Rome souterraine.
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Re: Rome souterraine.
LIVRE III
CIMETIÈRE DE CALLISTE
CHAPITRE III.
la crypte papale.
(SUITE)
CHAPITRE III.
la crypte papale.
(SUITE)
Dans l'atlas du deuxième volume de Roma sotterranea, M. de Rossi a publié une belle restauration de la crypte papale : nous donnons une réduction de son dessin, planche XV.Planche XV.
Que le lecteur veuille bien s'y reporter. Il verra que dans cette restauration rien n'est laissé au hasard. Une induction patiente et sûre, retrouvant la place primitive des débris encore subsistants, a pu reconstruire sur des indices presque toujours certains l'architecture intérieure de la chapelle.
Les deux inscriptions damasiennes que l'on aperçoit derrière l'autel ont été replacées au seul endroit que pouvaient comporter les dimensions inégales de l'une et de l'autre. L'autel a été rétabli sur le gradin de marbre dont nous avons parlé, et où sa place était marquée par les quatre petits trous des pilastres.
Derrière lui, sur le gradin un peu plus élevé qui subsiste encore, la place naturelle de la chaire était désignée par l'usage antique. L'emplacement de l'autel et de la chaire est entouré d'une balustrade, en partie pleine, en partie découpée à jour, et terminée à l'une de ses extrémités par un hermès à tête de femme; des débris de cette balustrade ont été trouvés sur le sol, avec l'hermès. et elle ne pouvait être placée ailleurs qu'autour de l'autel, et de manière à laisser le passage libre pour entrer dans la chapelle voisine.
Les parois des murailles sont figurées avec le revêtement de marbre que leur donna Sixte III ; les loculi sont fermés avec les pierres tombales des papes, retrouvées dans la chapelle. Dans les quatre niches encore visibles à ras de terre sont placés des tombeaux en forme de sarcophage, dont l'un, celui à droite de l'autel, porte dans le dessin de M. de Rossi le couvercle sur lequel a été lu le nom d'OTPBANOC (a). A droite de l'autel, encastrée dans le dallage de la chapelle, on aperçoit à travers les jours de la balustrade la pierre, encore située à sa place primitive, sur laquelle est inscrit le nom de AHMETPIC (b). A droite et à gauche de la chapelle, devant les deux niches les plus rapprochées de l'entrée, on voit deux tombeaux rectangulaires enveloppés dans un massif de maçonnerie revêtu de stuc; sur le couvercle de l'un est écrit Eusebio homini Dei, sur le couvercle de l'autre Gregorius Presb. L'un de ces tombeaux a été retrouvé entier, et la place de l'autre est encore visible, avec un pan de la maçonnerie qui l'entourait.
Ces tombeaux, construits apparemment au IVe siècle…
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(a) note de Louis : OTPBANOC signifie Urbanos ; voir Rome Souterraine, p. 205.
(b) note de Louis : AHMETPIC s’écrit avec comme première lettre un delta et le mot signifie Demetrius ; voir Rome Souterraine, p. 208.
Rome Souterraine, p. 214-15.
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Louis- Admin
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CHAPITRE III.
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Ces tombeaux, construits apparemment au IVe siècle, renfermèrent les restes de deux chrétiens illustres, peut-être deux confesseurs de la foi; le couvercle de l'un et de l'autre n'a pas été retrouvé, et M. de Rossi, sur la foi d'un ancien document (1), a suppléé hypothétiquement les deux inscriptions.
La décoration proprement dite de la chapelle papale se trouve ainsi rétablie dans notre dessin sur les données les plus certaines : on n'a guère fait que relever et remettre en place ce qui gisait à terre.
Ainsi la corniche, soutenue par des pilastres, qui surmonte les deux inscriptions damasiennes, à la hauteur de la naissance de la voûte, a été reconstituée d'après des débris parfaitement reconnaissables.
Les deux colonnes en spirales qui, vers le milieu de la chapelle, supportent une architrave de marbre, sont également rétablies aux places mêmes qu'indiquait la base de l'une d'elles, retrouvée encore debout ; leurs troncs ont été découverts lorsqu'on a déblayé le sol de la crypte.
L'architrave que l'on voit suspendue à une grande distance de la voûte et ne supportant rien paraît au premier abord assez singulière. Elle faisait partie, cependant, de la décoration habituelle des chambres funéraires des martyrs. On s'en servait en guise de ciborium pour suspendre des lampes et des draperies (2). Elle est ainsi figurée dans plusieurs médailles de dévotion (1), remontant aux premiers siècles, et représentant des sanctuaires célèbres, sur un vetro publié par le P. Garucci (2), et aujourd'hui conservé au Musée Britannique, et sur une pierre tombale autrefois au Musée du Vatican, maintenant au Musée chrétien de Latran.
Deux inscriptions damasiennes décoraient la chambre funéraire des papes…
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(1). Voir Roma sotterranea, t. II, p. 108-112, la critique des actes apocryphes du prêtre Eusèbe, et la réfutation des calomnies qu'ils font peser sur la mémoire du pape Libère. — (2). Dans un cubiculum voisin (B e 7) on remarque, autour de la place présumée de l'autel portatif, quatre corniches allongées et sortant de la muraille, qui servaient probablement à suspendre des lampes ou attacher des rideaux. Ces rideaux voilaient habituellement l'autel pendant une partie du saint sacrifice; on les ouvrait vers l'élévation. « Lorsque l'hostie céleste est sur l'autel, que Jésus-Christ, la brebis royale, est immolée, lorsque vous entendez prononcer ces paroles: Prions tous ensemble le Seigneur, lorsque vous voyez que l'on tire les voiles et les rideaux de l'autel, imaginez-vous que vous contemplez le ciel qui s'ouvre et les anges qui descendent sur la terre. » (Saint Jean Chrysostome, homélie III, in c. I. Epist. ad Ephes.) Cette citation est empruntée au Dictionnaire des antiquités chrétiennes de M. l'abbé Martigny, Vº Ciborium. — (1). Voir Bullettino di arch. crist., mai et juin 1869, la médaille portant pour légende Successa vivas, et celle inscrite Gaudentianus ( tav., nos 5, 8 ). — (2). Garrucci, Vetri, 2e ediz., tav. xxxix, nº 10.
Rome Souterraine, p. 215-16.
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Louis- Admin
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Deux inscriptions damasiennes décoraient la chambre funéraire des papes : l'une, dont on a découvert deux petits fragments, et qui est figurée dans notre dessin au fond de la chapelle, derrière la chaire épiscopale; l'autre, dont la presque totalité a été retrouvée, et que nous avons représentée immédiatement au-dessus. Le texte de la première a été cité plus haut, et donne une relation poétique du martyre de saint Sixte. Celui de la seconde mérite une notice à part (3) : il résume non-seulement toute l'histoire de la chapelle, mais en quelque sorte toute celle du cimetière de Calliste.
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Le premier vers de ce noble poëme fait allusion à un grand nombre de martyrs enterrés ensemble, congesta turba piorum. Des polyandres, ou tombes consacrées à des centaines, peut-être à des milliers de corps, s'ouvraient en plusieurs parties des catacombes. Ces tombes étaient toujours anonymes, remplies de martyrs quorum nomina scit Omnipotens, selon l'expression du pape Pascal. Un simple chiffre indiquait le nombre des martyrs enterrés dans les polyandres, congestis acervis, dit Prudence, employant le même mot dont s'était servi Damase. Prudence met en scène, dans son Peristephanon un ami qui le questionne sur ceux qui versèrent à Rome leur sang pour la foi, et demande à voir leurs épitaphes. Ce serait difficile, répond le poëte, car à Rome les reliques des martyrs sont innombrables. Tant que Rome adora les dieux du paganisme, leur rage maudite fit périr une multitude de justes. Sur beaucoup de tombes, ajoute-t-il, vous pouvez lire le nom du martyr et une courte inscription ; mais beaucoup d'autres taisent les noms de ceux qu'elles contiennent, et ne disent que leur nombre. « Sur les tombes muettes une tablette de marbre porte un chiffre écrit : je me rappelle avoir lu que sous une seule pierre soixante personnes reposaient (1). »
Les martyrologes et les…
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(3). Voir, planche XI, le fac-similé de cette inscription. — (1) Peristeph., XI, 9 et sq.Planche XI
Rome Souterraine, p. 216-17.
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Les martyrologes et les légendes indiquent quatre groupes de martyrs enterrés ensemble dans le voisinage de saint Sixte et de sainte Cécile : un de vingt-sept, un de quarante-huit, un de huit cent quatre-vingts, un de quatre mille. D'autres documents disent quatre-vingts au lieu de huit cent quatre-vingts, et citent en termes généraux plusieurs milliers de martyrs (1). On n'a encore retrouvé aucune de ces pierres portant un chiffre dont parle Prudence ; mais M. de Rossi croit reconnaître dans une fosse profonde qui s'ouvre sous la niche à gauche de l'autel dans la chapelle papale, et n'est séparée de la chambre voisine et du tombeau de sainte Cécile que par une mince paroi, le polyandre célèbre où reposaient, selon d'anciens documents, une multitude innombrable de martyrs enterrés ad sanctam Cæciliam ou ad sanctum Xystum.
