Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXComment le même effet provient de Dieu et de l’agent naturel.SUITE
Ces raisonnements n'ont rien d'embarrassant, si l'on se rappelle la doctrine que nous avons établie. En effet :
1º Dans tout agent naturel, il faut considérer deux choses, savoir le résultat de son action et la puissance par laquelle il agit: ainsi, le feu échauffe au moyen du calorique. Or, la puissance de l'agent inférieur dépend de la puissance de l'agent supérieur, en ce que l'agent supérieur donne à l'agent inférieur la puissance qui le fait agir, ou bien la lui conserve, ou encore la détermine à l'action. Prenons pour exemple l'ouvrier qui applique son instrument à l'effet qui lui est propre, bien que quelquefois il ne donne ni ne conserve à cet instrument la forme en vertu de laquelle il agit, mais qu'il lui imprime seulement le mouvement.
L'action de l'agent inférieur ne doit donc pas émaner uniquement de lui, comme résultant de sa puissance propre, mais aussi de la puissance de tous les agents supérieurs. C'est, en effet, sous leur commune influence qu'il agit, et de même que l'action découle immédiatement du dernier agent, ainsi la production de l'effet est attribuée immédiatement au premier; car la puissance du dernier agent étant insuffisante à produire par elle-même cet effet, elle n'en est capable que par la puissance de l'agent supérieur le plus prochain; ce dernier tire sa puissance de celui qui le précède, et, en remontant ainsi, on voit que la puissance de l'agent suprême produit par elle-même l'effet, en sa qualité de cause immédiate : c'est ce que nous font bien voir les principes des démonstrations, dont le premier est en rapport immédiat avec la conclusion.
Ainsi donc, comme il ne répugne point qu'une seule action procède d'un agent et de sa puissance, ainsi peut-on dire que l'agent inférieur et Dieu concourent à produire le même effet immédiatement, quoique diversement.
2° Il est évident que…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXComment le même effet provient de Dieu et de l’agent naturel.SUITE
2° Il est évident que, si l'agent naturel produit son effet propre, on n'en peut pas conclure que Dieu concourrait inutilement avec lui à le produire, parce que cet agent naturel ne produit qu'en vertu de la puissance divine. Ensuite, quoique Dieu puisse produire seul tous les effets, il n'est pas non plus superflu que d'autres causes les produisent aussi; car cela ne tient pas à l'insuffisance de la puissance divine, mais à l'immensité de sa bonté, qui l'a porté à communiquer sa ressemblance aux créatures, non-seulement en les appelant à l'existence, mais encore en leur conférant la faculté de devenir causes elles-mêmes d'autres êtres; car c'est communément sous ce double rapport que toutes les créatures deviennent semblables à Dieu [ch. 20 et 21], et c'est aussi ce qui donne tant de splendeur à l’ordre de la création.
3° Il est clair encore que nous n'attribuons pas le même effet à la cause naturelle et à la puissance divine, comme si une partie revenait à Dieu et l'autre partie à l'agent naturel ; mais nous entendons qu'il appartient tout entier à chacun des deux agents, suivant son mode particulier d'action. C'est ainsi que dans les arts on attribue totalement une œuvre à l'instrument et à l'agent principal.
Chap. LXXI. La Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.
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De la Providence divine.LXXILa Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.
La divine Providence, qui gouverne tous les êtres, ne les soustrait pas à la destruction, à l'imperfection et au mal : c'est ce qui ressort des démonstrations précédentes. En effet :
1° Le gouvernement divin, qui consiste dans l'action de Dieu sur les créatures, n'exclut pas l'opération des causes secondes [ch. 70]. Or, le défaut qui est dans l'effet tient à l'imperfection de la cause seconde, sans que pour cela cette imperfection se retrouve dans le premier agent : c'est ainsi que dans l'œuvre d'un artiste très habile dans son art, on découvre des défauts qui proviennent de l'imperfection des instruments qu'il a employés. De même aussi on voit un homme robuste boiter, non qu'il manque de force, mais parce qu'il a une jambe torse. Donc l'imperfection et le mal sont dans les êtres que Dieu produit et gouverne, à cause de l'imperfection des agents secondaires, bien qu'il n'y ait pas en Dieu lui-même la plus légère ombre d'imperfection.
2° La bonté ne serait pas portée jusqu'à la perfection [possible] dans les créatures s'il n'y avait pas…
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De la Providence divine.LXXILa Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.SUITE
2° La bonté ne serait pas portée jusqu'à la perfection [possible] dans les créatures s'il n'y avait pas entre elles un ordre gradué de bonté, en sorte que quelques-unes soient meilleures que d'autres; car tous les degrés possibles de perfection ne seraient pas réalisés, et il n'y aurait pas de créature assimilée à Dieu par une suréminence qui la distingue des autres.
On ferait encore disparaître la splendeur de la création en supprimant l'ordre de distinction et de disparité; et surtout on retrancherait le nombre des êtres en leur accordant le même degré de bonté, puisque leur supériorité ou leur infériorité relative repose sur les différences qui les distinguent: ainsi, la nature animée l'emporte sur la nature inanimée, et l'être raisonnable sur la brute.
Si donc il existait entre les êtres une égalité absolue, il n'y aurait qu'un seul bien créé; ce qui déroge manifestement à la perfection de la création.
