Apôtres Inconnus
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireEchec de la mission esquimaude du Père Petitot.
L'évangélisation de la tribu esquimaude — les Tchiglit — qui habite les bouches du Mackenzie était prête en 1870. Le Père Petitot, homme d'un remarquable talent et d'une endurance éprouvée, jugea que l'entreprise serait possible, avec le concours d'un Frère coadjuteur. Il partit de la Mission N.-D. de Bonne Espérance (Cercle polaire), sa résidence, pour le Grand Lac des Esclaves — plus de mille kilomètres — où il comptait trouver Mgr Faraud, afin de plaider la cause, et de lui représenter combien il importait d'établir une mission à l'Ile Richard, à côté du fort-de-traite qu'on y installait alors :
— Donnez-moi un Frère, Monseigneur, et les Esquimaux sont à nous.
Mgr Faraud eut la douleur de ne pouvoir se rendre, faute de sujets, à la prière de son missionnaire. La Mission ne put être fondée,
L'année suivante, arriva d'Angleterre un prédicant. La place fut ainsi conquise au protestantisme. Presque tous les Tchiglit en sont restés les adeptes.
A la Mission de Notre-Dame de la Délivrande…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireSuccès de celle du Père Turquetil.
A la Mission de Notre-Dame de la Délivrande, d'autre part, sur la rive nord-ouest de la Baie d'Hudson, où se rallient les Esquimaux du vicariat du Keewatin, le Père Turquetil eut le bonheur de trouver, pour remplacer le Père Le Blanc, son premier compagnon, mort prématurément, le Frère Prime Girard. Grâce à cet auxiliaire, il put continuer son œuvre. Aujourd'hui, il y a, à Notre-Dame de la Délivrande, une chrétienté comparable à celles de la primitive Eglise.
Comme chez les Esquimaux…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireLes Frères dans les Missions des Dénés.***
Comme chez les Esquimaux, c'est dans la mesure où elles reçurent le secours des Frères coadjuteurs que prospérèrent les Missions des Dénés et des Cris, leurs voisins du Sud. Ailleurs, le missionnaire ne faisait que déplorer sa solitude.
Le Père Pascal…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireRéflexions de Mgr Pascal et de l’évêque auxiliaire de l’Athabaska-Mackenzie.
Le Père Pascal — mort en 1920, évêque de Prince-Albert (Saskatchewan) — écrivait, de la Mission de Notre-Dame des Sept-Douleurs (Fond-du-Lac Athabaska) où il débuta, en 1875, comme missionnaire de la tribu des Mangeurs de Caribous :
Depuis deux ans que je suis ici, la pêche, les travaux de toutes sortes et les sauvages ont pris tout mon temps. Le soir seulement, je puis réciter mon bréviaire, dire mon chapelet, faire ma lecture spirituelle et étudier un peu la langue montagnaise. Voilà mon règlement forcé jusqu'à ce que la Providence fasse tomber du Ciel un petit Frère, le seul objet de mes vœux !
Au chapitre général des Oblats de Marie Immaculée, tenu à Paris, en 1878, Mgr Clut suppliait en ces termes :
Avant mon départ du Mackenzie, tous les missionnaires m'ont demandé de leur ramener un Frère; et leurs lettres m'ont renouvelé, depuis, cette demande. J'espère que le Chapitre aura pitié de nous. Nos besoins sont des plus pressants. Il est impossible, chez nous, de se procurer de l'aide. Mais, vos serviteurs ? direz-vous. Des serviteurs ? D'abord, il est impossible souvent de s'en procurer. Si l'on en trouve, ils ont d'ordinaire femmes et enfants, qu'il faut nourrir, vêtir et loger… Devinez-vous les dépenses et les inconvénients que tout cela entraîne, dans nos pauvres missions et nos misérables demeures ? Si le mercenaire n'est pas marié, il exige des prix énormes, et ne travaille qu'avec paresse, indépendance et toutes les exigences. En ce cas, nos pauvres Pères s'en passent ; ils préparent eux-mêmes leurs aliments, coupent leur bois, défrichent, bâtissent, etc... Et, durant ce temps, ils ne s'instruisent pas dans les langues si difficiles, ils ne prêchent pas, ils ne convertissent pas...