La loi romaine ne reculait pas devant la barbarie d'exécutions en masse, et cela ne doit pas surprendre dans un pays où l'on décimait les légions mutinées ou malheureuses, et où tous les esclaves d'un maître assassiné étaient conduits au supplice, même si un seul était coupable. Tacite a raconté (1) la discussion qui s'éleva au sénat romain à propos de l'assassinat de Pedanius Secundus. Il possédait quatre cents esclaves, et l'innocence de la plupart d'entre eux était notoire. La loi exigeait qu'ils mourussent tous. A la vue d'un aussi grand nombre de malheureux traînés au supplice, le peuple s'émut. L'affaire fut discutée dans le sénat; quelques sénateurs parlèrent de pitié. La majorité du sénat déclara que la loi devait suivre son cours (nihil mutandum), et, le peuple menaçant de s'insurger, les quatre cents esclaves furent menés à la mort entre deux haies de soldats. Tacite nous a conservé le discours d'un des principaux orateurs : …
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(1). Ann. XlV, 42-45.
Rome Souterraine, p. 218-19.
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Tacite nous a conservé le discours d'un des principaux orateurs : les arguments qu'il emploie sont les mêmes dont se servaient sans doute, au IIe ou au IIIe siècle, les adversaires des chrétiens demandant aux empereurs de nouveaux édits de persécution.
« Nous avons au milieu de nous, disait Cassius, des nations entières qui ont d'autres rites, d'autres cérémonies, qui suivent des religions étrangères, ou qui n'ont même aucune religion ; il est impossible de maintenir dans l'obéissance un tel ramas d'hommes, colluviem istam, si on ne les gouverne par la terreur. Quelques innocents, il est vrai, périront peut-être avec les coupables. Mais, toutes les fois qu'il est nécessaire de donner pour le bien public un éclatant exemple de sévérité, il faut se résigner à frapper injustement des innocents. »
Telle était la politique romaine, et Tacite n'est pas seul à nous la montrer en action. Lactance ou l'auteur, quel qu'il soit, du traité sur la mort des persécuteurs nous apprend que, si les chrétiens condamnés à mort étaient trop nombreux, on n'exécutait pas isolément chacun d'eux, mais on les entourait de feux, et on les brûlait par troupes, gregatim amburebantur(2).
Cela nous explique comment les restes d'un grand nombre de martyrs pouvaient être renfermés dans un même tombeau.
L'inscription damasienne parle ensuite des compagnons de saint Sixte, hic comites Xysti portant qui ex hoste tropæa. Six membres du clergé romain périrent en même temps que saint Sixte : deux d'entre eux furent déposés au cimetière de Prétextat, et les quatre autres dans celui de Saint-Calliste. Puis vient la longue liste des papes dont les tombeaux gardent l'autel du Christ, numerus procerum servat qui altaria Christi. Dans « le pontife qui vécut en une longue paix, » longa vixit qui in pace sacerdos, on reconnaît saint Melchiade, le premier pape qui ait gouverné l'Église après la fin des persécutions. Les « confesseurs envoyés par la Grèce, » confessores sancti quos Græcia misit, sont énumérés dans les divers martyrologes : ils s'appelaient Hippolyte, Adrias, Marie, Neo et Pauline. Quant aux autres martyrs dont parle l'inscription, ces jeunes gens et ces vieillards, cette chaste génération de vierges, leurs noms sont écrits au livre de vie, et rien ne reste d'eux sur la terre, pas même un souvenir historique.
Saint Damase n'est pas le seul pape…
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(2). De mort, pers., 15.
Rome Souterraine, p. 219-20.
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Saint Damase n'est pas le seul pape qui ait orné d'inscriptions commémoratives la crypte pontificale. Le Liber pontificalis dit de Sixte III, dont nous avons déjà rappelé les travaux, que platoniam fecit in cœmeterio Callisti, ubi nomina episcoporum et martyrum scripsit commemorans, c'est-à-dire qu'il fit poser dans le cimetière de Calliste, ou, selon la formule habituelle, dans la chambre principale de ce cimetière, un large revêtement de marbre (platonia) sur lequel furent inscrits les noms des évêques et des martyrs qui y étaient enterrés.
M. de Rossi, cherchant dans la chapelle des papes la place de l'inscription de Sixte III, remarqua sur la paroi intérieure opposée à l'autel et aux inscriptions damasiennes, au-dessus de la porte d'entrée, un emplacement oblong parfaitement reconnaissable à la rainure qu'y avait laissée une table de pierre ou de marbre autrefois fixée dans la muraille. Il n'était pas difficile d'y reconnaître le lieu où avait été posée l'inscription de Sixte III.
Mais que contenait-elle ? quels noms y étaient inscrits ? dans quel ordre et dans quelle forme étaient-ils disposés?
Grâce à sa merveilleuse connaissance de toutes les anciennes sources, M. de Rossi est venu à bout de recomposer, sinon avec une certitude absolue, au moins avec une vraisemblance poussée aussi loin que possible, la teneur d'une inscription dont il ne reste plus une seule lettre. Dans un de ces recueils épigraphiques du VIIIe ou IXe siècle qui ont conservé à la science moderne tant de précieux documents, on remarque, à la suite d'une copie de la grande inscription damasienne Hic congesta jacet, etc., une liste de noms appartenant tous à des évêques et à des martyrs enterrés dans le cimetière de Calliste. Où a-t-elle été copiée? probablement sur quelque autre inscription de la crypte papale, et laquelle ? sans doute la platonia de Sixte III. Or, dans les divers manuscrits du Martyrologium Hieronymianum, on lit, sous la date du 9 août, une suite de noms étrangement défigurés (1) qui se rapproche tout à fait de cette liste.
On sait que le Martyrologium Hieronymianum est un composé de martyrologes plus anciens, et, parmi ceux-ci, il a beaucoup emprunté à un vieux recueil où entre autres choses étaient indiquées les dédicaces des basiliques construites et consacrées par les papes du Ve siècle. En particulier celles construites ou dédiées par Sixte III y sont notées avec le plus grand soin. Ces mentions sont en parfait accord avec le récit du Liber pontificalis. D'après lui, Sixte III dédia la basilique de Sainte-Marie-Majeure et celle de Saint-Laurent ; dans le Martyrologium Hieronymianum on trouve la mention de la dédicace de Sainte-Marie-Majeure à la date du 5 août, et de celle de Saint-Laurent à la date du 2 novembre.
Le Liber pontificalis…
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Rome Souterraine, p. 221.
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Louis- Admin
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Le Liber pontificalisrapporte également que Sixte III termina la décoration intérieure du baptistère de Constantin ; le Martyrologium Hieronymianum indique la dédicace de ce baptistère à la date du 29 juin. Le Liber pontificalis ajoute, comme nous l'avons vu, que le même pape fit graver sur le marbre dans le cimetière de Calliste les noms des évêques et des martyrs qui y étaient enterrés ; or nous trouvons dans le Martyrologium, sous la date du 9 août, la liste incorrecte dont nous avons parlé, désignant des saints dont les natalitia ne tombaient pas ce jour-là, et se rapprochant tout à fait de la liste copiée par le collecteur d'inscriptions à la suite du poëme épigraphique de saint Damase. Il est probable que l'antique martyrologe auquel les manuscrits hiéronymiens ont emprunté la mémoire des diverses dédicaces rapportait sous la date du 9 août celle des travaux faits par Sixte III dans la crypte papale, et donnait le texte de l'inscription posée par ce pontife. La liste inexplicable jusque-là du Martyrologium Hieronymianum n'en serait qu'une copie défigurée, empruntée à un martyrologe plus ancien, de même que les noms rapportés par le recueil épigraphique ne seraient qu'une copie prise dans un ordre plus ou moins exact sur les lieux mêmes.
A l'aide de ces deux documents, le recueil épigraphique et le Martyrologium Hieronymianum, M. de Rossi a pu recomposer conjecturalement le catalogue de martyrs gravé par les soins de Sixte III sur la plaque de marbre qui surmontait à l'intérieur la porte de la chapelle. Des observations très-minutieuses lui ont permis d'affirmer que les noms y étaient écrits sur quatre colonnes, disposition tout à fait en rapport, du reste, avec la forme oblongue de la tablette. La première colonne comprenait les noms des martyrs les plus illustres tant de la crypte que du cimetière entier, les trois autres comprenaient les noms des autres papes et des évêques étrangers enterrés avec eux.
