Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXXIX. Les mouvements de la volonté viennent de Dieu et non de la volonté seule.De la Providence divine.LXXXVIIILes substances séparées créées ne peuvent
être la cause directe de nos élections et de nos volitions.SUITE
5º La violence est opposée au mouvement naturel et au mouvement volontaire, puisqu'ils doivent l'un et l'autre procéder d'un principe intrinsèque. Or, l'agent extrinsèque ne meut naturellement le mobile qu'autant qu'il met en lui un principe intrinsèque de mouvement : ainsi, le générateur, en conférant au corps pesant qu'il produit la forme d'où résulte la pesanteur, lui imprime le mouvement naturel de haut en bas.
Mais aucun agent extrinsèque ne peut mouvoir sans violence un corps naturel, si ce n'est, peut-être, accidentellement : tel est l'agent qui éloigne l'obstacle et qui fait usage d'un mouvement ou d'une action qui est dans la nature, plutôt qu'il n'en est la cause.
Donc le seul agent qui a le pouvoir de déterminer sans violence un mouvement de la volonté est celui qui produit le principe intrinsèque de ce mouvement, c'est-à-dire la puissance même de la volonté. Or, cet agent est Dieu, qui seul crée l'âme [liv. II ch. 21 et 87]. Donc Dieu seul peut, comme agent, mouvoir la volonté sans violence.
L'Ecriture Sainte exprime ainsi cette vérité : Le cœur du roi est dans la main du Seigneur; il l'inclinera à tout ce qu'il voudra (PROV.,XXI, 1). C'est Dieu qui, selon son bon plaisir, opère en vous la volition et son accomplissement (Philipp., II,13).
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIXLes mouvements de la volonté viennent
de Dieu et non de la volonté seule.
Plusieurs, ne comprenant pas comment Dieu peut déterminer en nous les mouvements de la volonté sans léser sa liberté, ont essayé de fausser les sens des textes cités plus haut. Ils ont prétendu que Dieu produit en nous la volition et son accomplissement parce qu'il nous donne la faculté de vouloir, mais non en ce sens qu'il nous fait vouloir ceci ou cela.
Telle est l'interprétation qu'Origène donne de ces passages (1), en prenant la défense du libre arbitre. Elle paraît avoir donné naissance à cette opinion de quelques auteurs, que la Providence ne s'occupe pas des choses qui relèvent du libre arbitre, c'est-à-dire des élections, mais seulement des faits extérieurs. Ils s'appuient sur cette raison, que celui qui a fait choix d'une chose qu'il veut acquérir ou exécuter, comme de construire une maison ou de s'enrichir, ne peut pas toujours parvenir à son but ; et, par conséquent, la réalisation de nos actions ne dépend pas du libre arbitre, mais des dispositions arrêtées par la Providence.
Cette opinion est en opposition flagrante avec les témoignages suivants de la Sainte-Écriture :
1º Isaïe dit: Seigneur, vous avez fait en nous toutes nos œuvres (XXVI, 12) . Donc nous tenons de Dieu, non-seulement la faculté de vouloir, mais encore son opération.
2º Cette parole de Salomon: le Seigneur inclinera le cœur du roi à tout ce qu'il voudra (Prov., XXI, 1) prouve que la causalité divine ne s'étend pas à la seule puissance de la volonté, mais encore à son acte.
3° Dieu ne donne pas seulement aux êtres la puissance d'agir, mais aucun d'eux n'est capable d'agir par sa propre puissance, s'il n'agit pas par la puissance de Dieu [ch. 67 et 70].
Donc l'homme ne peut faire usage de la faculté de la volonté qui lui est donnée, qu'autant qu'il agit par la puissance de Dieu. Or, le principe en vertu duquel l'agent agit est la cause, non-seulement de la puissance d'action, mais encore de l'action: nous en avons la preuve dans l'exemple de l'artisan ; c'est par sa puissance qu'agit l'instrument, même celui auquel il n'a pas donné sa forme propre et qu'il ne fait qu'appliquer à l'acte. Donc Dieu est la cause, non-seulement de notre volonté, mais aussi de nos volitions.
4º Les esprits sont disposés dans un ordre plus parfait que celui des…
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Chap. XC. Les élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.De la Providence divine.LXXXIXLes mouvements de la volonté viennent
de Dieu et non de la volonté seule.SUITE
4º Les esprits sont disposés dans un ordre plus parfait que celui des corps. Or, tous les mouvements qui affectent les corps procèdent du premier mouvement. Donc, dans l'ordre spirituel, tout mouvement de la volonté doit procéder de la première volonté, qui est celle de Dieu.
