Après avoir proscrit la religion catholique pour élever sur ses débris le culte protestant, cette assemblée brisa son propre ouvrage et consacra de nouveau la foi catholique, en la rendant obligatoire pour tous les sujets anglais. Tant de versatilité dans un corps délibérant surprendrait à coup sûr si l'on n'avait soin de remarquer que, dans cette circonstance, il lui était impossible de suivre une autre ligne de conduite ; il avait, en effet, tout à craindre du peuple, qui se prononçait d'une manière décidée sur cette importante matière et secondait puissamment les intentions de la reine. Au reste, rien de plus admirable que la promptitude et la célérité que l'on déploya dans ces circonstances.

« Edouard VI était mort dans le courant de juillet…

_____________________________________________

1 Cobbet, lettre 8.

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Message  Louis Dim 20 Oct 2013, 6:41 am


Rétablissement de la religion catholique en Angleterre.
Légation du cardinal Polus.

(suite)

« Edouard VI était mort dans le courant de juillet ; à cette époque la révolution religieuse commencée par son père et ses ministres avait atteint son plus haut degré de force, et cependant il suffît de moins de cinq mois pour renverser ce frêle échafaudage élevé par l'esprit de révolte et de mensonge. Le mois de novembre de la même année n'était pas encore entièrement écoulé que déjà les actes de procédure du procès de divorce intenté par Cranmer à la vertueuse Catherine étaient annulés et que le culte imposé à la nation n'existait plus que pour mémoire.

Quoique le parlement eût dans le temps sanctionné ces mesures politiques, il s'empressa de les rapporter par deux bills dont l'un légitimait de nouveau le mariage de Henri VIII avec Catherine, sa première femme, et déversait tout l'odieux du divorce sur Cranmer, en le désignant même personnellement comme le principal auteur de cette intrigue. L'autre bill déclarait que l'Église établie par la loi n'était qu'une innovation produite par les bizarres opinions de quelques individus isolés, sans s'embarrasser le moins du monde de l'étrange contradiction que présentait cette déclaration avec celle par laquelle, quelques années auparavant, le parlement avait reconnu que la nouvelle Église provenait directement du Saint-Esprit. Cranmer, dont le génie sublime avait conçu et créé cette grande institution, n'eut pas du moins la douleur d'être témoin de la ruine de son propre ouvrage.

Lorsque les deux lois dont nous venons de parler furent promulguées, il se trouvait renfermé à la Tour de Londres, par suite d'une déclaration incendiaire qu'il avait publiée, en apprenant du fond de son palais de Lambeth que le sacrifice expiatoire de l'Agneau sans tache avait été   de  nouveau célébré dans son église cathédrale. Remarquons, au reste, qu'il n'était nullement besoin d'un acte législatif pour détruire la nouvelle Église, puisque, depuis longtemps, l'opinion publique avait fait tacitement justice de cette monstrueuse création. On l'avait imposée à la nation, la nation la repoussa ; elle tomba d'elle-même et de son propre poids, tandis que, pour en opérer le rétablissement, il fallut, sous le règne d'Elisabeth, verser des flots de sang 1. »

« Les pillards réformateurs, qu'on avait jusqu'alors laissés fort tranquilles…

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1 Cobbet, lettre 8.

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Message  Louis Dim 20 Oct 2013, 12:41 pm


Rétablissement de la religion catholique en Angleterre.
Légation du cardinal Polus.  

(suite)
« Les pillards réformateurs, qu'on avait jusqu'alors laissés fort tranquilles, tremblèrent pour la conservation de leur butin quand le gouvernement de la reine s'occupa de savoir s'il convenait de rétablir la suprématie du Saint-Siège abolie sous le règne de Henri VIII. En effet, le rapt des biens de l'Église étant un quasi-sacrilège, il était possible que, si le Pape ressaisissait son ancienne influence, il en exigeât la restitution. Depuis dix-huit années que la majeure partie des propriétés ecclésiastiques avait été arrachée à ses légitimes propriétaires, elles avaient été divisées et subdivisées à l'infini, et, dans beaucoup d'endroits, la classe commune du peuple était devenue dépendante des nouveaux propriétaires, soit en affermant leurs terres, soit par l'établissement insensible d'autres rapports directs d'intérêts. Le peuple, d'ailleurs, ne pouvait pas concevoir aussi aisément comment la pureté de sa foi était intéressée à la reconnaissance de la suprématie du Pape qu'il saisissait la liaison intime qui existait entre la conservation de la foi et la célébration de la messe, ainsi que l'observation des préceptes et des doctrines catholiques.

