Rome souterraine.
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Re: Rome souterraine.
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LIVRE V
Le témoignage des catacombes.
CHAPITRE II.
Construction et développement des catacombes.
(SUITE)
CHAPITRE II.
Construction et développement des catacombes.
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Rome Souterraine, p. 493-4.Nous venons devoir les limites primitives de l'area transgressées pour établir une communication entre l'arénaire et la catacombe. La protection des lois ne s'étendant plus aux cimetières chrétiens, il n'y avait plus de motifs pour que ceux-ci observassent les bornes légalement établies; et, comme les areæ qui s'étendent de chaque côté de la petite voie Appio-Ardéatine appartenaient déjà à l'Église, celle qui nous occupe, la plus importante de toutes les propriétés de la communauté chrétienne, fut agrandie par l'annexion des areæ voisines, de manière à ne plus former avec elles qu'une seule nécropole. La première area ainsi annexée est celle située du côté opposé de la voie, et marquée V sur la carte générale. Le plan ci-joint (fig 59, page 494), dessiné sur une échelle de 1/500, représente cette area dans ses conditions actuelles : ses dimensions sont en partie déterminées par la galerie S, et elle occupe un carré de 150 pieds romains sur 125. Elle communiquait d'abord avec l'area de sainte Cécile par la galerie S; mais quand la suite de marches, dont la trace est encore visible, qui conduisait de la galerie Q dans cette dernière, eut été détruite à la suite de travaux postérieurs, une nouvelle entrée fut pratiquée à travers le cubiculum A1 dans a qui devint le principal ambulacrum de cette seconde area. La particularité la plus frappante de celle-ci est le groupe des vastes chambres a2,a3,a4,a5,a6,a7, qui s'ouvrent des deux côtés de l'ambulacre a.
C'est là, évidemment, le noyau primitif, le point central de l'hypogée; et, comme les arcosolia qu'ils contiennent maintenant sont garnis d'un stuc très-inférieur à celui qui couvre les voûtes, nous croyons volontiers, avec M. de Rossi, que ces cubicula n'avaient point été creusés à l'origine dans un but funéraire, mais étaient de simples caves, que, pendant la persécution, le propriétaire chrétien du vignoble qui s'étendait au-dessus mit à la disposition de l'Église pour y tenir ses assemblées. L'entrée primitive fut plus tard transformée en luminaire, d'autres vastes luminaria furent ouverts, et les chambres furent garnies de bancs en marbre, qui existent encore (1).
Une fois réunie au cimetière par les galeries…
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(1). Voyez une disposition semblable, fig. 7, page 43.
Pour l’appendice G.
Dernière édition par Louis le Dim 04 Oct 2015, 2:30 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout du lien pour l'Appendice G.)
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Construction et développement des catacombes.
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Rome Souterraine, p. 495-6.Une fois réunie au cimetière par les galeries S et a, l' area fut peu à peu remplie de galeries et de chambres, des loculi y furent creusés partout, et les arcosolia qui se rencontrent fréquemment dans ses diverses parties nous obligent à rapporter ces constructions postérieures à la dernière période des excavations. M. de Rossi pense que l'édifice à trois absides qui est situé à la limite sud de l'area est une des fabricæ construites par saint Fabien (1).
Les arcosolia sont le signe distinctif de la quatrième période des excavations. Ils sont fréquemment décorés de marbres. La présence des arcosolia permet d'attribuer à cette période les cubicula H1, P1, Q3 (fig. 60, p. 496); à la même époque la construction du cubiculum Q4 nécessita la démolition de l'escalier qui conduisait de la galerie Q à la galerie S. Les galeries et les chambres appartenant à cette période renferment un très-grand nombre d'arcosolia ; beaucoup des cubicula sont ornés à la fois de marbres et de peintures, qu'on ne voyait jamais réunis dans les décorations de l'époque précédente.
Nous arrivons maintenant à une cinquième période, qui a laissé des traces encore visibles dans presque toutes les parties de Rome souterraine. L'histoire nous a appris que dans la dernière persécution soufferte par l'Église sous Dioclétien, non-seulement l'entrée des cimetières était interdite aux fidèles, et on les y poursuivait quand ils osaient contrevenir à l'édit, mais encore les cimetières eux-mêmes furent confisqués, et leur propriété donnée à des païens (2). Afin de prévenir la profanation des tombes saintes, les chrétiens eurent recours à un expédient qui nécessita un travail et une dépense énormes, et qu'une extrême nécessité explique seule. Ils comblèrent de terre les principales galeries, et rendirent ainsi les cimetières inaccessibles à tous, amis et ennemis. La preuve de ce fait extraordinaire ressort non-seulement de l'état dans lequel on trouve aujourd'hui encore…
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(1). Voir pages 131 et 193. — (2). Voir page 136.
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Rome Souterraine, p. 497.…La preuve de ce fait extraordinaire ressort non-seulement de l'état dans lequel on trouve aujourd'hui encore la plupart des catacombes (1), mais surtout de la découverte d'une série de galeries dont le sol, en beaucoup de places, fut évidemment le sommet de l'amas de terre dont on avait rempli les galeries plus anciennes. Dans la figure 60, ces galeries nouvelles sont légèrement ombrées, afin de les distinguer des galeries primitives, dont elles suivent quelquefois la direction. Ainsi, le long de A court l'étroite galerie I1, dont une branche, par une courbe irrégulière, va traverser H et I, et dont un autre embranchement se termine à une espèce de puits ou de luminaire immédiatement au-dessus de A5. Le long de B court une semblable galerie B4, qui débouche dans Y, et va former les cubicula Y1, Y2, Y3, B5 et Z sont creusés à un niveau plus élevé, et n'ont aucune connexité avec les ambulacres primitifs. Nous limiterons nos remarques à la petite galerie I1, et nous demanderons au lecteur de se reporter à la figure 55, représentant l'élévation du mur intérieur de l'ambulacre A. La ligne imaginaire ab indique la place primitive de la voûte de l'ambulacre, et il est évident que les loculi situés au-dessus de cette ligne ne peuvent avoir été creusés depuis que le sol de A est à son niveau actuel, qu'ils n'auraient même pu l'être quand, à une époque antérieure, il s'élevait jusqu'à la ligne cd. Bien plus, la porte d'entrée I1, qui paraît comme suspendue au-dessus de l'entrée H, montre clairement que ab était le niveau du sol de la galerie dans le mur de laquelle elle s'ouvrait. La figure 61 (ci-dessous), représentant une section transversale de l'ambulacre. A au point de sa jonction avec H, le fera encore mieux comprendre. Elle rend visible la différence de largeur existant entre l'ambulacre primitif A et la galerie I1, taillée à travers son plafond, et maintenant privée de toute espèce de sol. Cette galerie ne peut avoir été construite qu'à une époque où A était rempli de terre, et c'est à l'aide de ce sol artificiel que…
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(1). Le plus grand travail de la Commission d'archéologie sacrée a été l'enlèvement des terres, qui, excepté dans les cryptes importantes déblayées par saint Damase, cachent les galeries aussi efficacement aujourd'hui qu'en 303.
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Rome Souterraine, p. 498-9.Cette galerie ne peut avoir été construite qu'à une époque où A était rempli de terre, et c'est à l'aide de ce sol artificiel que Pomponio Leto et ses compagnons ont pu écrire leurs noms sur la voûte de I1, où ils se lisent encore, à une hauteur de vingt pieds au-dessus du sol aujourd'hui déblayé.
La figure 61 nous donne aussi une section longitudinale d'un embranchement de I1, qui passe un peu au-dessus du plafond de H. Un pont de briques a récemment été jeté sur l'ambulacre pour remplacer la terre enlevée; chose remarquable, la voûte de la galerie H et celle du cubiculum A5 n'ont point été détruites par l'excavation de I1, ce qui aurait probablement eu lieu si la galerie et le cubiculum n'avaient été remplis de terre à l'époque où I1 était en usage (1).
Cette obstruction des galeries avec de la terre marque dans l'histoire de notre catacombe une cinquième période, à laquelle on peut, sans hésiter, attribuer pour date l'année 303, époque de la persécution de Dioclétien.
Une sixième période commence avec la fin de la persécution, quand les fidèles se mirent avec ardeur à chercher les tombes des saints. L'escalier A fut rouvert et restauré, mais à un niveau plus élevé que le niveau primitif, comme l'indique une ligne de points dans la figure 55; par là on put de nouveau pénétrer dans la crypte des papes et dans celle de sainte Cécile. Le cimetière ne fut point déblayé en entier : les portions moins célèbres demeurèrent enterrées, et il fui possible de creuser les petites galeries que nous avons décrites. Une d'elles renferme une inscription datée de 321; les puits pour l'extraction de la terre (comme m dans la figure 61) prouvent que ces constructions furent faites en temps de paix : les inscriptions et le style général montrent que ces divers systèmes de galeries, postérieurs à la persécution, appartiennent à une époque antérieure à celle de saint Damase.
La dernière période du développement architectural des cimetières souterrains est caractérisée par les grands travaux qu'y fit exécuter l'infatigable pape Damase…
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(1). La figure 61 rend sensibles nos observations sur la dépression du niveau primitif de A, d'où l'on entre dans H en montant une pente assez raide. L'abaissement du niveau de A ne fut cependant point porté au degré que l'on s'était proposé, car le niveau de A5 lui est encore inférieur, et l'on monte de A5 dans A par plusieurs degrés.
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CHAPITRE II.
