Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXVDieu conserve l’existence aux créatures.
De ce principe que Dieu gouverne tous les êtres par sa Providence, il suit qu'il leur conserve l'existence. En effet :
1° Le gouvernement des êtres comprend tout ce qui est pour eux un moyen d'atteindre leur fin; aussi on dit qu'ils sont régis ou gouvernés quand ils sont coordonnés pour une fin. Or, ce ne sont pas seulement les opérations des créatures, mais encore leur existence, qui les met en rapport avec la fin dernière que Dieu se propose, savoir sa bonté; car cette existence constitue pour elle une ressemblance de la bonté divine, et c'est là leur fin [ch. 19 et 20]. Donc il appartient à la Providence de Dieu de conserver l'existence aux créatures.
2° La même cause qui produit un être doit le conserver; car sa conservation n'est que son existence continuée. Or, c'est par un acte de son intelligence et de sa volonté que Dieu donne l'existence à tous les êtres [liv. II ch. 23 et 24]. Donc il leur conserve l'existence par un acte de son intelligence et de sa volonté.
3° Aucun agent particulier univoque ne peut, rigoureusement parlant, être la cause de son espèce…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXVDieu conserve l’existence aux créatures.SUITE
3° Aucun agent particulier univoque ne peut, rigoureusement parlant, être la cause de son espèce. Ainsi, tel homme ne peut produire l'espèce humaine; car dans ce cas il produirait l'homme, et, par conséquent, lui-même, ce qui répugne; mais en prenant les choses absolument, tel homme produit tel homme.
Or, tel individu est un homme, parce que la nature humaine est inhérente à cette matière déterminée, comme principe d'individuation. Cet homme donc ne produit l'homme qu'en ce sens, que par lui la forme humaine est appliquée à cette matière ; et c'est être le principe de la génération de tel homme. Évidemment donc, tel homme, ou tout autre agent univoque dans la nature, n'est que le principe de la génération de tel ou tel individu.
Or, il faut nécessairement que l'espèce humaine elle-même vienne d'une cause active qui la produise essentiellement; ce que démontrent sa composition et la disposition de ses parties, qui demeure la même dans tous les individus, à moins d'un obstacle accidentel, et ceci s'applique également à toutes les autres espèces qui sont dans la nature. Cette cause est Dieu, qui agit médiatement ou immédiatement; car il est la cause première de tous les êtres [liv. II,ch. 6].
Dieu doit donc avoir, par rapport à la conservation des espèces, le même rôle que le principe générateur dans la nature relativement à la génération dont il est la cause essentielle. Or, la génération cesse lorsque cesse l'opération génératrice. Donc toutes les espèces des êtres disparaîtraient, si l'opération divine était interrompue. Donc Dieu conserve par son opération l'existence aux créatures.
4° Quoique le mouvement survienne dans un être existant déjà…
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De la Providence divine.LXVDieu conserve l’existence aux créatures.SUITE
4° Quoique le mouvement survienne dans un être existant déjà, ce mouvement est en dehors de son être. Or, nul corps ne produit qu'autant qu'il est mû, parce que nul corps n'agit que par un mouvement, comme le prouve Aristote au premier livre de sa Physique. Nul corps donc n'est cause de l'être d'une chose en tant qu'il est l'être, mais il est cause de ce qui constitue le mouvement vers l'être, c'est-à-dire de la formation de la chose.
Or, l'être de tout ce qui existe est un être communiqué, puisque rien, excepté Dieu, n'est son être propre [liv. I, ch.22]. D'où il suit que Dieu, qui est à lui-même son être, est la cause première et essentielle de tout l'être. Donc l'opération divine est, relativement à l'être des choses, ce qu'est l'impulsion du corps moteur pour la formation et le mouvement des choses, tandis qu'elles sont formées et mues. Or, la formation ou le mouvement d'une chose ne peut se continuer si l'impulsion du moteur vient à cesser. Donc l'être de tout ce qui existe ne peut se conserver que par une opération divine.
5° Comme l'œuvre de l'art présuppose l'œuvre de la nature, ainsi l'œuvre de la nature présuppose l'œuvre de Dieu créateur; car la matière des œuvres de l'art vient de la nature, et la matière des œuvres de la nature vient de Dieu par la création. Or, les œuvres de l'art conservent leur existence par la vertu des œuvres de la nature : ainsi, une maison reste debout par la solidité des pierres. Donc toutes les œuvres de la nature ne continuent d'exister que par la puissance de Dieu.
6° L'impression de l'agent ne persévère dans l'effet, l'action de l'agent cessant, qu'autant qu'elle se…
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De la Providence divine.LXVDieu conserve l’existence aux créatures.SUITE
6° L'impression de l'agent ne persévère dans l'effet, l'action de l'agent cessant, qu'autant qu'elle se change en la nature de cet effet : ainsi, les formes des êtres engendrés et leurs propriétés leur restent après la génération, parce qu'elles leur sont naturelles; et pareillement les habitudes sont difficiles à changer, parce qu'elles se convertissent en la nature du sujet, au lieu que les dispositions et les passions, soit du corps, soit de l'âme, demeurent quelque temps après l'action de l'agent, mais ne se perpétuent pas, parce qu'elles ne sont |en quelque manière] que la préparation de la nature.
S'il s'agit, au contraire, de la nature qui appartient à un genre supérieur, l'impression ne dure pas plus longtemps que l'action de l'agent : par exemple, un corps diaphane ne retient pas la lumière lorsque le flambeau d'où elle émane a disparu. Or, l'être ne constitue la nature ou l'essence d'aucune créature, mais de Dieu seul [liv.I ch. 21 et 22]. Donc nul être ne peut continuer d'exister si l'opération divine vient à cesser.