Quelque vif donc que fût le désir de la reine d'éviter toute occasion de sanctionner directement ou indirectement les brigandages de la réforme, il lui fallait ou risquer une guerre civile pour rétablir la suprématie du Saint-Siège, ou ne point réconcilier son peuple avec le vicaire de Jésus-Christ, et garder alors le titre odieux de chef de l'Eglise, ou bien encore entrer en arrangement avec les pillards. Elle choisit cette dernière alternative, quoiqu'il ne soit rien moins que certain que la guerre civile eût été moins avantageuse au pays, en supposant même qu'elle eût été décidée en faveur des réformés, chose d'ailleurs peu probable 1. »

Toutes ces réflexions du protestant Cobbet sont bien remarquables, surtout les dernières. Il continue :

« Néanmoins, comme la reine, dont le zèle égalait la pureté d'intention, avait à cœur le rétablissement de la religion, l'arrangement à l'amiable passé avec les pillards produisit encore des résultats assez avantageux. Ainsi le monde entier put se convaincre dans cette occasion, et notre nation en particulier vit alors clairement que la soif du pillage avait été le seul motif de cette prétendue réforme; que toutes les vociférations des réformateurs contre l'autorité du Pape, que toutes leurs accusations contre les institutions monastiques et les prétendus abus de l'Église catholique, toutes leurs confiscations et tous leurs massacres, que tous leurs crimes, en un mot, n'avaient eu d'autre motif et d'autre but que le pillage.

On vit alors, en effet, ce même parlement, qui, trois ou quatre années auparavant, avait, par son vote législatif, consacré l'Église inventée par Cranmer, qui l'avait déclarée l'œuvre du Saint-Esprit, on vit, dis-je, ces pieux réformateurs,, après avoir préalablement passé un marché en vertu duquel ils conservaient ce qu'ils avaient volé, on les vit avouer « qu'ils s'étaient rendus coupables envers la véritable Église d'une horrible défection, professer un sincère repentir de leurs fautes passées, » et se déclarer prêts à rapporter toutes les lois qu'ils avaient rendues au préjudice de l'autorité du Saint-Siège. »

Le cardinal Polus…

______________________________________

1 Id., ibid.

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Message  Louis Lun 21 Oct 2013, 5:51 am


Rétablissement de la religion catholique en Angleterre.
Légation du cardinal Polus.

(suite)
Le cardinal Polus, qui avait présidé pendant sa première période le concile de Trente, se trouvait encore sur le continent à l'époque de la mort d'Edouard VI. Le Pape Jules III, jugeant qu'il pouvait désormais retourner en toute sûreté dans sa patrie, le nomma son légat en Angleterre.

« Convoquée pour le mois de novembre 1554, la session du parlement s'ouvrit par une procession solennelle des deux Chambres, que le roi suivit à cheval et la reine en litière. Les travaux législatifs commencèrent par l'abrogation du décret de proscription dont le cardinal Polus avait été frappé sous le règne du farouche Henri VIII. En même temps un grand nombre de nobles se rendaient à sa rencontre à Bruxelles, pour le ramener en triomphe à Londres. Le cardinal fut accueilli à Douvres par les démonstrations de la joie la plus vive ; avant d'arriver à Gravesend, d'où il s'embarqua pour se rendre à Westminster, les gentilshommes des environs étaient venus, au nombre de plus de deux mille cavaliers, grossir son cortège.

« Le 29 novembre les deux chambres du parlement votèrent au roi et à la reine une adresse exprimant la sincérité et la vivacité des regrets qu'elles éprouvaient des torts dont elles s'étaient rendues coupables envers le Saint-Siège, et dans laquelle elles suppliaient Leurs Majestés, qui n'avaient point participé à ce péché, d'intercéder pour elles auprès du Saint-Père, afin d'en obtenir leur pardon, et leur rentrée dans le bercail de Jésus-Christ. Le lendemain l'évêque et grand-chancelier Gardiner lut cette lettre en présence de la reine, qui était assise sur son trône, ayant le roi à sa droite et le cardinal Polus à sa gauche. Le roi et la reine s'adressèrent alors au légat, qui, après avoir prononcé un discours assez étendu et analogue à la circonstance, donna, pour le Pape, aux deux Chambres et à toute la nation, L'ABSOLUTION, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; à quoi les membres du parlement, respectueusement agenouillés, répondirent : AMEN. C'est ainsi que l'Angleterre redevint une contrée catholique et qu'elle fut rétablie dans le bercail du Christ.

« Toutefois avant de consentir à consacrer par son silence la spoliation des biens de l'Église…

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Message  Louis Lun 21 Oct 2013, 2:37 pm


Rétablissement de la religion catholique en Angleterre.
Légation du cardinal Polus.

