NOTRE BONNE SOUFFRANCE
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ROBERT.
Monique
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
LES MAINS VIDES
Une bonne leçon glanée dans un vieux livre.
Il arriva une fois qu'un riche prince confia au fou de sa cour une canne de bois précieux en lui disant :
« Si tu trouves quelqu'un de plus sot que toi, donne-la-lui ».
Des années passèrent. Le prince tomba malade et le fou s'en vint le voir. Comme le prince lui parlait de son prochain départ :
« Où allez-vous? interrogea le fou.
— Dans un autre monde!
— Et quand reviendrez-vous ?
— Jamais!
— Alors, de quoi vous êtes-vous muni pour ce lointain voyage ? Qu'emportez-vous en cet endroit où Vous allez ? »
Le prince hésita.
— « Absolument rien! Je m'en vais les mains vides.
— Mais, reprit le fou, vous avez bien dû pourvoir à votre bon accueil là-bas, vous y retenir un bon logement.
— Hélas! soupira le mourant, je n'y ai point songé du tout : je n'ai vécu que pour ce monde-ci!
— Alors, conclut le fou, reprenez votre canne. J'ai enfin trouvé quelqu'un de plus sot que moi ».
Combien d'insensés n'agissent pas mieux que ce prince. Ils n'ont souci que de cette terre sans jamais songer au rivage de la prochaine éternité.
A. MEYER
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
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Car ce qui est folie en Dieu est plus sage que les hommes; et ce qui est faiblesse en Dieu est plus fort que les hommes.
(I Cor., 25 Glaire)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
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Pas si fou que cela le fou du prince !...
Pas si fou que cela le fou du prince !...
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
C'EST DIEU QUI IMPORTE D'ABORD
La femme d'un riche industriel venait d'être victime d'un grave accident d'auto dû à l'imprudence de son mari. Elle était depuis huit jours entre la vie et la mort.
Le mari avait immédiatement mandé par télégramme quatre éminents spécialistes de Munich, de Vienne, de Zurich et de Budapest. Il les supplie à genoux de sauver sa femme :
« Je suis prêt à vous donner des millions d'honoraires si vous lui conservez la vie ».
Autour de la malade, les médecins haussent les épaules en silence :
« Impossible! Plus rien à faire ».
Quelques jours plus tard, l'industriel faisait à un prêtre cet aveu :
« J'ai toujours cru, jusqu'à la mort de ma femme, que trois choses importent seulement dans la vie : un banquier avisé, un habile avocat et un bon médecin. Je sais maintenant que nous avons aussi et surtout besoin de Dieu ».
A. MEYER
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
BIENFAITS DE LA CROIX
Dans un grand faubourg industriel une bonne mère de famille était alitée depuis de nombreuses années.
Au début, elle avait regimbé de toutes ses forces contre la maladie. Elle priait Dieu, elle le suppliait, elle le conjurait d'éloigner d'elle ce calice. Elle se plaignait, elle murmurait, se révoltait. Comment Dieu pouvait-il permettre pareille chose, alors qu'elle devait s'occuper de son mari et de ses quatre enfants!
Quelques années plus tard, un prêtre qui la connaissait depuis longtemps, revint la voir. Il la trouva tout à fait calme et résignée malgré les progrès de la paralysie. A peine pouvait-elle encore remuer le bout des doigts.
« Monsieur l'Abbé, lui dit-elle, je ne considère plus mes misères aujourd'hui comme autrefois. Je suis plus calme. J'ai compris les avantages que l'on trouve à porter sa croix. Je m'en suis rendu compte moi-même; mes pensées se sont transformées; l'épreuve m'a rapprochée de Dieu. L'attitude de mon mari est également devenue tout autre à mon égard; n'attendant plus rien de la vie maintenant, nous nous comprenons beaucoup mieux. Mes enfants mêmes n'ont plus aucune parole d'amertume. Autrefois je n'avais guère d'influence sur eux; maintenant, ils lisent dans mes yeux tous mes désirs. Certainement, tout cela, je l'ai acquis bien chèrement par mes souffrances; mais, monsieur l'abbé, la croix apporte ses bénédictions ».
A. MEYER
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
OH! QUE JE VOUS AI CONNU TARD!
Un missionnaire de l'extrême nord de l'Amérique arrive chez un vieil Indien gravement malade. Il lui parle du Sauveur, il lui explique comment ce Sauveur est venu à nous, combien il nous a aimés, comment il est mort pour nous. Le bon vieux en est tout ému et, finalement, après avoir appris les premiers éléments de la religion, reçoit le baptême.
Le missionnaire s'apprête à partir quand le néophyte le rappelle :
« Homme à la robe noire, tu vois combien je suis vieux et faible; redis-moi encore une fois le nom de Celui qui m'a tant aimé et qui est mort pour moi. Répète-le-moi encore une fois! »
Le prêtre prend son crucifix et le lui montre en disant :
« Regarde, le voici. C'est notre Sauveur Jésus-Christ ! »
Le vieillard saisit à grand-peine la croix du missionnaire et la baise en pleurant :
« Bon Jésus! Combien je regrette d'avoir appris si tard à te connaître ! Si je t'avais connu plus tôt, combien je t'aurais aimé! »
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
QUICONQUE SE FIE EN DIEU...