7° Il existe sur l'origine des choses une double affirmation : l'une, de la foi, que Dieu a donné l'existence aux êtres qui en étaient privés; l'autre, de certains philosophes, que les êtres émanent de Dieu de toute éternité. Or, que l'on adopte la première ou la seconde, on est forcé d'admettre que Dieu conserve à tout l'existence.
En effet, si Dieu a produit toutes ces choses, qui auparavant n'étaient pas, leur être, aussi bien que leur non-être dépend nécessairement de la volonté de Dieu; car, tant qu'il l'a voulu, il a permis qu'elles n'existassent pas, et quand il l'a voulu, il les a fait exister. Donc elles sont aussi longtemps que Dieu veut qu'elles soient. Donc sa volonté conserve leur être.
Si, au contraire, les créatures émanent de Dieu de toute éternité, on ne peut assigner l'époque ou l'instant où elles ont commencé à émaner de Dieu. Donc, ou bien Dieu ne les a jamais produites, ou bien leur être procède de Dieu perpétuellement et autant qu'elles durent. Donc Dieu conserve par son opération l'existence aux créatures.
De là cette parole de l'Écriture : …
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Chap. LXVI. L'agent ne donne l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine.De la Providence divine.LXVDieu conserve l’existence aux créatures.SUITE
De là cette parole de l'Écriture : Il soutient tout par la puissance de son Verbe (1) [Hébr., I, 3].
Saint Augustin dit aussi :« La cause qui fait subsister toute créature, c'est la puissance du Créateur, c'est la force de Celui qui peut tout et tient tout dans sa main. Si cette force cessait un instant de régir la création, aussitôt les espèces disparaîtraient et la nature entière serait anéantie. Lorsque l'architecte a construit son édifice, il se retire, et son œuvre n'en demeure pas moins, quoique son action cesse et malgré son absence ; mais il n'en est pas ainsi du monde : il ne pourrait durer, même pendant un clin d'œil, si Dieu lui retirait sa direction providentielle [super Genesim ad litteram, liv. IV, ch. 12]. »
Ces principes renversent le sentiment de certains philosophes musulmans. Afin d'établir que l'action conservatrice de Dieu est nécessaire au monde, ils prétendirent que toutes les formes sont des accidents, et que nul accident ne peut durer deux instants de suite; en sorte que les êtres sont perpétuellement dans le travail de la formation, comme si l'être ne réclamait l'action de sa cause que lorsqu'il est en formation.
Partant de là, plusieurs d'entre eux affirmèrent, dit-on, que l'existence des atomes, qui, selon eux, composent toutes les substances et ont seuls de la consistance, pourrait se prolonger pendant quelques moments, lors même que Dieu abandonnerait le gouvernement des êtres.
Quelques-uns vont jusqu'à dire que rien ne cesserait d'exister si Dieu ne produisait pas l'accident de la séparation des atomes. Toutes choses évidemment absurdes.
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(1] Dieu a tout créé par la puissance de son Verbe, qui est sa parole substantielle : In principio erat Verbum..... Omnia per ipsum facta surit et sine ipso facium est nihil [Joann., I, 1 et 3] ; c'est par la même puissance qu'il doit tout conserver, puisque la conservation d'une créature n'est que sa création continuée.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Livre III
20 juin 2024
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De la Providence divine.LXVIL'agent ne donne l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine.
Il ressort manifestement du principe précédemment posé que les agents inférieurs ne donnent l'existence qu'autant qu'ils participent à la puissance divine. En effet :
1º L'agent ne peut produire que parce que lui-même existe actuellement. Or, c'est Dieu qui, par sa Providence, conserve l'être aux créatures [ch. 65]. C'est donc par la puissance divine que l'agent a le pouvoir de produire.
2º Lorsque plusieurs agents subalternes dépendent d'un agent supérieur, nécessairement le résultat commun de leurs opérations doit être rapporté à leur union avec l'agent principal qui leur communique l'action et la puissance. En effet, plusieurs agents distincts n'atteignent à un but unique qu'autant qu'ils ont l'unité d'action: ainsi, tous les soldats d'une armée ont pour but la victoire ; mais ils ne l'atteignent que par leur union sous la direction du général, à qui elle appartient en propre. Or, Dieu est le premier de tous les agents [liv. I, ch.43]. Donc, puisque le résultat commun des opérations des agents est de produire, car tout agent, par son action, produit actuellement, ils doivent atteindre à ce résultat par leur union, sous la direction de l'agent suprême, et ils agissent par sa puissance.
3° Quand plusieurs causes actives sont coordonnées...
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De la Providence divine.LXVIL'agent ne donne l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine.SUITE
3° Quand plusieurs causes actives sont coordonnées, le résultat produit en dernier lieu et voulu principalement appartient en propre au premier agent. Ainsi, on doit rapporter à l'architecte et la réalisation du plan d'un édifice, et les préparatifs des éléments nécessaires, tels que le ciment, les pierres et le bois, faits par les employés inférieurs placés sous ses ordres. Or, tout agent tend principalement à la réalisation d'un être actuel, et ce résultat est produit le dernier; car, ce but atteint, l'agent se repose et l'œuvre n'est plus soumise au travail. C'est donc à l'agent premier, à Dieu, qu'il appartient vraiment de produire, et nul agent ne communique l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine.
4° Parmi les opérations de l'agent inférieur, celle-là atteint le plus haut degré de bonté et de perfection, qu'il réalise avec le secours de l'agent supérieur, parce que la puissance de cet agent supérieur vient compléter celle de l'agent inférieur. Or, l'être constitue le plus haut point de la perfection pour un agent; car toute substance ou forme est parfaite par là même qu'elle est en acte, et il y a le même rapport entre elle et l'être en acte qu'entre la puissance [passive] et l'acte même. Donc l'être est le résultat de l'action que les agents secondaires exercent, parce qu'ils participent à la puissance de l'agent premier.