Oserai-je faire la demande d'un Frère pour moi-même. Oui, s'il le fallait, je me mettrais à genoux pour en obtenir un qui put m'accompagner, dans mes incessants voyages. Depuis ma consécration épiscopale (1867), je n'ai jamais eu de Frère pour m'assister, si ce n'est une fois, pendant trois semaines.
Mais, direz-vous encore, vous avez des Frères dans votre vicariat. Pourquoi ne prenez-vous pas l'un d'eux à votre service ?.,. Ah ! J'ai bien souvent eu cette tentation; mais, me sentant plus robuste que la plupart de nos Pères, et sachant, du reste, que je ferais un grand tort à la résidence dans laquelle je choisirais, j'ai préféré m'en passer jusqu'ici; et, par suite, je me suis vu plusieurs fois exposé à mourir de misère, ayant été abandonné par des serviteurs, pendant mes longs voyages d'hiver et d'été. Sans une providence toute spéciale, j'aurais dû périr, et cela uniquement parce que je n'avais pas avec moi un homme dévoué.
Nous avons souligné...
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireComment le Frère Boisramé sauva la vie de Mgr Clut.
Nous avons souligné ces mots de Mgr Clut: ce n'est une fois pendant trois semaines , parce que nous avons appris que, sans la présence du Frère Boisramé, Mgr Clut aurait perdu la vie.
Le Frère Boisramé, cousin du célèbre Père Boisramé, auteur d'un ouvrage de méditations en trois volumes, et qui forma tant d'Oblats, au noviciat de Notre-Dame des Anges de Lachine (aujourd'hui Ville La Salle), le Frère Boisramé fut le premier coadjuteur des missions de l'Athabaska-Mackenzie.
Il arriva de la Mayenne, où il était bourrelier de son état, à l'Ile à la Crosse (Nord de la Saskatchewan), avec Mgr Grandin, en 1860. De cette date à celle de sa mort, 1904, il fut le fac-totum des missions de l'Extrême-Nord. Si grande était la confiance de Mgr Faraud en son habileté, son jugement et son esprit religieux qu'il lui laissait habituellement la liberté complète de ses emplois et de ses voyages. Il avait le don de se multiplier et de mener à bien ce qu'il entreprenait. Il défricha, il planta, il pêcha surtout, Par ses pêches, qui duraient parfois de trois heures du matin à dix heures du soir, il « sauva la nation ». C'était son expression, Quoique d'une santé frêle, il fournissait le labeur « d'un homme de fer ». Il fut l'un des grands bâtisseurs dans nos missions. En bon Français, il avait toujours un petit drapeau, confectionné avec des guenilles, s'il le fallait, mais bien tricolore, qu'il ne manquait pas d'arborer, comme bouquet de couronnement, sur chacune des maisons et églises qu'il dressait, de par le vicariat, « afin de faire savoir aux Anglais de tout ordre que c'étaient des mains françaises qui avaient travaillé là ».
Intelligent, spirituel, épris d'amour pour la Congrégation, sa Mère, mais « n'ayant jamais eu le temps d'apprendre à écrire », il recourait à des secrétaires, parmi lesquels s'inscrivirent Mgr Faraud, Mgr Grandin, Mgr Clut et Mgr Grouard. Il dictait de vraies « circulaires » aux communautés du vicariat, circulaires d'enthousiasme naïf, où le zèle pieux et les réflexions primesautières se donnaient libre cours.
Relevé dans l'une de ces lettres au Supérieur général, et conservé dans nos Annales, ce post-scriptum, authentiqué par le secrétaire du jour, Mgr Grouard :
— Je vous dirai, mon Très Révérend Père, que vous pouvez être tout à fait rassuré sur le sort de vos enfants de la Mission Providence. On y est très bien depuis que nous avons les Sœurs Grises et des vaches.