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La dernière période du développement architectural des cimetières souterrains est caractérisée par les grands travaux qu'y fit exécuter l'infatigable pape Damase. L'escalier restauré A était devenu insuffisant pour la multitude des pèlerins qui accouraient de toutes les parties du monde vénérer les tombes des martyrs : saint Damase construisit l'escalier par lequel, aujourd'hui encore, on descend directement aux cryptes des papes et de sainte Cécile. Dans le plan ci-joint (fig. 62, p. 500) il est marqué P; on voit qu'il occupe une partie considérable de la galerie Q. Les murailles de briques qui le soutiennent ont bloqué plusieurs cubicula, et rapetissé certains autres. L'élévation du sol et de la voûte du cubiculum A2, et le passage pratiqué à travers ce cubiculum pour pénétrer dans l'area voisine, appartiennent probablement aussi à cette période : on peut y rattacher également le cubiculum P1, le vestibule M, avec son luminaire, et le corridor R, qui conduit à Q, dont l'entrée primitive avait été murée.
Les travaux pour élargir la crypte de sainte Cécile et son luminaire, pour décorer la chambre papale et lui donner du jour sans altérer ses dimensions, « de peur de troubler les cendres des saints, » furent certainement exécutés sous la direction personnelle de saint Damase.
Nous avons étudié le développement successif d'une seule area, et son union avec une seconde ; nous n'avons point encore parlé d'une troisième area (1) jointe à cette dernière par l'ambulacrum o ( fig. 59, p. 494), qui la traverse dans toute sa longueur. Les dimensions de cette area sont identiques à celles de la deuxième, et le caractère de son architecture montre qu'elle lui est un peu postérieure. L'arcosolium y paraît fréquemment ; on y rencontre beaucoup de luminaires ; on n'y voit point de loculi a mensa. L'image déguisée de la croix se reconnaît sur ses murailles ; elle renferme de doubles ou même de triples chambres, construites pour les assemblées de fidèles : ces deux derniers indices la font remonter à l'époque des persécutions. Les inscriptions datées que contient cette area (parmi elles l'inscription célèbre du cubiculum duplex du diacre Severus) sont comprises entre les dernières années du IIIe siècle et les dix premières du IVe.
Si l'on jette un regard sur la carte générale (n.d.l.r. : La première note 1, au bas de la page) du cimetière de Calliste, on reconnaît que cette troisième area est elle-même en communication avec le cimetière de Sainte-Soteris, qui comprend les quatre areæ VII, VIII, IX, X, formant autrefois, selon toute apparence, autant de cimetières séparés : nous avons noté leurs caractères distinctifs dans un précédent chapitre (1).
Nous venons de montrer comment se développa…
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(1).Marquée VI sur la table générale. — (1).Liv. III, chap. II, p. 189.
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Nous venons de montrer comment se développa successivement le plus important groupe sépulcral du cimetière de Calliste. Le lecteur l'a vu croître sous ses yeux, depuis le jour où fut creusée à frais privés sa première galerie, jusqu'au jour de son complet épanouissement, quand saint Damase l'agrandit, l'embellit, fit de lui le centre de la vaste nécropole à laquelle, peu à peu, il s'était trouvé uni.
On a pu remarquer comment les faits les plus importants de l'histoire des catacombes, déjà révélés par les documents écrits, se trouvent, à chaque période du développement architectural, confirmés, rendus sensibles par le témoignage des catacombes elles-mêmes, et comment tous ont laissé leur trace dans le cimetière qui vient d'être décrit. Ce témoignage matériel deviendrait plus frappant encore si nous pouvions étudier aussi minutieusement chacune des autres areæ et particulièrement celle presque aussi importante et non moins ancienne qui contient le tombeau de saint Corneille.
L'espace restreint dont nous disposons ne nous le permet pas : nous ne pouvons toutefois terminer cet aperçu de l'histoire architecturale des catacombes sans dire un mot d'un vaste et prodigieux labyrinthe de galeries (marqué XIV sur le plan général) qui remplit d'étonnement tous les visiteurs, et dont il a été impossible, même dans les cartes dressées avec le plus de soin, de déterminer l'enchaînement régulier. Nous avons décrit ailleurs (1) ce réseau de galeries, qui forme deux étages différents, chacun suivant assez exactement le plan horizontal. Ces deux piani appartiennent à l'époque où l'hypogée, d'abord contenu dans les limites légales des diverses areæ, finit par les dépasser, et déborder de toutes parts. Le labyrinthe servit de trait d'union : il met en communication la crypte de Lucine avec celle de sainte Cécile et les deux areæ adjacentes. L'union de tous ces cimetières en une seule nécropole n'était point sans difficultés, à cause des niveaux différents de chacun d'eux : l'observateur qui traversera une partie du labyrinthe en allant de la tombe de sainte Cécile à celle de saint Corneille reconnaîtra les points de jonction, les endroits où se fait la soudure, et ne manquera pas de rendre justice à l'habileté déployée par les fossores pour accomplir cette partie de leur tâche.
Répétons-le encore une fois : nous ne prétendons point que l'ordre du développement architectural constaté dans le cimetière de Calliste se trouve exactement reproduit par toutes les catacombes romaines. Sans doute chacune d'elles eut son style propre et son architecte. On peut croire cependant que le cimetière de Calliste, placé, depuis le commencement du IIIe siècle, sous l'administration directe du pape, et confié par lui à l'archidiacre de l'Église romaine, fut, dans une grande mesure, le patron sur lequel ont été plus ou moins exactement calqués les autres cimetières. Nous pouvons donc nous appuyer sur lui pour résumer brièvement, d'après les catacombes elles-mêmes, l'histoire de leur développement successif.
Quand les contemporains des apôtres commencèrent à…
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(1) Page 259.
Rome Souterraine, p. 501-2
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A suivre : SUPPLÉMENT. Découvertes faites dans les catacombes depuis 1874.
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Rome Souterraine, p. 503-505Quand les contemporains des apôtres commencèrent à créer aux environs de Rome des cimetières souterrains, le travail qu'ils entreprenaient leur était encore peu familier. Ils connaissaient mal la solidité du roc qu'ils devaient creuser en se conformant aux limites légales de l'area et aux besoins d'un nombre de personnes d'abord peu considérable. Aussi ne les voit-on pas construire de vastes chambres, découper dans le tuf des voûtes élancées. Ils se bornent à un seul étage. La nécessité d'économiser le terrain ne contraint point encore les fossores à resserrer les galeries les unes contre les autres, au risque de mettre en péril la solidité de l'hypogée : le noyau primitif d'une catacombe consiste en une galerie qui suit toute la longueur de l'area, s'ouvrant sur un petit nombre de chambres; quand cette galerie unique a été reconnue insuffisante, on en construit d'autres, mais en laissant entre chacune d'elles un très-large intervalle.
Avec le temps, certaines modifications deviennent nécessaires ; à mesure que se multiplient et s'allongent les galeries, les administrateurs des cimetières, sentant l'utilité de ménager le terrain, et les fossores, connaissant mieux désormais la solidité du roc qu'ils taillent, inventent divers moyens d'économiser l'espace. On construit de nombreux cubicula de chaque côté des ambulacres. La superficie que les murailles offraient aux loculi est augmentée par une dépression artificielle du sol. On creuse désormais des galeries plus étroites. Les loculi eux-mêmes se rétrécissent; on les fait larges à l'endroit des épaules, étroits aux pieds. Les fossores osent désormais creuser des galeries parallèles, séparées seulement par une mince muraille de tuf, et, à leurs angles, ne pouvant, de peur d'effondrement, tailler de grands loculi, on ménage de petites tombes destinées à recevoir des corps d'enfants.
Quand, enfin, malgré tous ces expédients, une catacombe est devenue trop petite, les ffossores créent de nouveaux étages au-dessus ou au-dessous du piano primitif. La décoration de ces étages montre que l'ouvrier est devenu maître de la matière qu'il travaille; ils ne sont plus seulement, comme les portions plus anciennes, revêtus d'ornements en stuc ou en briques : on y rencontre des corniches, des colonnes, des pilastres, des chaires même (1), taillés dans le roc. A la même époque, la forme des loculiest variée par l'introduction de l'arcosolium ; les chambres, jusque-là toujours rectangulaires, deviennent hexagonales, octogonales, quelquefois terminées en abside sur un ou plusieurs de leurs côtés (2).
Un peu plus tard, les cimetières, que la loi a cessé de protéger, cessent, à leur tour, d'observer les limites des concessions légales et de suivre la forme géométrique de l'area. Les ouvertures construites pendant cette période pour mettre les souterrains en communication avec le sol extérieur ne sont plus ces luminaires carrés par où l'air et le jour pénétraient dans les cubicula, mais des puits de ' forme ronde, ordinairement situés au-dessus du point d'intersection de plusieurs galeries, et destinés principalement à l'enlèvement des terres. Les fossores, n'étant plus retenus dans des limites précises, construisent maintenant de vastes chambres, de grands arcosolia; et, en même temps, pour répondre au rapide accroissement du peuple chrétien, ils ouvrent une multitude de galeries étroites, d'aspect misérable, dépourvues de tout ornement, mais pleines de loculi. A cette époque remontent les efforts faits pour dissimuler l'entrée des cimetières. Les escaliers réguliers sont démolis : on construit pour les remplacer des passages dérobés qui mettent les catacombes en communication avec des cavernes ou des arénaires. Comme ressource suprême, on comble de terre les galeries, afin de protéger les tombes des saints. Enfin, dans la dernière période, les indices d'un abandon graduel des enterrements souterrains commencent à apparaître. On voit, à l'extrémité de beaucoup de galeries, un assez long espace qui ne contient pas de loculi ou dans lequel la forme des loculi a été dessinée contre les murs, sans qu'ils aient été creusés ensuite. Même dans quelques spacieux cubicula, la place des arcosolia est ainsi indiquée par des lignes, mais ils sont demeurés en projet.
