Rome souterraine.
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 89-90.Quoique différent du mode de sépulture que le plus grand nombre des Romains suivait au commencement de l'empire, celui adopté par les chrétiens n'eut, on l'a vu, rien d'étrange ni d'insolite. Le monde antique le connaissait depuis longtemps, la Phénicie, la Palestine, l'Étrurie, Rome même en offrent des exemples. L'Eglise grandit au milieu des Juifs et des païens, et elle n'affecta pas de rompre violemment avec la société qui l'entourait. Elle semble, au contraire, s'être appliquée à contredire le moins possible ses lois, ses usages et ses mœurs, en tout ce qui n'était pas contraire à la loi divine et repoussé par la conscience des fidèles. Elle réclama de bonne heure comme son bien ce qui était bon et vrai dans les civilisations au milieu desquelles elle vivait, tout en gardant intactes et séparées la pureté et l'originalité de sa constitution. Aussi, loin de paraître une innovation, l'ouverture des premières catacombes ne dut-elle surprendre personne. Les chrétiens usaient de la liberté accordée à tous en matière de sépulture ; ils enterraient leurs morts suivant un usage antique qui, même à Rome, ne cessa jamais entièrement d'être en vigueur, et que venait de consacrer pour eux l'exemple de leur divin maître. Ils commencèrent ainsi à creuser des cimetières, çà et là, en divers quartiers des environs de Rome, partout où l'occasion s'en présentait, et où cela devenait nécessaire, ne se préoccupant pas encore de l'avenir, ne prévoyant guère sans doute les énormes proportions que prendrait bientôt ce travail ni les usages multiples auxquels serviraient les catacombes.
Quelques-uns de ces premiers cimetières ont conservé leur destination primitive, sont demeurés ce qu'ils étaient originairement, des lieux de sépulture privée : on a découvert dans les environs de Rome des cimetières chrétiens consistant en une seule chambre. D'autres, commencés dans ces proportions modestes, se sont, avec le temps, démesurément accrus, et ont servi comme de noyau à de plus vastes catacombes; quelques parties seulement de ces cimetières devenus publics sont demeurées, soit en vertu de la destination primitive, soit par une concession postérieure, l'apanage exclusif de familles particulières. L'inscription suivante, récemment découverte dans la catacombe de Saint-Nicomède (1), située dans les jardins de la villa Patrizzi, hors la porte Pia, paraît faire allusion à l'un de ces emplacements réservés :
On en peut dire autant de celle-ci, qui se voit encore dans une des plus anciennes parties du cimetière de Domitille, à peu de distance du tombeau des saints Nérée et Achillée :
Ces deux inscriptions sont très-anciennes…
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(1). Les actes de saint Nicomède rapportent qu'il fut enterré « dans le jardin de Justus, près des murs de la ville.» L'auteur cité par Guillaume de Malmesbury place aussi sa tombe près de cette porte de Rome. Voir, sur les hypogées et les inscriptions de la villa Patrizzi, Bullettino di arch. crist., 1864, p. 80; 1865, pp. 49, 53, 94; 1868, p. 32.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Rome souterraine.
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Rome Souterraine, p. 91.
A suivre : Livre II – Histoire des catacombes.
Ces deux inscriptions sont très-anciennes. Rien n'y indique la moindre précaution contre les lois qui proscrivaient la religion chrétienne. Elles annoncent, aussi librement et aussi franchement que pourrait le faire une inscription païenne, à quelles personnes sont exclusivement destinés ces monuments : à celles, seulement, qui appartiendront à la religion du propriétaire du tombeau, fidentibus in Domino, ad religionem pertinentes meam (1).
On ne trouverait pas, dans les milliers d'inscriptions païennes que nous possédons, une phrase analogue à celle-ci. Il est douteux que ce mot, religionem meam, eût présenté un sens précis à une intelligence païenne. Il n'aurait été aisément compris que d'un juif ou d'un chrétien. Mais un chrétien n'eût pas osé l'écrire à une époque où sa religion aurait été condamnée et déclarée illicite; il l'eût osé d'autant moins, que l'inscription de la villa Patrizzi paraît avoir appartenu à un tombeau construit à fleur de terre. Cette inscription nous reporte donc ou à l'époque d'absolue liberté qui précède la persécution de Néron, ou à l'intervalle de paix qui s'étendit entre sa mort et l'élévation de Domitien au trône, ou aux jours calmes du règne de Nerva et des premières années de celui de Trajan (2).
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Rome Souterraine, p. 91.
A suivre : Livre II – Histoire des catacombes.
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Louis- Admin
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Re: Rome souterraine.
LIVRE II
HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
SOMMAIRE. — Origine apostolique de plusieurs catacombes. — La crypte papale du Vatican. — Cimetière de Saint-Paul sur la via Ostiensis, — de Sainte-Priscille sur la via Salaria, — d'Ostrianus, ou Fons Pétri, sur la via Nomentana, — de Sainte-Domitille, à Tor Marancia, sur la via Ardeatina. — Description détaillée de ce cimetière. — Monument d'un membre ou d'un ami de la famille Flavia, — Vestibule. — Triclinium ou schola. — Logement du gardien. — L'ambulacre primitif. — Peintures murales remontant au premier siècle. — Conclusion de l'examen des cimetières apostoliques : leurs caractères généraux. — Cimetières appartenant au IIe siècle — Cimetière de Prétextat, sur la via Appia. — Premier étage : image de saint Sixte. — Deuxième étage : cubiculum orné de peintures.— cubiculum de saint Janvier.— Ses peintures murales.— Invocation écrite autour d'une tombe. — Découverte, en 1870, d'un cubiculum à abside.—cubiculum et sarcophage de Quirinus.— cubiculum de Felicissimus et Agapitus. — Souscription faite en Angleterre pour aider les fouilles du cimetière de Prétextat. — Cimetière de Saint-Alexandre sur la via Nomentana.
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L'histoire des catacombes existait à peine avant les travaux de M. de Rossi. Bosio et les archéologues qui, après lui, s'étaient occupés des cimetières primitifs avaient rassemblé et mis au jour un grand nombre de matériaux; il restait à les classer, à les éclairer par la comparaison avec les textes, à les compléter par de nouvelles découvertes dirigées d'après une méthode plus scientifique, et à tirer une histoire de ce qui n'était encore qu'une collection de documents. M. de Rossi l'a fait, et aujourd'hui les fondements de la science des catacombes sont posés. Nous pouvons, après lui, dessiner avec assurance les lignes principales d'une histoire chronologique de Rome souterraine : le cadre est désormais tracé, les découvertes futures n'auront guère qu'à le remplir.
La critique regrettera toujours la destruction de la plupart des textes contemporains des premières catacombes. La dixième persécution, celle de Dioclétien, fut si terrible, que les archives presque entières de l'Eglise romaine y périrent. Cette lacune ne sera jamais comblée, et, par elle, bien des faits nous échapperont toujours; mais, à l'aide des matériaux que nous avons précédemment énumérés (1), et à l'aide des monuments qui chaque jour sortent de terre, il est encore possible de reconstruire l'histoire de la primitive Église, et, dans cette histoire, le chapitre important qui nous occupe, celui des cimetières chrétiens de l'âge apostolique.
Existe-t-il dans quelqu'une des catacombes aujourd'hui connues des vestiges d'une origine aussi reculée? La tradition l'affirme et la science est en mesure de le démontrer.
« Dans les cimetières auxquels l'histoire assigne une origine apostolique, je découvre, dit M. de Rossi (2), à la lumière de la critique la plus exacte, le berceau de l'architecture sépulcrale chrétienne, de l'art chrétien primitif, de l'épigraphie chrétienne. Je trouve dans ces cimetières la sépulture de plusieurs contemporains des Flaviens et de Trajan, et par conséquent la date certaine de l'âge apostolique. »
Les cimetières auxquels s'appliquent ces paroles sont les suivants : sur la voie Cornelia, celui de Saint-Pierre au Vatican; sur la voie d'Ostie, celui de Saint-Paul ; sur la voie Salaria Nova, celui de Sainte-Priscille; sur la voie Nomentana, celui d'Ostrianus; sur la voie Ardeatina, celui de Sainte-Domitille.
Parmi les cimetières que la tradition fait remonter aux temps apostoliques…
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(1). Introduction, 2e partie, pp. 23-32. — (2). Roma sorerranea, t. I, p. 185.
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HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
Rome Souterraine, p. 97-98Parmi les cimetières que la tradition fait remonter aux temps apostoliques, les cryptes du Vatican auraient les premières droit à notre attention, si elles n'avaient été presque entièrement détruites quand furent jetées les fondations de l'immense basilique qui abrite aujourd'hui la tombe de saint Pierre. Nous ne pouvons cependant les passer tout à fait sous silence ; nous le pouvons d'autant moins que le renseignement le plus ancien que l'on ait sur elles confirme expressément ce que nous avons dit de l'entière liberté dont jouissaient les chrétiens pour l'enterrement de leurs martyrs.
