Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.SUITE
5° La providence supérieure détermine la marche que doit suivre la providence inférieure, de même que le chef de l'État trace des règles et donne des ordres au général de ses armées, qui, à son tour, trace des règles et donne des ordres aux officiers subalternes. Si donc les autres providences dépendent de la Providence supérieure de Dieu, qui est le premier des êtres, c'est lui qui doit fixer les règles du gouvernement des ordonnateurs du second et du troisième degré.
— Donc ces règles et ces lois seront générales ou particulières.
— S'il leur donne des règles générales, comme elles ne seront pas toujours applicables aux cas particuliers, surtout s'il s'agit d'êtres muables, qui ne restent pas constamment dans le même état, ces ordonnateurs du second ou du troisième degré se verront quelquefois dans la nécessité de disposer les choses soumises à leur gouvernement en dehors des règles qu'ils auront reçues. Ils devront donc porter un jugement sur ces règles et décider dans quels cas il faudra s'y conformer ou les dépasser. Or, il n'en peut être ainsi, parce que cette appréciation est réservée au supérieur, et le législateur a seul le droit d'interpréter les lois et d'en accorder la dispense. Donc c'est le suprême ordonnateur qui doit prononcer sur l'observation des règles générales; et il ne peut le faire sans intervenir immédiatement dans l'ordonnance des individus. Donc, dans cette hypothèse, il doit pourvoir immédiatement à ce qui les concerne.
— Si, au contraire, les ordonnateurs du second ou du troisième degré reçoivent du suprême ordonnateur des règles et des lois particulières, il est évident que l'ordre des individus vient immédiatement de la divine Providence.
6° Celui qui est à la tête d'une administration a toujours le droit de juger si…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.SUITE
6° Celui qui est à la tête d'une administration a toujours le droit de juger si ses inférieurs ont disposé comme il convient les choses qui leur sont confiées. Si donc Dieu, qui est l'ordonnateur suprême, a sous son autorité des ordonnateurs du second ou du troisième degré, il porte son jugement sur les êtres qu'ils ont coordonnés, et cela même exige qu'il examine l'ordre des individus. Donc Dieu prend soin par lui-même des individus.
7º Si Dieu ne s'occupe pas immédiatement par lui-même des individus qui sont au-dessous de lui, c'est ou parce qu'il les dédaigne, ou, comme d'autres le prétendent, de peur que sa dignité n'en soit blessée. Or, cette double supposition est contraire à la raison ; car il est plus noble d'arrêter dans son intelligence l'ordre des êtres que d'agir en eux.
Si donc Dieu opère, dans tous les êtres [ch. 67] sans que cela déroge à sa dignité, si même cette influence est un effet nécessaire de sa puissance universelle et souveraine, il ne peut pas dédaigner de pourvoir immédiatement à l'ordre des individus, et ce soin ne blesse en rien sa dignité.
8º Tout agent sage, qui use avec prévoyance de sa puissance, en règle l'usage en déterminant sur quels objets et dans quelles limites elle doit s'exercer; autrement, l'application de cette puissance ne serait pas subordonnée à la sagesse. Or, nous avons vu que l'action de la puissance divine s'étend jusqu'aux derniers des êtres [ch. 75 et 76]. Donc, même lorsqu'il s'agit des choses les plus viles, la sagesse de Dieu a pour office de régler la nature, le nombre et le mode de production des effets que doit réaliser sa puissance. Donc il fixe lui-même immédiatement par sa Providence l'ordre de tous les êtres.
De là ces passages de l'Écriture : Ce qui est a été ordonné par Dieu [Rom., XIII, 1]. Vous avez fait les choses qui ont précédé, et vous les avez résolues les unes après les autres; il est arrivé ce que vous avez voulu [Judith. IX, 4].
Chap. LXXVII. Les desseins de la Providence divine s'exécutent par le moyen des causes secondes.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVIILes desseins de la Providence divine
s'exécutent par le moyen des causes secondes.
1° Il faut remarquer que l'exercice de la Providence suppose deux choses : la détermination d'un ordre et son exécution.
Le premier de ces actes appartient à l'intelligence: c'est pourquoi nous considérons comme les guides des autres hommes ceux qui ont des connaissances plus étendues et des pensées plus élevées; car c'est au sage qu'il appartient de disposer tout avec ordre (1).
Le second appartient à la puissance active [ou à la volonté].
Or, il semble qu'il y ait incompatibilité entre ces deux actes ; car, d'un côté, l'ordre est d'autant plus parfait qu'il s'étend jusqu'aux moindres détails, et, d'un autre côté, il convient que l'exécution de ces petits détails soit abandonnée à une puissance inférieure proportionnée à de tels effets.
Mais ces deux actes rentrent dans la souveraine perfection de Dieu; car il a une sagesse infiniment parfaite, pour déterminer l'ordre, et une puissance sans limites, pour le réaliser. Il faut donc que Dieu dispose par sa sagesse tous les êtres, même les plus vils, dans l'ordre convenable ; mais pour l'exécution de son dessein dans ses moindres et ses plus infimes détails, il doit employer, comme instruments, des puissances subalternes, de même que la puissance universelle qui domine les autres opère par une puissance inférieure, dont l'action est bornée à des effets particuliers. Donc il est convenable que des puissances inférieures agissent pour exécuter les desseins de la divine Providence.
2° Nous avons prouvé que l'opération divine n'empêche pas les causes secondes d'avoir leurs opérations propres [ch. 69]. Or, les effets qui résultent des opérations des causes secondes dépendent de la Providence, puisque Dieu fixe par lui-même l'ordre des individus [ch. 76]. Donc les causes secondes exécutent les desseins de la divine Providence.
3° La puissance d'un agent s'étend en proportion de son énergie : ainsi…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVIILes desseins de la Providence divine
s'exécutent par le moyen des causes secondes.
