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Message  Louis Mer 7 Jan - 18:04

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste


SOMMAIRE. — La voie Appienne. — Textes de deux anciens Itinéraires énumérant les cimetières situés sur cette voie. — Cimetière de Saint-Sébastien. — Les reliques de saint Pierre et de saint Paul y reposèrent pendant plusieurs années. — A la suite de quels événements. — Le cimetière de Saint-Sébastien faussement confondu, au XVe siècle, avec celui de Saint-Calliste. — Découverte, en 1849, de l'épitaphe de saint Corneille. — Inscription damasienne de la crypte papale. — M. de Rossi fixe la vraie situation du cimetière de Calliste.

« Dans l'histoire de la Rome païenne, dit le P. Marchi, la voie Appienne porte le titre superbe de Reine des voies romaines. Elle en est digne, car elle surpasse toutes ses rivales par sa grandeur; aucune n'est bordée par d'aussi beaux édifices et d'aussi magnifiques tombeaux, aucune n'a été foulée par un aussi grand nombre de nations vaincues, et n'a été le témoin d'autant d'événements fameux. L'histoire de la Rome chrétienne donne à la même voie des titres de gloire incomparablement plus solides, plus justes, plus indiscutables. Nous devons la saluer du nom de Reine des voies chrétiennes, à cause du nombre et de l'étendue de ses cimetières, à cause, surtout, du nombre et de la célébrité de ses martyrs (1). »

Plus loin le savant jésuite, parlant d'un des cimetières de la voie Appienne, dit qu'il est aux autres cimetières souterrains ce que Saint-Pierre est aux autres églises; c'est « la région colossale de Rome souterraine; comparées à elle, toutes les autres ne sont que de petites ou moyennes provinces (1). » Le P. Marchi ne fit qu'entrevoir la région sépulcrale dont il parle avec tant d'enthousiasme. Le plan de son ouvrage était arrêté avant qu'il y descendît, et ses travaux, trop tôt interrompus, ne furent pas repris après la publication de son premier volume. Les découvertes vraiment merveilleuses que nous allons raconter ne purent même être pressenties par le P. Marchi : elles sont l'œuvre de M. de Rossi. Sans exclure de ses études les autres « provinces » de Rome souterraine, c'est en celle-ci qu'il a surtout concentré ses efforts, il a fait d'elle le champ préféré de ses travaux, et les deux volumes qu'il a déjà publiés n'en ont pas épuisé les résultats. A son exemple, nous donnerons ici aux cimetières de la voie Appienne, et surtout au principal d'entre eux, la place et l'importance qui leur appartiennent. Recherchons d'abord ce que disent d'eux les anciens Itinéraires des VIIe et VIIIe siècles.

L'auteur du plus ancien et du plus exact des deux guides découverts à…

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(1). Marchi, Monum. delle  art. crist. primit., p. 73. — (1) Ibidem p. 172.


Rome Souterraine, p. 167-8.

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Message  Louis Jeu 8 Jan - 18:08

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

L'auteur du plus ancien et du plus exact des deux guides découverts à Salzbourg en 1777 (2), décrivant ce qu'il vit et visita lui-même à une date qui se place entre les années 625 et 638, s'exprime ainsi : « Vous arrivez, par la voie Appienne, à saint Sébastien, martyr, dont le corps est déposé dans un lieu très-bas ; là sont aussi les sépulcres des apôtres Pierre et Paul, dans lesquels ils reposèrent quarante ans ; vous descendez par des marches dans la partie occidentale de l'église, où est enterré saint Cyrinus, pape et martyr. — Au côté nord de la même voie, vous arrivez aux saints martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. Parvenus là, vous entrez dans une grande caverne, et vous trouvez saint Urbain, évêque et confesseur ; dans une autre place, Felicissimus et Agapitus, martyrs; en un troisième endroit, Cyrinus, martyr; et en un quatrième, Januarius, martyr. Dans une troisième église repose saint Zénon, martyr. — Sur la même route, à Sainte-Cécile, il y a une multitude de martyrs : Sixte, pape et martyr, Denys, pape et martyr, Julien, pape et martyr, Flavien, pape et martyr, sainte Cécile, vierge et martyre. Quatre-vingts martyrs reposent là-dessous (dans le cimetière souterrain); Zéphyrin, pape et martyr, repose (dans une église) au-dessus, Eusèbe, pape et martyr, repose plus loin dans une caverne, et Corneille, pape et martyr, plus loin encore dans une autre caverne. — Vous arrivez ensuite à la sainte vierge et martyre Soteris, dont le corps est enterré vers le côté nord ; puis vous laissez la voie Appienne et vous arrivez, etc. »

Le second Itinéraire salzbourgeois (1)  décrit également la voie Appienne, mais en commençant par l'autre extrémité. Après avoir indiqué ce qu'il y avait à voir sur la voie Ardéatine, il continue ainsi : « Près de la voie Appienne, au côté est de la ville, est l'église de Sainte-Soteris, martyre, où elle repose avec beaucoup d'autres martyrs. — Et près de la même voie est l'église de Saint-Sixte, pape, où il repose ; là aussi est enterrée sainte Cécile, vierge; et là saint Tharsicius et saint Zéphyrin dorment dans une même tombe ; et là saint Eusèbe, et saint Calocerus, et saint Parthenius reposent, chacun dans une tombe séparée ; et huit cents martyrs sont enterrés là. Non loin de là, dans le cimetière de Calliste, Corneille et Cyprien dort (Cornelius et Cyprianus dormit) dans une église. — Là est aussi près de la même voie une église de beaucoup de martyrs, à savoir : Januarius, qui était l'aîné des sept fils de Félicité ; Urbain, Agapitus, Felicissimus, Cyrinus, Zénon, frère de Valentin ; Tiburtius et Valérien et beaucoup de martyrs y reposent. — Et près de la même voie est l'église de Saint-Sébastien, martyr, où lui-même est enterré ; là sont aussi les sépultures des apôtres, où ils reposèrent pendant quarante années. Là aussi le martyr Cyrinus est enterré. Par la même voie vous allez aussi à la cité d'Albano, etc. »

Laissant de côté de légères différences…

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(2) Notitia eccllesiarum urbis Romæ.Voir page 30. — (1). De locis sanctis martyrum, quæ sunt foris civitatis Romæ. M. de Rossi en reproduit le texte, Roma soterranea, t. I, p. 141, non d'après le manuscrit de Salzbourg publié en 1777, et conservé aujourd'hui à la bibliothèque impériale de Vienne, sous le numéro 795, mais d'après un autre manuscrit venu également de Salzbourg, et qui fait partie de la bibliothèque de Vienne, nº 1008. Ce dernier manuscrit se rapproche davantage de celui de Wurtzbourg, publié en 1729 par Eckart. — Voir page 30.
Rome Souterraine, p. 168-70

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Message  Louis Ven 9 Jan - 17:21

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

Laissant de côté de légères différences qu'un examen minutieux pourrait apercevoir entre les deux Itinéraires, il nous suffit de faire remarquer avec quelle exactitude ils concordent dans les lignes essentielles. Si on les lit attentivement, on reconnaît qu'ils décrivent quatre groupes distincts, quatre centres séparés de sépultures situés sur la voie Appienne. L'un, le plus éloigné de Rome, le dernier en allant vers Albano, se compose de l'église Saint-Sébastien et du cimetière qui en dépend. Le deuxième, sur le côté nord de la route, contient les tombes du mari et du beau-frère de sainte Cécile, Valérien et Tiburtius ; de Felicissimus et d'Agapitus, deux des diacres de saint Sixte; de Januarius, l'aîné des sept fils de sainte Félicité, et de beaucoup d'autres martyrs. Le troisième est célébré par les Itinéraires comme renfermant « une innombrable multitude de martyrs, » parmi lesquels sont nommés sainte Cécile, plusieurs papes, saint Tharsicius, et quelques autres. Enfin, avant la jonction de la voie Appienne et de la voie Ardéatine, s'élevait l'église de la vierge et martyre sainte Soteris. De ces quatre groupes de sépultures, nous avons déjà décrit le deuxième, sous le nom de cimetière de Prétextât (1) ; nous parlerons du quatrième à la fin du chapitre suivant. Le troisième va faire l'objet de notre étude. Avant d'y arriver, il est nécessaire de dire quelques mots du premier, formé par la basilique et le cimetière de Saint-Sébastien.

