MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
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CHAPITRE VILES VÉRONIQUES.(SUITE)[page 247-248]
VÉRONIQUE DE JAËN (ESPAGNE). — Mgr Monescillo, évêque de Jaën, m'a envoyé une photographie représentant le voile de la Véronique que l'on conserve dans la cathédrale de cette ville & que j'ai reproduite en vignette à la fin de ce chapitre.
LAON. — On vénère à Laon une sainte face donnée aux religieux de Montreuil par Jacques de Troyes, chapelain du pape Innocent IV, en 1243.
IMAGE D'ÉDESSE.— On raconte qu'Abgarus, roi d'Édesse en Mésopotamie, avait envoyé un peintre pour faire le portrait de Jésus-Christ; mais que, ébloui par l'éclat surnaturel qui brillait dans sa personne, il ne put réussir, & qu'alors Notre-Seigneur, prenant un suaire, en essuya son visage qui resta figuré sur le linge. Cette image était déjà célèbre au VIe siècle à Édesse; elle y resta jusqu'au XIe siècle, époque où elle passa à Constantinople, puis à Rome, où on la vénère à Saint-Sylvestre-in-Capite. Une foule de docteurs pieux & savants, grecs & latins, pendant un grand nombre de siècles, ont cru à l'exécution miraculeuse de cette image (1).
GÊNES croit aussi posséder le saint suaire d'Édesse, qui aurait été porté de cette ville à Constantinople par Constantin Porphyrogénète en 944. Jean Paléologue, vers le milieu du XIVe siècle, donna l'image à Léonard Montaldo qui en fit présent à l'église de Saint-Barthélémy de Gênes, desservie aujourd'hui par les barnabites.
PORTRAITS DE NOTRE-SEIGNEUR.…
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(1) Trombelli, t. II, 2e part., p. 123.
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CHAPITRE VILES VÉRONIQUES.(SUITE)[page 248-249]
PORTRAITS DE NOTRE-SEIGNEUR. — Telles sont les images de Notre-Seigneur « appelées acheiropoiètes, c'est-à-dire qui passent pour avoir été faites sans la participation de la main de l'homme. » Quelle que soit leur authenticité, elles ne peuvent servir à donner les traits du Sauveur, car elles sont tellement effacées qu'il est impossible, quoi qu'en dise Chifflet, à propos du saint suaire de Turin, d'y trouver des traits arrêtés pour une figure humaine. D'autres monuments nous donneraient-ils la face divine d'une manière plus précise, en un mot « les chrétiens du premier âge possédaient-ils des portraits authentiques, des images contemporaines du Rédempteur? Malgré l'immense intérêt & la légitime curiosité qui s'attachent à une pareille question, la science n'est pas en mesure de lui donner une solution satisfaisante.
« La fameuse controverse qui s'éleva, dès le IIe siècle, au sujet de la beauté ou de la laideur de notre Sauveur, semble même exclure toute idée d'un type reconnu comme primitif; & deux cents ans avant saint Augustin, saint Irénée avait déjà affirmé positivement que ce type ne se trouvait nulle part...
« Il est certain néanmoins qu'un type tel quel, de convention, fut admis d'assez bonne heure. Était-il déjà fixé au temps de Constantin? Tout ce que nous pouvons affirmer, sur le témoignage d'Eusèbe, c'est qu'il existait dès lors des portraits du Christ, & que Constancia, sœur de l'empereur, pria l'évêque de Césarée de lui en procurer un. »
On voit cependant au cimetière de Saint-Calixte une image qui doit remonter au IIe siècle & qui « parait être le point de départ de la forme hiératique qui a traversé tous les siècles... Le Sauveur.... s'y montre avec le visage de forme ovale. légèrement allongée, la physionomie grave, douce & mélancolique, la barbe courte & rare, terminée en pointe, les cheveux séparés au milieu du front & retombant sur les épaules en deux longues masses bouclées. »
Dans les autres monuments antiques « Notre-Seigneur est habituellement représenté jeune & imberbe, par allusion à sa nature divine qui n'est point soumise aux vicissitudes du temps... Il paraît surtout ainsi quand il opère quelque miracle, parce que c'est alors qu'il fait preuve de divinité, en se montrant maître de la nature; quand, au contraire, il enseigne ses apôtres, il est figuré dans la maturité de l'âge, avec de la barbe, ce qui convient à qui possède la plénitude du vrai & le communique aux autres (1). »
Voici comment le cardinal Borromée (2) s'exprime à ce sujet : « Son visage était plein de vie & d'une rare beauté; sa taille de 7 palmes (environ 1m,89) (3); ses cheveux d'un blond doux (subflavi), ondulés, ses sourcils noirs peu arqués; ses yeux d'un brun suave avaient un regard d'une grâce admirable & pénétrante ; nez long, la barbe blonde & un peu longue : il portait les cheveux très-longs ; jamais ciseaux n'y avaient pénétré, & la main de sa mère seule dans son âge tendre y avait touché, sa tête était légèrement inclinée comme pour atténuer la hauteur de sa taille. La couleur de son visage rappelait celle d'un froment un peu rouge. »
Parmi les plus insignes reliques de Notre-Seigneur on compte ses vêtements…
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(1) L'abbé Martigny, Dict., des antiq. chrét., Paris 1865, au mot Jésus.
(2) Simbole lettere , t. VII, p. 48.
(3) Chifflet, en parlant du saint suaire de Turin, où il me paraît s'être d'ailleurs un peu trop laissé aller à sa pieuse imagination, fixe la taille de Notre-Seigneur à 1m,87, Alphonse Palæotti à 5 pieds de Bologne (1m,80). Enfin la tradition nous donne cette hauteur par celle d'une table portée sur quatre colonnes dans le cloître de Saint-Jean-de-Latran, & d'après laquelle j'ai trouvé 1m,84 (environ 5 pieds 8 pouces de nos anciennes mesures).
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.[page 250-251]
Parmi les plus insignes reliques de Notre-Seigneur on compte ses vêtements, qui étaient grossiers. Il devait porter, suivant l'usage juif, une tunique, espèce de chemise sans couture, une robe par-dessus, semblable à la soutane des ecclésiastiques, & enfin un manteau comme vêtement extérieur qui s'enlevait facilement & ne se conservait pas dans l'intérieur des habitations. Les Juifs n'avaient pas de vêtements séparés pour le corps, les cuisses & les jambes (1).
Il est certain qu'Hérode fit couvrir Jésus-Christ d'une robe blanche en signe de dérision ; que la robe blanche était le signe de la royauté, que les rois ne permettaient pas à d'autres qu'à leurs parents de la porter, que les accusés étaient ordinairement vêtus d'une tunique noire. Hérode involontairement rendait ainsi hommage à son innocence (Baronius).
Notre-Seigneur pouvait avoir deux tuniques ou robes, sans contredire ce qu'il avait enseigné, qu'il ne faut pas avoir deux tuniques, entendant par là qu'on ne doit pas en avoir de rechange (2).
Dans sa passion il apparaît avec une seule tunique, celle sans couture que les soldats tirèrent au sort; cette robe était grossière, semblable à celle des Galiléens. Peut-être fut-il dépouillé de la robe de dessus ou robe d'honneur, comme Joseph, qui était l'image de Jésus-Christ, en fut dépouillé avant d'être jeté dans la citerne.