Nous ne pouvons donner ici que les résultats du travail de M. de Rossi : ceux qui voudront étudier dans tous ses détails cette merveilleuse restitution archéologique devront se reporter au chapitre dans lequel il développe, avec une érudition et une clarté admirables, l'ensemble des arguments et des preuves qui lui ont permis de la proposer. Voici, d'après sa conjecture, le texte de l'inscription (1) : le nom de Zéphyrin n'y figure pas, parce que, bien avant Sixte III, du temps de saint Damase, son corps avait été transféré de la crypte dans . une chapelle située au-dessus de terre :
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(1). Les deux dernières lignes sont certainement fort hypothétiques, et dans cette restitution manque une partie essentielle, le nom de l'auteur de l'inscription, Sixte III. » Roma sotterranea, t. II, p. 48.
Rome Souterraine, p. 222-3.
A suivre : Chapitre IV. Crypte de sainte Cécile.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
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La crypte de sainte Cécile.
SOMMAIRE. — Chapelle de Sainte-Cécile. — I. Histoire de sainte Cécile. — Translation de ses reliques par Pascal Ier, en 821. — Leur découverte en 1579. — Corps des saints Tiburtius, Valerianus et Maximus, découverts en même temps: plumbatæ. — II. Examen critique de la crypte. — Fouilles exécutées par M. de Rossi. — Peintures du luminaire — et de la muraille. — Restes de mosaïques et de marbres. — Emplacement de la tombe primitive de sainte Cécile — démontré par les inscriptions — et par les graffiti de la chapelle. — Critique et correction des actes de sainte Cécile. — Rectification de la date assignée à son martyre. — Quel est l'évêque Urbain nommé par les actes? — Exagérations corrigées. — III. Saints peints dans le luminaire.
Un étroit passage, assez irrégulièrement taillé dans le roc à gauche de l'autel de la chapelle papale, conduit dans la chapelle voisine, celle de Sainte-Cécile (B e 5). Les deux côtés de ce couloir furent autrefois revêtus de plaques de marbre, dont l'empreinte se voit encore sur les joints de la maçonnerie ; dans la voûte on distingue les creux de quelques cubes de mosaïque. Ce passage débouche dans une vaste chambre formant un carré de six mètres de chaque côté, inondée de lumière par un grand lucernaire orné de peintures, et ouvrant elle-même sur un large portique soutenu par des arches en briques. On ne voit dans cette chambre ni tombe a mensa, ni gradin d'autel, ni épitaphes de morts célèbres ou inscriptions en l'honneur des martyrs ; les fresques du luminaire et d'une des murailles n'appartiennent pas à l'âge classique de la peinture chrétienne, et elles disent peu de chose au visiteur qui n'est pas encore initié aux principaux faits de la vie de sainte Cécile.
Avant d'étudier la crypte elle-même, il est nécessaire de dire quelques mots de celle qui y reposa. Les découvertes modernes l'ont bien vengée du scepticisme ou de la prudence excessive de Tillemont : on sait aujourd'hui que sainte Cécile n'est ni un mythe, ni une martyre venue de Sicile, mais une vraie Romaine, du plus pur sang romain ; sa noble et gracieuse figure est décidément sortie des brumes de la légende pour entrer dans le plein jour de l'histoire.
On sait également que sainte Cécile n'a pas été enterrée dans la catacombe de Saint-Sébastien, comme le dit une inscription du XVe siècle, mais bien dans la première area du cimetière de Calliste, tout près de la chapelle des papes. Une rapide esquisse de sa vie aidera à comprendre l'importance des découvertes archéologiques relatives à la jeune sainte et à son tombeau. Les actes de son martyre, dans l'état où ils sont venus jusqu'à nous, ne peuvent remonter plus haut que le Ve siècle. On sait que, sur un fond et d'après des documents plus anciens, l'auteur des actes a brodé un récit où la légende entre pour une assez grande part, et dont les compilateurs ou copistes postérieurs ont encore augmenté la tendance à l'amplification et à la rhétorique. Sous ce tissu relativement récent, la critique moderne, sûre et prudente cette fois, a découvert le canevas antique qui lui sert de support, et elle a démontré que, malgré les additions qui les surchargent, les actes de sainte Cécile sont vrais dans leurs lignes principales, et souvent exacts dans une foule de petits détails qu'un témoin contemporain a seul pu recueillir, et que les compilateurs n'ont pas altérés.
Racontons d'abord ici l'histoire de sainte Cécile dans sa forme populaire et…
Rome Souterraine, p. 224-5.
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Racontons d'abord ici l'histoire de sainte Cécile dans sa forme populaire et traditionnelle ; nous y corrigerons ensuite quelques erreurs, et retranchant un peu, ajoutant un peu aussi, nous rétablirons la figure historique de la célèbre martyre.
Sainte Cécile était de noble race : elle appartenait à une famille sénatoriale. Le langage de ses actes est, sous ce rapport, d'une précision toute romaine; ils se servent des termes techniques qui caractérisaient son rang : ingenua, nobilis, clarissima. Dès sa plus tendre enfance, ab ipsis cunabulis, elle avait été élevée dans la foi chrétienne, que sa mère professait probablement. Son père était ou un païen ou un chrétien assez tiède, car il la donna en mariage à un jeune patricien des plus nobles vertus et du plus aimable caractère, mais attaché au culte des faux dieux, qui se nommait Valérien. Sainte Cécile s'était depuis longtemps consacrée au service du Christ, et lui avait voué sa virginité.
Le jour de son mariage, elle persuada à son époux d'aller rendre visite au pape Urbain, qui se tenait caché dans un cimetière de la voie Appienne ; il convertit Valérien au christianisme, et le baptisa. Tiburtius, son frère, se convertit également, et reçut le baptême. Tous deux furent condamnés à mort pour avoir refusé de sacrifier aux dieux, et l'officier qui présidait à l'exécution, nommé Maxime, fut si touché de leur constance qu'il se convertit sur-le-champ, et partagea leur supplice. Les trois martyrs furent enterrés dans le cimetière de Prétextat, où les anciens Itinéraires ont noté leurs tombeaux.
Cécile vivait encore : le préfet de la ville, Amachius, voulant rendre son supplice aussi secret que possible, ordonna qu'elle fût enfermée dans le caldarium ou chambre des bains chauds de son propre palais, et fit chauffer les conduits de vapeur à une telle température qu'elle devait mourir suffoquée. Cécile entra dans la chambre : l'hypocauste avait été chauffé « sept fois plus que de coutume. » Elle y demeura un jour et une nuit; ce temps écoulé, on la retrouva vivante : la vapeur l'avait respectée comme la flamme respecta jadis les trois enfants hébreux dans la fournaise. « Le feu, disent les actes, n'eut aucun pouvoir sur son corps ; pas un cheveu de sa tête ne brûla, ses vêtements ne furent pas atteints, et l'odeur de la flamme ne vint pas jusqu'à elle. » La vapeur qui l'entourait n'avait laissé ni moiteur sur son front ni lassitude dans ses membres ; elle était aussi fraîche, aussi souple, aussi vigoureuse que la veille.
Cette nouvelle inattendue fut portée au…
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Cette nouvelle inattendue fut portée au préfet : il envoya alors un de ses licteurs avec ordre de lui trancher la tête. Celui-ci trouva Cécile dans la chambre qui avait été le témoin de sa victoire, et se mit en mesure de remplir son office. Trois fois la hache s'abattit sur ce cou délicat, trois fois elle reçut une profonde et mortelle blessure ; mais, soit que la vue d'une victime si jeune et si noble eût attendri le cœur du bourreau, soit que sa main eût été retenue chaque fois par une force surnaturelle, il ne put venir à bout de son œuvre, et, comme la loi romaine ne permettait pas à l'exécuteur de frapper plus de trois coups, il se retira la laissant encore vivante, baignée dans son sang.
La porte de la chambre fut alors ouverte, et les chrétiens de la maison et du voisinage entrèrent en foule pour recueillir le dernier soupir sur les lèvres de la vierge mourante. Ils la trouvèrent étendue sur le pavé de marbre, et attendant avec paix le dernier moment. Les fidèles l'entourèrent alors comme une couronne, et, pendant qu'ils trempaient des linges dans le sang de la vierge, elle parlait à tous, mesurant ses paroles aux besoins de chacun.