3° La puissance d'un agent s'étend en proportion de son énergie: ainsi, le feu échauffe des objets plus éloignés à mesure que son intensité s'accroît. Or, il n'en est pas ainsi de l'agent qui opère immédiatement, parce que l'objet sur lequel il agit lui est toujours prochain. Donc, puisque la Providence de Dieu a une puissance infinie, elle doit étendre son opération, par des agents intermédiaires, jusqu'aux derniers des êtres.
4º II est de la dignité d'un roi d'avoir de nombreux ministres et des serviteurs de différents degrés chargés d'exécuter ses volontés, parce que son autorité parait avec d'autant plus d'éclat qu'il a à ses ordres un plus grand nombre de subordonnés dont les attributions sont graduées. Or, il n'est pas de dignité royale comparable à celle du gouvernement divin. Il convient donc que des agents de différents degrés exécutent les desseins de la Providence.
5° La perfection de la Providence...
Dernière édition par Louis le Jeu 24 Oct 2024, 5:50 am, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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Chap. LXXVIII. Dieu gouverne les autres êtres par le moyen des créatures intelligentes.De la Providence divine.LXXVIILes desseins de la Providence divine
s'exécutent par le moyen des causes secondes.
5° La perfection de la Providence devient visible lorsque tout est disposé comme il faut, puisque son office propre est d'établir l'ordre. Or, pour que tout soit disposé comme il faut, il est nécessaire que rien ne reste en désordre. La perfection de la Providence divine demande donc qu'elle utilise dans l'intérêt de l'ordre la supériorité de certains êtres sur d'autres. Or, c'est ce qui a lieu lorsque de la surabondance de certains êtres, qui ont plus, il découle quelque bien sur ceux qui ont moins. Donc, puisque l'univers n'est parfait qu'autant que quelques êtres participent plus abondamment que d'autres à la bonté de Dieu [liv. II, ch. 45], la perfection de la Providence divine exige que les êtres qui participent avec plus d'abondance à la bonté de Dieu exécutent les dispositions de son gouvernement.
6º De même que la cause est supérieure à l'effet, l'ordre des causes est plus noble que celui des effets. Donc c'est dans cet ordre que brille surtout la perfection de la Providence. Or, s'il n'y avait pas des causes intermédiaires pour exécuter les desseins de la Providence de Dieu, l'ordre des causes n'existerait pas dans le monde, mais seulement celui des effets. La perfection de la divine Providence réclame donc l'existence de causes intermédiaires qui exécutent ses desseins.
Aussi nous lisons dans les Psaumes : Bénissez le Seigneur, vous tous qui êtes ses puissances, ministres qui accomplissez sa volonté (Ps. CII, 21]; [Louez le Seigneur] feu, grêle, neige, glace, tourbillons de vent, qui exécutez ses ordres [Ps. CXLVIII, 8].
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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De la Providence divine.LXXVIIIDieu gouverne les autres êtres
par le moyen des créatures intelligentes.
1° Parce que la divine Providence a pour but de conserver l'ordre dans le monde, et que l'ordre convenable doit s'étendre graduellement des premiers jusqu'aux derniers des êtres, le gouvernement de la Providence doit atteindre, en suivant une certaine proportion, jusqu'aux êtres les plus vils. Cette proportion consiste en ce que les êtres inférieurs soient subordonnés aux êtres supérieurs et régis par eux, de même que ceux-ci sont soumis à Dieu et dépendent de son gouvernement. Or, les premières dès créatures sont les substances intelligentes [liv.II, ch. 49]. Donc la raison de la Providence divine exige que les créatures raisonnables dirigent les autres.
2° Toute créature exécute l'ordre fixé par la Providence divine, parce qu'elle participe dans une certaine mesure à la puissance de sa cause providentielle: ainsi, l'instrument ne devient un moteur qu'autant que le mouvement qu'il reçoit le fait participer à la puissance de l'agent principal. Donc les êtres qui participent plus abondamment à la puissance de la divine Providence doivent exécuter ses desseins sur ceux qui n'y participent pas au même degré. Or, les créatures intelligentes participent plus que les autres à cette puissance. En effet, la Providence suppose nécessairement la détermination d'un ordre de choses qui appartient à la puissance intellectuelle,, et son exécution, qui revient à la puissance d'action [ch. 77]. Les êtres raisonnables possèdent ces deux facultés, et les autres n'ont que la dernière. Ce sont donc les créatures intelligentes qui, sous la haute main de la divine Providence, régissent les autres créatures.
3° Dieu ne met une puissance dans un être qu'en vue de l'effet qu'il lui…
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De la Providence divine.LXXVIIIDieu gouverne les autres êtres
par le moyen des créatures intelligentes.SUITE
3° Dieu ne met une puissance dans un être qu'en vue de l'effet qu'il lui appartient de réaliser; car tous les êtres sont disposés dans un ordre parfait quand chacun d'eux est préparé à produire les effets qui lui sont naturels. Or, il est dans la nature de la puissance intellectuelle d'ordonner et de régir; aussi voyons-nous que, quand elle est réunie dans un sujet à la puissance d'action, la seconde obéit à la première: par exemple, dans l'homme, lorsque la volonté commande, les membres s'agitent. Le résultat est le même, si nous considérons ces deux puissances dans des sujets divers: l'homme en qui domine la puissance d'action doit se laisser diriger par celui qui a l'avantage de la puissance intellectuelle. Donc la raison de la Providence divine demande que les créatures intelligentes régissent les autres.
4º La nature veut que les puissances universelles déterminent l'action des puissances particulières : c'est ce qui a lieu dans la production des effets, tant artificiels que naturels. Or, la puissance intellectuelle est évidemment plus étendue que toute autre puissance active; car c'est en elle que sont renfermées les formes universelles [ou les essences], tandis que toute autre puissance d'action a pour principe la forme propre de l'agent qui opère. Donc les puissances intellectuelles doivent mouvoir et régir toutes les autres créatures.