La petite Marie, âgée d'une dizaine d'années, contemplait anxieusement sa maman consumée par la fièvre. Elle posa en tremblant sa petite main sur la couverture, comme si elle voulait retenir le cœur de sa mère battant comme un oiseau en cage. Elle avait été épouvantée d'entendre le médecin dire à la sœur garde-malade :
« Maintenant, j'ai fait tout ce que je pouvais ».
Marie leva les yeux vers le crucifix suspendu au-dessus du lit. Que de fois, elle s'était agenouillée devant lui avec sa mère. Que de fois sa mère avait fait devant lui son examen de conscience avant d'aller à confesse, et de quel regard suppliant elle le considérait maintenant, accablée sous le poids de sa croix.
« Docteur, dit la petite, vous n'avez pas encore tout fait; priez avec moi! »
Le vieux médecin joignit les mains avec émotion, tandis que Marie s'agenouillait près du lit et disait, parlant comme à un père:
« Mon Dieu, guérissez ma chère maman. Le médecin a fait ce qu'il pouvait, mais vous, vous pouvez tout. Nous ne pouvons pas nous passer de notre maman; vous pouvez la guérir de sa méchante maladie. Je sais que vous pouvez nous secourir et que vous le ferez. Notre Père... »
Le soir, le docteur constata que la malade, contre tout espoir, respirait régulièrement. La fièvre était tombée, la crise conjurée. La petite Marie se tenait assise, comme un fidèle ange gardien, les mains jointes, près du lit de sa mère.
Et maintenant, la maman, complètement guérie, remercie Dieu tous les jours d'avoir exaucé la prière si fermement confiante de son enfant.
« Quiconque se fie en Dieu, bâtit sur le solide ». Marie le sait bien aussi désormais.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
UNE PENSÉE CONSOLANTE
Une malade confiait sa détresse à un prédicateur de mission.
« Le plus pénible, gémissait-elle, en regardant ses parents charitablement groupés autour de son lit, le plus pénible, c'est de me sentir incapable de rendre le moindre service à ceux pour qui je travaillais autrefois ».
« Ma brave femme, répondit le missionnaire, nous avons dans notre communauté plusieurs malades, plusieurs pères incapables aussi de travailler, et qui ne peuvent faire que souffrir et prier. Prier, certains n'en ont même plus la force, mais ils s'y résignent, et ce sont eux qui rendent le plus de services à la communauté. Ils sont les instruments de la grâce qui conduisent au Christ les âmes et qui les convertissent. Nous autres, actifs, nous ne sommes que des agents de transmission. Beaucoup s'imaginent évidemment que c'est à nous que revient l'honneur. Hélas! quelle serait pourtant notre impuissance sans l'appui, derrière nous, de ces infirmes. Tandis que nous sommes en chaire, ils nous soutiennent les bras par la prière, et touchent le cœur de nos auditeurs.
« Voyez-vous, ma brave femme, vous pouvez être plus utile, vous aussi, par les bénédictions qu'attirent vos souffrances que vous ne le pourriez par le travail de vos mains.
— Alors, fit la malade en croisant pieusement ses doigts, j'accepte de souffrir autant qu'il plaira à Dieu ».
Heureuse la maison, heureuse la famille où, par sa fidèle résignation et son édifiant exemple, un malade expie les fautes d'autrui et gagne à Dieu le cœur de ses proches!
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
LA CROIX PARTAGÉE
Dans la chaumière d'un pauvre journalier, une vieille infirme fêtait sur son lit le vingt-cinquième anniversaire de sa maladie. J'admirais ce bel exemple quasi-héroïque de patience et de résignation dans l'épreuve, et voulus en connaître le secret.
« Voyez-vous, m'expliqua la malade, je sais que je dois porter ma croix jusqu'à la mort. Alors, voici ce que je fais : je partage ma croix, je la divise en morceaux. Tous les matins, je me dis : allons! encore pour vingt-quatre heures; demain, tu recommenceras! »
L'excellente idée! Un vieil ermite disait aussi à un affligé pour le réconforter :
« Partagez votre croix. Portez-la d'abord de l'Avent jusqu'à Noël; persévérez jusque-là! »
« Maintenant, jusqu'à Pâques », lui dit-il à Noël.
Tout alla bien ainsi. Portée d'une fête à l'autre, la croix était devenue douce et légère.
Chers malades, faites de même. Déterminez les stations de votre chemin de croix. Dites-vous chaque matin :
« En avant, pour une journée encore! Et puis, on recommencera! »
Quand on traîne sa croix en rechignant, elle est accablante. Quand on la porte patiemment, on la trouve déjà plus légère. Elle devient un doux fardeau quand on la divise.Oh! je t'aime Jésus!... vers toi mon âme aspire... Pour un jour seulement reste mon doux appui! Viens régner en mon cœur, donne-moi ton sourire Rien que pour aujourd'hui!
Que m'importe, Seigneur, si l'avenir est sombre! Te prier pour demain, oh ! non, je ne le puis... Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre Rien que pour aujourd'hui!
Si je songe à demain, je crains mon inconstance, Je sens naître en mon cœur la tristesse et l'ennui; Mais je veux bien, mon Dieu, l'épreuve, la souffrance, Rien que pour aujourd'hui!
(Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus).
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
A LUI DE CROITRE!
(Récit d'une religieuse infirmière.)
(Récit d'une religieuse infirmière.)
