Le Saint Concile de Trente
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatorzième session.
Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)CHAP. VI. Du ministre de ce sacrement et de l'absolution.
« A l'égard du ministre de ce sacrement, le saint concile déclare fausses et entièrement éloignées de la vérité de l'Evangile toutes doctrines qui, par une erreur pernicieuse, étendent généralement à tous les hommes le ministère des clefs, qui n'appartient qu'aux évêques et aux prêtres, supposant, contrairement à l'institution de ce sacrement, que ces paroles de Notre-Seigneur : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel 1; » et ces autres : « Les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à qui vous les retiendrez 2, » ont été si indifféremment et si indistinctement adressées à tous les fidèles que chacun a la puissance de remettre les péchés, les publics par la correction, si celui qui est repris acquiesce, et les péchés secrets par la confession volontaire à qui que ce soit.
« Le saint concile déclare aussi que les prêtres qui sont en péché mortel ne laissent pas, par la vertu du Saint-Esprit, qu'ils ont reçue dans l'ordination, de remettre les péchés, en qualité de ministres de Jésus-Christ, et que ceux-là pensent mal qui soutiennent que les mauvais prêtres perdent cette puissance.
« Or, quoique l'absolution du prêtre soit une dispensation du bienfait d'autrui, toutefois ce n'est pas un simple ministère, ou d'annoncer l'Évangile, ou de déclarer que les péchés sont remis, mais une sorte d'acte judiciaire par lequel le prêtre, comme juge, prononce la sentence ; et ainsi le pénitent ne doit pas tellement se reposer sur sa foi qu'il pense que, même sans contrition de sa part et sans intention de la part du prêtre d'agir sérieusement et de l'absoudre véritablement, il soit néanmoins, par sa seule foi, véritablement absous devant Dieu ; car la foi sans la pénitence ne produirait point la rémission des péchés, et celui-là ne ferait que se montrer très-négligent de son salut, qui, s'apercevant qu'un prêtre ne l'absout que par jeu, n'en rechercherait pas un autre qui agît sérieusement.
CHAP. VII. Des cas réservés.…
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1 Matth., 16 et 18. — 2 Jean, 20.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatorzième session.
Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)CHAP. VII. Des cas réservés.
« Comme il est de l'ordre et de l'essence de tout jugement que nul ne prononce de sentence que sur ceux qui lui sont soumis, l'Église de Dieu a toujours été persuadée, et le saint concile confirme la même vérité, que nulle est l'absolution qu'un prêtre prononce sur une personne sur laquelle il n'a point de juridiction ordinaire ou subdéléguée.
« Aussi nos anciens Pères ont toujours regardé comme d'une grande importance pour la bonne discipline du peuple chrétien que certains crimes plus énormes et plus graves ne fussent pas absous indifféremment par tout prêtre, mais seulement par ceux du premier ordre. C'est pour cela que les souverains Pontifes, en vertu de la suprême puissance qui leur a été donnée dans l'Église universelle, ont pu avec raison réserver à leur jugement particulier la connaissance de certains crimes plus graves. Et comme tout ce qui vient de Dieu est bien réglé, on ne doit pas non plus révoquer en doute que tous les évêques, chacun dans son diocèse, n'aient la même autorité, pour l'édification cependant, et non pour la destruction, et cela en vertu de l'autorité qui leur a été donnée par-dessus tous les autres prêtres inférieurs sur ceux qui leur sont soumis, principalement à l'égard des péchés qui emportent avec eux la censure de l'excommunication.
« Il est conforme à l'autorité divine que cette réserve des péchés non-seulement ait son effet pour la police extérieure, mais aussi devant Dieu. Cependant, de peur qu'à cette occasion quelqu'un ne vînt à périr, il a toujours été observé dans la même Église de Dieu, par un pieux usage, qu'il n'y eût aucun cas réservé à l'article de la mort, et que tout prêtre pût absoudre tout pénitent des censures et de quelque péché que ce soit. Mais, hors ce cas, le prêtre n'ayant point de pouvoir pour les cas réservés, ils doivent seulement s'efforcer de persuader aux pénitents d'avoir recours aux juges supérieurs et légitimes pour recevoir l'absolution.
CHAP. VIII. De la nécessité et du fruit de la satisfaction.…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
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Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)CHAP. VIII. De la nécessité et du fruit de la satisfaction.« Enfin, à l'égard de la satisfaction, qui, de toutes les parties de la pénitence, bien qu'en tout temps recommandée aux chrétiens par les saints Pères, se trouve cependant seule plus que les autres combattue en ce siècle, sous un grand prétexte de piété, par des gens qui ont une apparence de piété, mais qui en ont renié la vertu, le saint concile déclare qu'il est entièrement faux et contraire à la parole de Dieu de dire que le Seigneur ne pardonne jamais la faute qu'en même temps il ne remette toute la peine; car, outre l'autorité de la tradition divine, il se trouve dans les saintes Écritures des exemples illustres et convaincants qui détruisent manifestement cette erreur.
« (?) Il semble, en effet, que la justice de Dieu exige qu'il suive des règles différentes pour recevoir en sa grâce ceux qui, avant le baptême, ont péché par ignorance, et ceux qui, après avoir été une fois délivrés de la servitude du péché et du démon, et après avoir reçu le don du Saint-Esprit, n'ont pas craint de profaner sciemment le temple de Dieu et de contrister le Saint-Esprit. D'ailleurs il convient à la bonté de Dieu de ne pas nous dispenser totalement de lui faire satisfaction pour les péchés qu'il nous pardonne, de peur que, prenant de là occasion de les estimer légers, nous ne venions à tomber dans des crimes plus énormes, comme pour insulter et outrager le Saint-Esprit, amassant ainsi sur nos têtes un trésor de colère pour le jour de la colère. Car il est certain que ces peines qu'on impose pour la satisfaction détournent beaucoup du péché, retenant les pénitents comme par un frein et les obligeant d'être à l'avenir plus vigilants et plus sur leurs gardes, outre qu'elles servent de remède à. ce qui peut rester du péché et détruisent par la pratique des vertus contraires les mauvaises habitudes contractées par une vie déréglée.
« Il est constant de plus que, dans l'Eglise de Dieu, jamais on n'a estimé qu'il y eût de voie plus assurée pour détourner les châtiments dont Dieu menace les hommes que de pratiquer ces œuvres de pénitence. Ajoutez à cela que, pendant que nous souffrons pour nos péchés en satisfaisant, nous devenons conformes à Jésus-Christ, qui a satisfait lui-même pour nos péchés, de qui vient toute notre capacité de bien faire ; et par là nous avons un gage très-assuré que, si nous souffrons avec lui, nous aurons part à sa gloire.
« Mais cette satisfaction…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatorzième session.« Mais cette satisfaction par laquelle nous payons pour nos péchés n'est pas tellement nôtre qu'elle ne soit en même temps par Jésus-Christ; car nous, qui ne pouvons rien de nous comme de nous-mêmes, nous pouvons tout avec la coopération de Celui qui nous fortifie. Ainsi l'homme n'a pas de quoi se glorifier; mais toute notre gloire est en Jésus-Christ, en qui nous vivons, en qui nous méritons, en qui nous satisfaisons, faisant de dignes fruits de pénitence, lesquels tirent de lui leur vertu, par lui sont présentés à son Père, et en lui sont agréés par son Père.
Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)
« Les prêtres du Seigneur doivent donc autant que le Saint-Esprit et leur propre prudence le leur suggéreront, enjoindre des satisfactions salutaires et convenables, selon la qualité des crimes et le pouvoir des pénitents, de peur que, les traitant avec trop d'indulgence et les flattant dans leurs péchés par des satisfactions légères pour des crimes considérables, ils ne se rendent eux-mêmes coupables des péchés d'autrui; et ils doivent avoir en vue que la satisfaction qu'ils imposent non-seulement puisse servir de remède à l'infirmité des pénitents et de préservatif pour conserver leur nouvelle vie, mais qu'elle soit aussi leur punition et le châtiment des péchés passés. Car les anciens Pères, que nous suivons, croient et enseignent que les clefs ont été données aux prêtres non-seulement pour délier, mais encore pour lier. Ils n'ont cependant pas estimé que le sacrement le Pénitence fût pour cela un tribunal de colère ou de peines, comme jamais non plus catholique n'a pensé que ces sortes de satisfactions obscurcissent ou diminuent tant soit peu la vertu du mérite et de la satisfaction de notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais les novateurs, ne le voulant point comprendre, enseignent que la bonne pénitence n'est autre chose que le changement de vie, et détruisent par là toute la force et tout l'usage de la satisfaction.
CHAP. IX. Des œuvres de satisfaction.
« Le saint concile déclare de plus que la bonté et la libéralité de Dieu sont si grandes que nous pouvons, par Jésus-Christ, satisfaire à Dieu le Père, non-seulement par les peines que nous embrassons de nous-mêmes pour punir en nous le péché, ou qui nous sont imposées par le jugement du prêtre selon la mesure de nos fautes, mais encore, ce qui est la plus grande marque de son amour, par les afflictions temporelles qu'il nous envoie et que nous souffrons avec patience. »
DU SACREMENT DE L'EXTRÊME-ONCTION.…
Dernière édition par Louis le Sam 28 Sep 2013, 2:29 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)DU SACREMENT DE L'EXTRÊME-ONCTION.
« Le saint concile a jugé à propos d'ajouter, à ce qui vient d'être dit de la Pénitence, ce qui suit touchant le sacrement de l'Extrême-Onction, que les saints Pères ont regardé comme la consommation non-seulement de la pénitence, mais de toute la vie chrétienne, qui doit être une pénitence continuelle. Premièrement donc, à l'égard de son institution, il déclare et enseigne que comme notre Rédempteur infiniment bon, qui a voulu pourvoir en tout temps ses serviteurs de remèdes salutaires contre tous les traits de toutes sortes d'ennemis, a préparé dans les autres sacrements de puissants secours aux chrétiens pour pouvoir se garantir pendant leur vie des plus grands maux spirituels, aussi a-t-il voulu munir et fortifier la fin de leur course par le sacrement de l'Extrême-Onction, comme par une ferme et assurée défense. Car, encore que durant toute la vie notre adversaire cherche et épie les occasions de dévorer nos âmes par toutes sortes de moyens, il n'y a pourtant aucun temps où il emploie avec plus de force et plus d'attention ses ruses et ses efforts pour nous perdre entièrement et pour nous faire déchoir, s'il pouvait, de la confiance en la miséricorde de Dieu, que lorsqu'il nous voit, près de quitter la vie.
CHAPITRE I. De l' institution du sacrement de l'Extrême-Onction.
« Cette onction sacrée des malades a été instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ comme un sacrement propre et véritable du Nouveau Testament, insinué dans saint Marc 1 , recommandé et promulgué aux fidèles par saint Jacques, apôtre et frère de Notre-Seigneur. « Quelqu'un, dit-il, est-il malade parmi vous : qu'il fasse venir les prêtres de l'Église, et qu'ils prient pour lui, l'oignant d'huile au nom du Seigneur, et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le soulagera, et, s'il est en péché, ses péchés lui seront remis 2. » Par ces paroles, que l'Église a reçues comme de main en main de la tradition des apôtres, elle a appris elle-même et nous enseigne quels sont la matière, la forme, le ministre propre et l'effet de ce sacrement salutaire ; car, pour la matière, l'Eglise a reconnu que c'était l'huile bénite par l'évêque, et, en effet, l'onction représente très-bien la grâce du Saint-Esprit, dont l'âme du malade est ointe invisiblement; et, pour la forme, elle a reconnu qu'elle consistait dans ces paroles : « Par cette onction, » etc.
CHAP. II. De l'effet de ce sacrement.
« Quant à l'effet réel de ce sacrement, il est déclaré par ces paroles : « Et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le soulagera, et, s'il est en péché, ses péchés lui seront remis. » Car, en fait, cet effet réel est la grâce du Saint-Esprit, dont l'onction purifie les restes du péché et les péchés mêmes s'il y en a quelqu'un à expier, soulage et affermit l'âme du malade, excitant en lui une grande confiance en la miséricorde de Dieu. Soutenu par elle, il supporte plus facilement les incommodités et les travaux de la maladie, il résiste plus aisément aux tentations du démon qui lui dresse des embûches en cette extrémité, et il obtient même quelquefois la santé du corps, lorsque cela est expédient au salut de l'âme.
CHAP. III. Du ministre de ce sacrement et du temps où il faut le donner.…
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1 Marc, 6. — 2 Jacq.,5.
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Louis- Admin
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de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)
CHAP. III. Du ministre de ce sacrement et du temps où il faut le donner.
« Quant à ce qui est de déterminer quels sont ceux qui doivent recevoir ce sacrement et ceux qui doivent l'administrer, les paroles citées nous l'apprennent aussi très-clairement; car on y montre que les propres ministres de ce sacrement sont les prêtres de l'Église, dont le nom ne doit pas s'entendre en ce lieu des plus anciens en âge, ou des premiers en dignité d'entre le peuple, mais ou des évêques ou des prêtres ordonnés par eux selon le rite par l'imposition des mains sacerdotales. On y déclare aussi qu'il faut faire cette onction aux malades, principalement à ceux qui sont attaqués si dangereusement qu'ils paraissent être sur le point de quitter la vie, d'où vient qu'on l'appelle aussi le sacrement des mourants. Que si les malades, après avoir reçu cette onction, reviennent en santé, ils pourront encore être aidés par le secours de ce sacrement lorsqu'ils tomberont dans un autre pareil danger de mort.
« Il ne faut donc en aucune façon écouter ceux qui, contre le sentiment de l'apôtre saint Jacques, si clair et si manifeste, enseignent que cette onction est ou une invention humaine ou un usage reçu des Pères, mais non un précepte de Dieu qui enferme quelque promesse de grâce; ni ceux qui affirment que l'usage de cette onction a cessé, comme si elle devait se rapporter seulement à la grâce de guérir les maladies dont jouissait la primitive Église ; ni ceux qui disent que la coutume et la manière que la sainte Église romaine observe dans l'administration de ce sacrement répugnent au sentiment de l'apôtre saint Jacques, et que pour cela il faut le changer en un autre; ni enfin ceux qui assurent que cette onction dernière peut être méprisée sans péché par les fidèles ; car tout cela est en opposition formelle avec les paroles précises de ce grand apôtre. Et certainement l'Église romaine, mère et maîtresse de toutes les autres, n'observe dans l'administration de cette onction, quant à ce qui constitue la substance de ce sacrement, que ce que saint Jacques en a prescrit, et on ne pourrait pas mépriser un si grand sacrement sans un grand crime et sans faire injure au Saint-Esprit même.
« Voilà ce que le saint concile œcuménique professe et enseigne touchant les sacrements de Pénitence et d'Extrême-Onction, et qu'il propose à croire et à tenir à tous les fidèles chrétiens. Il propose aussi les canons suivants pour les garder inviolablement, prononçant condamnation et anathème perpétuels contre ceux qui soutiendraient le contraire.
DU SACREMENT TRÈS-SAINT DE LA PÉNITENCE.…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
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Doctrine et canons sur les sacrements
de Pénitence et d’Extrême-Onction.
