MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
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CHAPITRE VIVIIILE SAGRO CATINO.[pages 275-276]
Le Sagro catino (Pl. XXIII). — En visitant à Gênes les restes de la vraie croix, j'ai vu & mesuré une relique qu'on appelle le Sagro catino (sacré bassin), & qui serait des plus intéressantes, si on avait pour elle la même certitude que pour la vraie croix ; c'est le vase où, pour la première fois, Notre-Seigneur aurait donné son sang à boire à ses disciples. Il est à deux anses, d'une forme hexagonale, en verre couleur émeraude. Le diamètre du cercle circonscrit au bord supérieur est de 326mm. Il y a quelques bulles dans sa composition; sa forme est élégante. Le vase ayant été brisé, on l'a serti en bronze doré pour réunir les morceaux, dont un n'existe plus.
Voici à son sujet ce qu'on lit dans la Revue archéologique de 1845 :
Notes extraites du portefeuille d'un archéologue :— le Sagro catino de Gênes.
« Le nom que je viens de transcrire est celui d'un vase hexagone regardé durant des siècles comme une relique qu'aucun trésor n'aurait pu payer. En lui contestant tout autre mérite, on ne saurait se refuser à reconnaître en lui un monument d'une haute antiquité.
« Il est d'une belle couleur d'émeraude, d'une forme agréable ; les angles sont bien tranchés ; les anses, prises dans la matière, sont bien placées ; les ornements, qui consistent seulement en des rangées de points creux, sont de bon goût ; les soufflures sont peu nombreuses. Il est aisé de voir qu'après avoir été fondu en entier il a été habilement réparé au touret.
« On ne douta pas, durant une longue suite de générations, qu'il n'eût servi au dernier repas que Jésus-Christ ait fait avec ses apôtres.
« Lors de la prise de Césarée par les croisés en 1101, il passa au pouvoir des Génois, comme faisant la portion du butin à laquelle ils avaient à prétendre. Porté à Gênes, il fut conservé avec un soin extrême ; déposé dans une niche creusée dans le mur qui sépare de la nef une des deux sacristies de l'église Saint-Laurent, il n'était offert aux regards de la foule qu'une fois par an, lors des fêtes les plus solennelles ; encore ne le voyait-on que de loin ; un prélat le montrait du haut d'une tribune en le tenant dans ses mains par un cordon ; & il était lui-même surveillé par des chevaliers chargés de veiller spécialement à la conservation de cette gemme. On les nommait clavigeri. Les clefs de l'armoire qui renfermait le catino restaient en leur pouvoir, & il leur était défendu de jamais les confier à personne. Les clavigeri étaient choisis parmi les citoyens les plus éminents de la République. Des amendes de cent à mille ducats, & en certaines circonstances la peine de mort, étaient prononcées contre quiconque aurait osé toucher le vase avec de l'or, de l'argent, des pierres, du corail ou quelque autre matière dure ; mesures rigoureuses que confirme une loi du 24 mai 1476... Pendant longtemps personne ne vint combattre l'opinion qui regardait ce vase comme étant une émeraude d'une gigantesque dimension ; mais au XVIIIe siècle il ne manqua pas d'observateurs qui affirmèrent que c'était du verre & rien de plus.
« La victoire mit pour un moment le catino au pouvoir des Français ; il sortit de son inaccessible retraite, &, tout étonné de voir le grand jour, il se trouva transporté à Paris ; le directeur du cabinet des antiques, Gosselin, demanda qu'une commission de l'Institut fût chargée de l'examiner ; il en résulta un rapport qui décida que la matière du catino n'était que du verre coloré. En 1816 il retourna à Gênes ; mais ces voyages lui furent funestes ; il se trouva brisé à son arrivée. Aujourd’hui, quoique bien déchu de la vénération qu'il avait inspirée, quoiqu'il ne soit plus l'objet de lois spéciales & sévères, il est toujours, & à bon droit, considéré comme un antique d'un très-grand prix.
« L'arrivée en Europe de cette célèbre relique est signalée…PLANCHE XXIIILES CROIX SCULPTÉES, LE SACRO CATINO
Ces trois croix sont les seules sculptées, que l'on vénère comme provenant du bois de la vraie croix La première, conservée au baptistère de Florence, est en bois couleur d'amadou, sans veines; elle représente un crucifix mitre entouré d'ornements grossièrement sculptés comme le crucifix.
La seconde, dans la sacristie de Saint-Pierre, connue seulement depuis 1527, paraît en chêne; elle est couverte de figures ayant plus de style que celle de Florence.
La troisième, à Sainte-Marie-in-Transtévère, beaucoup plus petite, est exactement du même travail que la précédente. Son authenticité remonte à Pie VII.
L'église de Saint-Laurent à Gênes conserve une grande coupe en verre d'un remarquable travail de moulage, couleur vert d'émeraude. Brisée lorsqu'elle fut portée à Paris, elle en revint en 1815. La croyance générale & ancienne est que ce vase a servi à Notre-Seigneur pour la dernière cène, & qu'il fut conquis par les Génois à la prise de Césarée en 1101.(Page 276.)
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CHAPITRE VIVIIILE SAGRO CATINO.SUITE[page 277]
« L'arrivée en Europe de cette célèbre relique est signalée dans une légende rapportée par Geoffroy de Montmouth au XIIe siècle & qui fait voir l'importance que l'on attachait à ce vase taillé, disait-on, dans une émeraude, & qui passait pour avoir été présenté au roi Salomon par la reine de Saba.
« Tous les héros de la table ronde, malgré le retentissement qu'obtinrent leurs exploits & leurs aventures, sont éclipsés par le fils d'une pauvre veuve, caché par elle loin du péril, comme le jeune Achille à la cour de Lycomède, & dont les instincts guerriers font explosion à la première vue d'un chevalier sous son armure. Cet enfant si impatient du joug maternel s'appelle Perceval, & les épreuves qui l'attendent & dont il sortira victorieux doivent avoir pour récompense, dès ce monde, après sept années d'un règne glorieux, l'honneur d'être proposé à la garde du saint Graal...