Or, le suprême degré de la bonté consiste en ce qu'un être bon est dans l'impossibilité de déchoir de la bonté qu'il possède, et celui qui peut la perdre est à un degré inférieur. Donc l'univers, pour être parfait, doit renfermer ce double degré de bonté.
Or, il est de la sagesse de celui qui gouverne de conserver la perfection inhérente aux choses qui dépendent de lui, loin de la diminuer. Donc la divine Providence n'est pas tenue d'ôter aux créatures le pouvoir de se dépouiller de leur bonté.
Or, le mal est la conséquence de cette faculté; car un être qui peut déchoir déchoit en certains cas, et la défaillance dans le bien, c'est le mal [ch. 7]. Donc il n'entre pas dans le gouvernement de la Providence divine d'empêcher complètement le mal de se produire dans les êtres qu'elle régit.
3° La direction est parfaite, quel qu'en soit l'objet, lorsqu'elle pourvoit aux besoins qui naissent de…
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De la Providence divine.LXXILa Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.SUITE
3° La direction est parfaite, quel qu'en soit l'objet, lorsqu'elle pourvoit aux besoins qui naissent de la nature des êtres qu'elle embrasse; et un gouvernement n'est juste qu'à cette condition. Donc, de même que l'autorité constituée blesserait les principes essentiels du gouvernement humain en empêchant les citoyens d'une ville de remplir les devoirs de leur état, à moins que la nécessité ne l'y obligeât momentanément, ainsi Dieu violerait les principes du gouvernement divin s'il ne laissait pas les êtres créés agir suivant les lois propres de leur nature. Or, dès que les créatures agissent ainsi, la destruction et le mal s'introduisent parmi elles, puisque les êtres, en vertu d'un principe de contrariété et de répugnance qui leur est inhérent, se détruisent réciproquement. Donc la divine Providence n'est pas tenue d'exclure absolument le mal des choses qu'elle dirige.
4º Un agent ne peut faire une chose mauvaise que parce qu'il recherche un bien : c'est ce que nous avons prouvé plus haut [ch.3 et 4]. Or, la Providence de Dieu, qui est la source de tout bien, ne peut empêcher les créatures de tendre au bien pris dans son acception la plus large; car, s'il en était ainsi, une multitude de perfections manqueraient à l'univers. Qu'on ôte, par exemple, au feu cette tendance qui lui est naturelle de produire son semblable, et qui entraîne, comme conséquence, la destruction des combustibles, on supprimera par là même un bien qui consiste dans la production du feu et dans la conservation de son espèce. Donc il n'entre pas dans la Providence de Dieu de bannir entièrement le mal du milieu des êtres.
5º II y a dans le monde une foule de perfections qui n'existent qu'à raison des imperfections…
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De la Providence divine.LXXILa Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.SUITE
5º II y a dans le monde une foule de perfections qui n'existent qu'à raison des imperfections correspondantes : ainsi, les persécutions des méchants excitent la patience des justes; les crimes provoquent l'exercice de la justice vindicative; et même dans l'ordre naturel la production d'un être résulte de la destruction d'un autre être (1). La Providence divine ne pourrait donc bannir totalement le mal de l'univers sans diminuer du même coup la somme du bien ; et il y aurait en cela un inconvénient, parce que la bonté du bien l'emporte de beaucoup sur la malice du mal [ch. 12]. Donc la divine Providence ne doit pas exclure complètement le mal du monde.
6° Le bien général passe avant le bien particulier. Un sage gouvernement peut donc permettre qu'une partie reste privée d'un degré de bonté, si le bien général doit s'accroître en proportion : c'est ainsi que l'architecte cache les fondements en terre pour donner à l'édifice entier plus de stabilité. Or, si l'on fait disparaître le mal qui est dans certaines parties de l'univers, on retranche beaucoup de la perfection de l'univers, dont la beauté résulte de la réunion combinée du bien et du mal, puisque le mal n'est que le défaut du bien, et cependant la Providence en fait ressortir certains biens, de même qu'un instant de silence fait paraître un chant plus mélodieux. Donc la divine Providence n'est pas obligée d'exclure le mal des créatures.
7° Tous les êtres distincts de l'homme, et en particulier les moins nobles, sont coordonnés en vue de son bien, comme étant leur fin. Or, s'il n'y avait aucun mal dans les êtres, le bien de l'homme en serait notablement diminué, et quant à l'étendue de ses connaissances, et quant au désir ou à l'amour du bien; car le bien se connaît mieux par la comparaison du mal, et quand nous voyons faire le mal, nous désirons plus ardemment le bien : par exemple, les malades apprécient davantage la santé et la désirent plus vivement que ceux qui se portent bien. Donc il n'appartient pas à la Providence divine de bannir totalement le mal du milieu des êtres.
C'est pour cela que l'Écriture dit:…
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(1) Parce que la matière première ou élémentaire n'est pas infinie, et que toute production naturelle n'est qu'une transformation ou modification nouvelle d'éléments qui sont dépouillés de leur forme antérieure.
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Chap. LXXII. La divine Providence n'exclut pas la contingence des êtres.De la Providence divine.LXXILa Providence divine n'exclut pas totalement le mal de ce monde.SUITE
C'est pour cela que l'Écriture dit: C'est moi qui fais la paix et qui crée le mal [Isaïe, XLV, 7] ; et encore : Y a-t-il dans la ville quelque mal que le Seigneur n'ait pas fait [Amos, III 6]?