(suite)DU SACREMENT TRÈS-SAINT DE LA PÉNITENCE.
« CANON I. Si quelqu'un dit que, dans l'Église catholique, la pénitence n'est pas véritablement et proprement un sacrement institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour réconcilier à Dieu les fidèles, toutes les fois qu'ils tombent dans le péché depuis le baptême, qu'il soit anathème !
« II. Si quelqu'un, confondant les sacrements, dit que le Baptême lui-même est le sacrement de Pénitence, comme si ces deux sacrements n'étaient pas distincts, et qu'ainsi c'est mal à propos qu'on appelle la Pénitence la seconde planche après le naufrage, qu'il soit anathème !
« III. Si quelqu'un dit que ces paroles du Sauveur : « Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez, », ne doivent pas s'entendre de la puissance de remettre et de retenir les péchés dans le sacrement de Pénitence, comme l'Église catholique les a toujours entendues dès le commencement, et que, contre l'institution de ce sacrement, il détourne le sens de ces paroles pour l'appliquer au pouvoir de prêcher l'Évangile, qu'il soit anathème!
« IV. Si quelqu'un nie que, pour l'entière et parfaite rémission des péchés, trois actes, qui sont comme la matière du sacrement de Pénitence, soient requis de la part du pénitent, savoir : la contrition, la confession et la satisfaction, qu'on appelle les trois parties de la Pénitence, ou s'il dit que la Pénitence n'a que deux parties, savoir, les terreurs d'une conscience agitée à la vue du péché et la foi conçue par l'Évangile ou par l'absolution, et qui nous fait croire que nos péchés nous sont remis par Jésus-Christ, qu'il soit anathème !
« V. Si quelqu'un dit que la contrition à laquelle on s'excite par la discussion, la recherche et la détestation de ses péchés, lors que, repassant les années de sa vie dans l'amertume de son âme, on pèse la grièveté, la multitude et la difformité de ses péchés, le danger de perdre le bonheur éternel et d'encourir la damnation éternelle, avec la résolution de mener une meilleure vie ; s'il dit qu'une telle contrition n'est pas une douleur véritable et utile, qu'elle ne prépare point à la grâce, mais qu'elle rend l'homme hypocrite et plus grand pécheur ; enfin, que c'est une douleur forcée et non pas libre et volontaire, qu'il soit anathème !
« VI. Si quelqu'un nie que la confession sacramentelle soit ou instituée ou nécessaire au salut de droit divin, ou s'il dit que la manière de se confesser secrètement au prêtre seul, que l'Église catholique observe et a toujours observée dès le commencement, n'est pas conforme à l'institution et au précepte de Jésus-Christ, mais que c'est une invention humaine, qu'il soit anathème !
« VII. Si quelqu'un dit que, dans le sacrement de Pénitence, il n'est pas nécessaire de…
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Louis- Admin
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Quatorzième session.« VII. Si quelqu'un dit que, dans le sacrement de Pénitence, il n'est pas nécessaire de droit divin de confesser tous et chacun des péchés mortels dont on peut se souvenir, après y avoir dûment et soigneusement pensé, même les péchés secrets et ceux qui sont contre les deux derniers préceptes du Décalogue, et les circonstances qui changent l'espèce du péché ; mais qu'une telle confession est seulement utile pour l'instruction et la consolation du pénitent, et qu'autrefois elle n'était en usage qu'afin d'imposer une pénitence canonique ; ou si quelqu'un dit que ceux qui s'attachent à confesser tous leurs péchés ne veulent rien laisser à la divine miséricorde à pardonner, ou qu'enfin il n'est pas permis de confesser les péchés véniels, qu'il soit anathème !
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(suite)
« VIII. Si quelqu'un dit que la confession de tous les péchés, telle que l'observe l'Église, est impossible et n'est qu'une tradition humaine que les gens de bien doivent abolir, ou bien que tous et chacun des fidèles n'y sont pas obligés une fois l'an, conformément à l'institution du grand concile de Latran, et que pour cela il faut dissuader les fidèles de se confesser dans le temps de carême, qu'il soit anathème !
« IX. Si quelqu'un dit que l'absolution du prêtre n'est pas un acte judiciaire, mais un simple ministère qui ne consiste qu'à déclarer à celui qui se confesse que ses péchés lui sont remis, pourvu seulement qu'il se croie absous, encore que le prêtre ne l'absolve pas sérieusement, mais par manière de jeu, ou s'il dit que la confession du pénitent n'est pas requise afin que le prêtre le puisse absoudre, qu'il soit anathème !
« X. Si quelqu'un dit que les prêtres qui sont en péché mortel n'ont pas la puissance de lier et de délier, ou que les prêtres ne sont pas les seuls ministres de l'absolution, mais que c'est à tous les fidèles et à chacun d'eux que ces paroles sont adressées : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera aussi lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera aussi délié dans le ciel ; » et celles-ci : « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez; » de sorte qu'en vertu de ces paroles chacun puisse absoudre des péchés publics par la correction seulement, si celui qui est repris y défère, et des péchés secrets par la confession volontaire, qu'il soit anathème !
« XI. Si quelqu'un dit que les évêques n'ont pas le droit de se réserver…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatorzième session.« XI. Si quelqu'un dit que les évêques n'ont pas le droit de se réserver des cas, si ce n'est quant à la police extérieure, et qu'ainsi cette réserve n'empêche pas que le prêtre ne puisse absoudre véritablement des cas réservés, qu'il soit anathème !
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(suite)
« XII. Si quelqu'un dit que Dieu remet toujours la peine avec la coulpe, et que la satisfaction des pénitents n'est autre chose que la foi par laquelle ils conçoivent que Jésus-Christ a satisfait pour eux, qu'il soit anathème !
« XIII. Si quelqu'un dit qu'on ne satisfait nullement à Dieu pour ses péchés, quant à la peine temporelle, en vertu des mérites de Jésus-Christ, par les peines que le Seigneur envoie et qu'on prend en patience, ou par celles que le prêtre enjoint; ni par celles qu'on s'impose à soi-même volontairement, comme sont les jeûnes, les prières, les aumônes; ni par aucunes autres œuvres de piété, et qu'ainsi la bonne et véritable pénitence est seulement une nouvelle vie, qu'il soit anathème !
« XIV. Si quelqu'un dit que les satisfactions par lesquelles les pénitents rachètent leurs péchés par Jésus-Christ n'entrent pas dans le culte de Dieu, mais sont des traditions humaines qui obscurcissent la doctrine de la grâce, le vrai culte de Dieu et le bienfait de la mort de Jésus-Christ, qu'il soit anathème !
« XV. Si quelqu'un dit que les clefs n'ont été données à l'Église que pour délier, et non pas aussi pour lier, et que pour cela les prêtres agissent contre la destination des clefs et contre l'institution de Jésus-Christ lorsqu'ils imposent des pénitences à ceux qui se confessent, et que c'est une fiction de dire que, après que la peine éternelle a été remise en vertu des clefs, la peine temporelle reste encore le plus souvent à expier, qu'il soit anathème ! »
DU SACREMENT DE L'EXTREME-ONCTION…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatorzième session.
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(suite)DU SACREMENT DE L'EXTREME-ONCTION.
« CANON I. Si quelqu'un dit que l'Extrême-Onction n'est pas vraiment et proprement un sacrement institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ et promulgué par l'apôtre saint Jacques, mais que ce n'est qu'une cérémonie reçue des Pères ou une invention humaine, qu'il soit anathème !
