MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
INVENTION DE LA CROIX.[pages 47-48]SUITE
« Vers ce même temps, Hélène, mère de Constantin, femme d'une foi incomparable, dont la piété sincère égalait la rare munificence, avertie par de célestes visions se rend à Jérusalem & demande aux habitants quel est le lieu où le divin corps a été attaché & suspendu au gibet. Ce lieu était difficile à trouver, car d'anciens persécuteurs y avaient élevé une statue à Vénus, afin que les chrétiens qui auraient voulu venir y adorer le Christ parussent adresser leurs hommages à la déesse; aussi était-il peu fréquenté & presque oublié. Après l'avoir débarrassé des objets profanes qui le souillaient, & des décombres qui y étaient amoncelés, elle trouva trois croix confusément placées. Mais la joie que lui causa cette découverte fut tempérée par l'impossibilité de distinguer à qui chacune d'elles avait appartenu. On y trouva aussi le titre écrit par Pilate en lettres grecques, latines & hébraïques; mais là encore il n'y avait rien qui indiquât d'une manière assez claire le gibet de Notre-Seigneur. Là déjà l'incertitude de l'homme réclame le témoignage du ciel. »
Le miracle de la guérison d'une femme à demi morte fit reconnaître la vraie croix (1).
« La reine, dont ce signe manifeste avait réalisé les vœux, fit élever un temple d'une magnificence royale au lieu même où elle avait trouvé la croix; elle porta à son fils les clous qui avaient attaché le corps de Notre-Seigneur. Avec les uns, il fit un frein qui devait lui servir à la guerre ; il employa les autres à armer un casque propre au même usage. Quant au bois de notre salut, elle en rapporta une partie à son fils, & laissa l'autre sur le lieu même, après l'avoir enfermée dans des boîtes d'argent, que l'on a conservées jusqu'à nos jours avec soin & vénération. »
Saint Paulin, évêque de Nola, ajoute quelques détails qui manquaient à la narration de saint Ambroise :
« Sainte Hélène réunit les plus doctes des chrétiens & des juifs, & sachant par eux où était le Calvaire, elle fit faire des fouilles par un grand nombre d'ouvriers civils & militaires, & trouva trois croix parmi lesquelles la résurrection d'un mort indiqua la véritable (2). »
« Les païens, dit Sozomène au Ve siècle, pour dénaturer ces lieux consacrés par la mort de Notre-Seigneur, avaient amoncelé sur le calvaire & sur la place de la résurrection une grande quantité de terre, de sorte qu'au lieu d'un creux, le terrain présentait un monticule, ils l'avaient environné d'une muraille; enfin ils y avaient bâti un temple à Vénus, afin d'en éloigner les chrétiens qui auraient pu vouloir vénérer les lieux saints, mais qui craignaient qu'on ne crut qu'ils adressaient leur culte aux faux dieux (3). »
Saint Théophane raconte ainsi l'histoire de l'invention de la croix…
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(1) NOTE de Louis : Cette note, rédigée en latin, est disponible sur demande. Bien à vous.
(2) Trombelli, II, p. 263.
(3) Sozomène, Hist. de l'Égl., De inventione crucis, 2 vol., 1747.
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INVENTION DE LA CROIX.[pages 48-50]SUITE
Saint Théophane raconte ainsi l'histoire de l'invention de la croix à l'année xx du règne de Constantin (4) :
« Macaire, évêque de Jérusalem, qui assista au concile de Nicée, reçut de l'empereur l'ordre de rechercher, à son retour, le lieu de la sainte résurrection, le Golgotha du Calvaire & le bois vivifiant de la croix. La même année, Hélène, mère de Constantin, femme douée d'une âme toute céleste, fut couronnée par son fils. Une vision miraculeuse lui ordonna de partir pour Jérusalem, de rendre à la lumière les divins lieux que des mains impies & profanes avaient enfouis dans le sein de la terre; elle demanda alors à l'empereur l'autorisation d'exécuter les ordres venus du ciel; Constantin, touché par ce prodige, condescendit aux désirs de sa mère. »
L'auteur reprend sa narration à l'année XXI de Constantin (1).
« La même année, le divin Constantin envoya à Jérusalem la bienheureuse Hélène avec une forte somme d'argent, pour rechercher la croix vivifiante du Sauveur. Le patriarche alla au-devant de l'impératrice, lui rendit les honneurs qui lui étaient dus, puis se retira avec elle loin de la vie bruyante des courtisans ; & là, au milieu de jeûnes & de ferventes prières, il s'occupa de la recherche du bois tant désiré.
« Après ces actes préparatoires, un signe du ciel indiqua enfin à Macaire un lieu où avaient été érigés un temple & une statue à l'impure Vénus : Hélène, impératrice par la grâce de Dieu, usant de son pouvoir royal, employa une foule d'ouvriers à fouiller complètement l'endroit désigné; elle fit enlever toutes les démolitions, & le débarrassa des constructions qu'Ælius Adrien y avait élevées à grands frais. On découvrit bientôt le saint sépulcre & le lieu du Calvaire; & près de là, à l'orient, on retira trois croix. Des recherches plus minutieuses firent trouver aussi des clous ; puis, quand tous se demandaient avec anxiété quelle pouvait être la croix de Notre-Seigneur, & que la bienheureuse Hélène était, à ce sujet, accablée d'un profond chagrin, la foi de l'évêque Macaire, dont le nom seul exprime la béatitude, leva tous les doutes. Il fit approcher ces trois croix d'une dame illustre, dont la vie ne laissait plus d'espoir, & qui était déjà à l'agonie ; il reconnut ainsi celle du Seigneur; car, dès que la mourante fut à l'ombre de la vraie croix, quoiqu'elle fût privée de souffle & de mouvement, poussée par une force divine, elle tressaillit & rendit grâce à Dieu à haute voix. La très-pieuse Hélène, toute tremblante & bondissant de joie, ayant enlevé la croix vivifiante, en porta une partie avec les clous à son fils, & donna le reste, enfermé dans une cassette d'argent, à l'évêque Macaire, comme un monument pour la postérité. Elle fit élever une église sur le saint sépulcre & le Calvaire, une autre, au nom de son fils, à l'endroit où la croix vivifiante avait été trouvée; d'autres, enfin, à Bethléem & sur le mont des Oliviers ; puis elle revint auprès du très-illustre Constantin. »________________________
Tous ces faits sont actuellement dans le domaine de l'histoire. On peut en concilier les récits de la manière suivante : ...
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(4), et (1) : NOTE de Louis: Ces notes, rédigées en latin, sont disponibles sur demande. Bien à vous.
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INVENTION DE LA CROIX.[pages 50-51]SUITE________________________
Tous ces faits sont actuellement dans le domaine de l'histoire. On peut en concilier les récits de la manière suivante :
Les Juifs, après la déposition de Notre-Seigneur & des larrons, jetèrent leurs croix, ou dans une citerne, ou dans la vallée au-dessous du Golgotha, & les couvrirent de terre ; puis les immondices & les déblais de la ville venant s'ajouter à ces terres, la vallée fut comblée, comme on le voit aujourd'hui, & les croix cachées de plus en plus sous ces débris. Le Golgotha était fort étroit; si on mesure la distance entre le milieu du rocher, qui est encore à nu, & la vallée actuellement comblée, mais indiquée par les escaliers qui descendent au lieu de l'invention, dans l'enceinte du temple du Saint-Sépulcre, on ne compte guère que 40 mètres, & on peut dire avec raison que les instruments du supplice ont été enterrés sur le lieu même de l'exécution.
Cette opinion est confirmée dans une tradition rapportée par le savant Gretser, qui, cependant, n'en tire pas les mêmes conséquences :
« Carnifices cruces Christi & latronum in vallem monti Golgothæo subjectam, præcipitasse, terraque obruisse, deinde egestis ac exoneratis super illas totius civitatis sordibus, vallem oppletam fuisse, crucesque sub sordium acervo, obrutas delituisse (1). »
Là, les croix étaient en sûreté; en effet, lorsque Adrien fit construire le temple, il dut en asseoir les fondements sur le rocher & ne pas les étendre inutilement & à grands frais jusque dans la vallée, sur un sol de remblais inconsistant. C'était le lieu du supplice & non celui du dépôt obscur de croix ignorées qu'il voulait cacher. Dieu permit ainsi qu'elles fussent tout naturellement protégées.
Guidée par les renseignements des vieillards & parce qu'on connaissait l'habitude des Juifs d'enterrer les cadavres des suppliciés avec tous les instruments du supplice (2), sainte Hélène fit faire des fouilles par un grand nombre d'ouvriers civils & militaires, & trouva trois croix pareilles, entre lesquelles il était difficile de distinguer celle qui avait servi à Notre-Seigneur. Elle était assistée de saint Macaire, qui les fit toucher successivement, les uns disent à une dame mourante, les autres au corps d'une morte, dont la résurrection indiqua par un miracle la croix véritable.
II. INVENTION DE LA CROIX. — OBJECTIONS.…
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(1) Gretser, liv. I, ch. LXIII.