(suite)

« Toutefois avant de consentir à consacrer par son silence la spoliation des biens de l'Église, c'est-à-dire des moyens d'exercer la charité et l'hospitalité que possédait ce bercail, le Pape Jules III avait longtemps hésité ; le cardinal Polus, homme plein de droiture et de justice, avait encore hésité bien davantage ; mais Gardiner, premier ministre de Marie, et tous les autres membres du conseil ne demandaient pas mieux que de transiger. Aussi nos pieux diseurs d'Amen, en même temps qu'ils confessaient  avoir grièvement péché par cette défection en vertu de laquelle ils se trouvaient en possession des propriétés de l'Église et des pauvres, en même temps qu'ils adressaient au Ciel de ferventes prières pour en obtenir l'absolution, qu'ils se joignaient à la reine pour entonner des Te Deum solennels d'actions de grâces, prenaient-ils soin de faire en sorte qu'on ne pût jamais les forcer à restituer leurs vols, et décrétaient-ils que tous ceux qui se trouvaient en possession des biens de l'Église les garderaient, et que quiconque entreprendrait de les molester ou de les troubler dans leur possession serait puni cconformément aux lois1

Le protestant Cobbet regarde cette transaction comme l'acte le plus blâmable du règne de Marie.

« Hâtons-nous, au reste, de dire, ajoute-t-il, que, si elle sanctionna imprudemment par son silence les spoliations des réformateurs, elle était bien résolue, pour ce qui la concernait personnellement, de ne rien garder du pillage. C'est ainsi qu'au mois de novembre 1555, elle restitua à l'Église les dixièmes et les premiers fruits de tous les bénéfices ecclésiastiques, qui, avec les dîmes dont ses prédécesseurs s'étaient également emparés, produisaient à la couronne un revenu net de plus de soixante-trois mille livres sterling, somme qui aujourd'hui représenterait environ 25 millions de francs. Elle renonça également à jouir d'une grande quantité de biens composant à son avènement au trône le domaine de la couronne, mais originairement acquis au préjudice de l'Église, des hospices ou de quelques particuliers. Les scrupules de conscience qui portèrent Marie à renoncer à ces divers revenus sont d'autant plus louables, qu'à cette époque c'était la couronne elle-même qui, du produit de ses propres domaines, salariait tous ses officiers, comme ambassadeurs, juges ou autres, et qui fournissait les fonds nécessaires pour acquitter les pensions qu'elle accordait à d'anciens serviteurs. Marie régna, d'ailleurs, plus de deux ans et demi sans prélever sur son peuple un seul denier en taxes quelconques. L'abandon volontaire fait par cette princesse des dixièmes et des premiers fruits ne fut donc que le résultat de sa haute piété et de la générosité naturelle à son cœur. Elle agit en cela contrairement aux remontrances de son conseil, et le bill voté dans cette circonstance par le parlement éprouva dans les deux Chambres la plus vive opposition. On craignait en effet, et avec raison, qu'il ne réveillât la haine et l'indignation du peuple contre les brigands de la réforme,

« Marie ne borna point à cette mesure le cours de sa justice réparatrice ; elle restitua bientôt après aux églises et aux couvents toutes celles de leurs terres et autres propriétés tombées depuis la révolution dans le domaine de la couronne. En général, son désir était de les rendre autant que possible à leur destination primitive. Elle rétablit ainsi l'abbaye de Westminster, le couvent de Greenwich, les moines noirs de Londres, et une foule d'hôpitaux et d'hospices, qu'elle dota en outre fort richement. Comme l'exemple de la reine aurait naturellement produit beaucoup d'effet sur les esprits, il serait difficile de dire jusqu'à quel point la noblesse l'aurait imité si elle avait vécu quelques années de plus 1

Cependant tous les écrivains protestants, fait observer Cobbet, se sont réunis pour donner à Marie le surnom historique de…

________________________________________________________

1 Cobbet, lettre 8.
 
 
A suivre : Ce que signifie au juste Persécution et Martyr.

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Message  Louis Mar 22 Oct 2013, 6:59 am


Ce que signifie au juste Persécution et Martyr.

Cependant tous les écrivains protestants, fait observer Cobbet, se sont réunis pour donner à Marie le surnom historique de sanguinaire et pour parler de persécution et de martyrs sous son règne.

Persécution et martyrs sont deux mots dont il est bon de se bien rappeler le sens, surtout quand on écrit l'histoire, quand on se pose en témoin, juré et juge des faits et des personnages historiques. Persécution veut dire poursuite injuste et violente : injuste pour le fonds, violente pour le mode. Les gendarmes, les officiers de justice qui poursuivent un voleur, un assassin, ne le persécutent pas; le créancier qui poursuit son débiteur pour le payement d'une dette ne le persécute pas, si ce n'est qu'il excède dans le mode.

