MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
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MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
Bonjour à tous,
Ce qui suit vient du livre suivant :
Veuillez noter, qu'après les publications de la Dédicace à S. S. Pie IX, de la Lettre de S. Ém. le cardinal Donnet et de la Préface, nous débuterons par la publication du LIVRE II, soit les AUTRES INSTRUMENTS DE LA PASSION; pour compléter, si Dieu nous le permet, avec la note sur le supplice de la croix et le LIVRE PREMIER.
Comme d'habitude, nous insérerons des liens bleus dès la parution des matières.
Bonne et pieuse lecture à tous.
Bien à vous.
LIVRE PREMIERLA CROIX.Chapitre II. : NATURE & FORME DE LA VRAIE CROIX.
I. Nature du bois de la Croix. — * II. Forme de la Croix. — * III. Du support. — * IV. Dimensions de la Croix. — * V. Poids de la Croix. — * VI. Mesures de la Croix. — * VII. La croix du Bon Larron. — * VIII. Mesures égyptiennes. — Mesure de capacité juives. — Poids des Hébreux. — Monnaie des Hébreux.Chapitre III. :* LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX À ROME.Chapitre IV. :* LA CROIX EN ITALIE.Chapitre V. : * LA CROIX À PARIS.Chapitre VI. : * LA CROIX EN FRANCE.Chapitre VII. : LA CROIX EN EUROPE ET EN ORIENT.
Ire PARTIE : LA CROIX EN EUROPE : I. Allemagne. — II. Angleterre. — III. Bavière. — IV. Belgique. — V. Espagne. — VI. Hollande. — VII. Norvège et Danemark. — VIII. Pologne. — IX. Russie.
IIe PARTIE : LA CROIX EN ORIENT : I. Le Mont Athos. — II. Chypre. — III. Jérusalem. Tableau des volumes connus de la vraie croix.
LIVRE II:AUTRES INSTRUMENTS DE LA PASSION.Chapitre II. : * LE TITRE DE LA CROIX — I. Invention du titre. — II. Le titre à Rome. — * III. Découverte de la relique du titre. — * IV. Description de la relique. — * V. Nature du bois. — * VI. Intégrité de la relique. — * VII. État primitif du titre. — * VIII. Objections grammaticales.— * IX. Traduction du titre. — * X. Dimensions du titre.— XI. Place du titre.Chapitre III. : * LA COURONNE D’ÉPINES — I. La couronne d’épines d’après les auteurs. — * II. Relique de joncs à Notre-Dame de Paris. — * III. Nature des plantes de la couronne. — * IV. Forme de la couronne. — * V. Reliques de la couronne. — * VI. Reliques de joncs. — * VII. Reliques de branches de ziziphus. — * VIII. Reliques d’épines simples. — * IX. Table des reliques de la couronne d’épines. — * X. Jusqu’à présent…Chapitre VI. : * RELIQUES DIVERSES DE LA PASSION. — * I. Les trente deniers. — * II. Colonne de la flagellation. — * III. La scala sancta. — * IV. Roseau ou canne. — * V. Vin.— Myrre— Fiel. — * VI. Hysope.— Vinaigre— Éponge. — * VII. La lance. — * VIII. Le sagro catino. — * IX. La Crèche. — * X. Table de la Cène. — * XI. Voie douloureuse.— Le Calvaire.— Le Saint Sépulcre.TABLES des PLANCHES. : — I. FRONTISPICE. — Couronne d’épines de Notre-Seigneur. — II. PORTEMENT DE CROIX.— III. CRUCIFIEMENT. — IV. LA VRAIE CROIX : Jérusalem; Rome, Saint-Pierre, Sainte-Croix-in-Jérusalem. Saint-Paul, &c.— V. LA VRAIE CROIX : Rome : Sainte-Marie-Majeure, Saint-François, Saint-Marc, &c.— VI. LA VRAIE CROIX : Rome : la croix de Maëstricht, Pise, &c.— VII. LA VRAIE CROIX : Florence, Turin, Gênes. — VIII. LA VRAIE CROIX : Venise. — IX. LA VRAIE CROIX : Paris : Notre-Dame. — X. LA VRAIE CROIX : France : Paris, Arras, Baugé. — XI. LA VRAIE CROIX : France : Paris, Reliquaire de saint Louis. — XII. LA VRAIE CROIX: France : Bourges, Compiègne, Bourbon-l’Archambault, &c. — XIII. LA VRAIE CROIX : France : Angers, Bonifacio, Poitiers, Sens, &c. — XIV. LA VRAIE CROIX : Gand, Raguse. — XV. LA VRAIE CROIX : Allemagne, Angleterre, Belgique, Bruxelles. — XVI. LES CLOUS. — Monza, Carpentras, Rome, &c. — XVII. LES CLOUS.— Florence, Milan, Sienne, Venise. — XVIII . LE TITRE DE LA CROIX. — Rome : Relique. — XIX. LE TITRE DE LA CROIX. — Rome : Couvercle & restauration. — XX. LA COURONNE D’ÉPINES. — Paris. — XXI. — LA COURONNE D’ÉPINES. — Pise, Trèves, Florence, Rome, &c. — XXII. — COLONNE. — Rome, Sainte-Praxède. — XXIII. — LES CROIX SCULPTÉES, LE SAGRO CATINO.TABLES des PIÈCES JUSTIFICATIVES.: Ancône — Andechs— Angers— Angleterre — Arles— Arras — Athos (le mont) — Autun — Avignon — Baugé— Bernay — Besançon — Bonifacio— Bordeaux — Bourbon-l'Archambault — Bourges — Bruxelles — Carpentras — Chablis—Chalette — Chalinargues— Châtillon-sur-Loing — Chelles — Chypre — Compiègne — Courtray — Cuisery — Dijon — Fontainebleau — Gand — Jaën— Jérusalem — Lagny — Langres— Laon— Libourne — Lille— Limbourg — Londres — Longpont — Lorris — Lyon — Maëstricht — Marseille — Melun — Munich — Nuremberg — Paris — Perpignan — Poitiers— Pontigny — Raguse — Rome — Saint-Dié— Saint-Florent — Sens — Toulouse — Trèves — Troyes — Venise — Vienne — Villars.
Planche I. FRONTISPICE. — Couronne d'épines de Notre-Seigneur...
Dernière édition par Louis le Ven 29 Jan 2021, 6:38 am, édité 182 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
.PLANCHE I - FRONTISPICELA COURONNE D'ÉPINES DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
Une masse d'épines couvre la tête; et est rattachée par un cercle de joncs, précisément celui qui est conservé dans le trésor de Notre-Dame de Paris.
Les épines, semblables à celles que l'on conserve à Pise & à Trêves, sont du zizyphus spina Christi, rhamnus de Linné. On remarquera son caractère, qui consiste dans une épine droite, invariablement accompagnée d'une épine courbe. La réunion du jonc & de l'épine satisfait aux Écritures qui parlent du jonc & du rhamnus, & concilie ainsi les opinions des auteurs qui ont cru la couronne exclusivement composée d'une seule espèce de plante, soit de jonc, soit d'épines.(En regard du Frontispice.)
BREF de Notre Saint Père le Pape…
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
BREF DE NOTRE S. P. LE PAPEADRESSÉA M. CH. ROHAULT DE FLEURYAUTEUR DE L'OUVRAGEMÉMOIRE SUR LES INSTRUMENTS DE LA PASSIONde Notre-Seigneur Jésus- Christ___________________________
PIE IX, PAPE,
Cher Fils, salut & bénédiction apostolique.
Nous avons reçu avec joie votre religieux & savant livre, non-seulement parce qu'il témoigne de recherches solides & érudites sur les instruments de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui sont vénérés par les catholiques jusqu’aux extrémités de la terre, mais encore parce qu'il prouve de nouveau que toutes les fois que la science & les arts sont mis avec mesure & sagesse au service de notre très-sainte religion, ils répandent une nouvelle lumière sur tout ce qui la concerne. Absorbé par nos travaux, nous n'avons pu, il est vrai, lire en entier votre grand ouvrage; mais, en le parcourant, nous avons vu facilement que l'histoire, l'archéologie, la chimie ont été appelées à votre secours, & consultées dans l'étude de chaque chose avec autant de soin que de sagacité. Vous avez mis à néant la subtilité des sophismes & les railleries dont l'authenticité des restes de ces instruments a été l'objet. En un mot, quiconque lira votre œuvre, & verra ces restes mis graphiquement sous ses yeux dans leur forme & leur grandeur, devra admirer autant votre persévérance dans vos recherches & vos laborieux voyages que le talent, la science & la sagacité avec lesquels vous avez su restaurer intégralement les reliques. Vous avez fermé la bouche aux contradicteurs; vous avez, en même temps, confirmé la foi des chrétiens & leur dévotion envers elles. Votre travail, conçu pour la gloire de Dieu, l'honneur de l'Eglise & l'accroissement du culte de la religion, ne peut que vous mériter une large récompense. Nous l'appelons sur vous avec abondance; & comme gage de cette espérance & de notre bienveillance paternelle, nous vous donnons avec amour notre bénédiction apostolique.
Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 7 avril 1870, la vingt-quatrième année de notre pontificat.PIE IXA SA SAINTETÉ PIE IX___________________________
TRÈS-SAINT-PÈRE,
Au milieu des temps difficiles que l'Église traverse, la barque de Pierre, conduite par un pilote aussi doux que fort, est l'objet de l'amour passionné de ses fils, & commande l'admiration à tous, même à ses adversaires. Le cœur & la tête du Pilote dominent les plus grandes choses & descendent en même temps jusqu'aux plus petits détails de sa divine mission. C'est ainsi que Votre Sainteté a daigné, en 1866, agréer l'hommage de mes premiers essais sur les instruments de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ & encourager des études, actuellement terminées, & que je viens déposer sur les marches de son trône; heureux si je puis par là lui prouver mon fervent dévouement à l'Église, mon respectueux & filial attachement au vicaire de Jésus-Christ, & obtenir de ses bontés, en me prosternant à ses pieds, une bénédiction qui sera la plus grande récompense de mes efforts.