Sur la pluralité des vêtements de Notre-Seigneur, M. Guérin (p. 87), s'exprime ainsi : « Se peut-il trouver un texte plus net & plus décisif que ces mots de saint Marc rapportant l'histoire de l'Hémorroïsse : « Jésus, dit-il, connaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se retourna vers la foule & dit : Qui est-ce qui a touché mes vêtements? quis tetigit vestimenta mea? » Pour que l'Évangéliste emploie ici le pluriel, ne faut-il pas que Jésus-Christ ait eu plus d'un vêtement? Nous pourrions, assurément, nous en tenir à ce texte sacré, mais écoutons quelques commentateurs sur ce passage de Job : Leur multitude consume mon vêtement & ils m'environnent & me serrent comme le haut d'une tunique. Sur cet autre endroit de saint Jean : Simon Pierre ayant entendu que c'était le Seigneur, mit son habit, car il était nu, & il se jeta dans la mer, le docteur Allioli (1) donne cette explication : « C'est-à-dire qu'il était presque nu. Il n'avait que l'habit de dessous, une chemise (ou tunique); sur cet habit de dessous, il mit promptement l'habit de dessus, la robe, & il l'attacha avec une ceinture... »
Forme de la tunique.…
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(1) Cornelius à Lapide, Matth., XXVII, 35.
(2) Sandini, Histoire de la sainte famille, 1764, in-12, p. 81.
(1) Nouv. comment., 1853, t. VIII, p. 617.
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.(SUITE)[page 251-252]
Forme de la tunique. — La tunique était le principal vêtement de dessous des Grecs & des Romains ; elle se rapproche fort par son usage de la chemise & par sa forme de la blouse moderne. La tunique ordinaire des hommes en Grèce & à Rome était une simple chemise de laine serrée autour des reins & descendant jusqu'aux genoux ou à peu près, avec deux manches courtes qui ne couvraient que le muscle deltoïde, c'est-à-dire la partie supérieure du bras à la hauteur de l'aisselle, & ne tombaient même pas jusqu'au coude. La partie industrieuse de la population, pendant qu'elle était occupée à ses travaux du jour, la portait sans aucun autre vêtement.
D'après Theophylactus, les tuniques des Juifs étaient formées de deux morceaux réunis par des coutures. Salmazius dit que la tunique de Notre-Seigneur aurait été tissée à l'aiguille, semblable à une chemise sans fente de côté, & non comme les tuniques ordinaires qui s'attachent avec des agrafes. Ferrari réfute Salmazius sur ce qu'il dit que la robe inconsutilis était cousue (consuta). Cornélius & le P. Lamy supposent qu'elle était en tricot (2). Braunius prétend qu'elle n'a été ni attachée comme le dit saint Chrysostome, ni tricotée comme le prétend Ferrari, mais exécutée par un tisserand (3). Nous verrons à l'occasion de celle d'Argenteuil une solution présentée par M. l'abbé Davin qui paraît le plus près de la vérité.
Origine de la tunique. — D'après une croyance assez généralement répandue, la sainte Vierge aurait tissé la tunique de Notre-Seigneur quand il était enfant, & elle avait cru avec lui, sans qu'il en eût jamais changé. Il n'y a pas de doute que, suivant l'usage, la sainte Vierge ne l'ait tissée elle-même ; mais le miracle de l'accroissement de cette robe, inutile pour en démontrer l'authenticité, paraît contraire à la vie cachée que Notre-Seigneur a voulu mener jusqu'à sa mission. On répond, il est vrai, que la sainte Vierge a pu seule le savoir. Mais ce fait était trop patent pour que ses cousins & ses autres parents qui le voyaient continuellement ne s'en fussent pas aperçus. Il est constant, au contraire, que la mission de Notre-Seigneur ne se manifesta pas tout d'abord pour les siens. Saint Luc dit en effet : Maria autem conservabat omnia verba hæc, conferens in corde suo.
Le miracle des noces de Cana est le premier qui montra sa gloire à ses disciples. Saint Jean (ch. II, v. 11) ne dit-il pas : Hoc fecit initium signorum Jesus in Cana Galilææ, & manifestavit gloriam suam, & crediderunt in eum discipuli ejus? Ce n'est qu'au moment de sa vie publique que ceux de Nazareth, qui étaient étonnés de ses miracles, disaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph? »
Les villes de Trêves & d'Argenteuil possèdent chacune une tunique…
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(2) Erat autem tunica ejus desuper contexta per totum. Sine commissura, continuo textu a sumrna parte ad imum contexta, simili opere, quo nunc fiunt tibialia acu texta, des bas brochez, bas faits à l'aiguille. Talium vestium fragmenta inutilia sunt, quia dissuuntur ex se. (Lamy, page 59.)
(3) Sandini, p. 83.
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.(SUITE)[page 252-253]RELIQUES.
Les villes de Trêves & d'Argenteuil possèdent chacune une tunique que l'on dit avoir appartenu à Notre-Seigneur, & chacune autrefois croyait avoir la robe sans couture, ce qui mettait dans les esprits une confusion regrettable; mais des études récentes ont démontré que les deux reliques peuvent être véritables. Il est certain que la longue robe conservée & honorée à Trèves est différente de celle d'Argenteuil.
Nous nous occuperons d'abord de celle de Trèves, qui paraît être arrivée la première en Europe.
La robe de Trèves. — Sainte Hélène envoya la robe de Notre-Seigneur à Agritius, évêque de Trèves, qui était alors une des premières villes de l'Empire, capitale des Gaules, résidence des empereurs d'Occident jusqu'à la fin du IVe siècle, & patrie de l'impératrice, qui la gratifia de riche cadeau, en y ajoutant d'autres reliques de la Passion. Il est probable qu'elle fut conservée à Jérusalem pendant les trois premiers siècles jusqu'au moment de l'invention de la vraie croix & offerte alors à sainte Hélène, qui put en donner un grand prix.
La tradition & les documents écrits, qui malheureusement ne remontent pas beaucoup avant le XIIe siècle, mais rappellent d'antiques traditions, sont d'accord sur l'authenticité de la relique. M. le professeur Marx, sur l'invitation de l'archevêque, a publié un beau & volumineux travail (1) relatif à l'histoire de la robe de Trèves ; il explique le manque d'anciens documents par le fait que dans les anciens temps de l'Église d'Occident, on n'était pas dans l'usage de transférer ni même de toucher les reliques des saints, & que dans ces temps agités on cachait soigneusement de pareils trésors. Il parle d'un diptyque en ivoire, ouvrage romain de la décadence, qui représente l'introduction des reliques de Trêves dans cette ville & leur réception par sainte Hélène.
En 1196, l'archevêque Jean, faisant travailler à la cathédrale…
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(1) Voir la traduction de M. Marx par M. Lengentil. Pièces justificatives.
Dernière édition par Louis le Mar 29 Déc 2020, 6:13 am, édité 2 fois (Raison : Orthographe et insertion d'un lien.)
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.RELIQUES.La robe de Trèves(SUITE)[page 253-254]
En 1196, l'archevêque Jean, faisant travailler à la cathédrale, trouva la cassette qui contenait la sainte robe. Elle resta, à partir de ce moment jusqu'en 1512, sous le maître-autel sans être exposée, & après bien des vicissitudes, de 1512 à 1810, elle revint à Trêves, d'où elle avait été éloignée pendant un siècle.
La caisse contenant la sainte robe fut déposée dans la chambre aux reliques. On trouva dans l'intérieur une seconde caisse, couverte de cuir, fermée comme la première avec trois serrures ; puis une troisième entourée de coton & enveloppée d'une toile. La toile ayant été enlevée, on vit que la caisse était garnie d'un lacet rouge & de vingt-cinq sceaux intacts, comme le portait le premier procès-verbal, puis de deux serrures. On y trouva une couche de coton & trois enveloppes de soie successives, l'une bleue, l'autre rouge, & la troisième blanche. Enfin on vit la sainte robe elle-même conservée dans toute sa longueur, mais pliée dans le sens de la largeur. Elle fut enlevée avec le taffetas blanc & étalée sur l'autel de la chapelle.