Le Liber pontificalis rapporte qu'Anaclet, successeur de Clément sur le siège apostolique, et ordonné prêtre par saint Pierre lui-même, « construisit et orna le monument — construxit memoriam — du bienheureux Pierre, et prépara un lieu de sépulture pour les évêques qui viendraient après lui. » Il y fut enterré lui-même, ajoute le livre pontifical, et après lui ses successeurs Lin, Clet, Évariste, Sixte I er , Telesphore, Hyginus, Pie Ier, Éleuthère, et enfin Victor, dont le corps fut déposé dans la crypte Vaticane en l'an 203. Après saint Victor aucun pontife n'y fut plus enterré jusqu'à saint Léon le Grand, qui fut inhumé dans la basilique de Saint-Pierre en l'an 461.
L'idée que nous donnent ces mots construxit memoriam est celle d'un édifice élevé au-dessus du sol, selon l'usage ordinaire des Romains; et l'on a vu qu'un édifice de cette nature, même destiné à recevoir des tombes d'évêques chrétiens, fût resté à l'abri de toute violation pendant les deux premiers siècles. Il est malheureusement impossible de confronter ce texte du livre pontifical avec les monuments ou les tombeaux auxquels il fait allusion. On crut cependant avoir découvert, dans les premières années du XVIIe siècle, la tombe du successeur immédiat du prince des apôtres. Lorsque Urbain VIII fit reconstruire la confession de saint Pierre, on trouva, à cette place même, plusieurs corps dans lesquels les contemporains virent (sans preuves certaines) les restes des premiers papes; plusieurs sarcophages de marbre furent également trouvés; sur le couvercle de l'un était gravé le nom LINUS. Peut-être était-ce le tombeau du successeur de saint Pierre. L'omission du mot episcopus, loin de contredire cette conjecture, serait au contraire une preuve de l'extrême antiquité de l'inscription, et le cognomen Linus, fréquent dans l'épigraphie païenne, est tellement rare dans la chrétienne, que, rencontré sur une tombe, dans la confession même de saint Pierre, il est un indice presque certain de la sépulture du second des papes, qui sepultus est juxta corpus beati Petri (1).
Du tombeau de saint Pierre sur le Vatican…
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(1) Bulletino di arch. crist., 1864, p. 50.
Dernière édition par Louis le Dim 23 Nov - 17:09, édité 2 fois (Raison : titre et formatage)
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CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
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CHAPITRE PREMIER
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
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Rome Souterraine, p. 98-99.Du tombeau de saint Pierre sur le Vatican, l'esprit passe naturellement à celui de l'apôtre des gentils, de l'autre côté du Tibre et à l'extrémité opposée de la ville. Là aussi, la colline a été fouillée et dévastée, pour faire place à la basilique de Saint-Paul-hors-des-Murs; la catacombe de Sainte-Lucine ou Sainte-Commodilla, comme l'appellent quelquefois les anciennes relations, a été détruite de fond en comble, et les galeries qui en subsistent encore sont tellement remplies de terre et de débris de toute sorte, qu'elles sont presque impraticables. Cependant il ne faut pas oublier que dans cette catacombe Boldetti a lu la plus ancienne inscription à date certaine (2) qui ait été trouvée sous terre ; elle avait été tracée sur le mortier d'un loculus . et portait la date du consulat de Sura et Senecio, qui correspond à l'année 107 (3). Le même Boldetti trouva dans cette catacombe une autre inscription gravée sur une tablette de marbre, et rappelant les noms de Piso et Bolanus, consuls l'an 110, et une troisième qui, bien que privée de date, paraît appartenir à la même époque et est jugée par M. de Rossi une des plus antiennes inscriptions chrétiennes de Rome :
Ni le style de cette inscription, ni les ornements (deux hermès ) sculptés sur la pierre, ni le caractère classique de la nomenclature ne lui donnent, à première vue, l'apparence d'une inscription chrétienne. Mais le lieu où elle fut trouvée, le mot dormitioni , par lequel elle commence, deux pains et deux poissons grossièrement sculptés à la dernière ligne entre les mots kare et vale , sont des signes incontestables de son origine chrétienne. Elle appartient à une époque où l'épigraphie chrétienne n'avait pas encore pris sa forme définitive. Eutychius a pour prénom Titus Flavius; cette nomenclature devient fréquente parmi les affranchis, les fils d'affranchis et les étrangers contemporains des Flaviens Augustes, par conséquent vers la fin du premier siècle. Ainsi, trois inscriptions appartenant à l'âge primitif du christianisme ont été trouvées au même endroit; et cet endroit est précisément celui où, moins de quarante années auparavant, fut déposé le corps de l'apôtre saint Paul…
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(2). Il existe, il est vrai, une inscription chrétienne plus ancienne encore, datée de la troisième année du règne de Vespasien, qui correspond à l'an 72. Malheureusement on ignore de quel cimetière elle est tirée. Il faut se souvenir qu'un très-petit nombre d'inscriptions chrétiennes portent la date de l'année ; l'indication du jour et du mois suffisait pour marquer l'anniversaire; celle de l'année était considérée comme moins importante.
(3). De Rossi, Inscript, christ., t. Ier, p. 3, n° 2.
Dernière édition par Louis le Dim 23 Nov - 17:10, édité 1 fois (Raison : Titre)
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Rome Souterraine, p. 100.
…cet endroit est précisément celui où, moins de quarante années auparavant, fut déposé le corps de l'apôtre saint Paul. Ce rapprochement ne peut être fortuit : il indique clairement qu'une catacombe fut creusée en ce lieu très-peu de temps après le martyre de l'apôtre.
Le cimetière de Sainte-Priscille, sur la voie Salaria Nova, fut, selon la tradition, créé dans la propriété du sénateur Pudens, contemporain et disciple des apôtres. Au centre de ce cimetière est la chapelle connue sous le nom de chapelle grecque, à cause de ses inscriptions; elle forme, selon toute apparence, l'hypogée primitif autour duquel tout le cimetière s'est développé, et il est probable qu'elle fut le lieu de sépulture de sainte Pudentienne, de sainte Praxède et des autres membres de la famille de Pudens.
Cette chapelle et la région souterraine qui l'entoure ont tous les signes de la plus haute antiquité. Le style des fresques est tout à fait classique, et les sujets qu'elles représentent s'écartent du cycle ordinaire des peintures des catacombes. Les ornements en stuc sont très-beaux et rappellent les monuments païens du meilleur temps. Les inscriptions, souvent peintes en vermillon sur les tuiles des loculi, forment une famille à part, antérieure, elle aussi, à l'époque où l'épigraphie chrétienne revêtit sa forme définitive : elles sont très-laconiques, le nom seul, quelquefois la salutation apostolique pax tecum, souvent le symbole de l'ancre. Celles qui sont gravées sur le marbre ou la pierre présentent de très-beaux caractères, tout à fait classiques. L'une d'elles est l'épitaphe d'un Titus Flavius Felicissimus, ce qui reporte, comme nous le disions tout à l'heure, à la fin du I er siècle.
Enfin la principale crypte de la catacombe n'est pas creusée dans le tuf, mais régulièrement bâtie; ses murailles ne contiennent aucun loculus, et elles étaient destinées évidemment à n'abriter que des sarcophages. Ce sont là des signes d'antiquité, car tous ces caractères tranchent sur l'uniformité des cimetières chrétiens tels que les fit le IIIe siècle; ils indiquent une époque antérieure au système d'architecture qui prévalut alors, et confirment la date assignée par la tradition au cimetière de Priscille.
Certains actes du pape Libère désignent le cimetière d'Ostrianus comme…
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Certains actes du pape Libère désignent le cimetière d'Ostrianus comme « n'étant pas loin du cimetière de Novella, qui était sur le troisième mille de la voie Salaria. »
Quand Panvinius compila son catalogue des cimetières, il indiqua celui-ci comme étant le plus vieux de tous, « parce qu'il sentait déjà au moment où saint Pierre prêchait la foi aux Romains. »
Ni Bosio, cependant, ni aucun des antiquaires qui ont tenté de retrouver ce cimetière si intéressant n'ont pu le désigner avec certitude.
La méthode plus scientifique de M. de Rossi paraît avoir résolu le problème qui avait arrêté ses devanciers. Il remarqua que l'abbé Jean, dans le papyrus manuscrit de Monza, qui contient une liste des huiles empruntées aux lampes des sanctuaires visités par les pèlerins, après « l'huile de Sainte-Agnès et beaucoup d'autres » sur la voie Nomentane, et avant « l'huile de Saint-Vital, de Saint-Alexandre et d'autres sur la voie Salaria, » mentionne « l'huile de la chaire où l'apôtre Pierre siégea d'abord (prius sedit), » comme si le sanctuaire à qui elle appartenait avait été situé quelque part entre les deux voies qui viennent d'être nommées. De même, dans l'énumération des cimetières au Liber mirabilium, entre celui de Sainte-Agnès et celui de Sainte-Priscille, c'est-à-dire entre les deux mêmes voies, est indiqué le cimetière de la Fontaine de saint Pierre (fontis sancti Petri — sur d'autres manuscrits ad nymphas sancti Petri) près de la basilique de Sainte-Émérentienne.