(2) Le rabbin Maïmonide, dans le texte du Sanhédrin, ch. XV, dit : (NOTE de Louis: La suite de cette note, rédigée en latin, est disponible sur demande. Bien à vous.)
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II.INVENTION DE LA CROIX. — OBJECTIONS.[pages 51-52]
Tous les témoignages pour l'invention de la croix émanent des écrivains sacrés. L'incrédulité en conclut qu'ils sont intéressés, & les récuse.
Qui est-ce qui doute de l'histoire de César? & cependant ce sont des Romains qui l'ont écrite. Mais cette certitude éclate surtout lorsqu'on nous montre des monuments de son époque, des inscriptions, des armes, des camps retranchés dans les Gaules. Les reliques sont un des monuments matériels de la venue du Christ. Saint Cyrille, saint Chrysostome, saint Paulin de Nola, Juvénal en envoient dans le monde entier, qui les reçoit comme un précieux trésor. Peut-on supposer le monde entier, & le monde contemporain, dupe d'une supercherie?
Les versions diffèrent un peu dans la forme, mais cette diversité est elle-même une preuve qu'on ne s'est pas copié, tout en racontant une histoire vraie au fond & qui était dans toutes les bouches.
Les deux principales objections sont le silence d'Eusèbe & l'impossibilité prétendue de conserver sous terre, pendant trois siècles, des bois qui auraient dû s'y pourrir.
Salmatius & d'autres ont reproduit la première. D'après Dallœus, Eusèbe de Césarée, évêque voisin de Jérusalem, familier de sainte Hélène, parle de son voyage en Judée, des deux églises qu'elle élève, l'une à Bethléem, l'autre sur le mont des Oliviers, entre dans des détails sur ses largesses & ne dit pas un mot de l'invention de ces croix (1). Eusèbe dans cet ouvrage s'occupait plus des actes de la vie de sainte Hélène & des églises qu'elle avait fondées que de celles de Constantin; or là il n'est pas question de l'église du Saint-Sépulcre. Cette omission d'Eusèbe ne lui peut être reprochée que dans un seul de ses écrits, auquel suppléent les deux passages que l'on va lire. Dans une autre occasion il rapporte une lettre de Constantin à Macaire, évêque de Jérusalem, qui fait certainement allusion au miracle de l'invention de la croix & qui commence ainsi : « Tant est grande la grâce de notre Sauveur, que nul discours ne peut suffire à raconter le miracle actuel; car avoir trouvé le monument de cette sainte Passion, caché depuis longues années sous terre pour être soustrait à l'ennemi commun, puis rendu à la lumière pour briller aux yeux de ses serviteurs, dépasse toute admiration. »
Enfin, dans un passage de la Chronique du même Eusèbe, traduit en latin par saint Jérôme, on lit : « Hélène, mère de Constantin, avertie par des visions célestes, trouva à Jérusalem l'instrument du salut des hommes (2). »
Quant à la difficulté de la conservation du bois, les recherches modernes me fournissent une foule de réponses. Je citerai Herculanum & Pompéi, qui nous ont livré beaucoup de fragments de bois antiques. Puis, si on attribue leur préservation à l'action du feu, j'offrirai comme exemple irréfragable les étais étrusques retrouvés par M. Simonin (3) dans les mines de Campiglia, les cintres enfouis dans des constructions de pisé des aqueducs de Carthage, & les pilotis récemment découverts dans le port de cette cité bien plus ancienne que Notre-Seigneur, & que les savants ont reconnus provenir des mêmes espèces de bois que ceux de la vraie croix.
La question est assez grave pour que je rapporte quelques détails à ce sujet :…
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(1) Trombelli, t. II, p. 262.— Bollandistes, 3 mai, p. 360.
(2) Trombelli, t. II, p. 266.
(3) Simonin, la Toscane & la mer Tyrrhénienne, 1868, p. 34.
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INVENTION DE LA CROIX. — OBJECTIONS.[pages 53-54]SUITE
La question est assez grave pour que je rapporte quelques détails à ce sujet :
M. le docteur Guyon ayant observé à Carthage des bois certainement antiques, les remit à M. Peligot, membre de l'Académie des sciences, pour en faire l'analyse. Ce savant lut à l'Académie, le 11 mai 1857, une note des plus intéressantes dont j'extrais ce qui suit :
« Le célèbre aqueduc qui du Zowan portait de l'eau à Carthage est construit ici en pierres, là en pisé, selon la localité qu'il traversait... Or, dans les constructions en pisé, on rencontre des morceaux de bois d'une parfaite conservation... Cette conservation du bois dans le pisé de l'aqueduc de Carthage a déjà été signalée par sir Granville Temple, dans la relation de son intéressant voyage à Tunis. Des poutres enchâssées dans les couches de pisé, dit ce voyageur, se sont bien conservées ; le bois en est encore sain ; mais il serait difficile de dire si elles ont fait partie de l'échafaudage ou si elles ont été employées pour consolider l'édifice. »
M. Decaisne, membre de l'Académie des sciences, examina ce bois au point de vue botanique : « C'est, dit-il, un bois résineux, de la famille des conifères, & probablement d'une espèce de pin ou de sapin. L'absence de vaisseaux, la ténuité des rayons médullaires formés de cellules à peu près carrées, la ponctuation encore très-nette &si caractéristique des fibres ligneuses, ne laissent aucun doute à cet égard. A moins que ce bois n'appartienne au pin d'Alep ou au cèdre, qui tous deux croissent spontanément dans les montagnes du nord de l'Afrique, on est autorisé à conclure que les Carthaginois tiraient une partie de leurs bois de construction d'autres pays où sans doute ils avaient des établissements. Les montagnes de la Bétique (Andalousie), celles de la Corse & de la Sardaigne, &c, ont pu leur fournir ces bois.
« Du reste, les Carthaginois n'ont pas été les premiers à faire un usage étendu du bois des conifères. Les Tyriens, leurs ancêtres, ne pouvaient guère construire leurs vaisseaux avec une autre matière. Nous savons, d'un autre côté, qu'une immense quantité de cèdres ont été abattus pour entrer dans la construction du temple de Salomon. Mais, même avant ce dernier, l'emploi du bois des conifères (cèdres, pins ou sapins) était vulgaire chez les Égyptiens, comme en témoignent les objets de bois sculptés qu'on voit dans notre musée Égyptien... »
Il est donc hors de doute pour les savants qu'un bois résineux peut se conserver pendant des siècles sous terre, dans des climats analogues à celui de la Judée.
Au surplus, que la croix ait été conservée & trouvée miraculeusement, en suivant ce que les incrédules appellent la légende, ou naturellement, peu importe pour le fait historique & archéologique de l'invention, qu'on ne peut contester.
Sainte Hélène profita de son voyage à Jérusalem pour recueillir d'autres insignes reliques de la Passion dont nous parlerons plus loin. Elle en laissa dans la ville qui avait été le témoin coupable de tant de faits merveilleux, & distribua le reste à Rome & surtout à Byzance.
III. EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.…
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III.EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.[pages 54-55]
« L'objet précis de cette fête constitue une question encore pendante. Pellicia, que nous prenons ici pour guide, penche vers le sentiment de ceux qui supposent qu'elle a été instituée en mémoire de la vision de Constantin. Ce qu'il y a de certain, du moins, c'est qu'elle est mentionnée par des écrivains du IVe siècle,... saint Chrysostome atteste que de son temps l'Église fêtait, au 14 septembre, la mémoire de la Croix. Saint Euthimius, patriarche de Constantinople, au VIe siècle, en parle ouvertement aussi (1). »
Le bréviaire romain raconte au 14 septembre l'histoire qui va suivre : « La malédiction qui semblait attachée à Jérusalem ne permit pas que la croix y fut longtemps en paix. En effet, Chosroës, roi des Perses, faisant la guerre à Phocas (614), puis à Héraclius, s'empara de cette ville, l'incendia, vendit aux Juifs, comme esclaves, des chrétiens prisonniers, &, pour comble de misère, il prit la vraie croix, le plus beau trophée que les Perses aient pu nous enlever, & la porta à Chresphonte, ville située sur le Tigre.
« La croix, quoique captive, fut traitée par ses ennemis avec de grands honneurs ; Suidas, dans la Vie d'Héraclius, atteste que Chosroës n'osa pas l'ôter du coffre où elle était renfermée. La fortune des armes ayant changé, Héraclius obligea Siroë, fils de Chosroës, pour prix de la paix qu'il lui accordait, de lui restituer la vraie croix, qui revint en 628, intacte & dans le même reliquaire où l'avait placée sainte Hélène.
« Héraclius fit frapper, en commémoration de ce triomphe, une médaille sur laquelle on voyait d'un côté son image & de l'autre celle de la croix heureusement reconquise. Il reporta lui-même cette précieuse relique dans l'église de Jérusalem, nu-pieds & couvert d'un habit d'ouvrier. »
Elle n'y resta pas longtemps, & par elle commença la diffusion des reliques destinées, comme la religion, dont elles sont les témoins, à se répandre dans le monde entier, entourées, dès l'origine, de la vénération de tous les peuples.