Pendant deux jours et deux nuits elle vécut ainsi, suspendue pour ainsi dire entre la vie et la mort; et, le matin du troisième jour, le pape Urbain (nous suivons toujours le récit des actes) vint pour dire adieu à sa fille bien-aimée. « J'ai prié, dit-elle, pour ne pas mourir durant ces trois jours, afin que je puisse recommander à Votre Béatitude (c'était le titre qu'on donnait alors aux papes, comme nous disons aujourd'hui Votre Sainteté) les pauvres que j'ai toujours nourris et vous faire don de cette maison, pour qu'elle devienne et demeure toujours une église. » Dès que l'évêque eut accédé à la demande de la mourante, et l'eut bénie, elle tourna sa face vers le sol, et, laissant doucement ses bras et ses mains jointes glisser vers son côté droit, elle exhala son âme virginale, et passa en la présence de Dieu. Le soir même son corps fut placé dans un cercueil de bois de cyprès (1) ; on lui conserva l'attitude qu'elle avait prise en mourant. Urbain et ses diacres la transportèrent hors de la ville, dans le cimetière de Calliste; là, le pape l'enterra dans une chambre « près de ses collègues évêques et martyrs. »
Telle est la légende du martyre de sainte Cécile…
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(1) L'emploi d'un cercueil était très-rare chez les premiers chrétiens, au moins pour ceux enterrés dans les catacombes ; cependant, de sérieuses raisons établissent que le corps de sainte Cécile fut, dès l'origine, déposé dans un cercueil. — V. Dom Guéranger, Hist. de sainte Cécile, 2e édit., p. 313, 314.
Rome Souterraine, p. 227-8.
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Re: Rome souterraine.
LIVRE III
CIMETIÈRE DE CALLISTE
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Telle est la légende du martyre de sainte Cécile. L'histoire de la translation de ses reliques n'est pas moins gracieuse, et a trait directement à notre sujet. Le pape Pascal Ier monta sur le siège de saint Pierre en janvier 817. Au mois de juillet de la même année il transporta en diverses églises de Rome les reliques de deux mille trois cents martyrs recueillies dans les cimetières ruinés, dirutis in cryptis jacentia. Parmi les reliques ainsi transportées figuraient celles des pontifes qui reposaient dans la chapelle du cimetière de Calliste. Pascal, raconte le Liber pontificalis dans un texte contemporain de ce pape, avait désiré enlever en même temps les restes de sainte Cécile; mais il ne put découvrir la tombe de la martyre.
Après de longues et infructueuses recherches, il se persuada qu'Astolphe, roi des Lombards, avait pillé son tombeau avec beaucoup d'autres des cimetières souterrains.
Quatre ans après, raconte M. de Rossi, traduisant avec beaucoup de charme le récit de Pascal lui-même, « le pontife était assis sur son trône, à l'aube du jour, dans la basilique Vaticane : fatigué, il s'était doucement assoupi au chant des mélodies matutinales : une gracieuse vision se présenta tout à coup devant lui (1). » Songe ou vision, sainte Cécile apparut alors à Pascal endormi, et lui dit que, pendant qu'il enlevait de leurs tombes les reliques des papes, elle était si près de lui qu'ils auraient pu converser ensemble.
A la suite de cette vision il recommença ses recherches, et trouva le corps de la sainte à l'endroit indiqué. Il était aussi frais et aussi intact que le jour où il avait été mis au tombeau ; la martyre portait des vêtements tissés d'or ; des linges tachés de sang étaient roulés à ses pieds; elle était couchée dans un cercueil en bois de cyprès. Pascal leva de ses propres mains la précieuse dépouille, et la transporta, sans rien changer à sa pose première, dans l'église de Sainte-Cécile in Transtevere; il orna le cercueil de franges de soie, jeta un voile de gaze de soie sur le corps, et déposa la sainte sous le maître-autel, dans un sarcophage de marbre blanc, peut-être celui où elle avait reposé depuis son martyre.
Huit cents ans plus tard (1599) le cardinal Sfondrati, du titre de Sainte-Cécile, fit faire des travaux considérables dans cette église. En creusant dans le sanctuaire, on découvrit sous l'autel un vaste caveau. Deux sarcophages de marbre s'y trouvaient. Des témoins furent appelés, et en leur présence on ouvrit l'un de ces sarcophages. Il contenait un cercueil en bois de cyprès. Le cardinal enleva lui-même le couvercle du cercueil. D'abord apparurent les précieuses étoffes et la gaze de soie dont Pascal avait recouvert le corps huit siècles auparavant. Leurs couleurs étaient fanées, mais à travers les plis transparents on voyait briller l'or des robes que portait la martyre. Le cardinal demeura un instant immobile; puis il écarta doucement les voiles de soie, et le corps de la vierge apparut, dans l'attitude qu'elle avait prise lorsqu'elle exhala son dernier soupir, la tête tournée vers le pavé de la chambre, dans la maison même depuis transformée en église où se tenaient le cardinal et les autres témoins de cette scène. Ni Urbain ni Pascal…
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(1). Cette vision forme le sujet d'une ancienne fresque, dont quelques fragments sont encore visibles dans l'église de Sainte-Cécile in Transtevere.
Rome Souterraine, p. 228-9.
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CIMETIÈRE DE CALLISTE
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Ni Urbain ni Pascal n'avaient voulu changer la touchante et gracieuse attitude de la vierge morte. Elle portait encore ses robes tissées d'or sur lesquelles brillaient comme autant de pierres précieuses de larges taches de sang. A ses pieds étaient roulés les linges mentionnés par Pascal et par le continuateur du Liber pontificalis. Couchée sur le côté droit, ses deux bras étendus devant elle, elle semblait dormir profondément. Sa tête était tournée, avec une grâce exquise, vers le fond du cercueil; ses genoux, rapprochés l'un de l'autre, étaient légèrement pliés. Le corps était parfaitement intact ; après treize cents ans il avait conservé, par un prodige admirable, non-seulement l'attitude qu'il avait prise en mourant, mais la grâce et la modestie qui avaient paru jusque dans son dernier soupir ; on avait sous les yeux Cécile elle-même, telle qu'elle fut lorsque, penchée sur le pavé de sa maison, elle exhala son âme (1).
La constante tradition de l'Église pouvait-elle être mieux vengée ? Les catholiques, alors si violemment attaqués dans leur discipline et leurs dogmes, pouvaient-ils contempler un plus consolant spectacle ? Pouvait-on voir un plus frappant et plus vivant commentaire de la promesse divine : « Le Seigneur garde tous les os de ses serviteurs ; pas un seul ne sera perdu (2) ? » L'annonce de cette découverte inattendue causa dans Rome une sensation profonde.
Clément VIII, en ce moment malade à Frascati, envoya le cardinal Baronius avec mission d'examiner soigneusement les précieux restes. Baronius et Bosio (3) ont décrit l'un et l'autre le spectacle dont ils furent témoins. Pendant quatre ou cinq semaines Rome entière vint vénérer le corps de la sainte exposée dans son église, et satisfaire à la fois sa curiosité et sa dévotion. Le jour de Sainte-Cécile, la tombe fut refermée en présence du pape, qui célébra la messe. Le cardinal Sfondrati…
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(1) En 1853, M. de Rossi assista avec le P. Marchi à la translation d'un corps trouvé dans un sépulcre à ciel ouvert, sur le quatrième mille de la voie Appienne nouvelle. C'était un squelette de femme étendu sur une longue table de marbre soutenue dans l'intérieur du sarcophage par des branches de fer. On souleva le lit de marbre, et le corps put être porté dans une église située à deux milles du lieu de la découverte, sans qu'un seul ossement eût été ébranlé. « Je regrette, dit M. de Rossi, que les savants chargés d'étudier anatomiquement le squelette l'aient entièrement défait ; j'aurais voulu le conserver intact et le mettre sous verre, afin que l'on pût voir par un exemple comment le pape Pascal, levant du sarcophage le cercueil de bois, put transporter sans secousse de la voie Appienne jusqu'au Transtevère la dépouille mortelle de sainte Cécile. » Roma sotterranea, t. II, p. 125-127. — (2). Psalm. xxxiii, 21. — (3). Baronius, Annal., ad ann. 821, XV, XVI; Bosio, Hist. passionis S. Cæciliæ. 155, 170.
Rome Souterraine, p. 229-30.
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CIMETIÈRE DE CALLISTE
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Le cardinal Sfondrati fit construire le maître-autel qui s'élève aujourd’hui au-dessus du tombeau de la sainte ; et sous l'autel il plaça une statue de marbre blanc
due au ciseau de Maderno, qui avait plusieurs fois vu le corps de la vierge et qui le reproduisit dans l'attitude que nous avons décrite. Au bas de la statue est cette inscription :EN TIBI SANCTISSIMAE VIRGINIS CAECILIAE
IMAGINEM QVAM IPSE INTEGRAM IN SEPVLCRO
JACENTEM VIDI, EAMDEM TIBI PRORSVS
EODEM CORPORIS SITV HOC MARMORE EXPRESSI.
« Contemplez l'image de la très-sainte vierge Cécile,
que j'ai vue moi-même couchée intacte dans sa tombe.