Or cette situation correspond exactement à celle du cimetière auquel le P. Marchi consacra le labeur de sa vie entière, et qui est connu de tous ceux qui ont visité Rome sous le nom de cimetière de Sainte-Agnès. Il est vrai que les galeries et les chambres encore accessibles dans ce cimetière ne portent pas les dates d'une antiquité plus reculée que le III esiècle. Mais Bosio rapporte qu'il descendit par un trou carré et trouva une crypte (aujourd’hui inconnue) dont l'importance et le caractère historique étaient attestés par le grand nombre des luminaires qui l'éclairaient et la richesse de sa décoration. Près d'un de ces luminaires…
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
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CHAPITRE PREMIER
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
Près d'un de ces luminaires, qu'il trouva en communication avec le jour, « on peut voir sans l'aide d'une bougie, écrit Bosio, une large niche pareille à une tribune, ornée de feuillages en stuc, et dans laquelle on distingue encore des lettres tracées en rouge. Ces lettres, presque effacées, sont devenues illisibles, mais celles que l'on voit encore sont d'un beau caractère; sous cette niche il dut y avoir un autel, car l'emplacement est assez spacieux pour cela (1). »
M. de Rossi corrige cette dernière assertion en faisant remarquer que la coutume ancienne, aujourd'hui bien connue, était de placer au fond de la tribune, non l'autel, mais la chaire du pontife : l'autel était un peu en avant, devant la chaire (2) .
Le passage de Bosio lui parait se rapporter à la crypte où était autrefois vénérée, le 18 janvier, « la première chaire dans laquelle siégea saint Pierre, sedes ubi prius Petrus sedit, » et qui était désignée dans les martyrologes d'Adon et de Bède comme cœmeterium ad nymphas ubi Petrus baptizabat (3). L'extrême antiquité d'une partie du cimetière de Sainte-Agnès est confirmée par les inscriptions qui y ont été trouvées. Un grand nombre d'entre elles forment un groupe à part, et sont évidemment sorties de l'atelier du même lapidaire (4).
On les reconnaît entre mille, dit M. de Rossi. Leurs caractères sont très-beaux et de forme classique; leur style est d'un laconisme qui ne peut appartenir qu'aux premiers temps de l'épigraphie chrétienne : elles ne présentent aucune trace du formulaire adopté plus tard par les chrétiens. L'unique signe de christianisme qui s'y voie est le symbole de l'ancre; une seule a l'antique acclamation : vivas in Deo. A la suite des noms ou du cognomen on lit ordinairement la formule classique : filio, filiæ, filio dulcissimo, conjugi dulcissimæ ou incomparabili, dulcissimis parentibus, rien de plus. La nomenclature est tout-à-fait classique…
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(1) Bosio, Roma sotterranea, p. 438. — (2). Pour se rendre compte de cette disposition, voir la restauration de la chapelle des papes, à Saint-Calliste, pl. XV. (n. d. l. r.: ici bas) — (3). Voir à l'Appendice, note C. — (4). Voir au musée de Latran, dans la galerie des inscriptions, le pilastre XX, nos 1-30.
PLANCHE XV.
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CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
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CHAPITRE PREMIER
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
La nomenclature est tout à fait classique : les hommes sont souvent désignés par les tria nomina, les femmes par le gentilitium et le cognomen. Les gentilitia sont nombreux et variés : on trouve des Aurelii, des Claudii, des Flavii, des Ulpii. Une telle série de noms se rapporte bien à la génération qui vécut entre Néron et les premiers Antonins, qui entendit par conséquent les apôtres ou les hommes apostoliques formés à leur école. On serait tenté de classer ces épitaphes parmi les monuments païens, si elles ne portaient souvent le symbole de l'ancre, et si elles n'avaient été vues par Marini à leur place primitive, fermant les loculi d'une catacombe chrétienne. A coup sûr elles appartiennent aux origines les plus reculées de l'épigraphie chrétienne, c'est-à-dire à l'époque même que la tradition assigne à une partie du cimetière de Sainte-Agnès.
Le cimetière de Sainte-Domitille, ou de ses deux serviteurs saints Nérée et Achillée, sur la voie Ardéatine, appartient, lui aussi, à l'âge primitif du christianisme. Il a droit à une étude d'autant plus détaillée que son histoire se lie à l'un des faits les plus remarquables des annales ecclésiastiques, la conversion de plusieurs membres de la famille impériale. La Domitille qui lui donna son nom est celle dont nous avons raconté plus haut (1) la relégation dans l'île de Ponza. Saint Jérôme, on s'en souvient, rapporte que de son temps cette île était fréquentée par de pieux pèlerins, « qui visitaient avec joie et dévotion les chambres dans lesquelles Flavia Domitilla souffrit un martyre qui ne finit qu'avec sa vie (2). » Versa-t-elle réellement son sang pour la foi? on n'oserait l'affirmer, les actes des saints Nérée et Achillée, qui le rapportent, étant d'une authenticité douteuse. Ces actes ajoutent que sainte Domitille et une de ses femmes furent déposées dans un sarcophage à Terracine, et que ses deux serviteurs, après avoir eu la tête tranchée, furent enterrés dans une ferme appartenant à leur maîtresse et située à un mille et demi de Rome sur la voie Ardéatine.
Or il existe à cette distance de Rome et sur la même voie une ferme connue maintenant sous le nom de Tor Marancia. Dans cette ferme a été trouvé un cippe funéraire, déterminant la limite et donnant la mesure d'une area sépulcrale de 35 pieds in fronte sur 40 in agro, concédée à un certain Sergius Cornélius Julianus et à deux autres personnes ex indulgentia Flaviæ Domitillæ. Une autre pierre, trouvée probablement au même lieu (1), cite encore un terrain funéraire concédé Flaviæ Domitillæ... Vespasiani neptis... beneficio. Enfin, dans le cimetière qui s'étend sous la ferme de Tor Marancia, ou au moins dans son voisinage immédiat, on a trouvé des inscriptions relatives à plusieurs membres de la gens Bruttia. Peut-être y avait-il quelque rapport de parenté ou d'alliance entre les deux familles; il est au moins certain que les Bruttii possédaient un terrain funéraire dans le voisinage de Tor Marancia, et ainsi s'explique la mention particulière consacrée par l'historien Bruttius à la conversion et à l'exil de sainte Domitille. En présence de témoignages aussi considérables et aussi concordants, il n'est pas douteux que Flavia Domitilla, peut-être après sa tante, la femme du consul Clemens, ait possédé un domaine de quelque importance à Tor Marancia, et le cimetière chrétien découvert en ce lieu même ne saurait être autre que le cimetière historique connu sous le nom de sainte Domitille ou des saints Nérée et Achillée.
En descendant par…
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(1). Pages 53 , 54 — (2). Ep. 86, ad Eustochium — (1). Orelli-Henzen, 5422-5423. — M. de Rossi supplée divi Vespasiani.
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(suite)
En descendant par un très-bel escalier en plein air, le visiteur rencontre à gauche, au second étage de cette catacombe, une chapelle où furent probablement enterrés les deux martyrs (2). A peu de distance de cette partie du cimetière, on a découvert sur le flanc extérieur de la colline une ruine considérable. M. de Rossi n'hésite pas à y reconnaître le monument funéraire d'un membre ou d'un intime ami de la gens Flavia, qui aurait vécu et qui serait mort sous le règne de Domitien. C'est à coup sûr une des ruines chrétiennes les plus remarquables que l'on connaisse. L'hypogée a son vestibule sur le bord de la route : la façade (1), en belle maçonnerie de briques, est ornée d'une corniche en terre cuite (a); la place de l'inscription avait été, selon l'usage, ménagée au-dessus de la porte, et se reconnaît encore ; malheureusement l'inscription elle-même est perdue. L'architecture de ce vestibule, adossé à la colline comme la façade du tombeau des Nasons, convient parfaitement au monument funéraire d'une noble famille chrétienne, construit à grands frais et avec une entière liberté.