« Donc, ce saint Graal, qu'une vision miraculeuse avait montré à un ermite breton dès le VIIIe siècle, était identiquement le même vase dont le Sauveur s'était servi pour célébrer la cène avec ses disciples, & dans lequel Joseph d'Arimathie avait recueilli le sang qui coulait de ses plaies pendant qu'il était en croix (1). »
On a pensé, d'après ce qu'en dit Baronius, que le sacré bassin était vénéré au VIIIe siècle à Jérusalem.
« Nous devons dire que le calice dans lequel Jésus-Christ notre Seigneur a consacré la très-sainte Eucharistie, comme monument précieux d'un tel fait, a été soustrait à l'usage commun & conservé avec grand soin. On le voyait à Jérusalem du temps du vénérable Bède, qui rapporte qu'il y avait une salle où ce calice enfermé dans un écrin pouvait être touché par un trou réservé dans la boîte. Il est en argent, accompagné de deux anses opposées, de la capacité d'un sextier & renfermant l'éponge qui a servi à boire à Notre-Seigneur. »
Le vase dont parle Baronius n'est pas celui qu'on vénère à Gênes. Cet auteur lui assigne une capacité d'un sextier équivalant à 7 litres 44, tandis que celle du Sagro catino est seulement de 3 litres, volume déjà bien considérable pour un vase à boire ; de plus Quaresmius (2) s'exprime ainsi : « Le vase dans lequel eut lieu la Pâque est conservé à Gênes ; celui de l'Eucharistie indiqué par Bède, que saint Arculphe vit à Jérusalem, & qui est en argent, est actuellement à Valence en Espagne. »
IX. — LA CRÈCHE…
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(1) Rio, Introduction à l'art chrétien.
(2) De elucidatione terra sanctæ, 1639, liv. III, p. 870.
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CHAPITRE VIIXLA CRÈCHE.[page 278]
La crèche. — Je m'étais proposé de ne parler que des reliques de la Passion ; mais l'importance d'une autre relique de Notre-Seigneur & celle du lieu où on la conserve m'engagent à faire une exception pour la crèche que l'on voit à Sainte-Marie-Majeure & que M. l'abbé Millochau, aumônier de l'ambassade française à Rome, a décrite dans une note dont j'extrais ce qui suit :
« Les principales reliques que l'Église ait conservées de Notre-Seigneur se rattachent à sa naissance ou à sa mort. Nous n'avons rien ou presque rien de sa vie...
« Il semble d'abord plus difficile que les reliques de la naissance du Sauveur aient pu venir jusqu'à nous... Dieu les avait mises sous bonne garde. Marie connaissait la dignité de celui qu'elle venait d'enfanter, & le but de sa venue en ce monde... Les premiers chrétiens la reçurent de ses mains... c'est là ce qui attirait en Orient le grand docteur de l'Occident... Saint Jérôme a passé sa vie près de la grotte de Bethléem, il y avait fondé à côté le monastère que dirigeait sainte Paule. Cet âpre génie, cette vertu austère & rude avaient besoin de s'adoucir aux grâces de la sainte enfance de Jésus. Vers le même temps, les impératrices Eudoxie & Pulchérie obtenaient du patriarche de Jérusalem quelques langes du Sauveur & la ceinture de sa mère, & les partageaient entre trois des plus célèbres basiliques de Constantinople.
« A l'approche de l'invasion des Musulmans, l'empereur Héraclius enlève de la ville sainte la croix qu'il y avait rapportée à la suite de son triomphe sur les Perses, & la transporte à Constantinople. Les historiens du temps ne nous disent rien des mesures prises pour mettre en sûreté les reliques de la naissance du Sauveur; mais précisément à cette époque la basilique de Sainte-Marie-Majeure ajoute un nouveau titre à ceux sous lesquels elle était déjà connue, & se trouve désignée sous le nom de Sainte-Marie-de-la-Crèche, qu'elle ne quittera plus. Ce changement de nom arrivait sous le pontificat du pape Théodore (642-649). Théodore, fils d'un évêque de Jérusalem, avait conservé des relations particulières avec la Palestine...
« Dès lors, la dévotion des peuples les attire vers ce sanctuaire, comme autrefois vers Bethléem…
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CHAPITRE VIIXLA CRÈCHE.SUITE[page 279]
« Dès lors, la dévotion des peuples les attire vers ce sanctuaire, comme autrefois vers Bethléem. Tous les saints qui ont passé à Rome... ont aimé Sainte-Marie-de-la-Crèche. Nous les trouverons, comme saint Thomas d'Aquin, passant la nuit de Noël tout entière en oraison devant le berceau du Sauveur, ou, comme saint Philippe de Néri, priant avant le jour dans le portique de la basilique en attendant qu'on lui en ouvre les portes...
« Ces reliques se composent : 1° de pierres détachées de la grotte de Bethléem. L'étable dans laquelle s'étaient retirés Joseph & Marie était creusée dans le roc, selon l'usage de l'Orient, usage que l'on retrouve assez souvent en Italie. La paroi sur laquelle était appuyée la crèche fut, par la suite, recouverte d'un enduit & ornée de peintures, dont on voit encore les traces sur les morceaux qui ont été apportés à Rome, c'est l'étable proprement dite, en latin prœsepe, presepio des Italiens. Le nom s'étend souvent à tout cet ensemble de reliques provenant de ce sanctuaire primitif.
« 2° Du berceau de Notre-Seigneur, sacra culla des Italiens, en latin incunabulum. C'est la crèche dans laquelle la sainte Vierge le déposa après l'avoir enveloppé de langes.
« 3º De ses langes, des bandelettes qui les assujettissaient, & du manteau de saint Joseph dont il fut recouvert.
« 4° Du foin dont la sainte Vierge avait rempli la crèche avant d'y déposer son fils...