IV. DIFFUSION DES RELIQUES.…
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(1) L'abbé Martigny, au mot Fêtes.
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IV.DIFFUSION DES RELIQUES.[pages 55-56]
Trombelli (1) fait observer très-judicieusement que l'authenticité de la croix de sainte Hélène trouve une démonstration puissante dans l'usage de ses fragments aussitôt après son invention. Constantin en place un morceau dans sa statue à Constantinople pour protéger la ville. Saint Chrysostome dit que ceux qui ont le bonheur d'en avoir les renferment dans de riches reliquaires pour les suspendre à leur cou. Saint Paulin, évêque de Nola, envoie une parcelle de la vraie croix, qu'il qualifie d'atome, & Juvénal en fait porter une autre avec les authentiques à saint Léon Ier, pape.
Longtemps après cette époque, les restes de la croix étaient avidement recherchés, & furent portés de Jérusalem dans les autres villes de la chrétienté, & notamment par les croisés en France & en Italie ; des écrivains les plus sérieux le certifient. La reine Radegonde plaça dévotement, dans un couvent de Poitiers, un fragment qu'elle avait reçu de l'empereur Justin IL En 569, Théodolinde en obtint également (2).
Saint Cyrille, évêque de Jérusalem, qui écrivait seulement vingt ans après l'invention de la vraie croix, a dit : « Si je nie la Passion du Christ, je serai démenti par le Golgotha, dont nous sommes tout voisins; je serai démenti par le bois de la croix qui, divisé en petites parcelles, est parti de cette ville pour être distribué dans l'univers (3). » On comprend facilement la diffusion prodigieuse des reliques, en songeant à la petitesse des morceaux donnés aux plus grands princes, & à celle des atomes qu'on distribuait à diverses églises. Déjà alors la matière à diviser était trop exiguë pour qu'on ne l'épargnât pas avec un soin minutieux.
Si la croix eût dû être multipliée par une intervention surnaturelle, ce n'eût pas été la peine de tant l'épargner en divisant ses reliques en aussi petits fragments ; on en eût envoyé de plus gros, & même, comme dans la multiplication des pains, à laquelle on a comparé celle de la croix, après ces distributions prodigieuses, il en serait resté plus qu'à l'origine.
Nous ferons voir que la vraie croix devait contenir environ…
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(1) Trombelli, t. II, p. 292.
(2) Trombelli, t. II, p. 292.
(3) Stef. Borgia, p. 56.
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IV.DIFFUSION DES RELIQUES.[pages 56-57]SUITE
Nous ferons voir que la vraie croix devait contenir environ 178 millions de millimètres cubes, & chacun d'eux pouvant très-facilement se diviser en cinq ou six parties très-palpables, on aurait pu avoir 1 milliard ou 1000 millions de parcelles. Un habile préparateur d'objets microscopiques me disait dernièrement qu'il pouvait enlever 400 tranches sur un millimètre ; voilà donc plus de 70,000 millions de fragments perceptibles qu'on aurait pu trouver dans la vraie croix. Songeons d'ailleurs au soin avec lequel les reliques sont conservées, & au respect que les iconoclastes même observèrent à leur égard. Puisque Comnène a conservé la couronne de Constantin, il a bien pu, comme le dit Gretser, conserver plusieurs tableaux (1) reliquaires de la vraie croix.
Les monuments fournissent une preuve matérielle de ce qu'ont avancé les auteurs sur la grande division de notre bois. On admire dans la bibliothèque du Vatican une petite croix pectorale d'un merveilleux travail, en or & émaillée de nielles délicats (2). L'une de ses faces porte l'inscription grecque EMMAVHA, & une autre en latin : Nobiscum Deus. Sur l'autre face on lit : Crux est vita mihi, mors inimica tibi. Cette croix a certainement appartenu à un évêque ; elle porte à sa tête un anneau vissé. M. le chevalier de Rossi, à qui j'en parlais, me raconta qu'ayant ouvert un tombeau dans les catacombes de Saint-Laurent, on la trouva sur la poitrine d'un squelette; puis, qu'ayant dévissé l'anneau, on reconnut que c'était un bouchon fermant une petite cavité où l'on soupçonnait qu'il y avait du bois de la vraie croix. Quoiqu'on l'examinât avec beaucoup d'attention, on n'y vit rien. Enfin on renversa la croix pour faire tomber ce qui pouvait y être enfermé ; on vit descendre, éclairé par un rayon solaire, un grain de poussière trop petit pour le retenir, & qui était réellement un atome.
Bosio (3) dit que les plus minimes portions étaient dès l'origine en très-grand honneur, & que c'était pour saint Jean Chrysostome un témoignage de la divinité de Jésus-Christ.
Saint Paulin avait reçu de Mélanie, noble dame romaine, une petite parcelle qui lui était envoyée par Jean, évêque de Jérusalem. Il la coupa par le milieu, & au nom de Tharasia, sa femme, il en envoya la moitié à Sévère & à Bassula, sa belle-mère, en faisant allusion à la petitesse des morceaux qui représentent une si grande chose.
V. RECHERCHE DES RELIQUES.…
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(1) Forme particulière de reliquaires grecs.
(2) Voir la croix en cul-de-lampe :
(3) Bosio, De cruce triomphante, p. 670.
Dernière édition par Louis le Sam 26 Sep 2020, 7:25 am, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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V.RECHERCHE DES RELIQUES.[pages 57-58]
J'ai essayé de constater tout ce que l'on connaît de reliques existantes ou dont on a conservé le souvenir. J'en ai calculé les volumes par millimètres cubes, calculs dont je donnerai les bases lorsque je décrirai chacune des parcelles déposées dans les trésors des églises ou rappelées dans les auteurs. Or tout ce que j'ai pu recueillir est bien loin d'égaler le dixième du volume de la vraie croix. Les neuf dixièmes qui ne se retrouvent plus ont dû suffire pour former des myriades de reliques inconnues ou détruites.
Anseau, par sa correspondance avec Galon, évêque de Paris, dont je reparlerai à l'occasion des reliques de Notre-Dame de Paris, donne quelque idée de ce qu'étaient devenues au VIIe siècle les reliques de la Passion. Il raconte qu'après la mort d'Héraclius, en 636, l'église du Saint-Sépulcre fut brûlée en partie par les infidèles, & que, pour sauver la croix, les chrétiens se décidèrent à la diviser en dix-neuf parties dont ils firent des croix qu'ils donnèrent, savoir :
Il est assez difficile de savoir quelles étaient les dimensions de ces reliques. Anseau mentionne seulement les mesures d'une des quatre qui avaient été déposées à Jérusalem, & que l'on conservait dans l'église du Saint-Sépulcre. Elle avait 1 palme ½ de long sur 1 pouce de large & autant d'épaisseur. Il ne parle pas de la traverse que je supposerai, comme dans la vraie croix, égale à la moitié du montant. D'après cela, le volume de cette croix serait d'environ 500,000 millimètres, & en la considérant comme une moyenne, on trouverait pour les dix-neuf croix ou plutôt pour le morceau de Jérusalem que l'on divisa, 9 millions ½ de millimètres pouvant représenter un morceau deux ou trois fois moins gros que la relique de la croix du bon larron de Sainte-Croix de Jérusalem.
Tel fut le commencement de la grande dispersion des reliques de la vraie croix…
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V.RECHERCHE DES RELIQUES.[pages 58-59]SUITE
Tel fut le commencement de la grande dispersion des reliques de la vraie croix; elle augmenta rapidement dans les siècles suivants (1).
En 1187, à la journée de Tibériade, les Musulmans, vainqueurs, prirent la croix de Saint-Jean-D’acre, portée par l'évêque (2).
En 1191, Philippe-Auguste & Richard, s'étant croisés, se firent remettre cette croix après la prise de Saint-Jean-D’acre & treize jours de siège.
En 1204, au sac de Constantinople par les Latins, des abominations furent commises, les reliquaires volés ; mais des âmes pieuses recueillirent les reliques que les spoliateurs dédaignaient, & de là les répandirent dans le monde.
Le duc de Venise (Dandolo) eut une portion de la vraie croix qu'on disait avoir été portée par Constantin à la guerre.
L'empereur Baudouin prit la couronne d'épines.
En 1217, Raoul, patriarche de Jérusalem, partit d'Acre portant avec lui une partie de la vraie croix.
En 1239, Baudouin II, pressé par les Bulgares, vint en France solliciter la piété de saint Louis & lui offrit la couronne d'épines pour prix de ses services.
Les siècles virent successivement réduire notre précieux trésor, dissipé au vent des révolutions, & au souffle de l'impiété. Il en reste bien peu, & cette indigence rendant chacune de ces reliques plus précieuse, j'ai pris la liberté de faire un appel au monde catholique, & les renseignements que j'ai reçus m'ont permis de décrire celles qui existent encore & d'en former un tableau, que l'on trouvera à la fin des descriptions des reliques de la vraie croix & du premier livre de ce mémoire.