De chaque côté de ce vestibule fut ajouté plus tard, vers le II e ou plus probablement le III esiècle, un édifice (2) dont le périmètre, faute de fouilles suffisantes, n'a pu encore être déterminé. Il paraît avoir eu la forme d'un trapèze, et s'être greffé, comme un vaste atrium, sur le portique du I er siècle, qu'il a dû envelopper tout entier. Il se compose, à gauche (b), de petites cellules garnies de stuc peint en rouge, sur lequel on distingue quelques couleurs effacées, et des oiseaux : décoration analogue à celle des maisons de Pompéi. L'une de ces cellules, encore intacte, recouvre un puits circulaire : auprès sont un réservoir d'eau et une fontaine, dont la vasque est très-bien conservée. Un banc de pierre, à demi dégagé par les fouilles, se prolonge le long de la muraille, à la suite de la cellule voûtée sous laquelle s'ouvre le puits : un autre banc règne en face, et s'adosse à la muraille de gauche du vestibule primitif. A droite on reconnaît les restes d'une vaste salle (c), autour de laquelle règne également un banc de pierre, interrompu en deux endroits par des portes qui donnent ouverture à des chambres sépulcrales. Il est impossible d'hésiter sur la destination de ce vaste atrium entouré de bancs et muni, comme les dépendances des tombes païennes, de
son puits et de sa fontaine : c'était évidemment une schola à usage de triclinium (1), bâtie à l'époque où, comme nous le verrons plus tard, les nécropoles chrétiennes de propriétés privées devinrent propriétés collectives, et destinée à la célébration des agapes.
Près de la fontaine on…
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(2). L'auteur de l'Itinéraire conservé par le manuscrit d'Einsiedeln vit encore, au VIII e siècle, le tombeau de Nérée et Achillée, portant l'inscription suivante, qui, par son laconisme, pourrait être jugée le titulus primitif : NEREVS ET ACHILLEVS MARTYRES. A cette inscription avait été ajoutée une épitaphe en vers du pape Damase, de laquelle il résulte que les deux cubicularii de Flavia Domitilla remplirent d'importantes fonctions à la cour de Domitien :
(1). Longue de 6m,25. — (2). Il a, dans sa plus grande largeur, environ 20 mètres. — (1). Voir page 72. — Cf. triclinium christianorum (Tertull., Apol., 39), et, dans les inscriptions païennes, diæta quæ est juncta huic monumento (Inscript, regni neap., 3545), solarium tectum junctum in quo populus epuletur (Orelli, 2417).
Rome Souterraine, p. 104-6.
Dernière édition par Louis le Jeu 19 Mar - 16:39, édité 3 fois (Raison : Une rature et cette rature enlevée; ajoute du lien de la page 72.)
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LIVRE II
HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
Près de la fontaine on voit encore les traces d'un petit escalier qui conduisait à une ou plusieurs chambres, aujourd'hui détruites : elles ont été peut-être le logement du gardien, cette custodia ou tutela monumenti dont parlent les inscriptions antiques.
A la suite du vestibule (a), après deux ou trois marches, s'ouvre une très-large allée (1) inclinée pendant quelque temps en pente douce, et dont les murailles sont percées par quatre niches à ras de terre, deux de chaque côté, où étaient autrefois des sarcophages. Une de ces niches fut plus tard élargie, et l'on y pratiqua une tombe en forme d'arcosolium. L'hypogée entier finit par être, au moyen de galeries nouvelles, mis en communication avec la catacombe voisine, où est la chambre sépulcrale des saints Nérée et Achillée. Avant cette réunion, l'allée principale (ambulacrum) avait été remplie de sarcophages de toutes dimensions, dont on voit encore les débris épars sur le sol. On y a même trouvé, ensevelis sous terre, les restes de quelques sarcophages en terre cuite, dont le plus récent ne doit pas dépasser la moitié du IIe siècle.
En passant de l'ambulacre dans la catacombe, on saisit en quelque sorte sur le fait la transition de l'usage des sarcophages à celui des simples loculi. Dans la première galerie de gauche (2), les tombeaux qu'on rencontre d'abord sont deux loculi auxquels à l'extérieur, par un revêtement en beau stuc blanc, on a donné l'apparence de deux sarcophages. A la suite de ces tombes, un passage étroit comme la bouche d'un four donne entrée dans un cubiculum d'une forme extraordinaire, qui rappelle les tombes de l'Étrurie ou de la Palestine, et est sans doute un des premiers essais de l'architecture sépulcrale chrétienne. Dans la galerie qui s'ouvre du côté opposé de l'ambulacre, quelques tombes encore fermées portent les noms des défunts écrits en noir sur de larges tuiles. C'est absolument le style des inscriptions que nous avons rencontrées dans la portion la plus ancienne du cimetière de Priscille. Les épitaphes des autres tombeaux de cette galerie ont également la simplicité et la brièveté de l'épigraphie primitive.
A partir du vestibule…
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(1). Large d'environ 2m, 50. — (2). Voir le plan de l'hypogée, Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 35 : le plan du vestibule et des constructions adjacentes est donné dans le Bullettino de la même année, p. 96.
Rome Souterraine, p. 107.
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CHAPITRE PREMIER
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
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CHAPITRE PREMIER
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LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
A partir du vestibule, la voûte du grand ambulacre
est couverte dans toute sa longueur par une fresque d'un dessin exquis, représentant des branches de vigne au milieu desquelles se jouent des oiseaux et de petits génies. Les feuillages courent sur la voûte, se répandent sur les murailles avec la souplesse et la liberté de la nature, ne se laissant arrêter ni par les emplacements destinés aux tombeaux, ni par ces lignes et ces cadres géométriques qui, dans les fresques de l'âge postérieur, circonscrivent en un espace donné l'inspiration ou le caprice de l'artiste. Çà et là on distingue encore quelques paysages dans le goût pompéien; le paysage est un genre très-rare dans l'art des catacombes, et l'on n'en trouve un autre spécimen que dans la chambre sépulcrale des saints Nérée et Achillée. Les murs de l'ambulacre sont ornés de peintures symboliques, première apparition des sujets qui devinrent si chers à l'art chrétien.
A gauche, sur la paroi…
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Rome Souterraine, p. 109-111A gauche, sur la paroi qui sépare deux des niches dont nous avons parlé, on distingue le groupe de Daniel dans la fosse aux lions. Malgré les outrages du temps et des hommes, il est facile de reconnaître encore la belle ordonnance de cette peinture. Vêtu
de la tunique, les mains élevées dans l'attitude de la prière, le prophète, debout sur un petit monticule, a la pose élégante et grandiose d'une statue antique : les lions qui rugissent à ses pieds sont pleins de vie. Dans un enfoncement de la muraille, on voit l'image d'un pêcheur. Plus loin paraît une brebis paissant à côté d'un arbre. Au fond de l'ambulacre est peinte une représentation des agapes célestes, semblable, pour le style et la disposition générale, à ces repas funèbres que l'on voit sculptés sur les stèles grecques; mais le pain et le poisson posés sur un trépied reportent l'esprit à l'un des traits les plus expressifs du symbolisme chrétien. Les peintures qui décoraient la muraille de droite sont entièrement effacées. Les fresques de cet hypogée méritent d'être comparées à celles récemment découvertes de la villa de Livie ad gallinas albas, et aux peintures des plus élégants colombaires du siècle d'Auguste. Malheureusement leur beauté même leur a nui; des visiteurs indiscrets les ont presque détruites en essayant de les détacher de la muraille : procédé stupide, qui ruine à jamais des monuments d'un prix inestimable, et ne peut laisser, aux mains insensées qui le tentent, qu'une poignée de mortier, de stuc écrasé ou de tuf réduit en poudre.
Il est bien regrettable que le vestibule de l'hypogée soit en grande partie ruiné, et que l'inscription qui surmontait la porte ait péri. Cette inscription nous eût révélé sans doute le nom du Flavien chrétien pour lequel fut construit ce magnifique tombeau, et peut-être y aurions-nous lu celui du consul Flavius Clemens, mari d'une Domitille, dont les ossements furent plus tard, selon la tradition, transportés dans la basilique de Saint-Clément. Bien que demeuré anonyme, le monument qui vient d'être décrit n'en est pas moins une des plus belles et des plus importantes conquêtes de l'archéologie chrétienne. Il rend visible et palpable ce qui a été dit de la liberté et de la légalité dont jouissaient les premières sépultures chrétiennes; il fait toucher du doigt le premier anneau de cette chaîne indissoluble de l'art chrétien que nous suivrons de siècle en siècle et de catacombe en catacombe jusqu'aux jours de la paix : il montre de quelle sécurité fut entouré son berceau. « Non-seulement, dit M. de Rossi, le sépulcre était visible, exposé à tous les yeux par le vestibule extérieur et par l'inscription mise sur la porte, mais les peintures mêmes représentant des sujets bibliques, comme Daniel dans la fosse aux lions, étaient placées près de l'entrée, au niveau du sol, éclairées par la lumière du jour (1). »
Nous venons de parcourir les principales catacombes…
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(1). Sur le cimetière de Domitille, voir le Bullettino di arch. crist., 1865, pages 22-24, 33-46, 89-99.
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CHAPITRE PREMIER
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CHAPITRE PREMIER
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(suite)
Nous venons de parcourir les principales catacombes dont l'origine est reportée par la tradition aux temps apostoliques. Résumons en quelques mots les conclusions qui ressortent de cet examen.