« Dans un magnifique reliquaire d'argent & de cristal conservé ordinairement dans la chapelle du Crucifix, on voit les planches qui formaient la crèche qui servit de berceau au Sauveur. Il en reste cinq d'une longueur de près de 0m,65, sur 0m,16 à 0m,18 de large, & une dixième plus petite. On voit encore sur l'une d'elles une inscription grecque qui rappelle les ornements d'or dont elle fut revêtue. Cette dernière, unie aux langes, porte, dans d'anciens titres, le nom de Puerperium Domini. »
Reliques. — On voit à Rome des reliques de la crèche dans diverses églises. Saint-François-à-Ripa, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Pierre, Sainte-Marie-in-Transtévère, aux Saints-Apôtres, Saint-Marc, Sainte-Marie-in-Campitelli, à Anagni.
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TABLE DE LA CÈNE.….
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CHAPITRE VIXTABLE DE LA CÈNE.[page 280]
Table de la cène. — La table de la cène est à Saint-Jean-de-Latran. Elle est en bois de cèdre en deux panneaux dont chacun a 0m,60 de large sur 1m,20 de longueur. Il paraît qu'elle était autrefois entièrement revêtue en argent. M. le chanoine Barbier de Montault la mentionne dans l'inventaire des reliques de l’année liturgique à Rome, 1862.
Il en existe des parcelles à Sainte-Marie-in-Transtévère, aux Saints-Apôtres, à Sainte-Marie-in-Campitelli, à Anagni.
XI. — LA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE.…
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[page 280]
'ai essayé jusqu'ici de reconstituer les instruments de la Passion d'après leurs reliques répandues dans le monde entier : mais je n'ai pu m'occuper d'une relique bien plus considérable, bien plus importante & qui les résume toutes , c'est le sol même foulé par les pieds de Notre-Seigneur Jésus-Christ, arrosé de son sang pendant sa Passion.
Ce serait un beau problème résolu de retrouver à Jérusalem le chemin qu'il a parcouru ; de suivre la même voie douloureuse, de s'arrêter au Calvaire & de terminer par le saint sépulcre. Malheureusement les traditions relatives à cette voie sont presque modernes ; c'est-à-dire que les stations désignées aujourd'hui n'ont été définitivement arrêtées qu'au moyen âge. Les seuls points fixes sont le prétoire, qui certainement était situé dans la tour Antonia, le Calvaire & le tombeau; tout le reste est conjectural.
Les transformations profondes & successives qu'a subies la ville sainte rendent...
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 280-281]
Les transformations profondes & successives qu'a subies la ville sainte rendent presque impossible de reconnaître exactement la ligne parcourue ; on se perd dans un dédale de constructions modernes qui empêchent de l'aborder. Au point de vue de la foi une approximation est tout à fait suffisante ; & ce qui cause l’erreur des archéologues est le « désir de préciser le lieu de chaque événement : une tradition vraie dans son ensemble cesse de l'être dans le petit détail. Les traditions relatives à la condamnation, les flagellations & l'exposition de Notre-Seigneur sont vraies, en ce sens, qu'à 100 mètres près, les événements se sont accomplis là où on les place ; préciser davantage est impossible (1). »
Cette opinion d'un homme habile qui a vu, & bien vu, au lieu de détourner de nouvelles recherches, doit encourager à les continuer, d'autant plus que la critique, aujourd'hui justement sévère, ne se contente plus des à peu près qui satisfaisaient nos pères dans les restaurations des monuments antiques. Ne pouvant donc faire une restitution exacte de la Voie douloureuse, je rapporterai, à titre de renseignements, ce que nous apprennent des hommes distingués qui ont vu les lieux, & qui malheureusement ne sont pas toujours d'accord.
Le renseignement le plus vénérable est le chemin de la croix, nom donné par la liturgie catholique aux diverses parties de la voie douloureuse divisée en quatorze stations fondées surtout sur les traditions locales ; mais là encore se présentent de grandes difficultés. Les uns (2) disent qu'il ne faut pas s'y rapporter complètement, que les chrétiens ne restèrent pas toujours à Jérusalem depuis le temps de la Passion jusqu'à nous, que tous les habitants sont actuellement des étrangers; qu'ils changent souvent de lieu, & qu'en conséquence ils ne peuvent conserver les traditions des anciens.
«..... Il y a là une lacune, dit le P. Gagarin, & quand on vient à songer à tous les bouleversements matériels qu'ont dû amener la destruction de Jérusalem par Titus & sa reconstruction par Adrien ; quand on pense que pendant près de soixante ans il n'y eut là qu'un amas de ruines, on ne peut disconvenir que cela paraisse un peu interrompre la chaîne de la tradition entre les apôtres & l'impératrice Hélène (3). »
D'autres semblent, au contraire, y attacher une grande autorité…
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(1) Cte Melchior de Vogué.
(2) Cornelius à Lapide.
(3) Études religieuses, historiques & littéraires, par des PP. de la Cie de Jésus, t.1, p. 719. — Le P. Gagarin.
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 281-282]
D'autres semblent, au contraire, y attacher une grande autorité. Voici comment s'exprime à ce sujet M. de Saulcy dans son voyage à Jérusalem :
« Avant tout, disons qu'il n'est pas possible quand on foule la terre judaïque, de méconnaître la valeur de la tradition orale. Pour peu que l'on veuille bien la consulter, les saintes Écritures à la main, on ne tarde pas à la respecter, comme on respecterait un livre authentique ; car, dans toute l'étendue de cette terre, on reconnaît, à chaque pas, que les souvenirs bibliques y sont impérissables. Là rien de ce qui s'y rattache ne change, rien ne s'oublie, pas même un nom ; & ce sont les événements humains dont la mémoire y a souvent été perdue. Ainsi les catastrophes terribles dont Jérusalem a été successivement le théâtre ont à peu près disparu du souvenir des hommes ; mais s'agit-il d'un fait, même secondaire, relatif à l'histoire primitive du peuple hébreu, ce fait semble récent, tant est précise & vivace la tradition qui l'a recueillie d'âge en âge (1). »
Pour fixer la pensée dans cette étude, je présente ici…
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(1) Voyage en Syrie, p. 219.