La basilique de Saint-Sébastien, construite par Constantin sur la tombe où reposent encore les restes de ce martyr, est bien connue de tous ceux qui ont visité Rome. Elle s'élève sur la voie Appienne, entre le deuxième et le troisième mille. Un religieux franciscain appartenant au monastère qui dessert l'église est toujours prêt à guider les étrangers dans le cimetière souterrain qui s'étend au-dessous d'elle. Ce cimetière, où l'on peut entrer sans une autorisation spéciale, est peut-être la partie la plus visitée des catacombes romaines. On n'y voit plus « cette suite de marches » qui, d'après l'un des Itinéraires cités plus haut, « conduit au tombeau de saint Cyrinus, pape et martyr (1); » mais, dans la basilique même, on peut, en faisant le tour du maître-autel, reconnaître l'église semi-souterraine dans laquelle, selon une tradition rapportée par les deux manuscrits salzbourgeois, furent conservés pendant un certain temps les corps de saint Pierre et de saint Paul. La forme irrégulière de cette antique construction s'explique par sa destination même; il est évident qu'en l'élevant on s'est appliqué et à enclore un endroit spécial, et à laisser intact tout ce qui était alentour. Il est impossible, par conséquent, d'y voir un ancien temple païen, comme on l'a prétendu quelquefois ; il est beaucoup plus naturel d'y reconnaître, avec les anciennes traditions, un petit édifice construit par les chrétiens pour marquer un coin de terre consacré par un épisode de l'histoire des persécutions.

Le pape Damase y fit faire un pavage en marbre, et y plaça une inscription métrique conservée par les manuscrits, et dont une copie inachevée, du XIIe ou du XIIIe siècle, existe  encore (2). Un petit banc de pierre fait le tour de…

____________________________________________

(1)
page 113-123. (à partir de ce lien)
.
Rome souterraine. - Page 5 Page_136
Rome souterraine. - Page 5 Page_137
Rome Souterraine, p. 170-1

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Message  Louis Sam 10 Jan - 17:46

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

Un petit  banc de pierre fait  le  tour de  l'édifice; il était destiné, selon le P. Marchi, à l'usage des personnes qui venaient réciter là en chœur les psaumes ou les prières liturgiques. Au milieu est une petite ouverture carrée qui, à la profondeur d'un mètre environ, s'élargit de manière à former une double tombe, mesurant un peu plus de deux mètres en longueur, largeur et profondeur. Cette cavité est divisée en deux compartiments égaux par une plaque de marbre; ses côtés sont revêtus de marbre jusqu'à la hauteur d'un mètre et demi, et la voûte qui la recouvre est ornée de peintures représentant Notre-Seigneur et ses apôtres. Tel est le lieu où, selon le témoignage de nos deux Itinéraires, « les corps de saint Pierre et saint Paul reposèrent pendant l'espace de quarante ans. »

Il est assez difficile de démêler la vraie histoire de cette translation temporaire et accidentelle des reliques des deux apôtres. Nous avons vu qu'ils furent d'abord enterrés dans le lieu où chacun d'eux souffrit le martyre, Pierre sur la colline Vaticane, Paul sur la voie d'Ostie. D'autres sources également authentiques nous font connaître la singulière démarche que tentèrent alors les chrétiens d'Orient. Se considérant comme compatriotes et concitoyens des deux apôtres, ils envoyèrent à Rome des députés chargés de rapporter leurs reliques. Les préliminaires de cette mission paraissent avoir réussi. S'étant, sans doute, divisés en deux bandes, l'une devant se rendre sur la colline Vaticane, pour y chercher le corps de saint Pierre, et l'autre sur la voie d'Ostie, pour en rapporter le corps de saint Paul, les députés orientaux se donnèrent rendez-vous sur la voie Appienne, à l'endroit où s'élève aujourd'hui la basilique de Saint-Sébastien, et où était alors le point de jonction de la voie Appienne et de la voie d'Ostie. Après s'être réunis là, ils devaient continuer leur route vers Brindes, et de Brindes s'embarquer pour l'Orient. Les choses se passèrent d'abord ainsi : …

Rome Souterraine, p. 172.

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Message  Louis Dim 11 Jan - 17:12

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

Les choses se passèrent d'abord ainsi : les deux troupes se rejoignirent au lieu indiqué, et y déposèrent un instant leur précieux fardeau. Qu'arriva-t-il ensuite? Comment l'entreprise heureusement conduite jusque-là vint-elle à échouer, et comment les reliques des apôtres demeurèrent-elles à l'Église romaine?

Le langage du pape Damase, dans l'inscription que nous avons citée en note, est singulièrement prudent et mesuré. Sans doute il s'abstint de perpétuer, sur un monument public fait pour être vu des pèlerins de toutes les parties du monde, le souvenir d'un incident d'où l'orgueil de l'Église d'Orient dut sortir douloureusement blessé.

Saint Grégoire le Grand, écrivant, deux siècles plus tard, une lettre privée à l'impératrice Constantina, n'avait plus les mêmes raisons de se taire. C'est par lui que nous connaissons l'histoire, peut-être mêlée de légende, de ce curieux incident. Une chapelle dédiée à saint Paul avait été construite dans le palais impérial de Constantinople. L'impératrice, dans son désir d'enrichir l'autel de reliques d'un grand prix, demanda au pape la tête de l'apôtre des gentils. Saint Grégoire refusa d'accéder à une aussi ambitieuse demande, et, à l'appui de ce refus, raconta à l'impératrice l'effort qu'avaient déjà fait les chrétiens d'Orient pour se rendre maîtres des reliques des apôtres. « Tout le monde, lui écrit-il, sait que, peu de temps après leur martyre, des chrétiens vinrent d'Orient pour réclamer leurs corps, en qualité de compatriotes. Les ayant transportés jusqu'au second mille en dehors de Rome, ils les déposèrent dans un lieu qui est appelé ad catacumbas.

Au moment où, s'étant réunis, ils allaient les emporter de ce lieu, une tempête de tonnerre et d'éclairs enveloppa leur petite troupe. Saisis d'effroi, ils renoncèrent à leur dessein, et prirent la fuite. Les Romains, cependant, étant sortis de la ville, vinrent où étaient les corps, et les reprirent, ayant été jugés dignes par le Seigneur de conserver ce trésor. Ils conduisirent les corps là où ils sont aujourd'hui enterrés (1). » Ces derniers mots ne semblent pas tout à faits exacts…

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(1). S. Greg. Magn., Ép. 30.

Rome Souterraine, p. 173

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Message  Louis Lun 12 Jan - 17:28

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

Ces derniers mots ne semblent pas tout à faits exacts. Il n'est pas douteux que les Romains enterrèrent d'abord les corps des apôtres là où ils les retrouvèrent, dans le cimetière ad catacumbas ou dans ses environs.

Le jour de la fête de saint Pierre, l'Église gallicane récitait autrefois une leçon, laquelle, faisant allusion à une tradition dont nous ignorons l'origine, disait que les corps des apôtres ne furent rendus à leurs anciennes sépultures qu'après un an et sept mois.

Quelques auteurs placent dans la première moitié du IIIe siècle une nouvelle translation des reliques de saint Pierre. Rien ne prouve que celles de saint Paul aient été éloignées une seconde fois de la voie d'Ostie.

Les deux Itinéraires cités plus haut ne disent pas sur quelle autorité ils se fondent pour affirmer que les corps des apôtres restèrent déposés dans la basilique de Saint-Sébastien pendant une période de quarante ans.

Une seule chose est certaine, ils y furent déposés, et sans doute l'édifice antique dont nous avons décrit les restes abrita plus tard l'emplacement de leur tombe provisoire ; mais combien d'années y demeurèrent-ils? Sur ce point les traditions sont muettes ou contradictoires. Le tombeau de saint Cyrinus, et celui où reposèrent pendant plusieurs années les reliques de saint Pierre et de saint Paul, voilà tout ce que les anciens Itinéraires jugeaient digne de mention dans la basilique et le cimetière de Saint-Sébastien.

Et cependant on lit, dans ce cimetière, des inscriptions désignant à l'attention et à la piété du visiteur bien d'autres monuments, bien d'autres souvenirs. Une plaque de marbre qu'y fit placer, en 1409, Guillaume, archevêque de Bourges, invite les pèlerins à vénérer la tombe de sainte Cécile. D'autres inscriptions, contemporaines de celle-ci, ou plus récentes, leur apprennent que dans cette catacombe reposent près de cinquante papes et plusieurs milliers de martyrs. Quelle est la valeur de ces indications? Elles sont, à un double titre, en désaccord avec les relations des témoins qui virent encore, à leur place primitive, les reliques des martyrs enterrés sur la voie Appienne;  elles attribuent au cimetière de Saint-Sébastien des tombes que les pèlerins du VIIe et du VIIIesiècle n'y ont pas vues, et qu'ils ont vues en d'autres cimetières de la même voie.

Il suffit de jeter les yeux sur les deux Itinéraires…
Rome Souterraine, p. 174-5.