Aussi le Sauveur a-t-il dit : « Bienheureux ceux qui sont poursuivis à cause de la justice, car le royaume du ciel est à eux 2. » Il ne dit pas généralement : « Bienheureux ceux qui sont poursuivis; » encore moins : « Bienheureux ceux qui sont poursuivis à cause de l'injustice, » mais : « Bienheureux ceux qui sont poursuivis à cause de la justice, » de la justice véritable qu'ils pratiquent. Saint Pierre, le premier Pape, dit en conséquence dans sa première encyclique à tous les fidèles de l'univers : « Que personne d'entre vous n'ait à souffrir comme homicide, ou voleur, ou malfaiteur, ou convoitant le bien d'autrui. Si c'est comme chrétien, qu'il n'en rougisse pas, mais qu'il glorifie Dieu en ce nom 1. » Ainsi un chrétien même, s'il est poursuivi pour le mal, n'est pas persécuté, mais seulement s'il est poursuivi pour le bien. C'est dans ce dernier cas seulement qu'il est appelé bienheureux par le Sauveur.

Martyr veut dire témoin. Jésus-Christ est le témoin ou martyr par excellence ; il est venu du ciel sur la terre pour rendre témoignage à la vérité et la faire connaître. Il a établi son Église, Pierre et les apôtres, le Pape et les évêques, pour être ses martyrs, ses témoins, pour prêcher la vérité et lui rendre témoignage jusqu'aux extrémités de la terre, jusqu'à la fin du monde. Ceux qui meurent pour ce témoignage, voilà les vrais martyrs.

Aussi le principal martyr de l'Afrique, saint Cyprien, dit-il : « Ce n'est pas la peine, mais la cause, qui fait les martyrs; hors de l'Église on peut être tué, on ne saurait être couronné. » En effet, voyez les Juifs. A la vérité divine, attestée par Jésus-Christ et son Eglise, ils préfèrent leurs pensées humaines; ils meurent pour ces pensées sous les débris fumants de Jérusalem et du temple; au lieu de martyrs on les appelle pécheurs impénitents, aveugles volontaires, coupables endurcis, comme les démons. Et, de fait, les démons sont les premiers hérétiques, les premiers apostats, les premiers qui à la vérité manifestée de Dieu par son Verbe et sa milice fidèle ont préféré leurs propres pensées. Aussi leur punition, leurs flammes, leur enfer, ne s'appelle-t-il pas un martyre; ce n'est que le supplice infamant et éternel de la première hérésie, de la première apostasie.

En ceci la justice séculière est conforme à la justice éternelle…

________________________________________________

2 Matth., 5. — 1 1 Pierre, 4.

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Message  Louis Mar 22 Oct 2013, 12:57 pm


Ce que signifie au juste Persécution et Martyr.  

(suite)
En ceci la justice séculière est conforme à la justice éternelle. Un guerrier meurt pour sa patrie, il meurt pour en conserver l'unité et l'indépendance, contre des traîtres qui la veulent démembrer, contre l'étranger qui la veut asservir. Aussitôt la patrie reconnaissante grave son image sur le marbre et l'airain, et plus encore dans les cœurs, elle lui élève des statues, son nom est une des gloires nationales ; mais le traître qui conspire pour la démembrer ou pour la réduire en servitude, elle met son crime avant les parricides, elle ne trouve point de supplice trop rigoureux pour le punir, elle voue son nom à une éternelle infamie. Et le monde entier trouve cela juste.

Or il y a eu un temps auquel, au-dessus de leur patrie nationale, les rois et les peuples avaient tous ensemble leur patrie universelle, l'humanité chrétienne, l'Église catholique, une et indépendante. Pour être citoyen d'une patrie nationale il fallait être citoyen de cette patrie universelle. Vouloir démembrer par l'hérésie ou trahir par l'apostasie cette patrie commune de tous était à leurs yeux une plus haute trahison que de vouloir démembrer par l'apostasie sa patrie locale ; ils la punissaient donc, afin de conserver l'unité et l'indépendance de l'humanité chrétienne, de la patrie catholique. Or, l'Angleterre étant rentrée légalement dans cette patrie, son gouvernement appliqua les lois existantes à quelques promoteurs d'anarchie religieuse et politique. Voici comment le protestant Cobbet expose et apprécie les faits :

« J'ai déjà remarqué autre part que la proclamation des principes de la réforme avait été le signal de l'irruption en Angleterre d'une foule de religions et de sectes différentes, avec l'immoralité et les vices de tout genre, les haines et les discordes perpétuelles, résultat inévitable de l'anarchie religieuse. On devait donc s'attendre que la reine mettrait toute sa sollicitude à détruire la source de ces dissensions intestines et des calamités publiques ; il était naturel qu'après avoir inutilement essayé de tous les autres moyens en son pouvoir elle eût recours à ceux que plaçait en ses mains la sévère législation de l'époque. Alors, en effet, tous les traîtres, tous les mécontents, tous les rebelles affectaient de déguiser leurs criminels projets sous le voile du fanatisme religieux. Quoique leur nombre fût très-circonscrit, ils se subdivisaient en une foule d'affiliations ou sectes différentes, suppléant ainsi par leur malice au désavantage de leur position isolée au milieu de la nation, et faisant continuellement tous leurs efforts pour l'agiter et même pour faire périr la reine.

