Le Saint Concile de Trente
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
Pendant que l'empereur s efforçait de faire recevoir son Intérim dans la ville de Strasbourg, Bucer y publia une nouvelle confession de foi où cette Église déclare qu'elle retient toujours immuablement sa première confession de foi présentée à Charles-Quint à Augsbourg, en 1530, et qu'elle reçoit aussi l'accord fait à Wittemberg avec Luther, c'est-à-dire cet acte où il était dit que ceux mêmes qui n'ont pas la foi et qui abusent du Sacrement reçoivent la propre substance du corps et du sang de Jésus-Christ. Dans cette confession de foi Bucer n'exclut formellement que la transsubstantiation et laisse en son entier tout ce qui peut établir la présence réelle et substantielle.
Ce qu'il y eut ici de plus remarquable, c'est que Bucer, qui, en souscrivant les articles de Smalkalde, avait souscrit en même temps la Confession d'Augsbourg, retint en même temps la confession de Strasbourg, c'est-à-dire qu'il autorisa deux actes qui étaient faits pour se détruire l’un l'autre ; car la confession de Strasbourg ne fut dressée que pour éviter de souscrire celle d'Augsbourg, et ceux de la Confession d'Augsbourg ne voulurent jamais recevoir parmi leurs frères ceux de Strasbourg ni leurs associés. Maintenant tout cela s'accorde, c'est-à-dire qu'il est bien permis de changer dans la nouvelle réforme, mais il n'est pas permis d'avouer qu'on change. La réforme paraîtrait un ouvrage trop humain, et il vaut mieux approuver quatre ou cinq actes contradictoires, pourvu qu'on n'avoue pas qu'ils le sont, que de confesser qu'on a eu tort, surtout dans des confessions de foi. Ce fut la dernière action de l'apostat Bucer en Allemagne. Durant les mouvements de l'Intérim il trouva un asile en Angleterre et y mourut.
Osiander quitta également son église de Nuremberg, se rendit en Prusse sous l'apostat Albert de Brandebourg, et y excita des troubles par sa doctrine étrange sur la justification et la présence réelle. Osiander aimait les plaisirs de la table avec excès ; dans l'ivresse il se permettait les blasphèmes les plus horribles, les injures les plus grossières. Calvin s'était trouvé aux banquets où il proférait ces blasphèmes, qui lui inspiraient de l'horreur ; mais cependant cela se passait sans qu'on en dît un mot. Le même Calvin parle d'Osiander comme « d'un brutal et d'une bête farouche, incapable d'être apprivoisée. Pour lui, disait-il, dès la première fois qu'il le vit, il en détesta l'esprit profane et les mœurs infâmes ; il l'avait toujours regardé comme la honte du parti protestant 1.»
Les Luthériens n'en avaient pas meilleure opinion, et Mélanchthon, qui trouvait souvent à propos, comme Calvin le lui reproche, de lui donner des louanges excessives, ne laisse pas, en écrivant à ses amis, de blâmer son extrême arrogance, ses rêveries, ses autres excès et les prodiges de ses opinions 2. Il ne tint pas à Osiander qu'il n'allât troubler l'Angleterre, où il espérait que la considération de son beau-frère Cranmer lui donnerait du crédit ; mais Mélanchthon nous apprend que des personnes de savoir et d'autorité avaient représenté le péril qu'il y avait « d'attirer en ce pays-là un homme qui avait répandu dans l'Église un si grand chaos de nouvelles opinions. » Cranmer lui-même entendit raison sur ce sujet, et il écouta Calvin, qui lui parlait des illusions dont Osiander fascinait les autres et se fascinait lui-même 1.
D'autres disputes s'allumaient en même temps dans le reste du luthéranisme…
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1 Calv. , ep. As Melancht. , 146. — 2 L. 2, ep. 240, 258, 447. Etc. — 1 Calv., ep. ad Cranm., col. 134.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Variations et contradictions de Bucer, d’Osiander et de Flacius Illyricus.
(suite)
D'autres disputes s'allumaient en même temps dans le reste du luthéranisme. Celle qui eut pour sujet les cérémonies ou les choses indifférentes fut poussée avec beaucoup d'aigreur ; Mélanchthon, soutenu des académies de Leipsick et de Wittemberg, où il était tout-puissant, ne voulait pas qu'on les rejetât. De tout temps c'avait été son opinion qu'il ne fallait changer que le moins qu'il se pouvait dans le culte extérieur. Ainsi, durant l'Intérim, il se rendit fort facile sur ces pratiques indifférentes, et ne croyait pas, dit-il, que, pour un surplis, pour quelques fêtes ou pour l'ordre des leçons, il fallût attirer la persécution. On lui fit un crime de cette doctrine et on décida dans le parti que ces choses indifférentes devaient être absolument rejetées, parce que l'usage qu'on en faisait était contraire à la liberté des églises, et enfermait, disait-on, une espèce de profession du papisme. Mais Flacius Illyricus, qui remuait cette question, avait un dessein plus caché ; il voulait perdre Mélanchthon, dont il avait été disciple, mais dont il était ensuite tellement devenu jaloux qu'il ne le pouvait souffrir. Des raisons particulières l'obligeaient à le pousser plus que jamais ; car, au lieu que Mélanchthon tâchait alors d'affaiblir la doctrine de Luther sur la présence réelle, Illyric et ses amis l'outraient jusqu'à établir l'ubiquité. En effet nous la voyons décidée par la plupart des Églises luthériennes, et les actes en sont imprimés dans le livre de la Concorde , que presque toute l'Allemagne luthérienne a reçu 2.
Mathias Flach Francowitz, né le 3 mars 1521, se faisait appeler Flacius Illyricus, parce qu'il était d'Albona, en Istrie, partie de l'ancienne Illyrie. Après avoir fait ses études à Venise il forma le projet d'entrer dans un monastère afin de s'y livrer plus commodément à son goût pour l'étude; mais il en fut détourné par un oncle maternel, provincial des Cordeliers, qui pensait à embrasser la réforme de Luther, et qui conseilla à son neveu de s'en aller en Allemagne, où il eut pour maîtres Luther et Mélanchthon, qui lui procurèrent une chaire dans l'université de Wittemberg. Son zèle impétueux contre l'Intérim, son déchaînement contre Mélanchthon, dont les principes modérés lui déplaisaient, l'obligèrent de se retirer à Magdebourg, afin d'être plus libre de déclamer à son aise contre l'Église romaine. C'est dans cette ville qu'il commença l'Histoire ecclésiastique connue sous le nom de Centuries de Magdebourg, dont il est le principal auteur. Appelé à Iéna en 1557, il fut contraint d'en sortir cinq ans après à cause d'une dispute sur la nature du péché, qu'il soutenait avoir corrompu la substance même de l'âme, erreur qui le fit accuser de manichéisme à Strasbourg. D'un caractère impétueux, turbulent, querelleur, opiniâtre, Illyricus causa beaucoup de troubles et de désordres dans son parti; aussi quand il mourut, en 1575, en fut-il peu regretté 1.
Tandis que la fraction révolutionnaire de l'Allemagne se fractionnait et se révolutionnait de plus en plus par ses chefs mêmes…
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2 Variat. l. 8, t. 16. — 1 Biogr. univ. t, 15, art. FRANCOWITZ.
A suivre : L’Église catholique au concile de Trente.
Dernière édition par Louis le Lun 29 Juil 2013, 1:45 pm, édité 1 fois (Raison : Doublon.)
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
L’Église catholique au concile de Trente.