« II. Si quelqu'un dit que l'onction sacrée que l'on donne aux malades ne confère pas la grâce, ne remet pas les péchés ni ne soulage ces malades, et qu'à présent elle doit cesser, comme si ce n'avait été autrefois que le don de guérir les maladies, qu'il soit anathème !
« III. Si quelqu'un dit que le rite et l'usage de l'Extrême-Onction, tels que les observe la sainte Église romaine, répugnent au sentiment de l'apôtre saint Jacques, que pour cela il faut les changer et que les chrétiens pourraient sans péché les mépriser, qu'il soit anathème !
« IV. Si quelqu'un dit que les prêtres de l'Eglise, que saint Jacques exhorte à faire venir pour oindre le malade, ne sont pas les prêtres ordonnés par l'évêque, mais que ce sont les hommes avancés en âge dans chaque communauté, et que pour cela le ministre propre de l'Extrême-Onction n'est pas le seul prêtre, qu'il soit anathème ! »
Voilà comment le saint concile de Trente expose et sanctionne la doctrine chrétienne sur les sacrements d'Eucharistie, de Pénitence et d'Extrême-Onction. Toutes ces décisions sont fondées sur la sainte Écriture, les traditions apostoliques, les conciles approuvés, les constitutions des souverains Pontifes et des saints Pères, et le consentement de l'Église.
Dans les bonnes éditions des actes toutes les sources sont indiquées en détail. C'est peut-être l'étude la plus utile et la plus importante au prêtre, et même au laïque, qui veut saisir d'une manière nette et précise le fond même de la foi véritable, afin de la défendre avec sécurité contre les erreurs qui en prennent l'apparence.
Avec le concile de Trente, résumé fidèle de seize siècles de Christianisme, de soixante siècles de traditions prophétiques et patriarcales, le voyageur du temps peut scruter à son aise cet immense édifice de l'éternité ; il y trouvera toutes les pierres, non-seulement bien unies, mais vivantes et parlantes, comme cela se doit dans une maison bâtie de la main de Dieu.
Après les dogmes, pierres fondamentales et charpente de l'édifice, viennent la discipline et les mœurs…
A suivre : Décrets disciplinaires du concile pour élever le pouvoir des évêques
au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Après les dogmes, pierres fondamentales et charpente de l'édifice, viennent la discipline et les mœurs, qui sont comme la décoration du dedans et du dehors. Il y a des inspecteurs de l'œuvre : ce sont les évêques; mais, pour inspecter, il faut être sur place ; donc il faut que les évêques résident dans leur diocèse. « Mais, disaient les inspecteurs, que faire sur place? On ne nous écoute pas ; les ouvriers se prétendent dispensés ou exempts de nos ordres. De là, pour la restauration de l'édifice, plein pouvoir donné aux évêques comme délégués du Saint-Siège. C'est ce que nous avons vu faire au concile dans les premières sessions. Mais le pouvoir judiciaire des évêques était entravé par des difficultés et des chicanes sans cesse renaissantes. Le concile, dans les treizième et quatorzième sessions, élève leur pouvoir au-dessus des difficultés et des chicanes, par une suite de décrets tempérés, de fermeté et de douceur.
Décrets disciplinaires du concile pour élever le pouvoir des évêques
au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape.
SESSION XIII. — « CHAPITRE I. Les évêques doivent veiller avec prudence à la restauration des bonnes mœurs, et l'on ne doit pas appeler de leur sentence.
« Le même saint concile de Trente ayant dessein de faire quelques ordonnances touchant la juridiction des évêques, afin que, conformément au décret de la dernière session, ils se portent à résider d'autant plus volontiers dans leurs Églises qu'ils trouveront plus de facilité et de disposition à gouverner les personnes qui sont sous leur charge et à les contenir dans une vie honnête et réglée, il juge à propos de les avertir eux-mêmes les premiers de se souvenir qu'ils ont été établis pour paître leur troupeau, et non pour le maltraiter, et qu'ils doivent présider de telle sorte à leurs inférieurs qu'ils ne prétendent pas les dominer; mais qu'ils doivent les aimer comme leurs enfants et leurs frères, et tâcher de les détourner, par leurs exhortations et leurs bons avis, de tout ce qui leur est défendu, pour n'être pas obligés d'en venir aux châtiments nécessaires s'ils tombaient en quelque faute.
Cependant, s'il arrivait qu'ils en eussent commis quelqu'une par fragilité humaine, les évêques doivent observer à leur égard le précepte de l'Apôtre, c'est-à-dire les reprendre, les supplier, les redresser avec toute sorte de bonté et de patience, parce que les témoignages d'affection sont plus propres à corriger les pécheurs que la rigueur, l'exhortation plus que la menace et la charité plus que la force.
« Mais, si la gravité de la faute exigeait…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
« Mais, si la gravité de la faute exigeait qu'on usât de la verge, alors il faut tempérer l'autorité par la douceur, la justice par la miséricorde et la sévérité par la bonté, et, sans faire paraître une dureté trop excessive, maintenir ainsi parmi les peuples la discipline qui est si utile et si nécessaire, afin que ceux qui auront été punis puissent se corriger, ou que, s'ils ne veulent pas, les autres au moins soient détournés du vice par l'exemple salutaire de cette punition. En effet il est du devoir d'un pasteur vigilant et charitable d'employer d'abord les remèdes les plus doux dans les maladies de ses brebis, pour en venir ensuite à de plus forts quand la grandeur du mal le demande. Et si enfin ceux-ci même sont inutiles pour en arrêter le cours, il doit au moins, en les séparant, mettre à couvert les autres brebis du péril de la contagion.
Décrets disciplinaires du concile pour élever le pouvoir des évêques
au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape.
(suite)
La coutume des accusés, en fait de crime, étant d'ordinaire de supposer des plaintes et des griefs pour éviter les châtiments et se soustraire à la juridiction des évêques, pour arrêter, par des appellations qu'ils interjettent, le cours des procédures ordinaires, afin d'empêcher qu'à l'avenir ils n'abusent, pour la défense de l'iniquité, d'un remède qui a été établi pour la conservation de l'innocence, et pour aller par ce moyen au-devant de leurs chicanes et de leurs fuites, le saint concile déclare et ordonne ce qui suit :
« Dans les causes qui regardent la visite et la correction, la capacité et l'incapacité des personnes, comme aussi dans les causes criminelles, on ne pourra appeler, avant la sentence définitive, d'aucun grief ni d'aucune sentence interlocutoire d'un évêque ou de son vicaire général au spirituel, et l'évêque ou son vicaire ne seront point tenus de déférer à une telle appellation, qui doit être regardée comme frivole ; mais ils pourront passer outre, nonobstant toute sentence émanée du juge devant qui on aura appelé et tout usage ou coutume contraire, même de temps immémorial, si ce n'est que le grief fût tel qu'il ne pût être réparé par la sentence définitive, ou qu'il n'y eût pas moyen d'appeler de cette sentence définitive, auquel cas les ordonnances des saints et anciens canons demeureront en leur entier.
— II. Dans une cause criminelle l'appellation se fait de l'évêque au métropolitain, et à l'un des évêques les plus proches, si le métropolitain est raisonnablement suspect, ou trop éloigné, ou si c'est de lui qu'on appelle.