5° L'ordre des effets correspond à l'ordre des causes…
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Chap. LXVII. Dieu est la cause des opérations de tout agent.De la Providence divine.LXVIL'agent ne donne l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine.SUITE
5° L'ordre des effets correspond à l'ordre des causes. Or, l'être est le premier de tous les effets, et tous les autres n'en sont que des modifications. La production de l'être appartient donc en propre au premier agent; les autres agents n'ont le pouvoir de produire que parce qu'ils participent à sa puissance, et les agents secondaires, qui, pour ainsi dire, particularisent et déterminent l'action du premier agent, sont la cause propre des autres perfections qui fixent les conditions de l'existence.
6° L'être qui possède une propriété en vertu de son essence doit être regardé comme la cause propre de celui qui possède cette même propriété par participation : ainsi, le feu est le principe de la chaleur qui se trouve dans les objets ignés. Or, Dieu seul est un être en vertu de son essence, et tous les autres êtres sont tels par participation ; car pour Dieu seul l'essence est l'être. Donc l'être de tout ce qui existe est l'effet propre de Dieu ; en sorte que toute cause qui produit ne le fait que parce qu'elle participe à la puissance divine.
De là ce mot de l'Écriture : Dieu a créé pour que toutes choses soient [Sag. I, 14] ; et dans plusieurs autres endroits elle nous rappelle encore que Dieu a tout fait. — On lit aussi, au livre Des Causes, que l'intelligence ne peut produire que si elle est divine ou bien si elle participe à la puissance divine.
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De la Providence divine.LXVIIDieu est la cause des opérations de tout agent.
Il est clair, par ces raisons, que Dieu est la cause des opérations de tous les agents. En effet :
1° Tout agent est en quelque manière la cause de l'existence, parce qu'il produit l'être essentiel ou bien l'être accidentel. Or, comme il a été démontré [ch. 66], l'agent ne donne l'existence que parce qu'il participe à la puissance divine. Donc tout agent opère par la puissance divine.
2° Toute opération résultant d'une puissance se rapporte, comme à sa cause, au principe de cette puissance : par exemple, la nature du mouvement des corps pesants et légers est en raison de leur forme, en tant qu'ils sont pesants et légers, et conséquemment nous considérons comme la cause de ce mouvement le principe générateur qui détermine leur forme. Or, la puissance de tout agent vient de Dieu, comme de la source de toute perfection. Donc, puisque toute opération résulte d'une puissance, la cause générale des opérations ne peut être que Dieu.
3° Il est manifeste que tout phénomène qui cesse nécessairement lorsque s'arrête l'action de l'agent doit être attribué à cet agent. Ainsi, les couleurs disparaissant aussitôt que l'action du soleil qui illumine l'atmosphère ne se fait plus sentir, il est indubitable que le soleil est la cause du phénomène des couleurs ; et il en est de même du mouvement forcé qui s'épuise avec l'impulsion violente de la cause. Or, de même que Dieu n'a pas produit les êtres seulement au premier instant de leur existence, mais qu'il les produit constamment, tant qu'ils continuent d'exister, en leur conservant l'existence [ch. 65], de même ce n'est pas seulement à leur formation que Dieu communique aux êtres la puissance d'action, mais il la renouvelle continuellement en eux, et si cette influence divine vient à s'arrêter, toute opération cesse à l'instant. C'est donc à Dieu, comme à leur cause, que se rapportent toutes les opérations.
4° Toutes les fois qu'une cause porte une puissance active à agir, c'est à elle que l'on renvoie…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXVIIDieu est la cause des opérations de tout agent.SUITE
4° Toutes les fois qu'une cause porte une puissance active à agir, c'est à elle que l'on renvoie l'action : ainsi, on attribue à l'ouvrier, parce qu'il l'a déterminée, l'opération d'un agent naturel, comme on rapporte au cuisinier la cuisson des aliments, qui se fait par le feu. Or, c'est Dieu qui détermine premièrement et principalement les opérations des puissances actives; car elles réalisent leurs opérations propres au moyen d'un mouvement du corps ou de l'âme ; et Dieu est le premier principe de ce double mouvement, en sa qualité de premier moteur absolument immobile [liv.I, ch. 13], de même que tout mouvement de la volonté, d'où résulte l'opération d'une puissance, revient à Dieu, comme à l'objet principal de tout amour et au premier des êtres doués de volonté. Toute opération se rapporte donc à Dieu, comme au premier et au principal agent.
5° Quand plusieurs causes actives sont coordonnées, les causes secondaires agissent nécessairement d'après la cause supérieure. C'est ce que nous voyons dans l'ordre naturel, où les corps inférieurs agissent par la vertu des corps célestes, et aussi dans les choses qui dépendent de la volonté; car tous les ouvriers subalternes travaillent sous la direction de l'architecte. Or, Dieu est au premier rang dans la série des causes actives [liv. I,ch. 13]. Toutes les causes secondaires agissent donc en vertu de son influence. Or, l'être qui donne la puissance d'agir est plutôt la cause de l'action que celui qui la réalise; car l'action appartient plus à l'agent principal qu'à l'instrument. C'est donc à Dieu comme à la cause principale, bien plus qu'aux agents secondaires, qu'il faut rapporter toute action.
6º Tout agent, par son opération, se dispose pour une fin dernière…
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De la Providence divine.LXVIIDieu est la cause des opérations de tout agent.SUITE
6º Tout agent, par son opération, se dispose pour une fin dernière. Or, cette fin dernière est nécessairement, ou l'opération elle-même, ou le résultat de l'opération. C'est à Dieu à mettre les êtres en rapport avec leur fin [ch. 64]. Il faut donc conclure que tout agent opère en vertu de la puissance divine. Donc Dieu est cause de l'action de tous les êtres.