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Message  Louis Mar 13 Jan - 17:07

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

Il suffit de jeter les yeux sur les deux Itinéraires que nous avons cités au commencement de ce chapitre pour se rendre compte de l'évidente confusion contenue dans les inscriptions de Saint-Sébastien. Composées pour la plupart vers le XVe siècle, elles appartiennent à une époque où, tous les autres cimetières souterrains étant perdus, celui de Saint-Sébastien était seul demeuré ouvert. On a déjà vu comment toutes les traditions des catacombes romaines se concentrèrent, au moyen âge, dans le cimetière de Saint-Sébastien. La pieuse imagination des pèlerins de cette époque y plaçait, instinctivement, les tombes de tous les martyrs de la voie Appienne. Il est facile de comprendre qu'un archevêque, se faisant l'écho de la vénération populaire, ait inscrit les noms des principaux d'entre eux sur une plaque commémorative de sa visite dans la catacombe. Mais ce témoignage de piété est aujourd'hui dépouillé de toute valeur historique; la seule lecture des anciens documents suffit à en montrer l'erreur, et les découvertes des vingt dernières années confirment de tout point le témoignage si clair et si explicite des vieux pèlerins, en achevant de détruire la confusion établie au moyen âge entre le cimetière de Saint-Sébastien et celui de Calliste.

En 1849, M. de Rossi trouva, dans une vigne de la voie Appienne, beaucoup plus rapprochée de Rome que n'est Saint-Sébastien, un large morceau de marbre sur lequel on distinguait encore la partie supérieure de la lettre R, suivie des lettres entières : ... NELIVS MARTYR. Il pensa de suite que ce fragment devait être une partie de la pierre tombale de saint Corneille, pape vers le milieu du IIIe siècle. A la demande de M. de Rossi, le pape Pie IX acheta cette vigne et la vigne adjacente. Des fouilles y furent immédiatement commencées…
Rome Souterraine, p. 175.

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Message  Louis Mer 14 Jan - 17:05

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  I.

Découverte du cimetière de Saint-Calliste

(SUITE)

...Des fouilles y furent immédiatement commencées. En 1852, elles firent découvrir, dans une chambre du cimetière souterrain qui s'étend sous ces vignes, l'autre moitié de la plaque de marbre trouvée trois ans auparavant. On la ramassa au pied d'un tombeau, auquel elle avait, évidemment, servi primitivement de  fermeture.  Elle contenait la partie  inférieure de la

Rome souterraine. - Page 5 Page_138


lettre R, précédée des lettres C O, et, au-dessous, les deux lettres E P.

L'évidence venait mettre le sceau à l'heureuse conjecture de M. de Rossi. Cette découverte en amena bientôt plusieurs autres non moins importantes. En étudiant les anciens documents, M. de Rossi s'était convaincu que la tombe de saint Corneille, sans faire partie du cimetière proprement dit de Saint-Calliste, en était très rapprochée, et que ce cimetière contenait une chapelle plus célèbre que toutes les autres dans laquelle avaient reposé beaucoup de papes du IIIesiècle, et près de laquelle était situé le tombeau de sainte Cécile.

Des fouilles furent dirigées d'après ces indications. D'abord infructueuses, elles firent enfin découvrir un fragment de marbre, sur lequel on voyait la lettre H trois fois répétée, et paraissant former le commencement de trois lignes différentes (1). L'œil exercé de l'archéologue romain reconnut immédiatement le beau caractère damasien; il en tira cette conséquence, « aussi certaine qu'un texte de l'Ecriture sainte, » que là était la crypte papale, dans laquelle Damase avait placé une de ses plus célèbres inscriptions.

La suite des fouilles mit en lumière cent vingt autres fragments de la même inscription. Rapprochés les uns des autres, et ajustés en un tout, on peut les lire aujourd'hui à la même place où nos pères les ont lus pour la première fois il y a quinze siècles : les quelques fragments qui manquent encore ont été remplacés par des lettres d'une couleur différente. L'occasion se présentera pour nous d'examiner de plus près et en détail cette inscription. Nous la citons, en ce moment, comme une preuve certaine de la découverte du véritable cimetière de Calliste. Les inscriptions de la catacombe de Saint-Sébastien confondaient, avec tout le moyen âge, le premier et le troisième des quatre groupes de sépultures distingués avec tant de soin par les anciens Itinéraires. Aujourd'hui nous sommes en état de rétablir la distinction et de désigner avec certitude l'emplacement des quatre cimetières de la voie Appienne.

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(1). Voir, à la fin du volume, la planche XI. Ce fragment contient la première lettre des vers 4, 5, 6.

Rome souterraine. - Page 5 Planch21

Planche XI
Rome Souterraine, p. 175-7.

A suivre : Chapitre II — Distinction de ses différentes parties.

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Message  Louis Jeu 15 Jan - 17:28

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.


SOMMAIRE. — Le cimetière de Calliste composé de plusieurs areæ distinctes. — Anciens plans des cimetières. — Leurs défauts. — Importante découverte de M. Michel de Rossi. — Sa méthode, son plan du cimetière de Calliste. — I. Crypte de sainte Lucine. — A l'origine propriété de la gens Cæcilia. — Sainte Lucine probablement la même personne que la Pomponia Græcina de Tacite .— Signes caractéristiques de cette area. — II. Cimetière de Saint-Calliste proprement dit, commencé avant l'an 200. — Première et seconde areæ. — Troisième area, donnée vers l'an 3oo par la fille du consul Æmilianus. — III. Cimetière de Sainte-Soteris, réuni au cimetière de Calliste. — IV. Cimetière de Sainte-Balbine.

Si l'on suit la voie Appienne, en se dirigeant vers Albano, on rencontre, du même côté que Saint-Sébastien, mais environ un quart de mille plus près de Rome, une grande porte au-dessus de laquelle est écrit Cœmeterium Callisti. Cette porte donne entrée dans la vigne qui recouvre le célèbre cimetière. Laissons à celui-ci le nom de Calliste, afin d'embrasser ses différentes parties dans une dénomination générale. Le cimetière auquel est attaché le souvenir de Calliste est le centre et la portion la plus importante de l'immense nécropole qui s'étend sous terre entre la voie Appienne et la voie Ardéatine. En réalité, elle est composée de plusieurs groupes d'excavations parfaitement séparés, ayant chacun son histoire, et dont il est facile de retrouver encore aujourd'hui les limites respectives, quoiqu’ils aient fini par être mis en communication les uns avec les autres, et par former un seul tout. Ce qui les distingue, ce ne sont pas seulement les tombes historiques, les différences architecturales et épigraphiques de chacun d'eux : on les reconnaît à la direction de leurs principales galeries, imposée aux fossores par les limites et les formes géométriques des diverses areæ, et par la situation des voies et des édifices sous lesquels ou près desquels elles s'étendaient.

On doit à M. de Rossi les moyens de distinguer avec certitude les différentes parties dont la réunion successive a fini par former une seule catacombe. C'est là une branche toute nouvelle de la science de Rome souterraine. Les écrivains qui, les premiers, ont décrit les catacombes, pouvaient difficilement se former une idée claire de la manière dont chaque cimetière a été construit. Ils manquaient du plus indispensable des documents, un plan bien fait. Bosio n'eut pas le temps de préparer cette partie de son ouvrage. Des six cartes que le cardinal Barberini fit ajouter au livre de l'illustre archéologue, aucune n'est vraiment complète. Elles ont plutôt pour objet d'indiquer la place des principaux monuments que de retracer avec précision le plan intérieur des cimetières. Les quatre plans de l'édition latine d'Aringhi sont relatifs à de très-petites portions de catacombes ; le seul qui ait d'assez grandes dimensions est singulièrement inexact. Le plan dressé par d'Agincourt est trop peu étendu pour être de quelque utilité. Le P. Marchi a publié une très-bonne carte de ce qu'il estimait être à peu près le huitième du cimetière de Sainte-Agnès. La seule partie achevée de son ouvrage est relative à l'architecture des cimetières chrétiens. Son but n'est pas d'en démêler les diverses époques, mais seulement d'en faire connaître les formes et les exemples les plus importants. Pour lui, les catacombes sont…
Rome Souterraine, p. 178-9.

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Message  Louis Ven 16 Jan - 17:04

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)

Pour lui, les catacombes sont un monument de l'antiquité primitive, dont il ne cherche pas à distinguer les nuances chronologiques. Réduite à une petite portion du cimetière dé la voie Nomentane, sa sphère d'observation était trop restreinte pour lui permettre de tirer des conclusions générales des différences existant entre les diverses parties d'une même catacombe, rapprochées les unes des autres et comparées entre elles. Aujourd'hui, non-seulement  le champ des comparaisons a été immensément étendu, mais encore une ingénieuse invention a donné les moyens de tracer  avec facilité et certitude le plan détaillé d'un cimetière souterrain.

