Rome souterraine.

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Message  Louis Jeu 11 Déc 2014, 3:59 pm

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LIVRE  II
HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)


Ces considérations nous permettront d'apprécier toute la portée des paroles de l'auteur des Philosophumena, racontant que saint Zéphirin « confia à Calliste la direction du clergé et l'administration du cimetière. »  La communauté chrétienne de Rome entrait à ce moment dans une phase nouvelle de sa vie : elle faisait tourner à son avantage la protection que les lois romaines accordaient à certaines corporations, et, pour obéir à ces lois, un de ses membres était choisi pour être le gérant ou syndic qui administrerait la propriété commune et veillerait aux intérêts du corps social (1). C'est ce rôle que Calliste fut appelé à remplir, réunissant en sa personne la direction du clergé et l'administration du cimetière, et gouvernant à ce double titre le trésor charitable de l'Église. Le cimetière qui lui fut ainsi officiellement confié était donc le cimetière commun des chrétiens, la propriété collégiale de l'Ecclesia fratrum. C'était « le cimetière sur la voie Appienne » que, d'après le Liber pontificalis. Calliste « créa, dans lequel beaucoup d'évêques et de martyrs reposent, et qui est appelé aujourd’hui  encore cœmeterium Callisti. »

Les raisons qui décidèrent l'Église romaine à créer ce cimetière l'engagèrent à y fixer, pour l'avenir, la sépulture des papes, déposés jusque-là au Vatican. Sur dix-huit papes qui occupèrent le siège pontifical de Zéphyrin à Sylvestre, treize, selon le Liber pontificalis, furent enterrés dans le nouveau cimetière.

Il fut, d'après la conjecture de M. de Rossi, le premier lieu public de sépulture possédé et administré officiellement par l'Église ; par lui se fonda la propriété ecclésiastique, conséquence naturelle de la forme corporative adoptée par l'Eglise dans ses rapports avec la société civile, à partir du IIIesiècle.

D'autres cimetières lui appartinrent bientôt au même titre. Le Liber pontificalis rapporte qu'en 238, saint Fabien, le quatrième successeur de Zéphyrin, « divisa les diverses régions de Rome entre les diacres, et ordonna la construction de nombreux édifices (fabricas) dans les cimetières. » Ces fabricæ étaient sans doute des oratoires élevés au-dessus des catacombes, soit en vue du culte ou des assemblées, soit pour servir d'habitation à un gardien.

Nous avons vu que tel était l'usage dans les grands domaines funéraires païens et nous avons retrouvé à l'entrée du cimetière de Sainte-Domitille les restes d'une de ces anciennes fabricæ. Les chrétiens durent construire un grand nombre de ces édifices pendant les trente-neuf années de paix (211-250), troublées seulement par la courte persécution de Maximin (236), qui s'écoulèrent entre le règne de Caracalla et celui de Dèce.

En janvier 250, saint Fabien…

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Rome souterraine. - Page 4 Page_122

Rome Souterraine, p. 130-1.

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Message  Louis Ven 12 Déc 2014, 4:15 pm

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HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)



En janvier 250, saint Fabien tomba victime de la persécution de Dèce. Dèce rendit probablement un édit pour interdire l'entrée des cimetières chrétiens; mais l'histoire n'en a gardé aucune trace. La persécution de Valérien, qui éclata en 257, les atteignit. Nous n'avons pas le texte de la loi rendue contre eux; mais son existence ressort clairement de ces paroles adressées par Émilianus, préfet d'Alexandrie, à saint Denys, évêque de cette ville : « Ni à vous, ni à personne, il n'est permis de tenir des assemblées et d'aller dans ce que vous appelez vos cimetières (1) ; » et de ces mots d'Aspasius Paternus, proconsul d'Afrique, à saint Cyprien : « Les très-saints empereurs Valérien et Gallien ont défendu de se réunir en aucun lieu, et d'entrer dans les cimetières (2).»

Le pape Sixte II, avec ses diacres et les ministres sacrés [ saint Laurent était l'un d'eux, et nous avons vu les tombes des deux autres (1) ], fut, pendant la même persécution, traqué, surpris et décapité dans le cimetière de Prétextat (2), « parce qu'il avait méprisé les ordres de Valérien (3). »

En 260, Gallien mit fin à la persécution. Il envoya dans tout l'empire un rescrit enjoignant aux possesseurs des loca religiosa confisqués par Valérien sur les chrétiens d'en faire restitution aux évêques de chaque église. En même temps, il adressa à quelques évêques des rescrits spéciaux, pour leur rendre le libre usage de leurs cœmeteria (4).

Il parait résulter de ces actes de l'empereur que les lieux d'assemblée des chrétiens, ces édifices à ciel ouvert dont nous avons parlé, avaient été confisqués par Valérien, et vendus ensuite au profit du fisc, tandis que les cimetières, protégés par la religion des tombeaux, avaient été seulement interdits.

La persécution cessant, l'Ecclesia fratrum en reprenait de plein droit l'usage, n'en ayant jamais perdu la propriété : au lieu que, pour lui rendre les édifices non funéraires, il fallait qu'un édit exprès, les expropriant une seconde fois en sens inverse, les enlevât à ceux qui les avaient achetés du fisc. C'est sans doute en vertu de ces deux rescrits impériaux que Denys, successeur de Sixte II, ayant recouvré les propriétés de l'Église, « divisa, dit le Liber pontificalis. les églises et les cimetières entre les prêtres, et constitua des paroisses et des diocèses. »

Ces fluctuations de la politique impériale, en mettant en relief la position singulière et contradictoire de l'Église chrétienne, devenue légitime comme corporation et demeurée illégale comme religion étrangère, firent comprendre aux chrétiens la nécessité d'assurer l'inviolabilité de leurs sépultures  et le secret de leurs réunions. A partir de ce…

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(1). Lettre de saint Denys d'Alexandrie, dans Eusèbe, Hist. Eccl. 11. — Ces dernières expressions prouvent l'origine exclusivement chrétienne du mot « cimetière. » — (2).  Acta proconsularia S. Cypriani. —  (1).  Voir pages 119-120, 121, et 122 — (2).  Cyprian., Ep. 82. — (3).  Lib. pont. — (4).  Eusebe, Hist. Eccl., VII,  13.
Rome Souterraine, p. 131-2.

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Message  Louis Sam 13 Déc 2014, 2:41 pm

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Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)



A partir de ce moment une direction nouvelle est donnée aux travaux des catacombes. On s'efforce de dissimuler l'entrée des cimetières : on peut reconnaître encore aujourd'hui des traces de ces efforts dans ces passages dérobés, étroits, tortueux, qui conduisent souvent d'un arénaire dans une catacombe. Ces précautions furent plus d'une fois justifiées par les faits, et plus d'une fois elles furent inutiles. Dès les premières années du IIIe siècle, il était arrivé que le culte chrétien fût interrompu par une soudaine invasion des païens. « Tous les jours, dit Tertullien, nous sommes assiégés, nous sommes trahis, et pris à l'improviste quand nous nous assemblons pour prier (1). »

Ailleurs, s'adressant aux païens : « Vous connaissez, leur dit-il, les jours de nos réunions; aussi sommes-nous assiégés, pris au piège, et souvent arrêtés au milieu de nos assemblées les plus secrètes (2). » Mais c'est surtout dans la seconde moitié du IIIesiècle que les exemples se multiplient de chrétiens poursuivis, atteints, et souvent martyrisés dans les arénaires qui servaient d'entrées à quelques catacombes.

Saint Grégoire de Tours rapporte que, sous Numérien, les martyrs Chrysanthus et Daria furent mis à mort dans un arénaire. Un jour un grand nombre de fidèles entrèrent dans ce souterrain, situé sur la voie Salaria Nova, pour y vénérer leur tombeau; ils furent aperçus; l'empereur ordonna de maçonner à la hâte l'entrée de la catacombe et d'y faire un grand amas de pierres et de sable, afin de les enterrer vivants. Saint Grégoire ajoute que, quand les tombes des deux martyrs furent découvertes de nouveau après la paix de l'Église, on trouva dans cette crypte deux fois vénérable non-seulement les restes des pieux chrétiens qui y avaient péri, des squelettes d'hommes, de femmes, d'enfants étendus sur le sol, mais encore les vases d'argent (urcei argentei) qu'ils avaient emportés avec eux pour la célébration des saints mystères (3).

Saint Damase…

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(1). Apol.,7. — (2). Ad nat.,I, 7. — (3). Greg. Turon., De gloria martyrum, I, 28.
Rome Souterraine, p. 133.