Je suis avec le plus profond respect,
De Votre Sainteté,
TRÈS-SAINT-PÈRELe très-dévot fils,ROHAULT DE FLEURY.___________________________________________
Lettre de S. Ém. le cardinal Donnet…
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
LETTRE DE Mgr LE CARDINAL DONNET______________________________________
Parmi les nombreuses lettres que je dois à la bienveillance des plus grands prélats, je choisis celle d'un éminent prince de l'Église. Mgr, le CARDINAL DONNET, archevêque de Bordeaux, m'écrivait de Paris le 28 avril 1868 :
« Monsieur, combien j'applaudis à l'idée que vous avez eue de recueillir tous les détails, toutes les notions possibles sur les divers instruments de la Passion!
« Quel prix ne faut-il pas attacher, en effet, à ces objets sacrés qui ont touché, dans de telles circonstances, qui ont percé le corps du Fils de Dieu fait homme, qui ont été imprégnés de son sang, qui ont été si mystérieusement associés enfin à sa divine personne, lorsqu'il accomplissait le grand ouvrage de son amour, l'œuvre de notre rédemption!
« Les renseignements certains se rapportant à ces saintes reliques me sembleront eux-mêmes, oserai-je dire, des reliques d'une autre sorte, & le livre qui les enchâssera dignement sera pour moi une sorte de reliquaire aussi.
« C'est vous dire, Monsieur, que je porte à votre travail le plus grand intérêt, & que je serai heureux de vous faire parvenir les nouveaux renseignements qu'on pourrait recueillir autour de moi sur les reliques authentiques des instruments de la Passion.
« Recevez, Monsieur.....« † FERDINAND, CARDINAL DONNET,
« ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX. »
PRÉFACE...
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
PRÉFACE
e mémoire que je publie aujourd'hui s'adresse à la fois aux catholiques & aux archéologues. L'objet de cette étude est sacré pour les premiers; il est singulièrement intéressant pour les seconds. Il s'agit des instruments de la Passion.
Je tiens à l'affirmer : la plus grande liberté a présidé à mes recherches. Les catholiques ne s'en effrayeront pas; leur foi, ils le savent, repose sur des bases plus solides que la conservation de quelque quelques parcelles de bois. Les savants m'en sauront gré, & accepteront plus aisément les résultats de mes investigations.
Qu'il me soit permis de rappeler d'abord l'origine de ce travail, & ensuite d'indiquer la marche que j'ai cru devoir suivre.
Notre-Dame de Paris fut mon point de départ. Son trésor s'ouvrit devant moi. Grâce à une haute bienveillance dont j'ai été profondément reconnaissant, je pus y considérer en détail les grandes reliques & les dessiner exactement. La pensée me vint alors qu'en les rattachant à d'autres débris également sacrés, il me serait possible de reconstituer les divers instruments de supplice auxquels elles avaient appartenu.
Sur ces entrefaites, je fus amené à Pise; j'y trouvai la même bienveillance qu'à Paris. S. Ém. le cardinal Corsi me laissa examiner cette célèbre épine dont le premier reliquaire est la délicieuse chapelle qui porte son nom.
Mais qu'on juge de ma surprise ! Tandis qu'à Paris on me faisait vénérer un cercle de joncs inoffensifs, à Pise on me montrait avec respect une branche épineuse de zizyphus. Et à Pise, comme à Paris, on entoure, & depuis des siècles, de la plus profonde vénération, en leur appliquant le même nom, des restes essentiellement différents.
Y avait-il donc contradiction? Je me mis à l'œuvre, & le résultat de mes recherches, que je me décide à donner au public, convaincra, j'espère, qu'elle n'est qu'apparente.
Avant de commencer cette étude sur les instruments de la Passion, j'ai cru utile de remettre sous les yeux le texte évangélique sur lequel elle s'appuie tout entière (Note de LOUIS: Pour le texte évangélique, veuillez consulter le Nouveau Testament. Bien à vous). Le lecteur trouvera dans ces pages divines l'authentique le plus précieux de nos reliques, & partagera devant elles les sentiments de tendre admiration qui ne m'ont pas quitté pendant tout mon travail.
Nous y avons vu le cénacle, la cène, le lavement des pieds, la communion de Judas, les scènes du jardin des Oliviers, la trahison, le commencement des souffrances du Sauveur chez Caïphe, sa condamnation à mort par les prêtres qui n'avaient pas le droit de le juger, les interrogatoires d'un juge inique, semblable à tant d'hommes que la lâcheté rend cruels, & nous avons suivi, avec la divine victime, la voie douloureuse jusqu'au Calvaire, où s'est accompli le sacrifice sanglant auquel nous devons notre salut.
Trois siècles se sont passés dans les persécutions; alors un grand prince…
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
PRÉFACESUITE
Trois siècles se sont passés dans les persécutions; alors un grand prince, converti à la foi, donne la paix à l'Église & fait chercher par sa sainte mère, sur le lieu du supplice de Jésus-Christ, les instruments qui y avaient servi, & devaient, d'après l'usage juif, se trouver dans le tombeau du divin supplicié. Sainte Hélène découvre la vraie croix au pied du Calvaire, & dans le même temps les autres instruments, cachés, comme de précieuses reliques, chez des familles chrétiennes qui se les étaient transmises depuis les temps apostoliques.
Le monde entier voulut en avoir des fragments; sainte Hélène réserva pour les trois villes principales, Jérusalem, Constantinople & Rome, les morceaux les plus importants & les reliques que leur division eût anéanties. Quant à la croix, sa division a été presque infinie, & c'est ce qui a rendu mon travail plus difficile. Pour moi la question n'était pas de savoir si toutes les reliques que l'on vénère comme ayant appartenu à la croix sont également authentiques , mais de reconnaître si toutes celles qui paraissent réellement authentiques ont pu en provenir ; si leur nombre prodigieux a pu se trouver dans un simple gibet, si Calvin, en un mot, a bien calculé lorsqu'il affirme que ses restes produisent un volume cent fois supérieur à cet instrument de supplice.
Par son importance, la croix se présentait donc la première à mon étude; elle remplit mon premier livre. J'y ai successivement examiné son invention & la diffusion de ses reliques, sa forme & sa grandeur, d'après les auteurs & la nature de son bois, d'après des observations scientifiques, & j'y ai appliqué les mesures en usage en Judée. J'ai ensuite recherché dans le monde entier ce qui avait survécu à tant de causes de ruine. (Note de LOUIS: Veuillez noter que ce livre premier sera publié ultérieurement, si Dieu nous le permet. Bien à vous)
Dans le second livre, j'ai passé en revue tous les autres instruments secondaires du supplice. J'ai décrit les principaux clous, celui de Trêves, qui semble avoir conservé sa forme primitive, ceux de Carpentras, Milan, Monza, Rome, Paris, &c, &c, modifiés par la forge ou augmentés de parcelles d'autre fer pour satisfaire à de pieuses pensées.
Le titre de la croix a donné lieu à une discussion approfondie sur l'authenticité de la relique de Rome, en se rattachant à l'histoire & à l'examen attentif de ce qui en reste. Caché sous terre durant les trois siècles de persécution, apparaissant au jour pendant un siècle ou deux, puis soustrait pendant dix autres siècles aux actes de vandalisme dont Rome a été si longtemps la victime, nous le retrouverons enfin au XVe siècle, pour ne plus le quitter, dans l'intégrité où sainte Hélène l'avait donné.
C'est là que se placent l'étude de…
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
PRÉFACESUITE
C'est là que se placent l'étude de la couronne d'épines dont j'ai parlé en commençant, celle de la colonne de la flagellation conservée à Sainte-Praxède à Rome, & de la scala santa, également à Rome & qui était à Jérusalem l'escalier du prétoire que gravit Notre-Seigneur.
A l'occasion des saints suaires, j'ai indiqué le mode d'ensevelissement des Juifs, qui employaient beaucoup de linge à cet usage, &, par l'examen des momies égyptiennes, j'ai expliqué comment on a pu en conserver une aussi grande quantité, sans que ce fait fût une preuve de la fausseté de leur origine.
Les vêtements de Notre-Seigneur terminent la série des étoffes qui font partie de ses reliques. Deux robes célèbres sont conservées à Trêves & à Argenteuil. La malveillance les combattait l'une par l'autre. Des études modernes m'ont servi à prouver la possibilité de leur coexistence.
J'ai parlé de la sainte lance, que l'on conserve à Rome, puis après, du roseau, de l'éponge, des trente deniers, du sagro catino, de la crèche & enfin du saint sépulcre, auquel nous sommes arrivés par la voie douloureuse & le Calvaire.
Après avoir ainsi revu la Passion de Notre-Seigneur, étudié la forme des instruments de son supplice, & recueilli les reliques sacrées qui ont échappé aux injures du temps & des hommes, j'ai réuni, sous le titre de pièces justificatives (1) les renseignements principaux dus à une correspondance étendue & qui ont complété mes propres observations.
Tel est le résumé succinct de mon travail, commencé sans autre parti pris que celui de la vérité, continué avec un soin scrupuleux & terminé avec la joie d'avoir trouvé, dans l'objet de ces études, une réponse vraie aux objections des ennemis de l'Église.
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(1) Afin de recourir plus facilement aux pièces justificatives, elles ont été classées en suivant l'ordre alphabétique des villes qu'elles concernent. (Note de LOUIS : Ces pièces seront fournies sur demande. Bien à vous.)
LIVRE II — AUTRES INSTRUMENTS DE LA PASSION…
Dernière édition par Louis le Jeu 19 Nov 2020, 7:15 am, édité 3 fois (Raison : Ajout du lien pièces justificatives.)