« Appelant la mécanique au secours  de  l'archéologie, M. Michel de Rossi, le frère de l'auteur de Roma sotterranea et le fidèle compagnon de ses travaux, imagina un instrument qui permet de tracer rapidement, avec une précision mathématique, le dessin, les mesures, et même les différents niveaux des galeries souterraines. Cet instrument, récompensé à l'exposition universelle de 1863,  a produit une vraie révolution dans la science.  Grâce  à lui, nous pouvons espérer avoir un jour un plan des rues de Rome souterraine aussi complet et aussi exact que celui de n'importe quelle ville moderne. La seule partie qui en ait été publiée, la carte de Saint-Calliste (1), rend en quelque sorte visible l'histoire de cette catacombe. La carte ouverte devant nous, nous pouvons suivre du doigt les lignes principales, les phases diverses de la formation du cimetière ; nous voyons naître et croître sous nos yeux les divers hypogées qui le composent. Nous distinguons, à la différence des teintes, les limites géométriques de plusieurs areæ, indépendantes les unes des autres à l'origine, et plus tard unies par des galeries plus ou moins régulières. Nous voyons les galeries primitives suivant la forme et respectant les bornes des areæ avec une précision mathématique. Nous en voyons d'autres qui, après avoir suivi pendant une distance considérable une même direction, se détournent brusquement, se jettent dans la galerie voisine, ou même s'arrêtent court. Un regard jeté sur le plan donne la raison de ces bizarreries…

_______________________________________________________________

(1). Le lecteur peut consulter à la fin du volume une réduction de cette carte, ou atlas, exécutée à Rome sous la direction de M. Michel de Rossi.
.
Rome souterraine. - Page 5 Atlas_11
Rome Souterraine, p. 179-80.

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Message  Louis Sam 17 Jan - 16:45

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)

Un regard jeté sur le plan donne la raison de ces bizarreries: il nous montre, à la surface du sol, les ruines de quelque édifice, ou même quelque édifice encore debout, dont les architectes de la catacombe n'ont pas voulu miner les fondements. Parfois aussi une galerie creusée en ligne droite est obligée de s'arrêter devant une autre galerie ou une chambre coupant le tuf parallèlement à sa direction, ou même devant quelque hypogée païen rencontré à l'improviste. Dans le livre V, nous présenterons aux lecteurs l'analyse, aussi minutieuse que possible, d'un des plus remarquables groupes de galeries du cimetière de Calliste ; ils pourront apprécier par eux-mêmes la précision de la méthode et des plans de M. Michel de Rossi. Bornons-nous, quant à présent, à énumérer les différentes areæ de la catacombe, et les caractères généraux qui distinguent chacune d'elles.

La plus ancienne area comprise dans la catacombe que nous étudions est celle qu'on appelait autrefois « la crypte de Lucine, près le cimetière de Calliste. » Les limites primitives de cette area (atlas, I) peuvent être déterminées avec une exactitude absolue, car elle est bornée de chaque côté par un petit hypogée païen (C h 4, D h 5). Comme la tombe des Scipions, comme celle de Cæcilia Metella et d'autres monuments célèbres de la voie Appienne, elle occupait une largeur de cent pieds romains sur une longueur de deux cent trente. De ces deux cent trente pieds, les cinquante premiers paraissent avoir été primitivement laissés libres, formant ainsi l'area proprement dite, de cent pieds de large sur cinquante de long, au centre de laquelle s'élevait le monument (D h 4), dont les vastes ruines dominent la voie Appienne (1). Derrière cette area


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Rome souterraine. - Page 5 Page_139

Rome souterraine. - Page 5 Page_140
Rome Souterraine, p. 180-1.

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Message  Louis Dim 18 Jan - 18:25

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)

Derrière cette area s'en  étend  une autre en dépendant (area adjecta monumento), et c'est sous cette dernière que furent faites les premières excavations chrétiennes. Les excavations postérieures envahirent l'area réservée et passèrent même sous un angle du monument. Cet hypogée appartenait à des membres ou à des alliés de la gens Cæcilia. Nous savons par Cicéron (1) que cette noble famille possédait des terrains funéraires sur la voie Appienne ; et, au commencement de ce siècle, on a découvert, à peu de distance de notre area, au-dessus même du cimetière de Calliste, des colombaires et des tombeaux païens appartenant à des Cæcilii. La présence de plusieurs épitaphes de Cæcilii et de Cæciliani dans l'hypogée plus tard réuni au cimetière de Calliste, et connu sous le nom de crypte de Lucine, ne saurait être l'effet du hasard. Les désignations officielles ajoutées à leurs noms, vir clarissimus, clarissima femina, clarissima puella, honesta femina, prouvent que ces Cæcilii et Cæciliani n'étaient pas des affranchis ayant pris, selon l'usage, le gentilitium de leur patron, mais de vrais membres de la famille. D'autres noms illustres se lisent dans la crypte de Lucine. On y a trouvé des fragments de sarcophages ayant contenu les corps de plusieurs descendants des Antonins, parents d'Annia Faustina, petite-fille de Marc-Aurèle, femme de Pomponius Bassus, puis d'Héliogabale. Les Annii, les Pomponii, les Attici, les Bassi paraissent avoir été alliés entre eux et alliés aux Cæcilii, parents eux-mêmes, comme on le verra plus tard, des Cornelii. Les Pomponii Bassi héritèrent probablement des biens de T. Pomponius Atticus, l'ami de Cicéron, et habitaient, vers la fin du Ier siècle, en sa maison, sur le Quirinal (1) ; or Pomponius Atticus était entré, par adoption, dans la famille de son oncle Q. Cæcilius.

Les liens établis entre toutes ces familles expliquent le mélange de noms qui se rencontre sur les inscriptions du cimetière aristocratique de Lucine : plusieurs Cæcilius. Faustus, un Faustinus Atticus, une Annia Faustina, une Attica Cæciliana, un Atticianus, une Pompeia Octavia Attica, etc. Des Pomponii Bassi, païens, possédèrent probablement des terrains funéraires dans le voisinage de la crypte, peut-être au-dessus d'elle : on a trouvé, en effet, dans une galerie du cimetière de Calliste, deux loculi bouchés, « par une sorte de vol domestique, » avec des débris des pierres sépulcrales de L. Pomponius, proconsul de la Gaule narbonnaise, et de Pomponius Bassus, qui vécut au IIIe siècle, fut préfet de Rome et deux fois consul.

Étant donnée la noble origine de la crypte de Lucine, une question s'élève aussitôt : quelle était cette Lucine, dans la propriété de laquelle elle fut creusée, et dont le nom paraît cependant étranger à tous les chrétiens illustres enterrés dans ses galeries ? M. de Rossi a émis à ce sujet la plus fine et la plus heureuse conjecture. Les rapports de parenté et l'union étroite qui semblent avoir existé entre la branche chrétienne des Cæcilii et les Pomponii, soit Attici, soit Bassi, reportèrent presque involontairement sa pensée vers cette célèbre Pomponia Gracina, femme de Plautius et contemporaine de Néron, dont Tacite rapporte (2) la conversion au christianisme en l'an 58. Le nom de Lucine revient souvent dans les annales des premiers siècles. On le retrouve dans l'histoire de chaque persécution, depuis les temps apostoliques jusqu’à ceux de Constantin. Il a été le sujet de confusions nombreuses et de beaucoup de discussions entre les hagiographes….

___________________________________________

(1).  Tusc. quæst., I, 7. — (1).  On a trouvé au même endroit, sur le Quirinal, un diplôme de bronze relatif à T. Pomponius Bassus, contemporain de Trajan, et la base d'une statue du Génie conservateur de la maison Pomponia Attica. — Roma sotterranea.) t. II, p. 362. — (2) Annal., XIII, 32. —  Cf. page 56.
Rome Souterraine, p. 181-3

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Message  Louis Lun 19 Jan - 17:31

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CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)

Il a été le sujet de confusions nombreuses et de beaucoup de discussions entre les hagiographes. M. de Rossi y voit une sorte d'agnomen chrétien, faisant allusion à l'illumination produite par le baptême (1). Il fut porté par beaucoup de dames romaines, que n'unissait entre elles aucun lien de parenté, et qui dans leurs familles, dans le monde païen qui les entourait, n'étaient connues que par leur nom légal. Lucine était peut-être le surnom chrétien de Pomponia Græcina, une des premières dames romaines que la lumière du Christ ait éclairées, et il est très-possible qu'elle ait ouvert, sous un de ses domaines, un cimetière pour ses parents et ses amis chrétiens. Quand, pour la première fois, M. de Rossi annonça cette conjecture, il le fit avec toute la prudence et la réserve imaginables.