J'ai exprimé pour vous, dans ce marbre,
la pose qu'avait son corps. »
Vers la même époque on publia une gravure représentant sainte Cécile dans son cercueil, avec cette légende : Hoc habitu inventa est. On en peut voir encore plusieurs exemplaires en diverses bibliothèques publiques, deux notamment dans la bibliothèque de Carpentras, parmi les manuscrits de Peiresc, contemporain de la découverte (1).
Quoique cela n'ait trait qu'indirectement à notre sujet, nous ne pouvons nous empêcher de signaler une autre confirmation de la légende de sainte Cécile. Dans le deuxième sarcophage trouvé par Sfondrati sous le maître-autel, et qui, d'après la tradition, devait renfermer les restes de saint Tiburtius, saint Valérien et saint Maxime, transportés du cimetière de Prétextat dans l'église du Transtevère, on découvrit en effet les corps de trois personnes, deux desquelles, paraissant de même âge et de même taille, avaient été décapitées, tandis que le crâne de la troisième, rompu et brisé. et sa longue chevelure tout imprégnée de sang, paraissaient indiquer un martyr mis à mort à coups de ces plumbatæ,ou lanières garnies de plomb, que décrit Prudence, et dont on a retrouvé de nos jours un spécimen dans le cimetière de Calliste (1).
Or les actes de sainte Cécile rapportent que tel fut le supplice de l'officier Maxime, converti, on s'en souvient, par l'exemple des martyrs Valérien et Tiburtius. On peut donc affirmer que, des deux sarcophages trouvés dans l'église de Sainte-Cécile à la fin du XVIe siècle, l'un renfermait les restes de la martyre elle-même, et l'autre ceux des trois martyrs dont l'histoire est liée à la sienne : son époux, son beau-frère et le compagnon de supplice de l'un et de l'autre.
Après ces longs préliminaires, rentrons dans notre crypte…
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(1). Un des membres de la commission d'archéologie sacrée, le P. François Tongiorgi, a trouvé dans la célèbre collection du collège romain connue sous le nom de musée Kircher une plaque d'albâtre sur laquelle est peinte sainte Cécile dans la pose que lui donna le ciseau de Maderno. Cette peinture semble contemporaine de la découverte des reliques. La robe de la martyre est ornée de bandes vertes qui, probablement, ne sont pas un pur caprice de l'artiste. — (1). On a trouvé dans un tombeau d'une chapelle voisine (B e 7) des chaînes terminées par des balles de plomb, qui furent peut-être des plumbata, instruments de supplice achetés à prix d'or par les fidèles pour être enterrés dans la tombe d'un martyr. Une de ces chaînes est conservée au musée chrétien du Vatican.
Rome Souterraine, p. 231-2.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Après ces longs préliminaires, rentrons dans notre crypte. Nous sommes maintenant en état de confronter la merveilleuse histoire de sainte Cécile avec les monuments encore existants du cimetière de Calliste. On a vu que, d'après les actes, saint Urbain enterra la vierge martyre dans le voisinage des papes, inter collegas suos episcopos. Les deux Itinéraires cités au commencement de ce IIIe livre mentionnent son tombeau immédiatement avant ou immédiatement après celui des papes. Pascal Ier raconte qu'il trouva son corps tout près du lieu d'où il avait enlevé les corps de ses prédécesseurs, sicut in sacratissima illius passione manifeste narratur, inter collegas episcopos. Ces notions topographiques sont-elles vraies ou fausses? telle est la question
qui dut se présenter à la pensée de M. de Rossi quand, auprès de la chapelle des papes, il découvrit une autre chambre contiguë ; on se figure aisément quel fut son désir d'y pénétrer. Malheureusement cela n'était pas facile. La chapelle était remplie de terre jusqu'au haut du luminaire, et c'est par ce luminaire qu'elle dut être d'abord dégagée. A mesure que ce travail s'avançait, quelques peintures commencèrent à apparaître.
Ce fut d'abord, sur la paroi même du luminaire, une figure de femme dans l'attitude de la prière, mais tellement effacée et tellement décolorée qu'il était difficile d'en retrouver les traits distincts. Au-dessous de cette figure on découvrit ensuite une autre fresque représentant une croix latine entre deux brebis. Le temps avait également décoloré cette peinture.
Enfin, tout au bas de la paroi du luminaire, les fouilles, en creusant plus profondément, mirent au jour les figures de trois saints, peintes probablement au IVe ou Ve siècle, et dont les noms, écrits au-dessus, n'indiquaient aucune relation à l'histoire de sainte Cécile. Le premier s'appelait Policamus : c'était un martyr, ainsi que l'indique la palme qui sort de terre à côté de lui ; le second portait le nom de Sébastien, et le troisième, Quirinus, était sans doute un évêque, car il avait la tête tonsurée en couronne, comme on voit sur les portraits d'évêques de cette époque : c'était au moins un clerc, et il ne peut être confondu avec le tribun Quirinus, enterré dans le cimetière de Prétextat. M. de Rossi ne s'attendait nullement à trouver ces trois saints près de la tombe de sainte Cécile. Avant d'expliquer la raison de cette coïncidence inattendue, continuons de suivre le dégagement de la chambre.
En descendant plus près du sol...
Rome Souterraine, p. 232-4.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
En descendant plus près du sol, on découvrit sur le mur, près de la porte qui mène à la chapelle papale, une peinture que l'on peut attribuer au VIIe siècle, représentant une jeune femme richement vêtue, portant des perles dans les cheveux et aux oreilles, des colliers et des bracelets d'or et de perles; sur sa robe blanche est passée une tunique rose semée de fleurs d'or et d'argent. Ainsi devait être parée, au VIIe siècle, une fiancée riche et de haute naissance. Elle a les mains étendues, et sa tête est entourée d'un nimbe d'or. De grandes fleurs roses sortent de terre autour d'elle. Il n'est pas douteux que le peintre ait voulu, sous ces traits qui, malgré la barbarie du pinceau, ont conservé une sorte de grâce juvénile, représenter la sainte célèbre enterrée dans cette chapelle.
Au-dessous de l'image de sainte Cécile on voit une niche légèrement creusée, comme on en trouve en quelques parties des catacombes, destinée probablement à recevoir les vases d'huile et de parfums qui servaient dans l'antiquité chrétienne à l'entretien des lampes allumées devant les tombeaux des martyrs.
Au fond de la niche est peinte, en style byzantin, une grande figure de Notre-Seigneur, entourée de rayons formant une croix grecque. A côté de cette figure, tout contre la niche, on voit, dans une sorte de cadre noir, le portrait en pied d'un évêque revêtu de ses habits pontificaux : près de lui est écrit son nom, S. VRBANVS.
En examinant de près ces peintures on reconnaît qu'elles ne furent pas les premières décorations de la chapelle. La figure de sainte Cécile est peinte sur une mosaïque plus ancienne dont on aperçoit encore, tout en bas du tableau, une double rangée de cubes blancs, bleus et verdâtres. La niche dans laquelle est représentée l'image de Notre-Seigneur porte la trace visible d'un revêtement de porphyre. Cette figure et celle de saint Urbain ne peuvent guère remonter plus haut que le Xe ou le XIe siècle.
Quand on trouve, en quelque partie des catacombes, les vestiges de plusieurs décorations successives et la trace de travaux exécutés après le IVe ou le Vesiècle, on peut dire avec assurance qu'on est en présence d'un sanctuaire historique. Si l'on ajoute qu'à la gauche des peintures que nous avons décrites le mur est profondément entaillé de manière à recevoir un sarcophage, et que, entre cette cavité et le fond de la niche située à gauche de l'autel dans la chapelle papale, il reste à peine un pouce de tuf, il faut bien laisser tomber tout scepticisme, confesser que les anciennes traditions reçoivent une confirmation éclatante, que le récit du pape Pascal se vérifie de tout point, et que l'on a enfin découvert de manière à n'en pouvoir plus douter le tombeau d'une des plus anciennes et des plus célèbres martyres de Rome.
On demandera cependant si cette chambre peut bien être celle de sainte Cécile. Un point, à vrai dire, un seul, peut encore demeurer obscur. Comment, en effet, le pape Pascal eut-il tant de peine à découvrir le tombeau de notre sainte, quand, entre sa chambre et celle des papes, il existe une communication si visible et si facile?
Pour répondre à cette difficulté…
Rome Souterraine, p. 234-5.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Rome Souterraine, p. 235-6.Pour répondre à cette difficulté, il faut rappeler quelle était au temps de Pascal la condition des catacombes romaines. L'état de ruine ou elles étaient tombées le contraignait à en retirer les reliques. De plus, elles étaient exposées aux incursions des barbares. Il est possible qu'à l'époque où Pascal fit ses recherches, soit la cavité dans laquelle était déposé le sarcophage, soit la porte même qui mettait en communication les deux chambres, ait été bouchée afin de dépister les investigations sacrilèges des Lombards. Ce n'est pas là une simple conjecture.