« Un tel état de choses était incompatible avec la sûreté du royaume et appelait toute l'attention du gouvernement…
 
A suivre : Poursuites légales de la reine Marie contre certains hérétiques, entre lesquels Latimer et Cranmer, d’après le protestant Cobbet.

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Message  Louis Mer 23 Oct 2013, 6:22 am


Poursuites légales de la reine Marie
contre certains hérétiques,
entre lesquels Latimer et Cranmer,
d’après le protestant Cobbet.    

« Un tel état de choses était incompatible avec la sûreté du royaume et appelait toute l'attention du gouvernement. En décembre 1554, un an et demi après l'avènement de Marie au trône, le parlement comprit la nécessité de remettre en vigueur, par un nouvel acte législatif, les anciens statuts concernant le crime d'hérésie. Établis sous le règne de Richard II et de Henri IV contre les Lollards, ces statuts condamnaient au supplice du feu les hérétiques obstinés; Henri VIII les avait modifiés de manière à s'en autoriser pour s'emparer des biens des hérétiques; Edouard VI les avait révoqués, non par humanité, mais parce qu'ils définissaient le crime d'hérésie l'expression et la propagation de doctrines contraires à la foi catholique.

Cette définition viciait radicalement les dispositions législatives dont on se proposait bien d'user largement; elles furent donc abolies et on déclara que le crime d'hérésie serait désormais punissable suivant la loi commune, en se gardant bien de préciser en quoi il consistait.

Or cette loi commune envoyait, tout comme auparavant, au bûcher les hérétiques obstinés. II en périt un grand nombre pendant le règne du jeune prince; c'étaient pour la plupart des protestants dissidents, que Cranmer envoyait aux flammes dans la chaleur de son zèle pour l'Église dont il était l'inventeur. La religion catholique étant redevenue celle de l'État, les anciens statuts furent tout naturellement remis en vigueur. Il n'y eut donc en cela rien d'innové.

Il est bon, d'ailleurs, de remarquer que, lorsque l'astucieuse Elisabeth se fit protestante, elle ne les abolit de nouveau que pour y en substituer d'autres à son usage, et qu'elle ainsi que son successeur firent périr philosophiquement par le feu un grand nombre d'hérétiques. Ils avaient néanmoins tous deux, comme nous le verrons bientôt, une manière beaucoup plus expéditive et surtout moins bruyante de se défaire des hommes assez constants pour croire à la religion de leurs pères.

« Les exécutions ordonnées en vertu de ces statuts et sur un jugement rendu par une cour spirituelle présidée par Bonner, évêque de Londres…
* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.

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Message  Louis Mer 23 Oct 2013, 1:02 pm


Poursuites légales de la reine Marie
contre certains hérétiques,
entre lesquels Latimer et Cranmer,
d’après le protestant Cobbet.

(suite)


« Les exécutions ordonnées en vertu de ces statuts et sur un jugement rendu par une cour spirituelle présidée par Bonner, évêque de Londres, avaient lieu en la manière accoutumée. Des écrivains protestants se sont efforcés à cette occasion de charger la mémoire de Gardiner, grand-chancelier du royaume, des plus odieuses inculpations, sans les appuyer par aucune charge réelle. Nous savons que le cardinal Polus, qui venait d'être promu à l'archevêché de Cantorbéry, désapprouvait hautement les rigueurs déployées dans ces circonstances, et c'est un fait irrécusable qu'un moine espagnol, confesseur de Philippe, prêchant un jour devant la reine, blâma énergiquement sa conduite peu modérée.

Il est indubitable, cependant, que cette conduite lui était dictée par l'opinion publique, et, bien que le gouvernement français ne cessât de fomenter des révoltes contre son autorité, on n'entendit jamais les rebelles mettre au nombre de leurs griefs les châtiments infligés aux hérétiques. Leurs plaintes n'avaient d'autre motif que les relations trop intimes avec l'Espagnol, et les bûchers de Smithfield (place où l'on exécutait les hérétiques) n'y entrèrent jamais pour rien, quoique, dans ces derniers temps, on ait réussi à nous faire accroire que les insurrections qui troublèrent le règne de cette princesse n'eurent point d'autre cause. Il est avéré que la plupart de ceux qui périrent de la sorte étaient des hommes du caractère le plus infâme, que presque tous avaient établi leurs repaires dans la capitale, et que le peuple les appelait, par dérision, les évangélistes de Londres.