Une jeune étudiante en médecine tomba gravement malade. Profondément pieuse, elle n'était pas une enfant du siècle.
Elle supplia Dieu de la guérir. Elle eut recours à tous les moyens naturels pour recouvrer la santé, consulta des spécialistes, séjourna dans un sanatorium. Mais l'art des médecins demeura impuissant. Dieu seul lui resta.
Dans son incapacité, elle se rendit mieux compte, de jour en jour, que l'homme ne peut absolument rien par lui-même, et que tout dépend de Dieu. La lumière de la foi acheva d'illuminer son âme et de lui faire pleinement comprendre que Dieu la voulait toute à Lui, que Lui seul suffit.
Elle porta sa croix avec une résignation parfaite, refusant même tout adoucissement à ses souffrances.
« Laissez-moi, répétait-elle, laissez-moi boire mon calice jusqu'à la lie ! », et sa prière d'immolation absolue était celle-ci :
« Mon Sauveur, je vous accompagnerai jusqu'où il vous plaira ».
Ainsi s'explique son héroïque patience durant cinq ans.
La jeune fille naguère si florissante dépérissait à vue d'oeil. La tuberculose lui rongeait la moelle épinière. De douloureuses opérations ne firent que l'affaiblir davantage. Finalement tout son corps se couvrit de pustules affreusement brûlantes. Jamais pourtant un mot de plainte ne lui venait sur les lèvres. Elle remerciait Dieu, au contraire, de l'épargner et savait consoler les autres. Tant qu'elle en fut capable, elle aimait à s'approcher de ses compagnes pour les distraire aimablement. Mieux encore, en secret, elle offrait à Dieu ses souffrances pour le salut des âmes.
Cette héroïne de la souffrance et de la charité s'éteignit à la fleur de l'âge, à vingt-cinq ans. Son journal intime s'achevait sur ces mots :
« A Lui de croître, à moi de diminuer! »
Dieu avait exaucé le vœu de sa jeunesse : celui de soulager l'humanité souffrante. Mais au lieu de sauver des corps, elle avait sauvé des âmes.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
L'ÉTERNITÉ EXISTE
Dans une ville de Lorraine habitait une famille distinguée. Le mari était catholique, mais la femme, protestante, et les enfants étaient également élevés dans le calvinisme.
On oublie facilement Dieu quand on vit dans l'aisance et sans soucis. De fait, les parents n'étaient plus catholique et protestant que de nom.
Le père tomba malade. On appela à son chevet une religieuse catholique qui, le voyant décliner rapidement, lui conseilla, puisqu'il était catholique, de penser à son salut éternel et de se réconcilier avec Dieu. Recommandation inutile. Plusieurs fois, la religieuse revint à la charge, mais la réponse du malade était toujours la même : il ne croyait pas en l'éternité; si l'éternité existait, il le lui ferait savoir. Pour mettre un terme aux remontrances de la nonne, on finit par renoncer à ses soins et la congédier. Elle s'en alla, navrée, en adressant à Dieu une fervente prière pour la conversion et le salut de cette pauvre âme endurcie.
Le lendemain, tard dans la nuit, on revint la chercher. L'état du malade s'était subitement aggravé, et elle constata, en arrivant, que la mort accomplissait déjà son œuvre. Elle se précipita à genoux et commença la récitation des actes de foi, d'espérance et de charité. L'agonisant, semblait-il, priait avec elle. Au bout de quelques instants, il tourna la tête de côté. Un dernier râle..., c'était fini!
La religieuse lui ferma les yeux, mais, tout à coup, comme elle redressait les oreillers, celui qu'on croyait mort releva la tête, ouvrit de grands yeux et prononça d'une voix profonde : « Ma Sœur, oui, l'éternité existe! ».. Puis, il s'affaissa, inerte.
La religieuse recommanda son âme à la miséricorde de Dieu.
Inutile de parler de l'émotion de la famille.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
PRÉDICATION SANS PAROLES
Dans une salle du pavillon des hommes d'un grand hôpital, un malade racontait une histoire malpropre, encouragé malheureusement par les rires et les applaudissements de ses camarades, quand, tout à coup, la porte s'ouvrit et sœur Agnès parut sur le seuil. Elle avait tout entendu. Elle s'arrêta un instant, le visage empourpré et les yeux ardents d'une sainte indignation. Puis, elle saisit la croix de son rosaire et la pressa avec ferveur sur ses lèvres, le regard en pleurs. Silencieusement, comme elle était venue, elle se retira et ferma la porte.
On s'était tu immédiatement dans la salle, tous les yeux tournés vers cette pure apparition. Finalement, un des malades prit la parole.
« Camarades, s'écria-t-il, nous ne sommes, en comparaison de cette sœur, que des goujats. N'avez-vous pas vu comment nos saloperies l'ont fait pleurer et demander pardon pour nous ? Camarades, ne recommençons plus! Croyez-moi, les larmes que j'ai vu briller dans ses yeux me brûlent le cœur et me font comprendre mon ingratitude. J'ai honte de moi depuis que j'ai aperçu le regard limpide de la sœur ».