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 282-283]
Pour fixer la pensée dans cette étude, je présente ici en regard le chemin de la croix avec ses quatorze stations & un tracé approximatif de la Voie douloureuse d'après le plan de Pierotti, les corrections indiquées par le R. P. Hornung & le plan de M. le Cte Melchior de Vogué.
Lorsqu'au moyen âge on a déterminé les stations du chemin de la croix…
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[page 283]
Lorsqu'au moyen âge on a déterminé les stations du chemin de la croix, on a dû suivre les rues alors existantes, en rapportant à certains points des faits qui s'étaient passés aux lieux les plus rapprochés. Ainsi il est probable que le cortège de la croix dut éviter les rues de la ville, nécessairement étroites, & choisir la rue qui longeait le mur d'enceinte & qui devait être assez large pour le service militaire. D'après cela la Voie douloureuse, côtoyant le mur en ligne droite de l'est à l'ouest jusqu'à la tour d'angle H (1], se serait retournée là à angle droit avec le mur, en continuant à le suivre du nord au sud jusqu'à la porte Judiciaire ou d'Éphraïm; enfin, en sortant de la ville, aurait monté la colline jusqu'au Calvaire.
La première station de la Voie douloureuse & la chapelle de la flagellation sont indiquées en Z par Pierotti vers le nord-est. On suppose même, mais sans aucun motif, que la porte du prétoire existe encore ; ce qui passe pour une porte n'est qu'un agencement d'arabesques (2), sans qu'on voie dans ces constructions aucune trace d'ouverture. Cette porte prétendue est trop éloignée de la tour Antonia pour croire qu'elle ait appartenu au même palais. Il est plus raisonnable de la rapporter à la face ouest de cette tour, marquée M L sur le plan ci-joint.
Arc de l'Ecce Homo. — La Voie douloureuse passe actuellement sous un arc en partie occupé par le mur nord de la rue. On a cru que cet arc était celui de l’Ecce Homo. M. le Cte de Vogué combat l'idée d'y voir un édifice témoin de la Passion de Notre-Seigneur. Un de ses arguments est tiré de la configuration du sol. L'arc joint un mur qui, d'après lui, ne serait que la contrescarpe du fossé, tandis que le mur d'enceinte doit être tracé en L H. Voici comment il s'exprime à cet égard …
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(1) Le Temple de Jérusalem, par le Cte Melchior de Vogué, pl. XXXIII.
(2) Le R. P. Hornung; pièces justificatives.
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 283-284]
Un de ses arguments est tiré de la configuration du sol. L'arc joint un mur qui, d'après lui, ne serait que la contrescarpe du fossé, tandis que le mur d'enceinte doit être tracé en L H. Voici comment il s'exprime à cet égard :
« Le seul monument antique que renferme Bezetha est l'arc connu sous le nom d'arc Ecce Homo. C'est un arc de triomphe romain à trois arcades... Il offre une grande analogie avec les monuments nommés Kabylé, & élevés en si grand nombre dans le Haouran pendant les Ier & IIe siècles après Jésus-Christ. Les caractères de la construction & le profil des moulures appartiennent à une époque assez basse. Parmi les voussoirs se trouvent deux pierres taillées dans les ruines d'un monument antérieur & qui portent des fragments d'inscriptions grecques.
« Il n'y a rien à tirer, comme sens, de fragments aussi incomplets ; la forme des lettres & la présence du mot Aurelius indiquent une époque postérieure à la fondation d'Ælia Capitolina, & abaissent nécessairement l'âge de la construction de l'arc. La tradition qui s'attache à ces ruines est vraie, en ce sens que, la tour Antonia étant la demeure du procurateur romain, les scènes de flagellation & de l’Ecce Homo ont dû se passer à proximité de la tour, & probablement aux endroits indiqués par la tradition. Mais l'arc en lui-même est bien postérieur à la mort du Christ, & n'a pu jouer aucun rôle dans les sanglants épisodes de sa Passion, Aussi la pieuse croyance qui place au sommet de l'arcade centrale la douloureuse exposition du Sauveur est-elle relativement très-moderne ; on n'en trouve aucune trace dans les pèlerinages antérieurs au XVIe siècle. Au XIVe & au XVe, on vénérait deux pierres encastrées à la base de l'arc, & que la tradition rattachait, soit à la scène du jugement de Jésus, soit au lithostrotos, soit même au portement de la croix (1). »
Le savant P. Hornung, qui a longtemps habité Jérusalem & visité les nouvelles fouilles du couvent de Notre-Dame-de-Sion, aux environs de l'arc de l'Ecce Homo, persiste à croire vraie la tradition qui rattache cet arc aux scènes de la Passion.
En présence de ces opinions contradictoires professées par des hommes considérables, je n'ai pu que les rapporter, laissant au temps & à d'autres recherches le soin de donner une solution définitive sur cette importante question.
Poursuivons notre marche dans la Voie douloureuse...
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(1) Le Temple de Jérusalem, par le Cte Melchior de Vogué, p. 125.
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 284-285]
Poursuivons notre marche dans la Voie douloureuse. Les trois stations suivantes (III, IV, V), assez rapprochées entre elles, & à 130 mètres environ des premières, sont relatives à la première chute de Notre-Seigneur, à sa rencontre avec la sainte Vierge, & à celle de Simon le Cyrénéen. Ne peut-on pas voir là les trois parties d'une même scène? Après avoir parcouru 130 mètres, Notre-Seigneur s'affaisse sous son fardeau qu'il ne peut plus porter ; sa sainte mère, qui le suit, ne maîtrise plus sa douleur ; elle tombe en défaillance, & les soldats, pour relever la croix, arrêtent un passant. D'autres (1) pensent que c'est à la porte Judiciaire seulement (VII K) que se fit la rencontre de Simon. Saint Matthieu dit, en effet, que c'est en sortant, ce qui ne peut s'entendre que de la ville & non du prétoire, car dans la ville les condamnés devaient porter leur croix.
Après la première chute, le chemin, qui avait toujours été en descendant, se relève pour gravir le mont Acra. Alors une sainte femme essuie le visage du divin Sauveur (VI). La seconde chute (VII) se place en sortant de la ville par la porte Judiciaire. Les ruines attribuées à cette porte ne présentent pas une grande authenticité, & celle par laquelle Notre-Seigneur est sorti de Jérusalem semble mieux fixée par M. le Cte de Vogué.