5° Lorsque plusieurs puissances…
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Chap. LXXIX. Les substances intelligentes supérieures dirigent les inférieures.De la Providence divine.LXXVIIIDieu gouverne les autres êtres
par le moyen des créatures intelligentes.SUITE
5° Lorsque plusieurs puissances sont respectivement coordonnées, celle qui pénètre mieux la raison de l'ordre dirige les autres. C'est ce que nous observons dans les arts : celui qui s'occupe de la fin, d'où se déduit la raison du produit artificiel tout entier, préside à l'art qui exécute ce projet, et lui donne des lois; ainsi, l'art nautique préside à l'art de construire les vaisseaux, et l'art qui donne la forme à celui qui prépare la matière. Quant aux instruments qui ignorent la raison des choses, ils ne peuvent qu'être dirigés. Donc, puisque les créatures intelligentes sont les seules qui puissent pénétrer la raison de l'ordre établi dans le monde, il leur appartient de régir et de gouverner tous les autres êtres.
6° Ce qui est par soi-même est cause de ce qui existe par un autre être. Or, les créatures intelligentes seules opèrent par elles-mêmes; car, en vertu de leur libre arbitre, elles ont le domaine de leurs opérations, au lieu que les autres sont déterminées à agir par une nécessité naturelle et obéissent, en quelque sorte, à une impulsion étrangère. Donc les créatures intelligentes ont la propriété de mouvoir et de diriger, par leur opération, les autres êtres.
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De la Providence divine.LXXIXLes substances intelligentes supérieures dirigent les inférieures.
1º Parmi les créatures intelligentes, les unes sont plus élevées que les autres [liv. II ch. 92 à 95]. Donc les substances inférieures doivent être gouvernées par les supérieures.
2° Nous venons de voir que les puissances universelles donnent l'impulsion aux puissances particulières [ch. 78]. Or, les formes des substances intelligentes d'un ordre supérieur sont les plus universelles [liv.II, ch. 98]. Donc il leur appartient de régir leurs inférieures.
3° La puissance intellectuelle qui est plus rapprochée de son principe régit toujours celle qui en est plus éloignée. Cela est vrai aussi bien des sciences spéculatives que des sciences pratiques : aussi considère-t-on comme subordonnée la science spéculative qui emprunte à une autre les principes de ses démonstrations; et la science pratique qui s'occupe immédiatement de la fin, premier principe d'action dans les choses de cette nature, est supérieure à celle qui en est à une plus grande distance. Donc, dès lors que quelques substances intelligentes sont plus près de Dieu [liv. II ch. 92 à 95], celles-là doivent diriger les autres.
4° Les substances intelligentes supérieures reçoivent…
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Chap. LXXX. De l’ordre hiérarchique des Anges.De la Providence divine.LXXIXSUITELes substances intelligentes supérieures dirigent les inférieures.
4° Les substances intelligentes supérieures reçoivent d'une manière plus parfaite l'influence de la divine sagesse, puisque tout être participe à une chose suivant son mode d'existence. Or, la sagesse divine gouverne tous les êtres: par conséquent, ceux auxquels elle se communique plus abondamment doivent diriger les autres qui n'y participent pas au même degré. Donc les substances intelligentes inférieures sont gouvernées par les supérieures.
Nous considérons comme supérieurs les esprits et les Anges, parce qu'ils dirigent les esprits inférieurs, pour ainsi dire, par forme de message. Nous donnons, en effet, aux Anges les noms de messagers et de ministres, parce qu'ils exécutent, par leur opération, même dans les substances corporelles, l'ordre de la Providence de Dieu; car, d'après le Philosophe, le ministre est comme un instrument animé (1).
L'Écriture nous rappelle cette vérité en disant : Des esprits vous faites vos Anges [ou vos messagers], et la flamme brûlante vous sert de ministres [Ps. CIII 4] (2).
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.
Les intelligences gouvernent les corps [ch. 78], et les corps sont disposés dans un certain ordre. Donc les corps les plus nobles doivent être régis par les intelligences supérieures, et les plus vils par les intelligences inférieures.
Mais parce que plus une substance s'élève et plus sa puissance est universelle, et que, d'un autre côté, la puissance d'une substance intelligente l'emporte en étendue sur la puissance des corps, la puissance des substances intelligentes les plus excellentes ne peut se développer [par l'action] au moyen d'une puissance corporelle: aussi ne sont-elles pas unies à des corps; au lieu que les intelligences inférieures ont une puissance particulière qui peut se développer par des organes matériels: c'est pourquoi elles doivent être unies à des corps.
Or, la puissance des substances intelligentes du premier degré étant la plus étendue, elles reçoivent de Dieu une connaissance plus parfaite de ses desseins, en ce sens que ce que Dieu leur révèle leur fait découvrir la raison de l'ordre qu'il établit, même parmi les individus.
Or, cette manifestation du plan divin, faite par Dieu lui-même, arrive jusqu'aux dernières intelligences, selon cette parole des livres saints : Peut-on compter ses soldats (1) ? et sur lequel sa lumière ne brille-t-elle pas (2)? [Job., XXV,3.]
Mais les intelligences inférieures ne participent pas à cette manifestation d'une manière assez parfaite pour connaître par elle, en particulier, chacune des choses qui entrent dans l'ordre fixé par la divine Providence, et qu'elles sont appelées à réaliser. Elles ne les voient que dans leur ensemble, et, à mesure qu'elles se placent dans un degré inférieur, la connaissance de l'ordre divin acquise par cette lumière, qui leur vient primitivement de Dieu, est moins spéciale; en sorte que l'intelligence humaine, qui est la dernière par ses connaissances naturelles, n'a d'autre notion que celle des principes les plus universels.
Ainsi donc, les substances intelligentes supérieures reçoivent immédiatement de Dieu une connaissance plus parfaite de l'ordre providentiel, et c'est par elles que les intelligences inférieures doivent arriver à la connaissance parfaite [que leur nature comporte], d'après ce que nous avons déjà observé, que la connaissance générale du disciple tire sa perfection de la science du maître, dont l'objet est particulier.
— C'est ce qui fait dire à saint Denys que les substances intelligentes du premier ordre, auxquelles il donne le nom de première hiérarchie ou de principauté sacrée, ne sont pas sanctifiées par d'autres substances, mais par la Divinité même, dans laquelle elles s'élèvent, autant que possible, jusqu'à la contemplation immédiate de la beauté immatérielle et invisible et à l'intelligence des raisons qui ont déterminé les opérations divines; et ce sont elles qui transmettent aux essences célestes des degrés inférieurs les connaissances qui leur conviennent (3).