Cette doctrine réfute l'erreur de ces philosophes qui, voyant le mal se produire dans le monde, en concluaient que Dieu n'existe pas, ainsi que nous le rappelle Boëce, qui prête à l'un d'eux cette question : « Si Dieu existe, d'où vient le mal ? » [De consol. philos., 1. I, pros. IV.] Il faudrait, au contraire, raisonner à l'opposé et dire : Si le mal existe. Dieu existe; car il n'y aurait pas de mal sans la gradation du bien, dont la privation constitue le mal, et cette gradation serait nulle si Dieu n'était pas.
Elle renverse par sa base une autre erreur qui nie que la Providence divine s'étende jusqu'aux êtres périssables, parce qu'ils sont sujets à mille imperfections, et limite son action aux seuls êtres indestructibles dans lesquels on ne voit ni défaut ni mal.
Elle détruit le fondement du système manichéen, qui suppose deux principes actifs, l'un bon et l'autre mauvais, comme si l'existence du mal était incompatible avec l'exercice de la Providence d'un Dieu bon.
Enfin, elle donne une solution à ce doute : Dieu est-il la cause des actions mauvaises ? Nous avons prouvé, en effet, d'abord, que tout agent opère, parce qu'il est sous l'influence de la puissance divine : d'où il suit que Dieu est la cause de tous les effets et aussi de toutes les actions; et, en second lieu, que le mal et l'imperfection, dans les êtres régis par la Providence divine, résultent de la condition des causes secondes sujettes à l'imperfection [ch. 70].
Il est donc clair qu'il ne faut pas attribuer à Dieu, mais aux causes prochaines imparfaites, les actions mauvaises en tant qu'elles sont défectueuses. Considérées, au contraire, comme actions et comme ayant une entité, elles viennent nécessairement de Dieu. C'est ainsi qu'une démarche vicieuse appartient à la puissance de locomotion, à raison du mouvement, et le vice qui lui est inhérent vient de la conformation irrégulière de la jambe.
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De la Providence divine.LXXIILa divine Providence n'exclut pas la contingence des êtres.
De même que la Providence divine ne bannit pas entièrement le mal du monde, ainsi elle n'en exclut pas la contingence et n’impose pas aux êtres la nécessité. En effet :
1° Nous avons déjà prouvé [ch. 70] que l'action de la Providence que Dieu exerce sur le monde n'exclut pas les causes secondes, mais qu'elle s'exécute par ces causes qui agissent sous l'impulsion de la puissance divine. Or, la nécessité ou la contingence des effets a sa raison dans les causes prochaines et non dans les causes éloignées : par exemple, si une plante porte des fruits, c'est un effet contingent à l'égard de la cause prochaine, qui est la force végétative, dont l'action peut trouver un obstacle et faire défaut, quoique la cause éloignée, qui est le soleil, agisse comme cause sous l'empire de la nécessité. Puisque, dans le nombre des causes prochaines, il y en a plusieurs qui peuvent manquer d'efficacité, tous les effets qui dépendent de la Providence ne sont donc pas nécessaires, mais beaucoup sont contingents.
2° La divine Providence doit réaliser des êtres dans tous les degrés possibles [ch. 71]. Or, il y a deux sortes d'êtres, le contingent et le nécessaire ; et cette division repose sur la nature de l'être. Si donc la Providence divine excluait absolument la contingence, il n'y aurait pas des êtres de tout degré.
3° Plus un être s'approche de Dieu, et plus il participe à sa ressemblance. Plus, au contraire, il…
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De la Providence divine.LXXIILa divine Providence n'exclut pas la contingence des êtres.SUITE
3° Plus un être s'approche de Dieu, et plus il participe à sa ressemblance. Plus, au contraire, il s'éloigne de lui, et plus les traits de cette ressemblance s'affaiblissent. Or, ceux qui sont le plus près de Dieu sont complètement immuables: telles sont les substances séparées [ou les purs esprits], qui ressemblent davantage à Dieu, dont l'être est absolument immuable. Les êtres les plus rapprochés de ces substances, et qui reçoivent immédiatement le mouvement de moteurs dont l'état ne varie jamais, conservent aussi une sorte d'immutabilité, en ce que leur mouvement est complètement uniforme : par exemple, les corps célestes. Il suit donc de là que les corps placés au-dessous de ces derniers et mus par eux sont plus éloignés de l'immutabilité divine, en ce qu'ils n'ont pas un mouvement uniforme; et c'est en cela que se manifeste la beauté de l'ordre. Or, tout effet nécessaire, comme tel, est invariable. Donc la divine Providence, à laquelle il appartient d'établir et de conserver l'ordre parmi les êtres, est détruite si la nécessité décide de tout.
4° Ce qui existe nécessairement existe toujours. Or, nul être destructible n'existe sans fin. Si donc l'ordre de la Providence divine exige que tout soit nécessaire, il faut en conclure qu'il n'y a rien dans le monde qui puisse être détruit, ni, par conséquent, qui puisse être produit. C'est donc retrancher de l'univers tous les êtres qui sont produits par voie de génération et sont soumis à la destruction; ce qui déroge à sa perfection.