Sur le devant elle parut comme écaillée, & on remarqua que précédemment, pour mieux conserver le vêtement, on y avait appliqué une étoffe très-fine qui s'était détachée par l'effet du temps & tombait en petits morceaux. Beaucoup de ces morceaux furent ramassés par les assistants. On les a souvent appelés parcelles de la sainte robe ; mais ils n'en font pas partie : aucune parcelle de la sainte robe n'a été séparée. La haute antiquité du vêtement est évidente. Elle est plus brune à l'intérieur qu'à l'extérieur, blanchâtre en quelques places, grisâtre dans le reste. On crut n'y trouver aucune trace de couture, mais le dos avait été recouvert de gaze, parce que le tissu se défaisait en beaucoup de places & que les fils pendaient. Les fils sont si fins qu'on les distingue à peine à l'œil nu ; la matière paraît être des filaments d'orties.
La longueur par devant est de 1m,55 & par derrière de 1m,62 ; la largeur sous les manches est de 0m,55 & au bas de 1m,16 ; la longueur des manches est de 0m,50 & leur largeur de 0m 32 .
Quand cette relique fut publiquement exposée en 1810, plus de deux cent mille pèlerins y affluèrent. A la dernière exposition en 1844, leur nombre dépassa un million.
Robe d'Argenteuil.…
Dernière édition par Louis le Mer 05 Aoû 2020, 5:45 pm, édité 1 fois (Raison : Enlever la note 1 et le Nota Bene (en doublet du fil précédent).)
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.RELIQUES.(SUITE)[pages 254-255]
Robe d'Argenteuil. — Voici ce que l'on connaît de la relique d'Argenteuil : au VIe siècle, saint Grégoire de Tours dit que la tunique achetée par les fidèles fut portée à une ville de Galatie, province de l'Asie Mineure. Cette ville est à cent cinquante milles environ de de Constantinople. La relique y était conservée dans une basilique consacrée sous le vocable des Saints-Archanges & dans un caveau secret, où elle reposait au fond d'un coffre en bois. De cette ville, la sainte tunique fut emportée à Zaphat ou Jaffa, pour être mise à l'abri des attaques du roi des Perses, qui fit une incursion dans l'Arménie vers l'an 590, & qui y détruisit toutes les églises.
Ces détails furent donnés à saint Grégoire par un évêque nommé Siméon, qui vint à Tours en 591, la seizième année du règne du roi Childebert, & la trentième de celui du roi Gontran. La tunique ne resta pas à Jaffa. Vers 594, elle fut solennellement portée à Jérusalem par trois patriarches, Grégoire d'Antioche, Thomas de Jérusalem, Jean de Constantinople & une foule de peuple (1). Vingt ans après cette translation, elle fut emportée en Perse avec la vraie croix par Chosroës II (614). Héraclius la reprit, & en 627 la transféra à Constantinople, puis la rapporta à Jérusalem, &, craignant une nouvelle profanation, la remit enfin à Constantinople.
L'impératrice Irène, envoyant de riches présents à Charlemagne, y comprit la tunique sans couture de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Charlemagne avait une sœur nommée Gisèle, qui habitait depuis un certain temps un monastère situé à Argenteuil (2), & dépendant de la célèbre abbaye de Saint-Denis.
Théodrade, nièce de Gisèle, & l'une des filles de Charlemagne, voulant se consacrer à Dieu, manifesta le désir d'entrer dans ce saint asile; l'empereur demanda à l'abbé & aux religieuses de Saint-Denis la permission d'y placer sa fille en qualité d'abbesse, ce qui lui fut accordé. Or, il aimait beaucoup cette princesse, & il voulut enrichir son monastère du plus précieux trésor envoyé de l'Orient. Il fit donc la translation solennelle de la sainte tunique vers le 13 août 800, & la déposa dans le monastère d'Argenteuil. Charlemagne, qui avait reçu des reliques d'Irène, d'Haroun-al-Raschid, d'Azan, n'était pas crédule à ce sujet; car plus d'une fois, dans ses Capitulaires, il porte la défense de vénérer les corps des martyrs & des saints dont les reliques seraient douteuses (1).
En 857, à la suite de l'invasion des Normands…
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(1) Gretzer, liv. I, ch. XCVII.
(2) « Argenteuil est une petite ville située près de la Seine, à deux lieues de Paris : après avoir successivement porté les noms d'Argentogilum, Argentoilum, elle a conservé celui d'Argentolium. Ermenrich & sa femme Numma ou Nummana fondèrent dans cette ville un monastère, sous le règne de Clotaire III, qui confirma cette donation vers l'an 665. Le même monastère qui, d'après le vœu des fondateurs, fut placé sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Denis, obtint de Childebert III un privilège daté de l'an III de son règne, privilège où l'on voit que cette maison fut primitivement habitée par des religieuses, sous la direction de Leudesinde. Charlemagne se le fit céder ensuite par les moines de Saint-Denis pour y placer, sous le gouvernement de sa fille Théodrade, des vierges consacrées à Dieu...
« Cependant on célébrait tous les ans, dans le monastère de Notre-Dame-d'Humilité d'Argenteuil, une fête anniversaire en mémoire des bienfaits de Charlemagne, & surtout parce qu'il avait enrichi cette maison de la tunique sans couture de Notre-Seigneur Jésus-Christ & des reliques de sainte Christine apportées de Rome. » (Gallia christiana, charte VIII, col. 8, & D. Bouquet, Rec. des hist. de France, t. VI, p. 542. Guérin, p.52 & 54.)
(1) Guérin, p. 33, 53, 78.
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.RELIQUES.La robe d’Argenteuil(SUITE)[pages 255-256]
En 857, à la suite de l'invasion des Normands, sous Charles le Chauve, le monastère fut ruiné, & les religieuses obligées de s'enfuir, après avoir eu la précaution de cacher la relique dans une muraille, où elle resta enfouie & oubliée des fidèles qui la croyaient perdue. Ce fait se représente souvent à l'occasion des reliques.
En 1156, elle fut retrouvée par un religieux de l'ordre de Saint-Benoît, qu'on y avait établi. Une charte authentique émanant de Hugues, archevêque de Rouen, constate que le roi Louis VII, le clergé, la cour, les fidèles la vérifièrent, ainsi que les écrits attestant son authenticité & relatant son histoire.
En 1435, Sicille, héraut d'Alphonse V, roi d'Aragon, écrivait : « J'ai veu l'abillement à Argenteuil près Paris, environ trois lieues. »
En 1529, la sainte tunique était l'objet d'une cérémonie solennelle, décrite par dom Michel Felibien.
En 1569, les huguenots mirent le feu à l'église, emportèrent la châsse & laissèrent heureusement la relique, que l'on conserve dans un coffre de bois.
Louis XIII y alla trois fois faire ses dévotions & ne voulut point qu'on la tirât du coffre pour la lui faire baiser à nu. Il dit qu'il fallait croire & ne pas voir.
En 1680, Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise, donna une magnifique châsse en vermeil, enrichie de pierreries.
« En 1790, la Révolution éclata... La châsse donnée par la duchesse de Guise fut prise. Quant à la tunique, on la déroba à la fureur des révolutionnaires, jusqu'à l'heure où le cardinal Caprara la remit en honneur par un acte authentique.
« Par les soins & le zèle de M. l'abbé Gaidechen, alors curé, on adressa au légat du saint-siège un exposé daté du 29 avril 1804, où l'on rappelait les faits sur lesquels est appuyée l'antique possession de la sainte tunique, & les titres qui attestent, de siècle en siècle, cette possession. On terminait en demandant le rétablissement du culte que l'on rendait à ce monument de notre salut, dans le prieuré conventuel supprimé, & son transfert dans l'église principale d'Argenteuil, avec les mêmes privilèges & les mêmes grâces de l'Eglise dont il jouissait de temps immémorial (1).
En 1851, Donoso Cortès la vint honorer, en faisant le pèlerinage à pied. »
En 1854, à la demande de Sa Sainteté Pie IX, M. l'abbé Millet, curé d'Argenteuil, en porta à Rome une portion d'environ 0m,15.
Moins favorisée que la relique de Trèves…
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(1) Guérin, p. 72.