Le souvenir de l'une de ses saillies se conserve, à la même mission…
- Note sur le Frère Boisramé:
- Boisramé, Louis
Naissance à Cossé-le-Vivien (Mayenne), le 13 septembre 1837
Prise d’habit à N.-D. de l’Osier, le 30 avril 1858
Oblation perpétuelle à Aix, le 14 avril 1860 (no 503)
Décès à Saint-Boniface, Canada, le 23 mars 1904.
Louis Boisramé est né à Cossé-le-Vivien, diocèse de Laval, France, le 13 septembre 1837, de Jeanne Chalumeau et de Louis Boisramé. Cousin du père Prosper Boisramé, il commença son noviciat à Notre-Dame de l’Osier le 30 avril 1858. D’après le père Carrière, Louis était « bourrelier de métier ». Dans le Registre du Personnel en 1862, on a écrit: «Jeune homme tout à fait sans éducation. Il a mendié… Par protection il fut admis au noviciat…» Dans ses notes sur les novices en 1858-1859, le père Vandenberghe n’a toujours que des louanges sur ce frère: «actif et pieux», «sentiments dévoués, très soigneux», «excellent frère pour la vertu et pour le travail et pour le bon esprit», « cœur droit, dévoué et vertueux », « cœur franc et plein de bonne volonté, fait des progrès pour l’intérieur et l’extérieur.» Le frère a prononcé ses premiers vœux le 16 juillet 1859, sans doute à Marseille où il passa quelques mois. Il était à Aix lorsqu’il fit son oblation perpétuelle le 14 avril 1860, avant de partir pour le Canada.
Il a passé sa vie dans l’Ouest et le Nord-Ouest du Canada: à L’Île-à-la-Crosse en 1860-1861, à Fort Résolution en 1862-1863, à Saint-Boniface en 1863-1865 où il travailla à la construction de la cathédrale et de l’évêché. Il retourna ensuite au Mackenzie et résida à Fort Providence de 1865 à 1878, à Fort Rae en 1878-1879, au lac La Biche, Alberta, de 1879 à 1889. En 1890 il prit soin de Mgr Henri Faraud, malade à Saint-Boniface et, après le décès de celui-ci en septembre, le frère prit quelques mois de vacances en France. De 1891 à 1904, il demeura à Saint-Boniface où il mourut le 23 mars 1904.
Son nom est souvent mentionné dans Missions O.M.I. Dans une lettre au père Prosper Boisramé, le 14 novembre 1876, le père Lecomte dit que le frère est «une des illustrations du diocèse de Laval». Dans les Tables analytiques de Missions O.M.I., le père Henri Verkin qualifie le frère de «constructeur habile», de « chasseur heureux » et de « pêcheur adroit ». En 1877 par exemple, il a pris 17 000 poissons. Dans le rapport du vicariat de Saint-Boniface au chapitre de 1904, le vicaire des missions écrit que le frère est décédé «après une longue vie d’un dévouement et d’une piété vraiment bien admirables».Gaston Carrière
et Yvon Beaudoin, o.m.i.
Source
Dernière édition par Louis le Lun 06 Mar 2023, 5:58 am, édité 1 fois (Raison : Insertion de la note.)
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireComment le Frère Boisramé sauva la vie de Mgr Clut.SUITE
Le souvenir de l'une de ses saillies se conserve, à la même mission.
L'arrivée d'un traîneau, au milieu de ces solitudes, est un événement aux grandes proportions. Un soir de décembre, apparut Mgr Clut, avec ses chiens. Le Frère Boisramé, courant au couvent, rencontra les religieuses qui s'acheminaient vers leur chapelle pour la prière :
— Vite, ma Sœur supérieure, préparez un bon souper, Mgr Clut est là !
— Mgr Clut ?.. Impossible, impossible ! font, en chœur, toutes les Sœurs. Il est parti pour deux ou trois ans !