Les livres saints consacrent cette doctrine dans ces passages : Seigneur, vous avez accompli en nous toutes nos œuvres [ls., XXVI, 12]. Sans moi vous ne pouvez rien faire [Joann.,XV, 5]. C'est Dieu qui, selon son bon plaisir, nous donne de vouloir et d'accomplir ce que nous voulons [Philippe II, 13]. C'est par la même raison que l'Écriture attribue fréquemment à une action divine des effets naturels, parce que c'est Dieu qui agit dans tout agent naturel ou volontaire, selon ces autres paroles : Ne m'avez-vous pas formé comme le lait qui se caille et se durcit ensuite [Job, X, 10 et 11]. Le Seigneur a tonné du haut du ciel, et le Très-Haut a fait entendre sa voix ; il a lancé la grêle et des charbons de feu [Ps. XVII, 14].
Chap. LXVIII. Dieu est partout et dans tous les êtres.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXVIIIDieu est partout et dans tous les êtres.
De ce que nous venons de dire il résulte que Dieu est nécessairement partout et dans tous les êtres. En effet :
1º Le Philosophe prouve que le moteur et le mobile doivent être ensemble (1). Or, c'est Dieu qui porte tous les agents à réaliser leurs opérations [ch. 67]. Donc il est dans tous les êtres.
2° Tout ce qui est dans un lieu ou dans une chose quelconque est on quelque manière en contact avec cette chose. La substance matérielle, en effet, est dans une chose comme dans un lieu à raison du contact de l'étendue, et la substance spirituelle y est présente par [l]e contact de la puissance, puisqu'elle n'a pas d'étendue. Il y a donc entre la substance spirituelle et son mode de présence par la puissance le même rapport qu'entre la substance matérielle et son mode de présence par l'étendue. Or, siun corps avait une étendue infinie, il serait nécessairement partout. Donc, si une substance spirituelle possède une puissance infinie, elle doit être partout. Or, la puissance divine est infinie [liv. I, ch.43]. Donc Dieu est partout.
3º On doit trouver entre la cause générale et l'effet général le même rapport qu'entre la cause particulière et l'effet particulier. Or, la cause particulière est nécessairement conjointe à son effet propre et particulier : le feu, par exemple, échauffe en vertu de son essence, et l'âme, aussi par son essence, donne la vie au corps. Dieu donc étant la cause universelle de l'être tout entier [liv. II, ch.6] , partout où se trouve l'être, il est nécessairement présent.
4° Tout agent qui n'est directement présent qu'à l'un de ses effets ne peut étendre son action à…
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(1). Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — Aristote prouve in extenso cette proposition dans le reste du chapitre.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXVIIIDieu est partout et dans tous les êtres.SUITE
4° Tout agent qui n'est directement présent qu'à l'un de ses effets ne peut étendre son action à plusieurs objets que par le moyen de cet effet, parce que l'agent doit être uni au sujet de l'action : c'est ainsi que la force motrice [ou vitale] ne meut les autres membres que par l'intermédiaire du cœur. Si donc Dieu n'était présent qu'à l'un de ses effets, comme au premier mobile qui reçoit immédiatement de lui le mouvement, il en résulterait que son action ne pourrait se communiquer aux autres créatures que par l'intermédiaire de cet agent. Or, il y a en cela un inconvénient; car si l'action d'un agent ne peut atteindre plusieurs objets que par l'intermédiaire d'un premier moteur, celui-ci doit être en proportion adéquate de puissance avec le premier agent, qui, sans cela, ne pourrait déployer toute son activité : aussi voyons-nous que le cœur suffit à effectuer tous les mouvements que la force motrice [ou vitale] peut produire.
Mais aucun agent créé n'est capable de réaliser tous les effets que la puissance divine peut produire, puisque, comme il a été prouvé [liv. I, ch.43], cette puissance est infiniment au-dessus de toute créature. Il répugne donc d'admettre que l'action divine ne s'étende aux autres effets que par l'intermédiaire du premier. Donc Dieu n'est pas présent seulement à l'un de ses effets, mais à tous généralement; et les mêmes raisons reviennent si l'on dit que Dieu est présent à certains êtres et non à tous; car, sous quelque rapport que l'on envisage les effets divins, jamais ils n'auront une puissance d'exécution correspondante à la puissance de Dieu.
5° La cause active doit nécessairement coexister avec son effet prochain et immédiat. Or, il y a dans tous les êtres un effet prochain et immédiat de Dieu; car Dieu seul peut créer [liv. II ch. 21]. Dans tout être se trouve aussi quelque chose qui résulte de la création: dans les corps, c'est la matière première; dans les êtres spirituels, c'est une essence simple, comme nous l'avons prouvé [liv. II ch. 49 à 55]. Il faut donc que Dieu soit simultanément présent dans tous les êtres, pour cette raison surtout, qu'il conserve toujours et à tous les instants l'existence aux créatures qu'il a fait passer du néant à l'être [ch. 65].
L'Écriture exprime ainsi cette vérité : Je remplis le ciel et la terre [Jérém., XXIII, 24]. Si je monte au ciel, vous y êtes; si je descends dans l'enfer, je vous y trouve [Ps. CXXXVIII, 8].
Ces principes réfutent l'erreur de certains philosophes qui disent que Dieu habite dans une partie…
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Chap. LXIX. Dieu est partout et dans tous les êtres.De la Providence divine.LXVIIIDieu est partout et dans tous les êtres.SUITE
Ces principes réfutent l'erreur de certains philosophes qui disent que Dieu habite dans une partie déterminée du monde : par exemple, dans le suprême empyrée, du côté de l'orient, d'où part le mouvement imprimé aux corps célestes.
On pourrait cependant soutenir cette doctrine, en la prenant dans un bon sens, c'est-à-dire en admettant que Dieu n'est pas renfermé dans telle partie de l'univers, mais que, dans l'ordre de la nature et sous l'action de Dieu, le principe de tous les mouvements que reçoivent les corps est à un point donné.