Il résulte de ce tableau que le volume total des reliques qui nous sont parvenues est de 5 millions de millimètres environ, compris des reliques peut-être détruites, comme celles d'Amiens, Donawert, Schira, Gramont, Jaucourt, &c, mais relevées d'après des descriptions qui m'ont paru exactes. Si l'on songe à la petitesse des parcelles qui peuvent se trouver dans des églises & des couvents, & chez des particuliers, nous serons bien au delà de la vérité en triplant pour l'inconnu le volume connu. On arrive ainsi à 15 millions de millimètres qui ne font pas le dixième des 180 millions de millimètres que nous trouverons pour le volume de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
CHAPITRE II. LA VRAIE CROIX. — SA NATURE ET SA FORME….
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(1) Villani rapporte un document fort curieux indiquant au commencement du IXe siècle les villes les plus importantes, celles par conséquent où l'on devait trouver le plus grand nombre de reliques; c'est un testament de Charlemagne, qui laissa en mourant le tiers de son riche trésor à tous les pauvres de la chrétienté, & les deux tiers aux archevêques & évêques de son empire & de son royaume, afin qu'ils en fissent le partage à toutes les églises, aux monastères & aux hôpitaux. Voici les noms de ses exécuteurs testamentaires :
En Italie, l'évêque de Rome le pape, l'archevêque de Ravenne, celui de Milan, le patriarche d'Aquilée, celui de Grado, l'évêque de Florence.
En Allemagne, les archevêques de Cologne, de Mayence, de Trêves & de Liège.
En France, les évêques de Sens, Besançon, Lyon, Vienne en Bourgogne, Rouen, Reims, Tours & Bourg.
En Navarre, ceux de Garrent, Riens.
En Gascogne, l'évêque de Bordeaux.
(2) Morand, Histoire de la Sainte-Chapelle, Paris, 1790, p. 9.
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CHAPITRE II.LA VRAIE CROIX. — SA NATURE ET SA FORME.I.NATURE DU BOIS DE LA CROIX.[pages 61-62]
NE des questions le plus faciles à résoudre en apparence devrait être celle de la nature du bois de la vraie croix. La grande quantité de reliques répandues dans le monde entier aurait dû, depuis longtemps, donner cette solution; & cependant c'est un des points sur lesquels les auteurs ont le plus différé d'opinion. Le respect qui environne les reliques & l'ignorance des analyses scientifiques se sont opposés jusqu'à présent à un examen sérieux & seul efficace.
Le vénérable Bède a dit que la croix de Notre-Seigneur était de quatre sortes de bois ; l'inscription en buis, la tige en cyprès jusqu'à l'inscription, la traverse en cèdre & la partie au-dessus en pin. Jean Cantacumène, qu'elle est seulement de trois bois, savoir : la tige en cèdre, la traverse en pin, la tête en cyprès. Guillaume Durand, que le pied était en cèdre, la tige en cyprès, la traverse en palmier, la tête en olivier.
L'opinion de la pluralité des bois paraît avoir été conservée à Jérusalem au XIIe siècle. Nous verrons en effet qu'en 1109 Anseau avait envoyé à Galon une croix en bois blanc incrustée dans du bois noir, en ajoutant, je ne sais trop dans quelle pensée, que l'une était du bois de la croix, l'autre du bois dans lequel elle a été plantée. Il attribue très-arbitrairement ces deux origines aux reliques qu'il envoyait à Paris. Sans doute le morceau de la vraie croix en bois de pin, qui était blanc, fut trouvé trop petit, & pour donner plus d'importance à la relique, on l'a incrustée dans un autre bois, du chêne par exemple, qui devait lui servir de reliquaire ou de support.
Le sage Sainte-Beuve croit que ce sont plutôt des pensées de contemplatifs que des opinions de théologiens, & qu'il ne tombe pas en effet sous le sens que les Juifs aient recherché plusieurs bois pour faire la croix.
Juste Lipse veut qu'elle soit d'un seul bois & en chêne, parce que des hommes dignes de foi l'attestent, que cet arbre est commun en Judée, que son bois est solide & propre à cet usage. Il cite des auteurs latins, & ajoute qu'en admettant plusieurs sortes de bois, on a agi avec plus de curiosité que de vérité.
Gretser a examiné avec soin, lui-même & avec d'autres personnes, les reliques de la vraie croix. Il n'est pas facile d'affirmer ce qu'elles sont, dit-il, mais dans tous les cas, ce n'est pas du chêne.
Niquet pense qu'il n'y avait qu'un seul bois, & je me rallie entièrement à cette opinion. — Quel était ce bois? c'est ce que nous allons chercher….
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NATURE DU BOIS DE LA CROIX.[pages 62- 63]SUITE
Quel était ce bois? c'est ce que nous allons chercher…
La conservation trois fois séculaire de la vraie croix sous terre a dû d'abord faire songer au cèdre, qui passe pour être le bois le plus incorruptible & qu'on rencontre en Judée ; mais c'était un bois de luxe employé par Salomon dans la construction du temple, & au VIe siècle, par Justinien, dans celle d'une église magnifique dédiée à la sainte Vierge. Le pin ou les autres conifères du même ordre étaient d'un usage plus vulgaire ; mais peuvent-ils se conserver sous terre pendant trois siècles sans altération? Nous trouvons une réponse affirmative dans les fouilles faites récemment à Carthage & dans les mines étrusques [avant-dernier paragraphe] dont j'ai parlé dans le chapitre précédent. Si donc les reliques de la vraie croix proviennent d'un conifère, on ne peut par cela même dire que leur nature prétendue corruptible est une preuve de leur fausseté.
Les auteurs sacrés n'ayant dit rien de précis sur cette question, j'ai consulté les savants les plus considérables pour y trouver une autorité incontestable.
M. Decaisne, membre de l'Institut, & M. Pietro Savi, professeur de l'Université de Pise, m'ont montré au microscope que des parcelles provenant de Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome, de la cathédrale de Pise, du Dôme de Florence & de Notre-Dame de Paris, étaient du bois de pin (1).PLANCHE II.
On voit ici les dimensions de la vraie croix données en coudées, traduction en nombres entiers de celles de la tradition, qui attribue 15 pieds (4m,80) au montant, soit 10 coudées (4m,50), & 7 ou 8 pieds (2m,30 ou 2m,60) ) à la traverse, soit 5 coudées (2m,25). C'est la mesure de la croix du bon larron conservée à Rome dans l'église de Sainte-Croix-in-Jérusalem.
Les mesures indiquées en coudées fixent la hauteur du support des pièces & celle de la traverse.
La charge qu'un homme peut porter, dans les conditions où se trouvait Jésus-Christ, étant évaluée à 75 kilogrammes, si l'on a égard à la diminution de poids obtenue par la terre où la croix traînait, on trouverait que le poids total de l'instrument du supplice, qui était en bois de pin, peut être compté à 100 kilogrammes.
Du poids & des longueurs on a déduit les sections, conformes encore à celles de la croix du bon larron.
On remarquera que tous les assemblages sont faits au moyen de chevilles de bois, & que, selon l'usage des charpentiers, on n'y a fait intervenir aucun fer, aucun clou.
Ces reliques provenant de sources aussi authentiques, très-éloignées les unes des autres, n'ayant rien eu de commun depuis leur origine, doivent donc être considérées comme des types, des étalons, pour ainsi dire, destinés à faire reconnaître toutes les autres, après s'être servi réciproquement de contrôle.
On peut donc affirmer que le bois de la croix provenait d'un conifère, & on ne peut douter que ce conifère ne soit du pin. La Judée en produisait; d'ailleurs, en supposant que le pin employé pour la vraie croix ne fût pas originaire de Judée, il est aisé d'admettre que les peuples qui faisaient le commerce du monde & qui en avaient apporté à Carthage en fournissaient alors à la Judée comme ils en avaient fourni à David.
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(1) Indépendamment des expériences que M. Savi a bien voulu faire devant moi, il m'écrivait le résultat d'autres observations qu'on trouvera aux pièces justificatives.
FORME DE LA CROIX.…
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II.FORME DE LA CROIX.[page 63]
Après avoir constaté la nature du bois de la vraie croix, nous sommes conduits à étudier sa forme.
Chez les anciens, les croix étaient en général élevées & placées dans des lieux très-apparents, afin que l'exemple du supplice attirât les yeux & l'attention de tous. On les fabriquait avec le bois qu'on trouvait sous la main; quelquefois on se servait des arbres bruts. Le crucifié qui n'avait pas d'abord été étranglé devait être attaché à un bois droit, soit avec des clous, soit avec des cordes, jusqu'à ce que mort s'ensuivît.
Les anciens avaient plusieurs sortes de croix :
Crux simplex, la croix simple, qui se composait d'un arbre ou d'un poteau auquel on attachait le criminel.
Crux composita, le pal, pieu pointu, instrument du plus horrible supplice, encore en usage dans l'extrême Orient.