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Message  Louis Dim 14 Déc 2014, 4:41 pm

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Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)

Saint Damase  ne voulut pas toucher à cette scène de martyre. Il s'abstint de faire des travaux dans la crypte, et d'y introduire aucun ornement étranger; il se contenta d'y poser une inscription, et d'ouvrir dans la muraille une petite fenêtre, afin que tous pussent contempler sans y rien déranger ce monument unique dans son genre, cette Pompéi chrétienne en miniature. On pouvait le voir encore au temps de saint Grégoire, au VIe siècle. M. de Rossi espère pouvoir en retrouver quelque chose, peut-être quelques fragments de l'inscription damasienne, peut-être la fenêtre même par laquelle nos pères ont vu ce prodigieux spectacle, une messe célébrée au IIIe siècle, et interrompue par le martyre (1).

Des faits comme celui-ci expliquent le reproche souvent adressé aux chrétiens par les païens du IIIe siècle : « Vous êtes une race qui se cache dans les cavernes, qui fuit la lumière, » latebrosa et lucifugax natio (1). Les nombreuses traditions de la même époque sur des chrétiens et même des papes (2) réfugiés dans les catacombes font bien comprendre, quoique l'authenticité de beaucoup d'entre elles puisse être mise en doute, quelle importance les chrétiens attachaient à leurs cimetières, et quelle haine, au contraire, avaient fini par concevoir pour eux les persécuteurs.

De Gallien à Dioclétien…

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Rome souterraine. - Page 4 Page_123

(1). Minuc. Fel., Octav., 8. — Le païen Cæcilius ajoute : in publicum muta, in angulis garrula. — 2.  Caius... fugiens persecutionem Diocletiani in cryptis habitando, martyrio coronatur.


Rome Souterraine, p. 134-5.

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Message  Louis Lun 15 Déc 2014, 3:46 pm

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Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

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De Gallien à Dioclétien, nous ne trouvons aucune mention de nouveaux édits contre les chrétiens, à l'exception de celui rendu par Aurélien peu de temps avant sa mort, dont nous connaissons l'existence, mais dont nous n'avons pas le texte. La conduite de cet empereur à l'égard de l'Église fait bien voir à quelles vicissitudes était exposée la condition légale des chrétiens. Il avait d'abord reconnu expressément la communauté chrétienne ; il avait été jusqu'à ordonner que les édifices occupés par Paul de Samosate, à Antioche, « fussent remis aux mains de ceux qui étaient en communion avec les évêques chrétiens de l'Italie et de Rome (3). » A la fin de sa vie, il se mit à persécuter.

Les commencements du règne de son successeur Dioclétien furent favorables aux chrétiens. Ceux-ci reprirent courage, et, se croyant assurés d'une longue paix, commencèrent à démolir les vieilles églises pour en construire de nouvelles, plus ornées et plus vastes. Il est probable qu'ils travaillèrent avec la même liberté à l'embellissement et l'agrandissement de leurs cimetières : nous voyons à cette époque Severus, diacre du pape Marcellin, construire dans le cimetière de Calliste un double cubiculum recevant l'air et le jour par un luminaire extérieur que rien ne dissimulait : la même région du cimetière renferme beaucoup de grandes cryptes éclairées également par des luminaires, et qui paraissent contemporaines de celle de Severus.

L'an 303, au milieu de cette paix et de cette confiance, éclata la dixième persécution, comme une tempête dans un ciel serein. Ce fut la dernière et la plus terrible. Les églises qu'on venait d'élever furent brûlées et démolies, les fermes et les jardins sous lesquels s'étendaient les cimetières furent confisqués, les archives de l'Eglise furent pillées et détruites, au grand détriment de l'histoire. Le pape Marcellin, et son successeur Marcel, ne purent être enterrés dans la crypte papale à Saint-Calliste : ils furent déposés, le premier « dans un cubiculum qu'il s'était lui-même préparé dans le cimetière de Priscille, » et le second « dans un cimetière établi sur la voie Salaria, avec la permission d'une matrone nommée Priscille ; » c'est-à-dire l'un et l'autre dans le cimetière privé de Priscille, qui était demeuré la propriété des Pudens, et appartenait, au milieu du IIIe siècle, à une descendante de cette famille, appelée Priscille comme son aïeule. A la prière de Marcellin et de Marcel, cette noble chrétienne fit de grands travaux dans l'antique cimetière. Une partie de l'étage inférieur, d'une régularité jusque-là sans exemple dans Rome souterraine, paraît avoir été creusée à cette époque. Les papes voulurent ainsi préparer, au plus fort de la persécution, un nouveau lieu de réunion et de repos pour les chrétiens chassés du cimetière officiel de la voie Appienne.

On a retrouvé en 1868 un petit cimetière…

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(3). Eusebe, Hist. Eccl., VII, 30.
Rome Souterraine, p. 135-6.

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Message  Louis Mar 16 Déc 2014, 3:40 pm

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Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)


On a retrouvé en 1868 un petit cimetière contemporain de la persécution de Dioclétien, qui montre bien dans quels lieux abandonnés les chrétiens, privés de leurs cimetières accoutumés, furent quelquefois obligés d'enterrer mystérieusement leurs martyrs et leurs morts. Au mois d'août 1866, une table des actes des Fratres Arvales (1) fut découverte dans une vigne située à cinq milles de Rome, sur la voie Portuensis, et dans laquelle avaient été déjà trouvées au XVIe siècle les tables arvaliques publiées par Marini.

Des fouilles furent entreprises aussitôt, sous la direction du savant archéologue prussien M. Henzen, et, parmi les résultats qu'elles donnèrent, il y en eut un tout à fait inattendu : elles mirent en lumière, en 1868, des inscriptions chrétiennes contemporaines de Dioclétien, des colonnes, des bases, des chapiteaux, un débris d'une architrave de marbre, sur lequel se voyaient encore trois lettres damasiennes, et enfin l'entrée d'une catacombe. Dans l'escalier de cette catacombe se voit le monogramme du Christ ; dans la première galerie on reconnaît une image du Bon Pasteur, dont la tunique porte la croix gammée telle qu'elle est peinte sur le vêtement du fossor Diogène, dans une fresque du cimetière de Domitille contemporaine du pape Damase.

La découverte la plus importante du nouveau cimetière, celle qui a permis de fixer son nom avec certitude, a eu lieu dans un cubiculum qui parait servir de centre à tout l'hypogée. Sur une des murailles de ce cubiculum, situé derrière l'abside d'un oratoire ou basilica bâti à ciel ouvert, mais au niveau du souterrain, par le pape Damase, ont été peintes, à une date postérieure, les figures de Notre-Seigneur et de quatre saints. La crypte ainsi décorée était évidemment la confession de plusieurs martyrs : la basilique qui y fut élevée, comme à Saint-Alexandre ou à Sainte-Agnes, en est un indice certain. Quels martyrs avaient été déposés dans cette catacombe?...

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(1). Le collège sacerdotal appelé Fratres Arvales, dont on attribuait l'origine à Romulus, avait pour office d'offrir, au  mois de mai, des sacrifices pour la prospérité des récoltes. Il possédait un bois sacré a cinq milles de Rome, dans lequel était un temple de la Dea Dia (Cérès), un Cesareum (temple des Augustes divinisés), et d'autres édifices. Sous le règne de Tibère, les Arvales commencèrent à graver sur des tables de marbre tous les actes de leur collège. Ces actes étaient, outre les sacrifices de mai, des sacrifices offerts pour les natalitia de l'empereur et des membres de la famille impériale, et pour tous les événements importants survenus dans l'empire. Les tables arvaliques, datées, mois par mois, avec les noms des consuls ordinarii et suffecti, contenaient également mention des nouveaux membres admis dans le collège. Les Arvales n'étaient jamais plus de douze, appartenant à la plus haute aristocratie romaine.
Rome Souterraine, p. 136-7.

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Message  Louis Mer 17 Déc 2014, 4:59 pm

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(suite)

Quels martyrs avaient été déposés dans cette catacombe? Les noms des deux saints représentés à la gauche du Sauveur sont encore parfaitement lisibles : l'un est SCS a + FAVSTINIANVS, l'autre SCS a + RVFINIANVS. Le nom du premier personnage placé à la droite du Christ est absolument effacé; la seconde figure de droite représente une femme richement vêtue, et à côté d'elle se distinguent encore les lettres suivantes : ... TRIS. On a trouvé dans la petite basilique un fragment d'une inscription damasienne, évidemment placée là en l'honneur des martyrs enterrés dans la crypte : on y lit le nom VIATRICIS, qui permet de compléter les trois lettres demeurées invisibles à côté de la figure de la sainte, et de voir en elle l'image de sainte Béatrice.