5° Il n'y a pas de mouvement sans une sorte de production et de destruction ; car, dans le mobile…
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De la Providence divine.LXXIILa divine Providence n'exclut pas la contingence des êtres.SUITE
5° Il n'y a pas de mouvement sans une sorte de production et de destruction ; car, dans le mobile, quelque chose commence et quelque chose finit. Si donc, en retranchant absolument la contingence des êtres, on supprime, ainsi que nous venons de le prouver, toute production et toute destruction, il en résulte qu'il n'y a plus, dans le monde, ni mouvement, ni mobile.
6° L'affaiblissement de la puissance inhérente à une substance, et la résistance qu'elle rencontre dans une puissance opposée, ont pour cause un changement survenu en elle. Lors donc que la divine Providence ne met pas obstacle au changement des substances, elle permet, par là même, l'affaiblissement de leur puissance d'action et la résistance de forces contraires. Or, c'est l'affaiblissement de la puissance d'action et la résistance qu'elle éprouve qui expliquent pourquoi l'agent naturel, au lieu d'opérer toujours de la même manière, s'écarte quelquefois de ce qui convient à sa nature ; en sorte que les effets naturels sont affranchis de la nécessité. Donc il n'entre pas dans l'ordre de la Providence divine d'imposer la nécessité aux effets qu'elle prévoit.
7° Rien d'inutile ne doit se trouver parmi les choses que régit une Providence sage. Comme donc il est évident que certaines causes sont contingentes, puisqu'elles peuvent être empêchées de produire leurs effets, il est évident qu'il n'y aurait pas de Providence si tout arrivait par nécessité. Donc la Providence de Dieu n'exclut pas absolument la contingence des êtres, pour leur imposer la loi de la nécessité.
Chap. LXXIII. La divine Providence n'exclut pas le libre arbitre.
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De la Providence divine.LXXIIILa divine Providence n'exclut pas le libre arbitre.
De la démonstration précédente nous concluons que la Providence divine n'est pas opposée au libre arbitre. En effet :
1° Le but d'un gouvernement éclairé est de procurer, d'accroître ou de conserver ce qui fait la perfection des choses qui relèvent de lui. La Providence doit donc conserver avec plus de sollicitude une perfection quelconque que ce qui constitue une imperfection et un défaut. Or, dans les êtres inanimés, la contingence des causes provient de ce qu'elles sont imparfaites et défectueuses ; car leur nature limite leur action à un seul effet, qu'elles produisent toujours, si elles ne rencontrent pas d'obstacle, soit dans l'affaiblissement de leur puissance active, soit dans un agent extrinsèque, ou encore dans le défaut de préparation de la matière : aussi, les causes naturelles ne sont point aptes à réaliser indifféremment tel ou tel effet, mais elles produisent presque toujours de la même manière celui qui leur est propre, et rarement elles sont impuissantes. Si la volonté est une cause contingente, cela provient, au contraire, de sa perfection, parce que sa puissance d'action n'est pas limitée à tel effet, mais il est en son pouvoir de produire celui-ci ou celui-là; ce qui fait qu'elle est contingente pour tous les deux. Donc il convient que la Providence de Dieu conserve à la volonté sa liberté plutôt encore que la contingence aux causes naturelles.
2° La divine Providence doit faire des êtres un usage conforme à leur nature. Or, la forme, qui est un principe d'action, fixe le mode d'opération de l'agent. Quant à la forme par laquelle l'agent agit volontairement, elle n'est point déterminée. En effet, la volonté agit en vertu d'une forme que saisit l'intelligence; car c'est le bien, appréhendé comme tel, qui meut la volonté, dont il est l'effet propre ; et l'effet réalisé par l'intelligence n'a pas une forme invariable, puisque, au contraire, il est dans sa nature de comprendre la multitude des formes ; ce qui donne à la volonté la faculté de produire des effets variés. Donc l'essence de la Providence n'exige pas qu'elle prive la volonté de sa liberté.
3º Une administration sage dirige vers la fin qui lui convient chacune des choses qui dépendent…
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Chap. LXXIV. La divine Providence n'exclut pas le libre arbitre.De la Providence divine.LXXIIILa divine Providence n'exclut pas le libre arbitre.SUITE
3º Une administration sage dirige vers la fin qui lui convient chacune des choses qui dépendent d'elles. Aussi, saint Grégoire de Nysse définit-il la Providence divine : « la volonté de Dieu qui donne à tous les êtres une direction convenable. » Or, la fin dernière de toute créature est d'atteindre à la ressemblance divine [ch. 17]. Il répugne donc à la Providence de Dieu d'enlever à un être un attribut qui lui confère cette ressemblance. Or, l'agent doué de volonté ressemble à Dieu en ce qu'il agit librement; car nous avons démontré que Dieu a le libre arbitre [liv. I ch. 88]. Donc la Providence ne détruit pas la liberté de la volonté.
4° Il appartient à la Providence de multiplier le bien dans les choses qu'elle régit. Donc on ne doit pas lui attribuer une mesure qui ferait disparaître du milieu d'elles une multitude de biens. Or, une multitude de biens disparaissent, supposé que la volonté ne soit pas libre; car par là se trouve anéanti le mérite de la vertu humaine, qui est nul si l'homme n'agit pas librement. La justice ne préside plus à la distribution des récompenses et des châtiments, si l'homme ne fait pas librement le bien ou le mal; la prudence n'est plus une vertu, puisqu'il est inutile de délibérer sur des choses qui arrivent nécessairement.