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
LIVRE IIAUTRES INSTRUMENTS DE LA PASSIONCHAPITRE Ier[pages 165-166]LES SAINTS CLOUS
E principal instrument du supplice de Notre-Seigneur & ses restes ont été décrits dans le livre précédent ; les clous, qui font pour ainsi dire partie intégrante de la croix, vont être actuellement l'objet de nos études. Nous avons vu comment ils étaient employés; il nous reste à connaître leur nombre, leur forme, & à examiner en détail leurs reliques, que les chrétiens croient avoir le bonheur de posséder dans diverses villes, & sous diverses formes. En décrivant ces reliques, nous chercherons leur rapport avec les clous du Calvaire.I.
DU NOMBRE DES CLOUS.
La première question qui se présente est celle de leur nombre. Malheureusement, sur ce sujet, les auteurs & les artistes ont usé de la même liberté qu'ils se sont donnée pour la forme de la croix ; les uns en ont supposé quatre, les autres seulement trois.
Les auteurs profanes qui se sont occupés du crucifiement parlent toujours de quatre clous. Plaute fait dire à un de ses personnages, en envoyant un esclave à la croix : Affigantur bis pedes, bis manus. Ulpian traduit ainsi un passage de Démosthène : être attaché à la croix avec des clous.(1).
Les dernières fouilles, qui ont fait découvrir les peintures dans les fondations de Saint-Clément, ont montré un crucifix, les pieds séparés.
Toutes les peintures grecques représentent Notre-Seigneur fixé sur la croix avec quatre clous. A cet égard on doit avoir confiance dans un peuple qui conserve avec tant de fidélité tout ce qui est de tradition matérielle, tel que le pain fermenté, la forme du baptême, &c. Au contraire les Albigeois, qui ont tout corrompu, représentent la sainte Vierge avec un œil, & Notre-Seigneur crucifié avec trois clous (2).
« Une image de crucifix en bois de cèdre, attribuée à Nicodème, pharisien, disciple caché de Notre-Seigneur avant la Passion, se conserve à Lucques, & représente Notre-Seigneur couronné, habillé d'une longue robe à manches, les pieds séparés & chaussés. Un autre crucifix en bois de cèdre, attribué à saint Luc, le compagnon de saint Paul, conservé à Siroli, près Ancône, fait voir les deux pieds cloués séparément. Un troisième, du temps du pape Jean VIII (706), a été exécuté en mosaïque dans l'intérieur de l'ancienne basilique de Saint-Pierre, & présente aussi quatre clous. Un quatrième en argent, conservé dans le trésor de Saint-Pierre, donné par Charlemagne à Léon III (815), lors du couronnement de l'empereur à Rome, porte quatre clous. Les malheurs des temps ayant obligé Jules III, en 1551, à fondre ce crucifix pour l'employer à des usages pieux, on en fit, avant de le détruire, un moulage en plâtre, que l'on conserve dans le trésor du temple rond de Saint-André, désigné actuellement sous le nom de Sainte-Marie-des-Fièvres.
« Un très-ancien graduel de saint Grégoire, sur parchemin, du XIe siècle, représente dans ses miniatures le crucifiement avec quatre clous. Il en est de même dans une très-ancienne mosaïque portant l'image de Jésus-Christ. Il existait à Alexandrie, en Égypte, un crucifix d'argent, avec quatre clous. On le conserve actuellement à Rome (3). »
Gretzer, Juste Lipse, Ricci, saint Cyprien, évêque de Carthage, martyrisé en 249…
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(1) Lamy, De cruce, IV.
(2) Curtius, p. 74.
(3) Rocca, Sur les reliques de la vraie croix, Rome, 1609.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
I.DU NOMBRE DES CLOUS.[pages 166-167]SUITE
Gretzer, Juste Lipse, Ricci, saint Cyprien, évêque de Carthage, martyrisé en 249, Rufin, docteur de l'Église au IVe siècle, Théodoret, évêque de Cyr en Syrie, qui florissait au commencement du Ve siècle, saint Augustin vers 430, Innocent XIV (1200), le cardinal Baronius, le cardinal Tolet au XVIe siècle, se prononcent tous dans ce sens.
Saint Grégoire de Tours, dans son livre sur la gloire des martyrs, s'exprime ainsi : « Deux clous sont fixés dans les mains, deux dans les pieds. On se demande pour quoi faire ceux des pieds, qui dans la croix de Notre-Seigneur paraissent plutôt pendre que s'appuyer. Mais il est évident que dans le montant il y a un trou, que dans ce trou le pied d'une petite table a été inséré, enfin que les pieds de Jésus-Christ ont été fixés sur cette tablette. »
L'abbé Martigny (1] dit que Cimabuë & Margaritone sont les premiers qui se soient donné la licence, dans leurs grands crucifix peints qui existent encore à Sainte-Croix de Florence, de placer les pieds l'un sur l'autre & de les fixer avec un seul clou. C'est donc vers le XIIIe siècle que l'Italie a adopté cet usage, tandis que celui qui a prévalu en France & en Espagne est, comme dans les peintures les plus anciennes, de séparer les pieds du crucifix. Rocca dit que cet usage n'est ni raisonnable ni ancien, & n'est dû qu'au caprice des artistes.
Parmi les auteurs, d'après Rocca, le poëte Nonnus & saint Grégoire de Nazianze sont seuls de cet avis.
« Le premier motif pour employer deux clous à l'attache des pieds se trouve dans la facilité que durent chercher les bourreaux. Peut-on en effet compter sur la patience de la victime qui aurait dû faire effort pour retirer le pied de dessous pendant que l'on perçait l'autre, & le clou s'appuyant sur un objet mou & sans résistance n'aurait-il pas échappé aux coups des marteaux (2) ? »
C'est ce que pensent des médecins que j'ai consultés & qui croient de plus que, dans un pareil système, il eût été impossible de ne pas briser les os. Or nous savons que les os de Notre-Seigneur ne devaient pas être brisés. Un peintre voulant peindre un crucifix, suivant l'usage moderne italien, avait essayé de faire poser un modèle en lui attachant les pieds l'un sur l'autre ; il me disait qu'il n'avait jamais pu le fixer dans une position convenable. Les jambes s'écartent, la charge devient énorme sur les mains, le ventre se porte en avant, de telle sorte qu'il aurait fallu attacher le corps avec une sangle au montant de la croix.
Le grand nombre de clous considérés comme des reliques de la Passion de Notre-Seigneur…
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(1) Dictionnaire des antiquités chrétiennes.
(2) Curtius, p. 34.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
I.DU NOMBRE DES CLOUS.(SUITE)[pages 167-168]
Le grand nombre de clous considérés comme des reliques de la Passion de Notre-Seigneur a fait chercher si l'on n'en avait pas employé plus de quatre lors du crucifiement.
Des auteurs ont dit qu'il y en avait quatorze & ont cherché à les trouver dans les assemblages de la croix. Je ne le pense pas. Le fer était alors un métal assez rare, que l'on ne prodiguait pas plus en Judée qu'à Rome ou dans les Gaules ; on ne dut donc employer que les clous strictement nécessaires pour fixer les membres sur la croix, & peut-être de très-petits pour attacher le titre.
La croix du bon larron que l'on voit à Rome, à Sainte-Croix de Jérusalem, n'a qu'une cheville pour attacher la traverse au montant. Le petit modèle de croix formé de bois sanctifié, & conservé à Saint-Pierre de Rome depuis une haute antiquité, est attaché avec des chevilles. Le support devait être assemblé d'une manière analogue. Le charpentier qui l'avait fabriqué n'avait sans doute pas agi autrement que pour la traverse ; & l'on sait que toutes les anciennes charpentes étaient chevillées.
Rappelons encore ici le texte de saint Grégoire de Tours, cité tout à l'heure, & qui rend bien compte de l'assemblage de ce support entrant dans un trou pratiqué dans le montant.
Les clous devaient être très-grands pour supporter le poids du corps & faire des plaies assez larges pour que Notre-Seigneur pût dire à saint Thomas d'y mettre le doigt. La raison est ici, comme toujours, d'accord avec les saints Pères (1).
II. INVENTION DES CLOUS.…
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(1) Corn., curt., p. 114.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
II.
INVENTION DES CLOUS.[pages 168-169]
Saint Grégoire de Tours s'exprime ainsi sur l'invention des clous : « Les clous de la croix du Seigneur qui avaient maintenu ses bienheureux membres ont été retrouvés par la reine Hélène après l'invention de la croix elle-même (2). » Socrate dit aussi que les clous qui avaient attaché les mains du Christ se trouvèrent avec la croix. Bosio (3), d'après Socrate & Nicéphore Calliste dans son histoire de l'Église, dit que sainte Hélène les trouva dans le tombeau, suivant l'usage d'enfermer les condamnés avec les instruments de leur supplice. On sait que, chez les Juifs, leurs cadavres ne pouvaient être placés dans des sépulcres publics.
En enlevant Notre-Seigneur, les clous ont dû être arrachés avant la déposition; car la tête des clous n'aurait pu passer dans les chairs. Des auteurs ont prétendu qu'ils avaient été replacés dans les trous ; mais quelle raison plausible peut-on donner d'une pareille opération? Les clous furent certainement jetés à terre, à mesure de l'avancement de la déposition, ainsi que la couronne & le titre. Or tout ce qui venait de Notre-Seigneur était tellement précieux que ceux qui le déposèrent durent recueillir ces reliques faciles à emporter, auxquelles plus tard ils joignirent les saints suaires & les linges innombrables qui avaient dû servir à l'ensevelissement de la victime divine. Ce sont tous ces objets que sainte Hélène recueillit (1), soit chez les pieux fidèles qui les avaient reçus de leurs pères, soit même dans le sépulcre. Elle s'occupa d'abord du principal, de la croix ; puis, après qu'elle l'eut trouvée, post inventionem, elle rechercha les objets accessoires, qu'elle se procura facilement au moyen des grandes sommes d'argent qu'elle avait apportées avec elle pour cette destination.