Tandis que la fraction révolutionnaire de l'Allemagne se fractionnait et se révolutionnait de plus en plus par ses chefs mêmes, la sainte Église de Dieu, au concile œcuménique de Trente, affermissait de plus en plus sa perpétuelle et invariable unité. Dans la troisième session, à la face du ciel et de la terre, à la face de l'enfer même, elle avait solennellement professé sa foi, la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, des saints de tous les pays et de tous les siècles, depuis Abel, le premier juste, jusqu'à saint François-Xavier, qui la prêchait en ce moment à l'Inde et au Japon, où Dieu confirmait sa parole par d'éclatants miracles. Dans la quatrième session (8 avril 1546), elle proclamera les monuments authentiques de cette foi toujours une, l'Écriture et la tradition, la parole de Dieu écrite et la parole de Dieu non écrite, dont l'Église toujours vivante est la fidèle dépositaire.
Car, comme nous l'enseigne la théologie la plus commune, celle de Bailly, et cela d'après les saints Pères, l'Église véritable, l'Église catholique, n'a pas toujours été dans le même état, mais elle a toujours existé depuis le commencement du monde. Saint Épiphane nous enseigne, et après lui saint Jean Damascène, que la sainte Église catholique est le commencement de toutes choses, qu'elle est de l'éternité, qu'elle est antérieure à toutes les hérésies, entre autres à l'idolâtrie ou au paganisme. Elle est également antérieure à l'Écriture et à la tradition, qui sont pour elle des papiers de famille, des souvenirs de famille. Elle seule, ayant vécu tous les siècles, peut nous apprendre au juste ce qu'il en est. Aussi saint Augustin a-t-il dit : « Je ne croirais pas même l'Evangile si l'autorité de l'Église catholique ne me le persuadait. » Voici donc le décret des Écritures canoniques, qu'elle promulgua le 8 avril 1546...
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.Voici donc le décret des Écritures canoniques, qu'elle promulgua le 8 avril 1546.
« Le saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois mêmes légats du Siège apostolique y présidant; ayant toujours devant les yeux, en détruisant toutes les erreurs, de conserver dans l'Eglise la pureté même de l'Évangile, qui, promis auparavant par les prophètes dans les saintes Écritures, a été promulgué ensuite, d'abord par la bouche de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, puis par ses apôtres, auxquels il a ordonné de le prêcher à toute créature, comme la source de toute vérité salutaire et de tout bon règlement de vie ; et considérant que cette vérité et cette règle de morale sont contenues dans des livres écrits, ou sans écrits dans les traditions, qui, reçues par les apôtres de la bouche de Jésus-Christ même, ou transmises par les apôtres comme le Saint-Esprit les a dictées, sont parvenues comme de main en main jusqu'à nous ; le saint concile, suivant l'exemple des Pères orthodoxes, reçoit tous les livres, tant de l'Ancien Testament que du Nouveau, puisque le même Dieu est auteur de l'un et de l'autre, aussi bien que les traditions, soit qu'elles regardent la foi ou les mœurs, comme dictées de la bouche même de Jésus-Christ ou par le Saint-Esprit, et conservées dans l'Église catholique par une succession continue, et elle les embrasse avec un pareil respect et une égale piété. Et, afin que personne ne puisse douter quels sont les livres saints que le concile reçoit, il a voulu que le catalogue en fût inséré dans ce décret, selon qu'ils sont ici marqués :DE L'ANCIEN TESTAMENT.
« Les cinq livres de Moïse, qui sont : la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le, Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth, les quatre livres des Rois, les deux des Paralipomènes ; le premier d'Esdras et le second, qui s'appelle Néhémias ; Tobie, Judith, Esther, Job ; le Psautier de David, qui contient cent cinquante psaumes; les Paraboles, l'Ecclésiastique, le Cantique des cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiaste, Isaïe, Jérémie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel; les douze petits prophètes, savoir : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie ; deux des Machabées, le premier et le second.DU NOUVEAU TESTAMENT.
« Les quatre Evangiles, selon saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean ; les Actes des Apôtres, écrits par saint Luc, évangéliste ; quatorze épîtres de saint Paul ; une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux ; deux épîtres de l'apôtre saint Pierre, trois de l'apôtre saint Jean, une de l'apôtre saint Jacques, une de l'apôtre saint Jude, et l'Apocalypse de l'apôtre saint Jean.
« Que si quelqu'un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques tous ces livres entiers avec tout ce qu'ils contiennent, tels qu'ils sont en usage dans l'Église catholique, et tels qu'ils sont dans l'ancienne Vulgate latine, ou qu'il méprise, avec connaissance et de propos délibéré, les traditions dont nous venons de parler, qu'il soit anathème ! »
Chacun pourra connaître par là avec quel ordre et par quelle voie le concile lui-même, après avoir établi le fondement de la confession de, foi, doit procéder dans le reste, et de quels secours et témoignages il doit particulièrement se servir, soit pour la confirmation de la doctrine, soit pour le rétablissement des mœurs dans l'Église.
Après avoir promulgué de nouveau le canon des saintes Écritures, il était naturel de veiller à la correction du texte et de donner des règles pour la bonne interprétation et le bon usage…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
(suite)
Après avoir promulgué de nouveau le canon des saintes Écritures, il était naturel de veiller à la correction du texte et de donner des règles pour la bonne interprétation et le bon usage. Le concile de Trente le fait dans le décret qui suit, touchant l'édition et l'usage des livres sacrés.
« Le même saint concile, considérant qu'il ne sera pas d'une petite utilité à l'Eglise de Dieu de faire connaître, entre toutes les éditions latines des saints livres qui se débitent aujourd'hui, quelle est celle qui doit être tenue pour authentique, déclare et ordonne que cette même édition ancienne et vulgate, qui a déjà été approuvée dans l'Église par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les disputes, les prédications, les explications et les leçons publiques, et que personne, sous quelque prétexte que ce puisse être, n'ait assez de hardiesse ou de témérité pour la rejeter.
« De plus, pour arrêter et contenir les esprits inquiets et entreprenants, il ordonne que, dans les choses de la foi ou de la morale même, en ce qui peut avoir relation au maintien de la doctrine chrétienne, personne, se confiant en son propre jugement, n'ait l'audace de tirer l'Écriture sainte à son sens particulier ni de lui donner des interprétations ou contraires à celles que lui donne et lui a données la sainte mère Église, à qui il appartient de juger du véritable sens des saintes Écritures, ou opposées au sentiment unanime des Pères, encore que ces interprétations ne dussent jamais être mises en lumière. Les contrevenants seront signalés par les ordinaires et soumis aux peines portées par le droit.
« Voulant aussi, comme il est juste et raisonnable…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte.
(suite)
« Voulant aussi, comme il est juste et raisonnable, mettre des bornes en cette matière à la licence des imprimeurs, qui aujourd'hui, sans règle et sans mesure, se croyant permis tout ce qui leur plaît, non-seulement impriment, sans permission des supérieurs ecclésiastiques, les livres même de l'Écriture sainte avec des explications et des notes de toutes mains indifféremment, supposant bien souvent le lieu de l'impression, et souvent même le supprimant tout à fait, aussi bien que le nom de l'auteur, ce qui est encore un abus plus considérable, mais se mêlent aussi de débiter au hasard et d'exposer en vente sans distinction toutes sortes de livres imprimés çà et là, de tous côtés ; le saint concile a résolu et ordonné qu'au plus tôt l'Ecriture sainte, particulièrement selon cette édition ancienne et vulgate, soit imprimée le plus correctement qu'il sera possible, et qu'à l'avenir il ne soit permis à personne d'imprimer ou faire imprimer aucuns livres traitant des choses saintes sans le nom de l'auteur, ni même de les vendre ou de les garder chez soi s'ils n'ont été examinés auparavant et approuvés par l'ordinaire, sous peine d'anathème et de l'amende pécuniaire portée au canon du dernier concile de Latran; et, si ce sont des réguliers, outre cet examen et cette approbation, ils seront encore obligés d'obtenir permission de leurs supérieurs, qui feront la revue de ces livres suivant la forme de leurs statuts.