Naturellement, dans les cryptes les plus célèbres, les caractères généraux que nous résumons ici rapidement sont relevés par des particularités saillantes, par des traits individuels; mais nous avons volontairement négligé les détails, nous bornant à tracer un tableau d'ensemble de l'histoire architecturale des catacombes.
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(1). Voir fig. 7, page 43. — (2). On en peut voir des exemples dans la carte générale, Area X.
A suivre : SUPPLÉMENT. Découvertes faites dans les catacombes depuis 1874.
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SUPPLÉMENT.RÉSUMÉ DES DÉCOUVERTES
FAITES DANS LES CATACOMBES DEPUIS 1874.
Nous n'entreprenons point de raconter ici toutes les découvertes faites depuis 1874 dans les catacombes romaines et dans les autres lieux fertiles en antiquités chrétiennes. Nous voulons seulement résumer brièvement celles qui ont un rapport étroit avec les sujets traités dans les deux éditions successives de Rome Souterraine. Si elles nous obligent à rectifier un très-petit nombre de détails, que les progrès d'une science toujours en marche ont démontrés inexacts, elles nous donnent en même temps la certitude que rien ne sera changé dans les lignes générales que nous avons tracées d'après les règles posées, d'une main si prudente et si sûre, par M. de Rossi. Chacune des découvertes qui se sont succédé d'année en année est venue les éprouver et les confirmer.I. NOUVELLES ÉTUDES DANS LE CIMETIÈRE DE PRÉTEXTAT.
D'heureuses recherches faites en 1874 par un des plus zélés disciples de M. de Rossi, M. Mariano Armellini, ont permis de donner un nom à l'une des cryptes découvertes en 1870 dans la catacombe de Prétextât, et de déterminer en même temps l'emplacement du tombeau de deux des martyrs enterrés dans cette catacombe (1). Le lecteur se rappelle qu'en 1870 la commission d'archéologie sacrée entreprit des fouilles dans le grandiose ambulacre, spelunca magna, qui forme le centre historique de ce cimetière, et dans lequel les anciens topographes placent les tombes célèbres de S. Urbain, SS. Felicissimus et Agapitus, S. Janvier et S. Quirinus. Deux cryptes étaient déjà reconnues, celles où avaient été déposés les corps de ces deux derniers martyrs.Deux autres furent retrouvées en 1870, l'une située à 35 mètres environ de celle de Quirinus, l'autre s'ouvrant à peu de distance du cubiculum de S. Janvier. M. de Rossi avait cru pouvoir identifier la première (mais sans autre indice que l'ordre suivant lequel les cryptes sont énumérées dans la Notitia ecclesiarum ) avec la tombe des SS. Felicissimus et Agapitus (1) : il n'avait pu donner un nom à la crypte élégante et grandiose que nous avons décrite page 122, et que tout démontrait cependant avoir été l'un des lieux les plus fréquentés de la catacombe. La découverte de M. Armellini a corrigé l'appellation donnée hypothétiquement à l'une de ces cryptes en montrant que le vocable des martyrs Felicissimus et Agapitus appartient définitivement à l'autre, c'est-à-dire à celle dont l'arcosolium fait face à une vaste abside destinée à contenir la foule des pèlerins qui se pressaient dans ce sanctuaire au IVe siècle.
M. de Rossi n'a point eu, depuis 1870…
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(1). Sur les fouilles faites en 1847, 1850, 1857, 1856, 1870, dans le cimetière de Prétextat, voir [ à partir du lien suivant ] : pages 114-123 — (1). Bullettino di archeologia cristiana, 1872, p. 79.
Rome Souterraine, p. 593-4.
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Rome Souterraine, p. 594-5SUPPLÉMENT.RÉSUMÉ DES DÉCOUVERTES
FAITES DANS LES CATACOMBES DEPUIS 1874.I. NOUVELLES ÉTUDES DANS LE CIMETIÈRE DE PRÉTEXTAT.(SUITE)
M. de Rossi n'a point eu, depuis 1870, l'heureuse fortune de retrouver la seconde partie du titulus original (2) dont les fragments, recueillis dans l'arcosolium même de cette crypte, lui avaient donné ces mots incomplets : .....VS MARTYS. Mais l'opportune découverte de son disciple est venue suppléer aux lacunes de cette inscription. Le temps n'est plus où les innombrables débris de pierres, de marbres ou de tuiles qui se rencontrent dans les galeries de Rome souterraine étaient rejetés avec mépris, et où les explorateurs des catacombes ne faisaient cas que des inscriptions intactes. L'exemple de M. de Rossi a fait comprendre que le plus petit fragment peut être l'occasion des découvertes les plus importantes, et que le devoir comme l'intérêt de l'archéologue est de ne rien laisser perdre. M. Armellini, qui venait de passer en revue près de quatre mille marbres gravés encore épars dans les catacombes romaines, trouva, au mois de janvier 1874, en examinant l'un après l'autre les fragments dispersés le long de l'ambulacre central du cimetière de Prétextat, un morceau de marbre, épais de 4 centimètres, qui lui parut avoir servi à clore une tombe. Au mois d'avril de la même année, il retrouva un second morceau s'adaptant au premier : les deux réunis étaient trop grands pour avoir formé la fermeture d'un simple loculus : ils avaient du faire partie de la mensa ou tablette horizontale d'un arcosolium. Sur l'un de ces fragments on lit plusieurs graffites : le plus important est celui-ci, écrit en caractères cursifs :
Ces mots (qui, par leur paléographie, appartiennent à la période comprise entre le IVe et le VIe siècle) ne sont pas au vocatif, comme dans les proscinèmes de la chapelle des papes au cimetière de Calliste, mais au nominatif, et paraissent une indication du lieu de sépulture des deux saints, le mot quiescunt, ou tout autre semblable, étant sous-entendu (1) : peut-être ont-ils été écrits sur la pierre même de l'arcosolium où reposaient les martyrs, par quelque pèlerin qui venait de s'agenouiller devant leurs reliques, ou par quelque prêtre qui venait de célébrer au-dessus d'elles le sacrifice de la messe (2).
Si l'on pouvait reconnaître l'arcosolium sur lequel était posée la tablette dont deux fragments ont été retrouvés…
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(2). Et non damasien, comme il est dit par erreur page 122.
Page 238.; page 271.
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A suivre : II. LA BASILIQUE DE PÉTRONILLE, LE TOMBEAU DES SS. NÉRÉE ET ACHILLÉE ET LES SÉPULTURES DES FLAVIENS AU CIMETIÈRE DE DOMITILLE...
Rome Souterraine, p. 595-6SUPPLÉMENT.RÉSUMÉ DES DÉCOUVERTES
FAITES DANS LES CATACOMBES DEPUIS 1874.I. NOUVELLES ÉTUDES DANS LE CIMETIÈRE DE PRÉTEXTAT.(SUITE)
Si l'on pouvait reconnaître l'arcosolium sur lequel était posée la tablette dont deux fragments ont été retrouvés, on aurait découvert en même temps l'emplacement de la sépulture de Felicissimus et Agapitus. L'examen minutieux du marbre, la comparaison entre son épaisseur et l'empreinte laissée sur la chaux qui recouvrait la portion subsistante de la muraille fermant, jusqu'à hauteur d'appui, l'arcosolium de la crypte vaste et ornée découverte en 1870, l'identité de l'enduit de couleur rouge trouvé sur la partie plane de cette muraille et de celui qui est encore visible sur un des bords de la tablette, démontrent que celle-ci s'adaptait à l'arcosolium de cette crypte : « j'hésite seulement, dit M. Armellini, à déterminer la position précise qu'elle occupait, la tombe se trouvant aujourd'hui trop ruinée, la forme de l'arcosolium étant d'ailleurs très-irrégulière et ayant perdu son aspect primitif à cause des ornements qui y furent ajoutés postérieurement (1). »
Voici donc, reconnu avec certitude, le nom de cette crypte si vénérée au IVe siècle : elle renferma, jusqu'à la translation opérée par le pape Léon IV en 848, les corps des deux diacres martyrisés en même temps que S. Sixte, Felicissimus et Agapitus. Le pape Damase la décora avec sa magnificence accoutumée : il l'éclaira par un lucernaire, la revêtit de marbres précieux, l'orna de colonnes d'albâtre et de porphyre, et, au-dessus de la mensa, ferma l'arc du tombeau par une grille élégante en marbre phrygien ; c'est lui aussi, sans doute, qui fit construire en face de l'arcosolium la spacieuse abside destinée à recevoir la foule des pèlerins. Deux inscriptions furent placées par Damase dans ce sanctuaire : l'une est un éloge en vers des martyrs, que le recueil épigraphique de Clösterneuburg a conservé, et qui occupait probablement le front de l'arcosolium; l'empreinte de l'autre est encore visible au-dessus du monument, et quelques débris, portant des lettres de type damasien, en ont été recueillis.
Après tant de remaniements, il est impossible de déterminer la place occupée par le titulus original, dont le fragment contenant les lettres .....VS MARTYS a été retrouvé, en 1870, par M. de Rossi: mais le nom aujourd'hui certain des martyrs enterrés dans le cubiculum permet de le recomposer avec vraisemblance : il dut contenir deux lignes disposées ainsi :
disposition qui n'est point sans exemple dans les catacombes : on la retrouve dans l'épitaphe des martyrs Simplicius et Servilianus, publiée par Bosio (2).
La crypte de S. Urbain n'a pas encore été reconnue : il est probable qu'elle est ensevelie sous les décombres, à peu de distance de celle des SS. Felicissimus et Agapitus : ainsi le veut, en effet, l'ordre adopté par l'auteur anonyme de la Notitia ecclesiarum, qui place le cubiculum de S. Urbain avant celui consacré par la sépulture des deux diacres de S. Sixte.