La Sainte-Écriture n'entend pas autrement cette résidence spéciale de Dieu dans le ciel, lorsqu'elle dit : Le ciel est mon trône [Isaïe, LXVI, 1]. Le ciel du ciel est au Seigneur [Ps. CXIII, 16]. Mais dès qu'en dehors des lois naturelles Dieu manifeste jusque dans les corps inférieurs une action qu'on ne peut pas attribuer à la puissance d'un corps céleste, évidemment il est immédiatement présent, non-seulement dans le ciel, mais encore dans les êtres les plus vils.
Toutefois, il ne faut pas croire que Dieu soit partout présent de telle sorte que sa substance se trouve divisée suivant les lieux, comme si une partie était ici et une autre ailleurs; mais il est tout entier partout; car, en vertu de sa simplicité absolue, il n'a point de parties.
Sa simplicité n'est pas non plus la même que celle du point mathématique, qui est le tenue de l'étendue, et qui, par conséquent, a sa place déterminée dans l'étendue; aussi le point ne peut-il occuper qu'un espace indivisible. Or, Dieu est indivisible et absolument étranger a l'étendue. C'est pourquoi il n'est pas restreint par la nécessité de son essence à un lieu grand ou petit, comme s'il devait être nécessairement en quelque lieu, puisqu'il a existé dès l'éternité et avant tout lieu; mais par sa puissance sans limites, et en sa qualité de cause universelle de l'existence [liv.II, ch.6], il est en contact avec tous les êtres qui remplissent un lieu. Dieu est donc tout entier partout où il est, parce que sa puissance, qui est simple, s'étend à tout.
On ne doit pas s'imaginer pour cela qu'il est dans les êtres comme mélangé avec eux; car nous avons prouvé qu'il n'est ni la matière ni la forme d'aucune chose [liv. I ch. 26 et 27]; mais il est présent dans ses œuvres de la même manière que la cause est présente à son effet.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXIXDe l'opinion de ceux qui privent les êtres de la nature de leurs propres actions.
Les raisons que nous venons d'apporter ont fait tomber dans l'erreur quelques écrivains qui ont cru qu'aucune créature n'agit d'une manière quelconque dans la production des effets naturels, en sorte que, par exemple, le feu n'échauffe pas, mais c'est Dieu qui produit la chaleur, lorsque le feu est présent; et ils prétendent qu'il en est de même pour tous les autres effets naturels.
Ils ont essayé d'appuyer cette fausse opinion sur ce raisonnement, que nulle forme, soit substantielle, soit accidentelle, ne peut arriver à l'être que par voie de création; car les formes et les accidents ne sauraient être tirés de la matière, puisque la matière n'en fait pas partie; d'où il résulte que, s'ils sont produits, ils sortent du néant, c'est-à-dire qu'ils sont créés; et, comme l'action créatrice appartient exclusivement à Dieu [liv. II ch. 21], il paraît suivre de là que Dieu seul produit dans la nature les formes substantielles aussi bien que les formes accidentelles.
Certains philosophes ont émis une opinion qui revient en partie à la précédente. Ils raisonnent ainsi :
Puisque tout ce qui n'existe pas par soi-même dérive d'un être qui a une existence propre, il semble que les formes des choses qui n'existent pas par elles-mêmes, mais dans la matière, procèdent d'autres formes qui existent par elles-mêmes et sans matière; de telle sorte que les formes qui existent dans la matière ne sont qu'une participation de celles qui existent indépendamment de la matière.
Aussi, selon Platon, certaines formes séparées [ou purement spirituelles] sont les espèces [ou types] des choses sensibles, et la cause de leur existence, en tant que ces dernières communiquent avec elles (1).
Avicenne prétend, de son côté, que toutes les formes substantielles émanent d'une intelligence active, et que les formes accidentelles, au contraire, sont des dispositions de la matière résultant de l'action des agents subalternes qui la préparent ; et de cette manière il évitait la contradiction que présente la première opinion. Il paraissait avoir pour [ui] cette raison, qu'il n'y a pas, dans les corps, d'autre puissance active qu'une forme accidentelle; et l'on considère comme telles les qualités actives et passives qui nous semblent incapables de produire des formes substantielles. Parmi les substances inférieures, il y en a qui ne procèdent pas de leurs semblables : tels sont les animaux qui naissent de la putréfaction; ce qui prouve que leurs formes émanent de principes supérieurs, et la même raison s'applique aux autres formes, dont plusieurs sont beaucoup plus nobles.
D'autres trouvent un argument en faveur de cette thèse dans…
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(1). Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — Aristote prouve in extenso cette proposition dans le reste du chapitre.
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D'autres trouvent un argument en faveur de cette thèse dans le peu d'activité des corps de la nature. Toute forme corporelle, en effet, est inhérente à la quantité. Or, la quantité fait obstacle à l'action et au mouvement; et nous en avons une preuve en ce que plus on ajoute à la quantité d'un corps, plus son poids augmente, et son mouvement se ralentit en proportion. De là ils concluent que nul corps n'est actif, mais seulement passif.
Ils donnent encore cette preuve: Tout être passif est le sujet de l'agent, et, si l'on excepte le premier agent, qui produit selon la rigueur du terme, tout agent a besoin d'un sujet placé au-dessous de lui (2). Or, il n'y a plus de substances au-dessous des corps. On peut donc en conclure que nul corps n'est actif. La substance des corps, ajoutent-ils, est la plus éloignée du premier agent. Il s'ensuit donc que la puissance d'agir n'arrive pas jusqu'à elle ; mais, de même que Dieu n'est qu'actif, ainsi les corps, par cela seul qu'ils sont au dernier degré dans l'échelle des êtres, ne sont que passifs.