L'histoire ne spécifie pas l'invention du titre, de la couronne & des autres reliques ; elle le fait pour les clous, comme le seul complément nécessaire du supplice, & comme le plus grand trésor après la croix. Il était inutile d'en faire alors la nomenclature, mais on ne peut douter que cette sainte princesse ne voulût tout avoir, & qu'elle y parvint, puisque les reliques que nous avons encore proviennent de la même source, de Constantinople.
III. HISTOIRE DES CLOUS.…
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(2) Saint Grégoire de Tours, De glor. mort., liv. I, ch. VI. Speciosi autem omnique metallo nobiliores dominicæ crucis clavi, qui beata membra tenuerunt, ab Helena regina post ipsius sacræ crucis inventionem reperti sunt.
(3) Bosio, p. 101.
(1) Bosio, De cruce triomphante, p. 99.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
III.
HISTOIRE DES CLOUS.[pages 169-170]
Sainte Hélène ayant réuni les restes précieux des instruments de la Passion & disposé de la croix, comme on l'a vu plus haut, employa un clou pour le mors du cheval de son fils, un autre pour le casque, & jeta un troisième à la mer pour apaiser une tempête. Saint Grégoire de Tours dit que le quatrième fut fixé à la tête de la statue de Constantin (2) ; Théodoret, Sozomène, saint Ambroise, voient là un double emploi, & confondent ce dernier avec celui du casque. Saint Ambroise ne parle que de deux clous : De uno clavo frœnos fieri prœcepit, de altero-diadema intexuit, unutn ad decorent, alterum ad devotionem vertit... Ces deux clous, d'après Socrate, auraient servi à attacher les mains.
On a peine d'abord à se rendre compte du motif qui a engagé sainte Hélène à employer un clou de la croix de Notre-Seigneur pour en faire un mors de cheval. Saint Cyrille d'Alexandrie, saint Ambroise, Théodoret, saint Grégoire de Tours y reconnaissent l'accomplissement de la prophétie de Zacharie (ch. XIV, v. 20) : « Ce qui est placé sur le frein du cheval est agréable au Seigneur (1). »
Probablement sainte Hélène n'aura pas mis des clous entiers dans le casque, ni dans le mors du cheval de Constantin ; & plongeant dans la mer le quatrième, elle n'aura fait que le présenter à l'eau, pour que cet attouchement calmât la fureur des flots. L'histoire ne dit pas si elle l'abandonna (2).
Les saints clous ont été conservés à Constantinople jusqu'en 550, le saint mors jusqu'au XIIIe siècle. Sans doute une partie fut transportée en Occident par saint Grégoire le Grand, légat du saint-siège à Constantinople, d'où il revint à Rome en 585, avec de très-précieuses reliques, parmi lesquelles il s'en trouvait quelques unes de la Passion de Notre-Seigneur (3)
IV. RELIQUES DES CLOUS.…
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(2) Gretzer, ch. XCIII.
(1) Saint Grégoire la rapporte ainsi : In die illa erit quod super frænum equi est sanction Domino.— Et Théodoret : Quod est in fræno equi erit sanction Domino omnipotenti.
(2) Besozzi, Hist. de l'église de Sainte-Croix-in-Jerusalem.
(3) Baronius, Annalia, an. 586, n° 25.
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.[pages 170-172]
Pour expliquer le grand nombre de clous répandus dans le monde, on a prétendu que tous les assemblages de la croix avaient été maintenus avec des clous, qu'il y en avait à la traverse de la croix, au support, au titre, &c. Nous avons dit ce que nous pensions de ces opinions sans fondement. Comment supposer d'ailleurs, dans la précipitation de la déposition, qu'on les eût retirés ? C'eût été une opération longue & difficile pour les disciples de desceller la croix, qui dut rester en place; les fidèles n'enlevèrent que ce qui ne tenait pas, comme les clous nécessairement arrachés pour enlever le corps, l'inscription, la couronne, l'éponge, &c.
Il est plus raisonnable de croire que leur multiplicité (4) vient de ce que quelques-uns ont été combinés avec un peu de limaille des véritables, &(5) qu'une petite quantité d'un de ceux-ci, insérée dans un clou ordinaire, suffit pour faire substituer l'image au vrai clou. De plus, on a fabriqué des modèles qui avaient touché aux vraies reliques, & qui dans la suite des temps ont pu passer pour la relique elle-même. On sait, entre autres, que saint Charles Borromée a envoyé un de ces clous à Philippe II, roi d'Espagne.
Niquet ne parle que de ceux de Saint-Denis, Carpentras, Rome, Trêves, Vienne & Milan.
D'après l'indication de Richa (1), j'ai cherché & vu à Florence, au couvent degli Angioli, un clou qui, d'après l'inscription qui l'accompagne, aurait été l'un des douze fabriqués avec un de ceux de Notre-Seigneur & un mélange de fer étranger (2).
Si cette indication est exacte, ces douze clous & ce qui restait des véritables, comme le mors de Carpentras, auraient pu suffire pour une dizaine de reliques entières & sept ou huit fragments authentiques (ch. XIII, 5).
Vingt-neuf villes au moins ont donc, ou croient avoir des vrais clous du crucifiement de Notre-Seigneur, ce qui en fait trente-deux en comptant deux à Rome & trois à Venise. Il n'y a pas lieu de s'étonner de cette quantité si l'on se reporte à ce que nous avons dit plus haut, & si l'on pense que la nature de ces reliques se prêtant à une grande division, chacune, à la rigueur, dans le modèle qui lui reste, pourrait avoir une parcelle des véritables.
Nous venons de voir qu'un grand nombre de clous étaient vénérés comme ayant fait partie de ceux qui servirent à crucifier Notre-Seigneur. Il ne faut pas attacher à cette nature de reliques la même pensée qu'à celles de la vraie croix. Dans la nomenclature des parcelles de celle-ci, nous avons, en recueillant tout, avec soin, démontré leur identité avec le bois sacré & leur véracité, d'après la ténuité des parcelles que l'on pouvait multiplier sans avoir besoin de les fausser.
Pour les clous, la dévotion des peuples a procédé différemment. Il est certain que nous n'avions pas intégralement & dans leur état primitif tous ceux de Notre-Seigneur. La facilité que donnait leur matière de les multiplier, en insérant dans chaque modèle une parcelle de la vraie relique, en a considérablement augmenté le nombre, &, ce qui doit nous étonner dans ces conditions, c'est de n'en pas voir davantage.
Quelques-uns, ou au moins quelques fragments, peuvent nous être arrivés sans avoir subi d'altération. Leur forme, l'authenticité de leur histoire, nous serviront à essayer de les discerner de ceux qui sont, ou des imitations avec insertion de fer sacré, ou seulement des modèles qu'on y aurait fait toucher.
ARRAS. — On vénère dans cette ville un clou que j'ai dessiné d'après une gravure due à l'obligeance de M. le Cher de Linas (1). (Pl. XVI.)
BAMBERG en Bavière possède la moitié d'un saint clou.
CARPENTAS…PLANCHE XVICLOUS
Les clous les plus connus sont figurés sur cette gravure. La couronne de fer de Monza a environ 16 centimètres de diamètre; c'est une lame de fer fort mince, A , attachée à l'intérieur d'une couronne d'or très-pur ornée de vingt-deux pierres précieuses de différences couleurs. Cette remarquable relique servait autrefois au couronnement des empereurs d'Occident.
Le saint mors de Carpentras a été apporté dans cette ville de 1204 à 1226; c'était le mors du cheval de Constantin, que sainte Hélène fit forger en y mêlant du clou de la vraie croix.
Le clou de Trèves fut donné par sainte Hélène elle-même ; sa pointe se conserve à Toul.
Le clou de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome.
Le clou de Notre-Dame de Paris.
Enfin la planche est complétée par des clous ou fragments de clous, à Arras, à Sainte-Marie-in-Campitelli à Rome, à Colle (ce dernier est figuré plus petit que nature).Page 172.
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(4) Erra, Santa-Maria-in-Campitelli, 1750.
(5) Rocca.
(1) Richa, Notice historique des églises de Florence, 1757.
(2) Hic de duodecim clavis factus ab imperatore Constantino ex instigations B. Helenæ, ex uno clavo de tribus clavis D. N. J. C.} videlicet de illo distemperato immixto cum tanto ferro ex quanto facti sunt XII clavi ad similitudinem XII apostolorum ex quibus hic est unus, qui fuit Napoleonis de Ursinis. (Richa.)
(1) Voir les pièces justificatives pour cette ville et pour toutes les autres.
Dernière édition par Louis le Jeu 19 Nov 2020, 7:05 am, édité 5 fois (Raison : Ajout du Commentaire de la Planche XVI et du lien des P.. J. et correction du lien en note.)
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 172-173]
CARPENTAS. — Nous venons de voir que sainte Hélène avait fait fabriquer un mors pour le cheval de Constantin avec un des clous qu'elle avait retrouvés. Quelques auteurs disent qu'elle en employa deux ; il est plus probable au contraire qu'elle n'en mit qu'une partie dans le frein, complétant le fer sacré avec du fer ordinaire.
Après Constantin, cette insigne relique dut être placée dans le trésor des empereurs avec les autres. L'histoire n'en parle que deux siècles après et ne dit pas que ses héritiers s'en soient servi ; cependant les branches sont usées par le frottement des anneaux. En 553 pendant le Ve concile général & le IIe de Constantinople, le pape Vigile prête un serment où elle se trouve indiquée : « Le bienheureux pape Vigile a juré au très-pieux empereur, en notre présence, c'est-à-dire de nous Théodore de Césarée en Cappadoce, & de nous Cethegus, patrice, par la vertu des saints clous avec lesquels Notre-Seigneur a été crucifié, & par les quatre saints Évangiles, & en particulier par la vertu du frein sacré & des quatre saints Évangiles, qu'ils vont s'unir de cœur & d'esprit à cette pieuse assemblée. »
Le clou de Carpentras, que j'ai dessiné sur place avec beaucoup de soin, est un véritable mors de cheval, semblable à ceux dont les Romains avaient coutume de se servir. On en peut voir des modèles au Musée d'artillerie de Paris & à la Bibliothèque impériale.