Ceux qui les débiteront ou les feront courir en manuscrit sans être auparavant examinés et approuvés seront sujets aux mêmes peines que les imprimeurs et ceux qui les auront chez eux ou les liront, s'ils en déclarent les auteurs, seraient eux-mêmes traités comme s'ils n'en étaient les auteurs propres. Cette approbation, que nous désirons à tous les livres, sera donnée par écrit et sera mise en vue à la tête de chaque livre, soit qu'il soit imprimé ou écrit à la main, et le tout, c'est-à-dire tant l'examen que l'approbation, se fera gratuitement, afin qu'on approuve ce qui doit être approuvé et qu'on rejette ce qui doit être rejeté.
« Après cela le saint concile, désirant encore réprimer cet abus insolent et téméraire…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Quatrième session. Discours sur l’Écriture sainte..
(suite)
« Après cela le saint concile, désirant encore réprimer cet abus insolent et téméraire d'employer et de tourner à toutes sortes d'usages profanes les paroles et les passages de l'Écriture sainte, les faisant servir à des railleries, à des applications vaines et fabuleuses, à des flatteries, des médisances, et jusqu'à des superstitions, des charmes impies et diaboliques, des divinations, des sortilèges et des libelles diffamatoires, il ordonne et commande, pour abolir cette irrévérence et ce mépris des paroles saintes, et afin qu'à l'avenir personne ne soit assez hardi pour en abuser de cette manière ou de quelque autre que ce puisse être, que les évêques punissent toutes ces sortes de personnes par les peines de droit et autres arbitraires, comme profanateurs et corrupteurs delà parole de Dieu 1.»
Au décret sur l'usage de l'Ecriture sainte se rattachent naturellement deux points de pratique et de réforme, l'enseignement et la prédication…
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1 Labbe, t. 14.
A suivre : Décret sur la réformation. De l’établissement et de l’entretien des lecteurs en théologie et maître ès arts libéraux.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
DÉCRET DE RÉFORMATION. — DE L'ÉTABLISSEMENT ET ENTRETIEN DES LECTEURS EN THÉOLOGIE ET MAITRES ES ARTS LIBÉRAUX.« Le même saint concile, se tenant aux pieuses constitutions des souverains Pontifes et des conciles approuvés, s'y attachant avec affection et y ajoutant même quelque chose de nouveau, afin de pourvoir à ce que le céleste trésor des livres sacrés, dont le Saint-Esprit a gratifié les hommes avec une si grande libéralité, ne demeure pas, par négligence, inutile et sans usage, il a établi et ordonné que, dans les églises où il se trouve quelque prébende, prestimonies, gage, ou quelque revenu enfin fondé et destiné pour les lecteurs en la sacrée théologie, sous quelque nom ou titre que ce puisse être, les évêques, archevêques, primats et autres ordinaires des lieux obligent et contraignent, même par la soustraction des fruits, ceux qui possèdent ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages, de faire les explications et les leçons de la sacrée théologie par eux-mêmes, s'ils en sont capables, sinon par quelque habile substitut choisi par les évêques mêmes, les archevêques, primats ou autres ordinaires des lieux. À l'avenir ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages, ne seront donnés qu'à des personnes capables et qui puissent par elles-mêmes s'acquitter de cet emploi ; autrement toute provision sera nulle et sans effet.
« Dans les églises métropolitaines ou cathédrales, si la ville est grande et peuplée, et même dans les collégiales qui se trouveront dans quelque lieu considérable, quand il ne serait d'aucun diocèse, pourvu que le clergé y soit nombreux, s'il n'y a point encore de ces sortes de prébendes, prestimonies ou gages établis, le saint concile ordonne que la première prébende qui viendra à vaquer de quelque manière que ce soit, excepté par résignation, soit et demeure réellement et de fait, dès ce moment-là et à perpétuité, destinée et affectée à cet emploi, pourvu néanmoins que cette prébende ne soit chargée d'aucune autre fonction incompatible avec celle-ci. Et en cas que dans lesdites églises il n'y eût point de prébende, ou aucune au moins qui fût suffisante, le métropolitain lui-même ou l'évêque, avec l'avis du chapitre, y pourvoira, de sorte qu'il y soit fait leçon de théologie, soit par l'assignation du revenu de quelque bénéfice simple, après néanmoins avoir donné ordre à l'acquit des charges, soit par la contribution des bénéficiers de sa ville ou de son diocèse, soit de quelque autre manière qu'il sera jugé le plus commode, sans que pour cela néanmoins on omette en aucune façon les autres leçons qui se trouveront déjà établies ou par la coutume ou autrement.
« Pour les églises dont le revenu annuel est faible…
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Décret sur la prédication.
Décret sur la réformation.
De l’établissement et de l’entretien
des lecteurs en théologie et maître ès arts libéraux.
(suite)
« Pour les églises dont le revenu annuel est faible, et où il y a un si petit nombre d'ecclésiastiques et de peuple qu'on ne peut pas y entretenir commodément de leçon de théologie, il y aura au moins un maître choisi par l'évêque, avec l'avis du chapitre, qui enseigne gratuitement la grammaire aux clercs et aux autres pauvres écoliers, pour les mettre en état de passer ensuite à l'étude des saintes lettres, si Dieu les y appelle, et pour cela on assignera à ce maître de grammaire le revenu de quelque bénéfice simple, dont il jouira tant qu'effectivement il continuera d'enseigner, en sorte néanmoins que les charges et les fonctions dudit bénéfice ne manquent pas d'être remplies ; ou bien on lui fera quelques appointements honnêtes et raisonnables de la mense de l'évêque ou du chapitre; ou l'évêque enfin trouvera quelque autre moyen convenable à son église et à son diocèse, pour empêcher que, sous quelque prétexte que ce soit, un établissement si utile et si profitable ne soit négligé et ne demeure sans exécution.
« Dans les monastères des moines il se fera pareillement leçon de l'Écriture sainte partout où il se pourra commodément; et, si les abbés s'y rendent négligents, les évêques des lieux, comme délégués en cela du siège apostolique, les y contraindront par les voies justes et raisonnables. Dans les couvents des autres réguliers où les études peuvent aisément se maintenir, il y aura pareillement leçon de la sainte Écriture, et les chapitres généraux ou provinciaux y destineront les maîtres les plus habiles.
« Pour les collèges publics, où jusqu'à présent il ne se fait point encore de ces leçons, qu'on peut dire aussi nécessaires qu'elles sont nobles par-dessus toutes les autres, elles y seront établies par la piété et la charité des très-religieux princes et républiques, pour la défense et l'accroissement de la foi catholique, la conservation et la propagation de la saine doctrine, et on les rétablira où elles seraient instituées, mais négligées,
« Et pour que, sous apparence de piété, l'impiété ne vienne à se répandre, le saint concile ordonne que personne ne soit employé à faire ces leçons de théologie, soit en public, soit en particulier, sans avoir été premièrement examiné sur sa capacité, ses mœurs et sa bonne vie, et approuvé par l'évêque des lieux ; ce qui ne doit pas s'entendre des lecteurs qui enseignent dans les couvents des moines.