« J'accorde cependant, continue le protestant Cobbet, que, sur les deux cent soixante-sept individus, c'est le nombre auquel Hume, d'après le martyrologe de Fox, évalue les victimes de Marie, qui périrent par le feu comme coupables d'hérésie, il se trouvât quelques hommes sincères et vertueux, qui furent martyrs de leur attachement à leurs opinions religieuses; mais il serait important de défalquer de ce nombre tous les individus qui existaient encore à l'époque où parut le livre de Fox, et qui protestèrent expressément contre l'honneur qu'il voulait bien leur faire de les immortaliser dans son martyrologe, et ensuite on compterait. Ce serait la meilleure manière de s'assurer de la véracité de Fox, et, par suite, du degré de croyance que méritent toutes les accusations banales de cruauté que, sur son autorité, on adresse encore journellement à Marie. On verrait alors que le plus grand nombre de ces prétendus martyrs étaient d'atroces scélérats, continuellement occupés à machiner la mort de la reine, et qui, sous le spécieux prétexte de liberté de conscience, cherchaient à amener une nouvelle révolution qui leur donnât occasion de piller de nouveau la nation. C'étaient tous, sans exception, ou des apostats , ou des parjures , ou des voleurs publics.

« Faire une mention particulière de ces divers scélérats serait une tâche aussi pénible que fastidieuse…
* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.

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Message  Louis Jeu 24 Oct 2013, 7:04 am


Poursuites légales de la reine Marie
contre certains hérétiques,
entre lesquels Latimer et Cranmer,
d’après le protestant Cobbet.    

(suite)

« …Faire une mention particulière de ces divers scélérats serait une tâche aussi pénible que fastidieuse; je me bornerai à dire que l'on comptait parmi eux deux évêques de la façon de Cranmer et Cranmer lui-même. Les trois autres personnages les plus marquants étaient Hopper, Latimer et Ridley, inférieurs, il est vrai, en scélératesse à leur digne chef, mais le cédant à bien peu d'autres.

« Ce Hopper était un moine flamand qui, après avoir rompu son vœu de chasteté, avait épousé une Flamande. Instrument aveugle et docile du protecteur Sommerset, le dévouement, dont il avait fait preuve dans le pillage des églises lui avait valu deux évêchés, quoiqu'il eût écrit lui-même contre le cumul des bénéfices. Il avait pris une part active à toutes les cruautés dont le peuple était victime sous le règne d'Edouard, et s'était particulièrement distingué par son zèle à recommander l'emploi des troupes allemandes pour faire courber les têtes anglaises sous le joug du protestantisme.

« Latimer avait commencé sa carrière, non-seulement comme  prêtre catholique, mais encore comme l'un des plus rudes adversaires de la prétendue religion réformée. Son zèle à défendre la foi apostolique et romaine lui avait valu de Henri VIII l'évêché de Worcester. Il avait ensuite changé d'opinion mais s'était toutefois bien gardé de résigner son évêché. Au contraire il l'avait gardé pendant vingt années consécutives, réprouvant intérieurement les principes de l'Eglise, et en vertu d'un serment qu'il avait prêté de s'opposer de tout son pouvoir aux dissidents de l'Église catholique. Pendant les règnes de Henri et d'Edouard il avait fait brûler vifs des catholiques et des protestants dont le crime était d'avoir des opinions qu'il avait partagées et qu'il partageait secrètement, alors même qu'il les envoyait au bûcher. Enfin il avait été l'instrument principal dont s'était servi le protecteur Sommerset pour envoyer son propre frère, lord Thomas Sommerset, à l'échafaud.

« Quant à Ridley, il avait été évêque catholique pendant le règne de Henri VIII, à l'époque où ce monarque envoyait indistinctement à l'échafaud les protestants qui refusaient de croire à la transsubstantiation. Sous Édouard il s'était fait évêque protestant et avait renié lui-même le dogme de la transsubstantiation, envoyant au bûcher les protestants qui différaient de croyance avec Cranmer. Il obtint sous ce règne l'évêché de Londres, en souscrivant à l'abominable condition, qu'on lui imposa, d'abandonner la majeure partie des biens de cet évêché aux ministres et aux courtisans rapaces de cette époque. Enfin il s'était rendu coupable de haute trahison envers la reine en exhortant publiquement et du haut de la chaire le peuple à se ranger du côté de l'usurpatrice lady Jeanne, cherchant par là à exciter la guerre civile et à causer la mort de sa légitime souveraine, pour rester en possession d'un évêché qu'il n'avait obtenu que par la simonie et le parjure.

« En vérité, voilà un joli trio de saints protestants, tout à fait digne de saint Martin Luther, lequel, par parenthèse, rapporte lui-même, dans un de ses écrits, que ce fut à l'instigation du démon qu'il se fit protestant ; de ce Luther que son disciple Mélanchthon appelle un homme brutal, tout à fait dénué de piété et d'humanité, plutôt juif que chrétien, de ce fameux fondateur du protestantisme, religion perfectionnée qui a divisé l'univers en mille sectes différentes, toutes acharnées les unes contre les autres !