« C'est une pure supposition, dit-il ; je n'en veux pas faire une thèse : peut-être mérite-t-elle à peine le nom de conjecture. Mais ces tâtonnements, ces efforts de l'esprit, qui se précipite en avant dès qu'il a vu briller une faible lueur au milieu des ténèbres, ont au moins un résultat : ils le surexcitent, ils tiennent son attention éveillée, aiguisée, prête à tirer profit des moindres indices, à saisir tout ce qui peut jeter un nouveau jour sur des faits historiques plutôt devinés qu'entrevus (1). »

M. de Rossi écrivait cela dans son premier volume en 1864. Dans le milieu du second, écrit en 1867, il revient sur le même sujet, à propos des épitaphes païennes de L. Pomponius et de Pomponius Bassus.

« Ma conjecture, dit-il, a été accueillie avec beaucoup de faveur; il ne faut pas, cependant, lui attribuer encore plus d'importance qu'elle ne mérite, mais attendre que des indices plus précis et de nouvelles découvertes monumentales lui viennent donner un fondement solide (2) . »

Le public avait été plus vite, en effet, que l'esprit scrupuleux de M. de Rossi. Une fois proposée, sa conjecture au sujet de Pomponia Græcina avait paru si naturelle, si vraisemblable, si heureuse, que l'opinion l'avait acceptée quand son auteur hésitait encore. On avait peine à croire que l'une des premières grandes dames romaines converties au christianisme, une Pomponia Græcina, fût demeurée étrangère à la création d'un cimetière chrétien peuplé pendant trois siècles par les Attici et les Cæcilii, et voisin des monuments païens d'un L. Pomponius et d'un Pomponius Bassus. Mais deux points demeuraient obscurs et empêchaient M. de Rossi de porter un jugement définitif. D'abord, on n'avait aucun indice de relations quelconques entre les Pomponii Græcini et les Pomponii Bassi; puis, si l'on avait les épitaphes de deux Pomponii, c'étaient des épitaphes païennes : on ne possédait l'épitaphe chrétienne ni d'un Pomponius Bassus ni d'un Pomponius Græcinus.

Revenant sur ce sujet à la fin du volume (3), M. de Rossi put annoncer enfin que cette double lacune est aujourd'hui comblée…


Rome souterraine. - Page 5 Page_142
Rome souterraine. - Page 5 Page_143

(1). Roma sotterranea. I, p. 319. — (2).lbid., t. II, p. 282. — (3). Ibid., t. II, p. 363.
Rome Souterraine, p. 184-185.

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Message  Louis Mar 20 Jan - 17:30

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)


…M. de Rossi put annoncer enfin que cette double lacune est aujourd'hui comblée. Il avait, dans l'intervalle, découvert dans le cimetière de Calliste deux épitaphes, l'une grecque, l'autre latine, d'un Pomponius Bassus, et, un peu plus loin, dans le même cimetière, il avait pu recomposer, en rapprochant plusieurs Rome souterraine. - Page 5 Page_144
Rome souterraine. - Page 5 Page_145

Nous compléterons ces notions généalogiques relatives à la crypte de Lucine, quand nous expliquerons pourquoi le pape Corneille fut enterré dans cette area, vers le milieu du IIIe siècle, au lieu de l'être dans la chapelle réservée aux papes. Les travaux auxquels donna lieu la sépulture de saint Corneille modifièrent notablement l'architecture intérieure de la crypte, amenèrent des excavations nouvelles et même des changements de niveaux.

Avant le IIIesiècle, la crypte de Lucine contenait déjà deux étages de galeries. L'étage supérieur ne représente pas, en étendue, la sixième partie de celui qui est creusé au-dessous de lui. Cette inégalité provient de la disposition des lieux. L'étage supérieur est peu profond, il ne s'enfonce qu'à cinq mètres au-dessous du sol extérieur, et comme le versant de la colline, à cet endroit, est très-rapide, ses galeries, si elles se prolongeaient un peu loin, courraient risque de déboucher en plein air. Les marques caractéristiques de la crypte de Lucine sont d'abord une certaine unité de plan dans la forme et la décoration des voûtes, puis la hauteur extraordinaire des galeries, et enfin l'existence assez fréquente de chambres étroites et carrées qui, au lieu de s'ouvrir l'une en face de l'autre de chaque côté d'une galerie, s'ouvrent l'une dans l'autre du même côté. La plupart de ces chambres sont ornées de peintures d'un très-ancien style. La forme du sepolcro a mensa (1) est très-usitée dans cette area; en revanche, celle de l'arcosolium y est très-rare: on n'y trouve que deux arcosolia, et les galeries dans lesquelles ils sont paraissent de construction plus récente que le reste de la crypte.

Vers le temps de Marc-Aurèle, dans la seconde moitié du IIe siècle…

___________________________________________________

(1). Voir page 41, figure 5.

Rome Souterraine, p. 185-7.

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Message  Louis Mer 21 Jan - 16:39

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)


Vers le temps de Marc-Aurèle, dans la seconde moitié du IIesiècle, une autre area fut donnée à l'Église, probablement par la gens Cæcilia. Cette area (III) est située sur le bord de la route joignant la voie Appienne à la voie Ardéatine, et se mesure par deux cent cinquante pieds sur cent. Elle renferme la chapelle des papes, la chapelle de Sainte-Cécile, et plusieurs cubicula d'une immense valeur au point de vue du dogme, de l'histoire et de l'art. Dans cette area, de même que dans la crypte de Lucine, les cubicula ne s'ouvrent pas en face les uns des autres, mais tous du même côté d'un vaste ambulacre. Plusieurs sont richement décorés, et renferment des peintures d'une haute antiquité et d'une extrême importance.

Cette area peut être considérée comme la première du cimetière de Calliste, puisque la crypte de Lucine formait originairement un cimetière séparé. On y rencontre beaucoup de tombes d'une forme particulière : ce sont des loculi n'ayant à l'entrée que la largeur ordinaire, et creusés à l'intérieur assez profondément pour pouvoir contenir un grand nombre de corps.

Une deuxième area (V), mesurant cent cinquante pieds in fronte sur vingt-cinq in agro fut construite peu de temps après celle-ci (première moitié du IIIe siècle) de l'autre côté de la voie Appio-Ardéatine. On y trouve de larges chambres s'ouvrant des deux côtés d'une même galerie, et éclairées, deux ensemble, par un même luminaire. Les arcosolia sont nombreux dans cette région; les cubicula y présentent peu de traces de peintures, mais il est facile de voir qu'à l'origine leurs parois intérieures étaient revêtues de marbres.

Une troisième area (VI), contiguë à la précédente, et limitée d'un côté par la voie Appio-Ardéatine et d'un autre par une voie qui se dirige vers les catacombes de Saint-Sébastien, parait avoir été donnée à l'Eglise vers la fin du IIIe siècle. Elle a exactement les mêmes dimensions que la deuxième. Le pape saint Eusèbe y fut enterré. La donatrice fut probablement Anatolia, fille de Fulvius Petronius Æmilianus, nommé consul en 249, et peut-être mort chrétien. Æmilianus avait des propriétés dans le voisinage de l'area (1). Dans l'area elle-même, on a trouvé des épitaphes de personnes appartenant à sa famille ou à sa dépendance, une Petronia clarissima femina, un Æmilianus Partenius, un Æmilianus, une Æmil... Enfin les martyrs…


________________________________________________

(1). On a trouvé, près du cimetière de Calliste, un tuyau de plomb, servant probablement à conduire l'eau dans un fond voisin, peut-être la propriété même dans laquelle fut délimitée l'area , et portant le nom de Fulvius Petronius Æmilianus. Ces conduits d'eau portent d'ordinaire le nom du propriétaire du fonds. C'est ainsi qu'on a découvert dans les fondements du palais de Latran un tuyau de plomb avec l'inscription Sexti Laterani, c'est-à-dire Sextus Lateranus, consul l'an 94, et premier propriétaire de ce palais. La célèbre villa des Quintilii, sur la voie Appienne, a été découverte en 1838, grâce à de nombreux tuyaux de plomb trouvés sur l'emplacement, et portant l'inscription Quintiliorum Condiani et Maximi. La maison de Livie, découverte récemment sur le Palatin, et dont tout le monde connaît les admirables peintures, a pu être désignée avec certitude à cause d'un tuyau de plomb trouvé dans un couloir souterrain, sur lequel on lit, de distance en distance, l'inscription suivante, imprimée en relief: Juliæ Aug. On sait qu'après la mort d'Auguste Livie prit le nom de Julia (Revue archéologique, mai 1870).

Rome Souterraine, p. 187-8.

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Message  Louis Jeu 22 Jan - 18:02

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)



Enfin les martyrs Calocerus et Partenius, tuteurs d'Anatolia, furent enterrés dans une crypte de cette même area, ornée d'une fresque qui représente deux martyrs ou confesseurs debout devant le tribunal d'un juge païen, allusion probable à leur histoire. Ce sont là autant d'indices qui paraissent dénoter la véritable origine de l'area. Parmi les caractères qui la distinguent, celui-ci mérite d'être noté : on y reconnaît un grand nombre de représentations déguisées de la croix, parmi lesquelles n'apparaît presque jamais le monogramme contemporain de Constantin.