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.RELIQUES.La robe d’Argenteuil(SUITE)[pages 256-257]
Moins favorisée que la relique de Trèves à laquelle on n'a pas touché, celle d'Argenteuil a été divisée au moment de la Révolution par le curé, dont le zèle indiscret espérait la sauver en distribuant des fragments à ses paroissiens ; de sorte que la forme du vêtement est aujourd'hui difficile à reconnaître (Marx).
M. l'abbé Davin, dans un discours prononcé dans la nouvelle église d'Argenteuil (2) le 5 juin 1865, ajoute des détails fort intéressants sur cette insigne relique. Le tissu est en poil de chameau assez lâche, & ressemble à du canevas fin dont les fils seraient très-tors. C'est ce que j'ai pu constater moi-même d'après un morceau qu'on en a détaché pour le montrer de près aux fidèles. Ce petit morceau a 24mm sur 19mm & l'on y compte trente-six fils sur vingt-quatre, soit environ 2mm pour trois fils. M. l'abbé Millet m'a dit en outre que le bas de la robe est comme bordé d'un ourlet, c'est une espèce de lisière dont les fils sont plus serrés pour en augmenter la résistance. Elle est tissée depuis le haut dans toute son étendue (erat autem tunica inconsutilis desuper contexta per totum) ; sans couture & faite à l'aiguille sur le plus simple des métiers, tel qu'une tablette recevant sur ses deux faces la chaîne & la trame.
C'était un vêtement descendant jusqu'au-dessous des genoux, près des pieds, avec deux manches qui ne pouvaient couvrir les bras qu'à moitié. C'est ainsi que l'ont vue les plus anciens habitants d'Argenteuil, avant qu'elle eût été si malheureusement divisée. Dom Manceau, qui passa cinquante-cinq années près d'elle, atteste qu'elle avait 1m,45 de hauteur & 1m,15 de largeur.
TRÈVES & ARGENTEUIL. — Il semble démontré par tout ce qui précède que Trèves possède la robe longue de dessus tissée en lin fin, ornée de dessins, &c, & Argenteuil la tunique plus courte, sans couture, grossièrement tissée d'un seul fil en poil de chameau. La première a été envoyée par sainte Hélène à saint Agrice ; la seconde, signalée en Orient par saint Grégoire de Tours, est arrivée à Argenteuil par la voie de Charlemagne. Toutes deux furent portées par Notre-Seigneur. La seconde seule était sur lui lorsqu'il monta au calvaire.
En 1790, on croyait à Moscou avoir la robe sans couture de Notre-Seigneur...
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(2) Voir pièces justificatives : Argenteuil.Nota Bene a écrit: Les pièces justificatives concernant les villes seront fournies sur demande. Bien à vous.
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CHAPITRE VILES SAINTES ROBES.RELIQUES.(SUITE)[page 257]
MOSCOU. — En 1790, on croyait à Moscou avoir la robe sans couture de Notre-Seigneur. C'est sans doute une autre étoffe, peut-être venant de Jésus-Christ, mais ce ne pouvait être ni une partie de la robe de Trèves, qui est encore entière, ni de celle d'Argenteuil, encore entière lors de la Révolution.
Il paraît qu'il ne s'agissait que d'un fragment de la robe ou du manteau. M. Prilejaëff, qui a bien voulu me donner ce renseignement, me disait que l'Église grecque conserve à ce sujet une légende qui remonte aux temps apostoliques. Le soldat à qui elle échut par le sort la conserva toute sa vie, &, dit-on, fut touché par la grâce. Il la légua à une sœur qui lui survécut, & dans le tombeau de laquelle elle fut placée. — Un arbre s'éleva sur ce tombeau & fut l'objet de plusieurs miracles. On voulut en chercher la cause dans ses racines, & on y découvrit la sainte tunique, &c.
Plusieurs autres églises montrent des reliques de la tunique de Notre-Seigneur, par exemple,à ROME, à Sainte-Praxède & à Saint-Roch.
Ughelli (Italia sacra) dit qu'il existe dans la cathédrale de Cortone un morceau de la robe de Notre-Seigneur donné par Jacques Vagnucci de Cortone, autrefois évêque de Pérouse, qui disait l'avoir reçu de Constantin patriarche, avec plusieurs autres reliques. Il en donne en même temps une autre version, tirée d'une inscription grecque dont voici la traduction : « Moi, Grégoire, par la miséricorde divine archevêque de Constantinople, nouvelle Rome, & patriarche œcuménique, j'ai donné à Nicolas V, souverain pontife, une partie de la robe de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu'il a donnée ensuite à Jacques, évêque de Pérouse. »
VENISE. — On montre à Venise un tissu très-fin, comme de la batiste, de 30mm sur 40mm, que l'on croit venir de la robe blanche de Notre-Seigneur.
II. — LE MANTEAU DE POURPRE, &c., &c...
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
CHAPITRE VIILE MANTEAU DE POURPRE.[page 258]
Et exuentes eum, chlamydem coccineam circumdederunt ei (1), & l'ayant dépouillé, ils l'enveloppèrent d'un manteau d'écarlate. — On ne sait si le Christ, après la flagellation, reprit ses vêtements, dont il fut dépouillé de nouveau pour recevoir le manteau de pourpre, ou s'il reçut ce manteau immédiatement.
Saint Marc & saint Jean disent chlamydem purpuream, manteau de pourpre; saint Ambroise croit qu'il s'agit de deux manteaux différents; saint Augustin, Eutymius, Tolet, Barradius, Gretzer (2) & d'autres pensent avec raison qu'il n'y en a eu qu'un et qu'on les a confondus, parce que la couleur écarlate ressemble beaucoup à la couleur pourpre.
Le vêtement rouge était celui des rois. Claudius (3), parlant de la mort, dit :Sub tua purpurei venient vestigia reges.
Cassiodore (4) : Purpura, color regnatum discernit, dum conspicuum facit ne de aspectu principis possit errari (5)
Le manteau de pourpre était un manteau militaire, comme on le voit dans les épigrammes de Martial :Roma magis fuscis vestitur, Gallia rufis
Et placet hic pueris militibusque color (6).
On montre des reliques du manteau de pourpre dans beaucoup d'églises, & notamment à ROME à Saint-François-à-Ripa, à AGNANI, à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-Majeure ; à VENISE, un morceau de lin assez grossier, de 55mm sur 70mm, donné par le cardinal Bessarion.IIILA CEINTURE. — LE VOILE. — LES CHAUSSURES. — LES LANGES.[page 259]
La ceinture de Notre-Seigneur, en cuir, est conservée à Aix-la-Chapelle. Les extrémités sont réunies & scellées du sceau de Constantin.
Il paraît certain que Notre-Seigneur a été attaché complètement nu sur la croix. L'usage des Latins est cependant de placer autour des reins un voile peu étendu. Celui des Grecs, qui paraît plus convenable, consiste à mettre une robe descendant des reins jusqu'aux genoux. Jusqu'au XIIe siècle, le crucifix était entièrement couvert d'une tunique.
Notre-Seigneur devait porter des chaussures. Saint Jean-Baptiste le donne à entendre en disant : « Je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers. »
On croit posséder à Rome des fragments de langes de Jésus-Christ, à Saint-François-à-Ripa & à Agnani.
CHAPITRE VI — RELIQUES DIVERSES DE LA PASSION.…
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(1) Matthieu, XXVII, 28.
(2) De cruce liv. I.
(3) De raptu Proserpinæ, livre II.
(4) Variar. epist., liv. II, II.
(5) Cornelius a Lapide, sur saint Matthieu XXVII, 26.
(6) Baronius.
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CHAPITRE VI[pages 261-262]RELIQUES DIVERSES DE LA PASSION.
A croix a suffi pour remplir le premier livre de ce mémoire. Les clous, — le titre, — la couronne d'épines, — les saints suaires, — les saintes robes & les véroniques ont fait l'objet des cinq premiers chapitres du second.