Nous avons donc les noms de trois des martyrs représentés dans la fresque : un seul demeure anonyme. M. de Rossi n'hésite pas à voir dans ce dernier saint Simplicius, qui, noyé dans le Tibre avec son frère saint Faustinianus pendant la persécution de Dioclétien, fut déposé en même temps que celui-ci dans le cimetière Generosæ juxta locum qui appellatur Sextum Philippi,  ou simplement, selon l'expression des Itinéraires, Generosæ super Philippi (1) : leur sœur Béatrice, martyrisée un peu plus tard, fut enterrée dans le même cimetière. Saint Rufinianus est moins connu ; son costume indique un officier de la cour de l'empereur, et la couronne qu'il tient à la main montre qu'il préféra la foi du Christ à la faveur du prince, comme ses contemporains saint Sébastien et saint Zotique. Voilà donc un cimetière du Ive siècle, créé pour recevoir, immédiatement après leur martyre, quatre victimes de la persécution de Dioclétien, et décoré dans les années qui suivirent la paix de l'Église. Ici se présente une question en apparence insoluble : …

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a Note de Louis, par-dessus les lettres SCS, il y avait une barre.

(1). Cette désignation a fait naître une difficulté. Les actes des saints Simplicius et Faustinianus, ainsi qu'une inscription d'un sarcophage conservé dans le cloître de Sainte-Marie-Majeure, indiquent que ces martyrs furent enterrés dans un lieu appelé Philippi ou Sextum Philippi. Or un géographe du Ve siècle place ce lieu sur le bord du Tibre, près de l'île de Porto, c'est-à-dire à quatorze milles de Rome, tandis que notre cimetière n'est qu'à cinq milles de la ville. La difficulté disparaît si l'on admet ce que le seul examen des anciens documents avait déjà fait penser à M. de Rossi, que la dénomination de Sextus Philippi ne s'appliquait pas à un endroit circonscrit dans d'étroites limites, mais à toute la vallée qui se dirige vers la mer entre la dernière croupe du monte Verde, dans laquelle est creusé notre cimetière, et la rangée de collines qui borde le Tibre. Du reste, les textes ne disent pas que les martyrs furent ensevelis au Sextus Philippi, mais dans les environs, juxta locum qui appellatur Sextum Philippi, super Philippi.

Rome Souterraine, p. 138-9.

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Message  Louis Jeu 18 Déc 2014, 4:39 pm

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du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)

Ici se présente une question en apparence insoluble : comment un cimetière chrétien put-il, au milieu d'une persécution, être creusé sous le temple et le bois sacré d'une confrérie païenne aussi célèbre que celle des Arvales ?

Les fragments de tables arvaliques connus jusqu'à ce jour vont des règnes des premiers Césars à celui de Gordien ; il est le dernier empereur dont on connaisse la statue dédiée sous le titre de Fratri Arvali. Aucun magistrat romain postérieur à ce prince ne prend, dans les inscriptions, la dignité de prêtre arvale. Enfin le dernier écrivain qui fasse mention du collège arvalique comme existant encore est un contemporain de Gordien, Minucius Felix.

Il est probable que sous le règne de cet empereur (238-244), ou immédiatement après lui, le collège des Arvales fut aboli, tomba en désuétude, ou fut incorporé dans quelque autre, dans celui des Saliens, par exemple. Le domaine du collège, à partir de cette époque, dut rester abandonné : et ainsi s'explique que les chrétiens aient pu, pendant la persécution de Dioclétien, creuser un cimetière sous le bois sacré de la Dea Dia.

Du reste, la partie du cimetière antérieure à l'âge de la paix se réduit sans doute à un petit nombre de tombeaux, peut-être même les premières excavations ne furent-elles pas poussées jusque sous le terrain des Arvales, et se borna-t-on d'abord à creuser des loculi dans les galeries d'un ancien arénaire dont les nombreuses ouvertures servaient d'entrée furtive à la catacombe. Tel fut le noyau primitif du petit cimetière de Généreuse : ce sont bien là les caractères d'une catacombe creusée à la hâte, à la dérobée, dans un endroit désert, à cinq milles de Rome, pour recevoir des martyrs et quelques fidèles auxquels la persécution refusait un tombeau dans les cimetières ordinaires de l'Église romaine (1).

A la fin de l'année 306, Maxence…

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(1). Voir, sur la découverte et l'identification du cimetière de Généreuse, le Bullettino di arch. crist.. 1868, pp. 25, 31, 48; 1869, pp.  1-16.
Rome Souterraine, p. 139-40.

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Message  Louis Ven 19 Déc 2014, 4:42 pm

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A la fin de l'année 306, Maxence rendit la paix à l'Eglise. Mais les cimetières et les propriétés ecclésiastiques ne furent restitués qu'en 311, sous le pontificat de Melchiade. Saint Augustin raconte que « les donatistes lisaient des actes dans lesquels il était dit que Melchiade députa au préfet de la ville des diacres porteurs de lettres de l'empereur Maxence et du préfet du prétoire, les autorisant à recouvrer les biens qui avaient été confisqués pendant la persécution... » Un de ces diacres s'appelait Straton, un autre Cassien.

Le pape Melchiade, après avoir repris possession des loca ecclesiastica, transporta dans le cimetière de Calliste le corps de son prédécesseur Eusèbe, mort exilé en Sicile, et le déposa dans une des plus vastes cryptes de cette catacombe. Avant que Melchiade eût recouvré, par la faveur de Maxence, les tituli et les cimetières de Rome, son avant-dernier prédécesseur, Marcel, avait pourvu de son mieux à la réorganisation de l'administration ecclésiastique : « il organisa, dit le Liber pontificalis, les vingt-cinq tituli que renfermait la ville de Rome en autant de paroisses (diocœses) pour la réception par le baptême et la pénitence des multitudes qui se convertissaient à la foi, et pour la sépulture des martyrs. »

L'existence des tituli remonte à une époque bien antérieure au pontificat de Marcel. Leur nombre dut varier avec celui des fidèles, et croître en même temps que lui. Ainsi, le Liber pontificalis rapporte qu'Evariste (110), sixième successeur de saint Pierre, divisa entre ses prêtres les titres de la ville de Rome, et leur assigna sept diacres. Saint Fabien (236), près d'un siècle et demi plus tard, divisa, selon le même livre, les quatorze régions de Rome entre ses diacres. Nous voyons au commencement du IVe siècle le pape Marcel établir (ou plus probablement rétablir) vingt-cinq titres : ce dernier nombre est celui auquel font le plus souvent allusion  les  anciens  documents  ecclésiastiques (1).

Cette division avait pour but, comme on l'a vu…

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(1).  Bianchini, Anast. Vit. Pont., II, 37.
Rome Souterraine, p. 140-1.

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Message  Louis Sam 20 Déc 2014, 3:39 pm

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du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)

Cette division avait pour but, comme on l'a vu par un texte du livre pontifical, d'assurer l'administration des sacrements et l'enterrement des morts. En effet, le soin des cimetières (cela résulte des sources les plus authentiques) était devenu une des charges principales du ministère paroissial. Il est à peu près certain que, au moins à partir de saint Fabien, chaque titre ou paroisse de Rome possédait un cimetière, ou même plusieurs cimetières, en dehors des murs, et que le prêtre ou les prêtres de la paroisse avaient juridiction sur ces lieux de sépulture.

Au temps de saint Damase, chaque église avait deux prêtres (2); et même à l'époque de saint Cyprien nous trouvons deux prêtres attachés à la même église, l'un subordonné à l'autre (3).

Si nous supposons qu'au temps où vivait saint Corneille (250) le nombre des paroisses de Rome était de vingt-trois, ce nombre correspondait parfaitement au nombre des prêtres romains, qui, sous son pontificat, était de quarante-six, deux pour chaque titre, dont l'un exerçait sans doute son ministère dans la cella ou oratoire (plus tard basilica) qui s'élevait au-dessus de chaque cimetière, tandis que l'autre l'exerçait à Rome même, dans les limites assignées à la paroisse.

Il n'est pas difficile de comprendre, après ce qui a été dit des lois romaines sur les sépultures et les confréries funéraires, comment ce système d'administration pouvait être mis en œuvre même en temps de persécution (quand les cimetières n'étaient pas confisqués), sans attirer l'attention du gouvernement impérial.

Deux précieuses épitaphes, trouvées dans deux cimetières voisins l'un de l'autre, viennent confirmer et illustrer la théorie que nous exposons. L'une appartient au cimetière de Domitille, où elle a été trouvée en 1821 : …


Rome souterraine. - Page 4 Page_124
Rome Souterraine, p. 141-2.