Ceci correspond exactement à la date que nous attribuons à la troisième area, date clairement établie par les inscriptions et les épitaphes qu'elle renferme, toutes comprises entre la fin du IIIe siècle et les premières années du IVe. On rencontre au second étage trois chambres communiquant entre elles, et recevant l'air et le jour par un même luminaire. Ces chambres, qui se rapprochent, par leur disposition, de la célèbre basilique souterraine découverte par le P. Marchi dans le cimetière de Sainte-Agnès (1), servirent évidemment, comme elle, de lieux de réunion. On n'y voit, il est vrai, ni les bancs des prêtres, ni la chaire taillée dans le roc; il est probable qu'on se servait, dans le cimetière de Calliste, d'une chaire portative, soit en marbre, soit en quelque bois précieux.

A la fin du IIIe siècle appartient aussi le cimetière adjacent de Sainte-Soteris, composé de quatre vastes areæ (VII, VIII, IX, X) traversées au milieu par la voie Appio-Ardéatine. Sainte Soteris, vierge et martyre, à la famille de laquelle appartenait saint Ambroise, fut enterrée dans son propre cimetière, in cœmeterio suo, en 304. Nous avons vu dans les Itinéraires la mention d'une église élevée en son honneur dans le voisinage de Saint-Calliste. La troisième area de Saint-Calliste et la première de Sainte-Soteris se touchent l'une l'autre, et furent réunies par le prolongement de leurs galeries sous la route qui allait de la voie Appienne aux catacombes de Saint-Sébastien (2) .

Un autre cimetière voisin fut également réuni à celui de Saint-Calliste…

__________________________________________

(1). Voir page 43, figure 7. — (2). Les quatre aræ du cimetière de Sainte-Soteris n'ont pas encore été suffisamment explorées pour qu'il soit possible de les décrire en détail. M. de Rossi rapporte seulement que, dans la première area, tout est sur une échelle d'une grandeur extraordinaire : il n'est pas rare d'y rencontrer de doubles, triples ou même quadruples cubicula.


Rome Souterraine, p. 188-9.

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Message  Louis Ven 23 Jan - 16:59

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  II.

Distinction de ses différentes parties.

(SUITE)


Un autre cimetière voisin fut également réuni à celui de Saint-Calliste, le cimetière de Sainte-Balbine, placé par quelques Itinéraires sur la voie Appienne, par d'autres sur la voie Ardéatine, et qui occupait en réalité un espace compris entre ces deux voies. Bosio et Boldetti fixaient par erreur son emplacement là où fut depuis découvert le cimetière de Calliste. M. de Rossi, suivant ses guides ordinaires, était arrivé à désigner sa place véritable (3), mais il n'avait pu trouver encore de trace de ce cimetière. Son frère crut en découvrir un vestige dans un vieux bâtiment dont les ruines occupaient précisément remplacement présumé, et aux environs duquel le sol paraissait s'ouvrir en certaines places. Il descendit à grand'peine par ces fissures, mais ne put rien trouver qui répondît à l'objet de sa recherche.

A quelque temps de là, le sol, détrempé par des pluies abondantes, creva en une autre place, et M. Michel de Rossi, étant encore une fois descendu, put, le 13 février 1867, se promener pendant une heure et demie dans une nouvelle catacombe. Le manque d'argent n'a pas permis à la commission d'archéologie sacrée de poursuivre plus loin les investigations. M. de Rossi en vit assez, néanmoins, pour pouvoir dire aujourd'hui que les dimensions de la nécropole qui s'étend entre la voie Appienne et la voie Ardéatine sont presque doublées par cette découverte, et que les proportions de ce labyrinthe sépulcral sont tellement grandioses qu'elles surpassent ce qu'avait osé concevoir son imagination, accoutumée cependant aux surprises des découvertes souterraines. Non-seulement le cimetière de Balbine a des dimensions extraordinaires, mais encore il est creusé à plusieurs niveaux différents, il renferme des chambres nombreuses, vastes, éclairées par des luminaires contemporains de leur construction, et dépassant en grandeur et en perfection architecturale tout ce qui a été encore vu dans les catacombes.

M. de Rossi cite en particulier un luminaire qui n'est pas carré, mais hexagonal ou à peu près, et qui envoie dans les profondeurs du souterrain huit rayons de lumière. Deux de ces prises de jour éclairent deux grandes chambres rectangulaires, terminées chacune en abside; deux autres font pénétrer la lumière dans deux galeries adjacentes qui se croisent à angles droits ; les quatre autres communiquent avec quatre longs et étroits enfoncements, qui n'ont pu encore être explorés, mais qui se terminent sans doute par autant de cubicula. Ce groupe de chambres souterraines surpasse en ampleur et en régularité tout ce qui a été découvert jusqu'à ce jour. Le cimetière de Balbine fut considérablement agrandi par saint Marc, qui fut pape en 336, et y bâtit une basilique dans laquelle il fut enterré (1).


________________________________________________________

(3). Roma sotterranea, t. I, p. 265. — (1). Constantin y ajouta un fundus rosarius,  complété par le don d'un champ voisin. On a déjà vu ce que c'était que la rosatio et Ton sait que des fonds étaient souvent destinés spécialement aux dépenses du dies rosationis ou violationis. Le fundus rosarius donné par Constantin au cimetière de Balbine était sans doute entré, par une cause quelconque, en la possession du fisc. Constantin le rendit à sa destination funéraire en l'affectant à un cimetière chrétien. — Sur la découverte du cimetière de Balbine, voir Bullettino di archcologia cristiana, 1867, pp. 1-5, 30-32.

Rome Souterraine, p. 189-91
A suivre : Chapitre III. La crypte papale.

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Message  Louis Sam 24 Jan - 17:28

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CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.



SOMMAIRE. — I. Entrée de la crypte papale, — Graffiti sur les murs.— Trois sortes : 1° noms. — 2º Prières et acclamations. — 3° Invocation des martyrs. —Antiquité de ces graffiti. — II. Examen de la crypte papale. — Décorations successives. — Ancien autel. — Épitaphes originales de plusieurs papes du IIIe siècle. — Rareté des épitaphes d'évêques. — Grand soin apporté dans l'antiquité aux sépultures épiscopales. — Les corps des évêques morts hors de leur diocèse souvent rapportés de grandes distances. — Nombreux voyages d'évêques à Rome. — Quelques-uns y sont enterrés, — III.  Papes enterrés dans le cimetière de Calliste. — Zéphyrin. —  Urbain Ier. — Pontien. — Anteros.— Fabien : monogramme indiquant son martyre : martyr vindicatus. — Lucius : forme elliptique de son nom grec. — Eutychien. — Sixte II : martyrisé dans le cimetière de Prétextat, et enterré dans celui de Saint-Calliste. — Caius. — Traces de la persécution de Dioclétien. — Melchiade, le dernier pape enterré dans les catacombes. — IV. Restauration idéale de la crypte papale. — V. Inscriptions damasiennes : 1° inscription placée au-dessus de l'autel : Hic congesta, etc. —  Commentaire de cette inscription. — Grand nombre de martyrs mis à mort et enterrés ensemble. — Polyandres. — 2º Inscription placée au-dessus de la porte : liste des papes et des personnages enterrés dans la chapelle, restituée par M. de Rossi d'après d'anciens manuscrits.


En entrant dans la vigne sous laquelle gît le cimetière de Calliste, on arrive d'abord à la crypte de Lucine, contiguë à la voie Appienne. Nous la laisserons de côté pour le moment, et nous nous dirigerons vers un petit édifice à trois absides (V, C e 1) qui s'élève dans l'intérieur de l'enclos. Quel est cet édifice? Marangoni y voyait la basilique construite par saint Damase pour abriter sa sépulture, celle de sa mère et celle de sa sœur. Le P. Marchi crut y reconnaître l'église de Saint-Marc et de Saint-Marcellin, mentionnée dans les Itinéraires. Depuis la découverte du cimetière de Calliste, le nom qui lui appartient n'est plus douteux : c'est la cella memoriæ bâtie au IIIe siècle, probablement par le pape saint Fabien (1), au-dessus des tombeaux de saint Sixte et de sainte Cécile, et dans laquelle les pèlerins s'arrêtaient avant de descendre dans les cryptes où reposaient ces deux martyrs.

Descendant après eux par un ancien escalier récemment restauré (III, B e 2), qui s'ouvre à peu de distance de la cella, on est frappé du grand nombre de graffiti, ou inscriptions tracées à la pointe sur l'enduit des murailles, que l'on rencontre au bas des marches, et surtout à l'entrée de la première chapelle (B e 4).