— Je vous dis qu'il est là !
— Eh bien ! on ne vous croit pas. C'est encore une farce. Et on n'est pas au premier avril...
— Vous ne le croyez pas !.. Eh bien ! vous êtes... vous êtes des Thomates !
Et il disparut.
Et le souper tardif s'apprêta quand même, comme pour une fête.
Le Frère Boisramé excellait à la réplique…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireComment le Frère Boisramé sauva la vie de Mgr Clut.SUITE
Le Frère Boisramé excellait à la réplique.
En 1869, dans l'intention de se renseigner sur certains procédés d'aménagement que l'on vantait, il alla demander au fameux ministre protestant du Fort Simpson, Bompas, la permission de visiter son temple. Le ministre l'accueillit avec politesse, et ne tarda pas à lui offrir une bible… en grec ;
— Lisez-moi ça, et vous vous convertirez bientôt. C'est du grec, mon Frère ! Si vous saviez quelle douceur !
— Je n'ai pas eu le temps d'étudier le grec, monsieur le Ministre.
— Oh ! comme cela doit vous manquer ! Tenez, prenez du moins ce Nouveau Testament en anglais.
— Je suis trop Français, Monsieur…
Alors le bon ministre de plaindre son interlocuteur, et de s'apitoyer sur le sort des « pauvres Frères, domestiques, esclaves des prêtres catholiques »...
— Assez, monsieur, sachez que nous ne sommes point des esclaves, ni même des domestiques, et que nous ne sommes point traités comme tels, et que, d'ailleurs, si nous l'étions, ce serait de notre plein gré et que nous nous regarderions encore comme grandement honorés qu'on ait daigné se servir de nous pour annoncer l'Evangile de la vérité. Les Pères ne sont point venus nous chercher. Au contraire, c'est nous qui les supplions de bien vouloir nous recevoir pour les aider en ce qui regarde le matériel tandis qu'ils s'occupent du spirituel. Ils nous considèrent et nous traitent comme leurs frères ; et, ce qui est mieux encore, ils nous font participer à tous leurs mérites. Voilà, monsieur, en deux mots, ce que nous sommes et comment on nous estime, Cessez donc de nous plaindre, je vous prie, car nous sommes parfaitement heureux dans la vie de missionnaire.
La foi du Frère Boisramé animait toute sa vie. Dans les dangers des voyages, elle se manifestait particulièrement,
— Je ne veux prendre aucun risque de perdre mon âme, avouait-il. Aussi je fais des actes de contrition à tout casser !
— Combien à peu près dans une demi-heure, lui demandait un jour Mgr Grandin ?
— Au moins cinquante, répondit-il.
Revenons au « sauvetage » de Mgr Clut…
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Re: Apôtres Inconnus
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Revenons au « sauvetage » de Mgr Clut.
C'était en 1873. Mgr Clut partait de la Mission de la Providence (fleuve Mackenzie), pour la Mission de la Nativité (lac Athabaska). II y avait à parcourir, avec les chiens et deux traîneaux, lourdement chargés, près de 800 kilomètres.
Le péril se rencontrait à quelque 60 kilomètres de la Providence, à l'endroit où le fleuve, à peine sorti des portes du Grand Lac des Esclaves, mesure une largeur de 20 à 30 kilomètres. Un barrage de glaçons avait refoulé le Mackenzie et tellement haussé son niveau que les bois d'alentour en étaient inondés et que la formation de la glace en avait été beaucoup retardée. La première difficulté consistait à passer de la forêt au fleuve. Le Frère Boisramé y parvint, en disposant des pontages, et, plongé lui-même dans l'eau glacée jusqu'à la ceinture, en transportant les attelages et Mgr Clut.