Parmi les débris qui remplissaient la crypte, M. de Rossi a trouvé, devant la niche qui contint jadis le sarcophage de la sainte, quelques restes d'un mur trop peu épais pour avoir pu servir de support, et qui évidemment fut construit pour boucher ou dissimuler la cavité du sépulcre.
A l'inspection des graffites qui en recouvrent le stuc grossier, il reconnaît, avec son habituelle sincérité, que ce mur dut être construit pour un motif de décoration plutôt que de prudence, et appartient sans doute à une date postérieure au temps de Pascal.
Mais un autre mur peut avoir été construit à la même place, à une époque plus reculée, et avoir dissimulé aux yeux de ce pape le pieux trésor qu'il cherchait. M. de Rossi, à l'appui de cette hypothèse, cite un arcosolium du cimetière de Prétextat qui, sans doute par peur des barbares, avait été ainsi caché, au VIIe ou VIIIe siècle, par l'érection d'un mur: ce mur détruit, M. de Rossi et le P. Marchi virent apparaître un tombeau tout revêtu de marbre à l'intérieur, et dont la mensa pouvait se lever à l'aide de grands anneaux de bronze : deux corps y étaient renfermés, vêtus l'un de toiles d'or et l'autre d'étoffes de pourpre, sans doute deux martyrs inconnus dont une grossière construction avait caché et préservé les restes (1).
Quand même nous ignorerions encore…
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(1). Roma sotterranea, t. I, p. 169. — Bullett. di archeologia cristiana, 1872, p. 66, 67. — Cet arcosolium est celui du cubiculum orné de peintures du IIe siècle dont nous parlons p. 116.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
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Quand même nous ignorerions encore la solution véritable de la difficulté qui vient d'être indiquée, cette unique obscurité, ce seul anneau manquant dans la chaîne des preuves ne pourrait détruire l'évidence résultant du témoignage personnel de Pascal Ier et des innombrables confirmations qui lui sont données par tant de sources anciennes et modernes. Une des plus importantes est celle qui dérive des nombreuses épitaphes de membres de la famille des Cæcilii, et d'autres familles alliées à celle-ci, découvertes dans cette région et dans les régions environnantes du cimetière de Calliste.
M. de Rossi compte douze ou treize inscriptions funéraires de Cæcilii et de Cæciliani, tous de race sénatoriale, trouvées dans les deux premières areæ et dans la crypte de Lucine, et comprises entre le IIe et le Ve siècle. En rapprochant ce fait de ceux que nous connaissons déjà, et en particulier de la découverte, au-dessus même du cimetière de Calliste, de magnifiques colombaires appartenant à la gens Cæcilia, on acquiert la certitude que la première area de ce cimetière, et sans doute aussi la seconde, fut, avant d'avoir été donnée par eux à l'Église, la propriété des Cæcilii Maximi Fausti, et que sainte Cécile, à laquelle les actes donnent ces titres de nobilis et de clarissima, portés dans les inscriptions funéraires par plusieurs femmes de cette noble famille, en était membre, elle aussi, et fut déposée avec honneur dans l'hypogée possédé par les siens sur la voie Appienne.
M. de Rossi croit voir sur les murailles mêmes de la chapelle un souvenir du jour où le pape Pascal Ier opéra la translation des reliques de notre sainte. En examinant de près l'image de sainte Cécile, on reconnaît que, dans sa partie inférieure, elle est couverte de granités qui peuvent se diviser en deux catégories. Les uns sont irréguliers, écrits pêle-mêle par des mains et à des époques différentes, noms de pèlerins romains ou étrangers. Ainsi, on lit à gauche, au milieu des herbes ou des moissons que semblent fouler les pieds de la sainte, le nom d'un Hildebrand, à droite, celui d'un Etelred ep(iscopus), en bas, dans la bordure du cadre, un Lupo : le mot Spani (Hispani) se rencontre deux fois. L'autre classe de granités est toute…
Rome Souterraine, p. 236-37.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
L'autre classe de granités est toute différente : ce sont des noms de prêtres écrits sur quatre lignes avec une grande
tous Romains, qui sont venus dans la chapelle de Sainte-Cécile accompagnés d'un notaire ou scriniarius, comme s'ils étaient chargés d'accomplir une cérémonie importante dont il doit rester procès-verbal : l'un d'eux est le prêtre du titre de Sainte-Cécile, Joannes presbyter vester : une seule personne étrangère a été admise par faveur en leur compagnie, la matrone Adeodata, mère du prêtre Léon. Les noms de ces visiteurs sont inscrits au bas de l'image de la sainte en lignes régulières, et ressemblent plutôt, par leur arrangement, à une inscription officielle qu'à un graffite : on dirait qu'ils ont été tracés sur le mur en commémoration de quelque acte solennel et pieux.
Par une coïncidence singulière, quelques-uns de ces noms : Leo prb, Sergius prb, Benedictus prb, Stefanus prb, Joannes prb, se lisent sur l'image de saint Corneille, dans la chapelle où est la tombe de ce pape, dont les reliques furent transportées à Rome quarante ans avant celles de sainte Cécile.
Plusieurs d'entre eux se retrouvent sur une fresque découverte à Saint-Clément, faite aux dépens du prêtre Léon sous le pontificat de Léon IV, vers la moitié du IXe siècle (2). Un Benedictus, quatre Léon, deux Georgius font partie d'un synode tenu à Rome en 826.
Parmi ces noms, il en est de fort communs, comme Léo, Benedictus ou Joannes ; on peut les trouver plusieurs fois répétés sur des actes contemporains sans avoir le droit pour cela de les attribuer aux mêmes personnes. D'autres sont plus rares…
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(1). De ces deux premiers noms, il ne reste plus que deux lettres du second, SE... M. de Rossi raconte que, pendant que la crypte était encore pleine de matériaux et de ruines, il introduisit, non sans péril, sa tête entre deux monceaux de décombres et lut, à gauche de la fresque, à l'extrémité inférieure du cadre, les noms Benedictus et Sergius, qui bientôt tombèrent en poudre avec le stuc qui les portait. — (2). Roma sotterranea, t. II, p. 130. — Cf. Bullett. di arch. crist., 1863, p. 14; Revue archéologique, novembre 1872, p. 295.
Rome Souterraine, p. 237-9.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Rome Souterraine, p. 239-40.…D'autres sont plus rares, Georgius, Mercurius, et quand on les trouve signés, au milieu d'un groupe de prêtres, au bas de deux images de saints, quand on remarque, dans les graffites de Saint-Clément comme dans ceux de Sainte-Cécile, les deux noms tracés avec les mêmes singularités d'écriture, on a le droit de conjecturer qu'ils furent portés par deux mêmes personnes, et que leurs possesseurs étaient des membres du haut clergé romain, ayant assisté le pape dans deux actes solennels, en certifiant, comme témoins, la translation par lui faite des reliques d'un saint, et en signant avec lui les décrets d'un concile.
Telle est en effet la conjecture de M. de Rossi : les prêtres dont les noms se trouvent écrits sur quatre lignes au pied de l'image de sainte Cécile, au-dessus même de son tombeau, furent certainement des contemporains de Pascal Ier, puisque les noms de quelques-uns d'entre eux se trouvent sur des monuments et des documents contemporains de ce pape, et probablement ils assistèrent, comme témoins, à la translation solennelle des reliques de sainte Cécile, quelques-uns peut-être, quarante ans plus tôt, à celle des reliques de saint Corneille : leurs noms inscrits dans l'une et l'autre chapelle seraient des souvenirs officiels de cette translation, la signature en quelque sorte de témoins instrumentaires, signature qui, après avoir été gravée sur la muraille, fut sans doute apposée au bas du procès-verbal de l'ouverture du tombeau et de l'enlèvement des reliques, tracé par le scriniarius, ou notaire de l'Église romaine, qu'ils avaient amené avec eux.
On retrouverait ainsi, sur la muraille de la chapelle de Sainte-Cécile, et peut-être sur celle de la crypte de saint Corneille, un souvenir matériel de la translation de leurs corps. La fresque représentant saint Urbain, à côté de la niche où est la grande figure byzantine du Sauveur, ne présente aucune trace de graffites de la même époque ; elle est sans doute bien postérieure, car les croix qui ornent le pallium dont le saint est revêtu ne paraissent pas avoir été en usage avant le Xe ou XIe siècle : il est probable qu'elle fut peinte après la translation des reliques de sainte Cécile, en l'honneur, non des reliques, mais du tombeau qui les avait contenues : DECORI SEPULCRI S. CÆCILLE MARTYRIS, dit une inscription maintenant presque effacée (1), écrite sur la muraille à côté de la fresque.