Crux decussata, en forme de X ou croix de Saint-André.
Crux commissa, en forme de T.
Crux capitata ou immissa, croix latine, dont la traverse est aux deux tiers de la hauteur du montant.
Crux græca, croix grecque, dont la traverse est à moitié de la hauteur de la tige.
Depuis les temps de Notre-Seigneur, on inventa la croix de Lorraine ou patriarcale avec une double traverse (1).
Les avis des auteurs ont toujours été partagés & ils le sont encore sur la figure de la vraie croix…
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(1) Juste Lipse, Lamy.
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FORME DE LA CROIX.[pages 63-64]SUITE
Les avis des auteurs ont toujours été partagés & ils le sont encore sur la figure de la vraie croix. Les uns prétendent qu'elle était en forme de T; les autres avec une traverse laissant passer la tête de la tige, comme l'usage de la représenter s'en est le plus généralement répandu.
Tertullien, saint Jérôme, saint Paulin, Sozomène & Rufin, paraissent être d'avis que la vraie croix affectait la forme du tau.
Cette opinion a été très-savamment soutenue par le R. P. Garrucci, conservateur du musée Kircher à Rome & par Mgr Van-den-Berg, protonotaire apostolique, son traducteur (2).
Monseigneur, après avoir montré, dans sa préface, la cour de Rome se livrant aux travaux de la paix, pendant qu'elle est obligée de défendre son propre droit, s'exprime ainsi : « L'étude des débris de ces âges du christianisme pur, laquelle était autrefois de luxe, pour ainsi parler, dans la science catholique, est devenue, dans ce siècle positif, d'un puissant secours pour la réfutation de l'erreur & le triomphe de la vérité.
« Le père Garrucci reprend aujourd'hui l'exécution de ce plan grandiose. Les peintures, les sculptures, les mosaïques, les décorations des catacombes & des basiliques chrétiennes, les verres peints, les monnaies portant des signes du christianisme, les pierres gravées, les ivoires, les bronzes, sur lesquels on surprend les mystères du symbolisme de ces âges de foi, les joyaux qu'ont portés nos pères, comme les instruments de torture qui ont déchiré les martyrs, tout cela est classé par le consciencieux archéologue & expliqué avec une science digne du règne sous lequel il écrit... L'auteur discute sur la forme de la croix & sur la manière probable dont le Sauveur a voulu endurer ce supplice...
« Sous l'angle occidental du Palatin, non loin de l'antique église de Sainte-Anastasie, on découvrit il y a quelques années deux des parois d'une chambre toute couverte de figures & d'inscriptions gravées au stylet. »
Après avoir fait enlever la terre qui les couvrait, le R. P. Garrucci trouva une image que les ruines avaient conservée intacte, à travers les siècles, & dont il releva un calque fidèle.
« Elle représente une croix dont la forme est celle du tau grec, surmonté d'une cheville…
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(2) Voici le titre de cet ouvrage : Deux monuments des premiers siècles de l'Église, expliqués par le père Raphaël Garrucci de la compagnie de Jésus. Traduction & préface par Olwald Van-den-Berg, camérier secret de S. S., docteur en théologie, philosophie & lettres, membre des académies d'archéologie de Belgique & d'Espagne, de la Société historique de Styrie. — Rome, imprimerie de la Civilta cattolica, 1862.
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FORME DE LA CROIX.[pages 65-66]SUITE
« Elle représente une croix dont la forme est celle du tau grec, surmonté d'une cheville qui porte une tablette, un homme avec une tête d'âne est crucifié, un orant est à côté. A droite, au-dessus de la croix, se lit la lettre Y, &, au-dessous l'inscription suivante :
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« Le stuc dans lequel tout cela était tracé fut prudemment détaché de sa paroi & déposé au collège Romain, dans la section chrétienne du musée Kircher, si riche déjà en débris des âges primitifs.
« Le crucifix gravé sur les murs du Palatin n'est pas antérieur au règne d'Adrien... on ne peut le reculer au delà des premières années du IIIe siècle... Tertullien (anno 160-225) est le premier qui s'émeuve de cette ignoble calomnie. »
Le R. P. Garrucci & Mgr Van-den-Berg, pour prouver que la traverse de la croix couronnait le montant qui s'arrêtait au-dessous, s'appuient principalement sur cette caricature & sur une cornaline extrêmement fine, où la croix est représentée trois fois en forme de tau grec. Pour mettre le lecteur à même de mieux juger la question, je donne ici une réduction, au quart de l'original, de la caricature du mont Palatin, que le R. P. Tongiorgi, directeur actuel du musée Kircher, a eu la bonté de vérifier lui-même sur l'original.
Dom Calmet semble favorable à l'opinion de la croix en tau (T), lorsqu'il dit: « Le dessus, auquel était attaché le titre ou la sentence de condamnation de Jésus-Christ, n'était qu'un bois postiche avec une planche, sur laquelle étaient gravés les mots : J. N. R. J. Mais il est malaisé de savoir certainement ces choses, dont ni les auteurs sacrés, ni les premiers Pères n'ont rien dit. »
Dans son remarquable dictionnaire des antiquités chrétiennes, l'abbé Martigny reproduit les opinions contradictoires sur la forme de la croix.
« On voit, dit-il, la croix en T tracée sur des tombeaux antiques, & quelquefois le T est accosté de l'A & de l'Ω.. On la voit quelquefois employée comme symbole au milieu du nom d'un défunt dans les inscriptions sépulcrales ; comme on y rencontre aussi le XP. Ainsi en est-il dans un marbre du IIIe siècle, trouvé naguère au cimetière de Saint-Calixte : IRETNE (de Rossi, Bulletin, 1863, p. 35).
« Aucun monument de date certaine ne présente avant le Ve la croix immissa †, non plus que celle qu'on appelle la croix grecque +. Un seul exemple de la croix en tau, & rapporté par Boldetti, se rencontre sous la date marquée par les consuls de 370. Sur les sépultures, spécialement, la croix ne paraît pas avant le milieu du même siècle... »
Après les opinions en faveur de la croix en T, voici celles…
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FORME DE LA CROIX.[pages 66-68]SUITE
Après les opinions en faveur de la croix en T, voici celles des auteurs qui ont admis la croix immissa, telle que les Latins la figurent. Elles paraissent d'autant plus concluantes qu'elles sont d'accord avec les traditions de l'Eglise & les usages actuels.
Et d'abord, les auteurs que je viens de citer sont-ils parfaitement affirmatifs? Saint Jérôme, par exemple, n'avait-il pas en vue le tau samaritain, qui ressemblait à notre croix?
Nous trouvons au commencement du IIe siècle un témoignage d'une haute autorité, que semblait avoir oublié dom Calmet. Saint Justin, martyr (103-168), dans un dialogue avec le juif Tryphon, parle en ces termes de la croix :
« Car c'est un bois droit dont la partie supérieure est enlevée en corne, lorsqu’'un autre bois lui est adapté ; & de chaque côté deux autres cornes semblent jointes à la première. Une autre saillie, placée dans le milieu comme une corne, sert de repos & d'appui pour le crucifié... (1) » Ne reconnaissons-nous pas la traverse qu'on adapte sur le montant & qui en laisse une partie au-dessus? Or, cette partie est donc nécessairement la continuation du montant & n'est pas rapportée.
Après saint Justin, saint Irénée (140-202), disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean, décrit ainsi la croix (2) : Habitus fines, & summitates habet quinque, duos in longitudine, duos in latitudine, unam in medio. Rien n'indique là de morceau rapporté pour recevoir le titre. Il en est de même d'un passage très-remarquable de saint Augustin (354-430) : Erat latitudo in qua porrectœ sunt manus : longitudo a terra surgens, in qua erat corpus affixum ; altitudo ab illo innixo ligno sursum quod eminet; profundum ubi fixa erat crux, et ubi omnis spes vitæ nostræ. Les mots quod eminet s'appliquent à une portion du montant qui dépasse, & non à un objet ajouté.
Au XIIIe siècle, Innocent III, cette grande lumière du moyen âge, disait : Fuerunt autem in cruce dominica ligna quatuor : Stipes erectus, & lignum transversum, truncus suppositus; & titulus superpositus; c'est-à-dire la tige, la traverse, le support des pieds & le titre ; énumération qui semble exclure la cheville ou hampe qu'on croit apercevoir au mont Palatin. Ce grand pape, on le voit, n'imagine pas d'autre soutien au titre que le haut de la croix.