Pour qui veut étudier sérieusement la Rome chrétienne, les récits des anciens pèlerins viennent, dans l'ordre des sources historiques, immédiatement après les actes des martyrs. Les Itinéraires (2) du VIIe et du VIIIe siècle, le Livre des Merveilles (3), le Livre des Indulgences (4), les relations de quelques voyageurs du moyen âge, en recueillant sur place les traditions locales non encore effacées et des souvenirs demeurés vivants, ont mérité de servir de guides à l'érudition moderne et de la diriger dans sa recherche des sanctuaires historiques, comme ils avaient autrefois guidé vers ces mêmes sanctuaires la foule des pieux visiteurs. Or tous ces documents s'accordent à désigner cinq ou six des cimetières de Rome comme ayant passé de tout temps pour dater de l'âge apostolique.
Chacun des cimetières ainsi désignés présente en effet quelque particularité frappante, qui vient donner créance à la tradition dont il est l'objet. Et quand on rapproche les unes des autres les notes ainsi recueillies dans ces divers cimetières, on aperçoit que, réunies, elles concordent parfaitement entre elles, et se trouvent, par leur ensemble comme par leurs détails, en un rapport exact avec la date alléguée.
Ainsi, les peintures qui décorent les cimetières que la tradition assigne à l'âge apostolique sont du plus pur style classique, à peine inférieures, comme exécution, aux meilleures œuvres de l'art païen de la même époque. Leurs murailles sont revêtues de très-beaux stucs, comme il ne s'en rencontre dans aucune catacombe chrétienne d'une date certaine postérieure au IIe siècle. Eux seuls renferment des cryptes de vastes dimensions, non pas creusées, comme d'ordinaire, dans le roc nu, mais maçonnées avec soin, ornées d'élégants pilastres et de corniches en brique ou en terre cuite. Leurs galeries ne sont pas ces étroits couloirs percés d'innombrables tombeaux que l'on rencontre dans les catacombes du IIIe siècle, mais bien de spacieux ambulacres, dont les murailles, couvertes de peintures, ne contiennent qu'un petit nombre de niches, destinées à recevoir des sarcophages. Leurs inscriptions forment une famille à part, offrant un grand nombre de noms classiques, et ne présentant encore aucune des formules qu'adopta l'épigraphie chrétienne. Quelques-unes de ces inscriptions ont des dates certaines, et ces dates sont du Ier et du IIe siècle. On ne peut admettre qu'une si exacte concordance entre les caractères et le style de chacun de ces cimetières et le caractère, le style distinctif de l'âge que leur assigne une tradition constante, recueillie et contrôlée par des écrivains appartenant eux-mêmes à diverses époques, soit un pur effet du hasard ou le résultat d'une opinion préconçue.
Bien loin qu'il ait existé, dans ce sens, un courant d'idées…
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2. Voir ici. — 3. Les Mirabilia urbis Romæ, dont la première composition paraît appartenir à la seconde moitié du Xe siècle, contiennent un chapitre de de Cœmeteriis — 4. Toutes les grandes bibliothèques de l'Europe contiennent des manuscrits des Indulgentia et Reliquia urbis Romæ remontant, pour la plupart, au XVe siècle ou à la fin du XIVe. On commença, en divers pays, à les imprimer dans la seconde moitié du XVe siècle.
Rome Souterraine, p. 111-12.
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Rome Souterraine, p. 112-4.
Bien loin qu'il ait existé, dans ce sens, un courant d'idées préconçues, les savants modernes refusaient, il y a peu d'années encore, toute créance aux traditions qui viennent d'être rappelées et toute foi aux anciens documents de qui nous les tenons. On refusait de croire qu'aucune catacombe chrétienne pût prétendre à une antiquité aussi reculée que le Ier ou le IIesiècle. On enseignait que les commencements de Rome souterraine furent petits et misérables, que les grandes et riches constructions, les parties vastes et ornées qu'elle renferme ne peuvent appartenir qu'à l'âge de paix.
Les découvertes contemporaines ont renversé cette théorie. En présence des monuments qu'elles ont mis au jour, il est impossible de ne pas accepter les conclusions de M. de Rossi. Il suffit d'avoir quelque teinture de l'histoire de l'art, il suffit d'avoir à un degré quelconque le sens artistique, pour reconnaître que les fresques de quelques cryptes récemment découvertes sont plus anciennes, plus classiques, d'un meilleur temps que les peintures si intéressantes à d'autres égards, mais bien moins parfaites, des cimetières du IIIe siècle. L'architecture, le système de décoration de ces mêmes cryptes, sont également en rapport avec les usages funéraires des Romains des deux premiers siècles, et concorderaient beaucoup moins avec la situation de l'Eglise chrétienne au siècle suivant.
Ces notions deviendront plus claires encore quand nous aurons exposé, dans le IVe livre, l'histoire et les caractères des diverses périodes de l'art chrétien; l'analyse architectonique d'une partie du cimetière de Calliste, que nous emprunterons aux travaux de M. Michel de Rossi, achèvera de les mettre en lumière, en donnant au lecteur les moyens de distinguer chronologiquement les époques successives de la construction de Rome souterraine (1).
Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans parler d'un autre cimetière dont l'origine est encore inconnue, mais qui, s'il n'appartient pas à l'âge apostolique, était certainement en usage au IIesiècle. On y retrouvera quelques-uns de ces traits caractéristiques que ne présentent plus les cimetières de l'âge suivant, et qui marquent d'une empreinte si originale les monuments contemporains des apôtres ou de leurs disciples immédiats.
Le cimetière dont nous voulons parler est celui de…
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(1). Voir livre V.
Dernière édition par Louis le Lun 10 Aoû - 12:56, édité 1 fois (Raison : Ajout d'un lien dans la note (1).)
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Rome Souterraine, p. 114-15.Le cimetière dont nous voulons parler est celui de Prétextat (1). L'almanach philocalien, le martyrologe hiéronymien et les livres liturgiques du Ve siècle indiquent les stations solennelles qui avaient lieu, in cœmeterio Prætextati via Appia, près des tombeaux de plusieurs martyrs illustres. Le cimetière de Prétextat s'étend sous des terrains couverts de vignes et de prairies, à gauche de la voie Appienne, entre le premier et le second mille de Rome, près de l'église de Saint-Urbain alla Caffarella. du cirque de Maxence et de la villa construite au IIe siècle par Hérode Atticus.
Son fondateur, qui appartenait peut-être à l'illustre famille des Prætextati, dont on a trouvé une mention dans un cimetière voisin, ne peut, dans l'état actuel des découvertes, être désigné avec certitude. Mais les martyrs enterrés dans le cimetière de Prétextat sont parfaitement connus, grâce aux documents que nous avons énumérés. Ils forment six groupes : le tribun Quirinus, martyrisé avec sa fille Balbina, sous Adrien; — saint Janvier, l'aîné des sept fils de sainte Félicité, martyrisé en 162, sous Marc-Aurèle; — le mari et le beau-frère de sainte Cécile, Valérien et Tiburce, martyrisés avec leur compagnon Maximus, sous le même empereur, vers 177; — l'évêque Urbain, qui fut l'instrument de la conversion des précédents, et dont nous aurons plus tard à distinguer la personnalité de celle du pape Urbain, contemporain d'Alexandre Sévère; — Felicissimus et Agapitus, diacres du pape Sixte II, martyrisés en 258, avec ce pape, dans le cimetière de Prétextat, pendant la persécution de Valérien; — enfin Zénon, dont nous ne connaissons rien que le fait de son martyre et les honneurs dont il fut l'objet après la paix de l'Église.
Les Itinéraires mentionnent les monuments dédiés à ces divers martyrs et visités aux VII e et VIIIe siècles par les pèlerins. Ils se composaient de basiliques élevées au-dessus du sol et de chapelles souterraines. Les basiliques ou cellæ étaient au nombre de trois, celle des saints Valérien, Tiburce et Maxime, celle de saint Zénon, et un oratoire dédié au pape saint Sixte. Les chapelles souterraines contenaient les tombes d'Urbain, de Felicissimus et Agapitus, de Quirinus, de Janvier, qui paraît avoir été le martyr le plus vénéré du cimetière de Prétextat (1).
Les premières fouilles du cimetière de Prétextat…
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(1). Sur le cimetière de Prétextat, voir Bullettino di archeologia cristiana, 1863, p. 1 à 6, 17 à 22; 1870, p. 42 à 48 ; 1872, p. 45 à 81. Ce dernier article, qui complète les premiers et résume l'état actuel de la science sur le cimetière de Prétextat, n'avait pas encore paru quand a été publiée la première édition de ce livre : nous nous en sommes servi pour refondre entièrement les pages consacrées à ce cimetière. — (1). Ce cimetière était désigné par les anciens topographes comme cœmeterium Pratextati ad S. Januarium. — Roma sotterranea, t.1, p. 180, col. I.
Dernière édition par Louis le Jeu 10 Sep - 14:32, édité 1 fois (Raison : Ajout du lien dans la note en bas de page.)