Il nous reste à reprendre en quelques mots l'histoire de sainte Cécile…
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Re: Rome souterraine.
LIVRE III
CIMETIÈRE DE CALLISTE
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
(SUITE)
Rome Souterraine, p. 240-1.Il nous reste à reprendre en quelques mots l'histoire de sainte Cécile. Les actes d'où elle est tirée ne sont pas exempts d'erreur, nous l'avons reconnu : le lecteur aura remarqué néanmoins que leurs données principales sont toutes confirmées par les découvertes du cimetière de Calliste. Les erreurs qu'ils renferment ont trait principalement à la chronologie. D'après le récit des actes, au moment où sainte Cécile fut mise à mort, une persécution terrible sévissait contre l'Église, et les persécuteurs poussaient la férocité jusqu'à refuser la permission d'enterrer les martyrs. Le monde romain était gouverné par deux empereurs : Domini nostri invictissimi principes, imperatores , tel est constamment le langage des actes. Le martyre de sainte Cécile fut consommé, d'après leur récit, sous le pontificat d'Urbain, quem papam suum christiani nominant.
Ici naît une difficulté chronologique. Si le martyre de sainte Cécile eut lieu du temps du pape Urbain, il eut lieu sous le règne d'Alexandre-Sévère. Or la douceur d'Alexandre-Sévère, sa tolérance à l'égard des chrétiens, sont bien connues ; quand même il y aurait eu sous son règne, à son insu, quelques actes de persécution isolés, on ne saurait comprendre sous ce clément empereur la persécution générale, emportée, féroce, acharnée jusque sur la dépouille des martyrs, que dépeint l'auteur des actes. Et enfin, sous Alexandre-Sévère, qui régna seul, la perpétuelle allusion à la pluralité des empereurs est tout à fait inintelligible.
Le martyrologe d'Adon (2), corrigeant ces diverses contradictions par une autre, dit que sainte Cécile souffrit sous le règne des empereurs Marc-Aurèle et Commode, passa est autem beata virgo Marci Aurelii et Commodi imperatorum temporibus, mais il ajoute qu'elle reçut la couronne du martyre sous le pontificat d'Urbain : or le pape Urbain est de cinquante ans postérieur au règne de Marc-Aurèle. L'inconséquence d'Adon nous fournit cependant un premier trait de lumière.
Pour fixer ainsi le martyre de sainte Cécile à l'époque où Marc-Aurèle avait associé Commode à l'empire, quand tous les autres martyrologes se contentent de dire qu'elle souffrit sous le pape Urbain, il faut qu'il ait tiré cette date de quelque ancien document, peut-être d'actes de sainte Cécile antérieurs à ceux rédigés au Ve siècle, et qu'il l'ait copiée naïvement, littéralement, sans se rendre compte de la contradiction et de l'anachronisme qu'il introduisait par là dans son récit (1). Or, si l'on admet que notre sainte souffrit sous Marc-Aurèle et Commode, toutes les invraisemblances des actes que nous possédons disparaissent. Marc-Aurèle et Commode étaient ennemis déclarés du nom chrétien ; sous leur règne la persécution sévit cruellement, et les refus de sépulture ne furent pas sans exemple. Chose remarquable, la sentence que l'auteur des actes met dans la bouche du préfet Amachius est tirée mot pour mot d'un rescrit rendu par les deux empereurs en 177, et cité dans l'admirable lettre des Églises de Lyon et de Vienne qu'Eusèbe nous a conservée (2). Voici le texte de la sentence: Domini nostri invictissimi principes jusserunt ut qui se non negaverint esse christianos puniantur, qui vero negaverint dimittantur, « nos seigneurs les invincibles princes ont ordonné que ceux qui ne renieront pas la qualité de chrétiens soient punis, ceux qui la renieront renvoyés absous. »
Voici maintenant le texte de l’édit : …
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(2). Ado. Martyrol., die. 22 nov.
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La crypte de sainte Cécile.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
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Voici maintenant le texte de l’édit :
Les paroles du juge sont donc empruntées à l'édit de persécution rendu en 177 par Marc-Aurèle, et qui certainement ne faisait pas loi cinquante ans plus tard sous Alexandre-Sévère : et il y a tout lieu de croire que, quelle qu'en soit la source, la variante introduite par Adon dans le récit est conforme à la vérité.
Ceci admis, une autre difficulté naît aussitôt. Elle est relative au pape. S'il est vrai que sainte Cécile souffrit en 177, il est impossible que le pape Urbain ait joué aucun rôle dans son histoire. La difficulté cependant ne subsistera pas longtemps si l'on veut se souvenir de ce qui a été dit au chapitre précédent sur l'existence de deux Urbain, l'un évêque de Rome, l'autre évêque de quelque siège étranger, l'un pape et confesseur, enterré à Saint-Calliste, l'autre mort martyr et inhumé à Prétextat. Il est probable que l'évêque Urbain se trouvait à Rome au temps du pape Éleuthère, contemporain de Marc-Aurèle, et, pendant la persécution, remplissait pour ce pontife quelques-unes des fonctions épiscopales, comme firent à Carthage les évêques Caldonius et Ercolanus, remplaçant pendant quelque temps saint Cyprien (1) : peut-être même était-il évêque de ce pagus de la voie Appienne dont parlent les actes, et qui est voisin du cimetière de Prétextat, dans lequel un évêque martyr Urbain était vénéré (2) : il aurait été ainsi mis en rapport avec la vierge Cécile, et aurait joué dans son histoire le rôle touchant que rapportent les actes. L'auteur des actes, trouvant dans la tradition ou dans les anciens documents sur lesquels il travaillait le souvenir d'un Urbain, en fit naturellement le pape de ce nom, et, par un anachronisme, suite inévitable de cette première confusion, raconta que sainte Cécile, honorée d'un privilège dû à son rang, à sa vertu et à son courage, fut enterrée par saint Urbain dans le lieu le plus vénéré du cimetière de Calliste, « entre les évêques ses collègues, » inter collegas suos episcopus.
Maintenant que toutes les dates sont rectifiées, nous savons, au contraire, que sainte Cécile…
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(1). Cyprian., Ep., 31, 39. — (2). C'est l'hypothèse proposée par le jésuite Lesleus, Missale mozarab., Romæ, 1755, t. II, p. 608. Cf. de Rossi, Bull. di arch. crist., 1872, p. 51, et Roma sotterranea, t. II, p. 151. — M. de Rossi fait remarquer qu'il n'existe aucune trace de ce siège épiscopal situé presque aux portes de Rome.
Rome Souterraine, p. 241-3.
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La crypte de sainte Cécile.
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Rome Souterraine, p. 243-4.Maintenant que toutes les dates sont rectifiées, nous savons, au contraire, que sainte Cécile fut enterrée dans ce qui devint plus tard le cimetière de Calliste, bien avant qu'aucune partie de ce cimetière appartînt officiellement à l'Église, bien avant, par conséquent, qu'on eût commencé à y établir la sépulture collégiale des papes. La martyre reposait depuis quelques années dans l'hypogée de sa famille quand, sans doute vers la lin du IIe siècle (on trouve plusieurs épitaphes de Cæcilii chrétiens appartenant à cette époque), celle-ci fit don à l'Église du cimetière qu'elle possédait sur la voie Appienne, et de vastes terrains adjacents. Le pape Zéphyrin en confia l'administration au diacre Calliste, et le cimetière des Cæcilii, agrandi comme nous l'avons vu par des additions successives, ne tarda pas à devenir la plus vaste et la plus importante des catacombes romaines.
Ce n'est donc pas sainte Cécile qui fut enterrée parmi les papes, c'est elle, au contraire, qui fit aux papes du IIIe siècle les honneurs de sa demeure funèbre. Peut-être même le sarcophage dans lequel elle reposait fut-il retiré à cette époque de la principale chambre, qui devint la sépulture du collège pontifical, et déposé, par les soins de Zéphyrin ou de son successeur, dans une cellule voisine créée tout exprès. Cette cellule dut être à l'origine petite, étroite, obscure, car la chambre sépulcrale de sainte Cécile ne fut pas toujours ce que nous la voyons aujourd'hui. C'est au pape Damase qu'elle doit son entrée actuelle et l'escalier qui y conduit directement : les arcs et les murailles de brique et de maçonnerie, qui datent certainement de lui, permettent de juger des travaux considérables entrepris par Damase pour l'embellissement de la crypte et la commodité des pèlerins.
Enfin, à une époque encore plus récente, probablement sous le pontificat de Sixte III, on mit la chambre ainsi agrandie en communication avec le jour, en ouvrant dans la voûte le grand luminaire sur les parois duquel sont peintes les ligures de Polycamus, de Curinus et de Sébastien.
Quel peut être ce Sébastien ?...
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
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CHAPITRE IV.