Il me reste, pour avoir rempli le cadre que je me suis tracé, à étudier dans ce dernier chapitre les instruments de la Passion d'une moindre importance, tels que les trente deniers, — la colonne, — la scala santa, — la lance, &c, en y ajoutant quelques documents sur d'autres reliques célèbres, quoiqu'elles aient moins directement trait à la Passion de Jésus-Christ, mais qui rappellent encore des souvenirs de sa divine personne ; ce sont: le sagro catino, — la crèche & la table de la cène.
Les trente deniers, ou pour mieux dire les trente pièces d'argent qui ont été le prix de la trahison de Judas, m'amèneront à rapporter les sentiments des archéologues sur les monnaies hébraïques. A l'occasion de la colonne qui a servi à attacher Notre-Seigneur lorsqu'il fut flagellé, je rechercherai quel était ce supplice chez les Romains & chez les Juifs, puis je décrirai la relique. J'ai donné les mesures de la scala santa conservée à Rome près de Saint-Jean-de-Latran & montée par Jésus-Christ en allant comparaître devant Pilate.
J'ai trouvé peu de choses à dire sur le roseau, le vinaigre, la myrrhe & l'éponge qui formeront les IVe, Ve & VIe paragraphes. Le VIIe sera consacré à la lance qui perça le côté du divin crucifié.
Le bassin que l'on croit avoir servi à la dernière cène, & qui est conservé à Gênes sous le nom de sagro catino, la table de la cène & la crèche de Bethléem occuperont les VIIIe, IXe & Xe paragraphes. Le XIe & dernier nous conduira au saint sépulcre par la voie douloureuse.
LES TRENTE DENIERS.…
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CHAPITRE VIILES TRENTE DENIERS.[page 262-263]
LES TRENTE DENIERS. — At illi constituerunt ei triginta argenteos (1). Qu'étaient ces trente pièces d'argent? Saint Ambroise dit que c'étaient des deniers, ce qui porterait le prix de la trahison de Judas au dixième de celui du nard répandu par sainte Madeleine sur la tête de Jésus-Christ. Maldonatus, Périer & d'autres entendent que ce sont des sicles, c'est-à-dire ou 54f,70 ou 48f,60, selon les interprètes, & représentant le prix auquel l'Exode fixe l'amende à payer si l'on a tué un esclave.
Mais comment avoir acheté un champ pour cette somme, même en supposant qu'il fût dans un endroit sans valeur, couvert de pierres, hors de la ville, non susceptible d'être cultivé ? La Judée comprenant une population très-serrée, les terres devaient y être fort chères, surtout pour y recevoir les corps des nombreux étrangers qui mouraient à Jérusalem.
Si 30 sicles eussent suffi pour acheter un cimetière public, comment Abraham aurait-il payé 400 sicles pour l'emplacement du tombeau de Sara? Il faudrait, ce qui est peu probable, que les princes des prêtres y eussent suppléé avec leur trésor.
Cette difficulté a amené le cardinal Baronius à dire que argenteus, qui dans les prophètes exprime un selagh ou un sicle, peut être pris pour litrim ou livre : cela porterait à 30 livres d'argent le prix de la trahison de Judas. Valeur plus en rapport avec le prix d'un champ destiné à faire un cimetière (2).
Bosio s'étend d'une manière fort intéressante sur la valeur des pièces d'argent & suit le sentiment de Baronius qui en fait des livres d'argent. Malgré l'avarice des Juifs, il fallait une somme considérable pour engager le traître à vendre son maître. N'oublions toujours pas que c'était le prix d'un cimetière public qui existait encore du temps de saint Jérôme (1).
Paucton, dans son savant Traité sur les mesures & monnaies de 1780 (p. 357), dit que les 30 argyres, qui furent ce prix, étaient de grands argyres ou des mines talmudiques & valaient 1562f,50. Il cite Guillaume Philandre qui, dans ses commentaires sur Vitruve (liv. Ier, ch. IV), remplace argenteos par (GREC), argyres, qu'il évalue à une mine ou 100 drachmes.
Saigey (2), profitant habilement des travaux de ses devanciers, Paucton, Rome de l'Isle, & surtout de M. Letronne, & présentant ainsi plus de garanties d'exactitude, fixe la livre romaine à 324 grammes.
C'est donc à trente fois ce poids, soit 9k,720gr, valant 1944 francs, à raison de 200 francs le kilogramme, qu'il faudrait évaluer le prix de la trahison de Judas.
De tout cela il résulte que la somme devait être notable, mais qu'il est bien difficile de la préciser. Bosio prouve que dans cette somme il pouvait se trouver des sicles, des deniers, tant de Jérusalem que des autres pays. Il cite notamment Rhodes, dont les monnaies, répandues dans la Judée & dans tout l'empire romain, étaient de la même fabrication, du même type que les monnaies conservées à Paris, à Sainte-Croix de Jérusalem & même à Malte.
COLONNE DE LA FLAGELLATION…
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(1) Matthieu, XXVI, 15.
(1) Cornelius à Lapide, sur saint Matthieu, XXVI, 15.
(1) Bosio, p. 67.
(2) Métrologie ancienne & moderne. p. 7.
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CHAPITRE VIIICOLONNE DE LA FLAGELLATION.[page 264-265]
A flagellation était un supplice usité chez les Romains, & surtout chez les Juifs. Le Talmud (ch. III, V. 12) le décrit ainsi : « Les mains du condamné sont attachées à la colonne ; alors l'exécuteur public lui ôte son vêtement, soit qu'il le déchire, soit qu'il l'en dépouille, de manière à découvrir la poitrine. Une pierre est alors placée derrière le patient. Sur cette pierre le licteur est debout, tenant un fouet ou des lanières de cuir pliées de manière à former deux courroies qui s'élèvent & s'abaissent sur le condamné (1). »
Suivant la coutume romaine, un seul licteur était préposé à ce supplice :
« I, lictor, colliga manus, caput obnubito, virgis cœdito (2). »
Le nombre de coups ne pouvait dépasser quarante (3). Le fouet formé de cordes nouées a dû être employé pour Notre-Seigneur. Les verges étaient réservées aux hommes libres, & Jésus-Christ était traité comme un vil esclave (4). Le fouet était plus douloureux encore que les verges & surtout que le bâton. Beaucoup de martyrs perdirent la vie sous cet instrument de supplice, qui, au lieu de meurtrir seulement les chairs, en enlevait des lambeaux (5).
Le supplice du crucifiement était ordinairement précédé de la flagellation, qui se faisait dans l'intérieur, en attachant le condamné à une colonne ou à la colonne. On lit dans Plaute :
« Abducite hunc intro atque adstringite ad columnam fortiter (6). »
Eusèbe, en parlant des martyrs, dit qu'ils étaient attachés aux colonnes, face à face (vultibus inter se adversis). Les princes des apôtres saint Pierre & saint Paul, liés ainsi, ont été flagellés avant de perdre la vie.
Saint Grégoire de Nazianze rappelle, en combattant Julien, que les fidèles, pendant qu'ils étaient frappés de verges, embrassaient de leurs mains les colonnes inondées de sang ; ce qui prouve qu'ils étaient attachés aux colonnes en avant, de manière à pouvoir les embrasser, & présenter le dos aux coups des bourreaux. Saint Cyrille a dit : « Dominus tergum dedit verberantibus. »
Le poëte Prudentius…PLANCHE XXIILA COLONNE À SAINTE-PRAXÈDE À ROME
On conserve dans cette église une espèce de piédouche ou borne en marbre noir veiné de blanc rapportée de Jérusalem, & que l’on croit avoir servi à la flagellation de Notre-Seigneur. Cette forme paraît la plus convenable à ce genre de supplice, & une fresque de Sainte-Praxède que nous reproduisons en donne parfaitement l'idée.
On trouvera au bas de la planche des reliques de la colonne, du roseau, de l'éponge & du saint suaire dessinées d'après nature, à Sainte-Marie-du-Transtévère, au dôme de Florence, & à Saint-Marc à Rome.(Page 264)
(1) Lamy, p. 579.