On arrive au pied du Calvaire, &, tournant au nord…
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(1) Saint Athanase, saint Augustin, saint Jérôme, Origène, Bède, Eutymius, Théophilactus.
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CHAPITRE VIXILA VOIE DOULOUREUSE. — LE CALVAIRE. — LE SAINT SÉPULCRE[pages 285-286]
On arrive au pied du Calvaire, &, tournant au nord, on passe par la station des trois Marie, qui sert de jalon dans cette voie, à l'ouest du Calvaire; puis, continuant à tourner au sud, on arrive à l'entrée de l'église du Saint-Sépulcre qui, pour obéir sans doute à une tradition, se trouve à l'endroit où le cortège de Notre-Seigneur entra sur le Calvaire, à 15 mètres environ du lieu où les croix furent plantées ; elles durent être d'abord posées à terre, le pied vers le nord, la tête vers le sud, au lieu du crucifiement marqué F sur le plan, à 5 ou 6 mètres du point de l'exaltation marqué E, pour être dressées au bord du rocher; de là elles pouvaient être vues d'en bas, de telle sorte que, bien que très-basses au-dessus du sol, elles fussent cependant très-élevées au-dessus des passants. L'espace de la plate-forme entre l'entrée & les croix était nécessaire & suffisant pour la préparation du supplice.
Après l'accomplissement du sacrifice, Nicodème & Joseph d'Arimathie déposent de la croix le corps de Jésus-Christ & le portent au sépulcre neuf, placé dans un jardin appartenant à Joseph. Tous ces lieux sont voisins les uns des autres, & il ne peut en être autrement, car la montagne s'élève rapidement au delà, & c'est dans son flanc, à 45 mètres environ du lieu du crucifiement, que le tombeau a été creusé. Les restes de ce monument, préservés par les constructions de la grande église du Saint-Sépulcre, présentent une des plus fermes garanties de leur authenticité (1).
Une aire profonde, de 2 mètres environ, était taillée dans le rocher, & les tombes se plaçaient latéralement autour de cette aire, dans ses parois verticales. On trouve dans l'Évangile même une confirmation de cette disposition; lorsque Pierre & les femmes vinrent au tombeau, ils regardèrent en bas, c'est-à-dire dans l'area. Le sépulcre de Notre-Seigneur était isolé; car d'après la loi il était défendu de placer les cadavres des suppliciés dans des sépulcres communs, & ils devaient être ensevelis avec les instruments de leur supplice (2). La découverte de nombreux tombeaux juifs, imités par les chrétiens dans les catacombes, a complété ce que les ruines juives en faisaient connaître.
A Rome, il y en a à Saint-François-à-Ripa, à Sainte-Marie-Majeure, à Sainte-Marie-in-Transtevère, à Saint-Roch, à Saint-Marc.
A Anagni.
A Florence, à Santa-Maria-Porta-di-San-Biagio, où se trouvaient trois morceaux de la grosseur d'une amande enfermés dans un tabernacle à clef, que l'on n'ouvre que le samedi saint. Elles ont été rapportées de Jérusalem en 1088, par Pazzo di Pazzi, commandant de la milice de Toscane, & qui planta le drapeau chrétien sur les murs de Jérusalem. On en voyait encore au monastère degli Angioli, à Saint-Jacques-sur-1'Arno, à Saint-Jean-in-Via-lata, à Sainte-Marie-des-Fleurs, & à l'église d'Ogni-Santi. (RICHA.)
Beaucoup d'autres églises ont quelques morceaux de la pierre du saint Sépulcre, mais ces parcelles sont fort petites. Comme toutes les reliques de la Passion de Notre-Seigneur, celles-ci ont été fort recherchées, fort répandues. On n'est étonné que d'une chose, c'est que, puisant pour ainsi dire dans une carrière, on n'en ait pas emporté davantage. _________________________________________________________________
(1) Le Cte de Vogué. — Le P. Gagarin, &c.
(2) Gretzer.
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NOTESURLE SUPPLICE DE LA CROIX[page 37-38]
La croix dans l'antiquité. — Portement de la croix. — Érection de la croix. — Mode d'attache à la croix. — La croix au Japon. — La mort. — Garde des corps. — Brisement des os. — Déposition.
Avant d'entreprendre l'étude des instruments du supplice que nous venons de voir rapporté par l'Évangile, il est utile de donner quelques détails sur le crucifiement, tel qu'il était pratiqué par les anciens, & sur les circonstances qui l'accompagnaient.LA CROIX DANS L'ANTIQUITÉ.
Il semble qu'avant de présenter la croix à l'adoration du monde entier, Dieu ait voulu la lui montrer comme l'objet le plus méprisable. Le supplice de la croix en usage chez la plupart des peuples, les Scythes, les Grecs, les Macédoniens, les Carthaginois, même chez les Germains, très-fréquent chez les Romains depuis la fondation de Rome, était spécial pour les esclaves. On l'appliquait quelquefois aux hommes libres, mais alors aux plus vils ou aux plus coupables, comme les voleurs, les assassins, les faussaires. Le caprice des tyrans l'imposa souvent aux séditieux, aux chrétiens & même aux femmes (1).
Dans ces temps affreux, que l'on devrait connaître davantage, afin de bénir la Providence d'avoir institué le christianisme & délivré l'humanité, on vit des monstres, que pourtant l'histoire admire, se jouer avec une horrible prodigalité de la vie de leurs semblables.
Alexandre le Grand, après avoir pris la ville de Tyr, fit crucifier deux mille habitants.
Flavius Josèphe raconte, dans les Antiquités juives, qu'Alexandre, roi des Juifs, fils d'Hircan, à la prise de la ville de Betoma, qui s'était souvent révoltée, ordonna, au milieu d'une orgie, de mettre en croix huit cents habitants de cette ville, & de massacrer sous leurs yeux, avant leur mort, leurs femmes & leurs enfants.