De toutes ces raisons, Avicebron conclut qu'il n'y a pas de corps actif, mais que la puissance de la substance spirituelle, en passant par les corps, réalise ces actions qui semblent appartenir à ces derniers.
Quelques philosophes de la religion musulmane apportent, dit-on, cette autre raison, que les accidents ne proviennent point de l'action des corps, parce que l'accident ne passe pas d'un sujet dans un autre. Ils tirent de là cette conséquence, que la chaleur ne passe pas du corps chaud dans un corps qu'il échauffe ; mais ils prétendent que Dieu produit par voie de création tous les accidents de ce genre.
Les opinions que nous venons d'exposer présentent une foule d'inconvénients. En effet :…
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(2) Dieu ne produit pas de la même manière que les causes secondes. Les effets de ces dernières ne sont que des modifications ou formes accidentelles, et, par conséquent, leur action ne peut s'exercer que sur une matière préexistante qui leur serve de sujet, puisque rien ne peut être modifié que ce qui est déjà quelque chose. Dieu seul a la puissance de produire les substances. Nulle substance n'est produite qu'autant qu'elle est tirée du néant ou créée, puisque, si elle était simplement composée d'éléments antérieurs, cette production ne serait qu'une modification ou combinaison nouvelle de ces éléments. Le premier agent, qui est Dieu, n'a donc besoin d'aucun sujet lorsqu'il veut déployer son activité dans la réalisation d'un fait extérieur ou d'un être distinct de lui. Ce principe est vrai, mais la conséquence qu'on on tire n'y est pas renfermée.
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Les opinions que nous venons d'exposer présentent une foule d'inconvénients. En effet :
1° S'il est vrai qu'il n'y a pas de cause inférieure, et surtout de cause corporelle, capable d'une opération quelconque, mais que Dieu seul opère dans tous les êtres, comme Dieu ne change pas en agissant sur des êtres divers, il n'y aura pas dans les effets une variété correspondante à la diversité des sujets dans lesquels se réalisera l'opération. Or, les sens seuls nous démontrent la fausseté de cette conséquence; car l'application d'un corps chaud ne produit, pas le refroidissement, mais il ne peut qu'échauffer; de même le sperme humain ne sert qu'à la génération de l'homme. Donc on ne doit pas attribuer si absolument à la puissance divine la causalité des effets inférieurs que les agents subalternes en soient totalement privés.
2° C'est contredire la notion de la sagesse que de supposer quelque chose d'inutile dans les œuvres du sage. Or, si nous admettons que les créatures ne concourent en aucune manière par leur opération à produire certains effets, mais que Dieu seul fait tout immédiatement, c'est en vain qu'il emploie d'autres êtres pour réaliser quelque chose. Donc une telle opinion détruit la sagesse divine.
3° Dès lors qu'un être met…
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Livre III
2 juillet 2024
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de la nature de leurs propres actions.SUITE
3° Dès lors qu'un être met dans un autre quelque attribut principal, il lui communique également tout ce qui ressort de cet attribut: ainsi, la cause qui rend pesant un corps élémentaire lui donne la faculté de se mouvoir de haut en bas. Or, si l'on fait actuellement une chose, cela suppose que l'on a une existence actuelle, comme nous le voyons en Dieu, qui est un acte pur et la cause première de l'existence de tous les êtres [liv. I, ch.13 ; liv. II, ch.15]. Si donc il a fait participer les créatures à sa ressemblance sous le rapport de l'être, en tant qu'il leur a donné l'existence, nous en concluons qu'il leur a également communiqué sa ressemblance sous le rapport de l'action, en sorte que les créatures ont aussi leurs opérations propres.
4° La perfection de l'effet nous fait juger de la perfection de la cause ; car plus la puissance est grande et plus est parfait l'effet qu'elle produit. Or, Dieu est le plus parfait des agents. Donc ses créatures tirent nécessairement de lui leur perfection. Donc retrancher de la perfection des créatures c'est diminuer la perfection de la puissance divine. Or, on retranche beaucoup de la perfection des créatures, si l'on prétend que nulle d'entre elles n'est capable d'agir pour produire quelque effet; car toute perfection demande, pour être complète, que celui qui la possède puisse la communiquer à un autre. Donc cette opinion diminue la puissance divine.
5° De même que le propre du bien est de faire quelque chose de bon, ainsi…
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5° De même que le propre du bien est de faire quelque chose de bon, ainsi le propre du souverain bien est de faire quelque chose de très bon. Or, le souverain bien c'est Dieu [liv. I, ch.41]. Donc il lui appartient de faire toutes choses très bonnes. Or, le bien que reçoit un être est préférable, s'il est commun à beaucoup d'autres, que s'il le possède en propre; car le bien commun est dans tous les cas supérieur au bien de l'individu. Le bien de l'individu se communique à plusieurs, s'il passe de cet individu chez d'autres ; ce qui ne peut se faire qu'autant qu'il le répand hors de lui par son action propre, et, s'il n'a pas le pouvoir de le répandre ainsi, ce bien reste sa propriété. Donc Dieu a communiqué sa bonté aux créatures, de telle sorte que chacune peut transmettre à d'autres ce qu'elle a reçu. Donc refuser aux créatures des actions qui leur sont propres, c'est déroger à la divine bonté.
6° En refusant d'admettre que les créatures sont coordonnées entre elles, on leur retire leur plus grand bien, puisque chacune d'elles est bonne prise séparément, et toutes ensemble sont très bonnes à raison de l'ordre universel; car le tout l'emporte toujours sur les parties, dont il est la fin. Or, si les créatures n'agissent pas, elles ne sont point coordonnées; car le rapport qui s'établit entre des choses de natures diverses, lorsque les unes agissent et les autres souffrent l'action, constitue le seul lien qui les ramène à l'unité de l'ordre. Il répugne donc que les créatures n'aient aucune action qui leur soit propre.