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(1). Scoperta d'un graffito storico, etc., p. 26. — (2). Bosio, Roma sotterranea, p. 299.
A suivre : II. LA BASILIQUE DE PÉTRONILLE, LE TOMBEAU DES SS. NÉRÉE ET ACHILLÉE ET LES SÉPULTURES DES FLAVIENS AU CIMETIÈRE DE DOMITILLE...
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 597.
SUPPLÉMENT.RÉSUMÉ DES DÉCOUVERTES
FAITES DANS LES CATACOMBES DEPUIS 1874.II. LA BASILIQUE DE PÉTRONILLE, LE TOMBEAU DES SS. NÉRÉE ET ACHILLÉE
ET LES SÉPULTURES DES FLAVIENS AU CIMETIÈRE DE DOMITILLE. (1)
Si intéressante que soit la découverte qui vient d'être racontée, elle pâlit auprès de celles dont la première annonce était apportée par l'Osservatore romano du 18 mars 1874. Par la lumière nouvelle qu'elles jettent sur le cimetière auquel est resté attaché le nom impérial des Flaviens, elles rendent plus évidentes et plus certaines les notions que nous avons données, dans le IIe chapitre de cet ouvrage (2), sur la conversion au christianisme de membres de la plus haute aristocratie romaine dès le Ier siècle, et permettent de répondre avec plus d'assurance aux objections récemment formulées à ce sujet.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
Le lecteur sait que la plupart des catacombes romaines ont été formées de plusieurs areae sépulcrales, d'abord isolées, puis peu à peu réunies par des galeries intermédiaires. Déterminer chacun de ces centres historiques, reconnaître les limites dans lesquelles ils avaient été primitivement renfermés, puis suivre le travail des excavations postérieures qui ont relié l'une à l'autre et comme enveloppé dans un commun réseau les areae d'abord indépendantes, telle a été l'œuvre entreprise par le commandeur de Rossi, et dans laquelle son frère l'a si utilement secondé (3). En décrivant,[à partir du lien suivant] pages 103-108, la catacombe située près de la voie Ardéatine, au lieu appelé Tor-Marancia, et désignée maintenant par le nom de Domitille (4), nous avons eu surtout en vue la région de cette catacombe à laquelle donne accès le vestibule monumental découvert en 1865 (5), et qui formait primitivement un hypogée séparé.
Un autre hypogée, relié…
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(1). Bullettino di archeologia cristiana, 1873, p. 160; 1874, p. 5-35, 68-75, 122-125, et tav. I, III, IV, V ; 1875, p. 5-77, et tav. I, II, III, IV, V. — (2) [ à partir du lien suivant ] : Pages 48-56. — (3). Voir, comme exemple, l'histoire du développement du cimetière de Calliste, [ à partir du lien suivant ] : p. 178-191. — (4). Bosio la désigne sous le nom erroné de Calliste, et le plus grand nombre des peintures publiées depuis le siècle de Bosio jusqu'aux travaux de M. de Rossi comme provenant du cimetière de Calliste, appartiennent à celui de Tor-Marancia. — (5). Figure 8, page 106.
Rome Souterraine, p. 597.
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Rome Souterraine, p. 597-9.
SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
Un autre hypogée, relié au premier par le développement postérieur des galeries, avait été entrevu, lors des premières fouilles tentées à Tor-Marancia par la commission d'archéologie sacrée, peu de temps après sa création, mais n'avait pu, à la suite d'un incident regrettable, être régulièrement exploré. Les fouilles entreprises à cette époque mirent à découvert un antique escalier, débouchant dans une large voie cémétériale, qui conduisait à un cubiculum orné de peintures de la première époque de l'art chrétien, mais entièrement dépourvu d'inscriptions, et dans lequel on crut d'abord reconnaître la chambre sépulcrale des saints Nérée et Achillée (1), que les documents topographiques disent enterrés dans le cimetière de Domitille, près de sainte Pétronille, la fille spirituelle de saint Pierre.
Les fouilles ayant été continuées au deuxième étage de la catacombe, on pénétra, en 1854, dans des galeries en partie obstruées, en partie consolidées par des murs, qui indiquaient la proximité d'un édifice incorporé à la nécropole, aux dépens de ses galeries primitives, comme le fut, par exemple, la basilique de Sainte-Agnès, au cimetière de ce nom sur la voie Nomentane (2). On parvint bientôt dans le périmètre d'une basilique semi-souterraine, dont les plafonds et la toiture s'étaient écroulés : deux sarcophages étaient encore en place : quatre colonnes renversées gisaient sur le sol. Quand on eut commencé à déblayer l'édifice, on se trouva à ciel ouvert, le sol de la basilique étant au niveau du deuxième étage souterrain, et l'étage supérieur ayant été détruit pour lui faire place. Tout indiquait que ce sanctuaire avait été construit sur l'emplacement d'un des noyaux primitifs de la catacombe, en l'honneur d'un ou de plusieurs des saints illustres qui y avaient été déposés. Malheureusement les fouilles durent être brusquement suspendues : le propriétaire du sol était intervenu, avait allégué ses droits : on recouvrit à la hâte les quatre colonnes et les deux sarcophages qu'avait éclairés un instant, après tant de siècles, la lumière du jour : le silence et l'obscurité se firent de nouveau sur le monument historique à peine entrevu, et auquel on n'avait pas eu le temps de donner un nom.
Vingt ans plus tard, les fouilles furent reprises, Mgr de Mérode ayant acquis dans ce but, en 1873, la propriété de Tor-Marancia, et ayant mis d'abondantes ressources à la disposition de la commission d'archéologie sacrée. Le noble prélat suivait, avec une sollicitude passionnée, les travaux qui se poursuivaient dans le domaine acheté par lui en l'honneur de la science et de l'Église, et c'est dans une station au milieu de ses chères ruines, sous l'ardent soleil de mai, parmi les malsaines exhalaisons des terres remuées, qu'il contracta le germe du mal inexorable auquel il a succombé. Il avait eu la joie de voir sortir du sol la basilique retrouvée et perdue en 1854, une basilique à trois nefs mesurant dans sa plus grande longueur (1) 30 mètres et 19 mètres dans sa plus grande largeur. A qui avait-elle été dédiée ?...
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(1). Cette attribution, maintenant démontrée inexacte, est reproduite page 104. — (2) Pages 147, 148. — (1). En y comprenant le narthex.
Rome Souterraine, p. 597-9.
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 599-600
SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
A qui avait-elle été dédiée ?...
Les documents topographiques mentionnent trois basiliques situées sur la voie Ardéatine : celle construite sur le tombeau des saints Marc et Marcellien (2), celle élevée par le pape Damase pour abriter les sépultures de sa mère, de sa sœur et la sienne propre (3), et enfin celle où reposèrent ensemble sainte Pétronille et saints Nérée et Achillée (4).
La première doit être écartée : Marc et Marcellien versèrent leur sang pour le Christ vers la fin du IIIe siècle, et furent nécessairement enterrés dans une portion de cimetière appartenant à cette époque : or, les tombeaux au milieu desquels a été construit l'édifice récemment découvert remontent à une date bien antérieure. Il ne saurait davantage être question de la basilique de Damase.
Celle que nous étudions est construite dans une catacombe, de manière à englober dans ses fondations et à détruire par le développement de sa partie supérieure toute une portion primitive de cette catacombe : rien, on le sait, n'était plus contraire aux idées et aux pratiques du pape Damase (5), si respectueux de l'intégrité des antiques sépultures, et qui ne voulut même pas reposer avec ses prédécesseurs dans la crypte papale du cimetière de Calliste, « de peur de troubler le repos de leurs cendres sacrées (6). » Une preuve matérielle est venue s'ajouter à ces raisons, qui auraient suffi à persuader quiconque est familier avec l'histoire de Rome souterraine. L'édifice que nous étudions cachait sous son pavage, aujourd'hui entièrement ruiné, d'antiques sarcophages et des monuments sépulcraux construits au second étage de la catacombe ; ses fondations atteignaient même le troisième, et en obstruaient partiellement les voies. Un loculus d'une des voies obstruées par les fondations de la nef de gauche porte encore, gravée à la pointe sur les tuiles qui le ferment, l'inscription suivante :
Or, le quatrième consulat de Valentinien et celui de Neutérius…
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(5). Page 148.
(6). Page 217 et planche XI.
Rome Souterraine, p. 599-600
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Rome Souterraine, p. 600-1.SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
Or, le quatrième consulat de Valentinien et celui de Neutérius se placent en 390. Damase mourut en 384. Six ans après sa mort, la basilique n'était pas construite, puisque l'on inhumait encore à un endroit qu'atteignirent et rendirent impraticable plus tard les fondations d'une de ses nefs. La basilique de Damase étant ainsi éliminée, de même que celle de Marc et de Marcellien, la basilique de Pétronille peut seule être identifiée avec l'édifice récemment découvert.
La date consulaire inscrite sur le fragment d'épitaphe cité plus haut peut, si on la rapproche d'une autre inscription rencontrée au même lieu, servir à déterminer l'époque exacte de la construction du sanctuaire élevé par la dévotion des siècles de paix et de triomphe sur la tombe de contemporains de la persécution de Domitien. En 390, on vient de le voir, les fondements de l'édifice n'avaient pas encore été jetés. En 395, on y enterrait déjà : la pierre d'un tombeau trouvé par M. de Rossi, sous le dallage de la basilique, dans le voisinage de l'autel, et construit après l'abandon des galeries situées dans le périmètre de l'édifice, car il occupe précisément le vide d'un ambulacre, porte, deux fois répétée, la date du consulat d'Amcius Olybrius et de Probinus, qui correspond à l'an 395. La construction de la basilique se place donc entre 390 et 395, sous le pontificat du pape Sirice, le successeur de Damase et son émule dans la dévotion aux lieux consacres par la sépulture des martyrs.