De là ces passages de l'Écriture : Dieu a fait l'homme dès le commencement, et il l'a abandonné à son propre conseil [Eccli., XV, 14]. La vie et la mort, le bien et le mal sont plus anciens que l'homme; il recevra ce qu'il aura choisi [ibid.,XV, 18].
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXIVLa divine Providence n'exclut pas le hasard et la fortune.
La Providence divine ne soustrait pas les êtres au hasard et à la fortune : cela résulte de ce que nous venons d'établir. En effet :
1° On attribue au hasard et à la fortune les choses qui arrivent le moins souvent. Or, si certains effets ne se produisaient pas par exception, tout serait nécessaire ; car les effets contingents le plus ordinairement diffèrent de ceux qui sont nécessaires en cela seulement, qu'ils peuvent manquer dans un petit nombre de cas. Or, la divine Providence n'existe pas si la nécessité préside à tout [ch. 72]. Donc elle est également détruite si rien dans le monde n'est l'œuvre du hasard et de la fortune.
2° Il serait contraire à la Providence que les êtres soumis à son gouvernement n'agissent pas en vue d'une fin, puisque son office est de disposer toutes choses pour leur fin; l'univers ne serait pas non plus parfait si aucun être n'était périssable, et si aucune force ne pouvait devenir insuffisante [ch. 71 et 72]. Or, lorsqu'un agent qui vise à une fin manque son but, l'effet résultant de là est fortuit. Donc la Providence de Dieu disparaîtrait, aussi bien que la perfection de l'univers, si le hasard n'avait aucune part dans certaines choses.
3° Il y a dans les causes nombre et diversité, en vertu d'un ordre de…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXIVLa divine Providence n'exclut pas le hasard et la fortune.SUITE
3° Il y a dans les causes nombre et diversité, en vertu d'un ordre de la Providence et d'une disposition de Dieu. Or, les causes étant ainsi disposées, elles seront nécessairement quelquefois en concurrence, de telle sorte que l'une entravera l'action de l'autre, ou bien l'aidera dans la réalisation de son effet. Or, un cas fortuit naît du concours de deux ou de plusieurs causes, lorsque ce concours amène un résultat inattendu : par exemple, une personne se rend à la place publique pour y acheter quelque chose et rencontre son débiteur, parce que ce dernier va, de son côté, au même lieu.
Donc il ne répugne pas à la Providence de Dieu que certaines choses dépendent du hasard et de la fortune.
4° Ce qui n'existe pas ne peut être cause de rien; d'où il suit que l'aptitude d'une chose à devenir cause est en raison directe de son rapport avec l'être (1). Donc les divers degrés, dans l'ordre des causes, doivent correspondre aux divers degrés de l'échelle des êtres. Or, la perfection de l'univers demande, non-seulement qu'il existe des êtres qui soient tels par essence, mais encore qu'il y ait des êtres accidentels; car ceux dont la substance n'est pas aussi parfaite que possible doivent arriver à une certaine perfection au moyen des accidents, et les accidents doivent se multiplier en proportion de ce que ces êtres s'éloignent davantage de la simplicité de Dieu.
Dès lors que plusieurs accidents sont réunis dans un sujet, tel être existe par accident; car le sujet et l'accident, et même deux accidents inhérents à un sujet, sont accidentellement une seule chose : par exemple, un homme blanc, ou encore un homme à la fois musicien et blanc.Donc l'univers serait imparfait, s'il n'y avait aucune cause accidentelle. Or, on attribue au hasard et à la fortune tout ce qui provient d'une cause par accident.
Donc il ne répugne pas à la Providence, qui conserve la perfection des êtres, que certains effets arrivent fortuitement et par hasard.
5° L'ordre de la Providence divine exige que les causes soient…
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(1) C'est-à-dire que la puissance d'action est proportionnée dans chaque cause à la perfection de la forme, qui est le principe de l'existence. Dieu étant l'être par excellence, sa forme, qui est sa propre substance, est absolument parfaite: par conséquent, Dieu est la première et la plus puissante de toutes les causes. Le non-être est totalement dépourvu de forme ; aussi sa causalité est nulle.
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Chap. LXXV. La divine Providence s’étend à chacun des êtres contingents.De la Providence divine.LXXIVLa divine Providence n'exclut pas le hasard et la fortune.SUITE
5° L'ordre de la Providence divine exige que les causes soient coordonnées et graduées. Or, plus une cause est élevée, plus sa puissance d'action est grande, et, par conséquent, sa causalité s'étend à un plus grand nombre d'effets. Or, aucune cause naturelle ne cherche à dépasser les bornes de sa puissance d'action; car ce serait en vain. Donc l'activité d'une cause particulière ne peut pas s'étendre à tous les effets possibles. Or, on appelle cas fortuit ce qui arrive en dehors de l'intention des agents. Donc il entre dans l'ordre de la divine Providence que le hasard et la fortune aient une place dans le monde.
Aussi les livres saints nous disent: J'ai vu que, sous le soleil, le prix n'est point pour les plus légers à la course, ni la victoire pour les plus vaillants, ni le pain pour les plus sages, ni les richesses pour les plus habiles, ni la faveur pour les meilleurs ouvriers; mais tout arrive suivant les circonstances et par hasard [Ecclés., IX, 11]; ce qui s'entend des choses d'un ordre inférieur.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVLa divine Providence s’étend à chacun des êtres contingents.