Ainsi donc, les intelligences supérieures…
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(1) Saint Grégoire-le-Grand (Moral., liv. XVII, c. 6) et saint Jérôme appliquent aussi ce passage aux Anges qui ont combattu pour Dieu lors de la révolte de Satan et des esprits qu'il entraîna dans sa chute. Les mêmes esprits continuent encore de faire une guerre de tous les instants à cet ennemi du Soigneur. C'est pour cela que l'Écriture appelle si souvent Dieu le Seigneur des Vertus ou des armées. — Comme l'Écriture fait ailleurs l'énumération des puissances célestes, saint Denys fait cette réflexion : Cette réflexion de saint Denys est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.. — (2) Saint Denys explique ainsi cette diffusion de la lumière divine dans les intelligences :Cette explication de saint Denys est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous. — (3) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
Ainsi donc, les intelligences supérieures puisent la perfection de leur science dans un principe plus élevé qu'elles. Or, en toute disposition sage, la forme des agents détermine l'ordre des effets; car l'effet découle de sa cause en vertu d'un rapport de similitude, et l'agent ne communique à ses effets la ressemblance de sa forme qu'en vue d'une fin.
La fin est donc le premier principe d'une disposition sage ; le second est la forme de l'agent, et le troisième consiste dans la disposition harmonique des effets. Le suprême degré, dans l'ordre intellectuel, est donc de saisir la raison des choses dans la fin même de l'ordre ; le second est de découvrir cette raison dans la forme, et le troisième consiste à connaître en elle-même, et non dans un principe plus élevé, la disposition de l'ordre.
De là vient que nous appelons architectonique l'art qui s'occupe de la fin, comparé à celui qui s'occupe de la forme. Prenons pour exemple l'art nautique par rapport à l'art de construire les vaisseaux. La même dénomination convient à l'art qui s'applique à la forme relativement à celui qui règle l'ordre des changements qui en préparent la réalisation: tel est l'art de construire les vaisseaux pour les différents travaux qu'exécutent les ouvriers.
Il y a donc un ordre entre les intelligences qui aperçoivent immédiatement en Dieu, et dans toute sa perfection, le plan arrêté par la Providence divine.
Les premières et les plus élevées de ces intelligences découvrent la raison de l'ordre providentiel dans sa fin dernière, qui est la bonté divine : pour quelques-unes, toutefois, cette lumière est plus vive que pour les autres. On leur donne le nom de Séraphins, mot qui veut dire ardents ou brûlants, parce qu'on prend ordinairement le feu comme le symbole de l'intensité de l'amour ou du désir, qui tendent à la fin. — Aussi saint Denys dit-il que leur nom exprime l'amour invariable dont ils se consument pour les choses divines, et l'ardeur avec laquelle ils entraînent avec eux vers Dieu, comme vers leur fin, les esprits inférieurs (4).
Les intelligences du second degré connaissent parfaitement la raison de la Providence dans la forme divine. On les appelle les Chérubins, terme qui signifie la plénitude de la science; car la science se perfectionne par la forme de son objet. — Saint Denys dit que le nom de Chérubins indique que ces esprits contemplent la beauté divine dans la première des puissances actives (5).
Celles du troisième degré contemplent en lui-même l'ordre fixé par les jugements divins. On les désigne sous le nom de Trônes, parce que le trône est l'emblème du pouvoir judiciaire, suivant cette parole : Vous avez siégé sur votre trône, vous qui jugez la justice [Ps. IX, 5] .— Saint Denys dit que cette dénomination signifie que ces esprits portent Dieu, et que cette proximité les rend aptes à recevoir en eux tout ce qui émane de lui (6).
Toutefois…
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(4), (5), (6) Ces notes sont libellées en latin. Sur demande nous les publierons. Bien à vous.
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De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
Toutefois, il ne faudrait pas entendre ce qui a été dit jusqu'ici comme si l'on établissait une distinction réelle entre la bonté de Dieu, son essence et la science de l'ordre des êtres : ce sont là seulement différents aspects sous lesquels on le considère.
Il doit également y avoir une hiérarchie entre les esprits inférieurs qui reçoivent des plus élevés la connaissance parfaite de l'ordre divin qu'ils doivent réaliser; car ceux d'entre eux qui ont une puissance plus étendue ont aussi une science plus universelle : aussi puisent-ils la connaissance de l'ordre providentiel dans des principes et des causes plus généraux, et leurs inférieurs, au contraire, dans des causes plus particulières: ainsi, l'homme qui pourrait saisir l'ordre de la nature entière, par la seule inspection des astres, surpasserait en intelligence celui qui a besoin, pour en avoir une notion complète, d'abaisser ses regards sur ce qui l'entoure.
Ceux-là donc qui aperçoivent parfaitement l'ordre providentiel dans les causes universelles, qui tiennent le milieu entre Dieu, la plus universelle des causes, et les causes particulières, ceux-là sont entre les esprits capables de trouver la raison de cet ordre en Dieu lui-même, et ceux qui sont obligés de la considérer dans les causes particulières.
Saint Denys place ces esprits dans la hiérarchie moyenne, qui dirige la hiérarchie inférieure, comme elle est elle-même dirigée par la hiérarchie supérieure (7).
Une autre raison demande qu'il y ait un ordre entre ces substances intelligentes : c'est que le plan…
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(7) Voyez la note 3 qui précède. Cette note (3) est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
Une autre raison demande qu'il y ait un ordre entre ces substances intelligentes : c'est que le plan de la Providence générale est ainsi conçu :
1º Un grand nombre d'agents exécutent ses desseins. Ils sont soumis à l'ordre des Dominations ; car c'est aux maîtres de commander ce que d'autres doivent exécuter.— Saint Denys dit que le nom de domination désigne une puissance élevée au-dessus de toute servitude et supérieure à toute sujétion [8].