Commencée à la fin du IVe siècle, elle fut restaurée, au commencement du VIe, par le pape Jean Ier (1) : elle entendit, dans les dernières années du même siècle, la voix éloquente de saint Grégoire le Grand déplorer le sort de l'Italie ravagée par les Lombards. C'est dans son enceinte que le plus grand pape des siècles barbares prononça, le jour anniversaire du martyre de Nérée et Achillée, sa XXVIIIe homélie sur l'Evangile : il ne la fit pas lire, suivant sa coutume, par un notarius, mais il l'improvisa lui-même en présence du peuple : et il semble que des ruines du sanctuaire retrouvé s'échappe encore un écho de cette plante mélancolique de Rome humiliée : « Partout, autour de nous, la mort, partout le deuil, partout la désolation : de toutes parts on nous frappe, de toutes parts on nous abreuve d'amertume : le monde autrefois nous séduisait par ses charmes, le monde aujourd'hui est affligé de tant de plaies, que lui-même nous force à nous tourner vers Dieu (1). » M. de Rossi croit reconnaître, sur le stuc même qui recouvrait une niche creusée au fond de l'abside, et disposée évidemment pour recevoir la chaire pontificale (2), un souvenir du jour où Grégoire y prononça l'homélie dont nous avons traduit quelques lignes : un dessin tracé grossièrement sur l'enduit de la niche représente un prêtre vêtu de la casula et assis dans l'attitude de la prédication : peut-être un auditeur enthousiaste du grand pape a-t-il voulu, au lieu même où celui-ci avait siégé, tracer de lui une image naïve.
Vers le même temps…
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(1). Lib. pont., in Joann. I, 57. — (1). (1). S. Greg. Magn., Hom. XXVIII, In Evang., éd. Bened., t. I, p. 1569. — (2).Comme dans la basilique du cimetière de Generosa (p. 137 et suiv.), et dans une petite basilique domestique découverte sur l'Esquilin (Bull, di arch. crist., 1876, p. 50).
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Rome Souterraine, p. 601-3.
SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
Vers le même temps, un prêtre, envoyé par la reine lombarde Théodelinde, visita la basilique, et recueillit dans une ampulla les huiles qui avaient brûlé devant les tombeaux de Nérée, d'Achillée et de Pétronille, en même temps que celles des sanctuaires voisins de Damase et de Marc et Marcellien (3) : M. de Rossi a retrouvé, près de l'emplacement de l'autel, les fragments d'un grand vase de marbre qui avait servi de récipient à cette huile sainte. On sait qu'à l'époque de saint Grégoire le Grand les seules reliques des saints qu'il fût permis de donner aux fidèles étaient les huiles qui avaient brûlé devant leurs tombeaux, les linges qui y avaient touché, quelquefois un peu de poussière du sépulcre ou de terre imbibée du sang des martyrs (4).
Pendant le VIIe siècle, la basilique de Pétronille continua d'être fréquentée par les pèlerins : les itinéraires et les recueils d'inscriptions métriques conservés par les manuscrits de la Gaule, de la Germanie, de la Bretagne, montrent que de nombreux visiteurs venaient alors des contrées les plus lointaines prier dans ce lieu vénéré. Au VIIIe siècle, au moment où la plupart des cimetières suburbains commençaient à être abandonnés, il n'avait point encore perdu son ancien éclat : le pape Grégoire III institua une station annuelle dans la basilique de Pétronille, et lui fit don d'une couronne d'or, d'un calice et d'une patène d'argent, et de divers meubles liturgiques (1).
Le moment approchait, cependant, où les pèlerins allaient en oublier le chemin. En 755, après les profanations et les dévastations qui avaient accompagné le siège de Rome par Astolphe, le pape Paul Ier commença à enlever les corps saints des cimetières et des basiliques qui entouraient la ville éternelle (2). Celui de sainte Pétronille fut transporté, avec le sarcophage qui le contenait, au Vatican. Il est probable que ceux de Nérée et Achillée furent retirés, vers la même époque, de leur sépulture primitive. En 1213, on les déposa dans l'église de Saint-Adrien, sur le forum (3). Où avaient-ils reposé dans l'intervalle? on l'ignore. Au XVIe siècle, les corps de ces deux saints furent l'objet d'une nouvelle et solennelle translation. Le grand annaliste Baronius possédait le titre cardinalice de l'église qui porte leur nom dans l'intérieur de Rome : il obtint que les restes de Nérée et Achillée y fussent transportés : on y joignit les reliques de sainte Domitille. La présence de cette fille des Césars donna à la cérémonie un caractère particulier : le cardinal voulut que le cortège passât sous l'arc de Titus. La Flavia chrétienne de la branche cadette traversant, suivie de ses deux serviteurs martyrs, le monument élevé en l'honneur des victoires des Flaviens païens de la branche aînée sur cette Jérusalem dont le Christ avait prophétisé la destruction : Baronius n'a jamais écrit un chapitre d'histoire plus éloquent que celui-là.
A quelle époque la basilique de Pétronille fut-elle tout à fait abandonnée?...
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(1). Lib. pont. in Greg. III, § 13. — (2). Page 161. — (3). Baronius, ad martyrol., 12 maii ; cf. Acta SS., maii, t. II, p. 15.
Rome Souterraine, p. 601-3.
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 603.
SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
A quelle époque la basilique de Pétronille fut-elle tout à fait abandonnée? Elle le fut de propos délibéré, car on y reconnaît les traces d'un dépouillement méthodique. Il ne reste plus un débris de l'autel, des bancs presbytéraux, de la chaire, des ambons : tout cela fut sans doute transporté ailleurs. Il en avait été de même pour l'église souterraine de Saint-Clément : à l'époque où elle fut abandonnée, tous les sièges, grilles et balustrades de marbre qui pouvaient être enlevés furent portés dans la basilique supérieure que l'on venait d'élever au-dessus d'elle, et à laquelle ils contribuèrent à donner cet aspect antique qui, jusqu'aux découvertes des vingt dernières années, la firent prendre pour l'édifice primitif (1). En fut-il de même à Sainte-Pétronille, et, à une époque quelconque, construisit-on, dans le voisinage de l'église souterraine de Tor-Marancia, une basilique supérieure dont, jusqu'à ce jour, aucun vestige n'a été retrouvé ?
Un passage du Liber pontificalis, relatif à Léon III, qui régna de 795 à 816, permet de poser cette question. « Ce glorieux pontife, dit son biographe, voyant que l'église des bienheureux martyrs Nérée et Achillée tombait de vétusté et était envahie par les eaux, construisit, près d'elle, et dans un lieu plus élevé, une autre église de vastes proportions et magnifiquement décorée (2). » Ce passage peut s'entendre, soit d'une église construite auprès de la basilique souterraine de la voie Ardéatine, soit de l'église actuelle des saints Nérée et Achillée, sur la via nova, près du forum. Il paraît difficile qu'il s'agisse ici de cette dernière : rien n'indique qu'elle ait été construite au-dessus (in superiore loco) d'une église primitive abandonnée, car elle-même est encore, à l'heure actuelle, au niveau de la voie Appienne de l'époque impériale ; il n'est point probable qu'elle aie jamais été envahie par les eaux. Au contraire, il est fort vraisemblable…
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(1). Voir pages 559 et suiv. — (2). Lib. pont, in Leon. III, § III.
Rome Souterraine, p. 603.
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 604-5.
A suivre: § 2. Le tombeau de Nérée et Achillée.
SUPPLÉMENT.§ 1er. Découverte et histoire de la Basilique.
(SUITE)
Au contraire, il est fort vraisemblable que la basilique cémétériale de la voie Ardéatine ait été inondée à l'époque dont parle le Liber pontificalis : quiconque a visité le second étage de la catacombe de Tor-Marancia sait avec quelle abondances s'y déversent les eaux pluviales des terres environnantes (1). Parlant de notre basilique, l'auteur du texte cité lui donne le nom d'ecclesia beatorum martyrum Nerei et Achillei : il distingue toujours avec le plus grand soin, dans le reste de la vie de Léon III, la nature des églises, appelant titulos celles desservies par des prêtres, diaconias celles desservies par des diacres, ecclesias ou basilicas les églises cémétériales : or, deux fois, il nomme l'église consacrée sur le forum à la mémoire de Nérée et Achillée, et l'appelle diaconia : il est donc probable que, dans le texte relatif à l'abandon d'une ancienne église et à la construction d'une église neuve dans un lieu plus élevé, il a entendu, employant le mot ecclesia, parler de la basilique souterraine élevée sur la tombe de Pétronille et des deux martyrs près de la voie Ardéatine (2).