Juste Lipse, Gretser, Socrate, Sozomène, Théodoret, Eusèbe, partagent ce sentiment, qui parait être celui de la société des antiquaires Rhénans, proposant sur ce sujet un programme en 1868 : « Aux époques romano-byzantine & gothique primaire, y est-il dit, dans les représentations du crucifiement, la croix du Christ affecte toujours la forme de la crux immissa † ; pour l'époque du gothique primaire, souvent la forme de la crux furca Y, tandis que dans les époques postérieures à l'art gothique, il fut de règle d'adopter pour la croix du Christ la crux commissa T, qui n'avait servi jusqu'alors de type que pour les croix des deux larrons. »
Juste Lipse, pour appuyer son sentiment, dit : « Dans la nature, un homme qui prie les mains étendues, un oiseau qui vole, la traverse au bout du timon d'un char, celle qui porte les enseignes de l'armée, celle qui sert à faire un trophée, la vergue d'un mât de navire sont des images de la croix. »
Rappelons les peintures les plus anciennes, celles du souterrain de Saint-Clément, la croix dans un bas-relief du musée de Latran, du IIIeou IVe siècle, au plus tard, la croix pastorale en or du musée du Vatican (1), une miniature du moyen âge. Enfin la relique de la croix du bon larron, dont nous parlerons plus loin, & celle de la chapelle de Saint-Nicolas à Saint-Pierre, n'ont-elles pas plus d'autorité qu'un trait aussi informe que celui du mont Palatin & que la cornaline également citée, résultat peut-être de la fantaisie de l'artiste?
Au point de vue pratique, l'assemblage à mi-bois de la traverse sur le montant, tel qu'on le voit dans ces deux reliques, est plus simple & plus solide ; une seule cheville suffit pour le maintenir ; tandis que la traverse coiffant le montant exige un tenon, une mortaise & une cheville. Lorsque saint Pierre fut crucifié la tête en bas, on n'avait pas fait une croix exprès pour lui, & elle avait une tête pour pouvoir être scellée en terre.
Il résulte de l'étude que nous venons de faire que, dans la représentation de la croix, il est plus simple & plus sage de suivre la tradition de l'Eglise, parfaitement d'accord avec la raison & les monuments les plus accrédités depuis les premiers âges du christianisme.
III. DU SUPPORT.…
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(1) (NOTE de Louis: Cette note, rédigée en latin, est disponible sur demande. Bien à vous.)
(2) Liv. II, ch. XXIV.
(1) Voir le cul-de-lampe du chapitre Ier.
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III.DU SUPPORT.[pages 68-69]
Tout le monde est d'accord qu'il existait un support sur le montant de la vraie croix, pour que les mains n'eussent pas seules à porter le poids du corps. Des auteurs obscurs ou paradoxaux ont prétendu qu'il offrait une sorte de siège au criminel, ainsi qu'on en voit des exemples dans les crucifiements japonais. Mais d'après les opinions les plus imposantes, il était destiné à servir de marchepied. Tel est l'avis de Benoît XIV, clairement justifié par d'anciennes médailles (1).
Plaute (227 av. J.-C. † 183), que nous aurons encore à citer en parlant des clous (2), a dit : Ego dabo et talentum primus qui in crucem cucurrerit... Comment s'élancer sur la croix s'il ne s'y trouve pas une planchette, un marchepied assez rapproché de terre pour pouvoir y monter en courant?
Saint Justin, au commencement du IIe siècle, a dit : « Dans le milieu est fixé un bois qui ressemble à une corne, sur lequel sont portés & se reposent ceux qui subissent le supplice de la croix (3). »
Saint Irénée, en décrivant la croix, lui donne cinq extrémités, deux en hauteur, deux en largeur & une dans le milieu où se repose le condamné qui y est fixé par des clous (4). Ce texte ne peut laisser aucun doute ; car, en parlant des clous, à propos du support, il s'agit certainement des pieds; il est donc sous les pieds.
Saint Grégoire de Tours (540-595) dit encore : « On a pratiqué sur le montant un trou dans lequel se loge le tenon d'une petite tablette, & les pieds de l'homme debout sont fixés sur cette tablette (1). »
Ces traditions se continuaient à travers le moyen âge, car au XIIIe siècle Innocent III écrivait : « Quatre bois ont été employés pour la croix du Sauveur : le montant, la traverse, le tronc en bas, le titre en haut (2). » Dans le texte, truncus suppositus, ne peut s'entendre que du morceau de bois servant de marchepied placé dans le bas, sub, & non dans le milieu.
Ces opinions sont confirmées par les peintures du VIIIe siècle dans les souterrains de Saint-Clément, où j'ai vu très-nettement un support sous les pieds du crucifix.
Nous admettrons donc un support pour les pieds, & nous verrons plus loin, en parlant des dimensions de la croix, à quelle hauteur il doit être placé.
IV. DIMENSIONS DE LA CROIX.…
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(1) Gretser, Juste Lipse.
(2) Lamy, p. 578.
(3)« In medio crucis defixum est lignum quod etiam ut cornu eminet, in quo vehuntur & insident qui crucis supplicium subeunt. » Le verbe insideo n'exprime pas toujours l'action de s'asseoir ; on le traduit aussi par poser sur, se jucher ; j'ai donc cru pouvoir le traduire par se reposer.
(4), (1) et (2) (NOTE de Louis: Ces notes, rédigées en latin, est disponible sur demande. Bien à vous.)
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
IV.DIMENSIONS DE LA CROIX.[page 69]
D'après ce qui précède, nous croyons avoir suffisamment indiqué la nature & la densité du bois de la croix, sa forme générale & celle du support. Au moyen de ces éléments, nous chercherons d'une manière précise ses dimensions, et nous en coterons la figure.
POIDS DE LA CROIX.…
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Re: MÉMOIRE sur les instruments de la Passion de N.-S. J.C.
V.POIDS DE LA CROIX.[pages 69-70]
On peut se rendre compte du poids de la croix en ayant égard à la charge qu'un homme peut porter dans les conditions où se trouvait Notre-Seigneur, grand & fort, mais épuisé par les supplices qu'il avait endurés, par la longueur de la voie douloureuse dont on connaît au moins les deux extrémités & qui devait être de 5 à 600 mètres, & par la difficulté du chemin dans un sol montueux.
D'après Paucton (1), un portefaix peut être chargé de 90 kilogrammes, en marchant 5 kilomètres à l'heure, & un porte-charbon, qui se repose souvent, de 115 kilogrammes. Laisné (2), Charles Dupin donnent des poids moindres. Feu M. Duprez (3), habile praticien, pensait qu'un fort charpentier peut porter un décistère de bois de chêne, soit environ 100 kilogrammes, pendant un parcours de 40 à 50 mètres au plus, c'est-à-dire marcher environ deux minutes, puis se reposer trois minutes, & soutenir ce travail pendant une heure. Notons en passant que, dans ces conditions, il aura fallu 60 minutes pour parcourir la voie douloureuse. Ajoutons que la charge a été telle, que Notre-Seigneur n'a pu la supporter tout le temps & qu'il a fallu le soulager.
C'est ici le lieu d'examiner comment s'est produite l'intervention de Simon le Cyrénéen. Elle peut s'entendre de deux manières : le texte sacré ne dit pas formellement si Notre-Seigneur fut totalement déchargé de sa croix, ou s'il continua à la porter avec une aide étrangère. Dans la première hypothèse, le Christ aurait marché en avant, Simon portant seul la croix en arrière. Dans la seconde, il aurait porté la partie antérieure & Simon la partie postérieure, le bout traînant à terre. Saint Augustin, saint Athanase, saint Jérôme, saint Léon, Origène & plusieurs modernes (4) supposent que Notre-Seigneur fut entièrement déchargé.
Ils disent que le mot grec αϊρειν traduit par tollere (saint Marc) exprime…PLANCHE IIILE CRUCIFIEMENT
La croix est dressée au-dessus de terre, l'inscription fixée sur la tête. Toutes les hauteurs & les mesures sont conformes aux traditions, & à la raison qui exige que les jambes soient assez basses pour que les soldats puissent facilement les rompre d'un coup de barre; pour que la tête de la croix, étant placée en terre, ait pu servir de scellement lors du crucifiement de saint Pierre; enfin pour qu'en redressant la croix avec un si lourd fardeau, on ne rende pas encore ce redressement plus difficile par l'élévation du centre de gravité.
Notre-Seigneur est assez bas pour pouvoir de sa voix mourante parler de près à sa sainte mère & à son disciple bien-aimé.
Il paraît qu'il a été crucifié nu. Une pareille représentation étant inadmissible, celle des premiers siècles, qui le représentent vêtu d'une robe courte, semble la plus convenable.
Le titre attaché à la partie supérieure du montant a certainement conduit à l'idée de la croix à deux traverses. Il est probable que lors de la déposition il fut mis de côté avec la couronne, les clous & tous les autres instruments de supplice, recueillis religieusement par les saintes femmes & conservés dans des familles pieuses jusqu'à l'invention de la croix.(Page 70.)
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(1) Paucton, Métrologie, 1780, p. 94.
(2) Laisné, Aide-mémoire des officiers du génie, 1853, p. 69.
(3) M. Duprez m'écrivait le 18 juin 1865 :« En réponse à la lettre par laquelle vous me demandez la charge qu'an bon charpentier peut porter pendant une heure, j'ai l'honneur de vous adresser les renseignements suivants:
« 1° La manière de porter la plus habituelle des charpentiers est, comme vous savez, de porter les morceaux de bois sur une épaule.