2° L'agent qui réalise, par son opération, la disposition arrêtée par la Providence, la communique et l'étend à une multitude d'effets variés. C'est l'office de l'ordre des Vertus, dont le nom, suivant saint Denys [ibid.], exprime une puissance assez énergique pour exécuter toutes les œuvres divines, et qui ne laissent, par faiblesse, aucun mouvement [ou changement] incomplet [9]]. Il est donc clair qu'à cet ordre appartient le principe de l'opération universelle; et, par conséquent, c'est à lui que se rapportent les mouvements des corps célestes, d'où résultent, comme de causes universelles, les effets particuliers dans la nature.
C'est pour cette raison que l'Écriture les appelle les vertus des cieux, lorsqu'elle dit : Les vertus des cieux seront ébranlées [Luc, XXI, 26]. C'est encore à ces esprits que paraît confiée l'exécution des œuvres divines qui sortent de l'ordre naturel; aussi, ces œuvres sont-elles les plus sublimes qui se rattachent aux divins ministères, et saint Grégoire dit à ce sujet : « Nous appelons Vertus ces esprits par lesquels s'opèrent le plus souvent les prodiges » [Homil. XXXIV super Evangelia]; et si l'accomplissement des ministères divins donne lieu à quelque autre opération universelle et principale, il convient également de l'attribuer à cet ordre d'esprits.
3° La disposition à laquelle la Providence universelle a soumis ses effets se maintient sans confusion, parce que les causes qui pourraient le troubler sont enchaînées. C'est à l'ordre des Puissances qu'il appartient d'y veiller. — Saint Denys observe au même lieu que « ce mot de Puissances emporte l'idée d'une ordonnance parfaitement réglée et sans aucune confusion dans les choses qui viennent de Dieu. » Saint Grégoire dit aussi que cet ordre a la mission de réprimer les puissances ennemies.
Les esprits du dernier degré, parmi les substances intelligentes supérieures, sont ceux qui…
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[8], [9]. Ces notes sont libellées en latin. Sur demande nous les publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
Les esprits du dernier degré, parmi les substances intelligentes supérieures, sont ceux qui reçoivent divinement communication de l'ordre providentiel qui se révèle dans les causes particulières. Ces esprits sont commis immédiatement à la direction des choses humaines. — Saint Denys dit que « ce troisième ordre d'esprits, qui dépendent des autres, est à la tête des diverses hiérarchies humaines. » — Or, on voit, d'après ce qui a été dit, que par ces choses humaines il faut entendre toutes les natures inférieures et les causes particulières qui ont l'homme pour fin et sont à son usage.
Un ordre est établi aussi dans ces choses.
Il y a, en effet, dans les choses humaines, un bien commun, savoir celui de la cité ou de la nation. Il semble que le soin en est remis à l'ordre des Principautés. — Aussi saint Denys affirme, dans le même chapitre, que « le nom de Principautés désigne un certain domaine et aussi un ordre sacré. » C'est pourquoi l'Écriture fait mention de Michel, prince des Juifs, et du prince des Perses et des Grecs (10). Ainsi donc, cet ordre, a dans ses attributions la formation des empires et les révolutions qui transportent la domination d'un peuple à un autre. il paraît chargé, en outre, d'éclairer les hommes élevés à la dignité de princes sur les choses qui se rattachent au gouvernement de leur États.
Il est encore pour l'homme un bien qui n'est pas général, mais appartient à tout homme comme tel, quoiqu'il ne soit pas avantageux à un seul individu, mais au grand nombre : par exemple, ce que tous et chacun doivent croire et pratiquer, comme ce qui regarde la foi, le culte divin, etc. — Les Archanges procurent ce bien. Saint Grégoire dit que ces esprits sont chargés d'annoncer les choses les plus importantes : tel est Gabriel, auquel nous donnons le nom d'Archange, parce qu'il a annoncé l'Incarnation du Verbe, Fils unique de Dieu, mystère que nous devons tous croire.
Enfin, il est un bien humain qui appartient à chaque individu. Il est confié à l'ordre des Anges, qui, selon saint Grégoire, annoncent les choses d'une moindre importance (11). C'est pour cela qu'on les appelle les gardiens des hommes, d'après cette parole de l'Écriture : Dieu a commandé à ses Anges de vous garder dans toutes vos voies [Ps. XC, 11].
Selon saint Denys, les Archanges tiennent le milieu entre…
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(10) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous. — (11) Voici in extenso le passage de saint Grégoire-le-Grand dont quelques fragments ont été cités dans ce chapitre : Ce passage de saint Grégoire est libellé en latin (Daniel X, 5, 12, 13, 20 et 21). Sur demande nous le publierons. Bien à vous. — Le saint Docteur explique ensuite comment ces trois Archanges ont rempli la signification de leurs noms par la mission confiée à chacun d'eux.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
Selon saint Denys, les Archanges tiennent le milieu entre les Principautés et les Anges, ayant quelque chose de commun avec les uns et les autres. Ils ont cela de commun avec les Principautés, qu'ils dirigent les Anges inférieurs ; et ce n'est pas sans raison, car dans les choses humaines, le bien de l'individu doit se mesurer sur l'intérêt général. Ils ressemblent aux Anges, en ce qu'ils communiquent les ordres qu'il faut exécuter aux Anges, et à nous-mêmes par l'intermédiaire des Anges, qui ont pour office d'éclairer les hommes, suivant qu'il convient à chacun d'eux, sur les choses qui les concernent. C'est pour cela que les esprits du dernier ordre portent le nom générique d'Anges, qui leur appartient spécialement, parce que cet ordre a pour office de nous éclairer immédiatement. C'est aussi pour cette raison que le nom d'Archange est composé de deux autres; car Archange équivaut à Prince-Ange.