La crypte de sainte Cécile.
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Rome Souterraine, p. 244-5.Quel peut être ce Sébastien ? Nous ne connaissons de saint de ce nom que le célèbre martyr dont la basilique s'élève sur la voie Appienne à peu de distance du cimetière de Calliste. Les fastes de l'Église romaine conservent la mémoire de deux Quirinus ou Cyrinus : l'un, tribun militaire, qui fut enterré dans le cimetière de Prétextat, l'autre, évêque de Siscia en Illyrie, dont les reliques, fuyant devant les barbares, furent recueillies dans les catacombes de Saint-Sébastien. La couronne ou tonsure sacerdotale qui orne la tête du personnage désigné dans la fresque du luminaire par le nom de Curinus ne permet pas d'hésiter entre les deux martyrs homonymes. Du temps de Prudence, c'est-à-dire au commencement du Ve siècle, les reliques du saint évêque de Siscia étaient encore conservées dans sa ville épiscopale (1).
Quand l'Illyrie eut été envahie par les barbares, elles furent transportées à Rome, vers l'an 420. La translation de ces reliques, assez célèbres pour avoir été chantées par Prudence, fut sans doute un grand événement, dont le principal cimetière de la voie Appienne voulut garder le souvenir, et l'image du martyr de Siscia fut peinte sur le grand luminaire de la crypte de sainte Cécile, à côté de saint Sébastien, dans l'église duquel il venait de recevoir l'hospitalité. Le troisième personnage de la fresque, Polycamus, n'a pas d'histoire : ni les martyrologes ni les écrivains ecclésiastiques ne font mention de lui. Un Itinéraire (1) le nomme parmi les martyrs qui reposent dans le voisinage de sainte Cécile.
On sait, par une inscription du IXe siècle, que ses reliques furent transportées à cette époque, avec celles de l'évêque Optat (2), dans l'église de San-Sylvestro in capite. La palme peinte auprès de lui indique qu'il fut martyr; c'était probablement un laïque, car sur ses cheveux n apparaît aucune trace de tonsure. Peut-être ses reliques furent-elles apportées d'Afrique en même temps que celles d'Optat, dont l'inscription de San-Sylvestro cite le nom à côté du sien. Ces trois figures, bien que roides et contraintes, n'appartiennent pas tout à fait à la décadence de l'art : les têtes ont un accent individuel très-prononcé, et les draperies sont encore belles.
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(1).
A suivre : Chapitre V. — L’épitaphe de saint Eusèbe.
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CHAPITRE V.
L’épitaphe de saint Eusèbe.
CHAPITRE V.
L’épitaphe de saint Eusèbe.
Rome Souterraine, p. 246-7.SOMMAIRE. — Crypte de saint Eusèbe. — Fragments d'une inscription damasienne, découverts par M. de Rossi en 1852. — Autres fragments de la même inscription, découverts par lui en 1856. — Crypte où fut enterré saint Eusèbe, richement ornée de mosaïques, de marbres et de peintures.— Découverte, dans cette chapelle, d'une copie, faite au VI eou au VIIe siècle, de l'inscription dont quelques fragments originaux avaient déjà été trouvés. — Fautes de cette copie, corrigées d'après ces fragments. — Importance historique de cette inscription. — Son explication.— Fait inconnu jusque-là de la vie du pape Eusèbe. — Miséricorde du pape pour les apostats repentants. — Insurrection dirigée contre lui par un partisan de la servante outrée. — Intervention du pouvoir civil païen. — Le pape et le chef de la sédition envoyés tous deux en exil. — Épisode analogue de la vie du pape Marcel raconté également par une inscription damasienne.
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Le premier Itinéraire Salzbourgeois (1), après avoir nommé sainte Cécile, les papes, et « les innombrables martyrs » qui dorment près d'eux, ajoute que saint Eusèbe, pape et martyr, repose dans une caverne à une grande distance de là, longe in antro, et saint Corneille, pape et martyr, dans une autre caverne plus éloignée, longe in antro altero. Pour compléter notre revue des monuments historiques du cimetière de Calliste, il nous faut donc visiter ces deux « cavernes » ou chambres souterraines. Nous commencerons par la plus rapprochée, celle de saint Eusèbe. Elle est située à l'endroit même indiqué par l'Itinéraire, c'est-à-dire entre saint Corneille et les autres papes, à cent pas environ de la chambre où reposent ces derniers.
La chapelle de Saint-Corneille était déjà retrouvée, et l'on recherchait celle des papes, quand, en 1852, dans un endroit intermédiaire, au second étage de la catacombe, M. de Rossi découvrit au milieu des ruines six petits morceaux de marbre sur lesquels étaient tracées des lettres assez semblables aux caractères damasiens, mais d'une exécution bien moins parfaite. Deux mots seulement s'y lisaient entiers, SCINDITVR et SEDITIO; puis venaient trois fragments de mots, EVS..., EXEMPL... et INTEGR... Il se souvint aussitôt d'une inscription métrique rapportée par trois de ces anciens recueils épigraphiques dont nous avons déjà parlé, et attribuée par eux au pape Damase, dans laquelle ces mots et ces fragments de mots se rencontraient.
Cette inscription est une de celles qui ont le plus divisé les critiques. Elle raconte certaines dissensions religieuses survenues sous le pontificat d'Eusèbe, sur lesquelles sont muets tous les historiens ecclésiastiques, et dont ne parle pas le Liber pontificalis. Baronius, ne pouvant admettre que les historiens les plus graves, que tous les annalistes contemporains eussent ignoré des faits de la plus grande importance pour l'histoire de l'Église romaine au commencement du IVe siècle, refusa de croire que le héros de l'inscription rapportée par les manuscrits fût vraiment le pape Eusèbe, et, malgré l'invraisemblance d'une telle conjecture comparée au texte, il aima mieux voir dans le récit métrique une allusion à quelques faits obscurs de la vie d'un certain prêtre Eusèbe, contemporain de Constance (le même dont nous avons placé hypothétiquement le tombeau dans la chapelle des papes). Tillemont et les Bollandistes ont soutenu, au contraire, qu'Eusèbe dont parle l'inscription est bien le pape de ce nom, et que l'auteur des vers est vraiment le pape Damase.
Nous n'avons pas besoin de dire vers laquelle des deux opinions inclina M. de Rossi…
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(1).Notitia ecclesiarum urbis Romæ. — Voir page 30.
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CHAPITRE V.
L’épitaphe de saint Eusèbe.
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Nous n'avons pas besoin de dire vers laquelle des deux opinions inclina M. de Rossi, dès qu'il eut découvert ces fragments dans la région souterraine où les Itinéraires placent le tombeau de saint Eusèbe. Il s'empressa de faire part de sa découverte à l'une des sociétés savantes de Rome. Il dut cependant attendre encore cinq années avant que les progrès des fouilles lui donnassent un libre accès dans l'intérieur du cimetière. Pendant ces cinq années la commission d'archéologie sacrée s'était occupée de déblayer la chapelle des papes et celle de Sainte-Cécile. En 1856, les travaux furent repris au point où les fragments d'inscription avaient été découverts. Pendant qu'on enlevait les terres qui, en cet endroit comme aux environs de toutes les cryptes historiques, avaient pénétré par le luminaire, M. de Rossi découvrit encore quarante fragments de la même inscription.
Les fouilles terminées, l'importance de la crypte nouvellement mise au jour se révéla par des marques non équivoques. Un escalier la mettait en communication avec le sol extérieur (C e 2); à partir de cet escalier, des murs construits dans l'intérieur du souterrain, et fermant l'entrée de certaines galeries, empêchaient le pèlerin de s'égarer et lui indiquaient la route vers deux chambres qui s'ouvrent l'une en face de l'autre au fond d'un ambulacre (D e 1). L'une a 4m, 18 de long sur 2m, 85 de large; l'autre, beaucoup plus vaste, et destinée à contenir la foule des pèlerins, mesure 5m, 50 sur 3m, 58. La plus petite était évidemment le sanctuaire vénéré par eux : là se trouvait le tombeau du pape Eusèbe. Elle porte encore les traces d'un riche revêtement de marbre. Trois grands arcosolia s'y trouvent; l'un fait face à la porte, les deux autres sont creusés dans les murailles de droite et de gauche. Le premier fut certainement le tombeau principal de la chambre, celui où étaient renfermés les restes de saint Eusèbe. Dans l'arc de cet arcosolium on distingue, à l'empreinte laissée sur le stuc par une mosaïque presque entièrement tombée, la forme d'un vase anse, de chaque côté duquel se tiennent des oiseaux. Le fond de l'arcosolium présente une particularité tout à fait inusitée. Il en contient un autre plus petit, pratiqué derrière lui dans l'épaisseur de la muraille : dans la lunette…
Rome Souterraine, p. 248.
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