« 2º Un fort charpentier peut porter ainsi au maximum un décistère de chêne, soit environ 100 kilog., pendant 40 ou 50 mètres de distance au plus, ce qui indique un effort soutenu pendant environ deux minutes; mettant trois minutes pour repos & rechargement, il peut soutenir ce travail pendant une heure.
« 3º En coltinant, plusieurs ensemble, de très-forts morceaux, il n'y a tout au plus que la moitié de cet effort employé.
« 4º Dupin (Charles), rappelant des observations de Coulomb, porte à 50 kilogrammes la charge qu'un colporteur peut porter à 18 kilomètres en une journée, soit en 4 h. ½ de travail effectif.
« De ce qui précède il me paraît résulter qu'un bon charpentier peut porter pendant une heure, en alternant le repos avec les efforts de deux à trois minutes, 100 kilogrammes.
« Je n'évaluerai pas le travail continué pendant une heure sans repos à plus de 50 kilogrammes.
« Quand de bons charpentiers ont coltiné de cette manière trois ou quatre heures de suite dans une même journée, on est obligé de les employer le reste du temps à un travail beaucoup moins fatigant... »
(4) Jansénius, Michel Palatius, Tolet, Suarès, Gretser, ch. XV.
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POIDS DE LA CROIX.[page 71]SUITE
Ils disent que le mot grec αϊρειν traduit par tollere (saint Marc) exprime la translation d'un porteur sur l'autre, ramasser, prendre. Saint Ambroise, Baronius & d'autres auteurs graves, sont d'un avis opposé. Une des raisons données par ces derniers, c'est que Simon aurait été pris pour le coupable.
Ce n'est pas indifféremment que l'Évangile emploie d'abord le verbe ferre pour αϊρειν & puis ensuite le verbe portare. La croix était tombée : angariaverunt ut tolleret. Ils le forcèrent à la ramasser, à l'enlever, puis ils la lui mirent sur les épaules, pour qu'il la portât post Jesum. D'après la tradition, rappelée par la table qui se trouve dans le cloître de Saint-Jean-de-Latran, Jésus-Christ était d'une très-haute stature (1m,84), Simon devait être plus petit, & saint Luc est rigoureusement exact, lorsqu'il le place derrière Jésus, post Jesum, la pente du bois sacré le mettant à la hauteur de son épaule. La liturgie romaine suit donc la tradition & la raison la plus sévère, en admettant que le poids a été partagé.
Si nous considérons la charge de 100 kilogrammes indiquée par les savants comme un maximum, on peut, pour Notre-Seigneur horriblement fatigué, mais dont ses bourreaux épuisaient les forces, la réduire aux trois quarts, soit environ 75 kilogrammes. Or, la croix devait traîner à terre, ce long bois n'aurait pu rester en équilibre sur l'épaule, & la diminution de poids qui en résultait peut être évaluée à 25 ou 30 kilogrammes. Nous sommes donc conduits, en additionnant ces deux poids, à supposer à la croix un total d'environ 100 kilogrammes. Il est facile maintenant d'en déduire le volume, en divisant ce poids par la densité du bois de pin qui est de 0,56 ; & l'on trouvera que ce volume est de 0mc,1786 ou 178 millions de millimètres cubes (1]. (PL II.)
VI. MESURES DE LA CROIX.…________________________________________________________PLANCHE II.
On voit ici les dimensions de la vraie croix données en coudées, traduction en nombres entiers de celles de la tradition, qui attribue 15 pieds (4m,80) au montant, soit 10 coudées (4m,50), & 7 ou 8 pieds (2m,30 ou 2m,60) ) à la traverse, soit 5 coudées (2m,25). C'est la mesure de la croix du bon larron conservée à Rome dans l'église de Sainte-Croix-in-Jérusalem.
Les mesures indiquées en coudées fixent la hauteur du support des pièces & celle de la traverse.
La charge qu'un homme peut porter, dans les conditions où se trouvait Jésus-Christ, étant évaluée à 75 kilogrammes, si l'on a égard à la diminution de poids obtenue par la terre où la croix traînait, on trouverait que le poids total de l'instrument du supplice, qui était en bois de pin, peut être compté à 100 kilogrammes.
Du poids & des longueurs on a déduit les sections, conformes encore à celles de la croix du bon larron.
On remarquera que tous les assemblages sont faits au moyen de chevilles de bois, & que, selon l'usage des charpentiers, on n'y a fait intervenir aucun fer, aucun clou.
(1) D'après Laisné, voici les pesanteurs spécifiques de quelques conifères :
Pin d'Ecosse.........0,56.
Sapin abies......... 0,46.
Sapin — epicea....0,52.
Sapin — jaune.....0,66.
Dans la détermination approximative de la densité du bois de la vraie croix, j'ai choisi celle du pin d'Écosse comme étant une moyenne.
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VI.MESURES DE LA CROIX.[pages 71-72]
Une ancienne tradition, rapportée par Gretser, nous apprend que la croix se composait d'un montant dont la hauteur était de 15 pieds (4m,8o), & d'une traverse de 7 ou 8 pieds (2m, 30 à 2m,6o). Or, ces mesures s'accordent, nous allons le prouver, avec la pensée que les croix étaient peu élevées au-dessus de terre.
Nous venons de voir dans Plaute qu'on pouvait y monter en courant. On lit dans Apulée (114-190) : Cunt canes & vultures intima protrahunt viscera. Les croix étaient donc basses, puisque les chiens pouvaient dévorer les entrailles des crucifiés (1). Quelques martyrs attachés à des croix étaient exposés aux lions & aux ours (2). Benoît XIV, dont la profonde érudition cite tous les auteurs, discute si la croix était élevée ou basse, &, parmi les arguments qu'il invoque à l'appui de notre seconde hypothèse, il dit que les Juifs n'auraient pu lire l'inscription, & Jésus de sa voix mourante n'aurait pu converser avec Jean & Marie.
Mais il est une autre considération importante qu'il ne faut pas perdre de vue. L'opération de dresser à bras d'hommes la croix chargée de son divin fardeau était déjà pénible, & le serait devenue bien davantage d'après le système qui consiste à vouloir rapprocher le crucifié de l'extrémité supérieure de l'instrument du supplice ; car on relève dès lors le centre de gravité, & l'on augmente dans des proportions considérables les difficultés du dressement de la croix. Enfin, si les croix eussent été hautes, les soldats n'auraient pu facilement briser les jambes des suppliciés qui respiraient encore. Ainsi, traditions, bon sens, statique, tout se réunit en faveur de l'hypothèse de la croix basse avec support en bas.
Partant de ces données, pour obtenir les mesures réelles de la croix, il convient de les traduire en mesures vulgaires de la Judée & d'éviter les nombres fractionnaires. Un savant ingénieur des ponts & chaussées, M. Aurès, par de patientes recherches sur les monuments antiques, a confirmé cette règle, qui est de tous les temps, de tous les lieux. Les Juifs se servaient de la coudée sacrée & de la coudée vulgaire. La première avait 525 millimètres, la seconde 450 millimètres. Ce sont les coudées d'Égypte qu'ils avaient rapportées de leur captivité (3).
Le père Lamy, avant M. Aurès, avait dit avec beaucoup de raison dans son livre sur les mesures du temple de Jérusalem…
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(1) Gretser, De cruce Christi, ch. VII, p. 15.
(2) D. Blandina vero ligno suspensa, bestiis irruentibus ad vorandum est proposita. (Palaeotti.)
(3) Voir le § [VIII], à la fin du chapitre.
Dernière édition par Louis le Sam 10 Oct 2020, 6:43 am, édité 1 fois (Raison : Insertion d'un lien.)
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MESURES DE LA CROIX.[pages 72-74]SUITE
Le père Lamy, avant M. Aurès, avait dit avec beaucoup de raison dans son livre sur les mesures du temple de Jérusalem : « Les architectes n'ont pas l'habitude d'employer des nombres fractionnaires pour les parties principales des édifices. Dans les monuments romains, toutes les mesures sont en nombres ronds; de même, dans les Écritures saintes, toutes les dimensions sont données en nombres entiers de coudées ou de demi-coudées. L'arche de Noé était longue de 300 coudées; la largeur & la longueur de l'arche d'alliance, de l'autel d'or, de la table, de l'autel, du tabernacle & du temple sont indiquées en coudées. »
L'usage de débiter les bois en mesures entières, par des raisons analogues, doit exister de toute antiquité, & les bois en provision chez les marchands de Jérusalem s'y trouvaient en coudées & onces franches, comme autrefois, en France, en pieds & pouces francs.
Le même système a sans doute été suivi par les ouvriers chargés des assemblages & de la pose de la traverse & du support. Ils ont, comme les bûcherons dans les forêts, employé leurs mesures usuelles, &, autant que possible, en évitant les fractions. La rapidité de l'exécution fut loin de les faire déroger à leurs habitudes._________________________________________
Nous avons vu que les mesures traditionnelles de la croix sont de 15 pieds pour la tige & 7 à 8 pieds pour la traverse.