— III. Les actes de la première instance seront fournis gratuitement à l'appelant, dans le terme de trente jours. »
Le chapitre IV : « De quelle manière il faut procéder à la déposition des clercs…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Le chapitre IV : « De quelle manière il faut procéder à la déposition des clercs pour des crimes graves, » apporte un changement notable à l'ancien droit; il est conçu en ces termes : « Comme il se commet quelquefois par des ecclésiastiques des crimes si énormes et si atroces qu'on est obligé de les déposer des ordres sacrés et de les livrer à la justice séculière, et que pour cette procédure les saints canons demandent un certain nombre d'évêques, ce qui pourrait quelquefois différer trop l'exécution du jugement par la difficulté de les assembler tous ou interrompre leur résidence quand ils seraient disposés à y assister, c'est pourquoi le saint concile ordonne et déclare qu'un évêque, sans l'assistance d'autres évêques, peut, par lui-même ou par son vicaire général au spirituel, procéder contre un clerc engagé dans les ordres sacrés, même dans la prêtrise, jusqu'à la condamnation et à la déposition verbale; il peut aussi par lui-même, sans autres évêques, procéder à la dégradation actuelle et solennelle desdits ordres et grades ecclésiastiques, dans les cas où la présence d'un certain nombre d'autres évêques, marqué par les canons, est requise, en se faisant néanmoins assister en leur place par un pareil nombre d'abbés ayant droit de crosse et de mitre par privilège apostolique, s'il s'en peut trouver aisément dans le lieu ou dans le diocèse, et qu'on puisse commodément les assembler; sinon, et à leur défaut, en y appelant au moins d'autres personnes constituées en dignités ecclésiastiques et recommandables par leur âge, leur expérience et leur capacité en fait de droit. »
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au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape.
(suite)
Pour prévenir les absolutions ou grâces subreptices que les délinquants pourraient surprendre à Rome sur de faux exposés, le chapitre V ordonne que l'évêque, comme délégué du Siège apostolique, connaîtra sommairement des grâces accordées pour l'absolution des péchés publics ou pour la remise des peines par lui imposées.
Les chapitres VI, VII et VIII statuent que l'évêque ne doit être assigné et cité à comparaître personnellement que lorsqu'il s'agit de le déposer ou de le priver de ses fonctions ; qu'on ne doit admettre contre un évêque, en matière criminelle, que les témoins sans reproche ; qu'enfin le souverain Pontife seul doit connaître des causes graves contre les évêques. Ce dernier article est important; voici les paroles du concile :
« Les causes des évêques, quand elles sont de nature à les faire comparaître, seront…
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Re: Le Saint Concile de Trente
« Les causes des évêques, quand elles sont de nature à les faire comparaître, seront portées devant le souverain Pontife et terminées par lui-même. »
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au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
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(suite)
Voilà donc le saint et œcuménique concile de Trente qui ordonne de porter au souverain Pontife les causes criminelles des évêques, non-seulement en dernier ressort, mais en première instance ; ce qui condamne les doléances en sens contraire qui ne cessent de se reproduire dans Fleury et dans le janséniste Fabre, son continuateur. Il nous semble que ce décret du concile de Trente n'a point assez été remarqué. Les Pères comprenaient que leur force est dans leur union entre eux et avec leur chef.
Ce plan de réformation se développe et se poursuit dans la session quatorzième en quatorze chapitres, précédés de l'introduction suivante.
« C'est le devoir des évêques d'avertir de leurs devoirs ceux qui leur sont soumis, principalement ceux qui ont charge d'âmes.
« Le devoir des évêques étant proprement de reprendre les vices de tous ceux qui leur sont soumis, ils doivent avoir un soin particulier que les ecclésiastiques, surtout ceux qui ont charge d'âmes, soient sans reproches, et ne mènent point, par leur connivence, une vie déréglée ; car, s'ils tolèrent qu'ils soient de mœurs corrompues et dépravées, comment reprendront-ils de leurs vices les laïques, qui pourront d'un seul mot leur fermer la bouche en leur disant qu'ils souffrent des ecclésiastiques plus criminels qu'eux? Et de quel droit aussi les prêtres corrigeront-ils les laïques quand leur propre conscience leur reprochera les mêmes crimes qu'ils reprennent ? Les évêques avertiront donc les ecclésiastiques, de quelque rang qu'ils soient, de marcher devant le peuple qui leur est confié par leur vie exemplaire, leurs paroles et leur doctrine, se souvenant de ce qui est écrit : « Soyez saints, parce que je suis saint 1, et prenant garde aussi, suivant la parole de l'Apôtre, de ne donner à personne aucun sujet de scandale 1, afin que leur ministère ne soit point déshonoré, mais qu'ils se montrent en toute chose tels que doivent être les ministres de Dieu, de peur que le mot du prophète ne s'accomplisse en eux : « Les prêtres de Dieu souillent les choses saintes et rejettent la loi 2. » Mais, afin que les évêques s'acquittent plus aisément de cette obligation et qu'ils ne puissent en être empêchés par aucun prétexte, le même saint concile de Trente, œcuménique et général, le même légat et les mêmes nonces du siège apostolique y présidant, a jugé à propos et d'établir et de décréter les ordonnances suivantes : …
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1 Lévit. 19. — 12 Cor., 6. — 2 Ézéch., 22. Sophon., 3.
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Re: Le Saint Concile de Trente
... Mais, afin que les évêques s'acquittent plus aisément de cette obligation et qu'ils ne puissent en être empêchés par aucun prétexte, le même saint concile de Trente, œcuménique et général, le même légat et les mêmes nonces du siège apostolique y présidant, a jugé à propos et d'établir et de décréter les ordonnances suivantes :
Décrets disciplinaires du concile pour élever le pouvoir des évêques
au-dessus des difficultés et des chicanes dans la restauration ecclésiastique.
Les causes graves des évêques sont réservées directement au Pape..
(suite)
« CHAPITRE I. On punira ceux qui s'élèvent aux Ordres malgré la défense l'interdit ou la suspense de l'ordinaire. — II. Défense aux évêques in partibus de donner aucun ordre à qui que ce soit, quand même il serait de leur maison, sans permission de son évêque, sous les peines portées contre les deux. — III. Un évêque peut suspendre ses clercs promus sans droit par un autre, s'il les trouve incapables. — IV. Aucun clerc n'est exempt de la correction de l'évêque, même hors la visite. » — V. On restreint les droits des conservateurs ou juges établis par le Pape pour conserver les droits ou les privilèges de certains corps ou de certaines personnes. Sont exceptés de cette restriction les universités, les collèges et les hôpitaux.
L'article VI décerne des peines contre les clercs qui, étant dans les ordres sacrés ou possédant des bénéfices, ne portent point un habit convenable à leur état. Il est conçu en ces termes :
« Quoique l'habit ne fasse pas le moine, il est nécessaire que les clercs portent toujours des habits convenables à leur propre état, afin de faire paraître, par la bienséance de leur habit, l'honnêteté, la droiture intérieure de leurs mœurs. Mais tels sont dans ce siècle le mépris de la religion et la témérité de quelques-uns que, sans avoir égard à leur propre dignité et à l'honneur de la cléricature, ils n'ont point de honte de porter publiquement des habits tout laïques, voulant mettre, pour ainsi dire, un pied dans les choses de Dieu et l'autre dans celles de la chair. Pour cette raison tous ecclésiastiques, quelque exempts qu'ils soient, ou qui seront dans les ordres sacrés, ou qui posséderont quelques dignités, personnats, offices ou bénéfices ecclésiastiques, quels qu'ils puissent être, si, après en avoir été avertis par leur évêque ou par son ordonnance publique, ils ne portent point l'habit clérical, honnête et convenable à leur ordre et dignité, conformément à l'ordonnance et au mandement de leur dit évêque, pourront et devront y être contraints par la suspension de leurs ordres, offices et bénéfices. Et même si, après avoir été une fois repris, ils retombent dans la même faute, ils seront privés de leurs offices et bénéfices, suivant la constitution de Clément V, publiée au concile de Vienne, qui commence par ce mot : Quoniam que le présent concile renouvelle et amplifie. »
L'article VII défend de jamais promouvoir aux ordres sacrés les homicides volontaires, et règle comment il faut procéder à l'égard des homicides par accident. — VIII. Nul ne peut punir les clercs d'un autre évêque, nonobstant tout privilège. — IX. On ne doit, sous aucun prétexte, unir les bénéfices de différents diocèses. — X. Il faut conférer les bénéfices réguliers aux réguliers. — XI. Ceux qui passent d'un ordre dans un autre doivent demeurer dans le cloître sous l'obéissance, et ils sont incapables de tout bénéfice séculier. — XII. On ne peut obtenir droit de patronage qu'en fondant ou dotant quelques bénéfices. — XIII. La présentation doit se faire à l'évêque ordinaire du lieu; autrement la présentation et l'institution seront nulles.