Cléomène, roi de Sparte, fut écorché vif & mis en croix par le fils de Ptolémée.
En Égypte, après la mort de Ptolémée Philopator, Agathoclée & sa mère Évanthe se virent crucifiées pour venger la mort de la reine Eurydice.
Xerxès, ayant trouvé parmi les morts le corps de Léonidas, lui fit trancher la tête & exposer son corps sur la croix.
Auguste, après la guerre de Sicile, livra à ce supplice six mille esclaves qui n'avaient point été réclamés par leurs maîtres.
Tibère crucifia les prêtres d'Isis, & détruisit leur temple, pour avoir vendu Pauline, femme de Saturninus, à un certain Décius. Il condamna au même supplice la femme affranchie qui avait été l'intermédiaire.
Titus, pendant le siège de Jérusalem, faisait crucifier tous les malheureux qui…
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(1) Juste Lipse, 1. III, p. 645.
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LA CROIX DANS L'ANTIQUITÉ.SUITE[page 38-39]
Titus, pendant le siège de Jérusalem, faisait crucifier tous les malheureux qui, au nombre de cinq à six cents par jour, fuyaient la ville pour échapper à la famine, à tel point que les croix manquaient pour les corps, & que la terre semblait chargée d'une hideuse forêt. En racontant ces atrocités, Josèphe ajoute qu'ayant reconnu parmi les crucifiés trois de ses amis qui existaient encore, il demanda à Titus de les déposer & d'essayer de les rappeler à la vie. Deux moururent malgré les soins qu'on leur donna; le troisième survécut.
L'histoire raconte encore le crucifiement de la vierge Eulalie, de sainte Julie, de dix mille soldats du Christ & saints martyrs sacrifiés sur le mont Azarath d'Égypte (1).
Les souverains n'avaient pas seuls le triste privilège de condamner à la croix ; tout propriétaire d'esclaves pouvait y suspendre sa chose humaine ; témoin cette méchante femme qui pousse son mari au crime, & dont Juvénal rapporte l'horrible colloque dans des vers si connus :
Ce supplice si familier aux Romains, & qui était le plus cruel de tous, car les auteurs profanes s'en servent souvent pour exprimer les plus grandes douleurs, n'était point anciennement en usage chez les Juifs. On ne connaissait chez eux que la lapidation, la combustion du vif, la strangulation, & plus rarement la décollation.
Il dura dans l'empire romain jusqu'à Constantin, qui eut l'honneur d'en délivrer le monde civilisé ; mais on le retrouve encore chez les nations de l'Orient qui n'ont point été éclairées par les lumières du christianisme.
PORTEMENT DE CROIX.…
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(1) Juste Lipse, 1. I, ch. x; Bosio, De cruce triumphante, p. 26.
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PORTEMENT DE CROIX.[page 39]
Chez les Romains, les condamnés portaient leurs croix. Artémidore & Plutarque l'attestent. Plaute a dit : « Patibulum ferat per urbem, deinde offigatur cruci. » Pendant les portements de croix, un joueur de flûte précédait le cortège, pour faire venir le peuple. Les bourreaux criaient par la ville la cause du supplice, &, pour augmenter les souffrances de ces malheureux, ils les aiguillonnaient, puis les crucifiaient nus.
ÉRECTION DE LA CROIX.…
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ÉRECTION DE LA CROIX.[pages 39-40]
Tantôt la victime était attachée par terre à la croix, qui était ensuite élevée avec son fardeau, tantôt la croix était d'abord dressée, & le condamné attaché avec des cordes, puis cloué (1). Juste Lipse & Cornélius à Lapide ne se prononcent pas.
D'après Gretzer, le premier mode paraît avoir été plus probablement employé sur le calvaire : 1° parce qu'on montre le lieu du crucifiement à quelque distance de celui où la croix a été scellée ; 2º parce que ce sentiment est plus conforme aux pensées & aux méditations des fidèles sur la Passion ; 3º enfin parce qu'il est plus facile & plus expéditif que l'autre (1). Le père Niquet confirme cette opinion en rapportant un passage des actes du martyre de saint Pionius. « Ultro se vestimentis spoliavit, & in cœlum suspiciens, ac Deo gratias agens, super lignum se ipsum extendit, militique tradidit ut clavis configeretur,... eum igitur ligno fixum erexerunt (2). »
MODE D'ATTACHE A LA CROIX.…
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(1) Nonnus, auteur de la tragédie intitulée : Jésus souffrant; Saint Augustin; Binœus, De morte Christi,liv. III, ch. VI & VII, d'après D. Calmet (croix); Benoît XIV.
(1) Gretzer, ch. XXI.
(2) Niquet, De sancta cruce, p. 132.
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MODE D'ATTACHE A LA CROIX.[page 40]
Les crucifiés étaient souvent fixés avec des clous. Les Grecs appelaient le crucifiement : Clavifixio. On trouve dans un passage de Démosthènes, traduit par Ulpian, qu'on était attaché à la croix avec des clous. Lorsque Titus fit crucifier un si grand nombre de Juifs, les soldats romains, par manière de jeu, fixaient les clous de diverses manières, ce qui prouve la variété du supplice mise à la disposition des bourreaux.
Dans un dialogue de Lucien, relatif au crucifiement de Prométhée, Mercure dit à celui-ci : « Donne la main droite; quant à toi, Vulcain, attache-la fortement à coups de marteau; & donne l'autre ensuite pour qu'elle soit bien fixée. » Il continue de même pour les pieds (3).
Nous lisons dans Plaute : « Je donnerai un talent au premier qui courra sur la croix, à condition que les pieds soient cloués deux fois ainsi que les bras (4). »
Juste Lipse (5) s'appuyant sur ce texte : « Brachia offigi, » croit que les clous ont été placés dans le poignet & non dans la main, qu'il pense n'être pas assez forte pour supporter un pareil poids. Mais il paraît être seul de son sentiment. Le prophète Zacharie (ch. XIII, v. 6) (6) s'écriait : « Quid sunt plagæ istæ in medio manuum tuarum?» L'Évangile enfin ne paraît pas laisser de doute à ce sujet, lorsque Notre-Seigneur dit à saint Thomas : ( Vide pedes, vide manus. ) Ce sont les mains & non les poignets qu'il lui montre.