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Message  Louis Dim 21 Déc 2014, 4:54 pm

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LIVRE  II
HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)



Deux précieuses épitaphes, trouvées dans deux cimetières voisins l'un de l'autre, viennent confirmer et illustrer la théorie que nous exposons. L'une appartient au cimetière de Domitille, où elle a été trouvée en 1821 :


Rome souterraine. - Page 4 Page_125


Le mot jussu s'employait dans le langage officiel du IIIe et du IVesiècle pour signifier soit un ordre, soit une autorisation : jussu dominorum nostrorum, jussu proconsulis, etc. Il indique évidemment ici la juridiction exercée par les prêtres Archelaüsüs et Dulcitus sur le cimetière de Domitille, et l'inscription entière confirme merveilleusement ce que nous avons dit de l'existence, au IIIe siècle, de deux prêtres attachés à chaque titulus et ayant en même temps juridiction sur le cimetière en dépendant. L'inscription suivante est celle de ce diacre Severus dont nous avons parlé plus haut, à l'occasion des travaux faits dans le cimetière de Calliste; elle prouve une fois de plus ce fait aujourd'hui certain, que le cimetière de Calliste, par exception, demeura sous la juridiction immédiate des papes, depuis Zéphyrin, et fut gouverné, sous eux, par leur premier diacre ou archidiacre : ici, en effet, c'est ce premier diacre qui y bâtit pour soi et les siens une double chambre sépulcrale, et qui reçoit l'autorisation de le faire du pape lui-même, et non d'un prêtre :


Rome souterraine. - Page 4 Page_126


Il serait aisé de pousser plus loin ce sujet et de montrer qu'au Ve et au VIe siècle…
Rome Souterraine, p. 142.

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Message  Louis Lun 22 Déc 2014, 3:53 pm

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HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)

Il serait aisé de pousser plus loin ce sujet et de montrer qu'au Ve et au VIe siècle chaque cimetière suburbain dépendait d'une paroisse de Rome. Mais, pour ces époques, les documents abondent; pour celle que nous venons de parcourir, au contraire, ils sont rares, souvent confus, et demandent, pour être mis en œuvre, les secours de l'archéologie, cette induction patiente et sûre qui rend leur valeur aux moindres fragments, sait les rapprocher et les rejoindre. L'archéologue, en effet, ressemble au professeur d'anatomie comparée, qui reconstruit, à la seule inspection de quelques ossements trouvés dans les entrailles de la terre, l'animal disparu auquel ils appartinrent. Tandis que l'historien travaille sur des documents déjà connus, et le plus souvent intacts, l'archéologue, au contraire, est obligé de recomposer en quelque sorte les documents sur lesquels il s'appuiera : son premier travail est de créer les matériaux qu'il doit employer, d'interroger chaque fragment, de classer chaque débris, et de reconstituer ainsi, non-seulement l'histoire des siècles écoulés, mais encore les sources mêmes de cette histoire.

C'est par un travail de cette nature que M. de Rossi est venu à bout de retrouver l'histoire continue des catacombes romaines pendant les siècles de persécution, de reconstituer le système d'administration ecclésiastique appliqué pendant le IIesiècle à la ville de Rome, à ses paroisses et à ses cimetières, de retrouver même le nombre et les fonctions diverses des prêtres et des diacres qui composaient à cette époque le clergé romain. Cette histoire n'avait jamais été écrite; elle n'a pu l'être qu'en rapprochant et en combinant des textes et des documents jusque-là négligés ou restés inconnus.

Quelques lecteurs penseront peut-être que…

Rome Souterraine, p. 142-3.

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Message  Louis Mar 23 Déc 2014, 3:47 pm

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LIVRE  II
HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre II

Histoire des catacombes depuis le commencement
du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.

(suite)

Quelques lecteurs penseront peut-être que les matériaux dont nous disposons sont trop rares, trop clairsemés pour qu'il soit encore possible de conclure avec certitude. M. de Rossi reconnaît que les faits sur lesquels il s'appuie, pris isolément, ne laissent pas voir toute leur valeur, et ne s'éclairent tout à fait que par la comparaison : mais il fait justement ressortir l'étonnante harmonie qu'il a pu établir entre des faits et des documents différents les uns des autres, appartenant à des époques diverses, concordant tous cependant sur les points essentiels, et venant confirmer,



Rome souterraine. - Page 4 Page_110
Rome souterraine. - Page 4 Page_111
Rome souterraine. - Page 4 Page_112


Page 144.



par leurs lignes générales comme par leurs détails, l'ensemble des théories qu'il propose.

Les vies des papes, compilées au VIe et au VIIesiècle; le IXe livre des Philosophumena, cruel et injuste pamphlet dirigé contre un pape du IIIe siècle, et remis en lumière par la critique du XIXe; les inscriptions sépulcrales du IIIesiècle, presque inconnues, elles aussi, avant le nôtre ; les Pères, les écrivains ecclésiastiques, les commentateurs de l'Écriture à toutes les époques et dans tous les pays : chacune de ces sources, mise à contribution, a livré son mot, son texte, son trait de lumière au chapitre que nous venons de résumer. Même dans ce pâle et rapide abrégé, le lecteur a dû être frappé du nombre et de la variété des fragments avec lesquels on a pu recomposer un squelette aussi complet, nous dirions volontiers un ensemble aussi vivant, d'une histoire perdue depuis des siècles.

On comprendra mieux les notions disséminées dans le précédent chapitre, dans celui-ci et dans le suivant, si l'on jette les yeux sur le tableau ci-contre dans lequel M. de Rossi a résumé la topographie et dressé, en quelque sorte, l'arbre généalogique de Rome souterraine. Les cimetières suburbains, classés par voies, y sont divisés en grands et petits; une colonne spéciale est consacrée aux cimetières créés après la paix de l'Église, dont il sera question dans le prochain chapitre.
Rome Souterraine, p. 143-5.

A suivre : Chapitre III. De l’édit de Milan au sac  de Rome par les Goths (312-410).


Dernière édition par Louis le Mer 25 Fév 2015, 3:27 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout de la page 144 (le bloc «images »).)

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Message  Louis Mer 24 Déc 2014, 2:30 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

SOMMAIRE. —Les  cimetières souterrains cessent peu à peu d'être en usage après la paix de l'Église. — Basiliques érigées sur les tombes des martyrs. —  Dommages que ces travaux causent aux catacombes. — Dévotion de saint Damase pour les catacombes. — Les travaux qu'il y fait faire. — Ses inscriptions. — Les catacombes visitées comme lieux de pèlerinage.— Visite de saint Jérôme (A. D. 354). — Description, par Prudence, du cimetière de Saint-Hippolyte. — Dommages causés aux catacombes par une dévotion indiscrète. — Exemples. — Les catacombes passent de l'administration des prêtres à celle des fossores. — Elles cessent d'être des lieux de sépulture. —  Prise de Rome par Alaric (A. D. 410).

Avec la conversion de Constantin et l'édit de Milan commence une nouvelle période de l'histoire des catacombes. Melchiade, le premier pape qui ait habité le palais de Latran, est aussi le dernier qui ait été enterré dans le cimetière de Saint-Calliste, in cœmeterio Callisti in crypta. Sylvestre, son successeur, fut déposé in cœmeterio Priscillæ, c'est-à-dire dans une basilique élevée au-dessus de ce cimetière, sans doute par lui-même, et qui conserva son nom. Marc, successeur de Sylvestre, fut enterré de même dans le cimetière de Balbine, in basilica quam cœmeterium constituit; ce qui veut dire sans doute qu'il construisit une petite basilique ou cella memoriæ  auprès d'un hypogée déjà existant, choisit cette basilique pour y abriter sa sépulture, et y attacha un prêtre sous la direction duquel fut mis l'hypogée, élevé ainsi à la dignité de cimetière administré par l'Église.

On pourrait citer d'autres exemples encore de papes enterrés dans des basiliques élevées au-dessus du sol. L'usage des catacombes ne fut pas cependant abandonné ; mais on comprend que l'exemple des papes ait été suivi, et que peu à peu les tombeaux creusés soit dans les basiliques, soit autour d'elles à ciel ouvert, se soient multipliés au détriment des sépultures souterraines. Ce changement commença à se faire sentir sous les fils de Constantin. Les inscriptions à dates consulaires venues jusqu'à nous indiquent approximativement dans quelles proportions réciproques se trouvèrent bientôt, l'un comparé à l'autre, les deux modes de sépulture. De 338 à 360, les deux tiers des enterrements se font sous terre, un tiers déjà au-dessus du sol. Le court empire de Julien et ses essais de persécution ne changèrent pas la proportion établie. Après lui, l'usage des cimetières souterrains déclina rapidement, et celui des tombeaux creusés à ciel ouvert s'enracina de plus en plus. De 364 à 369, l'égalité s'établit entre les deux modes de sépulture. Tout à coup, en 370 et 371, cette proportion change; la presque totalité des épitaphes appartenant à ces deux années provient de tombeaux souterrains.