La partie intérieure, que les éperonniers appellent canon ou embouchure, est longue de 17 centimètres. Le mors est entier : c'est un filet en deux parties qui se pénètrent en formant une espèce de charnière. L'une des boucles est entièrement soudée, l'autre est fermée à chaud & non soudée ; au canon sont attachées deux branches qui ont chacune 160mm de long & 50mm de diamètre. On remarque à chaque extrémité un fourreau en argent doré de 50mm de long; à l'extrémité de l'embouchure, c'est-à-dire vers le milieu des branches, pendent deux anneaux assez larges & de deux grandeurs différentes.
La forge de cette pièce est difficile par son ajustement avec l'appendice des branches, elle est soignée & apparente ; on ne voit pas de trace de lime. Le mors entier pèse 350 grammes.
« C'est à tort qu'on attribue à saint Siffrein l'honneur d'avoir enrichi son église…
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 173-175]
« C'est à tort qu'on attribue à saint Siffrein l'honneur d'avoir enrichi son église d'une relique si précieuse, puisque le saint clou était à Constantinople en 553 lors du concile, & en 576 lorsqu'on l'employa à la guérison de l'empereur Justin; or saint Siffrein, évêque en 536, était mort en 576.
« Ce qui paraît le plus probable, c'est qu'il fut pris au temps des croisades, avec tant d'autres reliques. Il aura été volé, pour être remis à Carpentras. Cette origine explique le secret dont on l'a entouré, le vendeur & l'acheteur ayant le même intérêt à le garder.
« Les premiers monuments authentiques de la possession du saint mors remontent au temps de la 4e croisade (1204). Nous trouvons un diplôme dans le chartier de l'évêché, daté de l'an 1226, au bas duquel on voit un sceau en plomb portant l'effigie du saint clou. Elle est aussi sur un instrument de l'hôtel de ville de 1250. Un inventaire des reliques en fait mention en 1322. On le retrouve pendant le séjour des papes à Avignon, c'est-à-dire de 1309 à 1379. Nicolas V, en 1451, accorda des indulgences à son sujet.
« Les malheurs des temps, auxquels Carpentras fut plus exposé que d'autres, explique très-bien l'absence d'authentique. La possession cinq fois séculaire, dans les conditions où elle a eu lieu, peut très-bien les remplacer (1). » (Pl. XVI).
COLLE. — La tradition rapporte que, vers le IXe siècle, un cardinal français, en revenant de Rome, avait reçu en cadeau du souverain pontife un vrai clou, pour le rapporter dans sa patrie, & qu'à son retour en France il tomba malade à Viterbe, où il mourut. Il avait avec lui un prêtre de Bibbiano distant de deux milles de Colle, & lui confia cette relique placée dans un tube de roseau enfermé dans une petite boîte. Après la mort du prélat, le prêtre prit avec lui le dépôt sacré, qu'il conservait religieusement, jusqu'à ce que, sentant sa fin prochaine, il appela sa mère qui était veuve & lui dit : «Vous donnerez ce clou sacré à la terre de Colle ou celle de San-Giminiano, selon que vous aimerez plus l'une ou l'autre. Vous êtes de San-Giminiano, & mon défunt père votre mari était de Colle. » Il ajouta : « Pour vous ôter toute incertitude, faites avertir les deux communes en même temps, en leur annonçant le don que vous voudrez leur faire, & que la plus empressée devienne possesseur de la relique. »
Aussitôt qu'on eut reçu cet avis à Colle, les frères de la compagnie de la Croix se réunirent dans la paroisse del Piano, se rendirent processionnellement à Bibbiano avant l'arrivée de ceux de San-Giminiano, & reçurent le précieux trésor.
En 1355 des legs pieux furent faits à l'œuvre de la Sainte-Relique. Ces legs & donations se continuèrent jusqu'à nos jours. En 1465 le conseil de Colle ordonna un beau tabernacle en marbre; en 1618 il lui fit un plus riche reliquaire en argent ; au XVe siècle on ne le montrait qu'avec la permission du conseil ; & le respect qu'on lui rendait était tel, qu'il n'était pas permis même d'y faire toucher des modèles de clous (2).
La manière dont ce clou a été donné par un souverain pontife rappelle la donation de saint Charles Borromée au roi d'Espagne, dont il sera question plus loin, & semble indiquer que ce pourrait être un modèle qui aurait touché au vrai clou de Rome, comme on en distribue encore actuellement.
Par exception, celui de Colle, dont je n'ai pu me procurer la grandeur exacte, n'a pas été figuré dans sa dimension réelle, il a été copié dans Cateni (Pl. XVI).
COLOGNE…PLANCHE XVICLOUS
Les clous les plus connus sont figurés sur cette gravure. La couronne de fer de Monza a environ 16 centimètres de diamètre; c'est une lame de fer fort mince, A , attachée à l'intérieur d'une couronne d'or très-pur ornée de vingt-deux pierres précieuses de différences couleurs. Cette remarquable relique servait autrefois au couronnement des empereurs d'Occident.
Le saint mors de Carpentras a été apporté dans cette ville de 1204 à 1226; c'était le mors du cheval de Constantin, que sainte Hélène fit forger en y mêlant du clou de la vraie croix.
Le clou de Trèves fut donné par sainte Hélène elle-même ; sa pointe se conserve à Toul.
Le clou de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome.
Le clou de Notre-Dame de Paris.
Enfin la planche est complétée par des clous ou fragments de clous, à Arras, à Sainte-Marie-in-Campitelli à Rome, à Colle (ce dernier est figuré plus petit que nature).Page 172.
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(1) Andreoli, le Clou de Carpentras; l'abbé Ricard, Notice sur le mors de Carpentras, Lyon, 1862 p. 9, 112.
(2) Cateni, Notizie del SS. chiedo di colle, 1821, p. 31.
Dernière édition par Louis le Dim 31 Mai 2020, 2:10 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout du Commentaire de la Planche XVI.)
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 175-176]
COLOGNE. — J'ai vu à Cologne un fragment de clou enchâssé dans un tube d'argent, de 4o mm de longueur, & qui doit inspirer confiance par la petitesse de son volume & l'antiquité de l'église.
CRACOVIE.— L'église de Cracovie en Pologne, dit-on, en possède un qui fut donné au roi Wladislas par le cardinal des Ursins (1).
ESCURIAL. — L'église Saint-Laurent à l'Escurial près Madrid conserve, dit Corrieris, un clou fabriqué avec quelques parcelles des vrais clous. Ne serait-ce pas plutôt celui que saint Charles Borromée aurait envoyé à Philippe II & qu'il avait fait toucher au clou de Milan?
FLORENCE. — Richa, dans la description des églises de Florence (2), note une relique d'un très-vif intérêt, en ce qu'elle concourrait à expliquer le grand nombre de clous vénérés dans le monde. On la conservait à l'église du couvent Degli Angioli appartenant aux camaldules. Son authentique est rappelé dans une inscription tracée sur le pied du reliquaire & nous apprend que c'est un des douze clous que Constantin fit fabriquer, en y mêlant quelques fragments d'un de ceux qui servirent à crucifier Notre-Seigneur. Giamboni, dans son Diario sacro (3), le décrit, en rappelant, comme Richa, l'inscription qui en marque l'origine.
Après avoir vainement tenté de voir cette relique pendant mes précédents voyages à Florence, j'ai eu la bonne fortune de l'examiner avec soin lors du dernier. C'était au moment précis, bien triste & bien solennel, où les religieux camaldules étaient indignement chassés de leur couvent (octobre 1868). Le révérend père prieur, d'une sérénité admirable malgré ses vives préoccupations, eut la bonté de me montrer le fer sacré & de me permettre de le dessiner. Il est enfermé dans un reliquaire des plus simples en bois de noyer encadré d'argent & portant la date de 1585. Il s'y trouve trois petits morceaux du bois de la vraie croix, de l'éponge, de l'épine, &c. Sur le côté du reliquaire on lit : VNVS. EX. XII. CLAVIS.
Cette relique vient du cardinal Bessarion, né en 1395, mort en 1472, nommé patriarche de Constantinople par le pape Pie II. II s'était lié d'amitié avec le vénérable dom Ambrogio Traversari, général des camaldules, interprète entre l'Église grecque & l'Église latine pour leur réunion au concile de Florence. Il lui donna, en gage d'amitié, plusieurs insignes reliques, & entre autres un des douze clous où se trouvaient des parcelles des clous du Calvaire (Pl. XVII).PLANCHE XVIICLOUS
Le clou provenant du couvent degli Angioli à Florence, accompagné d'une inscription indiquant qu'il est un des douze, fabriqués par ordre de Constantin avec des parcelles de vrai clou, explique ainsi la multiplicité & l'authenticité de ce genre de reliques.
La même planche représente le clou de Milan, que quelques auteurs ont confondu à tort avec celui de Carpentras; sur les côtés celui de Venise, & celui de Sienne; tous dans leur grandeur naturelle.Page 176.
LAGNY. — Autrefois un saint clou se trouvait à l'abbaye royale de Saint-Pierre de Lagny…
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(1) Gosselin.
(2) Richa, Chiese fiorentine, t. VII, p. 171.
(3) Giamboni, Diario sacro, Florence, 1700, p. 89.
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 176-177]
LAGNY. — Autrefois un saint clou se trouvait à l'abbaye royale de Saint-Pierre de Lagny. Tous les ans, le dimanche de la Passion, on le portait processionnellement dans les rues de la ville appelée alors Lagny-Ie-Clou.
LAON. — L'abbaye de Saint-Vincent-de-Laon célébrait la fête d'un saint clou qu'elle comptait parmi ses reliques (1)
MILAN. — On a dit que le vrai clou, qui est la plus célèbre des reliques vénérées à Milan, avait, comme celui de Carpentras, la forme d'un mors. C'est une erreur; sa forme est toute différente. Corrieris paraît douter de son authenticité, & dit qu'on n'en parle qu'au XVe siècle, à l'occasion d'une réparation de l'église. Cornélius Curtius, au contraire, prétend que personne ne doute de ceux qu'on possède à Milan, à Rome & à Trêves.