Il est évident, par tout ce que nous avons démontré, que la Providence de Dieu s'étend en particulier à chacun des êtres produits par voie de génération et sujets à la destruction. En effet :
1° Il semble que la Providence ne s'occupe pas de ces êtres parce qu'ils sont contingents, et que beaucoup d'entre eux doivent leur existence à un cas fortuit; car c'est en cela seulement qu'ils diffèrent des substances indestructibles et des universaux des êtres impérissables (1), que l'on considère comme relevant de la Providence. Or, ni la contingence des êtres, ni le hasard et la fortune, ni même la liberté de la volonté ne détruisent la Providence [72, 73, et 74]. Donc rien ne l'empêche de s'occuper de chacun des êtres contingents, aussi bien que des substances indestructibles et des universaux.
2° Si Dieu ne comprend pas dans le gouvernement de sa Providence chacun des individus en particulier, c'est parce qu'il ne les connaît pas, ou bien parce qu'il ne peut pas ou ne veut pas en prendre soin.
— Or, on ne peut pas dire que Dieu ne connaît pas les individus; car nous avons prouvé le contraire [liv. I, ch. 65].
— Il est faux, d'abord, que Dieu ne puisse pas en prendre soin, puisque sa puissance est infinie [liv. I, ch.28]; ensuite, que les individus soient incapables d'être régis, puisque nous voyons qu'ils se laissent conduire par la raison, comme les hommes, et aussi par l'instinct naturel, comme les abeilles et beaucoup d'autres animaux privés d'intelligence, qui obéissent à l'inclination de leur nature.
— Il répugne également de supposer que Dieu ne veut pas les régir, puisque sa volonté s'étend généralement â tout ce qui est bien, et que le bien des êtres consiste principalement dans l'ordre qu'établit entre eux le gouvernement qui en dispose. Donc on n'est pas en droit d'affirmer que Dieu ne s'occupe pas de chaque être contingent en particulier.
3º Toutes les causes secondes, dès lors qu'elles sont causes, ressemblent à Dieu…
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(1) Ces universaux sont les genres et les espèces, qui se composent des seules essences. II est clair qu'il n'y a rien de fortuit dans les universaux, puisque les essences sont immuables, et le hasard ne se rencontre que dans les individus.
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De la Providence divine.LXXVLa divine Providence s’étend à chacun des êtres contingents.SUITE
3º Toutes les causes secondes, dès lors qu'elles sont causes, ressemblent à Dieu [ch. 21]. Or, nous voyons communément que les causes prennent soin des effets qu'elles produisent : tels sont les animaux, qui, par instinct, nourrissent leurs petits. Donc Dieu s'occupe des êtres dont il est la cause. Or, il est aussi la cause de tous les individus [liv. II, ch.15]. Donc il s'occupe de chacun d'eux.
4° Nous avons vu que Dieu n'est pas forcé de créer par la nécessité de sa nature, mais qu'il s'y détermine par un acte de sa volonté et de son intelligence [liv. II ch. 23 et 24]. Or, tous les effets provenant d'une cause libre et intelligente sont soumis à une direction providentielle, qui n'est que la dispensation raisonnée de certaines choses. Donc toutes les œuvres de Dieu sont régies par sa Providence. Or, nous avons prouvé [ch. 70] que Dieu opère dans toutes les causes secondes, et que tous les effets se rapportent à lui comme à leur cause [première] ; d'où il suit que tout ce qui arrive dans chacun des êtres est, pour ainsi dire, son œuvre. Donc chaque être en particulier, ses mouvements et ses opérations dépendent de la Providence divine.
5° Une providence qui ne pourvoirait pas aux conditions essentielles de l'existence des êtres.,..
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5° Une providence qui ne pourvoirait pas aux conditions essentielles de l'existence des êtres qu'elle gouverne agirait sans intelligence. Or, il est certain que si tous les individus venaient à périr, leurs universaux ne pourraient pas subsister. Donc, si Dieu ne s'occupe que des universaux et néglige complètement les individus, sa Providence est inintelligente et imparfaite.
— Il y aurait contradiction à affirmer que Dieu prend soin des individus autant que cela est nécessaire pour leur conserver l'existence, et qu'il n'a aucun égard aux accidents; car tous les accidents qui peuvent survenir dans un individu concourent à sa conservation ou amènent sa destruction. Donc, si Dieu pourvoit à la conservation des individus, il s'occupe également de tout ce qu'il y a de contingent en eux.
— On peut encore faire cette objection, qu'il suffit de prendre soin des universaux pour conserver l'existence aux individus, pour cette raison que chaque espèce est pourvue des moyens de conservation nécessaires aux individus qu'elle comprend : ainsi, les animaux ont reçu des organes propres à prendre et à digérer les aliments, et certains ont des cornes pour se défendre. Comme ces moyens ne leur sont que rarement inutiles, puisque les causes naturelles produisent toujours, ou du moins le plus souvent, leurs effets, tous les individus ne peuvent pas périr, bien que quelques-uns disparaissent.