Quelle est la cause de ce retour subit? …
Rome Souterraine, p. 146-7.

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Message  Louis Ven 26 Déc 2014, 3:54 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)
Quelle est la cause de ce retour subit? la suite de l'histoire des cimetières va l'expliquer.

Dès que la paix eut été rendue à l'Eglise, le premier soin des chrétiens fut d'honorer les reliques des martyrs dont les corps étaient déposés dans les profondeurs des diverses catacombes. Des basiliques plus ou moins somptueuses furent élevées sur leurs sépulcres. On ne voulut pas les déplacer ; on construisait au-dessus d'eux, au même niveau ou à un niveau un peu supérieur, l'oratoire disposé de telle façon que l'abside se trouvât au-dessus du tombeau, et que l'autel le surplombât perpendiculairement. Mais, pour donner place à ces constructions, il fallut souvent couper la surface du sol, et mettre à nu la catacombe jusqu'au premier ou second étage où reposait le martyr; de là la démolition de plusieurs galeries, la destruction d'une multitude de monuments des âges primitifs, le « massacre » d'un nombre incalculable de loculi. On peut s'en rendre compte en voyant comment a été taillée la colline vaticane derrière Saint-Pierre, celle qui est en face de Saint-Paul-hors-des-Murs, ou mieux encore en examinant les galeries et les chambres restées visibles dans la colline qui a été dévastée pour recevoir les fondements de la basilique de Saint-Laurent in agro Verano. Quand le tombeau était placé au deuxième étage de la catacombe, comme à Sainte-Agnès, on descendait dans la confession par une longue suite de marches. Une pareille dévotion entraînait de grands sacrifices, puisque, pour mettre à découvert le sépulcre d'un martyr, il fallait détruire la tombe de centaines de fidèles.

Cette dévastation des catacombes  ne pouvait plaire à la piété réfléchie du pape Damase. Quelque ardent qu'il fût à rechercher les corps des martyrs et à fomenter la dévotion à leurs reliques, il trouva les moyens de satisfaire sa piété sans détruire le caractère et l'aspect des cimetières souterrains. Quand les édits de Dioclétien avaient enlevé à la communauté chrétienne la propriété des cimetières, pour la transférer au fisc, et par lui à des acquéreurs étrangers, les chrétiens, jaloux de rendre inviolables les tombes des saints et des martyrs, avaient eu soin, avant de les abandonner, de bloquer et de  boucher avec de la terre les galeries qui y conduisaient.

On voit encore, dans le cimetière de Calliste, et nous retrouverons, en l'étudiant, des traces non équivoques de ce moyen suprême de défense. Retrouver ces tombes, dont la situation précise n'était plus connue que par la tradition,  fut l'œuvre pieuse des siècles de paix. Saint Damase s'y consacra avec ardeur. Le Livre pontifical dit que multa corpora sanctorum martyrum requisivit et invenit. Lui-même, dans l'éloge métrique du martyr Eutychius, écrit ces mots : QVÆRITUR, INVENTVS  COLITVR, et, dans celui des martyrs Protus et Hyacinthus, il décrit avec enthousiasme les tombeaux découverts :


Rome souterraine. - Page 4 Page_127

Telle fut l'œuvre de saint Damase dans les cimetières…
Rome Souterraine, p. 147-8.

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Message  Louis Sam 27 Déc 2014, 3:49 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)


Telle fut l'œuvre de saint Damase dans les cimetières. Il fit enlever la terre amoncelée dans les galeries, élargir les passages, afin de donner accès à la foule croissante des pèlerins, construire des escaliers descendant aux plus illustres sanctuaires ; il orna les chambres de marbres précieux, fit entrer l'air et la lumière dans les souterrains, consolida par des contre-forts de brique ou de pierre les murs et les voûtes dont le tuf friable menaçait de s'effondrer. Presque toutes les catacombes portent des traces de ces travaux, et les découvertes modernes mettent chaque jour en lumière des fragments des inscriptions composées par lui en l'honneur des martyrs. Elles avaient été gravées sur des plaques de marbre par un calligraphe qui fut un véritable artiste, Furius Dionysius Filocalus. On ne connaît aucune inscription damasienne gravée par une autre main, et Furius Dionysius Filocalus paraît n'avoir jamais gravé d'autres inscriptions que celles composées par le pape Damase. Quiconque a la moindre connaissance de l'épigraphie chrétienne est familier avec le type si beau, si régulier créé par ce graveur, et baptisé par la science du nom de caractère damasien (1).

Les années 370 et 371, pendant lesquelles un mouvement de retour vers l'usage des sépultures souterraines se fit sentir, correspondent à l'époque où saint Damase exécuta ses grands travaux dans les catacombes. Les fidèles auxquels il facilitait l'accès près des corps des martyrs, et dont il entretenait la dévotion par ses belles et touchantes inscriptions, revenaient de ces lieux vénérés avec le désir de reposer, eux aussi, dans le voisinage des saints.

Quelques-uns, comme le prêtre saint Barbazianus, furent pris d'un tel amour pour les catacombes, qu'ils se construisirent près d'elles de petites cellules, et, vivants, se firent les gardiens des morts. Saint Jérôme dépeint sous de vives couleurs les sentiments qui agitaient un jeune chrétien de cette époque, nourri de la Bible et familier avec les poëtes classiques, pendant une visite aux catacombes. Ses paroles paraissent s'appliquer plutôt aux galeries restées dans leur condition ordinaire qu'à celles qu'avait décorées la piété du pape. « Quand j'étais enfant, écrit-il (1), pendant que j'étudiais à Rome, j'avais coutume d'aller chaque dimanche, en compagnie d'autres enfants de mon âge et de mes goûts, visiter les tombeaux des martyrs et des apôtres, et les cryptes creusées dans les entrailles de la terre. Les murs, de chaque côté, sont remplis par les corps des défunts, et ces souterrains sont tellement obscurs qu'il semble qu'on voie se réaliser ces mots du prophète : « Qu'ils descendent vivants aux enfers ! » Çà et là une faible lueur, tombant d'en haut, rompt pendant un instant l'horreur des ténèbres. A mesure que vous avancez, vous vous sentez plongé dans la nuit la plus noire, et les mots du poëte vous reviennent à l'esprit: « Le silence même y glace l'âme d'effroi. »

De beaux vers du poëte Prudence…


(1). On en peut voir des spécimens, planches XI et XIII. — (1). Hieron., in Ezech. , 9.
Rome souterraine. - Page 4 Planch19

Planche XI.

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Rome souterraine. - Page 4 Planch20

Planche XIII.




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Message  Louis Dim 28 Déc 2014, 2:42 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)


De beaux vers du poëte Prudence, écrits presque à la même époque, font clairement allusion aux travaux exécutés dans les catacombes par le pape Damase et les imitateurs de son zèle. Il parle de la tombe de saint Hippolyte, et la décrit ainsi :

« A peu de distance des murs de la ville (2), au milieu de vergers bien entretenus, s'ouvre une sombre et profonde crypte. Un escalier tournant, roide et difficile, conduit, au milieu des ténèbres, dans ses secrets replis. La lumière, entrant par la porte ouverte, éclaire l'intérieur du portique ; mais, à mesure que l'on avance dans les dédales de la caverne, la nuit devient plus épaisse, quoique, de temps en temps, les ouvertures pratiquées dans la voûte y fassent pénétrer un brillant rayon de soleil. Au milieu des obscurs détours formés par les chambres étroites et les noires galeries qui s'entre-croisent, un peu de jour tombe ainsi, d'en haut, dans les entrailles de la colline.