« Ceux qui seront employés aux leçons des saintes lettres, pendant qu'ils enseigneront publiquement dans les écoles, et les écoliers pendant qu'ils y étudieront, jouiront pleinement et paisiblement de tous les privilèges accordés par le droit commun pour la perception des fruits de leurs prébendes et bénéfices, quoique absents.
« Mais, comme il n'est pas moins nécessaire à la république chrétienne qu'on prêche l'Évangile que d'en faire des leçons publiques……
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Décret sur la prédication.
« Mais, comme il n'est pas moins nécessaire à la république chrétienne qu'on prêche l'Évangile que d'en faire des leçons publiques, et que même c'est la principale fonction des évêques, le saint concile a déclaré et ordonné que tous les évêques, archevêques, primats, et tous autres prélats des églises, sont tenus de prêcher par eux-mêmes le saint Évangile de Jésus-Christ s'ils n'en sont légitimement empêchés. Mais, s'il arrive qu'ils aient en effet un empêchement légitime, ils seront obligés, selon la forme prescrite au concile général de Latran, de choisir et mettre en leur place des personnes capables de s'acquitter utilement, pour le salut des âmes, de cet emploi de la prédication, et, si quelqu'un méprise d'y donner ordre, qu'il soit soumis à un rigoureux châtiment.
« Les archiprêtres aussi, les curés, et tous ceux qui ont à gouverner des églises paroissiales, ou autres ayant charge d'âme, de quelque manière que ce soit, auront soin, du moins tous les dimanches et toutes les fêtes solennelles, de pourvoir par eux-mêmes, ou par autres personnes capables, s'ils en sont légitimement empêchés, à la nourriture spirituelle des peuples qui leur sont commis, selon la portée des esprits et selon leurs propres talents, leur enseignant ce qu'il est nécessaire à tout chrétien de savoir pour être sauvé, et leur faisant connaître, en peu de paroles et en termes faciles à comprendre, les vices qu'ils doivent éviter et les vertus qu'ils doivent suivre, pour se garantir des peines éternelles et pour obtenir la gloire céleste. Que si quelqu'un néglige de s'en acquitter, quand il prétendrait, par quelque raison que ce soit, être exempt de la Juridiction de l'évêque, et quand les églises mêmes seraient dites exemptes de quelque manière que ce puisse être, en qualité d'annexes ou comme unies à quelque monastère qui serait même hors du diocèse, pourvu qu'en effet les églises se trouvent dans le diocèse, les évêques ne doivent pas laisser d'y étendre leur soin et leur vigilance pastorale, pour ne pas donner lieu à la vérification de ce mot: « Les petits enfants ont demandé du pain, et il n'y avait personne pour leur en rompre 1. »
« Si donc, après avoir été avertis par l'évêque, ils manquent pendant trois mois à s'acquitter de leur devoir, ils y seront contraints par censure ecclésiastique ou par quelque autre voie, selon la prudence de l'évêque, de sorte même que, s'il le juge à propos, il soit pris sur les revenus des bénéfices quelque somme honnête pour être donnée à quelqu’un qui en fasse la fonction jusqu'à ce que le titulaire lui-même, se reconnaissant, s'acquitte de son propre devoir.
« Mais, s'il se trouve quelques églises paroissiales soumises à des monastères qui…
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1 Thren. , 4.
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Louis- Admin
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Re: Le Saint Concile de Trente
Décret sur la prédication.
(suite)
« Mais, s'il se trouve quelques églises paroissiales soumises à des monastères qui ne soient d'aucun diocèse, en cas que les abbés et prélats réguliers soient négligents à tenir la main à ce qui a été ordonné, ils y seront contraints par les métropolitains dans les provinces desquels les diocèses seront situés, comme délégués du Siège apostolique à cet effet. Et l'exécution du présent décret ne pourra être empêchée ni suspendue par aucune coutume contraire, ni sous aucun prétexte d'exemption, d'appel, d'opposition, évocation ni recours, jusqu'à ce qu'un juge compétent, par une procédure sommaire et sur la seule information du fait, en ait prononcé définitivement.
« Les réguliers, de quelque ordre qu'ils soient, ne pourront prêcher, même dans les églises de leur ordre, sans l'approbation et la permission de leurs supérieurs, et sans avoir été par eux dûment examinés sur leur conduite, leurs mœurs et leur capacité; mais, avec cette permission, ils seront encore obligés, avant que de commencer à prêcher, de se présenter en personne aux évêques et de leur demander la bénédiction. Dans les églises qui ne sont point de leur ordre, outre la permission de leurs supérieurs, ils seront encore tenus d'avoir celle de l'évêque, sans la quelle ils ne pourront en aucune façon prêcher dans les églises qui ne sont point de leur ordre, et cette permission sera donnée gratuitement par les évêques.
« S'il arrivait, ce qu'à Dieu ne plaise ! que quelque prédicateur semât parmi le peuple des erreurs et des choses scandaleuses, soit qu'il prêchât dans un monastère de son ordre ou de quelque autre ordre que ce soit, l'évêque lui interdira la prédication. Que s'il prêchait des hérésies, l'évêque procédera contre lui suivant la disposition du droit ou la coutume du lieu, quand même ce prédicateur se prétendrait exempt par quelque privilège général ou particulier ; auquel cas l'évêque procédera en vertu de l'autorité apostolique et comme délégué du Saint-Siège. Les évêques auront aussi soin, de leur côté, qu'aucuns prédicateurs ne soient inquiétés à tort, ni exposés à la calomnie par de fausses informations ou autrement, et ils feront en sorte de ne leur donner aucun juste sujet de se plaindre d'eux.
« A l'égard de ceux qui, étant réguliers de nom, vivent pourtant hors de leurs cloîtres…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Décret sur la prédication.
(suite)
« A l'égard de ceux qui, étant réguliers de nom, vivent pourtant hors de leurs cloîtres et hors de l'obéissance de leur religion, comme à l'égard aussi des prêtres séculiers, si leurs personnes ne sont connues et leur conduite approuvée, aussi bien que leur doctrine, quelques prétendus privilèges qu'ils puissent alléguer pour prétexte, les évêques se donneront bien de garde de leur permettre de prêcher dans leur ville ou dans leur diocèse qu'ils n'aient auparavant consulté là-dessus le Saint-Siège apostolique, duquel il n'est pas vraisemblable que des personnes indignes aient extorqué de tels privilèges, si ce n'est en dissimulant la vérité ou en exposant quelque mensonge.
« Ceux qui vont quêter et recueillir des aumônes, que l'on nomme communément quêteurs, de quelque condition qu'ils soient, ne pourront non plus entreprendre de prêche par eux-mêmes, ni par autrui, et les contrevenants en seront absolument empêchés par les évêques et ordinaires des lieux, par des voies convenables, nonobstant tous privilèges 1. »
Ces divers décrets avaient donné lieu à des discussions longues, et quelquefois vives, dans les congrégations particulières…
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1 Labbe, t. 14, col. 755.
A suivre : Le concile partagé en trois congrégations. Affaire de Vergério.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Le concile partagé en trois congrégations.
Affaire de Vergério.
Ces divers décrets avaient donné lieu à des discussions longues, et quelquefois vives, dans les congrégations particulières. Il y avait trois de ces congrégations, une dans la maison et sous la présidence de chacun des trois légats. De cette manière on évitait la confusion du nombre et on prévenait celle des délibérations. Les matières ainsi discutées, on se réunissait en congrégation générale, pour convenir du résultat, des décisions à prendre, des décrets à faire, des termes de leur rédaction, et pour recueillir les suffrages. La séance ou session publique n'était que pour promulguer les décrets déjà votés, sans aucune discussion nouvelle.