Après la lecture de tous les décrets de dogme et de discipline, on déclara que, dans la session prochaine…
A suivre : Seconde suspension du concile.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Seconde suspension du concile.
Après la lecture de tous les décrets de dogme et de discipline, on déclara que , dans la session prochaine, ordonnée pour le 25 janvier 1552, outre le sacrifice de la messe et les autres matières déjà indiquées, on examinerait encore le sacrement de l'Ordre et qu'on poursuivrait la réformation. Ce jour-là, en effet, on tint la quinzième session; on y lut un décret par lequel la décision des matières à discuter était différée jusqu'au 19 mars en faveur des protestants, qui demandaient cette prorogation. On y lut aussi un nouveau sauf-conduit qu'on leur accordait ; mais ils n'en furent point encore contents, et se plaignirent, comme à leur ordinaire, qu'on leur manquait de parole. La session fut prorogée de nouveau jusqu'au 1er du mois de mai, tant à cause du départ soudain des trois archevêques électeurs que pour de nouvelles espérances que donna l'empereur touchant l'arrivée des théologiens protestants.
Mais bientôt éclatèrent les projets des protestants contre l'empereur Charles-Quint, Leur armée ayant dirigé sa marche vers Inspruck, ville peu éloignée de Trente, les prélats prirent la fuite. Le cardinal Madruce, prévoyant que les vues des hérétiques pourraient bien être de se rendre maîtres de l'élite des évêques et des théologiens qui étaient à Trente, fit promptement avertir le Pape que cette ville n'était point à l'abri d'une irruption. Jules III suspendit le concile dans une congrégation consistoriale tenue le 15 avril 1551 et où l'affaire avait été mise en délibération. Les impériaux éclatèrent en menaces dès que cette résolution fut connue. Les deux évêques présidents, qui étaient seuls, parce que le légat Crescenzio était dangereusement malade, n'osèrent effectuer la suspension; ils voulaient d'ailleurs qu'elle fût résolue par le concile même. L'affaire ayant été mise en délibération dans la congrégation générale du 24 avril, la suspension y fut arrêtée pour deux ans, à la pluralité des voix, du consentement même d'une partie des impériaux et de l'ambassadeur du roi Ferdinand, frère de l'empereur. Cette résolution ayant été présentée dans la session tenue le 28 y fut confirmée. Douze Espagnols s'opposèrent au décret, en convenant toutefois de la nécessité où l'on se trouvait de proroger le concile ; ils agirent bientôt contre leur propre protestation en pourvoyant à leur salut par la fuite.
A suivre : § IV. DE LA SECONDE SUSPENSION DU CONCILE DE TRENTE (1551) A LA MORT DE PAUL IV (1559). SUITES DE LA RÉVOLUTION RELIGIEUSE EN ALLEMAGNE, EN FRANCE ET EN ANGLETERRE.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
Retiré à Inspruck et malade de la goutte Charles-Quint s'occupait à diriger le concile. Il croyait n'avoir rien à redouter des protestants ; dans cette confiance il envoya successivement tous ses soldats espagnols et tout l'argent dont il pouvait disposer ou en Italie, pour tenir tête aux Français, ou en Hongrie pour s'opposer aux Turcs. Ce qui lui inspirait une si grande sécurité à l'égard des protestants, c'était le dévouement de Maurice, nouvel électeur de Saxe, qui effectivement lui en donnait des assurances continuelles. Cependant Maurice le trahissait et préparait contre lui une expédition formidable, de concert avec les autres protestants d'Allemagne et le roi de France.
C'était dans la nuit du 22 au 23 mai 1552; la pluie tombait par torrents ; l'empereur était au lit, souffrant cruellement de la goutte. Tout à coup on l'avertit que dans peu d'heures il va se trouver au pouvoir de Maurice et de l'armée protestante, qui vient d'enlever la dernière forteresse. Charles-Quint, perclus des mains et des pieds, sans armée ni argent, se fait transporter dans une litière, et par des sentiers de montagne se dirige sur Villach, en Carinthie, éclairé par des flambeaux de paille, tandis que ses courtisans le suivent comme ils peuvent, sur de mauvais chevaux, des ânes ou à pied.
Le 23 au matin Maurice entre dans Inspruck avec son armée et reconnait qu'il est trop tard de quelques heures. Il livre au pillage le palais de l'empereur et repart pour Passau, où il entre en conférences avec le roi Ferdinand, qui, l'année précédente, avait fait assassiner le cardinal Martinuzzi, évêque de Varadin, qu'il soupçonnait coupable de trahison et dont on reconnut à sa mort la vertu et l'innocence. Ferdinand fut excommunié par le Pape, mais ensuite absous avec ses complices, à la prière de son frère Charles-Quint. En peu de temps tous les complices périrent d'une mort funeste.
Les conférences de Passau eurent pour résultat ce qu'on appelle…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
(suite)
Les conférences de Passau eurent pour résultat ce qu'on appelle Traité de la Paix publique. Il portait que le landgrave de Hesse, prisonnier de l'empereur, serait immédiatement mis en liberté ; qu'une diète serait assemblée dans six mois pour chercher le moyen d'assoupir toutes les discordes de religion, soit par un concile général ou national, soit par un colloque ou par une diète ordinaire ; qu'elle agirait d'après l'avis d'une commission composée d'un nombre égal de membres des deux religions, l'hérésie et la foi ancienne. Jusqu'à leur conciliation les deux religions, l'erreur et la vérité, devaient conserver tous leurs droits, une entière liberté pour leur culte et une égalité parfaite en justice. La même diète devait se charger de ramener l'entière exécution de la Bulle d'or et des anciennes constitutions de l'empire; Ferdinand et son fils Maximilien prenaient l'engagement de faire valoir toutes les plaintes de la nation germanique contre les violations de ses libertés. Toutes les troupes devaient être congédiées avant le 12 août suivant ; toutes les offenses données et reçues de part et d'autre devaient être oubliées, et le roi de France, qui avait secondé le rétablissement de la liberté religieuse en Allemagne, c'est-à-dire le triomphe de l'hérésie, était invité à faire connaître ses griefs contre l'empereur pour participer ensuite à la pacification générale. Suivant le protestant Sismondi, le roi de France n'avait d'autre vue que de répandre l'anarchie en Allemagne, pour avoir plus d'avantages contre l'empereur 1.
Au lieu de suivre la direction de l'Église de Dieu pour réprimer l'anarchie religieuse…
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1 Hist. des Français, t. 18, p, 472.
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Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
(suite)
Au lieu de suivre la direction de l'Église de Dieu pour réprimer l'anarchie religieuse et intellectuelle qui allait divisant l'Allemagne pour des siècles, Charles-Quint prétendait diriger l'Église et le concile œcuménique par ses diètes et par ses conférences allemandes, et, à la fin de ses finesses, il se voit contraint à fuir devant un favori qui le joue et à reconnaître à l'anarchie droit de naturalité en Allemagne. L'historien protestant Menzel est persuadé que, sans l'intervention astucieuse de ce favori, Maurice de Saxe, le concile de Trente, secondé par l'empereur, eût réuni de nouveau dans la même foi l'Allemagne et l'Europe divisée 1. Maurice de Saxe périt en 1553, dans une bataille entre deux partis protestants.