Or 15 pieds égalent 4m,80, ou très-approximativement 10 coudées qui feraient 4m,50 et 7 pieds égalent 2m,30, ou sensiblement 2m,25 ou 10 coudées. Nous pouvons en conclure que :
La tige avait 10 coudées & la traverse 5 coudées, exactement la moitié, rapport simple qu'il est bon de constater en passant.
Si l'on veut appliquer des mesures de détail à la vraie croix en ayant égard :
1º à la taille de Notre-Seigneur (1), 2º à l'étendue des bras, 3º à la hauteur de la tête de la croix qui devait recevoir une inscription ou servir de scellement, comme dans le crucifiement de saint Pierre, 4º à l'élévation du support au-dessus du sol, assez bas pour livrer les entrailles des victimes à la dent des bêtes féroces, 5º au scellement nécessaire, on est conduit à donner :
Connaissant le volume de la croix par son poids & sa densité, & sa longueur par les considérations qui précèdent, prises dans divers ordres d'idées & qui toutes conduisent au même résultat, nous en avons déduit la section par un calcul tout élémentaire & toujours en mesures entières hébraïques : 4 onces sur 5 onces (150 millimètres sur 187 millimètres) pour le montant, & 4 onces sur 4 onces (150 millimètres sur 150 millimètres) pour la traverse.
VII. LA CROIX DU BON LARRON.…
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(1) Voir les planches II & III : le Portement de croix & le Crucifiement.
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VII.LA CROIX DU BON LARRON.[pages 74-75]
Tout ce travail était fait lorsque j'ai eu le bonheur d'en voir à Rome la justification la plus complète. Parmi les nombreuses reliques qui m'ont été montrées avec autant de bienveillance que de libéralité, je vis à Sainte-Croix-de-Jérusalem une relique apportée par sainte Hélène & déposée dans une chapelle dépendante de cette antique basilique. L'importance de ce reste vénérable, au point de vue de mes recherches, m'engage à entrer dans quelques détails à son sujet. Il se compose d'un énorme morceau de bois de 2m,25 de longueur sur 155 à 160 millimètres de largeur. Au milieu, à la croisée de cette traverse avec le montant, on voit un trou rond de 22 à 25 millimètres de diamètre, très-déformé & ayant dû recevoir une cheville. La surface du bois avait été unie, mais beaucoup d'éclats ont été enlevés, principalement près du trou.
Les fibres & les nœuds du bois sont évidemment ceux du pin ou du sapin. La couleur brun-gris est assez claire. Enfin, on lit sur un papier enfermé dans le coffre bien modeste qui lui sert de châsse :Pars crucis Santi Dixmæ boni latronis.
Il est difficile de déterminer précisément l'épaisseur du bois, certainement moindre que celle de la traverse lorsqu'elle était entière & qui paraît être de 60 millimètres environ. Peut-être sainte Hélène n'a-t-elle pas tout envoyé à Rome, &, comme pour le titre de la croix, a-t-elle enlevé une partie de l'épaisseur, soit pour la conserver à Jérusalem, soit pour rendre cette relique d'un maniement plus facile. Il suffisait en effet d'en avoir la face.
Revenant à notre étude, on doit retenir trois observations importantes de l'examen de cette relique :
1º La longueur de 2m,25 précisément égale aux 5 coudées que j'avais assignées à la traverse de la vraie croix ;
2º La nature du bois résineux dont la densité est ainsi confirmée ;
3º Le trou au milieu justifiant ce que j'ai dit de l'assemblage à mi-bois de la croix latine : Crux immissa.
Je me suis servi pour les dimensions de la croix des mesures juives ou égyptiennes que l'on s'accorde à considérer comme identiques, au temps de Notre-Seigneur. Il est donc très-important de les faire connaître, & j'ai pensé que leur étude devait être le complément indispensable de ce sujet. J'ai puisé mes renseignements dans un livre trop peu connu & qui m'a paru plus exact que Paucton & que Romé de l'Isle.
VIII. MESURES ÉGYPTIENNES…
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VIII.MESURES ÉGYPTIENNES (1)[pages 75-76]
« Le doigt est l'unité fondamentale du système égyptien. Pour la déterminer, on place les mains sur le bord d'une table, l'une à côté de l'autre, le pouce en dessous ; on étend les doigts & on les rapproche sans effort, en établissant le contact, non pas vers l'extrémité des doigts, mais le long de la première phalange des index. Dans cette position, on prend la largeur des deux mains aux articulations médianes des petits doigts, & la huitième partie de cette largeur est le doigt des mesures égyptiennes.
« Le palme vaut quatre doigts.
« La distance de l'extrémité du pouce à celle du petit doigt, lorsque la main est ouverte le plus possible, est l'empan, égal à 3 palmes ou 12 doigts.
« La coudée vaut deux empans, ou 6 palmes, ou 24 doigts. Pour l'obtenir, il faut poser l'avant-bras & la main ouverte sur une table, de telle manière que le bras & l'avant-bras soient en équerre. Afin de mettre plus de précision dans cette recherche, on appuie le coude contre une arête perpendiculaire à la table ; la coudée se mesure entre cette arête & l'extrémité du grand doigt.
« Les Égyptiens firent encore usage d'une coudée artificielle, composée de 28 doigts ou 7 palmes & appelée royale ou sacrée, composée d’une coudée ordinaire & de 4 doigts ou d'une main... Suivant M. Girard, pour se servir de leur propre coudée, les hommes la portaient plusieurs fois sur la ligne à mesurer, plaçaient la main gauche à plat en travers au bout des doigts de la main droite, puis reportaient le bras droit en avant, le coude appuyé sur la main gauche, & ainsi de suite, mettant toujours un palme au bout d'une coudée, pour marquer le terme où l'une finit & où commence la suivante.
« La coudée royale s'employait pour mesurer les terrains, les routes & tout ce qui avait un but d'utilité générale. On en conservait l'étalon dans les lieux saints, & on en confiait la garde aux prêtres : celle que Moïse avait déposée dans le tabernacle est désignée dans les livres saints sous le nom de coudée du tabernacle, coudée du sanctuaire, pour la distinguer de la coudée naturelle, autrement dite, coudée virile, coudée de mesures, qui servait aux usages des ouvriers.
M. Girard, lors de l'expédition d'Egypte, retrouva la coudée royale au nilomètre d'Éléphantine…
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(1) Saigey, Traité de métrologie, p. 5. Hachette, 1834.
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VIII.MESURES ÉGYPTIENNES[pages 76-78]SUITE
M. Girard, lors de l'expédition d'Egypte, retrouva la coudée royale au nilomètre d'Éléphantine ; d'autres étalons qu'on a découverts depuis sont venus confirmer cette mesure qui a 525 millimètres (1).
Pour passer de cette coudée à la coudée vulgaire, il faut la diviser en 7 parties ou palmes, dont 6 feront la coudée vulgaire. Les divisions marquées sur les spécimens de la grande coudée sont au nombre de 28 doigts, d'où celles de la coudée ordinaire seront de 24 doigts. On peut, d'après cela, former la valeur de toutes les mesures égyptiennes (2).
« Les Hébreux, après leur sortie d'Egypte , ont conservé les mesures de ce pays. Moïse parle toujours dans le système de la coudée... Aussi tous les historiens, traducteurs & commentateurs, s'accordent-ils à regarder les mesures des Hébreux & celles des Égyptiens comme identiques. »
J'aurai besoin, en parlant des pièces d'argent, que l'on appelle, peut-être à tort, les 30 deniers, d'étudier leur valeur. Afin de ne point scinder la belle unité du système des mesures, poids & monnaies égyptiens, je vais continuer à extraire ce que l’on en trouve dans le remarquable traité où j'ai pris ce qui précède.MESURES DE CAPACITÉ JUIVES.
« Le cube de la demi-coudée royale était l'unité des mesures de capacité. Il s'appelait bath pour les liquides & épha pour les matières sèches. La mer d'airain de Salomon avait 10 coudées royales de diamètre, 5 de profondeur, & sa capacité était de 2,000 bath. C'était une demi-sphère creuse. Le petit bath paraît être le mètre cube de la demi-coudée naturelle & son volume les 2/3 du grand bath. La capacité de la mer d'airain mesurée par petits bath en contiendrait donc 3,000.POIDS DES HÉBREUX.
« Le poids de l'eau contenue dans le grand bath était l'unité, connue en général sous le nom de talent, & désignée par les Hébreux par le mot kiccar. La capacité du bath étant de 18 lit. 088, le talent des Hébreux &, par conséquent aussi, le talent des Égyptiens pèseraient 18,088 grammes.
Actuellement (1834), le rapport entre l'or & l'argent est de 15 ½ à 1 ; chez les Hébreux, il est à croire que le rapport était 12; c'est-à-dire qu'un talent d'or valait 12 talents d'argent. »
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(1) J'ai vu & mesuré dans chacun des musées égyptiens de Paris & de Turin une coudée sacrée qui a cette dimension exacte (525 millimètres).
(2) Saigey, p. 17.
CHAPITRE III. LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX A ROME...
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