Saint Grégoire range encore dans un autre ordre les esprits célestes. Il place les Principautés dans la moyenne hiérarchie, immédiatement après les Dominations, et les Vertus parmi les esprits du dernier degré, avant les Archanges. Tout bien considéré, cependant, on voit que ces deux expositions diffèrent peu. Ce docteur, en effet, donne le nom de Principautés, non aux esprits préposés à la garde des nations, mais à ceux qui sont à la tête des bons esprits eux-mêmes, et qui président, en quelque sorte, à l'exécution des ministères que Dieu leur a confiés; car il dit que le prince est le premier parmi les autres; et nous avons observé, dans la première explication, que cette fonction appartient à l'ordre des Vertus. Saint Grégoire réserve aux Vertus certaines opérations particulières, lorsque, dans un cas spécial, et en dehors de l'ordre commun, il est besoin d'un fait miraculeux; et pour cette raison, les Vertus paraissent assez bien placées parmi les esprits inférieurs.
On peut invoquer en faveur de ces deux ordres l'autorité de l'Apôtre. Il dit, dans son Épître aux Ephésiens : Dieu a placé le Christ à sa droite dans les cieux, au-dessus de toute Principauté, de toute Puissance, de toute Vertu, de toute Domination [Ephés., I, 20-21]. Dans ce passage, il observe une gradation ascendante et met les Puissances au-dessus des Principautés, les Vertus au-dessus des Puissances et les Dominations au-dessus des Vertus.
C'est le même ordre que saint Denys a adopté…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXXI. Des rapports des hommes entre eux et avec les autres êtres.De la Providence divine.LXXXDe l’ordre hiérarchique des Anges.SUITE
C'est le même ordre que saint Denys a adopté. Parlant de Jésus-Christ, dans son Épître aux Colossiens, il s'exprime ainsi : Soit le Trône, soit les Dominations, soit les Principautés, soit les Puissances, tout a été créé par lui et en lui [Coloss., I, 16]. Ce second texte contient, au contraire, une gradation descendante qui commence par les Trônes ; au-dessous des Trônes viennent les Dominations; au-dessous des Dominations sont les Principautés, et au-dessous des Principautés, les Puissances. C'est l'ordre que nous trouvons dans saint Grégoire.
— Isaïe fait mention des Séraphins (12) et Ezéchiel des Chérubins (13). Saint Jude, dans son Épître Catholique, parle des Archanges en ces termes : L'Archange, Michel, dans la contestation qu'il eut avec le diable, touchant le corps de Moïse, etc. [Jude, v. 9], et nous avons vu qu'il est question des Anges dans les Psaumes.
C'est une loi générale que, quand plusieurs puissances sont coordonnées, les puissances inférieures agissent sous l'influence de celle qui tient le premier rang. Par conséquent, l'ordre des Séraphins communique à tous les ordres inférieurs la faculté d'exécuter les choses qui sont dans ses attributions, et il en est de même des autres ordres.
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(12 ), (13) Ces notes sont libellées en latin. Sur demande nous les publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIDes rapports des hommes entre eux et avec les autres êtres.
L'âme humaine est au dernier degré dans l'ordre des substances intelligentes; car, ainsi que nous l'avons remarqué [ch. 80], lorsqu'elle s'instruit, l'ordre de la Providence divine ne lui apparaît que dans une sorte de connaissance générale [et confuse], et elle a besoin, pour découvrir clairement l'ordre établi entre les individus, d'être guidée par ces êtres mêmes dans lesquels la disposition de la Providence est déjà, pour ainsi dire, particularisée. Il a fallu pour cela qu'elle fût munie d'organes corporels, au moyen desquels elle pût puiser sa connaissance dans les choses matérielles.
Toutefois, à cause de la faiblesse de sa lumière intellectuelle, ce moyen ne lui suffit pas pour arriver à saisir parfaitement tout ce qui regarde l'homme, si une intelligence plus élevée ne l'aide en l'éclairant de sa lumière; et c'est une conséquence nécessaire du plan divin, suivant lequel les esprits inférieurs doivent recevoir des esprits supérieurs la perfection qui leur convient [ch. 79].
Cependant, parce que l'homme participe à un certain degré à la lumière intellectuelle, en vertu de l'ordre de la divine Providence, il a sous lui les brutes qui sont absolument privées de raison. De là cette parole de l'Écriture : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, sous le rapport de l'intelligence, et qu'il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux bêtes et à toute la terre [Gen.,I, 26].
Quoique les brutes soient sans intelligence, comme elles ont une certaine connaissance, dans l'ordre de la divine Providence, elles sont au-dessus des plantes et des autres êtres qui en sont privés. Nous le voyons par ce passage : Voici que je vous ai donné toutes les herbes qui portent leur graine sur la terre et tous les arbres qui portent en eux-mêmes leur semence, chacun selon son espèce, afin qu'ils vous servent de nourriture et à tous les animaux de la terre [Gcn., I, 29-30].
S'il s'agit des êtres qui sont complètement dépourvus de connaissance, nous en voyons encore qui sont inférieurs à d'autres, parce que ces derniers ont une puissance d'action plus grande ; car ils ne concourent pas avec la Providence à régler l'ordre, mais seulement à le réaliser.
L'homme étant doué d'intelligence, de sentiment et d'une force corporelle, ces facultés sont coordonnées en lui, en vertu d'une disposition de la Providence divine, conformément à l'ordre qui existe dans l'univers; car la force corporelle dépend de la vertu sensitive et de l'intelligence, en ce qu'elle exécute leurs commandements, et la vertu sensitive, à son tour, est assujétie à l'intelligence qui la domine et empêche ses excès.
Pour la même raison, les hommes eux-mêmes sont soumis à un certain ordre…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXXII. Dieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.De la Providence divine.LXXXIDes rapports des hommes entre eux et avec les autres êtres.SUITE
Pour la même raison, les hommes eux-mêmes sont soumis à un certain ordre; car l'autorité appartient naturellement à ceux qui ont la prééminence de l'intelligence, et, selon la remarque d'Aristote, la nature paraît destiner à servir ceux qui ont l'intelligence peu développée et une force corporelle considérable (1). Salomon exprime la même idée dans cette sentence : L'insensé servira le sage [Prov., XI, 29]; et il est dit ailleurs : Choisissez dans tout le peuple des hommes sages et craignant Dieu..., qui, en tout temps, rendent la justice au peuple [Exod., XVIII 21-22].