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Les premières fouilles du cimetière de Prétextat eurent lieu entre 1847 et 1850. Pendant ces trois années, le P. Marchi et M. de Rossi explorèrent la région souterraine qui s'étend dans le voisinage de deux massifs de ruines, l'un rond, l'autre rectangulaire, dans lesquels M. de Rossi n'hésite pas à reconnaître les restes des deux basiliques des saints Valérien, Tiburce et Maxime et de saint Zénon. Le premier étage de la catacombe fut d'abord exploré : il avait déjà été visité et dévasté : on y recueillit seulement un assez grand nombre d'épitaphes, presque toutes du IVe siècle. Un arcosolium orné de peintures, qui paraissaient appartenir à la même époque, fut découvert à cet étage : on y reconnaissait les images de saint Pierre, saint Paul, saint Sixte, ce dernier désigné par le mot SVSTVS. Le P. Marchi crut pouvoir donner à cette partie de catacombe le nom de « cimetière de Saint-Sixte, » et c'est sous ce nom qu'ont été publiées, dans le recueil de Perret, les peintures dont nous venons de parler (2).
L'étage inférieur, qui fut déblayé en 1850, présente les caractères d'une antiquité plus reculée. Il se compose d'un vaste ambulacre soutenu par des arcs en maçonnerie et recevant le jour par des luminaires. Un grand nombre de loculi avaient conservé leurs inscriptions, presque toutes grecques, ornées de symboles primitifs, et composées avec ce laconisme qui, dans l'épigraphie chrétienne, est un signe irrécusable d'antiquité. « Là, dans ce souterrain, dit M. de Rossi, je conçus la méthode qui devait diriger mes travaux : une vive clarté illumina mon esprit : et je mûris le dessein de la nouvelle Roma sotterranea (1) . »
Les fresques qui furent découvertes dans un cubiculum voisin de l'ambulacre étaient de nature à entretenir l'enthousiasme du jeune archéologue. Elles représentaient des scènes de l'histoire évangélique, si rares dans l'art des catacombes. On y distinguait, au milieu d'autres sujets devenus méconnaissables, l'Hémorroïsse aux pieds du Sauveur, la Samaritaine, les soldats frappant avec un roseau la tête couronnée de Jésus (2). Ces peintures, d'un excellent style classique, avaient certainement été tracées à la fin du IIe siècle ou dans les premières années du IIe : elles étaient les plus anciennes que l'on eût encore découvertes dans les catacombes, puisque l'ambulacre du cimetière de Domitille n'a été fouillé qu'en 1865.
Postérieurement à l'époque où il fut orné de fresques, le cubiculum que nous décrivons avait été profondément creusé, et au-dessous du niveau primitif avaient été pratiqués des loculi. Parmi les inscriptions recueillies dans cette crypte, M. de Rossi cite la suivante :
Les lettres sont fort belles, et…
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(2). Perret, Catac. de Rome, t. I, pl. LXXVII. — (1). Bullett. di arch. crist., 1872, p. 64. — (2). Ces peintures ont été dessinées très-imparfaitement dans le recueil de Perret, t.1, pl. LXXX-LXXXII. M. de Rossi doit en publier, en couleur, le fac-similé exact.
Rome Souterraine, p. 115-16.
Dernière édition par Louis le Jeu 26 Fév - 11:53, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Rome Souterraine, p. 117-18.Les lettres sont fort belles, et paraissent appartenir à la fin du IIe siècle ou au commencement du IIIe. La mention du nom du père est rare dans les épitaphes chrétiennes, surtout quand elles consistent en une simple formule acclamatoire. Hérode, le père d'Urania, fut sans doute un personnage distingué. Quand on se rappelle que cette crypte est toute voisine de la villa d'Hérode Atticus, on est tenté de se demander si l'on n'a pas sous les yeux l'inscription funéraire d'une fille chrétienne du célèbre précepteur de Marc-Aurèle (1 ?).
Dès 1853, M. de Rossi, dans un mémoire lu à l'Académie pontificale d'archéologie, affirma, en comparant la position de la nouvelle catacombe avec celle des autres cimetières de la voie Appienne et avec les données topographiques des anciens Itinéraires, que les deux étages souterrains qui venaient d'être découverts devaient faire partie du cimetière de Prétextat. De nouvelles découvertes confirmèrent bientôt la vérité de ses affirmations.
En 1857, les maçons qui travaillaient à réparer les ruines du cimetière de Calliste vinrent chercher des matériaux de l'autre côté de la voie Appienne, dans les souterrains contigus à la vigne dei pupazzi, voisins de l'église Saint-Urbain alla Caffarella. Leur travail les conduisant assez avant dans ces souterrains, ils pénétrèrent, à travers les décombres, dans une large et belle crypte, située au même niveau que celle qui vient d'être décrite. Prévenu aussitôt, M. de Rossi accourut, se glissa, en rampant, par l'ouverture à peine déblayée, et entra dans la crypte. A sa grande surprise il n'y vit pas d'arcosolium. Cependant on était certainement en présence d'un sanctuaire historique. En examinant de plus près, on reconnut que la crypte n'est pas creusée dans le tuf, mais, quoique souterraine, bâtie en solide maçonnerie. Sur trois côtés s'ouvrent des niches destinées à recevoir des sarcophages. Les murailles portent encore les traces d'un revêtement en marbre grec. La façade qui regarde l'intérieur du cimetière est construite en belles briques jaunes, et décorée de pilastres en briques rouges et de corniches en terre cuite, comme les tombeaux païens de la voie Appienne ou de la voie Latine. Ce mode de construction et de décoration est le signe incontestable d'une haute antiquité.
La comparaison avec des édifices païens d'une architecture analogue, par exemple avec les ruines nouvellement découvertes du logement des Vigiles de la septième cohorte, dans le Transtévère, nous permet de fixer la date de cet édifice sépulcral à la dernière moitié du IIe siècle. La voûte de la chapelle est peinte à fresque, et ses peintures rappellent les meilleures productions de l'art à cette époque.
Quatre guirlandes, l'une de roses, l'autre d'épis, la troisième de raisins et de feuilles de vigne, la dernière de feuilles de laurier, s'enroulent autour de la voûte; dans les trois premières des oiseaux voltigent, et l'on voit des nids d'où sortent de jeunes têtes emplumées. Peut-être ces guirlandes symbolisent-elles ici les diverses saisons de l'année ; la dernière, l'hiver, celle où il n'y a plus de fleurs, plus de nids, celle où les oiseaux ne chantent plus, est représentée par le laurier, emblème de la victoire qui couronne la période suprême de la vie du chrétien, cette période à la fois dépouillée et pleine d'espérance. Au-dessous de ces guirlandes se déroule une longue fresque, moins bien conservée, qui représente des moissonneurs, la faucille à la main, coupant les blés épais.
Enfin, plus bas que tout cela, dans l'arc de la voûte, on reconnaît une scène champêtre dont le centre est occupé par la figure du Bon Pasteur portant une brebis sur ses épaules. Cette peinture est presque détruite; des chrétiens, dans leur désir ardent de reposer le plus près possible du martyr, firent percer la muraille, au milieu même de la fresque, pour y pratiquer des loculi.
Quand M. de Rossi examina de près ces loculi, il reconnut que…
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(1). Hérode Atticus n'eut pas d'enfants de sa première femme Annia Regilla. Mais, après 175, il épousa en secondes noces Vibullia Alcia, qui lui donna des fils. Voir un article de M. Fr. Lenormant, Revue archéologique, 1864, p. 376, 377.
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HISTOIRE DES CATACOMBES
CHAPITRE PREMIER
LES CATACOMBES PENDANT
LES DEUX PREMIERS SIÈCLES
(suite)
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CHAPITRE PREMIER
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Quand M. de Rossi examina de près ces loculi, il reconnut que, sur le bord de la niche qui coupe en deux l'image du Bon Pasteur, la chaux qui cimentait la fermeture conservait en grande partie les lettres qu'on y avait tracées en scellant le tombeau. Les lettres encore visibles formaient cette légende inattendue :... mi rifrigeri Januarius, Agatopus, Felicissim... Martyres... « Que Janvier, Agatopus, Felicissimus, martyrs, rafraîchissent l'âme de...(1) .
Ces mots, cette prière d'un parent en deuil pour une âme regrettée et chérie, avaient été gravés dans la chaux fraîche il y a quinze siècles; aujourd'hui ils viennent révéler à un antiquaire du XIXe siècle un secret longtemps cherché : remplacement de la tombe des martyrs auxquels ils sont adressés. De nombreux exemples d'invocations analogues, découvertes dans d'autres cimetières, tout près des reliques des martyrs célèbres, firent penser à M. de Rossi que les tombeaux des trois saints qui avaient autrefois rendu illustre le cimetière de Prétextat ne devaient pas être éloignés. Deux ans plus tard cette belle conjecture reçut une première confirmation. La commission d'archéologie sacrée ayant fait de ce cimetière l'objet de ses études, on découvrit, en déblayant le sol de la crypte, trois ou quatre fragments de marbre sur lesquels se lisaient quelques lettres d'écriture damasienne, d'une grandeur inaccoutumée.