Les traîneaux marchèrent, le reste de la journée, sur une glace craquante, dans la direction du Grand Lac des Esclaves, Mais où passer la nuit ? Retourner au rivage était impossible. Aller plus loin, jusqu'à une île, que l'on connaissait, Mgr Clut ne pouvait s'y résoudre, parce que cette île, très basse, submergée aussi par conséquent, ne devait offrir qu'une glace trop mince pour porter le campement. L'évêque proposa de s'installer en plein large, à l'abri des traîneaux renversés et des chiens :
— Rester ici est un suicide, Monseigneur, dit le Frère Boisramé, averti des traîtrises du courant dans ces lieux. La glace peut céder à tout instant et nous laisser sombrer.
On gagna l'île. Elle était submergée, en effet, et la couche de glace s'effondrait partout, sous les pas,
— Retournons au fleuve, dit Mgr Clut. Là, nous serons au sec, tandis que dans les mares de cette île, nous allons mourir de froid,
— Monseigneur, permettez que je cherche jusqu'au bout, insista le Frère.
Il partit, fouilla partout, et découvrit enfin une butte épargnée.
C'était le salut assuré, et même la nuit confortable auprès d'un feu, dans les chaudes couvertures de peau de bêtes.
Les missionnaires venaient de commencer, à genoux contre le bivouac, leur prière du soir, lorsqu'un fracas retentit en aval de l'île: le Mackenzie était brisé, et toute la glace partait en pièces.
Mgr Clut, pleurant de reconnaissance, étreignit sur son cœur son cher compagnon... Il| décida que le port du refuge serait appelé désormais l'Ile Boisramé.
Quel missionnaire-prêtre, ou évêque, n'apporterait ici son récit, à lui, plus émouvant peut-être encore, et où il serait montré qu'il a dû plusieurs fois la vie au savoir-faire et à l'abnégation de son humble frère coadjuteur ?
Que ne dirait-on pas…
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Apôtres InconnusMissionnaireEt le Frère Lecreff celle du Père Dupé.
Que ne dirait-on pas, pour ne citer encore que l'un de ceux qui ne sont plus, du dévouement du frère Jean-Marie Lecreff ?
En février 1896, il accompagnait Mgr Grouard et le Père Dupé, entre le Petit Lac des Esclaves et le lac Wabaska. Le Père Dupé, qui depuis assez longtemps battait, en courant, la neige devant les chiens, ralentit soudain, et bientôt ne remua qu'à peine :
— Vous êtes bien fatigué ? demanda Mgr Grouard.
— Ce n'est pas tant la fatigue, répondit-il, qu'un certain engourdissement qui me lie les membres. Je ne puis même plus me servir de mes mains.
II n'y avait nul doute, continue Mgr Grouard; il était en train de geler, et, s'il eût fallu chercher au loin et longtemps du bois pour faire du feu, comme cela arrive quelquefois, il se serait changé en statue de glace. Mais heureusement nous en avions là, sous la main, en quantité considérable. Dès qu'il vit la flamme briller, le pauvre Père y plongea avidement les mains, trop avidement même, car il se fit quelques légères brûlures.
— Que voulez-vous disait-il, j'ai envie de vivre !
Petit à petit cependant la flamme grandissant envahit tout le bûcher, et nous avons enfin un véritable feu de joie qui dissipe toutes traces d'engourdissement. Mais aussi le Frère Jean-Marie a-t-il fait une hécatombe d'arbres entiers ! Les peupliers secs tombent en masse sous les coups de sa hache. Plus il en abat, plus il en veut abattre. Il semble dire au Père Dupé :
— Ne craignez pas, mon Père: tant que je serai là, vous ne gèlerez pas !
Il ne fait trêve à sa fureur de bûcheron que pour préparer le souper; mais c'est pour recommencer de plus belle à la lueur da la flamme...
Le Frère Jean-Marie Lecreff repose, depuis 1919, au cimetière de Saint-Albert, avec tant d'Oblats qui firent l'Eglise d'Alberta-Saskatchewan. Bien qu'appartenant au vicariat d'Athabaska, il avait demandé d'être déposé parmi les défunts, les plus aimés, de sa Congrégation.
Il tomba longtemps avant la vieillesse. Et tous ceux qui l'ont connu le regardent comme une victime du don de soi sans calcul ni réserve.