Elle n'est souterraine qu'en partie, construite à la fois au-dessus et au-dessous du terrain environnant. Ses murs descendent jusqu'à sept mètres en contre-bas du sol naturel : leur hauteur totale dut être beaucoup plus grande, car c'est nécessairement dans la partie de l'édifice qui émergeait du sol que furent percées les fenêtres par lesquelles le vaisseau était éclairé. L'église se composait de trois parties, le vestibule ou narthex, les nefs, l'abside ou presbyterium. Le vestibule, auquel on accédait, à gauche, par un escalier communiquant avec le dehors, et paraissant avoir été ruiné intentionnellement au VIII e siècle, était, comme tout l'édifice, de forme très-irrégulière : un mur le divisait en deux parties inégales : celle de droite semble avoir été une salle à usage de sacristie. Trois portes conduisaient du narthex aux trois nefs de la basilique. Cette partie principale de l'édifice est d'une irrégularité extraordinaire : la basilique a, en largeur, 16 mètres 85 centimètres à l'entrée, et 19 mètres environ à l'origine du presbyterium : la construction va en s'élargissant, les deux murs latéraux n'étant point parallèles, et celui de droite subissant, vers la moitié environ de sa longueur, une déviation très-prononcée. Les deux nefs latérales ont, du reste, à peu près la même largeur à chacune de leurs extrémités : l'évasement graduel de la construction a donc lieu surtout au profit de la nef du milieu, qui mesure 8 mètres 12 centimètres de largeur à l'entrée et 10 mètres 25 centimètres environ au devant du massif de maçonnerie dans lequel le presbyterium inscrit son ovale. La séparation de la grande nef et des nefs latérales consiste, de chaque côté, en un pilier de maçonnerie qui fait saillie sur le mur du narthex, puis en une file de quatre colonnes, et enfin en un pilier saillant à l'entrée du presbyterium. Les colonnes sont unies, en marbre cipollin (à l'exception d'une colonne cannelée en marbre blanc), de dimensions et de hauteurs différentes : les chapiteaux, presque tous corinthiens, sont également de mesures disparates : ces colonnes, évidemment, ne supportaient pas un entablement, lequel eût manqué d'aplomb, mais une suite d'arceaux de briques, sur lesquels s'appuyaient les voûtes ou la charpente de la toiture. L'abside ou presbyterium participe de l'irrégularité de tout l'édifice : il incline légèrement sa courbure vers la droite : son ovale a 6 mètres 25 centimètres de largeur environ sur 4 mètres 90 centimètres de profondeur : la niche sous laquelle étais placée la cathedra épiscopale n'est pas tout à fait au fond, mais un peu infléchie vers la droite (1).
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(1). J'ai été obligé, visitant cette catacombe en 1868, de franchir, sur des pierres que le guide posait de place en place, des galeries inondées. — (2). M. Michel de Rossi pense qu'après avoir été abandonnée, la basilique de Pétroni le fut ruinée par un tremblement de terre, probablement par celui qui, en 897, causa tant de dommages à Rome et en particulier à la basilique de S. Jean de Latran, laquelle, au point de vue géologico-volcanique, est située sur une ligne identique avec celle de la basilique de Pétronille. Voir un article du savant géologue dans le Bullettino del Vulcanismo italiano, avril et mai 1874, p. 63-65, cité dans le Bullett. di arch. crist., 1874, p. 74. — (1). Voir, pour cette description et ces mesures, les remarquables travaux de M. Louis Lefort sur la basilique de Pétronille, dans la Revue archéologique , juin 1874, p. 372, août 1874, p. 128 ; juillet 1875, p. 39 ; et dans le Correspondant, 25 avril 1875, p. 360.
Rome Souterraine, p. 604-5.
A suivre: § 2. Le tombeau de Nérée et Achillée.
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Re: Rome souterraine.
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SUPPLÉMENT.§ 2. Le tombeau de Nérée et Achillée.
Si la basilique contenait quelque memoria des saints en l'honneur desquels elle fut construite, on en devait retrouver la trace dans l'abside, là où s'élevait l'autel et se célébrait le saint sacrifice. Le tombeau de Nérée et Achillée y était certainement placé : Isti sancti ad quorum tumbam consistimus, disait saint Grégoire le Grand, alors qu'assis dans sa chaire, sous la niche pratiquée au fond de l'abside, il prononçait son homélie. Le tombeau de Pétronille ne pouvait non plus être éloigné de ce lieu. M. de Rossi eut le bonheur de retrouver une inscription et deux colonnes ayant appartenu à la sépulture de Nérée et Achillée, et de reconnaître, sinon l'emplacement même, au moins un indice certain de l'emplacement de celle de Pétronille.
Une énorme pierre, que le hasard avait précipitée dans le trou d'un tombeau, sous le dallage de l'abside, fut d'abord découverte : elle contenait la partie droite de l'éloge métrique de Nérée et Achillée : plus tard, le commencement des quatre dernières lignes de la partie gauche fut également retrouvé. M. de Rossi reconnut immédiatement le petit poëme en huit vers composé par Damase en l'honneur des deux martyrs, et conservé par quatre recueils épigraphiques, dont un, le Codex palatinus d'Heidelberg, le reproduit avec cette note : In sepulcro Nerei et Achillei via Appia, et sous ce titre : Nereus et Achilleus martyres. Voici ces vers : les lettres capitales indiquent les mots ou fragments de mots qui se lisent sur les deux marbres découverts par M. de Rossi :
Les lettres conservées par les deux fragments, grandes, monumentales, profondément et régulièrement entaillées, ne peuvent appartenir à une de ces copies qui, au VIe siècle, remplacèrent les originaux de plusieurs inscriptions détruites par les Goths (1) : elles rappellent les variantes que le pape Sirice fit subir à l'écriture damasienne, et dont nous avons déjà signalé un exemple dans la crypte de Saint-Corneille au cimetière de Calliste (1). Ce pape, successeur de Damase, construisit, on l'a vu, la basilique de Pétronille : il est probable que l'inscription composée par son prédécesseur pour être placée sur la tombe des deux martyrs n'avait point encore été gravée quand celui-ci mourut, et le fut par les ordres de Sirice.
Le tombeau de Nérée et Achillée ne pouvait être que…
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(1). Pages 158, 250. — (1). Page 266.
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Rome Souterraine, p. 607-8.
SUPPLÉMENT.§ 2. Le tombeau de Nérée et Achillée.
(SUITE)
Le tombeau de Nérée et Achillée ne pouvait être que sous l'autel, au centre de l'abside. En effet, cette place d'honneur n'eût pu être occupée par le sépulcre de Pétronille, qui n'avait pas versé son sang pour la foi. Au IVe siècle, des martyrs seuls avaient le droit de reposer sous l'autel (2). Cet autel devait être, comme on le voit dans toutes les anciennes basiliques, surmonté d'un dais sculpté, ou ciborium, que supportaient des colonnes. Deux de ces colonnes ont été retrouvées au commencement de 1875, et leurs fûts arrondis offrent la représentation sculptée d'une scène de martyre. J'ai dit ailleurs combien les représentations de cette nature sont rares dans les catacombes : elles n'apparaissent guère avant le IVe siècle (3). Elles sont surtout précieuses quand le nom du martyr est écrit au-dessus. Il en est ainsi de nos colonnes : l'une est ornée d'un bas-relief représentant un homme vêtu de la tunique et du pallium, les mains attachées derrière le dos : il est vu de profil, appuyé contre une potence en forme de croix, au-dessus de laquelle pend une couronne. Derrière lui se tient un soldat vêtu d'une tunique et d'une chlamyde : il brandit et semble diriger vers la tête de sa victime une courte épée. Au-dessus de cette scène est écrit le nom du martyr, ACILLEVS (4). Il ne reste de l'autre colonne qu'un très-mince tronçon où l'on reconnaît la partie inférieure du bas-relief qui faisait pendant à celui-ci : les pieds des personnages ont la même direction et le même mouvement que dans la première scène, et il est évident qu'un sujet tout semblable y était figuré : c'était probablement la représentation du martyre de Nérée, et si M. de Rossi, comme il l'espère, parvient à retrouver le reste du fut, il pourra lire sans doute, au-dessus des personnages complétés, le mot NEREVS.
On peut maintenant se faire une idée de l'autel-sépulcre ou confessio des martyrs Nérée et Achillée, occupant le centre du presbytarium, devant la chaire pontificale. Leur sépulture primitive était-elle là, ou leurs corps furent-ils, de quelque autre partie de la catacombe, transportés à cette place lors de la fondation de la basilique? II est difficile de le dire, bien qu'il paraisse vraisemblable qu'une construction irrégulière, de l'époque constantinienne, qui fut incorporée plus tard à la basilique, et dont on a retrouvé les murailles à l'extrémité de la nef droite (1), se prolongeait originairement jusqu'à l'endroit occupé ensuite par le presbyterium, et abritait, là, le tombeau primitif des deux martyrs: dans cette hypothèse, celui-ci n'aurait pas été déplacé lors de l'érection par le pape Sirice d'un édifice plus orné et plus vaste.
On possède sur ces héros du christianisme…
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(2). S. Martin de Tours est, dit-on, le premier saint non martyr dont la tombe ait été transformée en autel. Voir note E, p. 555. — (3). Page 372. — (4). Acilleus pour Achilleus n'est pas rare. On le voit écrit ainsi sur l'étiquette de l'ampulla et dans l'index des huiles de Monza (p. 601, note 3), dans une inscription du Ve siècle, publiée par Boldetti, et sur un vetro païen, où l'Achille homérique est désigné par le mot ACILLIS. Bullett. di arch. crist., 1875, p. 9. — (1). Cette construction est marquée en noir et désignée par les lettres A dans le plan publié par M. de Rossi, Bullett. 1874, tav. IV, V. Elle est la cause de l'évasement que subit en cet endroit la basilique, sa muraille de droite ayant été reliée a celle de l’édifice constantinien, dont elle suit la direction oblique.
Rome Souterraine, p. 607-8.
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Rome Souterraine, p. 608-10.
A suivre : § 3. La sépulture de Pétronille.
SUPPLÉMENT.§ 2. Le tombeau de Nérée et Achillée.