(2) Serry, Exercitationes de Christo, p. 363.
(3) Deutéronome, XXV, 3.
(4) Serry, loc. cit.
(5) Palaeotti, le Saint suaire de Turin, ch. v, p. 56.
(6) Juste Lipse, liv. II, ch. IV.
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CHAPITRE VIIICOLONNE DE LA FLAGELLATION.[page 265-266]
Le poëte Prudentius fait allusion à cette coutume dans un poëme sur le Christ :Vinctus in his Dominus stetit aedibus, atque columnae
Annexus tergum dedit, ut servile, flagellis (1).
Saint Jérôme dit que, de son temps, la colonne de Notre-Seigneur existait encore à Jérusalem. On montrait à sainte Paule, d'après lui, la colonne supportant le portique de l'église, & maculée encore du sang de Notre-Seigneur qui y avait été attaché.
Prudentius :Perstat adhuc templumque gerit veneranda columna.
Saint Paulin en fait mention. Au temps du vénérable Bède cette colonne en marbre se voyait au milieu de l'église. Nicéphore dit qu'elle a été placée dans le temple élevé par sainte Hélène sur le mont Sion. Un auteur qui écrivait du temps de Constantin raconte qu'en montant au temple on voit la colonne où Jésus-Christ a été flagellé (2).
Y a-t-il eu deux colonnes, dont l'une est conservée à Rome, & l'autre dépendant d'un portique à Jérusalem? C'est possible, car Notre-Seigneur, qui d'après saint Matthieu a été flagellé chez Pilate, a pu également être attaché pour être frappé chez le grand prêtre. Cornélius a Lapide (3), contrairement à l'avis de saint Jean Chrysostome, croit qu'il n'y eut qu'une seule flagellation (4).
Quoi qu'il en soit, Rome conserve le monument dans un état de conservation presque parfaite.
Colonne de Sainte-Praxède.…
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(1) Juste Lipse, p. 74.
(2) Gretzer, ch. X.
(3) Sur saint Matthieu, XXVII, 26.
(4) Benoît XIV, De festis dominicis, liv. I, ch. VII, p. 183, rejette aussi la double flagellation.
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CHAPITRE VIIICOLONNE DE LA FLAGELLATION.[page 266]
Colonne de Sainte-Praxède. — La colonne que l'on vénère à Sainte-Praxède est une espèce de piédouche ou de borne de 0m70 de hauteur, au sommet de laquelle était scellé un anneau en fer. Il paraît que lorsqu'elle fut apportée à Rome par le cardinal Jean Colonna, vers l'an 1223, sous le pape Honorius, on laissa à Jérusalem la partie inférieure qui servait à la fixer au sol. Elle n'a par conséquent pas de socle. Le diamètre à la base est de 0m45. Elle est en marbre noir avec des veines blanches. Sa forme architectonique rappelle des profils gréco-romains en usage à cette époque en Judée, où les vainqueurs avaient déjà introduit leur architecture (PL XXII).
L'authenticité de cette relique est constatée par des inscriptions placées à l'entrée de l'antique chapelle où elle est conservée (1).
La borne, que nous avons sous les yeux, est bien plus convenable pour le genre de supplice auquel elle était destinée qu'une colonne portant un édifice. Comment à cette dernière attacher en face l'une de l'autre deux personnes qui se regardent, adversis vultibus? Tandis que la colonne ou la borne de Sainte-Praxède, quel que soit le nom qu'on lui donne, semble faite exprès. A Rome on l'a parfaitement senti en peignant dans la grande nef de l'église une fresque que j'ai reproduite & qui justifie la forme de notre relique. Bosio & Cornelius a Lapide sont de ce même sentiment (PL XXII).
Colonne à Jérusalem. — Mgr Mislin, dans son Voyage aux Lieux Saints, p. 65, a vu une colonne sur l'autel de la chapelle dite : de la colonne d'Impropère. On croit, dit-il, que la colonne de Rome était dans la maison de Caïphe & celle de Jérusalem dans le prétoire.
Diverses reliques de la colonne...PLANCHE XXIILA COLONNE À SAINTE-PRAXÈDE À ROME
On conserve dans cette église une espèce de piédouche ou borne en marbre noir veiné de blanc rapportée de Jérusalem, & que l’on croit avoir servi à la flagellation de Notre-Seigneur. Cette forme paraît la plus convenable à ce genre de supplice, & une fresque de Sainte-Praxède que nous reproduisons en donne parfaitement l'idée.
On trouvera au bas de la planche des reliques de la colonne, du roseau, de l'éponge & du saint suaire dessinées d'après nature, à Sainte-Marie-du-Transtévère, au dôme de Florence, & à Saint-Marc à Rome.(Page 264)
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CHAPITRE VIIICOLONNE DE LA FLAGELLATION.[page 266-267]
Diverses reliques de la colonne. — On voit des fragments de la colonne dans beaucoup d'endroits, entre autres à Rome : à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-in-Transtévère, à Saint-Marc; à Anagni; à Florence : dans l'église de Saint-Laurent, au monastère des capucins, à Santa-Maria-Verdiana, Santa-Anna-al-Prato, Ogni-Santi, au Dôme.
Le Flagellum. — La relique du flagellum avec lequel Notre-Seigneur fut frappé est le reste d'un fouet à lanières. Elle est dans l'abbaye de Saint-Benoît, près de Subiaco en Italie.
D'après Rich, le flagellum était fait avec un grand nombre de cordes tortillées & nouées comme les nombreuses antennes d'un polype qui sont désignées par le même nom. Il servait principalement pour châtier les esclaves. Quoique le mot soit un diminutif de flagrum, ce fouet était en réalité beaucoup plus dur ; le diminutif, en effet, ne s'applique qu'à la finesse des fibres qui le composaient, mais cette finesse même augmentait la douleur des coups. Aussi est-il caractérisé par l'épithète horribile. Dans certains cas il donnait la mort. Les blessures qu'il faisait sont toujours exprimées par des mots qui indiquent l'action de couper, ainsi : cœdere, secare, scindere, par opposition à ceux qui accompagnent le flagrum & qui expriment l'action de frapper lourdement ou avec force, comme pinsere, ou rumpere.
Colonnes de Constantin. — On dit que Rome a reçu de Constantin douze colonnes qu'il avait commandées en Grèce. Huit sont placées au-dessous des pendentifs de la coupole de Saint-Pierre ; une autre, sur laquelle on prétend que Notre-Seigneur s'est appuyé, se voit à travers une grille dans une petite chapelle en face de celle de Saint-Nicolas où nous avons vénéré des reliques de la vraie croix (1).
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(1) M. le chanoine Barbier de Montault.
III — LA SCALA SANCTA.…
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CHAPITRE VIIIILA SCALA SANCTA.[page 268-269]
ROME. — L'escalier du palais de Pilate a été transporté à Rome par sainte Hélène en 326 & déposé à Saint-Jean-de-Latran.
En 850, saint Léon IV établit la dévotion de le monter à genoux.
En 1100, Pascal III l'a renouvelée.
Pie VII y a attaché des indulgences applicables aux âmes du purgatoire.
Quoiqu'on ne puisse monter qu'à genoux, les marches en étaient tellement usées qu'il a fallu les recouvrir de doublures en bois de noyer. Ces doublures sont évidées par devant de manière à laisser voir la relique, qui se compose de vingt-huit marches en marbre blanc, dont les veines légèrement grises sont dans le sens de la longueur des marches. Il n'y a pas de moulure sur le devant. Les huit premières marches, que j'ai mesurées moi-même à Rome, ont 3m,30 de longueur, les vingt autres n'ont que 2m,50 environ. Leur giron m'a paru être de 0mm,50; & la hauteur mesurée directement est de 0m, 175.