5º Nous avons démontré [ch. 67 et 70] que Dieu est la cause de toutes les actions et qu'il opère dans tous les agents. Donc il est la cause des mouvements de la volonté.
6° Aristote raisonne ainsi :__________________________________________Aristote a écrit:La connaissance, la délibération, l'élection et la volition ont nécessairement une cause, puisque tout ce qui est nouveau doit avoir une cause; et, si l'on assigne pour cause une autre délibération et une autre volition qui ont procédé, comme il est impossible de remonter ainsi jusqu'à l'infini, on arrivera forcément à un premier principe. Il ne peut y avoir d'autre premier principe de ces opérations que l'être qui excelle sur toute raison. Or, Dieu seul excelle sur l'intelligence et la raison (2). Donc Dieu est le premier principe de nos délibérations et de nos volitions.
(2) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.
De tout ce qui précède, il ressort clairement que les volitions et les élections des hommes sont elles-mêmes subordonnées à la divine Providence. En effet :
1° Tout ce que Dieu fait, il le fait suivant l'ordre de sa Providence. Donc puisqu'il est lui-même la cause de notre élection et de notre volonté, nos élections et nos volitions sont subordonnées à la divine Providence.
2° Nous avons prouvé que les esprits régissent tous les corps [ch. 78]. Or, les esprits agissent sur les corps au moyen de la volonté. Si donc les élections et les mouvements de la volonté des substances intelligentes ne dépendent point de la Providence de Dieu, les corps eux-mêmes en sont indépendants; et, par conséquent, il n'y a absolument pas de Providence.
3° Les êtres compris dans l'univers doivent participer en proportion de leur excellence à l'ordre qui constitue le bien de cet univers. C'est pour cela qu'Aristote reproche aux anciens philosophes d'avoir attribué au hasard et à la fortune la constitution des corps célestes en les excluant des choses inférieures (1). Or, les substances intelligentes sont plus nobles que les substances corporelles. Si donc les corps, quant à leurs substances et à leurs actions, sont astreints à l'ordre établi par la Providence, à plus forte raison il en est de même des esprits.
4° Les êtres qui se rapprochent le plus de la fin sont soumis plus…
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De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.SUITE
4° Les êtres qui se rapprochent le plus de la fin sont soumis plus étroitement à l'ordre établi en vue de la fin, puisque, par leur intermédiaire, les autres êtres sont mis en rapport avec cette fin. Or, nous avons vu [ch. 50] que les actions des substances intelligentes touchent de plus près à Dieu, comme à leur fin, que les actions des autres substances. Donc les actions des esprits sont subordonnées à la Providence, par laquelle Dieu fait tout rapporter à lui-même, plus strictement que les actions des autres créatures.
5° Le gouvernement de la Providence a son principe dans l'amour dont Dieu aime ses créatures: car l'amour consiste principalement en ce que celui qui aime veut du bien à l'objet aimé. Donc plus Dieu aime un être, plus cet être dépend de sa Providence. — La Sainte-Écriture nous enseigne cette vérité en ces termes : Le Seigneur garde tous ceux qui l'aiment (Ps. CXLIV,20); et le Philosophe l'exprime aussi en disant que Dieu prend particulièrement soin, comme de ses amis, de ceux qui aiment l'intelligence (2). Il ressort de là qu'il aime surtout les substances intelligentes. Donc leurs volitions et les élections dépendent de sa Providence.
6° Les biens intérieurs de l'homme qui découlent de sa volition et…
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Chap. XCI. Comment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.SUITE
6° Les biens intérieurs de l'homme qui découlent de sa volition et de son élection lui appartiennent plus en propre que les biens extérieurs, tels que l'acquisition des richesses et les autres semblables ; aussi les premiers rendent l'homme bon, et non les seconds. Si donc la Providence de Dieu ne s'étend pas jusqu'aux élections de l'homme et aux mouvements do sa volonté, mais seulement aux faits extérieurs [qui en résultent], dans la réalité les choses humaines seront plutôt soustraites que soumises à la direction de la Providence; et l'Écriture prête à certains blasphémateurs ce langage : Dieu ne considère pas ce qui se passe parmi nous, il sa promène autour des pôles du ciel (Job, XXII. 14). Le Seigneur a délaissé la terre, le Seigneur ne voit point (Ezéch., IX, 9. Qui est celui qui a dit qu'une chose se fit, sans l'ordre du Seigneur (Jérem ., Thren., III, 37) ?