Le misérable auteur de cet incident ajouta à son tour :
« Le camarade a plus que raison. J'ai fait une sottise et je la regrette. Le regard et les larmes de la bonne sœur m'en ont dégoûté. J'aimerais mieux m'arracher la langue que de recommencer! »
Et longtemps après, il pouvait dire :
« Ma promesse, je l'ai tenue! »
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
SOUTIENS DANS L'ÉPREUVE
Dans une ambulance en Lorraine, au début de la guerre de 1914, se trouvait un jeune soldat alsacien qui avait eu les deux yeux arrachés par un éclat d'obus. Jeune et vigoureux, il ne pouvait se faire à l'idée de rester toute sa vie impuissant comme un enfant.
Le moment approchait où il allait être évacué, mais il refusait de retourner chez lui.
« Comment pourrais-je faire cette peine à ma mère, répétait-il sans cesse. Que fera-t-elle d'un fils aveugle ? »
La brave femme avait été prévenue. Un jour, elle arriva du Sundgau. On l'amena près de son fils. L'infirme lui cherche à tâtons les mains.
« C'est toi, maman?... Maman, je ne vois plus! Je suis aveugle ! Je ne vois que du noir. Chère maman, dis-moi donc un mot! »
Mais la vieille maman, tremblante et le visage inondé de larmes, était si émue qu'elle ne trouvait rien à lui répondre.
« Maman, parle ! Dis-moi quelque chose ! Que penses-tu? Que vais-je devenir? »
Alors la mère tomba à genoux, et, levant ses mains ridées vers le crucifix, elle soupira :
« Père, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel!
— Que penses-tu, maman ? Que vais-je pouvoir faire? »
Et la mère reprit plus haut :
« Père, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel! »
Le jeune soldat comprit alors. La lumière reparut en son âme. Caressant les cheveux de sa pieuse mère si croyante, il répéta à son tour :
« Oui, que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel! »
Et ensemble, soutenus par la foi, ils repartirent pour leur petit village du Sundgau.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
LE QUATRIÈME COMMANDEMENT
Un prêtre est appelé près d'un malade. Il part à la hâte : dans ce quartier de la paroisse, on ne l'appelle jamais qu'à la dernière minute.
Le malade habite au fond d'une grande cour. Une vieille maritorne ouvre la porte et disparaît aussitôt. Quel réduit! Aucune image sur les murs blanchis à la chaux, une table malpropre, une armoire branlante, quelques chaises boiteuses; près de l'armoire, le grabat du malade.
L'homme a les yeux cernés. Le prêtre constate immédiatement que sa fin approche, et il lui administre les derniers sacrements.
L'une après l'autre, des larmes coulent sur les joues du mourant.
« Un instant! dit-il au prêtre qui veut se retirer. Il faut que je vous répète ceci : il y a un quatrième commandement. Autrefois, j'étais riche; je ne suis plus qu'un mendiant! Autrefois, j'habitais dans une grande ferme; maintenant, me voilà dans ce pauvre taudis, et cela, parce que je n'ai pas observé le quatrième commandement! »
Le prêtre essaie de consoler le malheureux :
— « Votre pauvreté et votre maladie sont l'expiation de vos fautes.
— Ah! si je pouvais ramener mes parents à la vie, comme j'agirais autrement! Trop tard!
— Du haut du ciel, vos bons parents vous ont depuis longtemps pardonné.
— Monsieur le Curé, je vous en prie, il y a un quatrième commandement; dites bien cela à tous les enfants du catéchisme, répétez-le en chaire. J'en sais quelque chose par expérience! Priez pour moi afin que je meure repentant. J'offre à Dieu ma vie et ma mort en expiation. Que Dieu ait pitié de moi, pauvre pécheur! »
Le prêtre regagna son presbytère, profondément ému. Tout le long de la route les paroles du mourant lui résonnaient aux oreilles : Il y a toujours un quatrième commandement !
Oui, honorez votre père et votre mère, afin de vivre heureux sur terre.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
L'ENCLUME DE LA SOUFFRANCE
Un jeune carrier avait été transporté à l'hôpital, la colonne vertébrale brisée par la chute d'une pierre. Quand il reprit connaissance, il se trouvait immobilisé sur une gouttière.
« En voilà pour le reste de mes jours ! » pensa-t-il.
Mais le plus pénible était de sentir ses membres s'atrophier l'un après l'autre, la mort approcher tous les jours. Six mois durant, le jeune homme lutta désespérément avec son destin, avec Dieu et avec lui-même. Finalement, il se résigna et retrouva son ancienne gaîté.
Constatez! Lorsque les sœurs recevaient à l'hôpital un vieux mécréant récalcitrant qui ne voulait pas entendre parler de Dieu et du prêtre, elles le transportaient dans la salle où le jeune ouvrier gisait sur sa gouttière, certaines qu'il ne tarderait pas à demander un prêtre pour se réconcilier avec Dieu. Que s'était-il passé? Ils avaient récité ensemble le chapelet. Souvent le nom même de Dieu n'avait pas été prononcé, mais de converser avec cet extraordinaire patient, capable de rire et de plaisanter malgré ses horribles souffrances, et si compatissant pour les misères des autres, c'était assez pour attendrir les plus grands pécheurs et faire réfléchir les plus endurcis.
Les religieuses racontaient qu'elles avaient pu constater ce résultat des centaines de fois.
Ce simple ouvrier était un apôtre de la souffrance. Il s'était adouci et assoupli sur l'enclume divine et sous les coups de son vigoureux destin. N'avait-elle pas raison cette sainte qui répétait à Dieu tous les jours : «Frappez, Seigneur, frappez!»