7° Dans le cas où aucun effet ne résulterait de l'action des créatures, mais seulement de l'action de Dieu, nulle cause créée ne pourrait manifester sa puissance par des effets; car l'effet ne fait paraître la puissance de la cause qu'à raison de l'action qui procède de la puissance et se termine à l'effet. Or, nous ne connaissons par l'effet la nature de la cause qu'autant qu'il nous révèle quelle est sa puissance, et c'est la nature qui détermine cette dernière. Si donc les créatures sont dépourvues d'activité pour produire des effets, il s'ensuit que jamais nous ne pourrons connaître au moyen d'un effet, la nature d'un être crée, et, par conséquent, nous restons privés de toutes les notions des sciences naturelles, dont les démonstrations se tirent principalement des effets.
8° La méthode d'induction nous prouve que ce principe…
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8° La méthode d'induction nous prouve que ce principe : Le semblable produit son semblable, ne souffre pas d'exception. Or, la substance produite par voie de génération dans un ordre inférieur [c'est-à-dire dans le genre des corps] n'est pas seulement une forme, mais elle se compose d'une matière et d'une forme; car toute génération suppose un élément, savoir la matière, et elle a un terme, qui est la forme. Donc le principe générateur ne sera pas non plus seulement une forme, mais le composé d'une matière et d'une forme. Donc il ne faut considérer comme causes des formes inhérentes à la matière, ni les espèces [ou types] des substances séparées [ou spirituelles], comme le veulent les Platoniciens, ni une intelligence active, ainsi qu'Avicenne le prétend, mais bien plutôt ce composé d'une matière et d'une forme.
9º Si pour agir il faut être d'abord en acte, il répugne que l'acte le plus parfait soit privé d'action. Or, la forme substantielle est un acte plus parfait que la forme accidentelle. Si donc les formes accidentelles inhérentes aux substances corporelles ont des actions qui leur sont propres, il en sera de même, à plus forte raison, de la forme substantielle. Or, l'action de cette dernière forme ne consiste pas à mettre la matière dans la disposition convenable, parce que cette disposition résulte d'un changement et que les formes accidentelles suffisent à le réaliser. Donc la forme de l'être générateur est le principe de l'action qui fait que la forme substantielle passe dans le sujet engendré.
Il est facile de répondre aux arguments de nos adversaires…
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Il est facile de répondre aux arguments de nos adversaires.
1° Puisque rien n'est produit que pour exister, de même que la forme n'est pas un être en ce sens que l'existence lui est inhérente à elle-même, mais en ce que par elle le composé subsiste, ainsi, à proprement parler, la forme n'est pas produite, mais elle commence d'exister par là même que le composé passe de la puissance à l'acte, qui n'est autre que la forme.
2° Il n'est pas nécessaire que tout être qui revêt une forme par participation la tire immédiatement de celui qui est la forme essentielle; mais il suffit qu'elle découle immédiatement d'un autre qui a reçu la même forme de la même manière, c'est-à-dire par participation, et qui agit en vertu de la puissance de cette forme séparée, si elle a réellement ce caractère : ainsi, l'agent produit un effet qui lui ressemble.
3° De ce que toute action des corps inférieurs a lieu au moyen des qualités actives et passives, ou des accidents, il ne s'ensuit pas rigoureusement que leur action n'a d'autre résultat que l'accident. En effet, la forme substantielle, qui, conjointement avec la matière, est cause des propres accidents, produisant ces formes accidentelles, celles-ci agissent par la puissance de la forme substantielle. Or, lorsque l'action de l’agent repose sur une puissance étrangère, l'effet qu'il produit ne lui ressemble pas seulement à lui-même, mais encore, et bien plus, à l'être par la puissance duquel il agit: c'est ainsi que l'action de l'instrument fait passer la ressemblance de l'art dans l'œuvre de l'artiste. D'où il suit que les formes accidentelles devenant actives, elles produisent des formes substantielles, parce qu'elles agissent en qualité d'instruments, sous la puissance des formes substantielles.
4º La forme substantielle des animaux qui naissent de la…
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4º La forme substantielle des animaux qui naissent de la putréfaction a sa cause dans un agent corporel, savoir dans un corps céleste, qui est le premier auteur du changement [survenu dans la matière]. Tous les principes compris dans les substances inférieures, qui concourent à la réalisation de la forme, doivent donc agir en vertu de sa puissance, et c'est pour cela qu'une influence céleste peut produire seule et sans le secours d'un agent univoque (3) certaines formes imparfaites, au lieu que pour produire les formes plus parfaites, telles que les âmes des animaux parfaits, un agent univoque doit nécessairement agir conjointement avec l'agent céleste; car ces animaux ne sont engendrés que du sperme : ce qui fait dire à Aristote [Phys., II, ch. 3, in fine.] « qu'un homme et le soleil concourent à la génération de l'homme. »
5° La quantité ne met obstacle à l'action de la forme que par accident, c'est-à-dire en tant que toute quantité continue réside dans la matière ; mais la forme inhérente à la matière étant moins en acte, sa puissance d'action est plus restreinte. C'est pourquoi, ainsi que nous le voyons par le feu, l'activité d'un corps s'accroît en proportion de ce que la forme domine en lui sur la matière.
6° De quelque manière que s'exerce l'action dont est capable la forme inhérente à la matière…
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(3) L'agent univoque est celui qui porte la même dénomination que son effet, à raison de l'identité de nature.
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6° De quelque manière que s'exerce l'action dont est capable la forme inhérente à la matière, on voit que la quantité augmente sou énergie au lieu de la diminuer ; car, supposé que la chaleur d'un corps igné conserve la môme intensité, il échauffera davantage si sa masse est plus considérable; de même, si la pesanteur reste également proportionnée, à mesure que le poids d'un corps s'augmentera, son mouvement naturel [de haut en bas] deviendra plus rapide et, par là même, le mouvement [de bas en haut] qui contrarie sa nature se ralentira. Donc, puisque le mouvement qui contrarie la nature des corps pesants se ralentit en raison de leur masse, on ne peut pas dire que la quantité met obstacle à l'action ; mais elle ajoute plutôt à son énergie.