Dans le fond de la crypte souterraine, il est encore possible de deviner l'éclat et de suivre la lumière du soleil absent. Au fond de cette retraite cachée fut porté le corps de saint Hippolyte, près de l'endroit où s'élève maintenant l'autel consacré à Dieu. La même table d'autel (mensa) donne la nourriture sacramentelle et recouvre les os du martyr ; elle garde les saintes reliques dans l'attente du juge souverain, et nourrit de la viande céleste les habitants des bords du Tibre. Merveilleuse sainteté de ce lieu ! l'autel est à la portée de ceux qui prient et comble les espérances des hommes en leur distribuant ce dont ils ont besoin. C'est là que souvent, moi aussi, malade de corps et d'âme, je me suis prosterné en priant, et me suis relevé guéri. Oui, ô glorieux prêtre, je dirai avec quelle joie je reviens baiser tes reliques ; je proclamerai que je dois tout cela à Hippolyte, à qui le Christ, notre Dieu, a donné le pouvoir d'obtenir du ciel tout ce qu'il veut. Cette petite chapelle (ædicula, qui contient le vêtement périssable qu'a rejeté son âme, resplendit d'argent massif. Des mains riches et généreuses ont revêtu ses murs d'une surface brillante comme un miroir. Non contentes d'en avoir garni l'entrée de marbres de Paros, elles ont dépensé des sommes considérables pour les orner. »

Prudence décrit ensuite la fête annuelle du martyr, son dies natalis; et cette description pourrait s'appliquer encore aux cérémonies de la Rome moderne, à ces foules qui se portent à Saint-Laurent, à Saint-Paul-hors-des-Murs, à Saint-Sébastien ou à Sainte-Agnès, quand une fête y est célébrée.

« L'impériale cité vomit la foule comme un torrent, plébéiens et patriciens cheminent confondus vers le sanctuaire où leur foi les pousse. Des portes d'Albano sortent aussi de longues processions, qui se déroulent en blanches lignes dans la campagne. Toutes les routes qui avoisinent Rome retentissent de bruits confus. L'habitant des Abruzzes et le paysan de l'Étrurie viennent, le fier Samnite, le citoyen de la superbe Capoue et celui de Noles sont là. Les vastes plaines suffisent à peine à contenir ces joyeuses foules, et même là où l'espace semble sans bornes, leur marche se trouve retardée. Sans doute la caverne vers laquelle elles se dirigent, quand même on élargirait sa bouche jusqu'à la rompre, est trop étroite pour leur donner passage ; mais tout près d'elle est une autre église (templum), enrichie avec une royale magnificence, que tous ces pèlerins peuvent visiter. » Suit la description d'une basilique, que l'on suppose être celle de Saint-Laurent in agro Verano.

Cette dévotion pour les catacombes n'était pas toujours réglée par la prudence…

Rome Souterraine, p. 150-2.

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Message  Louis Lun 29 Déc 2014, 4:47 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)


Cette dévotion pour les catacombes n'était pas toujours réglée par la prudence. Dans leur désir d'être enterrés tout près des saints, les chrétiens creusaient des loculi dans le fond des arcosolia, au risque de mutiler les anciennes peintures. Ils détruisaient la symétrie des chapelles en y ajoutant de nouveaux monuments, et en y introduisant des sarcophages. Quelquefois même ils mettaient en danger la solidité des chambres sépulcrales, en pratiquant, derrière quelque tombe vénérée, une nouvelle crypte qui n'en était séparée que par une mince cloison. Une inscription trouvée par Boldetti parle d'une « crypte neuve derrière les saints » dans laquelle deux chrétiennes ont acheté un locus bisomus :


Rome souterraine. - Page 4 Page_128


Une autre inscription parle d'un tombeau vendu par le fossor Quintus dans la crypte même de saint Corneille :


Rome souterraine. - Page 4 Page_130


Une autre mentionne l'achat par un père et une mère, pour leur fille, d'une tombe « au-dessus de l'arcosolium de saint Hippolyte » (at Ippolytu super arcosoliu), ce même arcosolium si poétiquement célébré par Prudence.

Une quatrième inscription, de l'année 381, par conséquent contemporaine de Damase, nous parle d'un chrétien qui obtint le privilège d'être enterré « dans la demeure des saints, ce que beaucoup demandent et peu obtiennent, » intra limina sanctorum. quod multi cupiunt et rari accipium (1) .

Vers cette époque, on le voit, le but des excavations cémétériales changea complètement. On ne creusait plus, suivant un plan régulier, des galeries destinées à la sépulture des fidèles; ceux-ci, en cherchant une tombe dans les catacombes, ne voulaient qu'une chose, être enterrés le plus près possible des chapelles où reposaient les saints.

A un système régulier de travaux, qui demandait une direction sûre et nécessitait une administration compliquée, succédait, par conséquent, un système d'excavations isolées, sans ordre et sans plan, pratiquées dans tous les lieux demeurés libres près des tombeaux des martyrs. Les travaux de cette nature cessèrent d'être exécutés aux frais de la communauté, et sous la surveillance des prêtres ; ils devinrent l'objet de marchés passés à titre privé entre les amis du défunt et les fossores . Aucun vestige de contrats passés avec les fossores relativement à l'acquisition d'un tombeau n'a été trouvé portant une date antérieure aux dernières années du IVe siècle, et aucune trace de la corporation des fossores n'apparaît plus après les vingt-cinq premières années du Ve.

Mais de nombreuses inscriptions…

_________________________________________________

(1). Inscript, christ.,  I, p. 142 nº 319.
Rome Souterraine, p. 152-3.

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Message  Louis Mar 30 Déc 2014, 3:19 pm

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Chapitre III

De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)

Mais de nombreuses inscriptions, comprises entre les deux, termes de cette courte période, montrent que, pendant quarante ou cinquante ans, la concession des tombes nouvelles dans les cimetières souterrains dépendit d'eux exclusivement. Ces inscriptions ne portent plus que telle tombe a été creusée par autorisation (jussu) du pape ou des prêtres ; elles rapportent les noms des vendeurs, des acheteurs et des témoins, et même le prix de la vente, et toujours les vendeurs portent le titre de fossores. Le droit de vendre les concessions funéraires passait même quelquefois à leurs descendants : on lit sur une épitaphe la mention de la vente d'un loculus, faite non par le fossoyeur, mais a fossoris descendentibus.

Dans la primitive Église, les fossores appartenaient à la hiérarchie ecclésiastique et occupaient un des derniers rangs de la cléricature (1) : ils étaient en relations continuelles et intimes avec les prêtres, et sans doute entretenus par la communauté chrétienne, dont ils se montraient les serviteurs dévoués, laborieux, quelquefois héroïques. Il est facile de comprendre comment, le but de leurs travaux se trouvant modifié, l'administration des cimetières, d'abord dévolue aux prêtres, finit par tomber dans leurs mains. Malheureusement ils ne surent pas toujours apporter dans ces nouvelles fonctions le goût et le discernement nécessaires. Ils cédèrent trop souvent et trop facilement (on en a vu des exemples) à l'indiscrète ferveur des fidèles, et à leur désir de reposer le plus près possible des restes des saints. Les inscriptions nous prouvent combien ce désir était ardent et général. Saint Augustin, dans une longue lettre écrite à la demande de son ami, saint Paulin de Noles, en donne, en quelque sorte, les raisons théologiques (2).

Néanmoins…

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(1). Rome souterraine. - Page 4 Page_131

(2). Voir à l'Appendice, note D. Cf.,page 119, note 1.
Rome Souterraine, p. 153-4.

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Message  Louis Mer 31 Déc 2014, 2:26 pm

.
LIVRE  II

HISTOIRE DES  CATACOMBES

Chapitre III
De l’édit de Milan au sac de Rome par les Goths (312-410).

(suite)

Néanmoins, nous pouvons nous imaginer le déplaisir avec lequel un artiste, un poëte, un amant passionné des catacombes, comme était Damase, dut considérer une dévotion qui, dans ses pieux écarts, arrivait à bouleverser la belle ordonnance primitive des cimetières souterrains. Il donna même, par son exemple, à ces désirs exagérés une fine et touchante leçon. Personne plus que lui n'avait le droit d'être enterré auprès des martyrs : cependant il se contenta de s'élever à lui-même un tombeau au-dessus du sol, et voulut écrire, sur la table de marbre qui décore la crypte pontificale, la raison pour laquelle il refusait d'être enterré parmi les papes, ses prédécesseurs :


Rome souterraine. - Page 4 Page_132


L'archidiacre Sabinus, dans son épitaphe récemment découverte à San-Lorenzo (1), dit nettement aux fidèles que le seul moyen d'occuper après sa mort une place auprès des saints, c'est de les imiter pendant sa vie :


Rome souterraine. - Page 4 Page_133


Soit en vertu d'une prohibition directe, soit à raison des difficultés inhérentes à ce mode de sépulture, l'usage des catacombes, après l'engouement passager des années 370 et 371, tomba promptement en désuétude. Entre les années 373 et 400, les deux tiers des épitaphes appartiennent aux tombeaux extérieurs, un tiers seulement à ceux des catacombes. De 400 à 409, la décadence est encore plus rapide. Enfin, après 410, on trouve à peine un exemple certain d'inhumation souterraine. En cette fatale année, pour employer le langage de saint Jérôme, « la plus brillante lumière fut éteinte; l'empire romain fut décapité; ou, pour parler en toute vérité, en une seule ville le monde entier périt (1). » Rome fut prise par Alaric, ses habitants furent massacrés, emmenés captifs ou dépouillés de leurs biens; dans la pauvreté et l'inquiétude universelles, on cessa de décorer les sépulcres, et même de rendre aux morts les honneurs accoutumés.