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
SUR LA TABLE D'OPÉRATION
Constatation du chirurgien chef d'une clinique.
« La plupart des malades restent assez calmes sous l'action de l'anesthésique et ne disent rien. Certains s'agitent et remuent les lèvres sans qu'on puisse les comprendre. D'autres enfin sont très excités, chantent, pleurent, appellent leurs parents et articulent des paroles plus ou moins incohérentes.
Les personnes pieuses se mettent très souvent à prier à haute voix, et c'est chose touchante que la façon dont elles expriment leur confiance en Dieu. C'est ainsi qu'une mère ne cessait de répéter sur la table d'opération : « Mon Dieu, seulement à cause de mes enfants!... »
« Il nous était facile à nous qui l'entendions de comprendre ce qui se passait dans l'âme de cette brave femme : elle eût été prête à faire le sacrifice de sa vie, mais pour ses enfants, elle voulait continuer de travailler et de peiner sur la terre.
« Quel héroïsme, quelle patience, quelle soumission à la Providence en ces quelques mots intelligibles murmurés par un malade : « Seigneur, que votre volonté soit faite !... Mon Dieu, comme vous voudrez!... Mon Jésus, miséricorde ! »
« Ces invocations, ces pieux soupirs montrent aussi l'admirable influence que peut exercer la religion sur la vie et la santé dans des circonstances dangereuses ».
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
IL ME RESTE LE SAUVEUR
Un prêtre s'entretient à l'hôpital avec un pauvre infirme, amputé des deux jambes par suite d'un accident.
« Monsieur le Curé, dit l'estropié, des larmes aux yeux, je n'ai plus ni père, ni mère, ni frères, ni sœurs, plus aucun parent, mais il me reste notre doux Sauveur. Il est désormais mon unique et mon tout ».
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
MAINTENANT JE M'ABANDONNE ENTIÈREMENT A DIEU
(Lettre d'une personne cruellement éprouvée.)
(Lettre d'une personne cruellement éprouvée.)
« Voici que je vous récris enfin après des années d'épouvantables épreuves où la mort n'a cessé de frapper autour de moi, où je me suis trouvée moi-même au bord de la tombe et sur le point de perdre la raison. Il m'a fallu franchir une longue étape pour retrouver Dieu.
Je vous écrivais dans mon accablement, il y a sept ans, quelques lignes que j'achevais par ces mots désespérés : Dieu n'a jamais existé nulle part, jamais, jamais !
Maintenant Dieu m'a fait réaliser de tels progrès que je m'abandonne entièrement à lui. Et pourtant, j'en suis toujours à hurler comme un enfant quand je touche mes vieilles plaies. Il y a des peines dans la vie qu'on ne peut jamais surmonter, des blessures qui ne se ferment jamais. Mais, mon Dieu, quand bien même je ne comprends pas, que votre volonté soit faite! »
Ce sont précisément les âmes les plus délicates et les plus affinées pour qui les deuils sont des cicatrices toujours saignantes. Lorsque je pense à quelqu'une de ces âmes endolories qui revient à son Sauveur, il me semble entendre le bon Maître lui dire en la couvrant de sa bénédiction : « Tu as bien lutté, ma Sœur, et j'étais tout proche de toi tandis que, dans l'amertume de ta grande affliction, tu te détournais de moi ».
Que nous serions grands si nous étions ce que Dieu veut et ce qu'il nous permet d'être.
(L. Veuillot).
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
COURAGE D'UNE FEMME
Un grand malheur était arrivé à la petite Mme Lina : son mari avait eu les deux jambes brisées et on avait dû les amputer.
C'était un fameux ivrogne, et de caractère si difficile qu'il était impossible de le soigner convenablement. Désœuvré, il retomba dans son vice et eut bientôt épuisé le peu d'argent qui lui restait.
Quand il avait bu, il faisait des scènes terribles à sa femme qu'il accusait de gaspillage, et tandis qu'il cuvait tranquillement son vin, la pauvrette — aurait-elle jamais cru cela ? — s'en allait colporter du savon, des lacets, des allumettes pour faire face aux nécessités les plus urgentes.
Au début, l'homme s'accommoda assez bien de ses deux jambes de bois, mais, quelques années plus tard, le frottement lui occasionna des abcès aux moignons. Sa femme réussit alors à lui procurer une vieille chaise roulante. C'était presque comique de le voir s'y prélasser avec sa cigarette et son journal, péniblement poussé par sa gracieuse petite épouse, avant d'aller, le soir, consommer à l'auberge les menues recettes de la journée.
On finit par s'apitoyer peu à peu sur le sort de cette femme dont les yeux cernés disaient les privations. Des voisins prirent l'habitude de lui apporter les restes de leurs repas.
Cependant, elle prenait toujours la défense de son mari, l'excusait et ne pouvait supporter qu'on en parlât mal. Au dispensaire, on s'étonnait un jour de l'entendre réclamer si souvent de chauds lainages :
« Ah! répondit-elle, embarrassée, il faut tant de chiffons à mon mari pour garnir ses cuissards et en atténuer le frottement! »
La trace des coups qu'elle portait sur le visage faisait pitié. Mais elle ne voulait pas pleurer, et son mot était toujours :
« Quel brave homme tout de même, et puis, il est tellement à plaindre! »
La femme ne peut être que l'ange ou l'animal du foyer domestique. (Abbé Perreyve).