Les observations que nous avons vu présenter dans les premières séances publiques étaient contraires à l'ordre convenu ; aussi le premier légat en témoigna-t-il sa surprise et sa peine. Il y avait surtout deux évêques, celui de Fiésole et celui d'Astorga, qui exercèrent plus d'une fois la patience et des légats et des autres Pères du concile; rarement ils étaient d'accord avec les autres ; presque toujours ils incidentaient, non sur le fond des choses, mais sur des accessoires. L'évêque de Fiésole en particulier avait une idée fixe, qu'il ramenait à temps et à contretemps ; c'était d'ajouter au titre du concile les mots, représentant l'Église universelle .
Quelque chose de plus grave fut l'affaire de Vergério, évêque de Capo d'Istria…
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1 Pallavicin, l. 3, c. 18.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Le concile partagé en trois congrégations.
Affaire de Vergério.
Quelque chose de plus grave fut l'affaire de Vergério, évêque de Capo d'Istria. Précédemment Paul III l'avait envoyé nonce en Allemagne pour disposer les esprits en faveur du concile à convoquer; il eut même une entrevue avec Luther, dont il donne une assez pauvre idée dans sa lettre au Pape 1. Mais, avec le temps, Vergério se laissa infecter lui-même par l'hérésie; le cardinal Alexandre Farnèse en informa le Pape dès l'an 1539. Ensuite, vers l'an 1540, lorsqu'il voulut assister, en qualité d'envoyé du roi de France, à la diète et à la conférence de Worms, sa présence déplut aux impériaux et encore plus au Pontife, dont il se vantait hautement d'être le ministre secret. Le Pape fit savoir à l'empereur qu'il leur saurait le plus grand gré de faire partir cet homme d'Allemagne; pour lui, il avait usé de tous ses moyens pour l'amener doucement à retourner dans son évêché ; il lui avait même fait offrir le dégrèvement de la pension ; il ne s'était abstenu de vigueur contre lui que dans la crainte de le voir se précipiter de dépit dans l'apostasie, éclat déshonorant pour le caractère épiscopal, qu'il avait et pour la dignité de nonce pontifical dont il avait été revêtu. Qu'on juge par là de la fable que raconte Sleidan; il prétend que le Pape lui destinait le cardinalat à son retour de la diète, mais que les soupçons qu'il eut sur la sincérité de sa foi le firent changer de dessein.
Dans les années suivantes chaque jour on vit se révéler de plus en plus les maux qu'il cachait dans son cœur. Il fut donc dénoncé et cité à Rome comme soupçonné d'hérésie. Il vint alors chercher asile dans le concile général, espérant que la protection du cardinal de Trente le ferait siéger parmi les juges de cette même foi qui l'accusait. Déchu de cette espérance, il obtint néanmoins des légats des lettres de recommandation si pressantes qu'elles lui valurent la dispense de comparaître à Rome ; on remit sa cause au jugement du nonce et du patriarche de Venise, comme il l'avait demandé.
Mais enfin Vergério, qui sentait que son crime ne pouvait être justifié, se retira parmi les hérétiques, chez les Grisons, d'où il écrivit, dans le goût de Luther, contre la religion, contre le concile et contre le Pape 1 »
Une autre apostasie eut lieu vers ce temps, celle du comte-électeur palatin, celui-là même qui, d'après l'ancienne constitution de l'empire germanique, était chargé de poursuivre la déchéance de l'empereur, du roi, du prince tombé dans l'hérésie ou demeuré dans l'excommunication pendant plus d'un an. Des princes révolutionnaires commencent la désorganisation de l'Allemagne par l'anarchie religieuse, en attendant que les populations révolutionnaires l'achèvent par l'anarchie politique.
Mais revenons aux décrets du concile de Trente…
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1 Pallavicin, l. 6, c. 13.
Dernière édition par Louis le Dim 04 Aoû 2013, 2:54 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe.)
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Re: Le Saint Concile de Trente
Insinuation mensongère de Fra-Paolo.
Mais revenons aux décrets du concile de Trente. Le Luthérien Fra-Paolo insinue qu'en déclarant la Vulgate authentique le concile condamne toutes les autres versions latines, faites ou à faire. Pallavicin montre fort au long que c'est une erreur ou un mensonge; que le concile préfère simplement la version vulgate aux autres et la déclare exempte de toute erreur contre la foi et les mœurs, ce qui n'interdit nullement de faire une autre version, même en latin, mais qui manquera de cette approbation d'un concile œcuménique 1.
Ainsi l'ont entendu les plus graves théologiens, même ceux qui assistèrent au concile de Trente, comme André Véga et Melchior Canus 2.
Cependant le nombre des Pères augmentait…
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1 Id. , ibid., c. 17.— 2Id. , ibid..
A suivre : Marc-Jérôme Vida, évêque de Crémone.
Dernière édition par Louis le Ven 14 Fév 2014, 4:50 pm, édité 1 fois (Raison : Correction du titre.)
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Re: Le Saint Concile de Trente
Marc-Jérôme Vida, évêque de Crémone.
Cependant le nombre des Pères augmentait; à la cinquième session (17 juin 1546), il y eut neuf archevêques, entre autres l'archevêque grec de Poros et de Naxe ; une cinquantaine d'évêques, parmi lesquels Jérôme Vida, évêque d'Albe, en Toscane, et Louis Lippoman, évêque de Modon et coadjuteur de Vérone. C'étaient deux prélats également distingués par leur science et leur vertu.
Marc-Jérôme Vida, né à Crémone, en 1490, de parents nobles, mais peu favorisés de la fortune, fit ses études avec beaucoup de distinction à Padoue, à Bologne, à Mantoue, et fut admis fort jeune dans la congrégation des Chanoines réguliers de Saint-Marc. Il en sortit peu de temps après et se rendit à Rome, où il devint chanoine de Saint-Jean de Latran. Son premier essai en poésie latine, du Jeu d’Echecs , lui valut la faveur de Léon X, qui lui donna le prieuré de Saint-Sylvestre, près de Tivoli, afin qu'il pût donner tout son temps aux lettres. Vida y travailla pendant quatorze ans à un poëme épique dont Léon X lui avait donné l'idée. Il y avait, disait le Pape, une épopée magnifique enfermée dans la crèche de Bethléhem, la Christiade , c'est-à-dire le monde échappant au démon ; l'humanité coupable rentrant en grâce auprès de Dieu et réhabilitée par le sang de Jésus; la croix, symbole et instrument de civilisation. La Christiade , qui devrait être plus connue qu'elle ne l'est dans les écoles chrétiennes, a de grandes beautés ; le Tasse et Milton lui en ont emprunté quelques-unes.
Vida est aussi l'auteur de trois livres de poétique. Voici comment en parle le traducteur français : « L'art poétique de Vida, que Jules Scaliger préfère à celui d'Horace, est écrit avec autant de méthode et de jugement que d'élégance et de goût. Il est divisé en trois chants : dans le premier l'auteur traite de l'éducation du poëte, de la manière de lui former le goût et l'oreille; il indique les auteurs qu'il doit lire ; après quoi il crayonne en peu de mots l'origine et l'histoire de la poésie. Dans le second il parle de l'invention des choses et de leur disposition, surtout dans l'épopée, qu'il semble avoir en vue dans son ouvrage, qui n'est proprement que la pratique de Virgile réduite en art ou en principes. Dans le troisième il traite de l'élocution poétique, sur laquelle il donne des détails très-instructifs ; il y traite surtout de l'harmonie imitative des vers avec une clarté et une précision qu'on ne trouve point même chez ceux qui en ont écrit en prose. »
Ses autres ouvrages sont deux livres sur les Vers à soie : …
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Re: Le Saint Concile de Trente
Marc-Jérôme Vida, évêque de Crémone.