(SUITE)
On possède sur ces héros du christianisme deux documents qui s'éclairent et se complètent l'un par l'autre. Le premier est l'éloge métrique que nous avons cité, et qui a la gravité et l'autorité de l'histoire; le second, connu sous le nom d'Actes de Nérée et Achillée, paraît tout à fait légendaire dans la forme, mais offre cependant un fond historique, car toutes les indications topographiques qui s'y rencontrent ont été vérifiées et confirmées par les découvertes modernes.
Si l'on interroge le poëme damasien, que voit-on? qu'ils firent partie d'une militia, servirent, par crainte, la tyrannie de Néron, puis, éclairés par la grâce, abandonnèrent la situation qu'ils occupaient, renoncèrent aux armes et aux récompenses militaires dont ils avaient été honorés, et confessèrent le Christ. A quelle militia appartinrent-ils? Les soldats romains n'étaient ni geôliers, ni tortureurs, ni bourreaux : il semble que le saevum officium que remplissaient Nérée et Achillée n'était pas le service militaire proprement dit. Peut-être étaient-ils des apparitores, c'est-à-dire des membres de ce corps d'exécuteurs des décisions des magistrats criminels, auxquels font si souvent allusion les Actes des Martyrs (2). Cependant des apparitores ne pouvaient prétendre à ces dona militaria dont on voit que Nérée et Achillée avaient été honorés, et qui étaient la récompense du courage guerrier.
M. de Rossi conjecture que les deux saints avaient appartenu, comme officiers ou soldats, à la milice prétorienne. Sous le règne de Néron, auquel se rapporte la première partie de leur vie (leurs Actes les disent convertis par saint Pierre) [1], les prétoriens furent souvent employés à l'exécution des cruautés du prince : Juvénal montre toute la cohorte prétorienne, tota cohors, occupée, jussu Neronis, à investir les palais des riches proscrits [2]. Dès les règnes précédents il en avait été ainsi : Josèphe met dans la bouche de Chéréas haranguant les prétoriens des plaintes indignées contre Caligula, qui de soldats les avait changés en bourreaux [3]. Peut-être Nérée et Achillée furent-ils mêlés, en cette qualité, aux cruautés du tyran : les quartiers des cohortes prétoriennes portaient à Rome le nom de castra, que semble rappeler Damase quand il dit, en parlant de la fuite des deux soldats convertis : ducis impia castra relinquunt.
Telle est la lueur historique, assez confuse encore, jetée sur l'histoire de ces martyrs par l'inscription damasienne. Mais ici surgit une difficulté. Les Actes de Nérée et Achillée indiquent les rapports ayant existé entre eux et Flavia Domitilla, nièce du consul Clemens : ils sont désignés comme ses eunuchi cubicularii. Cela est inconciliable avec le texte de Damase, qui en fait des soldats. Ce texte est certainement historique : comment les Actes ont-ils pu altérer à ce point la vérité? Il est probable que, après leur conversion, Nérée et Achillée obtinrent un office quelconque dans la maison de Flavia Domitilla. Or, les Actes que nous possédons ont été traduits du grec en latin par un écrivain du Ve ou VIe siècle. L'original grec (qui doit lui-même avoir amplifié et singulièrement altéré des documents primitifs auxquels on est redevable de la part très-importante de vérité qu'il contient) est sans doute l'œuvre, aujourd'hui perdue, d'un auteur qui transporta dans la maison d'une princesse du Ier siècle les usages et les mœurs qu'il voyait dans la cour byzantine de son époque : et comme les eunuques y étaient investis d'une grande puissance, il crut ne pouvoir mieux exprimer que par ce titre le poste important et l'influence considérable que possédaient les deux chrétiens dans la maison et sur l'esprit de Domitille.
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(2). Edm. Le Blant, Recherches sur les bourreaux du Christ, Arras, 1873. — [1]. C'est par oubli de cette circonstance que j'ai, page 105, note, nommé Domitien au lieu de Néron : c'est également par erreur que, dans les deux vers de l'inscription cité» dans cette note, la version almum officium, qui est donnée par un seul manuscrit, a été préférée à saryum officium, que donnent deux manuscrits. — [2]. Juvenal, Sat. X, 15-18. — [3]. Josèphe, Ant. jud., XIX, 1, 6.
Rome Souterraine, p. 608-10.
A suivre : § 3. La sépulture de Pétronille.
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Rome Souterraine, p. 610-11.SUPPLÉMENT.§3. La sépulture de Pétronille.
En nous étendant avec quelques détails sur la découverte du tombeau de Nérée et Achillée, nous avons légèrement interverti l'ordre chronologique: elle eut lieu au commencement de 1875, tandis que celle relative à la sépulture de Pétronille avait été annoncée dès le mois de décembre 1874 (1) .
Le lecteur se rappelle (2) qu'Aurélia Petronilla, descendant peut-être par sa mère de T. Flavius Petro, qui fut la souche de la gens Flavia, avait été convertie au christianisme par l'apôtre saint Pierre, et enterrée dans le domaine de Tor-Marancia : c'est près de son tombeau, disent les Actes de Nérée et Achillée, que furent déposés les cubicularii de Flavia Domitilla, et les documents topographiques nomment toujours à la suite l'un de l'autre ces deux groupes de sépultures.
Donc, même en l'absence de tout indice matériel, il était permis d'affirmer que la fille spirituelle de saint Pierre avait reposé aux environs de l'abside qui contenait le tombeau des deux martyrs. Une curieuse peinture, trouvée derrière la basilique, est venue rendre plus claire encore cette conclusion.
A droite du presbyterium, près de la niche où était placée la chaire épiscopale, s'ouvre un passage étroit, assez irrégulièrement taillé, long de 2 mètres, large de 80 centimètres à son ouverture dans l'abside, et s'évasant jusqu'à atteindre une largeur de 2 mètres au point où il débouche dans la catacombe. Sa voûte est revêtue de stuc blanc et décorée de rosaces rouges, qui peuvent appartenir au ve ou VIesiècle. Il mettait le chevet de la basilique en communication directe et avec la campagne romaine, au moyen d'un escalier qui venait aboutir dans une galerie voisine, et avec les autres parties de la catacombe, notamment avec l'hypogée décrit pages 105 et suivantes , au moyen de voies souterraines appartenant à la dernière période des excavations. Ce passage est prolongé par une galerie qui s'ouvre, à gauche, sur deux cubicula: l'un, situé immédiatement derrière l'abside de la basilique, dont il est séparé seulement par l'épaisseur de la muraille, n'offre aucune particularité remarquable; le second est occupé, au fond, par un arcosolium, dont l'ouverture fut, à une certaine époque, fermée par une muraille, devant laquelle un nouveau tombeau fut construit, alors que, évidemment, il n'y avait plus de place disponible dans la chambre. Quel motif de dévotion porta les fidèles à y multiplier ainsi les lieux de sépulture? Une fresque peinte sur la muraille qui ferme l'arcosolium le fait comprendre. Elle représente une matrone debout dans un jardin, derrière laquelle se tient une jeune femme qui semble l'introduire et lui faire accueil. Près de la tête de la matrone, qui a les bras étendus en orante, se lisent ces paroles : …
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(1). Osservatore romano , 29 décembre 1874. — (2).Page 54.
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Rome Souterraine, p. 611-12
A suivre : § 4. Les inscriptions des Flaviens.…
SUPPLÉMENT.§3. La sépulture de Pétronille.(SUITE)
…Elle représente une matrone debout dans un jardin, derrière laquelle se tient une jeune femme qui semble l'introduire et lui faire accueil. Près de la tête de la matrone, qui a les bras étendus en orante, se lisent ces paroles :
Le sujet est évidemment la matrone Veneranda reçue dans le jardin du paradis par sainte Pétronille, près du tombeau de laquelle elle avait été enterrée (1). Cette fresque appartient au IVe siècle, et M. de Rossi croit pouvoir l'attribuer à sa première moitié. L'omission du préfixe Sancta devant Petronella est un indice d'antiquité. Le titre de martyr a été ajouté ici, contrairement à la vérité historique, soit par ignorance, soit pour faire un plus grand honneur à la sainte: il existe d'assez nombreux exemples d'une erreur semblable (2).
Le cubiculum dans lequel fut enterrée Veneranda était certainement très-rapproché de la sépulture de sainte Pétronille. M. de Rossi conjecture que le sarcophage où reposait celle-ci, et qui fut transporté au Vatican en 755, était placé dans le passage voûté ouvert à droite de l'abside, ce qui permettait de le vénérer et de l'intérieur de la basilique et des galeries situées derrière elle (1). Par la date de leur construction, comme par les nombreux graffites qui se lisent sur leurs murailles, ces galeries paraissent avoir servi de chemin, après le IVe siècle, à la foule pressée des pèlerins : on y accédait par l'escalier dont j'ai parlé, construit lui-même sur remplacement d'un antique ambulacre, et dont les marches ont été usées par de nombreux visiteurs.
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(1). Sur la dévotion qui portait les fidèles des premiers siècles à se faire enterrer près des tombeaux des saints, et sur la confiance qu'ils mettaient dans l'intercession de ceux-ci, il faut ajouter à ce que nous avons dit pages 119, 154, 551, une admirable dissertation de M. de Rossi, trop longue pour être résumée ici, dans le Bullett. di arch. crist., 1875, p. 18-32. — (2). Sainte Pétronille est qualifiée de martyre dans la vie de Léon III au Liber pont., § 110; dans les anciens itinéraires, le même titre est donné à sainte Pudentienne, à S. Cyriaque, qui ne furent point martyrisés, et même à des papes postérieurs au triomphe de l'Église, comme Marc, Jules, Damase, Innocent, Boniface. — (1). M. Lefort s'est demandé si le sarcophage de Pétronille n'avait pas plutôt été vénéré dans la partie conservée de l'édifice constantinien, qui fermait la nef droite, et formait à son extrémité comme une salle séparée, a laquelle on accédait de la catacombe par une galerie, et de la grande nef par l'espace laisse libre entre sa dernière colonne et l'ante du presbyterium. Dans cette hypothèse, l'édifice du commencement du IVe siècle, qui fut plus tard englobé dans la basilique de Sirice, se serait composé de deux salles contigües, l'une ayant renfermé le tombeau de Nérée et Achillée, et plus tard ayant été détruite pour faire place à l'extrémité de la grande nef et au presbyterium, l'autre ayant renferme le tombeau de Pétronille, et ayant été conservée à l'extrémité de la nef latérale droite. Revue archéologique, juillet 1875, p. 45.