Charles-Quint se vit encore déçu dans d'autres projets. Depuis longtemps son frère Ferdinand était roi des Romains et par là même son successeur à l'empire ; mais Charles-Quint avait un fils unique, qui sera Philippe II, auquel il eût bien voulu céder tous ses États, et l'empire, et les Pays-Bas, et la Bourgogne, et le Milanais, et le royaume de Naples, et les royaumes d'Espagne, et le Nouveau-Monde. Pour cela il souhaitait que Ferdinand renonçât à son titre de roi des Romains ; mais Ferdinand ne voulut pas entendre de cette oreille, et il fallut renoncer à cette idée.
Henri II, roi de France, à la faveur de son alliance avec les protestants d'Allemagne, avait surpris à l'empire les villes de Toul, Verdun et Metz. Charles-Quint tenta de reprendre cette dernière sur le duc de Guise, mais n'y réussit pas. La fortune le trahissait aussi en Italie, où la révolte venait de lui faire perdre Sienne. Il se retira à Bruxelles, sentant vivement ses revers. Accablé par ses ennemis, tourmenté par les douleurs de la goutte, il devint sombre et mélancolique, et se déroba tellement à tous les regards pendant plusieurs mois que le bruit de sa mort se répandit en Europe. La diète d'Augsbourg, en 1555, confirma le traité de Passau et donna aux protestants des droits égaux à ceux des catholiques. Charles-Quint, voyant échouer tous ses projets et le nombre de ses ennemis s'augmenter chaque jour, prit la résolution de résigner à Philippe ses Etats héréditaires.
Les états des Pays-Bas s'étant assemblés à Louvain au mois d'octobre 1555, il rappela dans une harangue pompeuse la vie agitée et pénible qu'il avait menée…
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1 Menzel, Hist. moderne des Allemands, t. 3, p. 522 (en allemand).
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Re: Le Saint Concile de Trente
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
(suite)
Les états des Pays-Bas s'étant assemblés à Louvain au mois d'octobre 1555, il rappela dans une harangue pompeuse la vie agitée et pénible qu'il avait menée, ses fréquents voyages en Europe et même en Afrique, les guerres qu'il avait soutenues ; il insista particulièrement sur le sacrifice qu'il avait fait de son temps, de ses plaisirs, de sa santé, pour défendre la religion et travailler au repos public.
« Tant que mes forces me l'ont permis, continua-t-il, j'ai rempli mes devoirs ; aujourd'hui je me vois attaqué d'une maladie incurable, et mes infirmités m'ordonnent le repos. Le bonheur de mes peuples m'est plus cher que l'ambition de régner. Au lieu d'un vieillard près de descendre dans la tombe, je vous donne un prince dans la fleur de l'âge, un prince doué de sagacité, actif et entreprenant. Quant à moi, si j'ai commis quelques erreurs dans le cours d'un long règne, ne l'imputez qu'à ma faiblesse, et je vous prie de me le pardonner. Je conserverai à jamais une vive reconnaissance de votre fidélité, et votre bonheur sera le premier objet des voeux que j'adresserai au Dieu tout-puissant à qui je consacre le reste de ma vie. »
Se tournant ensuite vers Philippe, qui s'était jeté à genoux et qui baisait la main de son père, il lui adressa des conseils paternels sur les devoirs d'un prince et le conjura de travailler sans relâche au bonheur des peuples. Charles-Quint, en finissant son discours, donna sa bénédiction à son fils et le pressa fortement contre son sein ; puis, épuisé de fatigue et vivement ému des larmes de l'assemblée, il retomba dans son siège. Dans cette première cérémonie Charles-Quint ne céda à Philippe que la souveraineté des Pays-Bas ; le 15 janvier de l'année suivante (1556), il lui transmit tous les royaumes d'Espagne, et le 27 août de la même année il résigna l'empire à Ferdinand, son frère, en lui envoyant le sceptre et la couronne par le prince d'Orange.
De ses immenses revenus Charles-Quint ne se réserva qu'une…
Dernière édition par Louis le Dim 06 Oct 2013, 1:32 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Le Saint Concile de Trente
De ses immenses revenus Charles-Quint ne se réserva qu'une pension de cent mille écus. Ayant résolu de passer le reste de ses jours en Espagne, il s'affligea de ce que les vents contraires arrêtaient l'exécution de son dernier projet; il employa le temps qu'il passa encore dans les Pays-Bas à négocier la paix entre son fils et la France et réussit à faire adopter une trêve. S'étant embarqué en Zélande, il arriva sur les côtes de Biscaye. On dit qu'en sortant de son vaisseau il se prosterna et baisa la terre, en s'écriant : « Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu je retourne à toi, mère commune des hommes. »
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
(suite)
Lorsqu'il arriva à Burgos, le peu d'empressement de la noblesse à le recevoir et le retard qu'on mit à lui payer sa pension durent lui faire sentir son nouvel état avec quelque amertume. Il s'était choisi une retraite au monastère de Saint-Just, près de Placentia, dans l'Estramadure. Ce fut là qu'il ensevelit, dans la solitude et le silence, sa grandeur, son ambition et tous ses vastes projets, qui, pendant la moitié d'un siècle, avaient rempli l'Europe d'agitations et d'alarmes. Ses amusements se bornaient à des promenades sur un petit cheval, le seul qu'il eût conservé, à la culture d'un jardin et à des ouvrages de mécanique. Il faisait des horloges, et, ayant éprouvé la difficulté d'en faire marcher deux parfaitement d'accord, on prétend qu'il réfléchit sur sa folie en se rappelant le temps où il avait voulu contraindre un grand nombre d'hommes à adopter une façon de penser uniforme.
Il assistait deux fois par jour au service divin…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Il assistait deux fois par jour au service divin, lisait des livres de dévotion, et particulièrement les œuvres de saint Augustin et de saint Bernard. La nouveauté de ce genre de vie, la douceur du climat, la satisfaction que Charles-Quint goûta d'être délivré des soins du gouvernement firent d'abord de sa retraite un séjour de délices; mais bientôt de nouvelles attaques de goutte, et, si l'on en croit quelques historiens, le repentir d'avoir abandonné un trône, le plongèrent dans des accès de mélancolie qui altérèrent les facultés de son esprit ou plutôt le firent penser plus sérieusement à son heure dernière. Il renonça aux plaisirs les plus innocents de sa retraite et pratiqua dans toute leur rigueur les règles de la vie monastique. Dans la ferveur de sa dévotion il résolut de célébrer ses propres obsèques. Enveloppé d'un linceul et précédé de ses domestiques vêtus de deuil, il s'avança vers une bière placée au milieu de l'église du couvent et s'y étendit. On célébra l'office des Morts, et le monarque mêla sa voix à celles des religieux qui priaient pour lui. Après la dernière aspersion on se retira, et les portes de l'église se fermèrent. Charles-Quint, resté seul, se tint encore quelque temps dans le cercueil; s'étant levé enfin, il alla se prosterner devant l'autel; puis il rentra dans sa cellule, où il passa la nuit dans la plus profonde méditation. Il mourut de la fièvre quelque temps après, le 22 septembre 1558, dans la cinquante-neuvième année de son âge 1.