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
LA CHARITÉ N'EST PAS MORTE
Une religieuse de vingt-cinq ans agonisait à l'infirmerie de la communauté. Fille unique, elle avait, à dix-huit ans, quitté ses parents pour se consacrer au service des malades. En soignant des typhiques, elle avait contracté leur mal, et elle attendait sa dernière heure.
N'ayant vécu que pour Dieu et les malades, elle considérait avec calme et sérénité l'approche de la mort.
« Combien je suis heureuse, répétait-elle souvent, d'aller voir mon divin époux! »
Sa dernière confidence à sa supérieure fut :
« Dites à ma mère que je ne regrette rien et que je l'attends au ciel ».
Et celle-ci disait également un peu plus tard à la supérieure :
« Si j'avais une autre fille, j'en ferais volontiers encore le sacrifice pour les malades. Mon enfant a été heureuse dans sa vocation, et elle l'est certainement aussi dans l'éternité ».
Quelles magnifiques paroles! Non, la charité n'est pas morte sur la terre, quoique, trop souvent, nous y soyons aveugles.
Pour les gens du monde, c'est une vertu si naturelle chez les religieuses. On oublie quel désintéressement, quelle abnégation suppose la pratique de la véritable charité chrétienne.
Ce qu'est la bonne religieuse, il arrive pourtant qu'on y pense parfois lorsqu'on est malade à l'hôpital ou qu'on la rencontre, regagnant sa communauté, le matin, après avoir veillé toute la nuit au chevet d'un inconnu qui, à peine guéri, se moquera d'elle et de son costume!
Elle est jeune encore. Elle n'a plus de famille. Celle qui, naguère, dansait des rondes avec ses amies, soigne maintenant des malades, nettoie leurs plaies purulentes, n'entend que gémissements et plaintes amères. Quant à elle, son affaire n'est pas de maugréer — elle ne le peut, elle ne le veut pas — mais de répandre l'huile sur les blessures et de réconforter le cœur meurtri de ses semblables. Et cela, non pas durant quelques jours, quelques semaines, quelques mois, quelques années; toute sa vie! Au terme de son existence, elle n'attend aucune récompense terrestre. Son dévouement est entièrement désintéressé. C'est dans l'amour du Sauveur qu'elle puise la force d'aimer les hommes, et elle trouve en cette existence le bonheur, le bonheur que procure la foi dans le Christ et dans ses promesses.
Non, en vérité, la charité n'est pas morte sur la terre.
Quand on aime, on ne peine plus, ou, si l'on peine encore, la peine elle-même est aimée.
(Saint Augustin).
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
CONFIANCE RÉCOMPENSÉE
Dans un village des Vosges, une paysanne contemplait avec angoisse, assise près d'un berceau, le visage bleui et les membres presque inertes de son bébé, de son premier-né, le petit Etienne.
« Serait-ce déjà trop tard ? pensait-elle. Non, mille fois non! La sainte Vierge ne peut manquer de me secourir ».
Le lendemain, veille de Noël, la paysanne se rendit de grand matin par des sentiers couverts de neige, au sanctuaire de Dusenbach. Elle y resta jusqu'à midi, agenouillée devant la statue de la Madone. Tout son corps tremblait d'inquiétude et de crainte. Elle suppliait avec ferveur :
« Mère, il faut que vous veniez à mon secours. C'est aujourd'hui que vous avez mis au monde votre petit enfant. Oh! rendez-moi le mien! Il vous appartiendra tout entier, toute sa vie vous sera consacrée; mais, gardez-le-moi, bonne Mère! »
Et la pauvre femme de reprendre son chapelet comme s'il en émanait une vertu apaisante. Finalement, elle se leva.
« Mère, dit-elle encore, je vous l'offre; faites-en ce que vous voudrez. Si vous me laissez mon bébé, il est entièrement à vous. Si vous ne me le laissez pas... O sainte Mère de Dieu, secourez-moi! »
Elle repartit enfin, pleine d'espoir.
Un peu plus tard, elle se retrouvait près du berceau de son petit qui dormait tranquillement. Son mari lui dit :
« La journée a été très bonne.
— Je crois, répondit-elle, que la sainte Vierge nous l'a guéri; mais je lui ai promis que notre Etienne lui appartiendrait toute sa vie. Ne m'approuves-tu pas, Georges ?
— Oh! si pour sûr, de tout cœur! »
La prière de la maman n'avait pas été vaine. L'enfant reprit des forces et se remit rapidement. A quatre ans et demi, il fit son premier pèlerinage à Dusenbach avec sa mère, et il y revint souvent prier la Vierge et lui dire sa reconnaissance.
Le temps passa. Vingt ans après, un matin dès l'aurore, un nouveau prêtre était agenouillé avec sa mère dans la petite chapelle de Dusenbach. C'était notre Etienne, radieux, qui devait célébrer sa première messe le lendemain.
Les deux pèlerins sortirent. L'abbé saisit la main de sa mère :
« Maman, lui dit-il, je te promets d'être un bon prêtre de la sainte Vierge. Je lui amènerai beaucoup d'enfants, le plus possible ».
Il a tenu sa parole.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
L'APOSTOLAT DE LA SOUFFRANCE
Il se croyait presque au but. Le rêve de sa jeunesse, l'ardent désir de son cœur serait bientôt réalisé. Encore un an, et il monterait à l'autel.