— Mais d'après ce raisonnement même, les soins de la Providence s'étendent aux accidents qui s'attachent aux individus, aussi bien qu'à la conservation de leur existence ; car l'individu de telle espèce n'est affecté d'aucun accident qui ne provienne des principes constitutifs de l'espèce elle-même. Par conséquent, les individus dépendent [de la Providence, et sous le rapport de leur conservation, et sous tout autre rapport.
6° En étudiant le rapport des êtres avec leur fin, on voit que…
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6° En étudiant le rapport des êtres avec leur fin, on voit que les accidents existent pour les substances et sont destinés à les perfectionner. Or, dans les substances, la matière existe pour la forme; car c'est la forme qui la rend participante de la divine bonté, pour laquelle ont été faits tous les êtres [ch. 18]. D'où il ressort évidemment que chaque être existe pour la nature universelle à laquelle il appartient, et nous en avons la preuve en ce que, si un seul individu suffit pour conserver une nature universelle, la même espèce n'en renferme pas plusieurs : ainsi, le soleil et la lune. Or, comme l'office de la Providence est de disposer les êtres en vue de leur fin, c'est à elle qu'il appartient de régler la fin et tout ce qui s'y rapporte. Donc, non-seulement les universaux, mais encore les individus dépendent de la Providence.
7° La science spéculative diffère de la science pratique en ce que la première se perfectionne, avec ce qui s'y rattache, en pénétrant dans l'universel, au lieu que la perfection de la seconde consiste dans son application à l'individu. En effet, la science spéculative a pour fin la vérité, qui réside premièrement et essentiellement en dehors de la matière et dans les universaux, tandis que la science pratique a pour but une opération dont le terme est un individu : aussi le médecin ne s'applique-t-il pas à guérir l'homme en général, mais tel homme déterminé, et c'est là la fin de la science médicale tout entière. Or, il est certain que le gouvernement de la Providence rentre dans la science pratique, puisqu'il met les êtres en rapport avec leur fin. Donc la Providence de Dieu serait imparfaite, si elle ne s'occupait que des universaux, sans s'étendre aux individus.
8° L'universel perfectionne la science spéculative plus que …
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De la Providence divine.LXXVLa divine Providence s’étend à chacun des êtres contingents.SUITE
8º L'universel perfectionne la science spéculative plus que le particulier; car on connaît mieux l'universel que le particulier. De là vient que la connaissance des principes les plus universels est une notion générale. Or, celui-là est plus avancé dans la science spéculative, qui connaît les choses, non-seulement en général, mais encore en elles-mêmes; car la connaissance générale n'est qu'une connaissance en puissance.
C'est pourquoi le maître, qui possède cette double connaissance, conduit son disciple de la notion générale des principes à la notion propre des conclusions, de même qu'un être en acte rend actuelle une chose qui n'existait qu'en puissance. Donc, à plus forte raison, la science pratique est plus complète, si celui qui la possède dispose les choses à l'acte, non-seulement en général, mais encore chacune en particulier. Donc la Providence divine, dont la perfection est absolue, s'étend jusqu'aux individus.
9° Dieu étant la cause de l'être [réel], comme être [[liv. II, ch.15], il doit pourvoir à tout ce que réclame l'être en cette qualité; car il pourvoit à une chose en ce qu'il est sa cause. Donc tout ce qui existe, de quelque manière que ce soit, est soumis à sa Providence. Or, les êtres sont individuels bien plus qu'universaux; car les universaux sont dépourvus d'une subsistance propre et n'existent que dans les individus. Donc la divine Providence s'occupe aussi des individus.
10° Les créatures sont soumises à la Providence en tant que Dieu…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXVI. La Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.De la Providence divine.LXXVLa divine Providence s’étend à chacun des êtres contingents.SUITE
10° Les créatures sont soumises à la Providence en tant que Dieu les dispose en vue de leur fin dernière, qui est sa bonté. Donc c'est la Providence divine qui fait participer les êtres créés à la bonté de Dieu. Or, les individus contingents eux-mêmes participent à cette bonté. Donc la Providence doit étendre son action jusqu'à ces êtres.
Cette vérité s'appuie sur l'Écriture, qui dit : Ne vend-on pas deux passereaux pour une obole ? Cependant, il n'en tombe pas un seul sur la terre sans la volonté de votre Père [Matth., X, 29]. La sagesse atteint avec force d'une extrémité à l'autre [Sag., VIII 1], c'est-à-dire depuis les créatures les plus nobles jusqu'aux plus viles. — Les livres saints condamnent encore l'opinion de certains hommes qui disaient : Le Seigneur a délaissé la terre, le Seigneur ne voit point [Ezéch., IX, 9]; Dieu ne considère pas ce qui se passe parmi nous : il se promène autour des pôles du ciel [Job, XXII, 14].
Ainsi se trouve réfutée l'erreur des philosophes qui ont prétendu que la Providence divine ne s'étend pas jusqu'aux individus. Quelques-uns ont attribué cette opinion à Aristote, bien que rien dans ses écrits n'autorise à le faire.
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De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.
Plusieurs accordent que la Providence divine s'étend jusqu'aux individus ; mais ils veulent qu'elle les régisse par des causes intermédiaires. Selon saint Grégoire de Nysse, Platon distingue trois providences.