Quelques textes des Livres Saints paraissent favoriser cette opinion. Nous y lisons : Dès le commencement Dieu a fait l'homme et l'a abandonné au pouvoir de son conseil (Eccli., XV, 14). Il a mis devant vous l'eau et le feu, étendez la main vers ce que vous voudrez. La vie et la mort, le bien et le mal sont devant l'homme; il lui sera donné ce qu'il aura choisi (Ibid., XV. 17 et 18). Considérez que j'ai mis aujourd'hui en votre présence la vie et le bien, et, à l'opposé, la mort et le mal (Deuter., XXX 15).
Ces passages, cependant, tendent uniquement à prouver que l'homme jouit du libre arbitre, et non à soustraire ses élections au domaine de la divine Providence. De même cette proposition de saint Grégoire de Nysse, dans son traité sur l'homme (3) : « La Providence s'occupe des choses qui ne sont pas en nous, et non de celles qui sont en nous; » et cette autre de saint Jean Damascène, qui s'exprime ainsi d'après lui (De la foi orthodoxe, liv. II, ch. 30) : « Dieu a la prescience des choses qui sont en nous, mais il ne les prédétermine pas, » doivent s'interpréter en ce sens que Dieu ne détermine pas ce qui se passe en nous comme le rendant nécessaire.
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(3) Saint Thomas a probablement en vue le livre de saint Grégoire de Nysse, intitulé De hominis opificio, mais le texte qu'il cite se trouve au ch. 8 de son traité De Providentia.
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De la Providence divine.XCIComment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.
Ces vérités que nous venons de prouver peuvent nous faire comprendre comment les événements humains se rattachent aux causes supérieures et n'arrivent pas fortuitement. Dieu, en effet, dispose immédiatement les élections et la volition, et fait parvenir à l'homme, par l'intermédiaire des Anges, la connaissance dont il est capable et qui appartient à l'intelligence (1). Il dispense également, par l'intermédiaire des Anges et des astres, les biens, soit intérieurs, soit extérieurs, inhérents aux corps et qui tournent à l'avantage de l'homme.
Une seule raison générale explique cet ordre. C'est que tout ce qui est multiforme, muable et périssable doit se rattacher, comme à son principe, à un être uniforme, immuable et impérissable.
Or, tout ce qui est en nous est multiple, variable et périssable. En effet:
1° Il est évident qu'il y a multiplicité dans nos élections, puisque, dans des conditions diverses, divers individus choisissent diverses choses. Elles sont également muables, tant à cause de la légèreté de notre esprit qui n'est pas encore fixé dans sa fin dernière, qu'en raison des changements qui surviennent dans les êtres placés autour et en dehors de nous. Les péchés des hommes attestent de plus qu'elles sont défectibles. Or, la volonté de Dieu est uniforme; car, en voulant une seule chose (2), il veut toutes les autres choses, et nous avons prouvé ailleurs [liv. I ch. 23, 75 et 76] qu'elle est immuable et indéfectible. Donc les mouvements de toutes les volontés et toutes les élections doivent se rattacher à la volonté divine, et non à une autre cause, parce que Dieu seul est la cause de nos volitions et de nos élections.
2° De même, notre connaissance est multiple, puisque…
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(1} Il a été démontré au [chapitre 79] que les esprits supérieurs dirigent les esprits inférieurs. — (2) Qui est sa propre essence ou sa bonté. Voyez [liv. I ch.74 et 75]
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIComment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.SUITE
2° De même, notre connaissance est multiple, puisque nous condensons, pour ainsi dire, la vérité intelligible extraite d'une foule de choses sensibles. Elle est muable, puisque l'intelligence procède en passant d'un objet à un autre, et du connu arrive à l'inconnu. Les erreurs des hommes prouvent bien qu'elle est défectible à cause du mélange des sensations et des images. Or, la connaissance des Anges est uniforme, parce qu'ils puisent la notion de la vérité à la source unique de la vérité, qui est Dieu lui-même. Elle est immuable parce qu'ils n'aperçoivent pas la vérité sur chacun des êtres en passant des effets aux causes, ou réciproquement, mais par une simple intuition. Elle est [indéfectible], parce qu'ils voient par elles-mêmes les natures et les quiddités des êtres, et l'intelligence ne peut pas plus se tromper sur ces natures que les sens sur leurs objets propres ; au lieu que nous connaissons les quiddités des êtres par leurs accidents et leurs effets. Donc il est nécessaire que la connaissance des Anges règle notre connaissance intellectuelle.
3° Il est encore manifeste que dans le corps humain…
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