Prêtre! Comme elle lui paraissait sublime sa sainte vocation! Annoncer la lumière divine aux cœurs enténébrés, apporter le soleil dans les âmes et dans les foyers. Il irait à la poursuite des égarés, il indiquerait aux enfants le chemin du ciel et prouverait au monde par l'exemple de sa vie combien il est beau de marcher sur les traces du Sauveur.
En vérité... Il saurait persévérer... Ah! si seulement c'était demain! Exalté d'enthousiasme, le regard tendu vers le but, il avançait résolument sur les pas du Christ, quand, soudain retentit le tocsin de la mobilisation, et la guerre le força à troquer l'épée de la pensée pour celle des combats charnels.
Deux ans plus tard.
Il faut avoir le cœur bien en place pour résister à pareil spectacle. Le jeune homme, ses blessures guéries, ne quitte plus sa chaise depuis plusieurs mois. Une bombe incendiaire avait éclaté dans son abri. Quatre de ses camarades avaient été tués sur le coup. Quant à lui, pire avait été son sort. Il avait eu les mains et le visage brûlés. Oh! qu'elles furent lentes, angoissantes, torturantes, les semaines qui suivirent!
Le voici maintenant complètement aveugle. Son visage ne forme qu'une cicatrice; le nez a presque entièrement disparu; la lèvre inférieure est toute pendante, et on le peut l'alimenter qu'au chalumeau. Ses mains et ses pieds ressemblent à des fuseaux. Tout son corps n'est qu'une loque lamentable.
Seul, il lui arrivait de murmurer. Il s'entêtait, avide de lumière et de soleil, à vouloir résoudre la ténébreuse énigme, mais elle restait sans réponse. De l'abîme, il ne voyait surgir que les grands pourquoi. Pourquoi était-il contraint au désœuvrement et à l'inaction? Pourquoi devait-il renoncer pour toujours à prêcher et à sauver les âmes ? De chagrin, il en aurait presque blasphémé.
Mais cette discrète messagère céleste, toujours assidue aux rendez-vous de la misère, la bonne souffrance, ne le quittait point. Elle ne le quitta pas jusqu'à ce que, dans sa détresse, il comprît sa parole; et, mystérieusement, elle insinua dans l'ombre de ses paupières closes un rayon de l'infini qui lui fit entrevoir quelque chose du Cœur de Dieu et de l'aurore d'un beau jour où le soleil pascal resplendit sans déclin.
La bonne souffrance l'initia peu à peu à l'apaisant mystère du saint abandon.
Elle le prit par la main — un bandeau, lui semblait-il, se détachait de ses yeux —, et elle lui révéla le secret de sa mission ici-bas. Impuissant et aveugle, sa grande vocation n'était pas de servir les âmes, de les aider, de les consoler par de brillants discours et des œuvres retentissantes; c'est dans le silence qu'il devait agir et travailler.
Fortifié par la grâce divine, il prononça enfin son fiât : « Père, que votre volonté soit faite ! » Non, plus de plaintes et de murmures désormais; il serait un parfait modèle de patience. Qu'est-il dit du Serviteur de Dieu dans sa Passion ? « Quand on le maltraitait, semblable à un agneau il n'a point ouvert la bouche » (Is. 53, 7).
Ainsi ferait-il. Il consolerait ceux qui viendraient à lui, il leur montrerait comment il faut porter sa croix. Oui, sans doute, pouvait-il espérer encore faire pénétrer au fond des âmes quelques rayons de la lumière éternelle.
Il est toujours immobile sur sa chaise. Tous les jours, il prêche, mais non point tant par ses paroles que par le persuasif exemple de son héroïque patience. Les accablés, ceux qui allaient succomber au désespoir, retrouvent courage en sa présence. On vient pour le plaindre, et c'est lui qui console. Ses ténèbres éclairent. Il est rarement seul, et nul ne le quitte sans se sentir un peu meilleur et incapable de l'oublier, lui et le spectacle de son inaltérable résignation. Il n'est pas prêtre; son âme sacerdotale répand cependant des bénédictions infinies. Apôtre de la souffrance, il opère des miracles dans le royaume de Dieu. Des âmes innombrables lui doivent leur salut. Martyr, il est un sauveur.
Par nos petits actes de charité pratiqués dans l'ombre, nous convertissons au loin les âmes, nous aidons aux missionnaires, nous leur attirons d'abondantes aumônes : et, par là, nous construisons de véritables demeures spirituelles et matérielles à Jésus-Hostie.
... O mon Jésus! je vous aime, j'aime l'Église ma mère, je me souviens que le plus petit mouvement de pur amour lui est plus utile que toutes les autres œuvres réunies.
(Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus).
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
UNE ÉLÈVE DOCILE
C'était une belle enfant du bon Dieu. La noblesse de son âme se reflétait en son regard.
Un pied brisé la retenait clouée sur son lit de douleur. Le médecin lui avait passé au travers de la cheville un filin d'argent auquel était attaché par une corde un lourd sac de sable pour tenir le pied tendu. A ce spectacle et en entendant les explications de la patiente, j'en avais presque le frisson. Mais elle ne cessait de sourire; le médecin et la sœur infirmière n'en revenaient pas; jamais ils n'avaient vu chose pareille à l'hôpital.