D'autres fragments…
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Rome Souterraine, p. 121.D'autres fragments (1) furent découverts plus tard, appartenant certainement à la même inscription, et l’on put enfin la recomposer ainsi :
La découverte de l'inscription damasienne ne laisse plus de place au doute : la crypte qui vient d'être décrite est bien celle de saint Janvier. Après avoir reconnu celle-ci, il restait à rechercher les autres cryptes célèbres mentionnées dans son voisinage par les Itinéraires. Trois d'entre elles sont aujourd'hui retrouvées, et le nom de deux au moins peut être désigné avec certitude.
Les fouilles faites en 1866 par la commission d'archéologie sacrée mirent au jour, de l'autre côté du vaste ambulacre (1) sur lequel s'ouvre la chapelle de Saint-Janvier, un sanctuaire qui, par sa construction et son style, paraissait encore plus ancien que cette dernière, et devait remonter aux premières années du IIe siècle. Saint Janvier ayant été martyrisé en 162, M. de Rossi ne craignit pas de désigner la seconde crypte comme étant la place certaine du tombeau de saint Quirinus, martyrisé en 130. Un sarcophage trouvé dans cette crypte paraît même celui où furent conservés les restes du tribun martyr, car, sur sa face principale, on distingue le buste d'un personnage revêtu du laticlave : or le laticlave était le signe distinctif des tribuns d'ordre sénatorial.
Une souscription, provoquée en Angleterre…
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(1). La gravure ci-jointe est empruntée au Bulettino di arch. crist., 1863, p. 17. Toutes les lettres figurées en blanc y étaient restituées par conjecture seulement, et les fragments alors retrouvés se voient figurés par les lettres noires. Depuis, la totalité de l'inscription a été retrouvée, et la découverte des nouveaux fragments justifie de tout point la restitution proposée dès 1863 par M. de Rossi. Pour se rendre compte de l’état présent de l'inscription, il suffira de lire tomme si tout était écrit en lettres noires. — (1). Spelunca magna, dit la Notitia ecclesiarum urbis Romæ. — Roma sotterranea, t. I, p. 180, col. m. Cet ambulacre a 2 mètres de largeur.
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Rome Souterraine, p. 122.
Une souscription, provoquée en Angleterre, en 1870, parmi les amis des antiquités chrétiennes, a fourni à la commission d'archéologie sacrée les moyens de continuer les fouilles que le manque de ressources avait fait interrompre. Les excavations poursuivies avec l'aide des souscripteurs anglais amenèrent la découverte de deux autres cryptes.
L'une, située sur le même ambulacre que celles de saint Janvier et de saint Quirinus, à trente-cinq mètres environ de cette dernière, paraît avoir renfermé le tombeau des saints Felicissimus et Agapitus, que nous avons vus rapprochés de saint Janvier dans une même invocation. La Notitia ecclesiarum cite en effet dans l'ordre suivant les cryptes historiques du cimetière de Prétextat: 1° Urbanus; 2º Felicissimus et Agapitus; 3º Quirinus; 4º Januarius.
La seconde crypte, découverte en 1870, ne peut être celle de saint Urbain, car elle est située à la suite de la crypte de saint Janvier, à l'extrémité de l'ambulacre opposée à celle ou, d'après l'Itinéraire, se trouvait le sanctuaire de saint Urbain. Elle a dû, cependant, être, au IVe siècle, une des chapelles les plus visitées de la catacombe ; elle renferme un grand arcosolium, autrefois revêtu de plaques de marbre, dont on a retrouvé de nombreux fragments, et dont le mortier porte encore l'empreinte. En face de cette tombe s'ouvre une abside semi-circulaire, très-vaste et d'une forme encore sans exemple dans les catacombes. Deux colonnes de porphyre s'élevaient de chaque côté de l'arcosolium, qui était fermé par une grille de marbre travaillée à jour; deux colonnes d'albâtre décoraient l'entrée de l'abside qui lui faisait vis-à-vis. A quel martyr était dédié ce splendide sanctuaire? Il est impossible de le dire. Malgré toutes ses recherches, M. de Rossi n'a pu trouver, parmi les ruines amoncelées en ce point de la catacombe, que quatre fragments d'une inscription damasienne, et ces fragments rapprochés n'ont donné que ces lettres :... VS MARTYS (1)
Résumons l'état actuel des découvertes faites dans le cimetière de Prétextat...
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(1). Lettre de M. de Rossi à M. Northcote, 23 avril 1870; Bulletino di arch. crist., 1870, p. 42-48; 1872, p. 74-78, et tav. IV.
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A suivre : Chapitre II – Histoire des catacombes depuis le commencement du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.
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Rome Souterraine, p. 123-4.Résumons l'état actuel des découvertes faites dans le cimetière de Prétextat. Des trois basiliques mentionnées dans les Itinéraires, deux sont aujourd'hui retrouvées : celle des saints Valérien, Tiburce et Maxime, et celle de saint Zénon. Des quatre cryptes mentionnées dans les mêmes documents, trois sont connues avec certitude : celles des saints Felicissimus et Agapitus, de saint Quirinus et de saint Janvier. Enfin deux monuments d'une grande importance ont été découverts, sans que l'on sache encore à qui ils étaient dédiés : ce sont le sanctuaire que nous venons de décrire, dans le même ambulacre ou spelunca magna que les précédents, et la chambre ornée de peintures du IIe siècle, trouvée en 1850 (1), dans une autre partie de la catacombe. Une partie de ces découvertes n'eût pu être faite sans l'appoint des fonds que la souscription de 1870 a mis aux mains de la commission d'archéologie sacrée.
Aujourd'hui cette commission est plus que jamais privée de ressources. Pourquoi l'exemple de l'Angleterre ne serait-il pas suivi ailleurs? Pourquoi quelqu'un ne prendrait-il pas en France une initiative pareille? Pourquoi, dans tous les pays civilisés, les amis de la science ne rechercheraient-ils pas le moyen de donner une vie plus active aux découvertes romaines, forcément languissantes? Au point où est parvenue la science de l'archéologie chrétienne, on connaît l'emplacement des principales catacombes, on sait quel coin du sol romain il faudrait frapper de la pioche pour en faire jaillir des trésors de connaissances nouvelles : d'immenses découvertes sont pressenties, la science est fondée, les savants sont prêts, seul l'argent manque. Ne rougissons pas de demander l'aumône au nom de la religion, de l'archéologie et de l'art.
L'opinion commune fait remonter au IIe siècle le cimetière de Saint-Alexandre sur la voie Nomentane, Le Liber pontificalis rapporte que saint Alexandre, évêque de Rome, fut décapité pour la foi, en 120, sur cette voie même, et enterré au lieu de son martyre. L'endroit désigné par le livre pontifical est le septième mille de Rome. A cette distance de la ville fut découvert, il y a environ vingt ans, un ancien cimetière chrétien et, dans ses ruines, un fragment d'une inscription en l'honneur de saint Alexandre, très-probablement le pape et martyr de ce nom. Cette inscription avait été placée, à une époque très-reculée, dans une basilique élevée au-dessus du tombeau du martyr, et récemment restaurée. Dans les étroites galeries souterraines qui entourent la basilique, beaucoup de loculi sont encore fermés, et conservent, derrière le marbre, la brique ou la tuile qui les bouchent, les corps qui y furent originairement déposés. Mais ces galeries ne sont pas la plus ancienne partie du cimetière; celle-ci a subi de telles altérations, qu'il est aujourd'hui très-difficile de la reconnaître. Le cimetière de Saint-Alexandre, à la distance où il est placé, sort, du reste, de la zone des cimetières romains, et par conséquent du cadre de notre étude. Les anciens documents qui nous ont si sûrement guidés indiquent encore deux ou trois cimetières appartenant aux confins de l'âge apostolique, celui, entre autres, des saints Processus et Martinien, sur la voie Aurélia ; mais leur emplacement n'a pu jusqu'à ce jour être déterminé avec certitude.
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(1) Page 116.
A suivre : Chapitre II – Histoire des catacombes depuis le commencement du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.
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Histoire des catacombes depuis le commencement du IIIe siècle jusqu’à la paix de l’Église en 312.