Or, de même que les actions de l'homme sont désordonnées parce que l'intelligence obéit à la vertu sensitive, et que celle-ci, à cause d'une mauvaise disposition du corps, incline vers les mouvements corporels, comme l'exemple des boiteux nous le prouve, ainsi le désordre s'introduit dans le gouvernement humain lorsque celui qui a la direction des affaires ne doit pas son élévation à son intelligence, mais usurpe l'autorité par la force brutale, ou bien qu'une affection sensible porte les autres à la lui confier.
Salomon signale ce désordre lorsqu'il dit : Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, et qui semble venir de l'erreur du prince: c'est que l'insensé est élevé à une dignité sublime [Ecclés., X, 5-6].
Ce désordre, cependant, ne détruit pas la Providence divine; car Dieu le permet, aussi bien que les autres maux, comme nous l'avons déjà remarqué, à cause de l'imperfection des agents inférieurs. Il ne renverse pas non plus complètement l'ordre de la nature, puisque l'autorité de ces hommes est chancelante si les conseils des sages ne viennent l'affermir. Aussi nous lisons dans l'Écriture : Les pensées se fortifient par les conseils, et la guerre doit être conduite avec prudence [Prov., XX, 18]. L'homme sage est vaillant; l'homme habile est fort et puissant, parce qu'on entreprend la guerre avec prudence, et le salut sera où il y a beaucoup de conseils [ibid., XXIV, 5-6]. Et comme les conseillers dirigent ceux qui reçoivent leurs avis et les dominent en quelque sorte, il est dit que le serviteur sage dominera les enfants insensés [ibid., XVII, 2].
Il est donc évident que la Providence divine assujétit tous les êtres à un ordre, et ainsi se vérifie cette parole de l'Apôtre : Ce qui est a été ordonné par Dieu [Rom., XIII, 1].
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIIDieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.
1° Il y a des substances intelligentes supérieures et des inférieures, et il en est de même des substances corporelles. Or, les substances intelligentes les plus élevées dirigent les autres, afin que la disposition arrêtée par la Providence se communique graduellement jusqu'aux êtres les plus vils [ch. 77 et suiv.] Donc, pour la même raison, les corps supérieurs donnent aux corps inférieurs la disposition qui leur convient.
2º La forme d'un corps est d'autant plus parfaite que le lieu qu'il occupe est élevé. D'où il suit logiquement que le lieu supérieur est aussi le lieu de l'inférieur; car le propre de la forme, aussi bien que du lieu, est de contenir (1). Et ainsi, au point de vue de la forme, l'eau est plus parfaite que la terre, l'air l'est plus que l'eau, et le feu que l'air. Or, les corps célestes sont au-dessus de tous les corps, quant au lieu. Donc leur forme est plus parfaite que celle de tous les autres. Donc leur puissance d'action est aussi plus grande (2). Donc ils agissent sur les corps inférieurs, et, par conséquent, les mettent dans l'ordre convenable.
3° L'être qui est parfait dans sa nature, et sans aucune contrariété…
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(1) Le commentateur de saint Thomas, François de Sylvestre, explique ainsi ce passage : « Le saint Docteur tire son argument de la ressemblance ou du rapport qui existe entre la forme et le lieu, qui ont tous deux la propriété de contenir. Il raisonne ainsi : La forme et le lieu ont cela de commun qu'ils contiennent. Donc le lieu qui contient un autre lieu est plus près de la perfection de la forme. Or, le lieu supérieur contient le lieu inférieur. Donc sa forme est plus parfaite. — Nous devons observer que la forme et le lieu ne contiennent pas une chose de la même manière. Le lieu contient la quantité du corps et la renferme dans ses limites. La forme contient le corps formellement et virtuellement, en ce sens qu'elle lui donne l'être et détermine son espèce; car tant qu'il est revêtu de sa forme, il continue d'exister et son espèce ne varie pas; mais s'il en est dépouillé, il cesse d'exister et sort de l'espèce dont il faisait partie. »
(2) D'après ce principe, qu'un être ne peut agir qu'autant qu'il est en acte, et comme la forme est le principe de l'existence, plus la forme d'un être est parfaite, plus aussi son acte est parfait, et, par conséquent, sa puissance d'action est en raison directe de la perfection de sa forme.
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De la Providence divine.LXXXIIDieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.SUITE
3° L'être qui est parfait dans sa nature, et sans aucune contrariété, est doué d'une puissance plus étendue que celui dont la nature ne se perfectionne que par des principes contraires; car la contrariété consiste dans les différences qui déterminent et restreignent le genre: c'est pourquoi l'intelligence étant universelle, il n'y a en elle aucune contrariété entre les espèces [intelligibles ou types] des contraires qu'elle saisit, puisque ces espèces sont ensemble [dans le même sujet].
Or, les corps célestes, qui n'ont pas de principes contraires, sont parfaits dans leurs natures; car ils ne sont ni légers, ni pesants, ni chauds, ni froids. Il en est autrement des corps inférieurs, dont les natures ne sont parfaites que si elles renferment quelque contrariété. Nous en avons la preuve dans le mouvement des uns et des autres. Rien, en effet, ne contrarie le mouvement circulaire [ou elliptique] des astres; aussi il ne peut y avoir en eux rien de forcé, tandis que les mouvements des corps inférieurs sont opposés : par exemple, les mouvements de haut en bas et de bas en haut.
Donc les corps célestes ont une puissance plus étendue que les corps inférieurs. Or, les puissances universelles donnent l'impulsion aux puissances particulières [ch. 78]. Donc les corps célestes meuvent et disposent les corps inférieurs.
4º Nous avons vu que les substances intelligentes régissent tous les autres êtres…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIIDieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.SUITE
4º Nous avons vu que les substances intelligentes régissent tous les autres êtres [ch. 78]. Or, les corps célestes ressemblent plus que les autres aux substances intelligentes, en ce qu'ils sont indestructibles. Ils en sont aussi plus rapprochés, puisqu'ils en reçoivent immédiatement le mouvement [liv. II, ch. 70; liv. III, ch. 80]. Donc ce sont eux qui dirigent les corps inférieurs.