« Néanmoins, quelques scélérats qu'ils aient été, Cranmer les éclipse aussitôt qu'on les met en comparaison avec lui…

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Message  Louis Jeu 24 Oct 2013, 12:14 pm


Poursuites légales de la reine Marie
contre certains hérétiques,
entre lesquels Latimer et Cranmer,
d’après le protestant Cobbet.    

(suite)

« Néanmoins, quelques scélérats qu'ils aient été, Cranmer les éclipse aussitôt qu'on les met en comparaison avec lui. Où ma plume et ma langue trouveront-elles les couleurs et les expressions nécessaires pour le peindre? Sur les soixante-cinq années de son existence, vingt-neuf furent employées à commettre une série de crimes auxquels on ne saurait rien trouver de comparable dans les annales de l'infamie humaine. Lorsqu’il n'était encore qu'agrégé d'un collège de Cambridge, et ayant par suite fait en cette qualité serment de ne point se marier, il se maria secrètement et continua de jouir de son agrégat. Il reçut bientôt après l'ordre de la prêtrise, quoique déjà marié, et fit vœu de célibat perpétuel. Il alla ensuite en Allemagne, où il épousa une seconde femme, la fille d'un saint protestant, de sorte qu'il eut deux femmes à la fois, bien que ses vœux l'empêchassent d'en avoir aucune.

« Devenu plus tard archevêque de Cantorbéry, il tint la main à l'exécution rigoureuse de la loi concernant le célibat des prêtres, pendant que lui-même gardait sa femme allemande dans son palais archiépiscopal.

« En qualité de juge ecclésiastique il prononça ensuite successivement le divorce de Henri VIII avec trois femmes, appuyant, dans deux de ces affaires, sa décision sur des motifs directement contraires à ceux qu'il avait lui-même mis en avant pour légitimer ces mariages.

«  Ainsi, dans l'affaire d'Anne de Boleyn, il déclara, en qualité de juge ecclésiastique, qu'Anne n'avait jamais été la femme du roi, et vota sa mort à la chambre des Pairs comme ayant été adultère et s'étant par là rendue coupable de trahison envers son mari. Élevé à la dignité d'archevêque par Henri, dignité qu'il reçut en prêtant de dessein prémédité un faux serment, il envoya au bûcher des hommes et des femmes dont le crime était de n'être pas catholiques, et des catholiques qui refusaient de reconnaître la suprématie du roi et d'imiter son parjure et son apostasie.

«  Devenu protestant sous le règne d'Edouard, il se mit à professer les mêmes principes pour lesquels il avait fait brûler tant de ses semblables, et fit ensuite brûler ceux de ses coreligionnaires protestants dont les motifs de protester différaient des siens.

« Institué par son maître Henri exécuteur du testament par lequel celui-ci léguait sa couronne à ses filles Marie et Élisabeth, en cas que son fils Edouard mourût sans postérité, il se réunit à d'autres scélérats pour conspirer contre les droits légitimes de ces princesses et donner la couronne à lady Jeanne, cette reine de neuf jours, qu'il fit proclamer à l'aide de ses complices.

« Relégué pour toute punition, malgré l'énormité de ses crimes, dans son palais épiscopal de Lambeth, il paya la magnanimité de la reine en conspirant avec les traîtres soudoyés par la France pour renverser son gouvernement.

« Jugé enfin et condamné comme hérétique, il déclara vouloir se rétracter…

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Message  Louis Ven 25 Oct 2013, 5:59 am


Poursuites légales de la reine Marie
contre certains hérétiques,
entre lesquels Latimer et Cranmer,
d’après le protestant Cobbet.

(suite)

« Jugé enfin et condamné comme hérétique, il déclara vouloir se rétracter. On lui donna six semaines de répit, pendant lesquelles il signa six rétractations différentes, toutes plus absolues les unes que les autres. Ainsi il déclara que la religion protestante était fausse, que la religion catholique était la seule vraie; qu'il croyait sincèrement à tous les dogmes qu'elle enseignait, qu'il avait horriblement blasphémé contre les sacrements ; qu'il était indigne de pardon; qu'il priait le peuple, la reine et le Pape d'avoir pitié de lui et de prier pour sa malheureuse âme, ajoutant qu'il avait fait et signé cette déclaration sans crainte et sans aucun espoir de pardon, uniquement pour soulager sa conscience et donner un bon exemple à son prochain.

« On mit en question au conseil de la reine si on lui ferait grâce, comme on l'avait déjà fait à d'autres individus qui s'étaient rétractés ; mais on décida qu'il serait injuste de le soustraire au châtiment que méritaient ses crimes. On aurait encore pu ajouter qu'il n'aurait été rien moins qu'honorable pour l'Église catholique de voir un misérable, chargé d'assassinats, de parjures, de vols et de trahisons, se réconcilier avec elle.