La première est celle de Dieu, le premier des êtres. Elle pourvoit premièrement et principalement aux êtres dont le gouvernement lui appartient en propre, savoir à toutes les substances spirituelles et intelligentes, et secondairement à l'univers entier, pour ce qui concerne les genres, les espèces et les causes générales, qui sont les corps célestes.
La seconde prend soin de chacun des animaux et des plantes, et des êtres qui naissent par voie de génération et sont sujets à périr, pour ce qui regarde leur production, leur destruction et les autres changements qu'ils subissent. D'après Platon, l'exercice de cette providence appartient aux dieux qui font le tour du ciel, et Aristote attribue les qualités de ces êtres à l'influence des signes du zodiaque (1).
La troisième s'occupe des choses qui rentrent dans la vie humaine. Des génies placés sur la terre, et dont il fait les surveillants des actions des hommes, remplissent cet office.
— Cependant Platon fait dépendre de la première providence la seconde et la troisième, parce que c'est le Dieu suprême qui en a confié les fonctions aux êtres qui les exercent.
Cette opinion concorde avec la doctrine catholique en ce qu'elle rapporte à Dieu, comme à son…
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.SUITE
Cette opinion concorde avec la doctrine catholique en ce qu'elle rapporte à Dieu, comme à son premier auteur, le gouvernement de tous les êtres. Elle paraît la contredire en affirmant que chacun d'eux en particulier n'est pas soumis [immédiatement] à la divine Providence. Les raisons que nous avons déjà données le prouvent. En effet :
1° Dieu connaît immédiatement les individus, non-seulement dans leurs causes, mais en eux-mêmes, ainsi que nous l'avons démontré [liv.I, ch. 65].
Or, il répugne que, connaissant les singuliers, sa volonté, qui est le principe de toute bonté, ne s'étende pas à l'ordre qui constitue leur plus grande perfection. Donc, de même que Dieu connaît immédiatement les individus, il doit les coordonner immédiatement.
2° L'ordre qu'une providence établit entre les êtres soumis à son gouvernement résulte de celui que l'auteur a arrêté dans son esprit, comme la forme artificielle réalisée dans la matière découle de la forme qui est dans l'esprit de l'ouvrier. Or, quand plusieurs administrateurs sont subordonnés les uns aux autres, il faut que le premier transmette à son inférieur l'ordre dont il est le principe, de même que les arts les moins relevés reçoivent leurs règles des plus nobles. Si donc il y a au-dessous d'un ordonnateur supérieur, qui est le Dieu souverain, des ordonnateurs du second et du troisième degré, c'est de Dieu qu'ils doivent apprendre quel ordre il convient d'établir parmi les êtres.
Or, cet ordre ne peut pas être plus parfait en eux qu'en Dieu, qui leur est supérieur, et même toutes les perfections émanent de lui pour descendre en quelque sorte dans les créatures [ch. 69]. Il est d'ailleurs nécessaire que ces ordonnateurs secondaires aient en eux l'ordre des êtres, non-seulement en général, mais encore en tant qu'il s'applique aux individus; autrement leurs effets n'aboutiraient pas à ranger chaque individu dans l'ordre convenable. Donc, à plus forte raison, l'ordre des individus consiste dans une disposition de la Providence divine.
3° Dans tout gouvernement humain, un administrateur supérieur recherche par lui-même quel…
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De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.SUITE
3° Dans tout gouvernement humain, un administrateur supérieur recherche par lui-même quel ordre il faut établir dans certaines choses plus générales et plus considérables, et il laisse à ses inférieurs le soin des choses moins importantes, auxquelles il ne s'arrête pas. Il est forcé d'agir ainsi, parce qu'il ne peut suffire à tout, soit qu'il n'ait pas une connaissance complète des choses moindres, soit qu'il ne puisse pas tout régler seul, à cause de la fatigue qu'il en éprouverait et du temps qu'il faudrait y consacrer.
Or, il n'y a en Dieu aucune de ces imperfections; car il connaît chaque être en particulier, et il n'a besoin ni de travail ni de temps pour les connaître, puisqu'il connaît tout en se connaissant lui-même [liv. I ch. 50 et 46]. Donc il assigne dans sa pensée une place à chaque individu. Donc sa Providence s'occupe immédiatement de tous les individus.
4º Les administrateurs subalternes employés aux…
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De la Providence divine.LXXVILa Providence de Dieu s'occupe de chacun des êtres immédiatement.SUITE
4º Les administrateurs subalternes employés aux affaires des hommes ont recours à leur propre industrie pour régler les choses dont le supérieur leur a remis le soin. Cette industrie, ils ne la tiennent pas du supérieur, qui leur en a seulement permis l'usage; et si elle venait de lui, ce serait lui aussi qui déterminerait l'ordre à établir, et non les inférieurs, qui ne feraient qu'exécuter ses volontés. Or, nous avons vu [liv.I, ch.51; liv. III, ch. 67] que la sagesse et toutes les connaissances que possèdent les intelligences découlent de Dieu comme de leur cause, et aucune intelligence ne peut rien connaître que par l'influence d'une vertu divine, de même que nul agent n'opère qu'autant qu'il participe à la puissance de Dieu. Donc Dieu dispose tout immédiatement par sa Providence, et les êtres auxquels nous attribuons le gouvernement des créatures, sous son autorité, réalisent simplement une disposition providentielle.
5° La providence supérieure détermine la marche que doit suivre la providence inférieure…
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