7° Quoique la substance corporelle occupe, à raison de son genre, le dernier degré dans l'échelle des êtres, on n'en doit pas conclure que tout corps est privé d'action; car, même en restant dans l'ordre des corps, on voit que l'un est supérieur à l'autre, que sa forme est plus parfaite et son activité plus grande: tel est le feu, comparé aux corps inférieurs ; et cependant la faculté d'agir s'étend jusqu'au plus vil d'entre eux.
Il est évident, en effet, qu'un corps ne saurait agir suivant tout ce qui le constitue, puisqu'il est composé d'une matière, qui est un être en puissance, et d'une forme, qui est l'acte; car tout agent agit selon qu'il est en acte; et, d'après ce principe, tout corps agit en vertu de sa forme, et l'autre corps qui souffre l'action devient un sujet relativement à cette forme et en raison de sa matière, en tant que sa matière est en puissance par rapport à la forme de l'agent.
Si, au contraire, la matière du corps qui devient actif est en puissance pour la forme du corps qui reçoit son action, ces deux corps seront actifs et passifs l'un par l'autre réciproquement, comme cela a lieu entre deux corps élémentaires.
S'il en est autrement, l'un des deux sera seulement passif relativement au premier ; et c'est là le rapport qui existe entre un corps céleste et un corps élémentaire. Donc l'action qu'exerce un corps sur son sujet n'appartient pas à tout ce qui constitue le corps, mais à la forme, qui est le principe de son activité.
8° Il est faux que les corps soient placés à la plus grande distance possible de Dieu. Dieu, en effet,
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Chap. LXX. Comment le même effet provient de Dieu et de l’agent naturel.De la Providence divine.LXIXDe l'opinion de ceux qui privent les êtres
de la nature de leurs propres actions.SUITE
8° Il est faux que les corps soient placés à la plus grande distance possible de Dieu. Dieu, en effet, étant un acte pur, un être est plus ou moins éloigné de lui suivant qu'il est plus ou moins en acte on en puissance. De tous les êtres, celui-là même est à une distance extrême de Dieu qui n'est qu'une simple puissance : telle est la matière première, qui, pour cette raison, est incapable d'agir et ne peut que souffrir une action étrangère. Quant aux corps, comme ils sont composés d'une matière et d'une forme, ils se rapprochent de la ressemblance divine par là même qu'ils sont revêtus de la forme, qu'Aristote appelle « quelque chose de divin (4).» Ainsi donc, en tant qu'ils ont une forme, ils agissent, et en tant qu'ils ont une matière, ils restent passifs.
9° Il est absurde de dire que les corps sont inertes parce que l'accident ne passe pas d'un sujet dans un autre. Nous ne prétendons pas qu'un corps chaud en échauffe un autre, en ce sens que cette chaleur, qui est numériquement une dans le corps qui échauffe, passe dans le corps échauffé; mais cela a lieu de telle sorte que, par la vertu de la chaleur inhérente au corps qui échauffe, une autre chaleur numériquement distincte, et qui était auparavant en puissance dans le corps échauffé, arrive à l'acte (5); car l'agent naturel ne transmet pas sa forme propre à un sujet autre que lui, mais il fait passer le sujet passif de la puissance à l'acte. Nous ne supprimons donc pas les actions qui appartiennent aux créatures en attribuant à Dieu, qui opère dans tous les êtres, tous les effets qu'elles produisent.
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(4) Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
(5) Cet exemple apporté par saint Thomas prouve qu'il comprenait la théorie de la chaleur comme on la comprend aujourd'hui. La chaleur, en effet, n'est que la vibration d'un fluide impondérable, qui porte le nom de calorique. Le calorique, de même que la lumière, l'électricité et le magnétisme (si toutefois ces quatre fluides sont réellement distincts), est à l'état latent dans tous les corps; ce qui revient à dire avec le saint Docteur que la chaleur y est en puissance. Lorsque l'une de ces causes multiples, que nous considérons comme des sources de chaleur, entre en action, elle produit, en imprimant au calorique un mouvement qui paraît consister dans une sorte de répulsion réciproque de ses parties, ce phénomène que nous appelons la chaleur; c'est-à dire que la chaleur passe de la puissance à l'acte. Les phénomènes électriques, lumineux et magnétiques s'expliquent de la même manière; et, si l'on y fait bien attention, on verra qu'il n'y a pas d'autre cause prochaine de la transformation de la matière ou de la production naturelle des corps.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXComment le même effet provient de Dieu et de l’agent naturel.
Plusieurs comprennent difficilement qu'on attribue un même effet à Dieu et à l'agent naturel.
Car, disent-ils :
1° Il paraît impossible que deux agents produisent la même action. Si donc l'action d'où résulte un effet naturel émane d'un corps de la nature, elle ne procède pas de Dieu.
2° Il est inutile de recourir à plusieurs agents quand un seul peut suffire; aussi voyons-nous que la nature n'emploie jamais deux instruments lorsqu'elle n'a besoin que d'un seul. Donc, si la puissance divine suffit pour produire les effets naturels, il est superflu de lui adjoindre encore, dans le même but, des puissances naturelles; ou bien, si telle puissance naturelle est capable de produire son effet propre, il n'est nullement nécessaire que la puissance divine y apporte sa coopération.
3° Si Dieu réalise entièrement un effet naturel, il ne reste plus rien à faire à l'agent naturel. Il est donc contradictoire d'affirmer que Dieu produit les mêmes effets que les agents naturels.
Ces raisonnements n'ont rien d'embarrassant, si l'on se rappelle la doctrine…
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