(suite)
Ses autres ouvrages sont deux livres sur les Vers à soie : c'est le meilleur de Vida, le plus correct, le plus châtié, le plus riche de poésie, au jugement de tout le monde, et surtout des Italiens ; des hymnes, au nombre de trente-sept : ce sont des instructions sur nos mystères, ou des traits de la vie des saints, embellis de couleurs poétiques qui leur donnent un nouvel intérêt et les gravent dans la mémoire ; un recueil de petits poëmes ; enfin deux livres de dialogues sur la dignité de la république. Le sujet de ces dialogues, ce sont les entretiens de Vida avec les cardinaux del Monte, Cervini et Polus, pendant la tenue du concile de Trente.
Vida se recommandait d'un autre côté par son inaltérable douceur de caractère, sa piété sans faste, son amour pour son vieux père et sa reconnaissance pour ses bienfaiteurs, ce qui ne l'empêchait pas de déployer dans l'occasion un grand courage. Un jour, du haut des tours de son église d'Albe, il voit venir les Français, qui se jettent en furieux sur la ville, emportent le rempart et surprennent les impériaux qui fuient de toutes parts. L'évêque n'a pas peur; il réunit les habitants, les harangue, fait sonner la charge, repousse les Français et délivre la cité. Mais bientôt la famine se fait sentir dans Albe, qui manque de vivres; l'évêque vend jusqu'à son dernier vêtement pour procurer du pain aux malheureux, et, de peur que le fléau ne vienne de nouveau affliger la ville, il sème des fèves dans les champs voisins et jusque dans te jardin de l'évêché, et, s'adressant à la terre :
« 0 terre bienfaisante ! dit-il, garde- toi de tromper la semence que ma main te confie. Du haut de mon palais je promènerai bientôt mes yeux sur la plaine, et mon cœur battra de joie à la vue des malheureux dont l'un cueillera, l'autre mangera, un autre encore emportera sur ses épaules ces vertes dépouilles. »
Les fèves prospérèrent ; au printemps suivant le champ désolé était couvert de milliers de petites fleurs blanches, gage assuré d'une abondante moisson, et le bon évêque bénissait la Providence. Il était sûr que ses pauvres ne mourraient pas de faim. A midi la cloche du palais sonnait, et l'on voyait arriver les commensaux ordinaires de l'évêque, des indigents auxquels il distribuait la nourriture quotidienne ; puis il se mettait à table. Il ne mangeait qu'une fois le jour, et jamais de viande ni de poisson 1.
Louis, autrement Aloyse Lippoman, naquit à Venise, vers l'an 1500…
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1 Biographie univ., t. 48t art. VIDA. Souquet de la Tour, la Christiade de Vida. Audin, Hist. de Léon X, t. 2.
A suivre : Louis Lippoman, évêque de Vérone.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Louis Lippoman, évêque de Vérone
Louis, autrement Aloyse Lippoman, naquit à Venise, vers l'an 1500, d'une ancienne famille. Il s'appliqua de bonne heure à l'étude des lettres et de la philosophie et y fit de grands progrès. Ayant embrassé l'état ecclésiastiques, son seul mérite lui ouvrit le chemin des honneurs; il fut successivement coadjuteur de Bergame, évêque de Modon, coadjuteur et évêque de Vérone, et enfin évêque de Bergame. Sa capacité et son expérience des affaires le firent charger de différentes négociations en Portugal, en Allemagne, en Pologne, et il s'acquitta de toutes avec beaucoup d'habileté. Sous Jules III nous le verrons un des présidents du concile de Trente. Devenu secrétaire du même Pape en 1536, il mourut à Rome le 15 août 1559. Il fut également illustre et par sa doctrine et par l'innocence de sa vie. Ses principaux ouvrages sont des commentaires en latin sur la Genèse, l'Exode et les Psaumes ; les Vies des Saints; des Statuts synodaux et des sermons 2.
Dès avant la quatrième session étaient arrivés à Trente…
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2 Biographie univ. , t. 48. Souquet de la Tour, la Christiade de Vida. Audin, Hist, de Léon X, t. 24. Ughelli, Italia sacra.
A suivre : Cinquième session. Décret sur le péché originel. Réflexions à cet égard.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Cinquième session.
Décret sur le péché originel.
Réflexions à cet égard.
Dès avant la quatrième session étaient arrivés à Trente deux ambassadeurs de l'empereur Charles-Quint, Diègue de Mendoza et François de Tolède. Ce dernier, au nom de son maître, fit de grands efforts pour persuader au concile de ne point porter de décisions dogmatiques, mais de se borner à des décrets de réformation, afin de ne pas blesser les protestants pendant la tenue de la diète et dans un moment où toute l'Allemagne semblait conjurée contre lui. Le véritable motif paraît avoir été d'obtenir du Pape un secours d'argent pour la guerre qui était imminente. Comme le concile et le Pape étaient déjà convenus de traiter tout ensemble et de la foi et de la discipline, on résolut, après d'assez longues discussions, de s'en tenir à cet ordre et de commencer par la question du péché originel.
C'était, dans le fait, non-seulement un des points essentiels du dogme, mais encore le principe fondamental de toute réforme véritable. Dans le langage de l'Église catholique réformation veut dire changement en mieux, retour à la règle, retour à la santé ; mais, pour ramener à la santé première, il faut connaître la maladie, non-seulement son existence, mais sa nature et sa cause, surtout si la cause est comme inhérente à la constitution du malade. Sans cette connaissance préalable un médecin dira que le malade est bien portant, l'autre qu'il est désespéré ; chaque médecin lui prescrira un régime contraire, et chaque régime sera un emplâtre à côté de la plaie, et médecins et remèdes, au lieu de guérir le malade, empireront le mal.
Maintenant, l'homme en général est-il malade? Zwingle dit que non, mais qu'il est aussi bien portant que dans l'origine, qu'il a tout son libre arbitre, et que cela lui suffit pour gagner le ciel, témoin Esculape et Numa. Luther dit, au contraire, que l'homme non-seulement est malade, mais incurable ; qu'il ne lui reste plus rien de bon, plus rien de son libre arbitre, si ce n'est pour faire le mal; que ses meilleures actions sont des péchés ; qu'il n'est justifié ou rendu juste que parce que Jésus-Christ lui impute sa propre justice, comme si l'on disait que les malades d'un hôpital sont guéris et se portent hier parce que le médecin leur impute, leur met en compte, sur son registre, sa propre santé. Tout le monde conçoit qu'avec des idées si contraires sur l'état de l'homme les deux médecins le perdront, l'un ou l'autre, et peut-être l'un et l'autre, et que, pour le réformer, il faut avant tout constater sa maladie.
Et voilà ce que fait le concile de Trente dans son décret sur le péché originel, promulgué dans la cinquième session, tenue le 17 juin 1546, en ces termes : …
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Re: Le Saint Concile de Trente
Cinquième session.
Décret sur le péché originel.