« Savez-vous, Monsieur l'Abbé, commença doucement la malade, je croix que je travaillais trop et ne pensais pas assez à Jésus. Oui, j'aimais trop mon travail. Voilà pourquoi Jésus m'a envoyé la souffrance, pour me faire penser à lui.
— Eh bien, répliquai-je, vous êtes à même de le faire ! Vous en avez le temps ! Exercez-vous assidûment à vous rappeler la présence de Dieu.
— Oh! savez-vous, Monsieur l'Abbé, reprit-elle simplement, je m'efforçais souvent, au cours de la journée, de penser à Jésus, mais je n'y réussissais guère. Aussi, je me disais parfois : si seulement Jésus me donnait des coups d'aiguille pour me rappeler son souvenir ! Voyez-vous, Monsieur l'Abbé, il y a quelques semaines, j'ai glissé sur le verglas. Ah! quelle chute! Alors, le médecin m'a passé à travers le pied une aiguille qui me fait sans cesse penser à Dieu. Voilà donc comment le bon Jésus a exaucé ma prière : il a très bien réussi. Combien je lui en suis reconnaissante ! Sans cette aiguille, jamais je n'aurais appris à penser à lui ».
Ah ! me disais-je en rentrant chez moi, si le bon Dieu trouvait dans toutes les salles d'infirmeries des élèves aussi dociles que celle-ci! On peut tant apprendre à l'école de la souffrance! La souffrance abat les petites âmes; elle élève les grandes âmes !
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
LE BON REMÈDE
On me racontait dernièrement une histoire, une de ces histoires comme il en arrive tous les jours, qui n'ont rien d'extraordinaire en elles-mêmes sinon la profonde leçon pratique qui s'y cache.
Un médecin incroyant vient trouver son collègue de la ville pour se faire examiner par lui. Il craint un mal interne et veut connaître exactement son état. L'auscultation achevée, le collègue ne peut cacher son inquiétude. Mais c'est une réponse précise qu'on exige.
« Un peu de courage, mon cher! Un cancer! et, vous le savez bien, vous en avez à peu près pour deux ans ! »
Pour deux ans!...
Le malade ne peut s'arracher à cette pensée. Deux ans, et tout sera fini!
Tout?... Mais c'est épouvantable à prononcer, cette simple syllabe! Mainte problème assume en face de la mort un aspect qui exige irrésistiblement une solution. Le pauvre docteur revient, chez lui, très perplexe.
Il passe la nuit à se remémorer son passé, sa jeunesse, ses années d'études durant lesquelles il a perdu la foi, sa maturité dans les ténèbres de l'incrédulité. Finalement, debout de grand matin, il va chercher dans un coin poussiéreux de sa bibliothèque un livre où il est parlé de celui qui se nomme la Voie, la Vérité et la Vie. Il lit pendant des heures, insatiable des paroles de la vie éternelle; puis, il sort du tiroir de son bureau un objet qu'il n'a pas pris entre ses mains depuis bien des années, son chapelet de première communion. Il le récite, comme il redira tous les jours désormais le mystère de la mort de Jésus... « qui est mort pour nous sur la Croix ».
Le lendemain, il s'agenouille au confessionnal de l'église paroissiale pour se délivrer des remords de sa conscience et retrouver la paix du cœur.
A partir de ce jour, le médecin malade ne manqua jamais d'approcher de la sainte table chaque premier vendredi du mois.
Au bout de deux ans, il mourut. On l'ensevelit avec son chapelet entre les doigts. Corps et âme, il s'en était retourné chez son Père.
A. MEYER
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Re: NOTRE BONNE SOUFFRANCE
QUEL AGE AVEZ-VOUS ?
Les premières visites du jeune curé en arrivant furent pour les malades et les infirmes de la paroisse. Il aperçut à l'entrée d'un village un vieillard assis devant sa porte à se chauffer aux rayons du soleil printanier, un vieillard très âgé à en juger par les rides de son visage et par la blancheur de ses cheveux.
Attiré par la franchise et la candeur de son regard, le prêtre avança directement vers lui :
« Eh ! mon brave, quel âge avez-vous donc ?
— Dix ans, fit le vieillard en souriant.
— Dix ans! Peut-on se moquer ainsi et déshonorer ses cheveux blancs par un pareil mensonge!
— Ce n'est ni un mensonge, ni une plaisanterie, c'est la vérité. Pendant soixante ans, j'ai vécu pour le monde, à peu près sans rien faire pour Dieu et le salut de mon âme. Une catastrophe épouvantable me fit alors comprendre que ma vie était manquée. Avec la grâce de Dieu, je suis revenu à la foi de mon enfance et j'ai retrouvé la paix de mon âme.
Cet événement remonte à une dizaine d'années.
Ma vie, je m'en rends mieux compte tous les jours, n'a vraiment commencé que depuis mon retour à Dieu, car tout est vanité, hormis aimer Dieu et le servir, lui seul ».
Le prêtre était devenu pensif à ces mots. Il dit au revoir au vieillard avec une cordiale poignée de main et un mot d'encouragement. A toutes les fois qu'il le revoyait ensuite assister pieusement à la messe, le mot de l'Évangile lui revenait à la mémoire : « Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers ».
Le temps ne vaut qu'à partir du moment où nous quittons ce qu'il détruit et décidons de nous attacher à ce qui demeure. (P. Sertillanges).
A. MEYER
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