Voici ce qu'en dit Cornélius a Lapide (1) : « In loco qui dicitur LITHOSTROTOS, hebraice autem Gabbatha, c'est-à-dire élevé.
On montait au Gabbatha par un grand nombre de degrés de marbre qui, transportés à Rome près de la basilique de Latran, sont fréquentés avec une grande religion par les fidèles et sont appelés Scala Santa. »
JÉRUSALEM. — « Dans la rue vis-à-vis du palais de Pilate à Jérusalem, Villaumont a vu en 1696 un escalier de terre au lieu de celui de marbre par lequel on montait autrefois. Ceux, dit-il, qui ont été à Rome & vu la Scala Santa, qui est à Saint-Jean-de-Latran, jugeront sans difficulté que les marches de marbre qui y sont ont été ôtées de l'entrée du palais de Pilate & transportées à Rome, pour la proportion & correspondance qu'ont lesdits escaliers l'un à l'autre & qu'il y a autant de degrés de l'un qu'en l'autre (1). »
IV — ROSEAU OU CANNE..…
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(1) Sur saint Jean, XIX, 13.
(1) Voyage de Villaumont, 1697.
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CHAPITRE VIIVROSEAU OU CANNE..[page 269]
Jésus-Christ est encore au palais de Pilate lorsque les soldats lui rendent des honneurs dérisoires. Posuerunt... arundinem in dextera ejus. Rich (2) traduit ainsi le mot arundo : « Jonc ou canne, plante généralement employée par les anciens pour la fabrication de plusieurs objets auxquels convenait particulièrement la forme longue, légère, élastique & effilée de sa tige. »
La relique de la canne, dont un fragment est déposé au dôme de FLORENCE, que j'ai dessinée & reproduite (PL XXII), correspond à cette description, & rappelle parfaitement ces roseaux si communs que l'on voit en Provence & en Italie. C'est la moitié d'un nœud de la canne. Le diamètre est d'environ 27mm, & la longueur de 15 à 18mm.
Au COUVENT D'ANDECHS, en Bavière, la moitié d'un roseau de 110mm de longueur est déposée dans un petit reliquaire (3).
Au couvent de WATOPED du MONT ATHOS il existe deux roseaux ou cannes, l'un de 180mm de longueur, l'autre dans une croix de bois ordinaire, avec quelques parcelles d'autres insignes reliques.
V — VIN. — MYRRHE. – FIEL…
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(2) Dictionnaire des antiquités grecques & romaines.
(3) Pièces justificatives.
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CHAPITRE VIVVIN. — MYRRHE. – FIEL.[pages 269-270]
Jésus est arrivé au calvaire; ils lui donnèrent du vin mêlé avec du fiel & de la myrrhe (4). Le vin mêlé avec de la myrrhe était donné par les juifs, suivant leur coutume, avant le crucifiement (1), afin d'accélérer la mort ou de rendre le condamné insensible aux souffrances (2).
Cette boisson n'est pas la même que celle dont parlent saint Luc & saint Jean, & qui fut donnée au Christ quand il cria : Sitio, ni même celle que les soldats lui présentèrent ensuite en l'insultant (3).
La première, dont nous parlons ici, a été donnée avant le crucifiement & était simplement du vin; la seconde, du vinaigre. Saint Marc appelle cette boisson du vin mêlé de fiel (4).
Baronius est le seul qui dise (5) que ce vin myrrhatum était un vin aromatique, mais à la fin du tome X, il se rétracte & s'associe aux autres interprètes (6).
VI — HYSOPE. — VINAIGRE. — ÉPONGE…
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(4) Préliminaires, ch. XIII, V. 13.
(1) Lighfoot, Horæ hebraicæ, 1697, p. 56.
(2) Lamy, De cruce, ch. IX.
(3) Préliminaires, ch. XIV v. 9.
(4) Vinum myrrhatum.
(5) Ch. LXXXIV, v. 34.
(6) Cornelius à Lapide, saint Matthieu, XXVII, 34.
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CHAPITRE VIVIHYSOPE. — VINAIGRE. — ÉPONGE.[pages 270-271]
Et aussitôt l'un d'eux prit une éponge, l'emplit de vinaigre, puis la mit au bout d'un bâton d'hysope (7). Que voyons-nous dans ce passage ? Une éponge, du vinaigre & un bâton d'hysope. Nulle difficulté sur l'éponge & le vinaigre.
LE VINAIGRE, qui se trouvait près du lieu du supplice, était destiné, soit à être mêlé à l'eau dont se servaient les soldats, pour en tempérer la crudité, soit à augmenter les souffrances des crucifiés. On ignore si ce breuvage fut offert à Notre-Seigneur par un des soldats romains, ou par un des Juifs qui assistaient au supplice.
Quant à L'ÉPONGE, son emploi est connu, & elle nous a été conservée, mais, comme pour la plupart des instruments de la Passion, on ignore par quelle voie ; on dit seulement qu'ayant été trouvée à Jérusalem lorsque la ville fut prise & pillée par les Perses (614), elle fut portée à Constantinople le 14 septembre de la même année. Saint Grégoire de Tours, quelques années auparavant (539-593), en parle comme d'une relique que l'on vénérait publiquement à Jérusalem, avec la lance, le roseau, la couronne d'épines & la colonne, sans marquer le lieu où on la gardait (1).
Du temps du vénérable Bède, elle était à Jérusalem dans le calice de Notre-Seigneur (2), calice d'argent qu'on croyait avoir servi à la dernière cène. Il en existait en France une partie acquise par saint Louis. Beaucoup d'églises, entre autres Saint-Jacques de Compiègne (3), ont de petites parcelles; à Rome on en voit à Saint-Sylvestre-in-Capite, à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-Majeure, Sainte-Marie-in-Transtévère, Saint-Marc & Sainte-Marie-in-Campitelli.
La question de L'HYSOPE présente plus de difficultés…
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(7) Préliminaires, ch. XIV, v. 25.
(1) Baillet, t. IV, p. 253..
(2) Gretzer, liv. I, ch. XCVI.
(3) Compiègne, pièces justificatives.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
CHAPITRE VIVIHYSOPE. — VINAIGRE. — ÉPONGE.SUITE[page 271-272]
La question de L'HYSOPE présente plus de difficultés. Il existe en effet, dit Benoît XIV, deux espèces d'hysope, l'une, plante parasite qui s'attache aux murs, l'autre, qui croît dans les champs & s'élève jusqu'à 2 mètres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mêlé au vinaigre ou si sa tige a servi de support pour approcher l'éponge, ou si ses rameaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l'éponge ; enfin si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n'avait pas besoin de plus de 60 à 65 centimètres de longueur pour atteindre la tête du crucifié (4).
Le père Lamy omet l'hysope dans le texte de sa concordance des Évangiles, mais il en parle dans ses notes (5), & après avoir discuté les divers avis, il se rattache à l'opinion qui prend l'hysope pour un bâton. C'est ce qui m'a autorisé à traduire comme je l'ai fait le verset 25 du chapitre XIV des Préliminaires.
Il suffit en effet de comparer attentivement les textes des trois évangélistes qui rapportent ce souvenir :
Saint Matthieu dit : Spongiam implevit aceto, & imposuit arundini (6). Il met l'éponge sur le bâton, ou au bout du bâton.
Saint Marc :... & implens spongiam aceto, circumponensque calamo (7). Il met l'éponge autour du bâton, il fait entrer le bout du bâton dans l'éponge qui l'entoure.
On ne peut douter que dans les deux évangélistes arundo & calamus ne soient pris dans la même acception ; c'est une éponge au bout d'un bâton.
Saint Jean se sert de termes presque identiques à ceux de saint Marc, en les appliquant à l'hysope : Spongiam plenam aceto hyssopo circumponentes ( 8 ). La liaison entre saint Marc & saint Jean se fait par ce mot circumponere ; il n'y a de différence entre eux que les mots calamus ou hyssopus mis l'un pour l'autre.