« Condamné à lire publiquement sa rétractation pendant qu'on le conduisait au supplice, et voyant que le bûcher était préparé et qu'il ne lui restait plus qu'à mourir, il retrouva encore assez de force dans sa scélératesse pour rétracter sa rétractation, pour étendre lui-même au milieu des flammes la main qui l'avait signée, et pour expirer de la sorte, en protestant de nouveau contre cette religion à laquelle, quelques heures auparavant, il s'était encore déclaré fermement attaché, prenant Dieu à témoin de la sincérité de ses sentiments 1

« Le terme fixé par la divine Providence pour le règne de Marie approchait…

________________________________________________

1 Cobbet, lettre 8.
A suivre : Mort de la reine Marie.

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Message  Louis Ven 25 Oct 2013, 12:31 pm

Mort de la reine Marie.

« Le terme fixé par la divine Providence pour le règne de Marie approchait, et le peu de jours qu'elle avait encore à vivre devaient être des jours d'amertume et d'affliction. La faiblesse naturelle de sa santé, que minaient continuellement des inquiétudes et des soucis sans nombre, faisait chaque jour pressentir davantage combien sa fin était prochaine, et la sûreté de son autorité était en outre incessamment compromise par les conspirations permanentes d'une faction aussi haineuse que perfide.

« En 1557 la reine se trouvait engagée dans une guerre formidable contre la France, par suite des machinations perpétuelles ourdies par cette puissance contre la sûreté de son trône. Philippe, auquel son père Charles-Quint venait d'abandonner ses vastes possessions, avait également rompu avec cette cour perfide, et c'était dans les Pays-Bas et dans les provinces septentrionales de la France, théâtre naturel de la guerre, que cette grande querelle se décidait. Une armée anglaise vint se joindre à celle de Philippe, qui pénétra bientôt dans le cœur de la France et y remporta des avantages signalés, notamment la fameuse bataille de Saint-Quentin. Toutefois les Français, commandés par le duc de Guise, profitant d'un instant où Calais était sans défense, s'emparèrent par un hardi coup de main de cette place importante, qui depuis deux cents ans avait toujours été sous la domination de l'Angleterre.

« La nouvelle de cet échec affecta profondément la reine et porta même un coup funeste à sa santé déjà chancelante; il lui fut impossible d'y survivre. Sentant de jour en jour sa fin approcher, elle répétait souvent aux personnes qui l'entouraient : «En faisant l'autopsie de mon corps les médecins trouveront infailliblement le nom de Calais au fond de mon cœur. » Marie expira le 17 novembre 1558, à l'âge de quarante-deux ans, après en avoir régné sept. Scrupuleusement fidèle à sa parole, sincère dans ses relations, patiente et résignée dans les contrariétés et l'adversité, généreuse et magnifique dans sa prospérité, reconnaissante envers tous ceux qui l'obligeaient, elle léguait à sa sœur Elisabeth, avec le trône, un admirable exemple de pureté d'actions, d'intentions et de paroles, que celle-ci se garda bien d'imiter 1 »

C'est ainsi que le protestant anglais William Cobbet, membre du parlement, juge la catholique Marie, reine d'Angleterre. Ce jugement non suspect peut servir de correctif aux déclamations calomnieuses d'autres écrivains protestants, et même aux déclamations routinières de certains écrivains catholiques, entre autres de Lingard.

Le grand-chancelier du royaume…

_______________________________________________

1 Cobbet, lettre 9.
 
 
A suivre : Mort de l’évêque et chancelier Gardiner.

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Message  Louis Sam 26 Oct 2013, 6:30 am

Mort de l’évêque et chancelier Gardiner.
Le grand-chancelier du royaume, Gardiner, évêque de Winchester, était mort trois ans avant la reine, le 12 novembre 1555. Sa mort fut vivement regrettée par Marie, qui perdit en lui un serviteur habile, fidèle et zélé ; mais elle fut vue avec joie par l'ambassadeur français, par les factieux et les réformateurs, qui le regardaient comme l'une des colonnes du gouvernement. Durant sa maladie il édifia tous ceux qui l'entouraient par sa piété et sa résignation, disant bien des fois : « J'ai péché avec Pierre, mais je n'ai pas encore pleuré aussi amèrement que Pierre. » Dans son testament il légua tout son bien à la reine, la priant de payer ses dettes et d'avoir soin de ses serviteurs. Il ne laissa qu'une somme très-médiocre, quoique ses ennemis l'aient accusé d'avoir accumulé trente à quarante mille livres sterling 2.

La reine Marie était morte le 17 novembre 1558…

__________________________________________________

2 Lingard, t, 7, p. 330.
 
 
A suivre : Mort du cardinal Polus. Ses vertus, ses talents, ses ouvrages.


Dernière édition par Louis le Sam 26 Oct 2013, 2:33 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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