D'après Besozzi, l'empereur Théodose l'apporta à Milan pour saint Ambroise, & saint Charles Borromée l'avait en grande vénération. Il n'a rien de commun avec celui de Carpentras. En 1649, on en lima une partie pour satisfaire la dévotion de Marie-Thérèse d'Autriche, alors infante d'Espagne, & depuis épouse de Louis XIV.
Craignant qu'il ne fût volé, on l'a renfermé dans une grande croix dorée avec un morceau de la vraie croix, & on les a placés vers la retombée de la voûte au-dessus du maître-autel. Cinq chanoines, dans les jours solennels de l'exposition, ouvrent la porte du reliquaire, & des ouvriers le descendent avec des cordes pour le montrer au peuple. Je n'ai pu le voir ; mais, à la recommandation de Mgr de Rossi, vicaire général, M. le préfet de la sacristie a bien voulu, en me montrant les reliques insignes données par Pie IV à son neveu saint Charles Borromée, me prêter une image gravée du clou que j'ai calquée (Pl. XVII).PLANCHE XVIICLOUS
Le clou provenant du couvent degli Angioli à Florence, accompagné d'une inscription indiquant qu'il est un des douze, fabriqués par ordre de Constantin avec des parcelles de vrai clou, explique ainsi la multiplicité & l'authenticité de ce genre de reliques.
La même planche représente le clou de Milan, que quelques auteurs ont confondu à tort avec celui de Carpentras; sur les côtés celui de Venise, & celui de Sienne; tous dans leur grandeur naturelle.Page 176.
MONZAa.. — On conserve à Monza près Milan la célèbre couronne de fer qui servait au couronnement des empereurs. Saint Ambroise, faisant allusion à cette couronne, disait qu'un clou sacré avait ceint la tête de l'empereur dont il faisait ;'oraison funèbre. Juste Fontanini, qui l'a décrite, présente comme preuve de son authenticité le nom même qu'on lui donne. La couronne principale est d'or pur orné des pierres les plus précieuses ; & cependant on la nomme la couronne de fer, pour montrer que dans cette circonstance le fer est plus précieux que l'or, malgré son faible poids.
La couronne d'or est trop petite pour entrer sur la tête, elle ne peut en couvrir que le haut; elle est ouverte, a trois doigts de hauteur, sans rayons, branches ni rameaux, ce qui prouve son antiquité.
La lame de fer attachée à l'intérieur a 13 mm de hauteur, environ 514 mm de développement; son épaisseur, 1mm16, calculée d'après son poids, qui est de 3 onces; son volume environ de 9,000 mm (1).PLANCHE XVICLOUS
Les clous les plus connus sont figurés sur cette gravure. La couronne de fer de Monza a environ 16 centimètres de diamètre; c'est une lame de fer fort mince, A , attachée à l'intérieur d'une couronne d'or très-pur ornée de vingt-deux pierres précieuses de différences couleurs. Cette remarquable relique servait autrefois au couronnement des empereurs d'Occident.
Le saint mors de Carpentras a été apporté dans cette ville de 1204 à 1226; c'était le mors du cheval de Constantin, que sainte Hélène fit forger en y mêlant du clou de la vraie croix.
Le clou de Trèves fut donné par sainte Hélène elle-même ; sa pointe se conserve à Toul.
Le clou de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome.
Le clou de Notre-Dame de Paris.
Enfin la planche est complétée par des clous ou fragments de clous, à Arras, à Sainte-Marie-in-Campitelli à Rome, à Colle (ce dernier est figuré plus petit que nature).Page 172.
PARIS. — Notre-Dame...
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(1) M. l'abbé Denis, chanoine de Meaux.
a.: Note de Louis: j'ai ajouté la Pl. XVI, pour montrer la couronne de Monza.
(1) Fontanini, De corona ferrea, 1717.
Dernière édition par Louis le Dim 31 Mai 2020, 2:08 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout du Commentaire de la Planche XVI.)
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 177-178]
PARIS. — Notre-Dame. — Le clou de Notre-Dame, de 90 mm de longueur, n'a pas de tête; sa pointe méplate est intacte. La forge en est grossière. Un ou deux mois avant notre visite du 12 juillet 1865, un accident arrivé au reliquaire en fit briser les glaces. Le clou resta à nu, & c'est dans cet état que j'ai pu l'appliquer sur une feuille de papier, en suivre les contours avec un crayon &, au moyen des quatre projections ainsi obtenues, modeler une copie fidèle.
Il était autrefois à Saint-Denis (2). « Il vient de Charlemagne, qui le reçut de l'empereur Constantin V avec plusieurs autres saintes reliques qu'il fit mettre dans la belle église bâtie par lui en l’honneur de la sainte Vierge Marie à Aix-la-Chapelle, d'où l’empereur Charles le Chauve, son petit-fils, les fit transférer en France & placer honorablement dans l'église de Saint-Denis. »
Bosio, qui écrit en latin, cite ainsi en français un passage des Grandes Chroniques de France, du grand roi Charlemagne, par Nicole Gilles :« Au retour de Jérusalem le dict Charle-Magne passa par Constantinople, & lui fist le dict Constantin, empereur, offrir de grands présens & trésors d'or, d'argent, & de pierres précieuses. Mais le dict Charle-Magne qui avoit empris le dict voyage pour l'honneur de nostre seigneur Jesu Christ, ne voulut avoir de son travail & labeur nulle rémunération temporelle, & n'en voulut riens prendre : mais il demanda au dict empereur aucunes reliques de la Passion de Jesu Christ & de ses saincts. A ceste cause, le dict empereur de Constantinople luy donna ung des clous de quoi nostre seigneur Jesu Christ fut crucifié ; des espines de sa couronne, laquelle en sa présence florist miraculeusement, & grande partie du fust de la vraie croix. »
Guillaume de Nangis, contemporain de saint Louis, raconte dans la vie de ce roi que, le 17 février 1232, on montrait au peuple le saint clou, qui tomba de son reliquaire & fut perdu dans la foule. Le roi & la reine mère en eurent un profond chagrin, & saint Louis dit qu'il aurait mieux aimé avoir perdu une de ses plus grandes villes. Le deuil était général dans toute la population ; on fit annoncer dans toutes les places de Paris qu'on accorderait une récompense à celui qui le rapporterait. Enfin, le 1er avril, il fut heureusement retrouvé dans une masse de ferraille où l'avait jeté la femme d'un forgeron, après l'avoir ramassé dans l'église comme un objet de peu de valeur. On l'exposa de nouveau le vendredi saint (1).
En 1370, Charles V en offrit au pape une petite partie.
En 1384, Clément Vil donna cette parcelle au duc de Berri, qui l'attacha à un clou de fer ordinaire & l'enchâssa dans un riche reliquaire en cristal.
En 1397, Charles VI fit faire un reliquaire du prix de 2,000 écus d'or (2).
En 1445, ce clou & l'épine, transférés à Bourges par Charles VII pour les soustraire aux Anglais, furent rapportés à Paris, &, le troisième jour, rendus à Saint-Denis.
Le 1er mars 1672, il fut porté à Saint-Germain en Laye pour le faire toucher à une fille du roi qui était malade.
Lors de la Révolution, il fut présenté à la Commission temporaire des arts. M. Lelièvre, depuis membre de l'Institut & inspecteur général des mines, membre de cette commission, obtint la permission de prendre ce saint clou comme un objet de minéralogie qu'il voulait examiner & analyser. Il le remit en 1827 à l'archevêché de Paris, en assurant avec serment que c'était véritablement le saint clou sorti du trésor de l'abbaye de Saint-Denis & sauvé de la profanation en 1793.
Gosselin (3) dit qu'il existait en 1828 deux clous à Notre-Dame, l'un provenant de l'abbaye de Saint-Denis, dont nous venons de parler, l'autre de l'abbaye de Saint-Germain des Prés. Celui-ci avait été légué en 1684 à l'abbaye par la princesse Palatine. Je me suis assuré qu'il n'en existe plus qu'un dans le trésor de Notre-Dame (Pl. XX).PLANCHE XXLA COURONNE D’ÉPINES A PARIS
Saint Louis, ayant dégagé les insignes reliques que Baudouin avait données comme garantie aux Vénitiens, apporta la couronne d'épines de Sens à Paris (1239) & lui fit faire le plus beau reliquaire qu'un roi puisse offrir à un pareil trésor : il éleva la Sainte-Chapelle.
La couronne se compose d'un anneau de petits joncs réunis en faisceau. Le diamètre intérieur est de 21 centimètres.
On voit dans le bas de la planche un fragment grandeur de nature; au-dessus un jonc grossi à la loupe, &t tout en haut, le reliquaire renfermant la couronne tout entière au quart de sa grandeur.
On a gravé sur la même planche deux faces du clou conservé à Notre-Dame de Paris. Il ne reste plus d'épines à Paris.
(Voir le frontispice)Page 202.
ROME. — Sainte-Croix-in-Jérusalem. — Le clou que l'on voit…
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(2) Millet, 1638, p. 86.
(1) Gretzer.
(2) D. Felibien.
(3) P. 149.
Dernière édition par Louis le Sam 20 Juin 2020, 7:43 am, édité 4 fois (Raison : Ajout du Commentaire de la Planche XX, rafraichissement de celle-ci et correction du lien dans la Planche XX.)
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 178-179]
ROME. — Sainte-Croix-in-Jérusalem. —Le clou que l'on voit dans cette basilique a 120 mm de long, 8 mm ½ de grosseur à sa plus grande dimension, & sa tête est couverte d'une espèce de chapeau creux au fond duquel il est rivé comme on le voit à quelques clous antiques, à ceux par exemple de la Bibliothèque du Vatican (voir la figure ci-contre).