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(1). Bullettino di archeologia cristiana, 1864, p. 3. — (1). Hieron., Proleg. in lib. I Ezech., V, 16, éd. Migne.
Rome Souterraine, p. 155-6

A suivre: Chapitre IV. De l'an 410 jusqu'à l'abandon définitif des catacombes.

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Message  Louis Ven 02 Jan 2015, 4:47 pm

LIVRE II

HISTOIRE DES CATACOMBES.

CHAPITRE  IV.

De l’an 410 jusqu’à l’abandon définitif des catacombes.

SOMMAIRE. — Après 410, les catacombes sont encore fréquentées par les pèlerins. — En 527, elles sont profanées par les Goths, sous Vitigès. — Elles sont restaurées par les soins des papes. — On y dit de nouveau la messe. — En 756, on commence à transporter dans Rome les corps des saints qu'elles contenaient. — Première translation par Paul ler. — Autres translations par Pascal Ier et ses successeurs — Les catacombes définitivement abandonnées. — Leur emplacement même est oublié. — Origine du mot catacombe.


L'usage des catacombes comme lieux de sépulture, brusquement interrompu par les premières invasions des barbares, ne fut jamais repris dans la suite. Si quelques inscriptions paraissent encore s'y rapporter, un examen plus attentif fait voir qu'elles ont trait aux basiliques ou aux cimetières établis autour d'elles à ciel ouvert. A partir de l'an 426, les inscriptions ne font plus mention des fossores. Les recueils liturgiques du Ve siècle, dans les prières pour les défunts et dans les formules pour la bénédiction des tombes, font constamment allusion aux inhumations dans les basiliques ou autour d'elles, jamais aux cimetières souterrains.

Les catacombes, cependant, cessant d'être employées comme cimetières, continuèrent à être fréquentées comme lieux de dévotion et de pèlerinage. Le pape Symmaque, qui gouverna l'Église à la fin du Ve  siècle et dans les premières années du VIe fit faire de grands travaux dans les sanctuaires suburbains. L'invasion des Goths sous Vitigès y porta la désolation et le pillage : Ecclesiæ et corpora sanctorum exterminata sunt a Gothis (1). Les cimetières de la voie Salaria durent en souffrir plus que les autres, car les Goths attaquèrent surtout Rome de ce côté. Les inscriptions nous racontent, en effet, les dégâts qu'ils firent aux tombeaux des saints Chrysanthus et Daria, Alexandre, Vital, Martial et Diogène, situés sur les deux voies Salaria. Aussitôt que cette tempête fut passée, le pape Vigile répara des ruines dont la vue, dit-il lui-même, lui arrachait des gémissements, et remplaça plusieurs des inscriptions de saint Damase, que les dévastateurs avaient brisées, par des copies, souvent fort imparfaites, dont quelques-unes sont venues jusqu'à nous (2). D'autres restaurations furent faites par de simples fidèles, quelquefois de pauvres gens, pau-peris ex censu (3).

Il  est probable que, pendant le siège de  Rome par Vitigès, la nécessité contraignit à relâcher la sévérité des anciennes lois qui défendaient d'enterrer les morts dans l'enceinte de la ville. Peut-être même étaient-elles tombées en désuétude avant cette époque. Il paraît en effet que sous le règne de Théodoric, c'est-à-dire vers la fin du Ve siècle ou le commencement du VIeun cimetière fut établi sur l'emplacement de l'ancien camp prétorien. Un cimetière du VIe siècle a été également découvert sur l'Esquilin. Même quand les barbares ne campaient pas aux portes de Rome, la campagne romaine, appauvrie et dévastée, avait cessé d'être sûre, et il devenait dangereux de s'aventurer un peu loin au delà des murailles.

Les papes, cependant…


Rome souterraine. - Page 4 Page_134
Rome Souterraine, p. 157-9.

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Message  Louis Sam 03 Jan 2015, 5:02 pm

LIVRE II

HISTOIRE DES CATACOMBES.

CHAPITRE  IV.

De l’an 410 jusqu’à l’abandon définitif des catacombes.

(SUITE)

 Les papes, cependant, continuèrent d'entretenir les anciens cimetières souterrains. Jean III, vers l'an 568, « restaura les cimetières des saints martyrs, et ordonna que les oblations, les calices et les cierges fussent fournis chaque dimanche par le trésor du palais de Latran (1) » pour servir aux messes célébrées dans les catacombes. Cela avait lieu après la dévastation de Rome par Totila. Mais ce retour aux anciens usages, ce sacrifice célébré, comme au IIIe siècle, par les prêtres de chaque paroisse dans le cimetière qui y était attaché, ne furent pas de longue durée.

Au VIIe siècle on donne au pape Sergius Ier cette louange exceptionnelle, que « durant le temps de son sacerdoce il célébrait assidûment la messe dans les différents cimetières (2). » Cette ferveur même fait voir que l'ancien lien hiérarchique entre les paroisses et les cimetières s'était relâché; car, étant titulaire de Sainte-Suzanne, il aurait dû, si les anciens usages avaient été en vigueur, célébrer régulièrement la messe dans le cimetière dépendant de son titre paroissial, et non « assidûment en différents cimetières. »

Soixante ans plus tard, vers l'an 735, Grégoire III, qui était plein de zèle pour restaurer et construire des églises, « institua un corps de prêtres  ayant  pour  mission  de dire  des messes chaque semaine, et ordonna que dans les cimetières situés autour de Rome les lumières nécessaires pour célébrer les vigiles des natalitia des martyrs, et les offrandes pour le sacrifice de la messe, seraient apportées du palais par l'oblationarius, qui désignerait en même temps le prêtre chargé par le pontife d'officier à l'occasion de la fête (1). »

Malgré les efforts des papes pour conserver aux cimetières leur ancien honneur, les ruines s'amoncelaient en eux et autour d'eux, et la désolation chaque jour croissante de la campagne romaine écartait les fidèles des tombes des martyrs.

Les papes, cependant, ne pouvaient se résoudre à suivre l'exemple de saint Ambroise qui, dès le IVe siècle, avait transporté plusieurs corps saints dans une des églises de Milan. Pendant longtemps encore, deux martyrs seulement eurent leur tombeau dans l'enceinte de Rome, les saints Jean et Paul (2) qui, mis à mort sous Julien, avaient été, par une exception à l'usage ordinaire et par une transgression de la loi romaine, enterrés dans une église de la ville. On ne se permettait de toucher aux saints déposés dans les catacombes que pour transporter leurs corps dans les basiliques élevées au-dessus de leur tombeau, quand celui-ci tombait en ruine. La couronne de martyrs qui, selon l'expression de saint Léon, entourait la ville éternelle fut ainsi conservée intacte jusqu'à l'invasion des Lombards (3), en 756. Celle-ci amena, dans Rome et autour de Rome, tant de ruines, de dévastations et de sacrilèges, que Paul Ier, élu pape l'année suivante, se décida enfin à ouvrir les sépulcres des martyrs les plus vénérés et les plus illustres, et à transporter dans Rome leurs reliques, qu'il était impossible de laisser plus longtemps exposées aux incursions des barbares.

Dans une constitution datée du 2 juin 761…

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(1). Lib. pont. — (2). Ibid. —  (1).  Lib. pont. —  (2).  La préface de la fête des saints Jean et Paul, dans le « Sacramentaire de saint Léon, » contient ces paroles : « Dans ta miséricorde, ô Seigneur, tu as daigné, non-seulement entourer cette ville d'une glorieuse couronne de martyrs, mais encore déposer dans le cœur même de la cité les membres victorieux de saint Jean et de saint Paul. » Ces paroles indiquent bien qu'à l'époque de saint Léon ces deux martyrs étaient (avec quelques autres enterrés furtivement dans les églises de Sainte-Pudentienne et de Sainte-Bibiane) les seuls qui reposassent « dans le cœur de la cité. » — (3).  Les seuls martyrs transportés dans Rome avant cette époque sont les saints Primus et Felicianus, Simplicius, Beatrix et Faustinus, transférés de Nomentum et de Porto en 648 et 682.
Rome Souterraine, p. 159-61.