Réflexions à cet égard.(suite)
Et voilà ce que fait le concile de Trente dans son décret sur le péché originel, promulgué dans la cinquième session, tenue le 17 juin 1546, en ces termes :
« Afin que notre foi catholique, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu, se puisse maintenir en son entière et inviolable pureté, en excluant toutes les erreurs, et que le peuple chrétien ne se laisse point emporter à tout vent de doctrine; comme, entre plusieurs plaies dont l'Église de Dieu est affligée de nos jours, le vieux serpent, cet ennemi perpétuel du genre humain, non-seulement a excité de nouvelles contestations, mais encore réveillé les anciennes, touchant le péché originel et son remède ; le saint concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois mêmes légats du Siège apostolique y présidant, voulant commencer enfin à mettre la main à l'œuvre, pour tâcher de rappeler les errants et de confirmer ceux qui chancellent, et suivant le témoignage des Écritures saintes, des saints Pères, de tous les conciles universellement reçus, aussi bien que le jugement et le consentement de l'Église elle-même, il ordonne, reconnaît et déclare ce qui suit touchant le péché originel.
« Si quelqu'un ne confesse pas qu'Adam, le premier homme, ayant transgressé le commandement de Dieu, perdit aussitôt la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi, et que, par ce péché de prévarication, il a encouru la colère et l'indignation de Dieu, en conséquence la mort dont Dieu l'avait auparavant menacé, et, avec la mort, la captivité sous la puissance de celui qui a eu depuis l'empire de la mort, c'est-à-dire du diable, et que, par ce péché de prévarication, tout Adam, selon le corps et selon l'âme, a été détérioré 1 qu'il soit anathème !
« II. Si quelqu'un soutient que la prévarication d'Adam n'a été préjudiciable qu'à lui seul, et non à sa postérité, et que ce n'a été que pour lui, et non pas aussi pour nous, qu'il a perdu la sainteté et la justice reçues de Dieu, ou qu'étant souillé par le péché de désobéissance il n'a transmis à tout le genre humain que la mort et les peines du corps, et non le péché qui est la mort de l'âme, qu'il soit anathème ! puisque c'est contredire l'Apôtre, qui dit : « Le péché est entré dans le monde par un homme seul, et la mort par le péché, et ainsi la mort est passée dans tous les hommes, tous ayant péché en un seul 1. »
« III. Si quelqu'un soutient que ce péché d'Adam…
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1 In deterius commutatum fuisse, changé en un état pire dit trop, pire supposant que l'état précédent était déjà mauvais.
1 Rom. 5, 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Cinquième session.
Décret sur le péché originel.
Réflexions à cet égard.
(suite)
« III. Si quelqu'un soutient que ce péché d'Adam, qui est un dans sa source, et qui, transmis à tous par la génération et non par imitation, est intimement propre à chacun, peut être ôté ou par les forces de la nature humaine, ou par un autre remède que par le mérite de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'unique Médiateur 2, qui nous a réconciliés à Dieu par son sang, étant devenu notre justice, notre sanctification et notre rédemption 3; ou quiconque nie que le même mérite de Jésus-Christ soit appliqué, tant aux adultes qu'aux enfants, par le sacrement du Baptême conféré selon la forme et l'usage de l'Église, qu'il soit anathème ! « parce qu'il n'y a pas d'autre nom sous lé ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés4; » d'où cette parole : « Voici l'Agneau de Dieu, voici qui ôte les péchés du monde 5; » et cette autre : « Vous tous qui avez été baptisés, vous avez été revêtus de Jésus-Christ 6. »
« IV. Si quelqu'un nie que les enfants nouvellement sortis du sein de leurs mères, même ceux qui sont nés de parents baptisés, aient besoin d'être aussi baptisés, ou si quelqu’un, reconnaissant que véritablement ils sont baptisés, pour la rémission des péchés, soutient pourtant qu'ils ne tirent rien du péché originel d'Adam qui ait besoin d'être expié par l'eau de la régénération pour obtenir la vie éternelle, d'où s'ensuivrait que la forme du baptême est fausse, et non pas véritable, qu'il soit anathème ! Car la parole de l'Apôtre : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et ainsi la mort est passée dans tous les hommes, tous ayant péché dans un seul 1 ; » cette parole ne peut être entendue d'une autre manière que ne l'a toujours entendue l'Église catholique répandue partout. Et c'est pour cela et conformément à cette règle de foi, selon la tradition des apôtres, que même les petits enfants qui n'ont encore pu commettre aucun péché personnel sont pourtant véritablement baptisés pour la rémission des péchés, afin que ce qu'ils ont contracté par la génération soit nettoyé en eux par la régénération; car « quiconque ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit ne peut entrer au royaume de Dieu 2 »
« V. Si quelqu'un nie que, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ…
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2 I Tim., 2, 3. — 3 I Cor., 1, 30.— 4 Act., 4, 12. — 5 Jean, I, 15. — 6 Galat. 3. 27. — 1 Rom,, 5, 12. 2 — Jean, 3-5.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Cinquième session.
Décret sur le péché originel.
Réflexions à cet égard.
(suite)
« V. Si quelqu'un nie que, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est conférée dans le baptême, l'offense du péché originel soit remise, ou soutient que tout ce qu'il y a proprement et véritablement de péché n'est pas ôté, mais seulement rasé, ou non imputé, qu'il soit anathème! Car Dieu ne hait rien dans ceux qui sont régénérés, parce qu'il n'y a point de condamnation pour ceux qui sont véritablement ensevelis dans la mort avec Jésus-Christ par le baptême, qui ne marchent point selon la chair, mais qui, dépouillant le vieil homme et revêtant le nouveau, qui est créé selon Dieu, sont devenus innocents, purs, sans tache et sans péché, agréables a Dieu, ses héritiers et cohéritiers de Jésus-Christ, en sorte qu'il ne reste rien du tout qui leur fasse obstacle pour entrer dans le ciel. Le saint concile néanmoins confesse et reconnaît que la concupiscence, ou l'inclination au péché, reste malgré cela dans les personnes baptisées, laquelle, ayant été laissée pour le combat et pour l'exercice, ne peut nuire à ceux qui ne donnent pas leur consentement, mais qui résistent avec courage par la grâce de Jésus-Christ; au contraire, la couronne est préparée pour ceux qui auront bien combattu. Mais aussi le saint concile déclare que cette concupiscence, que l'Apôtre appelle quelquefois péché, n'a jamais été prise ni entendue par l'Église catholique comme un véritable péché qui reste, à proprement parler, dans les personnes baptisées, mais qu'elle n'a été appelée du nom de péché que parce qu'elle est un effet du péché et qu'elle porte au péché. Si quelqu’un est d'un sentiment contraire, qu'il soit anathème !
« Cependant le saint concile déclare que, dans ce décret qui regarde le péché originel, son intention n'est point de comprendre la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais qu'il entend qu'à ce sujet les constitutions du Pape Sixte IV, d'heureuse mémoire, soient observées sous les peines qui y sont portées et qu'il renouvelle. »
Tels sont les décrets dogmatiques que le concile de Trente publia dans sa cinquième session. Les erreurs qu'il y condamne sont prises textuellement des écrits de Luther, Zwingle et Calvin; le concile les condamne, mais sans toucher aux opinions librement controversées jusqu'alors parmi des docteurs catholiques : on le voit en particulier pour l'immaculée conception de la sainte Vierge. Dans une congrégation générale le cardinal Pachéco demanda qu'à la proposition générale qui déclarait le péché originel commun à tous les hommes on ajoutât ces paroles : « Par rapport à la bienheureuse Vierge, le saint concile ne veut rien décider, quoique ce soit une pieuse croyance de penser qu'elle a été conçue sans le péché originel. » Les deux tiers de l'assemblée furent pour l'addition proposée, et toujours la majorité se montra persuadée de l'immaculée conception. Cependant on ne décida point; on n'ajouta pas même que c'est une croyance pieuse, pour ne pas flétrir indirectement l'opinion contraire 1.