5º Le premier principe du mouvement est nécessairement immobile [ou immuable]. Donc les êtres qui lui ressemblent davantage, sous ce rapport, doivent imprimer le mouvement aux autres. Or, les corps célestes sont moins éloignés de l'immobilité du premier principe que les corps inférieurs, puisqu'ils n'ont qu'une espèce de mouvement, savoir le mouvement local, au lieu que les autres sont assujétis à des mouvements [ou changements] de toute espèce. Donc les corps célestes meuvent et dirigent tous les corps inférieurs.
6° Le premier être de chaque genre est la cause de ceux qui viennent après lui…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIIDieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.SUITE
6° Le premier être de chaque genre est la cause de ceux qui viennent après lui. Or, le premier de tous les mouvements est celui du ciel :
1° Parce que le mouvement local est le premier de tous les mouvements; — et quant au temps, puisqu'il est le seul qui puisse durer toujours, comme Aristote le prouve (3); — et par sa nature, puisque sans lui aucun autre mouvement ne peut se réaliser; car l'accroissement suppose toujours un changement préalable, qui a pour effet de convertir une chose qui était auparavant différente et de la rendre semblable, et ce changement est impossible sans un mouvement local antérieur, parce que le principe du changement ne peut le produire qu'autant qu'il se trouve actuellement plus rapproché du sujet qu'il ne l'était auparavant; — il est encore le premier sous le rapport de la perfection, parce que le mouvement local ne modifie pas un être dans ce qui lui est inhérent, mais seulement dans ce qui lui est extrinsèque, et, par conséquent, l'être qui le subit est déjà parfait.
2° Parce que le mouvement circulaire est le premier des mouvements locaux; — et quant au temps, puisqu'il est seul capable de durer toujours, ainsi qu'Aristote le démontre (4) ; — et par sa nature, puisque, comme on ne distingue en lui ni commencement, ni milieu, ni fin, sa durée tout entière en est comme le milieu; ce qui lui donne sur les autres l'avantage de la simplicité et de l'unité ; — et aussi sous le rapport de la perfection, puisqu'il revient à son principe.
3° Parce que le mouvement céleste est le seul régulier et uniforme; car la vitesse augmente dans tous les mouvements des objets pesants et légers.
Donc le mouvement du ciel doit être la cause de tous les autres mouvements.
7° Il y a le même rapport entre l'immobile relativement...
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(3) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous. — (4) Voyez la note précédente,
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXXIII. Conclusion.De la Providence divine.LXXXIIDieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.SUITE
7° Il y a le même rapport entre l'immobile relativement à tel mouvement et ce mouvement qu'entre l'immobile absolu et le mouvement absolu (5). Or, l'immobile [ou l'immuable] absolu est le principe de tout mouvement [liv. I, ch.13]. Donc l'être qui est immobile relativement au changement est le principe de tout changement.
Or, les astres sont les seuls corps inaltérables; car nous les voyons toujours dans le même état.Donc le corps céleste est la cause de tous les changements qui surviennent dans les êtres.
Or, dans les substances inférieures, le changement est le principe de tous les mouvements; car la production et l'accroissement résultent d'un changement; et le principe générateur est le moteur essentiel dans le mouvement local des objets pesants et légers. Donc le ciel est la cause de tous les mouvements que subissent les corps inférieurs.
Donc, évidemment, Dieu régit les corps inférieurs par les corps supérieurs.
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(5) L'immobile relatif est un être qui ne peut être mû de telle manière. Le soleil, par exemple, répugne au mouvement rectiligne. L'immobile absolu n'admet aucune espèce de mouvement ; le mobile absolu peut se mouvoir, quel que soit son mouvement.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIIIConclusion.
De toutes les démonstrations précédentes nous pouvons conclure que, pour ce qui regarde la détermination raisonnée de l'ordre qu'il convenait d'imposer à ses créatures, Dieu a tout réglé par lui-même.
Aussi, sur ce passage de Job : Quel autre a-t-il mis à sa place au-dessus de l'univers qu'il a créé [XXXIV, 13] ? saint Grégoire fait cette réflexion : « Il gouverne par lui-même le monde qu'il a créé par lui-même » [Moral, sur Job]; et Boëce dit aussi : « Dieu a tout disposé seul et par lui-même » [Consol. de la philos., pros. XII].
Mais lorsqu'il s'agit de réaliser ce plan, Dieu gouverne les êtres inférieurs par les êtres supérieurs, les corps par les esprits, selon cette remarque de saint Grégoire : « Dans ce monde visible, rien ne peut être mis en ordre que par une « créature invisible » [Dialog.IV];
les esprits inférieurs par les esprits supérieurs, ce qui fait dire à saint Denys : « Les essences intelligentes du ciel s'éclairent d'abord elles-mêmes d'une lumière divine, et ensuite elles font arriver jusqu'à nous la manifestation des choses qui sont au-dessus de nous » [Hierarch. céleste, ch. 4];
et les corps inférieurs par les corps supérieurs, comme le même saint Denys l'exprime encore en ces termes : « Le soleil concourt à la production des corps visibles; il les dispose à recevoir la vie, les nourrit, les fait croître, les perfectionne, les purifie et les renouvelle » [Noms divins, ch. 4]
— Saint Augustin, considérant tous les êtres dans leur ensemble, dit : « De même que les corps les plus subtils, dont la puissance d'action est plus développée, régissent, suivant un ordre déterminé, les corps inférieurs les plus grossiers, ainsi tous les corps sont régis par un esprit raisonnable d'où procède la vie, et l'esprit raisonnable qui, en péchant, s'est éloigné de la justice, est soumis à l'esprit raisonnable qui est demeuré juste » [De la Trinité, liv. III, ch. 3].
Chap. LXXXIV. Les astres n’ont aucune influence sur notre intelligence.
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