L'étude de ces marques souvent grossières et informes laissées par les anciens visiteurs sur les murs des édifices publics est une des sources les plus fécondes où ait puisé l'archéologie moderne. Elle a recueilli avec soin, comme de précieux documents, les graffites découverts à Thèbes sur les tombes des anciens rois d'Égypte, tracés au charbon ou au stylet sur les murs des casernes ou des théâtres de Pompéi, des prisons et des caves de Rome païenne, ou dans les édifices ruinés du Palatin.

Les graffites laissés par les anciens pèlerins dans les galeries et les sanctuaires des catacombes romaines ont été déchiffrés par M. de Rossi, avec une patience qui tient du prodige. Il voit en eux « le fidèle écho de l'histoire, et d'infaillibles guides dans le labyrinthe des galeries souterraines. »

Par eux, en effet, on peut déterminer la route que suivaient, dans leur voyage souterrain, les pèlerins du IVe au IXe siècle, et la partie de catacombe qu'il leur était permis de visiter; et quand on lit, sur la porte d'un cubiculum, de ferventes prières, de pieuses et enthousiastes acclamations, le nom de quelque martyr, on est averti d'avance de l'approche d'un sanctuaire autrefois vénéré. Les graffites que l'on voit tracés au bas de l'escalier par lequel nous sommes descendus, et sur le mur extérieur de la première chapelle, de chaque côté de la porte, peuvent se diviser en trois classes. Les uns sont de simples noms, la signature du pèlerin, quelquefois son titre ; d'autres sont des souhaits, des prières, des salutations, des acclamations, se rapportant à des parents ou à des amis, vivants ou morts ; d'autres, enfin, sont des invocations adressées aux saints et aux martyrs vénérés dans la crypte.

Les graffites consistant en de simples noms…

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(1). Voir page 131.

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Message  Louis Dim 25 Jan - 17:03

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)


Les graffites consistant en de simples noms peuvent se diviser eux-mêmes en deux catégories. Les uns, tracés sur les enduits les plus anciens, et occupant la partie la plus accessible de la muraille, à la hauteur de la main, appartiennent à la nomenclature de l'âge classique, Elpidephorus, Tychis, Polyneicus. Maximus, Nikasius, etc. Les autres, tracés sur les enduits les plus récents, quelques-uns même, en petit nombre, relégués à une hauteur où la main peut difficilement atteindre, et gravés évidemment à une époque où le reste de la muraille était déjà couvert d'inscriptions, se composent de noms appartenant tous à la nomenclature du moyen âge, Prando pr. indignus peccator, Lupo, Hildebrand,  Ethelrid, etc.

Pêle-mêle avec les noms de la première catégorie on déchiffre, se croisant sur la muraille en un fouillis inextricable, des prières pour les amis absents ou morts, des acclamations, de pieux souhaits. Ces prières, ces acclamations, ces vœux ont presque tous la forme laconique et simple des premières épitaphes chrétiennes Rome souterraine. - Page 5 Page_149

Rien de plus naturel, de plus humain que ce sentiment qui pousse à écrire sur de saintes murailles, en des lieux vénérés, les noms, un souvenir de ceux que l'on aime. Les païens n'étaient pas étrangers à cette pieuse coutume. Sérapion, fils d'Aristomaque, visitant un des temples de l'île de Philæ, en Egypte, écrit sur la muraille que, « arrivé à la statue de la grande Isis, déesse de Philæ, il y veut laisser un souvenir de ses parents, pour leur bien (1). »

Les anciens voyageurs chrétiens approchant, non de sanctuaires fabuleux, mais des tombes de martyrs dont le sang était à peine séché, dont l'histoire était encore dans toutes les bouches, écrivaient avec plus de confiance encore, sous leur ombre protectrice, les noms de frères, d'amis et de parents, « pour leur bien. » C'est ainsi que les pèlerins du IIIe et du IVe siècle ont couvert d'inscriptions certaines murailles du cimetière de Calliste, de même qu'un pèlerin du VIe (2) , visitant Cana en Galilée, traçait les noms de ses parents dans le lieu même où le Seigneur avait été couché,   « in ipso accubitu. »

Nous pouvons, à quinze siècles de distance…


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(1). A l'exception de l'acclamation IN PACE, dont l'usage se prolongea plus longtemps, ces formules ne se trouvent sur aucune inscription funéraire romaine postérieure à Constantin. Sur les anneaux ou les ustensiles domestiques on les voit jusqu'à la fin du IVe siècle. —  (1).  Letronne, Inscr.  de l'Égypte, t. II, p. 28. —  (2).  Sur ce pèlerin, voir Bullettino di arch. crist, 1865, p. 82.

Rome Souterraine, p. 194-5.

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Message  Louis Lun 26 Jan - 16:49

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)


Nous pouvons, à quinze siècles de distance, suivre en quelque sorte à la trace, dans les galeries et les chambres du cimetière de Calliste, ou, comme on disait alors, de « la crypte de sainte Cécile et de saint Sixte, » un de ces pieux visiteurs. Il était venu là, le cœur plein du souvenir aimé d'une certaine Sophronie, — sa femme, ou sa sœur, ou sa mère.

Avant d'entrer dans le vestibule du principal sanctuaire (III, B e 4), il écrit : Sofronia, vibas... cum tuis, « Sophronie, puisses-tu vivre avec les tiens ! »

Un peu plus loin, sur la porte d'une autre chapelle (III, B e 7), il réitère le même souhait, mais en lui donnant une forme plus religieuse : Sofronia (vivas) in Domino, « Sophronie, puisses-tu vivre dans le Seigneur! »

Plus loin encore, près de l'arcosolium d'une autre chapelle (V, C f 2), la dernière que visitaient en ce temps-là les pèlerins, il trace en caractères plus larges, plus réguliers, en grandes lettres monumentales, cette tendre affirmation : Sofronia dulcis, semper VIVES Deo,  « ma douce Sophronie, tu vivras toujours en Dieu ; » et, immédiatement au-dessous, il répète encore, comme ne pouvant se détacher de cette pensée : Sofronia,  VIVES, « oui, Sophronie, tu vivras. »

Touchante histoire, retrouvée sur ces murailles, des sentiments qui se sont succédé dans l'âme de ce pèlerin pendant qu'il visitait l'un après l'autre les tombeaux des martyrs : d'abord le désir, l'amour, un souvenir fidèle, une tendre espérance, et bientôt, sous la pieuse impression des lieux saints, cette espérance se changeant en une douce confiance, se transformant en une certitude, s'affirmant en un cri de triomphe de l'amour illuminé par la foi.

De chaque côté de la porte de la principale chapelle…

Rome Souterraine, p. 195-6.

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Message  Louis Mar 27 Jan - 16:00

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)


De chaque côté de la porte de la principale chapelle on lit, mêlées aux noms des pèlerins et aux acclamations, de courtes prières adressées aux saints et aux martyrs. Quelquefois un pèlerin invoque tous les martyrs ensemble, et leur demande de se souvenir d'un frère, d'un ami. D'autres fois cette prière est adressée à un martyr en particulier, souvent à saint Sixte, un des saints enterrés dans la chapelle. et celui dont l'histoire s'y lisait gravée sur le marbre.

Rome souterraine. - Page 5 Page_150
Rome souterraine. - Page 5 Page_152

Ces courtes prières, simples et chaleureuses, portent avec elles comme un parfum des premiers âges…


Rome souterraine. - Page 5 Page_151

Rome Souterraine, p. 196-7.

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Message  Louis Mer 28 Jan - 16:46

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



Ces courtes prières, simples et chaleureuses, portent avec elles comme un parfum des premiers âges. Rien ne ressemble moins aux épitaphes à la fois sèches et verbeuses du IVe et du Ve siècle. Une de ces acclamations fait penser au vers d'Horace : Otium Divos rogat in patenti prensus Ægeo (1) . L'expression in mente habere a la même saveur d'antiquité. On la rencontre dans un graffite de Pompéi, sur deux épitaphes chrétiennes du IIIeet du IVesiècle (2), et saint Cyprien remploie dans une de ses lettres. « Souvenez-vous, dit-il, de nos frères et sœurs dans vos prières, » fratres nostros ac sorores in mente habeatis in orationibus vestris (3). Les pèlerins de Saint-Calliste adressaient aux saints du ciel la même prière que saint Cyprien à ceux de la terre, et peut-être à la même époque, ou peu de temps après. Une circonstance, en effet, fixe la date approximative de ces graffites : l'un d'eux, probablement le plus ancien de tous, puisqu'il fut tracé sur le plâtre encore frais, fait allusion à la translation des reliques du pape Pontien, qui eut lieu par les soins de Fabien vers 245 :

Rome souterraine. - Page 5 Page_154

Les plus anciens de ces graffites se placent donc entre 245 et 370, année où saint Damase fit à la porte de la chapelle des travaux considérables, qui mutilèrent, effacèrent, coupèrent par moitié plusieurs des phrases que les premiers pèlerins avaient écrites.