Avant de clouer les pieds on préparait le trou avec une broche (7), c'est ce que font encore les Japonais dans le supplice du pal qu'ils ont conservé, ainsi que le crucifiement ordinaire.
LA CROIX AU JAPON.…
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(3) « Prœbe dextram. Tu autem, Vulcane, astringe, & confige, & malleum fortiter demitte. Da & alteram, quo illa etiam rectè astringatur. Lamy, p. 578. »
(4) « Ego dabo ei talentum, primus qui in crucem excucurrerit, sed ea lege, ut offigantur bis pedes, bis brachia. » Juste Lipse.
(5) Juste Lipse, 1. II, ch. IX.
(6) Cornélius à Lapide. St Jean, ch. XX, v. 27
(7) Saint Bonaventure.
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LA CROIX AU JAPON.[page 41]
Voici comment le père Froës, jésuite, décrit chez les Japonais le supplice de la croix : « Ils se servent de croix traversées & non coiffées, immissa non commissa. Le bois du support pour les pieds est autrement fait qu'on ne le voit dans de vieilles images du crucifix, ou d'anciennes médailles. C'est une traverse plus petite que celle placée dans le haut du montant.
« Ils fixent sur ce montant un autre bois, sur lequel le crucifié est assis, & pour ainsi dire à cheval.
« Ils attachent avec des cordes ou des menottes en fer, au lieu de clous, non-seulement les mains, mais encore les bras, & fixent les pieds sur le support avec des liens, non pas l'un sur l'autre, mais l'un à côté de l'autre, comme ceux d'un homme debout. Ils laissent les vêtements, & attachent le condamné à terre sur la croix, que le bourreau élève avec le supplicié. Bientôt il le perce d'un coup de lance & lui donne la mort. »
LA MORT.…
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LA MORT.[pages 41-42]
Les Juifs attachèrent quelquefois à la croix les cadavres des suppliciés, mais ils ne les y abandonnaient jamais après le coucher du soleil. Les Romains, plus cruels, y fixaient les condamnés vivants, & les laissaient périr misérablement de faim, de soif & d'épuisement. Leurs corps devenaient la proie des vautours & des chiens, & se détruisaient en général par la putréfaction.
Cicéron (1) rapporte la belle parole du philosophe Théodore de Cyrène, répondant à la menace du tyran Lysimaque : « Que m'importe de pourrir en l'air ou sur la terre (2). »
La croix était le tombeau du supplicié. Plaute fait dire à un pauvre esclave : « Noli minitari, scio enim crucem futurum mihi sepulcrum : ibi majores mei sunt, pater, avus, proavus, abavus. »
La mort venait, ou de la perte du sang, ou de la faim. On cite des crucifiés qui ont vécu deux & trois jours, & pouvaient parler. Timothée & Maura, martyrs vers 286, crucifiés ensemble, y vécurent neuf jours. Rien n'est touchant comme l'histoire de ces deux époux s'excitant mutuellement à souffrir avec courage : Maura dit : « Je n'ai que dix-sept ans, j'ai peur que devant le gouverneur l'horreur des supplices me fasse fléchir. — Prie Dieu, ma sœur, lui dit son mari (ils étaient unis depuis vingt jours), & Dieu te donnera du courage. » Lui-même déjà crucifié avait été soumis à d'affreuses tortures.
Le gouverneur Arianus épuise sur Maura la rigueur des plus cruels tourments, au point d'exciter la pitié de la foule sanguinaire, & cependant indignée de voir souffrir ainsi cette jeune fille, qui conservait toujours la parole libre, en priant Dieu. Le monstre, ne trouvant plus dans son imagination de nouveaux supplices; ordonne de la crucifier devant son époux. En allant à la croix, elle rencontre sa mère qui tente un dernier effort pour la fléchir, mais Maura, s'échappant de ses bras, se place debout sur la croix, & la prie de ne pas l'empêcher de mourir bientôt de la mort du Seigneur. « Tunc crucifixerunt eos conversos ad invicem, fueruntque in cruce diebus novem & totidem noctibus, mutua cohortatione invicem confortantes (1). »
GARDE DES CORPS.…
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(1) Cicer., Tuscul. quest., liv. I.
(2) Bosio, ch. XII, p. 39.
(1) Bollandistes, 3 mai, p. 37, & Cod. græco Valatimo, 27. Bib. vat.
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GARDE DES CORPS.[page 42]
Les corps étaient gardés. Pétrone, dans une satire, dit que les soldats veillaient à ce qu'on ne les dérobât pas pour les ensevelir. Il ajoute que les parents d'un crucifié profitèrent d'une nuit où les soldats étaient absents, & enlevèrent le corps de la croix (2).
BRISEMENT DES OS.…
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(2) P. Lamy, p. 581.
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BRISEMENT DES OS.[pages 42-43]
Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Nous voyons en effet sur le Golgotha des soldats qui brisent les jambes des deux larrons, & s'abstiennent de le faire en s'approchant de Jésus-Christ, dont ils ont constaté la mort. Pour s'en assurer, un des soldats lui avait percé le côté & en avait fait jaillir du sang & de l'eau.
Chez les Romains le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu'il accélérait la mort. Mais pour Notre-Seigneur, les Juifs étaient devenus encore plus cruels que les Romains ; & ce ne fut pas chez eux un motif d'humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque (3).
D'après Suétone, Auguste fit briser les jambes de Thallus, qui avait accepté 1500 deniers pour livrer une lettre; & Tibère donna le même ordre pour un certain officier & un joueur de flûte. Quod mutuo flagitium exprobrassent (1).
DÉPOSITION.…
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(3) Benoît XIV, liv. I, ch. VII.
(1) Lamy, Comment., p. 582.