Les trois évangélistes ont donc exprimé la même pensée en employant les mots arundo, calamus & hyssopus. Or, arundo est une tige de roseau ou une canne; calamus, d'après Pline, est une canne odoriférante de l'Inde & de l'Arcadie ; & le mot hyssopus, qui exprime la plante, peut être pris pour sa tige. Saint Matthieu, saint Marc & saint Jean ont donc dit la même chose ; seulement saint Jean, qui était présent, au lieu de se servir du terme général bâton, emploie le mot particulier hysope.
VII — LA LANCE.…
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( 4 ) Benoît XIV, liv. I, ch. VII.
( 5 ) Lamy, liv.V, ch. XXXV, p. 597.
( 6 ) Matthieu, XXVII, 48.
( 7 ) Marc, XV, 36.
( 8 ) Jean, XIX, 29.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
CHAPITRE VI[pages 272-273]VIILA LANCE.
On s'est demandé si c'était un cavalier ou un fantassin qui avait ouvert le côté du crucifié. Saint Jean, il est vrai, nomme lancea cette arme de la cavalerie ; cependant Suétone donne ce nom à l'arme des fantassins. Il parlait de Claude qui se faisait garder dans les festins par des fantassins appelés spiculatores : Neque convivia inire ausus est, nisi ut spiculatores cum lanceis circumstarent, militesque vice ministrorum fungerentur (1).
Les soldats qui ont crucifié Notre-Seigneur étaient quatre & à pied. Les Romains faisaient garder les condamnés par des fantassins porteurs d'une lance, hasta, arme courte pouvant facilement atteindre le côté du crucifié sur les croix basses (2)
La plupart des auteurs, & les plus dignes de foi, pensent que le côté droit a été percé. Des poëtes seuls ont pu dire dans un langage hyperbolique que les deux côtés étaient également percés, que l'eau sortit de l'un, & le sang de l'autre (3). Les vieilles peintures représentent la plaie au côté droit. Dans le saint sacrifice de la messe, le calice est posé à droite du prêtre, pour montrer de quel côté le sang a coulé sur la croix. Dans la messe solennelle où officie le souverain pontife, lorsqu'il communie sur son trône, par la même raison le vin lui est apporté à droite, & la sainte hostie à gauche. Benoît XIV (4) cite à l'appui de cette opinion: Bède in libros Regum, Ayala in Pictore christiano, Chifflet & Gretzer.
Cornelius à Lapide est du même avis. Il ajoute aux motifs que je viens de rapporter une prédiction d'Ézéchiel (ch. XLVII) (5) : Et ecce aquæ redeuntes a latere dextro cum egrederetur vir ad orientent. Saint François, en recevant les stigmates, a été percé au côté droit, aux pieds & aux mains. La blessure de Notre-Seigneur paraît avoir traversé tout le corps ; en entrant par la droite, la lame a percé le cœur & la pointe est sortie par la gauche sous le sein (6). Saint Bonaventure & saint Augustin ont dit que le soldat qui a percé le côté droit de Notre-Seigneur s'appelait Longinus, qu'il embrassa le christianisme & fut martyrisé en Cappadoce où il prêchait la foi. D'autres (7) prétendent que Longin était le centurion & non le soldat qui l'a frappé ; enfin ( 8 ) que Longin était le nom de la lance & que ce mot vient de la corruption du mot λόγχη.
RELIQUES DE LA LANCE…
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( 1 ) Lamy t. liv. V, ch. XXXVII..
( 2 ) Serry, Exercitationes de Christo Venetiis, 1719, p. 377 .
( 3 ) Serry, loc. cit.
( 4 ) De festis dominicis, liv. I, ch. VII.
( 5 ) Cornelius a Lapide, sur saint Jean XIX.
( 6 ) Benoît XIV, liv. I, ch. VII.
( 7 ) Baronius, Ann. p. 164.
( 8 ) Serry, loc. cit.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
CHAPITRE VIVIILA LANCE.[page 274]SUITE
RELIQUES DE LA LANCE. — On a cru que la lance avait été trouvée dans le même temps & au même lieu que la couronne d'épines & la croix. André de Crète, qui rapporte cette tradition, dit que c'est peu probable ; car elle était la propriété du soldat qui perça le côté de Notre-Seigneur (1).
Du temps de Bède, de 672 à 735, la lance était enfermée dans une croix de bois, sous le portique du Martyre, église construite par Constantin. Arculphe, évêque français à la fin du VIIe siècle, l'a vue. Sa haste est cassée en deux; tout Jérusalem la vénérait & venait souvent la baiser. Saint Grégoire de Tours dit qu'après avoir été conservée à Jérusalem jusqu'à la prise de la ville par les Perses, Héraclius la fit transporter à Constantinople. En 1092 ou 1097, les croisés la trouvèrent à Antioche, dans l'église du prince des apôtres. En 1243, Baudouin en céda la pointe à saint Louis, avec les autres reliques qu'il avait mises en gage chez les Vénitiens (2).
Une partie de la lance fut envoyée en 1492, par Bajazet, empereur des Turcs, à Innocent VIII, qui la plaça à Saint-Pierre de Rome, où elle est en grande vénération (3). Bajazet fit dire au pape que la pointe était en France. Il est fait mention de ces circonstances dans le Journal de Rome, rédigé par Lælius Petronius, Paul de Maître & Étienne Infessura (4).
La lance était conservée dans la vieille basilique de Saint-Pierre, avec le volto santo, jusqu'à ce que, tombant en ruines, cette église fut remplacée par la nouvelle basilique qui reçut les insignes reliques (5).
Benoît XIV, ayant fait venir de Paris un dessin exact de la pointe & l'ayant confronté avec le fer de Saint-Pierre à Rome, reconnut qu'ils s'adaptaient bien ensemble. Benzonius (6) dit qu'étant chanoine de Saint Pierre, il a vu la lance fort grande, quoique la pointe manquât. Cette grandeur est en rapport avec celle de la plaie de Notre-Seigneur, puisque saint Thomas a pu y mettre la main.
Je n'ai pas pu voir moi-même la relique de Saint-Pierre & je ne trouve à ce…
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(1) Gretzer, liv. I, ch. XCVI.
(2) Ibid.
(3) Benoît XIV, De festis dominicis, liv. I, ch. VII.
(4) (page 274) Note de Louis : Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous nous ferons un plaisir de l’éditer. Il en sera de même pour les notes latines subséquentes. Bien à vous.
(5) Bosio, De cruce triomphante, p. 118.
(6) Livre I, p. 200.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
CHAPITRE VIVIILA LANCE.[pages 274-275]
RELIQUES DE LA LANCE. (SUITE)
Je n'ai pas pu voir moi-même la relique de Saint-Pierre & je ne trouve à ce sujet que des renseignements peu concordants :
1° Dom Calmet donne une gravure qui ne ressemble pas à ce que les monuments antiques nous apprennent de l'arme dont Notre-Seigneur a été percé.
2° Le dessin de Bosio ne semble pas avoir été pris sur la relique elle-même.
3° La représentation dans les souterrains de Saint-Pierre, que Mgr Gallot a eu la bonté de calquer pour moi, n'est pas plus satisfaisante.
4° Celle de Palæotti & de son annotateur Malloni, dont je donne ici un croquis, est plus vraisemblable, en ce qu'elle se rapproche des lances antiques conservées dans nos musées.
La Sainte-Chapelle de Paris possédait encore la pointe en 1793. Alors elle fut portée à la Bibliothèque nationale où l'abbé Coterel la vit en 1796. Il disait que c'était un morceau de fer très-long d'environ 3 ou 4 pouces, terminé en pointe à une de ses extrémités (1). Je me suis assuré qu'elle n'est plus ni à Notre-Dame ni à la Bibliothèque.
La ville d'Ancône croit également avoir la pointe de la lance.
VIII. — LE SAGRO CATINO…
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(1) Gosselin, p. 161.
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