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Message  Louis Dim 04 Jan 2015, 4:49 pm

LIVRE II

HISTOIRE DES CATACOMBES.

CHAPITRE  IV.

De l’an 410 jusqu’à l’abandon définitif des catacombes.

(SUITE)


Dans une constitution datée du 2 juin 761, il [Paul Ier] déplora l'état de ruine dans lequel étaient tombés la plupart des cimetières souterrains, avant même le siège de Rome par Astolphe : ruine que les impies Lombards avaient rendue plus complète, en violant les tombeaux, et en s'emparant même des corps de plusieurs saints. «  Depuis ce moment, dit-il, les fidèles ont cessé, par indolence et par négligence, de rendre aux cimetières le culte qui leur est dû ; on a laissé les animaux y pénétrer ; on les a transformés en étables et en bergeries, et on a permis qu'ils fussent souillés par toute sorte de corruptions. Étant donc témoin de cette indifférence pour des lieux si saints, et la déplorant profondément, j'ai cru bon, avec l'aide de Dieu, d'en retirer les corps des martyrs, des confesseurs et des vierges du Christ, et, au milieu des hymnes et des cantiques spirituels, je les ai transportés dans cette cité de Rome, et je les ai déposés dans l'église que j'ai récemment construite, en l'honneur de saint Etienne et de saint Sylvestre, sur l'emplacement de la maison dans laquelle je suis né, où j'ai été élevé, et que mon père m'a laissée en héritage. » La liste des saints dont les reliques furent ainsi transférées est venue jusqu'à nous; ils étaient plus de cent (1).

L'exemple donné par Paul Ier ne fut pas suivi par ses deux successeurs immédiats, Etienne III et Adrien Ier. Ce dernier fit un suprême effort pour ranimer la dévotion aux catacombes. Le livre pontifical contient l'énumération des immenses travaux entrepris par ce pape pour la restauration des basiliques suburbaines et des cimetières (2).   Léon III, qui lui succéda, compléta l'œuvre de son prédécesseur, et restaura les basiliques de Saint-Valentin sur la voie Flaminienne, de Saint-Agapit sur la voie Tiburtine, de Saint-Étienne sur la voie Latine, et les cimetières de Saint-Cal-liste et des saints Félix et Adauctus. Malgré les efforts de ces trois papes, Pascal Ier, successeur de Léon, fut contraint d'imiter l'exemple de Paul Ier, et d'enlever un grand nombre de corps saints des cryptes chaque jour plus délaissées et plus ruinées. Une inscription encore visible dans l'église de Sainte-Praxède atteste qu'il transporta dans Rome deux mille trois cents corps le 20 juillet 817.

Après ces solennelles translations, on pouvait croire les catacombes épuisées. Il n'en était rien cependant; Sergius II et Léon IV transportèrent encore dans les églises qu'ils avaient fait construire, Saints Sylvestre et Martin et les Quatre saints couronnés, les restes de plusieurs martyrs dirutis in cœmeteriis jacentia. A cette époque probablement remonte la tradition des trente-deux voitures pleines d'ossements sacrés qui auraient été conduites au Panthéon : tradition qui n'est sans doute qu'un fait historique embelli et défiguré. Bien longtemps avant qu'on ait songé à ouvrir les tombeaux des catacombes, et à en extraire les restes des saints, Boniface IV, ayant reçu le Panthéon en don de l'empereur Phocas, le consacra, en effet, en y transportant des reliques; mais ces reliques ne furent probablement autre chose que des linges ayant touché aux tombeaux des martyrs, ou des huiles ayant brûlé devant eux, et recueillies, suivant l'usage, dans de petites fioles (1).

Les documents qui mentionnent les nombreuses translations…

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(1). Maï, Script. vet., V, 51. — (2). Lib. pont., XCV1I, XCVIII. — (3). Voir page 31.

Rome Souterraine, p. 161-2

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Message  Louis Lun 05 Jan 2015, 3:38 pm

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HISTOIRE DES CATACOMBES.

CHAPITRE  IV.

De l’an 410 jusqu’à l’abandon définitif des catacombes.

(SUITE)


Les documents qui mentionnent les nombreuses translations de corps saints leur donnent pour cause l'état de ruine et d'abandon des cimetières. A leur tour elles augmentèrent cet abandon, et rendirent cette ruine définitive. Au commencement du Ve siècle, les cimetières suburbains avaient cessé d'être des lieux de sépulture pour devenir des lieux de pèlerinage ; dans la première moitié du IXe , ils cessèrent d'être des lieux de pèlerinage pour devenir des ruines chaque jour plus délaissées.

A partir de cette époque, en effet, l'histoire des catacombes est finie. Elles sont encore accidentellement visitées, mais la foule des fidèles n'en connaît plus le chemin. L'oubli les envahit par degrés. C'est à peine si, dans tout le cours du moyen âge, leur nom apparaît deux ou trois fois dans les relations des pèlerins.

On lit dans une vie du pape Nicolas Ier (860) qu'il visitait assidûment les cimetières, et y rétablit la célébration de la messe, quod multos per temporum cursus ab eo discesserit; mais ce texte s'applique probablement aux basiliques cémétériales plutôt qu'aux souterrains eux-mêmes.

Les quatre ou cinq cimetières nommés dans les relations des XIe et XIIe siècles (1) ne durent qu'au voisinage d'églises ou de monastères la notoriété qui leur attirait encore quelques visites de voyageurs et de pèlerins.

Une chronique du XIesiècle (2)  rapporte qu'un pèlerin visitant le cimetière de Saint-Valentin sur la voie Flaminienne obtint du custode le don de quelques reliques ; le récit ajoute que des lampes brûlaient dans ce cimetière jour et nuit. Le cimetière de Saint-Valentin était, comme est de nos jours celui de Sainte-Agnès, desservi par un monastère attenant à la basilique, qui existait encore à cette époque, et le custode dont parle le chroniqueur paraît avoir été l'abbé lui-même. Les cimetières protégés ainsi par le voisinage des monastères finirent par tomber à leur tour dans l'oubli général.

Dans une statistique des églises et du clergé de Rome, dressée au XIVe siècle, on ne voit plus mentionnées que trois des églises attachées aux cimetières suburbains : celle de Saint-Valentin, dont nous venons de parler, celle de Saint-Hermès et celle de Saint-Saturnin (3). Au XVe siècle, ces trois églises elles-mêmes ont disparu, remplacement de tous les cimetières est oublié, un seul reste toujours ouvert, et continue d'être fréquenté par les pèlerins, celui que l'on peut voir encore sous l'église de Saint-Sébastien, et que tous les anciens documents appellent cœmeterium ad catacumbas.

C'est là un fait important à noter…


Rome souterraine. - Page 4 Page_135
Rome Souterraine, p. 162-4.

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Message  Louis Mar 06 Jan 2015, 2:57 pm

LIVRE II

HISTOIRE DES CATACOMBES.

CHAPITRE  IV.

De l’an 410 jusqu’à l’abandon définitif des catacombes.

(SUITE)




C'est là un fait important à noter. Il indique comment le nom générique de catacombe fut étendu à tous les cimetières de Rome. En même temps il rend compte d'une grave erreur topographique relative au cimetière de Calliste, qui embarrassa et qui égara tous les archéologues romains jusqu'à ces derniers temps. Dans les anciens documents le mot catacumbas est toujours employé pour désigner et le cimetière de Saint-Sébastien et la partie de la campagne romaine dans laquelle il est situé. Ainsi le cirque bâti par Maxence, dont les ruines sont toutes voisines de la basilique, était autrefois appelé le circus ad catacumbas.

Le cimetière de Saint-Sébastien est désigné dans les anciennes listes des cimetières romains comme le cœmeterium catacumbas ad sanctum Sebastianum via Appià. Quand l'emplacement des autres cimetières de Rome eut été perdu, et que seul celui de Saint-Sébastien fut demeuré connu des fidèles et visité par les pèlerins (car il resta toujours ouvert, et les Libri indulgentiarum, composés en diverses langues et à diverses époques, ne cessèrent jamais de le mentionner), on finit par confondre avec lui les différents cimetières cités dans les martyrologes et les vies des papes : une visite aux cimetières et une visite ad catacumbas devinrent synonymes; et le mot catacombe, prenant ainsi une acception générale, fut étendu peu à peu à l'universalité des cimetières souterrains, non-seulement de Rome, mais de Naples, de Malte, de Paris, de Sicile, d'Egypte, de tous les lieux où ont été découvertes des cryptes sépulcrales.

Rome Souterraine, p. 164-5
A suivre : Livre III — Cimetière de Calliste.

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