La sixième session, fixée d'abord au 9 juillet 1546…
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1 Pallavicin, l. 7.
A suivre : Guerre civile en Allemagne. Victoires de Charles-Quint sur les protestants.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Saint Concile de Trente
Guerre civile en Allemagne.
Victoires de Charles-Quint sur les protestants.
La sixième session, fixée d'abord au 9 juillet 1546, fut remise au 13 janvier 1547. Il y eut à cela deux causes : la guerre qui se ralluma en Allemagne, puis l'importance des matières qu'on avait à examiner.
Depuis plusieurs années les princes luthériens d'Allemagne avaient formé une ligue révolutionnaire à Smalkalde; nous disons révolutionnaire parce qu'elle tendait au renversement de l'ordre et de la paix dans l'empire et dans l'Église, pour y substituer des principes d'anarchie universelle. Charles-Quint avait essayé de bien des moyens pour rétablir l'ordre et la paix; le moyen le plus simple était de s'en rapporter au concile général sur les questions religieuses, sujet principal de la discorde. Tant que le concile ne fut qu'en projet les princes luthériens parlaient de s'y rendre et de s'y soumettre ; mais, quand ils le virent assemblé en effet et mettant la main à l'œuvre, ils n'en voulurent plus; telle fut leur dernière déclaration à la diète de Ratisbonne (5 juin 1546). L'empereur, désespérant alors de rétablir l'ordre par des voies pacifiques, résolut d'y employer la force des armes.
Chef de l'empire, il conclut le 22 du même mois, avec le chef de l'Église universelle, une ligue contraire pour le rétablissement de l'ordre et de la paix dans l'empire et dans l'Eglise, par là même dans tout le monde. Tout prince catholique pouvait y accéder; il y eut même quelques princes protestants qui passèrent du côté de l'empereur.
Mais dès le 4 août les princes révolutionnaires de Smalkalde, dont les chefs étaient l'électeur de Saxe et le landgrave de Hesse, se trouvaient à Donawert avec une armée d'environ soixante-dix mille hommes. L'empereur, à Ratisbonne, n'avait pas la dixième partie de ce nombre. Les révolutionnaires lui envoyèrent un message qui se terminait par une renonciation à son obéissance ; il répondit par un acte qui mettait leurs chefs au ban de l’empire 1. Le 30 août les révolutionnaires attaquèrent le camp de l'empereur par une canonnade qui dura plusieurs jours ; mais les chefs étant peu unis entre eux, ils ne firent rien qui vaille. L'empereur leur reprit la ville de Neubourg et laissa partir leur garnison en lui faisant jurer de ne pas porter les armes contre lui ni contre la maison d'Autriche ; les révolutionnaires déclarèrent ce serment nul. Toutefois ils terminèrent la campagne par se retirer chacun chez eux, sans avoir rien fait.
L'empereur marcha contre le duc de Wurtemberg, qui s'enfuit…
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1 Menzel, t. 3, p. 9.
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Vivacité extrême d’un évêque de Trente.Guerre civile en Allemagne.
Victoires de Charles-Quint sur les protestants.
(suite)
… L'empereur marcha contre le duc de Wurtemberg, qui s'enfuit et obtint ensuite sa grâce, ainsi que l'électeur palatin. Un grand nombre de villes, y compris Augsbourg, se soumirent l'une après l'autre. Avec l'activité et la promptitude de Charlemagne c'en eût été fait de la révolution protestante ; Charles-Quint fut retenu une partie de l'hiver sur son fauteuil par la goutte. Le 24 avril 1547, accompagné de Maurice, nouvel électeur de Saxe, il battit l'électeur déchu, Jean-Frédéric, près de Muhlberg, et le fit prisonnier. Un incident lui servit à électriser le courage de l'armée impériale : ce fut la vue d'un crucifix que les hérétiques avaient percé de balles.
L'électeur déchu était d'une grosseur si monstrueuse qu'on trouvait rarement un cheval assez fort pour le porter; il commandait ordinairement du haut d'un char. Amené devant Charles-Quint, il lui dit en suppliant : « Très-puissant et très-gracieux, empereur!... — Ah! interrompit Charles, suis-je maintenant votre empereur ? Il y a : longtemps que vous ne m'avez donné ce nom! »
Les ennemis avaient perdu deux mille hommes tués, huit cents prisonniers, leur artillerie, leurs drapeaux et tout leur bagage ; toute leur armée était en déroute. Parmi les impériaux il n'était tombé que cinquante hommes. On remarqua encore que l'Elbe, qu'on venait de passer pour attaquer l'ennemi, enfla tellement peu d'heures après que l'entreprise eût été impraticable. Charles, considérant le bonheur de cette journée, s'appliqua ainsi le mot de César : « Je suis venu, j'ai vu, Dieu a vaincu. »
Le 5 mai il campait sous les murs de Wittemberg avec son prisonnier. La ville capitula le 18. L'électeur déchu fut condamné à mort, comme rebelle et coupable de lèse-majesté; mais l'empereur lui fit grâce. Le 25 mai, accompagné de sa garde, Charles fit son entrée dans Wittemberg. En passant devant l'église paroissiale, comme il aperçut un vieux crucifix en peinture, il se découvrit la tête, ainsi que tous les seigneurs de sa suite Dans l'église du château il s'arrêta quelque temps pensif devant le tombeau de Luther.
Quelques-uns des assistants, dit-on, lui ayant conseillé de faire déterrer et brûler le corps de l'hérésiarque, il répondit: « Laissez-le tranquille ; il a son juge. Je fais la guerre aux vivants, non pas aux morts. » Protestants et catholiques furent étonnés de ce qu'il ne profita pas mieux de sa victoire.
Ce furent les alternatives de cette guerre qui répandirent par moments une certaine inquiétude à Trente...
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Re: Le Saint Concile de Trente
A suivre : Sixième session. Décrets et canons sur la justification.Vivacité extrême d’un évêque de Trente.
Ce furent les alternatives de cette guerre qui répandirent par moments une certaine inquiétude à Trente; il fut même question plusieurs fois de transférer le concile dans une ville moins rapprochée de l'Allemagne, où la guerre avait lieu. Cependant l'inquiétude et la peur n'empêchaient pas les discussions d'être quelquefois très-vives entre les Pères du concile. Un jour, dans une congrégation particulière, un évêque, Grec de naissance, blâmait devant deux autres le discours d'un de leurs collègues et promettait d'y faire voir dans la congrégation suivante des preuves d'ignorance ou d'effronterie.
L'évêque de Cava, auteur du discours, ayant entendu prononcer son nom, demanda ce que l'on disait.
L'évêque de Chiron, son antagoniste, qui était un Franciscain, lui répondit avec une vivacité toute grecque; « Certainement, Monseigneur, vous ne pouvez être excusé ou d'ignorance ou d'effronterie. »
L'autre, ne se possédant plus, le prit par la barbe, lui arracha force poils et s'en alla aussitôt. Il ne fut pas longtemps à reconnaître sa faute; l'offensé lui pardonna volontiers.
Toutefois, pour réparer les scandales et en prévenir de pareils, le concile condamna le coupable à s'exiler pour toujours de Trente et de l'assemblée et à être renvoyé au Pape pour être absous de l’excommunication qui lui était réservée
Le souverain Pontife, pour tempérer la sévérité par la clémence, adressa aux légats un bref qui leur prescrivait de l'absoudre sans éclat à Trente et de le renvoyer à son diocèse quand ils le jugeraient à propos.
Deux questions difficiles et importantes…
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