On lit à gauche de la porte une inscription…


Rome souterraine. - Page 5 Page_155

Rome Souterraine, p. 197.

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Message  Louis Jeu 29 Jan - 17:07

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



On lit à gauche de la porte une inscription d'un genre un peu différent, assez difficile à déchiffrer : c'est une acclamation, un salut, une invocation, non plus à un saint, mais à la chapelle elle-même, écrite par un pèlerin avant d'en franchir le seuil : Gerusale civitas et ornamentum martyrum Domini, cujus... : la phrase n'a pas été achevée.

Ce qui en reste suffit à faire entendre de quel enthousiasme se remplissait le cœur des pèlerins dès qu'ils approchaient de ce sanctuaire. L'idée exprimée ici est évidemment celle qui se rencontre fréquemment dans les livres saints et dans la littérature ecclésiastique (1) : l'Église triomphante comparée à la cité sainte, et célébrée comme une nouvelle Jérusalem. Le sanctuaire dont le pèlerin touchait le seuil, et devant lequel il s'arrêtait pour écrire d'une main frémissante une invocation que peut-être sa pieuse ardeur ne lui permit pas d'achever, était pour lui cette nouvelle Jérusalem, parée des reliques des martyrs et renfermant dans ses murailles les semences de la vie future.

La lecture de tous ces graffites, noms, acclamations, prières, suffirait seule à nous avertir que nous sommes devant un des plus célèbres sanctuaires de l'Église primitive. En franchissant la porte des deux côtés de laquelle ils sont tracés, on se trouve, en effet, dans la chapelle consacrée à la sépulture des papes du IIIe siècle. La première impression du visiteur moderne sera sans doute différente de celle que ressentaient les anciens pèlerins : il s'arrêtera un instant désappointé. Il croyait entrer dans une crypte du IIIeou du IVe siècle, et il se trouve dans une chambre dont presque toute la maçonnerie est moderne. Cette chambre est large de 3m, 5o et longue de 4m, 5o. Quand elle fut découverte en 1854, elle était complètement ruinée. On y pénétrait par le luminaire, qui avait servi à jeter dans la crypte abandonnée des pierres tombales (2), des briques, des débris de toute sorte. Elle en était remplie jusqu'au faîte. Quand on l'eut vidée, la voûte, longtemps soutenue par cet amas de décombres, s'écroula d'elle-même faute de support. Pour prévenir…

__________________________________________________________________

(1).  Psalm. CXXI ; Apoc., XXI, 2 ; Tertullian., De spectac., 30. Le même auteur parle du monde comme expressus in ornamentum majestatis Dei.Apolog., 17. —  (2).  Provenant de tombeaux construits à fleur de terre.

Rome Souterraine, p. 197-8.

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Message  Louis Ven 30 Jan - 17:23

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

La crypte papale.

(SUITE)



… Pour prévenir une ruine complète, il fallut construire de nouvelles murailles et consolider la chambre entière. De là cette apparence moderne qui refroidit un instant le visiteur. Les restaurations nécessaires ont cependant été faites avec le plus grand soin et une extrême discrétion. On a réussi à conserver de nombreux vestiges de la construction primitive et des décorations qui, à diverses époques, y avaient été ajoutées. Plusieurs fois, en effet, l'ornementation de la chapelle des papes fut renouvelée.

On en peut juger par les trois enduits successifs dont on voit encore les restes dans l'arc de la porte, l'un orné de grossières arabesques du VIIe ou VIIIe siècle, celui de dessous, presque entier visible après la chute d'une grande partie du premier, portant le monogramme du Christ, œuvre contemporaine de Sixte III ou de Damase, et enfin un troisième, encore apparent en diverses places sous celui-ci, décoré de larges bandes rouges.

Les murailles de la chambre avaient été, à l'origine, revêtues d'un stuc fin et blanc, orné de peintures, dont on voit encore dans un angle quelques vestiges. Ce premier revêtement fut, au Ve siècle, recouvert de larges plaques de marbre : quelques morceaux en sont demeurés adhérents aux murs, et de nombreux débris de marbres ont été trouvés gisants sur le sol de la crypte, pêle-mêle avec quelques fragments de sculptures, des chapiteaux, les restes d'une balustrade, deux colonnes brisées. La base d'une de ces colonnes est encore debout à sa place primitive, sur un beau piédestal de marbre africain. Ces débris appartiennent probablement, comme le revêtement de marbre, aux travaux que fit exécuter dans la crypte le pape Sixte III : Platoniam fecit in cœmeterio Callisti, dit de lui le Liber pontificalis.

Au fond de la chapelle, du côté opposé à la porte d'entrée, on aperçoit un degré ou gradin de marbre dans lequel quatre trous pratiqués régulièrement, et disposés en carré, indiquent l'existence, à une époque antérieure, d'un autel soutenu par quatre piliers. Derrière cette plate-forme on découvre, dans la muraille, les restes d'un grand tombeau surmonté d'une niche carrée (sepolcro a mensa) encore revêtue en partie d'un beau stuc blanc. Cette niche n'est pas simplement taillée dans le roc; elle est construite en excellente maçonnerie, comme l'arcosolium de la crypte de saint Janvier au cimetière de Prétextat. On peut fixer la date de ce tombeau au commencement du IIIesiècle, peut-être à la dernière moitié du IIe.

Les saints mystères furent originairement célébrés sur la table de pierre ou de marbre qui le fermait. Ce tombeau se trouva en partie bouché et englobé dans la muraille à la suite des travaux d'agrandissement faits par saint Damase dans la chapelle voisine, et des constructions de renfort qui devinrent nécessaires en même temps dans celle des papes. Le petit autel dont on reconnaît la place fut alors élevé sur un gradin de marbre, en avant de la muraille, et probablement la chaire épiscopale fut posée derrière lui, sur un degré un peu plus haut qui subsiste encore.

La cause de la vénération dont fut entourée cette chapelle…

Rome Souterraine, p. 199-200.

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Message  Louis Sam 31 Jan - 17:05

LIVRE  III


CIMETIÈRE DE CALLISTE  

CHAPITRE  III.

la crypte papale.

(SUITE)



Rome souterraine. - Page 5 Page_211

Ni Bosio, ni Fabretti, ni Boldetti, ni aucun des premiers explorateurs de Rome souterraine n'ont découvert une seule épitaphe portant le titre d'évêque (1). Le mot episcopus n'est pas une création, une expression originale de la langue ecclésiastique : il a été emprunté par elle à la langue civile et administrative. Chez les païens, il signifiait d'une façon générale inspecteur, surveillant, gouverneur : en Grèce, celui qui présidait à des combats d'athlètes ou à des jeux publics était appelé

Rome souterraine. - Page 5 Page_213
le président des hétéries ou phratries  portait quelquefois le même titre. Dans le Nouveau-Testament (1) le mot episcopus fut pris de bonne heure, par analogie, pour désigner les chefs de chaque église et le suprême degré du sacerdoce; mais, à cause du sens vague d'un mot qui signifiait à la fois la plus haute dignité de l'Église chrétienne et des emplois insignifiants dans la société antique, on évita d'abord de l'employer dans le langage officiel chrétien.

Aussi ne le voit-on pas sur la tombe des premiers papes, de saint Lin par exemple (2). Il ne reçut que peu à peu le sens exclusif et déterminé qu'il a aujourd'hui.

Au IIIesiècle, cette signification avait été fixée par l'usage : à partir de cette époque on le voit inscrit sur les tombes épiscopales.

Le cimetière de Saint-Alexandre, découvert il y a vingt ans sur la voie Nomentane, renferme trois épitaphes sur lesquelles est gravé le titre d'évêque.

La pierre tombale de saint Eusèbe, dans la troisième area du cimetière de Calliste, et celle de saint Corneille, dans la crypte de Lucine, l'un et l'autre pape et martyr, portent la même indication.

Enfin, dans la chapelle pontificale, sur les quatre épitaphes que nous venons de voir, l'abréviation


Rome souterraine. - Page 5 Page_215


est trois fois écrite, et il est probable que, si la pierre sépulcrale du pape Lucius n'était pas brisée immédiatement après le nom, on l'y pourrait lire également.

La présence de quatre tombes épiscopales réunies en un même lieu…

_______________________________________________________________

(1). Sur les épitaphes d'évêques dans les catacombes romaines, voir Bullettino di arch. crist. , 1864, p. 49.
Rome souterraine. - Page 5 Page_212
Voir page 98..

Rome Souterraine, p. 200-1.

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