Rome Souterraine, p. 611-12
A suivre : § 4. Les inscriptions des Flaviens.…
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SUPPLÉMENT.§4. Les inscriptions des Flaviens.
Les découvertes que nous venons de raconter ne sont pas les seules qu'avait espérées M. de Rossi en reprenant, après vingt ans d'interruption, les fouilles entreprises dans cette partie de la catacombe de Domitille. On se souvient que lorsque, en 1865, l'illustre archéologue eut mis au jour, à Tor-Marancia, le vestibule monumental qui donne accès dans une autre partie de la catacombe, il crut y reconnaître l'entrée du tombeau d'un Flavien chrétien: et l'on n'a pas oublié les considérations si intéressantes et si neuves qu'il a émises, à ce propos, sur la légalité des sépultures chrétiennes primitives (2). Une précieuse trouvaille, faite parmi les innombrables débris de marbres qui encombraient l'aire de la basilique et les galeries environnantes, permet sinon encore d'affirmer, au moins de conjecturer que l'hypogée dans lequel furent enterrés Pétronille, Nérée et Achillée, avait, lui aussi, une entrée distincte et publique : M. de Rossi a découvert un fragment de marbre, qu'il suppose avoir fait partie du titulus qui en surmontait la porte; on y lit ces lettres :......RVM
.....ORVM
au-dessous desquelles est gravée l'ancre cruciforme, un des plus vieux symboles chrétiens (1). Par leur paléographie, elles appartiennent certainement à une époque plus ancienne que les inscriptions que l'on trouve communément dans les catacombes. N'étaient les apices un peu exagérés de ces lettres, le consciencieux archéologue serait tenté de les croire contemporaines de la fin du Ier siècle. Qui sait si un second fragment du même marbre ne permettra pas de compléter l'inscription, et si l'on ne lira pas alors ce précieux titulus:SEPVLCRVM FLAVIORVM ?
La place occupée, dans la partie inférieure du marbre, par l'ancre, qui marque certainement le milieu de sa longueur, autorise cette conjecture, car le nombre des lettres qu'il faudrait, dans l'état actuel, ajouter à l'inscription incomplète pour rétablir la symétrie, s'accorderait sans difficulté avec la leçon proposée. Derrière l'abside de la basilique a été en outre trouvé un cippe sépulcral, qui du sol extérieur avait été précipité au second étage de la catacombe : il porte sur ses deux faces cette inscription: LOCVS SACER SACRILEGE CAVE MALV (m). Peut-être était-il placé à l'entrée extérieure de l'hypogée, pour avertir les sacrilèges du caractère religieux que la loi donnait à ce lieu, et des peines qui en châtieraient la violation : rien ne s'opposait à ce qu'une semblable menace fût inscrite sur une sépulture chrétienne.
L'ordonnance primitive de l'hypogée où reposèrent Pétronille et les deux martyrs fut bouleversée, à la fin du IVe siècle, par la construction de la basilique. Il est difficile d'en rétablir le plan; mais celles des anciennes galeries qui ne furent pas alors détruites paraissent remonter à une date très-reculée : elles sont d'une grande élévation, leur sol ayant été abaissé alors qu'elles étaient déjà remplies de tombeaux, afin de mettre la partie inférieure de leurs murailles en état de recevoir de nouvelles sépultures (1). M. de Rossi établit, par l'examen minutieux d'inscriptions découvertes dans ces galeries et dans divers cubicula auxquels elles donnaient accès, que leurs plus anciens loculi, ceux antérieurs à l'abaissement systématique du sol, appartiennent au commencement du IIe siècle, c'est-à-dire à une époque voisine de celle où moururent Nérée, Achillée et Pétronille, tandis que les plus récents, ceux creusés dans la partie inférieure des murailles, ne dépassent pas les premières années du IIIe siècle.
A cette dernière date appartient une tablette…
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(2). Voir page 110, et surtout notre livre I, ch. III [ et les messages qui le suivent (N.D.L.R.) ], p. 63-84. — (1). Sur la date du symbole de l'ancre, voir pages 295, 296. — (1).Voir page 488…
Rome Souterraine, p. 612-14.
Dernière édition par Louis le Sam 26 Sep 2015, 1:29 pm, édité 1 fois (Raison : Correction d'un lien.)
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Rome Souterraine, p. 614-15
SUPPLÉMENT.§4. Les inscriptions des Flaviens.
(SUITE)
A cette dernière date appartient une tablette de marbre qui fermait un loculus du niveau inférieur d'une de ces galeries, et sur laquelle est gravé un monogramme dans lequel on reconnaît facilement le très-rare cognomen FLAVILLA, indiquant une personne ayant eu une relation quelconque, soit de parenté, soit de clientèle, avec les Flavii. Un peu plus loin fut trouvée une énorme table de marbre ayant servi probablement à clore un très-grand loculus du niveau supérieur : on y lit cette inscription grecque, en lettres qui peuvent être du IIe siècle (2) :Flavius Sabinus et Titiana, frère et sœur.
Plusieurs Flavii Titiani vécurent au IIe siècle, et M. Hübner, en publiant des inscriptions relatives à ces personnages considérables, avait conjecturé qu'ils appartenaient de quelque manière à la famille impériale des Flaviens (3). L'épitaphe grecque découverte dans le cimetière des Flaviens chrétiens vient fortifier cette conjecture. Le frère et la sœur enterrés dans cet hypogée de famille descendent évidemment de Titus Flavius Sabinus, frère de Vespasien, père du consul Titus Flavius Clemens, qui confessa le Christ, en même temps que sa femme Flavia Domitilla, l'an 95. On se rappelle que les deux fils de Clemens et de Domitilla avaient été adoptés par Domitien, qui les destinait au trône et changea leurs noms en ceux de Vespasien et Domitien. Après le meurtre de cet empereur et la chute de la dynastie des Flaviens, les deux jeunes princes, rendus à la vie privée, reprirent sans doute leurs anciens noms : qui sait, dit M. de Rossi, si le Flavius Sabinus enterré avec sa sœur dans ce vaste et antique loculus n'est pas soit l'un d'eux, soit un de leurs descendants ?
Le nombre des fragments épigraphiques trouvés dans les ruines de la basilique depuis le commencement des fouilles se montait, en 1875, à plus de sept cents. Je ne veux plus citer que deux des inscriptions publiées par M. de Rossi…
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(2). M. de Rossi les croit de la même main que l'inscription d'Uranie, fille d'Hérode, au cimetière de Prétextat; voir p. 116. — (3). Corpus inscr. lat., t. II, p. 553.
Rome Souterraine, p. 614-15
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A suivre : § 5. Le christianisme de Flavius Clemens et l'existence de Flavia Domitilla la jeune.
SUPPLÉMENT.§4. Les inscriptions des Flaviens.(SUITE)
Le nombre des fragments épigraphiques trouvés dans les ruines de la basilique depuis le commencement des fouilles se montait, en 1875, à plus de sept cents. Je ne veux plus citer que deux des inscriptions publiées par M. de Rossi dans son Bullettino. L'une, qui peut se placer entre le IVe et le VIe siècle, a été découverte en 1854 : elle constate qu'Aurelïus Victorinus a vendu un emplacement sépulcral à Aurelius Laurentius et que cette vente a été transcrite par Aurelius Constantius. A cette époque, les fossores des catacombes étaient en possession du droit de vendre les concessions funéraires (1) ; il semble que, par exception, le contrat dont il s'agit ici soit intervenu entre les membres d'une même famille: peut-être les membres de la gens Aurélia conservèrent-ils, pendant de longs siècles, le privilège d'être enterrés dans le lieu consacré par la sépulture de leur illustre parente Aurélia Petronilla.
L'autre inscription est l'épitaphe de Pascentius lector de Fasciola, à laquelle on peut joindre celle mutilée d'un certain Basilius, ayant appartenu, en qualité de prêtre ou de ministre inférieur, au même titulus de Fasciola. L'église des SS. Nérée et Achillée sur la via nova, près des thermes de Caracalla, était connue sous ce nom, dont l'origine est assez obscure : si l'on se rappelle que, à partir du IIIe siècle, chaque titulus ou paroisse de Rome possédait un cimetière suburbain soumis à sa juridiction (1) , on verra avec intérêt que le cimetière de Domitille, où étaient enterrés Nérée et Achillée, ait été assigné à l'église urbaine qui portait le vocable de ces deux saints : on y a trouvé, outre l'épitaphe de deux clercs de cette église, l'inscription funéraire d'une marchande de la via nova et d'un capsarius des thermes Antonins, c'est-à-dire de personnes appartenant à la circonscription paroissiale de l'église urbaine de Nérée et Achillée.
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(1). Page 153,et les fils suivants (N.D.L.R.) . — (1) Pages 140-142, et les fils suivants (N.D.L.R.) .
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A suivre : § 5. Le christianisme de Flavius Clemens et l'existence de Flavia Domitilla la jeune.
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