D'après cette disposition, ne serait-il pas une des douze représentations faites par Constantin, dont j'ai parlé plus haut dans l'article consacré à la multiplication des clous, & ce chapeau ne serait-il pas le symbole ou l'image de la couronne asiatique? Il ne paraît pas, en effet, disposé pour servir; car au moindre coup porté à faux sur cette tête, elle se serait détachée.
Collin de Plancy, qui doute de l'authenticité de presque tous les clous, ne doute pas de celui-ci. On doit donc en rapporter l'origine à sainte Hélène. Cette espèce de contradiction entre l'opinion favorable d'un auteur sceptique & la forme de la relique s'expliquerait en en faisant remonter, comme je viens de le dire, la façon à Constantin. Le modèle le plus gros du clou de Sainte-Croix-in-Jérusalem, & qui paraît se rapprocher davantage de l'original, a été trouvé du poids de 63 grammes.
Santa-Maria-in-Campitelli. — L'église de Santa-Maria-in-Campitelli conserve un clou dont le reliquaire lui-même est un bien remarquable authentique ; c'était l'autel portatif de saint Grégoire de Nazianze, apporté à Rome vers l'an 750, avec le corps de ce saint, qui resta longtemps à Santa-Maria-in-Campo-Marzo, & fut ensuite transféré, par ordre de Grégoire XIII, dans la basilique du Vatican. Il porte une inscription grossière & barbare mais simple, probablement du XIe siècle, indiquant qu'il y avait là du bois de la vraie croix, du sang, du saint sépulcre, & des clous, enfin des reliques de saint Pierre & de saint Paul (1).
La relique dessinée par moi est un gros clou à tête de 75 mm de longueur, dont le bout a été coupé & qui avait peut-être une longueur double de sa longueur actuelle. Il est gros à peu près comme celui de Paris. L'extrémité a été arrondie à la lime; elle est plus unie, tandis que la tige, qui a conservé sa surface antique, est comme rongée par la rouille (Pl. XVI).PLANCHE XVICLOUS
Les clous les plus connus sont figurés sur cette gravure. La couronne de fer de Monza a environ 16 centimètres de diamètre; c'est une lame de fer fort mince, A , attachée à l'intérieur d'une couronne d'or très-pur ornée de vingt-deux pierres précieuses de différences couleurs. Cette remarquable relique servait autrefois au couronnement des empereurs d'Occident.
Le saint mors de Carpentras a été apporté dans cette ville de 1204 à 1226; c'était le mors du cheval de Constantin, que sainte Hélène fit forger en y mêlant du clou de la vraie croix.
Le clou de Trèves fut donné par sainte Hélène elle-même ; sa pointe se conserve à Toul.
Le clou de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome.
Le clou de Notre-Dame de Paris.
Enfin la planche est complétée par des clous ou fragments de clous, à Arras, à Sainte-Marie-in-Campitelli à Rome, à Colle (ce dernier est figuré plus petit que nature).Page 172.
SIENNE. — Hôpital de la Scala. — J'ai vu & dessiné à l'hôpital de la Scala…
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(1) Erra, Storia della chiesa di Santa-Maria-in-Campitelli.
Dernière édition par Louis le Mer 03 Juin 2020, 1:36 pm, édité 1 fois (Raison : Inscription de la note (1) dans le texte : Santa-Maria-in-Campitelli.)
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IV.
RELIQUES DES CLOUS.(SUITE)[pages 180-181]
SIENNE. — Hôpital de la Scala. — J'ai vu & dessiné à l'hôpital de la Scala, à Sienne, un clou que l'on considère comme véritable. C'est une petite barre de fer carrée un peu rouillée, courbe, sans tête ni pointe, dans un reliquaire du XIVe siècle & sur la base duquel se trouvent, sur un fond d'émail, les armes de la ville & de l'hôpital. Il a été cédé à cet établissement en 1359, avec le morceau de la vraie croix dont j'ai déjà parlé, par Pietro Torrigini, qui l'avait acheté aux enchères à Constantinople (1).
Il était donc dans le palais des empereurs à Constantinople, & peut, comme celui de Rome, celui du couvent Degli Angioli à Florence, & d'autres, avoir été composé, dès le temps de Constantin, de fer ordinaire mêlé avec quelques fragments d'un vrai clou.
SPOLÈTE. — On voit à Rome, dit Corrieris, une pierre récemment placée dans la bibliothèque du Vatican, par Benoît XIV, représentant, peinte en rouge, la forme du clou du temple du Sauveur à Spolète. Il est un peu plus gros que celui de Sainte-Croix, auquel il ressemble.
TORCELLO, près VENISE.— Alban Butler, Vite dei Padri, dei Martiri, croit que tous ceux de Venise, y compris Torcello, sont faux (2).
TRÈVES ET TOUL. — On regarde comme certain que le clou de Trèves a été donné à l'évêque de cette ville par sainte Hélène. On le considère, d'après cela, comme le plus authentique. La pointe qui manque a été détachée pour être donnée à Toul, où elle est l'objet d'une grande vénération (Pl. XVI).
On raconte que Théodore, évêque de Metz, voulant soustraire cette insigne relique, en fit faire une copie qu'il mit à la place du vrai clou, qu'un miracle le força ensuite à restituer.
En 1794, le saint clou, la sainte robe & d'autres trésors furent emportés de l'autre côté du Rhin. Le duc de Nassau donna le saint clou au prince Metternich qui, avant sa mort, le rendit à Trêves. Son poids doit être de 300 à 350 grammes calculés d'après les dessins qui m'ont été envoyés.
TROYES. — M. l'abbé Coffinet, en décrivant les reliques du trésor de Troyes, signale un riche reliquaire d'agate orientale contenant une parcelle de clou.
VENISE. — D'après Flamininus Cornélius, sénateur vénitien, parmi les trois clous déposés à Venise dans les basiliques patriarcale, ducale & des Clarisses, le premier aurait pu servir à attacher le support des pieds, le second serait douteux & le troisième, tout à fait semblable à celui de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome, de 9 onces ½ de long, ne serait pas authentique. M. l'abbé Passini a eu la bonté de me faire voir celui de la cathédrale. Son épaisseur la plus grande est de 4 mm. Il est dans un reliquaire grec en argent doré. C'est une table de 0 m, 36 sur 0 m, 25. — On ignore sa provenance (Pl. XVII).PLANCHE XVICLOUS
Les clous les plus connus sont figurés sur cette gravure. La couronne de fer de Monza a environ 16 centimètres de diamètre; c'est une lame de fer fort mince, A , attachée à l'intérieur d'une couronne d'or très-pur ornée de vingt-deux pierres précieuses de différences couleurs. Cette remarquable relique servait autrefois au couronnement des empereurs d'Occident.
Le saint mors de Carpentras a été apporté dans cette ville de 1204 à 1226; c'était le mors du cheval de Constantin, que sainte Hélène fit forger en y mêlant du clou de la vraie croix.
Le clou de Trèves fut donné par sainte Hélène elle-même ; sa pointe se conserve à Toul.
Le clou de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome.
Le clou de Notre-Dame de Paris.
Enfin la planche est complétée par des clous ou fragments de clous, à Arras, à Sainte-Marie-in-Campitelli à Rome, à Colle (ce dernier est figuré plus petit que nature).Page 172.PLANCHE XVIICLOUS
Le clou provenant du couvent degli Angioli à Florence, accompagné d'une inscription indiquant qu'il est un des douze, fabriqués par ordre de Constantin avec des parcelles de vrai clou, explique ainsi la multiplicité & l'authenticité de ce genre de reliques.
La même planche représente le clou de Milan, que quelques auteurs ont confondu à tort avec celui de Carpentras; sur les côtés celui de Venise, & celui de Sienne; tous dans leur grandeur naturelle.Page 176.
V. CONCLUSION. …
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(1) Voir les reliques de la vraie croix, les pièces justificatives & la Pl. XII.
(2) De Corrieris, Reliques à Sainte-Croix-de-Jérusalem, 1829, note 9, p. 180 à 187.Nota Bene a écrit: Les pièces justificatives concernant les villes seront fournies sur demande. Bien à vous.PLANCHE XIIBORDEAUX, BOURGES, CHAMIREY, COMPIÈGNEBOURBON-L'ARCHAMBAULT, DIJON, LES JÉSUITES DE PARIS, LILLELYON, RIEL-LES-EAUX
Le morceau le plus considérable de cette planche est à Bourbon-l'Archambault. Comme pour d'autres grosses reliques, j'ai été obligé d'en réduire la longueur, qui est de 250 millimètres. Il est au second plan. On voit à ce même plan en diagonale les reliques de Dijon, & sur le devant celles de Bourges, Compiègne, Lille, Lyon, toutes très-importantes. Celles de Bordeaux, Chamirey, Riel-les-Eaux, & des Jésuites, rue des Postes & Vaugirard, occupent les espaces laissés libres par les autres.(Page 128.)
Dernière édition par Louis le Jeu 04 Juin 2020, 11:48 am, édité 1 fois (Raison : Ajout du Nota Bene.)
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V.
CONCLUSION.[page 181]
Tous les autres sont de petits fragments ou des modèles, & dignes toutefois de vénération, parce qu'ils ont touché à de vrais clous ou qu'ils en contiennent des parcelles avec lesquelles ils ont été forgés.
En résumé, le mors de Carpentras désigné par sa singularité à l'attention de l'histoire qui ne l'a pas perdu de vue, le cercle de Monza & le clou de Trèves, complété par celui de Toul, nous semblent incontestables &, sauf leur forme modifiée, sont bien ceux qui ont servi au crucifiement. On doit admettre que celui de Rome vient de Constantin ; mais, d'après sa figure, ce pouvait être un des modèles fabriqués avec des parcelles de vrais clous; celui de Paris pourrait être dans le même cas.