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DÉPOSITION.[page 43]
Lorsque Joseph d'Arimathie, aidé probablement de quelques autres, déposa lui-même le corps, il put le faire, soit en jetant à terre la croix avec le corps, soit en enlevant le corps & la laissant debout. Il est difficile d'affirmer quel a été le mode suivi, quoique généralement les peintures sacrées représentent le second, qui paraît d'ailleurs plus respectueux de la part de ses disciples, plus simple & plus prompt (2).
LIVRE PREMIER : Invention de la Croix…
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(2) Gretser.
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LIVRE PREMIERLA CROIXCHAPITRE IerINVENTION DE LA CROIX. — DIFFUSION DES RELIQUES
I.
INVENTION DE LA CROIX.
[pages 45-46]
PRÈS l'accomplissement des faits surnaturels qu'on vient de lire dans l'Évangile, l'histoire se tait sur les monuments qui auraient pu leur servir, en partie, de preuve matérielle; mais, malgré les efforts des maîtres du monde pour les anéantir, ils sont, pour ainsi dire, mis en réserve par la Providence, qui les conservait pour des temps meilleurs. Trois siècles se passent dans cette attente, & nous les transmettent entiers, comme des témoignages de foi, au milieu de la paix rendue à l'Église. Découverts plus tôt, les instruments de la Passion n'auraient été qu'un objet de dérision ; trouvés par un pieux empereur, & placés dans les armes impériales qu'ils décorent, ils leur assurent la victoire.
En l'an 326, au commencement de ce IVesiècle si brillant pour l'Église, alors que naissaient saint Jérôme (331), saint Épiphane (310) & saint Augustin (354), Constantin, éclairé par la lumière du Labarum (312), avait pacifié le monde & rétabli l'unité de l'Eglise, en faisant frapper d'anathème Arius au concile de Nicée (325). Il songe à donner à la religion tout l'éclat qui lui est dû, couvre l'Empire de temples, qu'il consacre au vrai Dieu, & veut ajouter à leur splendeur, en y plaçant quelques fragments des instruments mêmes du supplice auquel nous devons notre rédemption. Il pense, avec raison, qu'ils sont cachés à Jérusalem, charge Hélène, sa pieuse mère, de faire dans les lieux saints toutes les recherches nécessaires, & veut qu'elle n'épargne ni soins, ni dépenses pour accomplir cette grande œuvre. Elle est octogénaire; cependant le but qu'elle poursuit lui rend l'ardeur de sa jeunesse, &, sous la conduite de l'Esprit-Saint, lui fait trouver heureusement tout ce qu'elle cherchait.
L'empereur Adrien (136) en rebâtissant Jérusalem avait voulu supprimer un objet du culte de la nouvelle secte, & détourner de ce lieu les chrétiens qui venaient y offrir leurs prières à Dieu. Il avait élevé un temple à Vénus, précisément sur le Calvaire. Mais cette pensée sacrilège, qui devait servir à en anéantir le souvenir, le fait précisément reconnaître, au moment opportun, lorsque sainte Hélène commença ses fouilles (1).
Le premier témoignage de cet événement considérable se lit dans saint Cyrille, patriarche de Jérusalem (350 à 386), qui le rappelle en écrivant à Constance, fils de Constantin : « La grâce divine fit reconnaître la place des lieux saints à celui qui la cherchait dans la piété de son cœur. »
Après saint Cyrille…
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(1) Gretser, ch. LXIII.
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INVENTION DE LA CROIX.[pages 46-47]SUITE
Après saint Cyrille, saint Ambroise raconte ainsi l'invention de la croix dans le panégyrique de Théodose :
« Hélène vint donc, & commença à examiner les lieux saints; le Saint-Esprit lui inspira de chercher le bois de la vraie croix; elle arriva au Calvaire, & dit : « Voici le lieu du combat, où est la victoire? Je cherche l'étendard du salut, & je ne le trouve pas. Suis-je sur le trône, & la croix du Seigneur est-elle dans la poussière? Suis-je dans des palais dorés, & le triomphe du Christ est-il dans des ruines? Est-il encore caché? La palme de la vie éternelle est-elle cachée? Comment me croirai-je rachetée, si on ne voit pas la rédemption elle-même? » Elle ouvrit la terre, dégagea la poussière, trouva trois croix confondues, que la ruine avait mêlées, que l'ennemi avait cachées. Mais ce triomphe du Christ n'a pas pu rester caché. Incertaine, elle hésite, comme une femme, mais le Saint-Esprit lui inspire un examen certain, tiré de ce que deux voleurs avaient été crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche dans le bois du milieu; mais il était possible que les gibets confondus par la ruine n'eussent point conservé le même ordre. Elle revient au texte de l'Évangile, & elle lit que la croix du milieu portait le titre : JESUS NAZARENUS REX JUDÆORUM . La vérité fut ainsi connue, & la vraie croix fut désignée par le titre :... elle trouva donc le titre :... chercha les clous qui avaient crucifié Notre-Seigneur (2). »
Saint Ambroise suppose que le titre a pu servir à désigner la vraie croix, & passe sous silence le miracle auquel l'Eglise consacre une de ses fêtes.
Les Bollandistes, conformément à l'opinion générale de l'Église, combattent ainsi celle de saint Ambroise (1) :
« Ce récit exprime une opinion toute particulière & diminue considérablement la gloire de la croix; il est bien plus vraisemblable que le titre & les clous ont été jetés & trouvés séparément. Ce que Sozomène dit expressément du titre, tous s'accordent à le dire des clous. Les autres Grecs qui ont traité cette question n'ont point fait mention du titre, & pas plus de la couronne d'épines & de l'éponge. »
Rufin, né vers 340, rapporte le même fait avec quelques variantes qui laissent le fond identique. Il montre sainte Hélène assistée de saint Macaire, leurs prières, le miracle d'une résurrection au contact de la vraie croix & l'emploi qu'elle fît des clous qui s'y trouvèrent (2) :
« Vers ce même temps, Hélène…
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(2) Trombelli, De cultu sanctorum, 1743, p. 258.
(1) et (2) : Note de Louis: Ces notes, rédigées en latin, sont disponibles sur demande. Bien à vous.
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