Rome Souterraine, p. 125-6.SOMMAIRE. — Au IIIE siècle, les cimetières deviennent la propriété collective de l'Eglise. — Cimetière de Saint-Calliste (A. D. 302). — Son administration. — Organisation religieuse du collège funéraire. — Emploi charitable des fonds. — Secours donnés aux pauvres et aux églises malheureuses, — aux chrétiens exilés, — ou condamnés aux mines. — Autorité de l'archidiacre. — Calliste gouverne en cette qualité le cimetière principal de l'Eglise. — Autres cimetières donnés en propriété à l'Eglise.— Edit de Valérien (A. D. 257) interdisant aux chrétiens l'entrée de leurs cimetières. — Edit de Gallien (A. D. 260) les restituant à l'Eglise. — Ces vicissitudes dans la condition jusque-là inviolée des cimetières rendent nécessaire d'en dissimuler les entrées. — Chrétiens poursuivis dans les cimetières. — Martyre de plusieurs chrétiens dans un cimetière (A. D. 284). — Une Pompéi chrétienne. —Aurélien reconnaît la propriété ecclésiastique des cimetières, puis les interdit. — Liberté des cimetières dans les premières années du règne de Dioclétien. — Dernière persécution : les cimetières confisqués (A. D. 303). — Cimetières creusés en secret: découverte, en 1868, du petit cimetière de Généreuse, creusé sous les monuments abandonnés des Fratres Anales. — Les cimetières restitués à l'Église (A. D. 311). — Tituli, ou églises paroissiales. — Chaque titulus a son cimetière, administré par les prêtres de la paroisse. — Réflexions sur cette partie de l'histoire des catacombes.
Nous sommes arrivés au IIIe siècle, à l'époque où pour la première fois les édits de persécution vont s'occuper des cimetières chrétiens. Le soulèvement du peuple de Carthage contre les sépultures chrétiennes au commencement du IIIe siècle (1) nous montre qu'à cette date les églises d'Afrique possédaient déjà des cimetières à un titre commun et public. Il est impossible qu'il n'en ait pas été de même dans une aussi grande église que celle de Rome. La memoria de saint Pierre au Vatican devait être connue de tous comme étant le tombeau commun de ses successeurs. Nous en avons la preuve dans ces paroles de Caïus, prêtre du commencement du IIIe siècle, disputant contre l'hérétique Proclus, et lui disant : « Je puis vous montrer les trophées des apôtres. Si vous allez sur le Vatican ou sur la voie d'Ostie, vous y rencontrerez les monuments de ceux qui ont jeté les fondements de l'Eglise (1). »
Par une remarquable coïncidence, cette même année 202, où, selon Tertullien, eut lieu le soulèvement populaire contre les cimetières chrétiens d'Afrique, est celle du dernier enterrement d'un pape dans la crypte du Vatican. Les Philosophumena nous apprennent que le successeur de Victor, Zéphyrin, « chargea Calliste du gouvernement du clergé et le préposa à l'administration du cimetière (2). »
Ces derniers mots excitent naturellement notre curiosité, et appellent un commentaire. Quel était « le cimetière » de Rome? Rome possédait déjà beaucoup de cimetières : celui de Sainte-Priscille sur la voie Salaria, celui de Sainte-Lucine sur la voie d'Ostie, celui de Prétextat sur la voie Appienne, celui de Sainte-Domitille sur la voie Ardéatine, plusieurs autres encore. Quelle hiérarchie existait entre eux? et lequel avait une importance, une dignité assez exceptionnelle pour être mis sous la direction d'une des autorités ecclésiastiques les plus hautes après le pape, du diacre auquel était confié « le gouvernement du clergé? » La réponse à ces questions deviendra facile, si nous nous souvenons de ce qui a été dit plus haut (3) des confréries funéraires de Rome et de l'extension, précisément à cette époque, de leurs droits et privilèges par un édit de Septime Sévère.
Rapprochons de ces…
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(1) Voyez Page 81. — (1). Euseb., Hist. Eccl., II, 25. — (2). Philosophum., IX, 2. — (3). Page 68 et suivantes (jusqu’à la page 73)
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(suite)
Rome Souterraine, p. 127-8.Rapprochons de ces notions les paroles déjà citées de Tertullien décrivant la constitution de la société chrétienne au IIIe siècle. « Nous avons (1), dit-il, pour présidents des anciens choisis par nous, et qui ont obtenu cet honneur non par la brigue, mais par le bon témoignage de tous... Et si nous possédons un trésor commun (arca), il est alimenté, non par des honoraires payés par ceux qui président lors de leur entrée en charge (2), comme si la religion était pour nous un objet de trafic, mais par une petite contribution mensuelle de tous ceux qui peuvent et qui veulent la fournir... Ces cotisations sont en réalité de pieux dépôts, car on les dépense, non à festoyer, mais à nourrir ceux qui ont faim, enterrer les pauvres, secourir les orphelins et les vieillards, assister les naufragés, et si quelques-uns de nos frères sont condamnés aux mines, ou exilés, ou mis en prison, pourvu que ce soit comme membres de la secte de Dieu, ils deviennent les enfants adoptifs de leur confession (alumni confessionis suæ). »
Il ressort clairement de ce passage qu'il était facile aux chrétiens du IIIe siècle de recueillir des aumônes, d'exercer la charité, et même de se réunir pour les pratiques de leur culte, sous le couvert des confréries funéraires autorisées par la loi. L'Église exerçait la charité, non individuellement et à titre privé, mais au nom de la corporation. De nombreux documents nous montrent l'église de Rome envoyant de riches aumônes à ces chrétiens condamnés aux mines ou à l'exil dont parle Tertullien. La condamnation ad metalla correspondait à peu près aux travaux forcés des législations pénales modernes, et entraînait des déchéances analogues à une sorte de mort civile. Quand les magistrats persécuteurs ne condamnaient pas à mort les chrétiens déférés à leurs tribunaux, ils les envoyaient souvent travailler aux mines et aux carrières de l'Egypte, de la Grèce, de l'Asie Mineure, de l'Afrique et de la Sardaigne. L'immense dépôt de marbres récemment découvert sur le bord du Tibre provient en grande partie de ces travaux des condamnés chrétiens, car, après la paix de l'Église, on vit tout à coup le produit des carrières ouvertes sur tous les points de l'Empire diminuer dans une proportion considérable, par suite du rappel et de la délivrance des confesseurs de la foi.
Tant que durèrent les persécutions, la caisse commune de l'église de Rome vint au secours des chrétiens condamnés ad metalla. On possède encore la lettre par laquelle Denys, évêque de Corinthe, remercie le pape Soter des secours envoyés par lui aux chrétiens travaillant dans les mines de la Grèce. Un autre saint Denys, évêque d'Alexandrie, rend le même témoignage à la charité de l'Église romaine pour les exilés de Syrie et d'Arabie au commencement du IIIe siècle. Tertullien, écrivant à la même époque, fait allusion, dans le passage que nous avons cité, aux aumônes envoyées par la corporation chrétienne de Rome aux chrétiens condamnés aux mines et à l'exil (1).
Outre ces lointaines misères, l'Église…
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(1).Voir, dans le Bullettino di arch. crist., 1868, p. 17, l'article écrit par M. de Rossi, à l'occasion des découvertes de l'Emporio Romano, sur les chrétiens condamnés à l'extraction des marbres pendant les siècles de persécution, et le soin que prit d'eux l'Église romaine.
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Rome Souterraine, p. 129-30.
Outre ces lointaines misères, l'Église romaine en secourait d'autres plus proches d'elle, auxquelles elle consacrait une partie des fonds communs. Nous savons par l'histoire de saint Laurent que le soin des pauvres et la distribution des aumônes formaient la charge spéciale d'un des diacres. Les membres du clergé recevaient également de la caisse commune ce qui était nécessaire à leur subsistance. Le diacre tenait dans ce but un registre (matricula) de leur nombre et de leurs offices. En l'an 251, le clergé de Rome comptait dans ses rangs plus de cent cinquante personnes, dont quarante-six prêtres ; l'Église les nourrissait, et avec eux plus de quinze cents pauvres (1).
Outre la pension mensuelle qui leur était faite, les prêtres étaient encore assistés d'une autre manière (2). A la suite des agapes, une sportula était distribuée ordinairement aux assistants, comme dans les collèges païens. Les prêtres recevaient alors double part, duplex honor binis partibus præsidentibus deputabatur (3), suivant la doctrine de saint Paul : qui bene præsunt presbyteri duplici honore digni habeantur (4).
Quelquefois même des chrétiens illustres, des confesseurs de la foi, étaient admis à recevoir une part sacerdotale : presbyterii honorent designare nos il lis jam sciatis ut et sportulis iisdem cum presbyteris honorentur (5). La masse destinée à ces diverses dépenses était administrée par le premier diacre, au nom de l'Eglise romaine. Peu à peu, par l'effet de cette loi naturelle et instinctive qui assure à celui auquel est confié le soin de la vie matérielle une influence considérable sur la vie morale et les intérêts les plus élevés de la société à laquelle il appartient, le premier diacre reçut le titre d'archidiacre, et devint en quelque sorte le surveillant et le juge du reste du clergé, supérieur à tous, inférieur à l'évêque seul. L'usage s'établit de nommer, à la mort du pape, ce premier diacre, et non un prêtre, pour lui succéder : et cet usage acquit tellement force de loi que, pour écarter ce diacre du rang suprême, on le contraignait quelquefois à recevoir la prêtrise du vivant du pape.
Ces considérations nous permettront d'apprécier toute la portée des paroles…
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