CHAPITRE IIe — LE TITRE DE LA CROIX.…
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CHAPITRE IIeLE TITRE DE LA CROIX.[pages 183-184]
'HISTOIRE de la Passion nous apprend qu'un titre (titulus) fut placé en haut de la croix du Sauveur. C'était un écriteau destiné à faire connaître les motifs de la condamnation; porté en avant du condamné ou attaché à son cou, il était parfois remplacé par une proclamation du crieur public annonçant le nom du criminel & l'arrêt de la justice (2]. Il était préparé quand Notre-Seigneur sortit du prétoire, afin de le précéder dans le long parcours de la voie douloureuse (3). Le titre ne tenait pas encore à la croix, à laquelle il ne fut attaché avec des clous que sur le Calvaire. Pilatus in capite ligni clavis tabulant cum nomine regis Judæorum confixit (4).I.
INVENTION DU TITRE.
Rufin, dans son Histoire ecclésiastique (5), à la fin du IVe siècle, dit qu'il a été trouvé par sainte Hélène dans un autre endroit que la croix (6), mais en même temps (1). On ne dit pas ce qu'elle en fit. On ne peut douter cependant qu'elle ne l'ait entouré d'autant de vénération que le bois même de la croix (2). Il nous a été conservé, au moins en partie notable, & c'est un grand bonheur pour les chrétiens de pouvoir encore lire cette inscription, qui est comme le sceau de notre histoire sacrée (3).II.
LE TITRE A ROME.
Les uns pensent qu'une sainte femme apporta le titre à Rome & le plaça dans la basilique de Sainte-Croix-in-Jérusalem; d'autres, avec plus de vraisemblance, croient que sainte Hélène le donna à la ville éternelle, avec la croix & une foule d'objets sacrés, entre autres une telle quantité de terre des lieux saints, qu'en la répandant dans la ville on pouvait l'appeler une nouvelle Jérusalem, & qu'au moins la magnifique église qu'elle fondait était bien in Jérusalem (4).
Cent ans après, Placidius Valentinien III, fils de Constance César, neveu des empereurs Arcadius & Honorius par leur sœur Galla Placidia, fille du grand Théodose, orna de mosaïques le lieu où sainte Hélène l'avait mis. Valentinien l'avait, dit-on, caché dans une muraille pour le dérober aux déprédations des Goths & des Huns qui menaçaient l'Occident, comme les Vénitiens le firent eux-mêmes dans des circonstances analogues (5). Il est plus probable, nous le verrons tout à l'heure, que c'était pour le mettre en évidence. Mais le temps ayant fortement altéré la mosaïque qui en marquait la place, on en perdit le souvenir, lors des malheurs d'une époque si désastreuse pour Rome (6. Cet oubli le sauva pendant dix siècles jusqu'à ce que cette insigne relique revînt à la lumière.
DÉCOUVERTE DE LA RELIQUE DU TITRE.…
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(1) Tiré d'un manuscrit du Vatican.
(2) Bosio, De cruce, p. 58.
(3) De Corrieris, De Sessorianis reliquiis, 1829, p. 271.
(4) Gretzer, ch. XXIX p. 92.
(5) Rufin, liv. I, ch. VII.
(6) Benoît XIV, De Festis dominicis, liv. I, ch. VII.
(1) Sozomène. Bosio, ch. XI, p. 60.
(2) Gretzer, ch. XCII.
(3) Voir Rome, pièces justificatives [en latin], inscription à Sainte-Croix-in-Jérusalem. Bulle du pape Alexandre VI.
(4) Niquet, ch. XXIV, p. 152, pièces justificatives [en latin], Rome.
(5) Benoît XIV.
(6) De Corrieris, p. 89. — Niquet, loc. cit. — Muratori, t. III, p. 1239.
Dernière édition par Louis le Jeu 19 Nov 2020, 6:57 am, édité 5 fois (Raison : Mot ajouté dans le 1er paragraphe, premiëre ligne, et liens aux notes 3 et 4.)
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IIIDÉCOUVERTE DE LA RELIQUE DU TITRE.[pages 185-186]
Des témoins contemporains, Lælius Petronius, Paul de Mestre, Étienne Infessura, rédacteurs d'un ancien mémorial de la ville de Rome, racontent ainsi les circonstances dans lesquelles la relique du titre fut retrouvée (1).
« Le 1er février 1492, on apprit la grande nouvelle de la victoire de Grenade remportée par le roi d'Espagne, & de la prise de la ville qu'il assiégeait depuis longtemps. Le même jour Rome fut témoin d'un miracle.
« Mgr Pierre Consalvi de Mendosa, cardinal de Sainte-Croix, faisait réparer & blanchir son église ; lorsque les ouvriers atteignirent le sommet de l'arc, au milieu de la basilique près du toit, où l'on voit encore deux petites colonnes, ils sentirent un certain vide, & y découvrirent une niche dans laquelle se trouvait une boîte de plomb de deux palmes, bien close, & au-dessus une tablette de marbre où étaient gravés ces mots : hic est titulus veræ crucis. On trouva dans cette boite une planchette d'un palme &; demi de long rongée d'un côté par le temps, & portant, en caractères gravés en creux & colorés de rouge, l'inscription suivante : Jesus Nazarenus Rex Judæorum. Mais le mot Judæorum n'était point entier, la dernière syllabe rum s'arrêtait à l'R, les deux dernières lettres um étant tombées par suite de la vétusté. La première ligne était écrite en caractères latins, la seconde en caractères grecs, &; la troisième en caractères hébreux.
« Toute la ville vint le voir; & trois jours après le pape Innocent vint aussi, & ordonna de conserver la relique dans sa boîte en la couvrant d'une lame de verre. Tout le monde est resté convaincu qu'on avait devant les yeux l'inscription que Pilate plaça sur la croix & au-dessus de la tête du Sauveur, & que sainte Hélène, mère de Constantin, avait mise dans l'église à l'époque de sa construction (2). »
Le sommet de l'arc de la basilique me fut montré sur les lieux mêmes par le prêtre qui me rappelait cette antique tradition. C'était un lieu très-apparent & plus convenable pour vénérer une relique que pour la cacher.
Lorsqu'en 1492, on examina le titre & sa boîte, on y reconnut le sceau du cardinal Gérard Caccianemici, correspondant à l'année 1143 ; ce qui fait voir que la relique avait été visitée à cette époque (1).
DESCRIPTION DE LA RELIQUE.…
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(1) Bosio, De cruce.p. 60.
(2) Bosio, Gretzer, Benoît XIV.
(1) De Corrieris, Reliques de la Passion à Sainte-Croix-in-Jérusalem, p. 89.
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IV.
DESCRIPTION DE LA RELIQUE.[page 186]
Nous avons vu dans le journal de Rome qu'il est question d'un couvercle & d'une relique. Ces deux précieux monuments ont été conservés.
Le couvercle est une brique en terre cuite de 320 mm, sur 210 mm, plus grande que le titre & pouvant par conséquent bien cacher la niche où fut enfermée pendant mille ans la boîte de plomb qui le contenait. Sur cette brique on lit ces mots gravés au ciseau : TITVLVS CRVCIS. Les lettres antiques de 50 mm de hauteur sont d'une belle époque (Pl. XIX).PLANCHE XIXCOUVERCLE ET RESTAURATION DU TITRE
On vénère encore à Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome, une relique bien précieuse comme contrôle de celle du titre. C'est une tablette en terre cuite de 320 millimètres de longueur sur 210 millimètres de hauteur, trouvée (1492) en avant de la niche où la vraie croix était enfermée, dans la clef du grand arc de cette église.
Si l'on rapproche ces deux reliques, que l'on ait égard à la boîte en plomb qui renfermait la première, au jeu ou vide égal tout autour du titre & de sa boîte, on trouve qu'elles sont dans un rapport parfait, & que par conséquent dès l'origine le fragment du titre était exactement de la grandeur actuelle.
La tablette en terre cuite est représentée sur la planche à moitié de sa grandeur naturelle. Les caractères Titulus crucis sont d'une époque incontestablement romaine.
On voit au bas de la planche, au quart de sa grandeur, la restauration du titre tentée par M. Drach & que j'ai calquée à Sainte-Croix-de-Jérusalem.
(Page 190)
Le fragment du titre que l'on conserve sous verre, dans un assez pauvre reliquaire d'argent, est une petite planche de 235 mm de largeur sur 130 mm de hauteur, sillonnée de trous de vers & semblant tomber de pourriture (Pl. XVIII).
On y voit très-distinctement deux restes d'inscriptions grecque & romaine, & dans le haut, l'extrémité de quelques lignes courbes qui paraissent être ceux d'une troisième inscription (2).
La seconde inscription porte : NAZAPECN81 ; & la troisième NAZARINUS RE.
Les lettres sont légèrement en creux, comme si elles avaient été tracées avec cet outil particulier dont les charpentiers se servent de nos jours pour marquer le bois, ou simplement avec une petite gouge. Elles ont de 28 mm à 30 mm. Peintes en rouge sur un fond blanc, que je n'y ai plus remarqué, elles devaient être très-visibles à la hauteur où Ponce Pilate les fit placer. Les mots sont écrits de droite à gauche, en suivant l'ordre du titre Hébreu, & les lettres sont renversées comme si on les voyait dans une glace. J'ai dessiné avec beaucoup de soin la relique de Sainte-Croix & en corrigeant sur place une gravure antérieure déjà assez exacte.
NATURE DU BOIS.…
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(2) Gosselin, Couronne d'épines, 1828, p. 47.
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V.
NATURE DU BOIS.[page 187]
Des auteurs ont prétendu que le titre était écrit sur du papyrus. Il est certain que la relique n'est pas du papyrus, trop mince d'ailleurs pour être attaché avec des clous sur la croix ou creusé par une gouge. Il est regrettable qu'on ne puisse l'ôter du reliquaire pour l'examiner au microscope, seul moyen efficace d'en déterminer rigoureusement la nature. Quoi qu'il en soit, je ne crois pas que ce soit du sapin ni un autre bois résineux à veines alternativement dures & tendres. Il faut un bois plein comme du chêne, du sycomore ou du peuplier, pour que la renette ou la gouge puisse creuser le canal de la lettre à une aussi petite échelle.
INTÉGRITÉ DE LA RELIQUE..…
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