Charles-Quint, trahi par son favori Maurice de Saxe, délaissé de la fortune,
vaincu par la goutte, déçu dans tous ses projets, cède l’empire à son frère Ferdinand,
ses états héréditaires avec le Nouveau-Monde à son fils Philippe II,
et se retire au monastère de Saint-Just, où il célèbre ses propres obsèques et meurt.
(suite)
Quant à l'esprit politique de l'Europe, voici comment on en peut résumer…
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1 Biographie univers. Robertson.
A suivre : Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.
Quant à l'esprit politique de l'Europe, voici comment on en peut résumer l'origine, le caractère et le développement. Les césars teutons, promptement dégénérés de Charlemagne, cet humble défenseur de l'Église romaine, ce dévot auxiliaire du Siège apostolique en toutes choses, prétendent disposer en maîtres de ce Siège et de cette Église, y créent des schismes par leurs antipapes, et tout cela pour imposer à tout le monde ce Credo politique : « L'empereur allemand est la loi vivante et souveraine de tous les peuples et de tous les rois ; il est le propriétaire unique de tout l'univers; l'Église romaine n'existe que pour enseigner cela. »
De leur côté les rois de France, promptement dégénérés de saint Louis, leur glorieux ancêtre, au lieu de se dévouer comme lui au service de Dieu et de son Église, prétendent mettre cette Église de Dieu à leur service, confisquer la papauté à leur profit, et amènent ainsi le grand schisme d'Occident. Cet esprit de révolution et d'anarchie princière se fait homme, en Allemagne dans Luther, en France dans Calvin, en Angleterre dans Henri VIII; trois volcans, trois incendies, communiquant entre eux d'un pays à l'autre, et qui dévoreront jusqu'à la racine de l'ordre social si l'Église de Dieu ne le sauve contre cet océan de feu, malgré les princes de ce monde. Nous l'avons vu par Charles-Quint….
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quel était l’esprit politique de l’Europe. Tâche difficile de l’Église.
(suite)
...Nous l'avons vu par Charles-Quint. Le Pape lui disait : « Pour éteindre l'incendie de l'Allemagne il faut y jeter de l'eau et encore de l'eau. — Pas tout à fait, répondait l'empereur, je m'y entends mieux que vous; il faut un mélange d'eau et d'huile. »
Le Pape disait au roi de France : « Le feu de l'Allemagne prend chez vous ; jetez-y de l'eau pour l'éteindre. — Oui, très-saint Père, j'y jette de l'eau chez moi, et de l'huile chez mon voisin d'Allemagne; et, de peur que l'incendie ne s'y éteigne, j'appelle sous main le grand-turc pour l'attiser, même chez vous, s'il y avait moyen. »
Telle était la merveilleuse politique de l'empereur d'Allemagne et du roi du France, dans cet embrasement de l'Europe, politique et embrasement qui durent encore.
Autre échantillon. L'incendie de l'Angleterre, allumé par Henri VIII, allait diminuant sous sa fille Marie. Le roi de France, Henri II, eut peur que cet incendie ne vînt à s'éteindre ; il suscita donc en Angleterre, il y soudoya même des conspirations, des insurrections hérétiques contre la reine catholique, Marie. En récompense, l'autre fille de Henri VIII, la protestante Elisabeth, suscitera, soudoiera des conspirations, des guerres civiles en Ecosse, royaume allié de la France, et donnera aux siècles modernes le premier exemple du régicide dans le meurtre juridique de la reine d'Ecosse, sa cousine, Marie Stuart. Dans le même temps, au cœur de la France même, elle attisera et soudoiera la guerre civile, faisant tuer les Français par les Français, les princes par les princes, les peuples par les peuples. Parmi tous ces voisins couronnés c'est à qui mettra le feu chez l'autre : telle est leur morale.
Or, au milieu de cette anarchie incendiaire des peuples et des princes, c'est à l'Église de Dieu, c'est au concile de Trente à sauver la foi, le bon sens, les sentiments d'honneur, en Europe et dans tout le monde.
La tâche n'est pas médiocre ; il s'agit de guérir les nations malades ; car le monde est un grand hôpital où les malades sont des nations entières. Jésus-Christ, médecin, infirmier, remède par excellence, a établi une hiérarchie de médecins, d'infirmiers et de remèdes: c'est la hiérarchie catholique. Le chef visible des médecins et des infirmiers, c'est le Pape. Les principaux malades sont l'Allemagne, la France, l'Angleterre ; depuis trois siècles elles ont une grande fièvre. Par exemple, l'histoire religieuse de l'Angleterre, depuis trois siècles, ressemble aux rêves d'un malade en délire, qui outrage, qui frappe, qui tue ses infirmiers et ses médecins. Aujourd'hui cependant, après trois siècles, la fièvre se calme ; le malade recouvre assez de sens pour s'apercevoir de son état et regretter son antique santé; en relisant le journal de sa maladie il commence à rougir de ses extravagances et ne sait comment se les expliquer.
En effet la chose n'est pas facile à comprendre…
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quel était l’esprit politique de l’Europe.
Tâche difficile de l’Église.
(suite)
En effet la chose n'est pas facile à comprendre. Depuis neuf cents ans l'Angleterre, convertie par les Papes, leur était unie et soumise, non-seulement au spirituel, mais encore un peu au temporel, comme à son suzerain volontairement choisi autrefois. Cette union paraissait plus intime que jamais, son chef venait de recevoir du Pape le glorieux titre de défenseur de la foi catholique. Et voilà que tout d'un coup la tête lui tourne, qu'il renie celui dont il vient de recevoir le titre glorieux de défenseur de la foi, qu'il en usurpe lui-même la place, et cela pour faire de son lit nuptial un lieu d'adultères et de meurtres, de son trône un antre de vols et de sacrilèges. Et tout d'un coup l'Angleterre, saisie du même vertige, renie ses neuf siècles de Christianisme, renie le successeur de saint Pierre, l'auteur de sa civilisation, renie la communion de sa légion de saints qui peuplent le ciel et qui sont tous morts dans l'unité de l'Église romaine, et cela pour enrichir quelques familles du vol des églises et des monastères et réduire à la mendicité le tiers du peuple.
Ce n'est pas tout ; Jésus-Christ a dit : « Il n'y aura qu'un bercail et qu'un pasteur. » Ce pasteur est Pierre, auquel il a dit : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et tout ce que tu lieras ou délieras sur la terre sera lié ou délié dans les cieux. J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point ; donc que tu seras converti affermis tes frères. »
Or, ce pasteur suprême et universel, divinement institué et divinement assisté, la nation anglaise, qui lui doit d'ailleurs tout ce qu'elle a de bon, le reconnaît, le vénère, lui obéit pendant plus de mille ans, avec toutes les nations catholiques ; puis tout d'un coup elle le renie pour faire bande à part, hors du bercail unique, et se donner à un autre pasteur qui n'est pas le successeur de saint Pierre, mais le successeur d'Hérode, qui mit saint Pierre en prison; mais le successeur de Néron qui mit saint Pierre en croix; mais un de ces princes du siècle devant qui le Sauveur nous prévient que nous serons traduits comme des criminels pour lui rendre témoignage au milieu des tourments.
Et les Anglais se soumettent à cet étrange pasteur, non pour conserver la foi de leurs pères, mais pour en changer du jour au lendemain, suivant les caprices du maître; et ce maître sera souvent un enfant ou une femme; ce sera souvent une femme, un enfant, qui apprendront aux Anglais, du jour au lendemain, ce qu'ils doivent croire ou ne croire plus, et cela sous peine d'être pillés, emprisonnés, exilés, brûlés, pendus.
Ainsi, à la mort de leur premier pape national, Henri VIII, …
A suivre : Variations religieuses de l’Angleterre à la mort de Henri VIII et sous le règne d’Édouard VI.
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