Arrivé de Bretagne au Mackenzie, en 1884, à l'âge de seize ans, il se rompit aussitôt à la vie religieuse et apostolique du Nord, par l'un des plus rudes noviciats qui se puissent faire. On le vit tout de suite, avec les anciens, à toutes les tâches. Esprit délié, pensant tout haut, trop haut parfois, il était doué d'une impeccable mémoire des lieux.
En 1895, Mgr Grouard, qui l'avait souvent observé à l'œuvre des voyages, se l'attacha définitivement comme compagnon de course, à travers l'Athabaska et le Mackenzie.
Ils dépassèrent même cette immensité….
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireAu Klondike, par la Cité de la Mort, et les Montagnes Rocheuses.
Ils dépassèrent même cette immensité, car ensemble ils firent une audacieuse traversée des Montagnes Rocheuses en 1900, époque de la folle ruée des mineurs sur le Klondike,
Après avoir navigué et marché longtemps dans des marais, ils arrivèrent au pied des montagnes, devant une gorge où tombait à pic la rivière au Rat, Le remous baignait un monticule de cabanes désertées et un cimetière avec des croix sans noms, sans dates, le tout dominé par un poteau chargé de cette inscription : Desolation City. Une caravane entière de chercheurs d'or avait péri là, de froid, de faim et de scorbut, l'année précédente. Ce spectacle ne découragea pas nos voyageurs,
Mgr Grouard s'attela à un câble de remorque, et le Frère Lecreff se mit à l'eau, Pendant douze jours on fit louvoyer ainsi l'embarcation sous les cascades. Au faite des montagnes, Mgr Grouard aperçut l'immense Youkon, où l'appelait sa charge pastorale. Les deux missionnaires arrivèrent à Dawson, en haillons, couverts de poux, mais heureux d'avoir échappé maintes fois à la mort.
A la suite de cet exploit…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireLe Vicaire général voyageur de Mgr Grouard.
A la suite de cet exploit, le Frère Lecreff se décerna le titre de « Vicaire général voyageur » de Mgr Grouard. Aucune protestation ne s'éleva. Il l'avait bien gagné.
Le zèle des Frères à…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireMissionnaire comme gardien du prêtre, le Frère
l’est encore comme compagnon, homme d’exemple et de
conseil, catéchiste, instituteur, publiciste, travailleur des mains.***
Le zèle des Frères à veiller sur la vie des Evêques et des Pères n'a d'égal que celui des Evêques et des Pères à veiller sur les Frères.
Le Père Grouard, passant, vers Noël 1868, à la Mission Sainte-Anne de la Rivière au Foin, sur le bord du Grand Lac des Esclaves, trouve le Frère Boisramé, seul, le pied foulé, blessure qu'il s'est faite en construisant une chapelle. Pendant trois jours le Père carriole le Frère, jusqu'à la Providence, où on le guérira.
Mgr Clut fait un très pénible voyage d'une semaine, dans le seul but de trouver le remède qui soulagerait, et peut-être sauverait, le Frère Rousset, qu'un chien vicieux a mordu à la lèvre.
Pendant dix heures, sans répit, le Père Dupire bat les bois et les lacs, à la recherche du Frère Renault, égaré dans une tempête de neige. Il le retrouve à demi gelé.
Nous avons montré un peu le rôle, transitoire pourrait-on dire, du Frère, gardien de la vie du Père et son sauveur.
Le Frère est missionnaire, en permanence, comme compagnon du prêtre d'abord. Avec quelle onction ce mot ne se prononce-t-il pas, dans les missions solitaires de l'Athabaska-Mackenzie : « Mon compagnon ! » Grâce à la présence du bon Frère, qui est un religieux associé, un commensal, un confident, un conseiller, un ami, a pris fin pour le missionnaire l'isolement, qui était le froid du cœur.
Le Frère est missionnaire aussi, parce que tous ses ouvrages, comme toute sa vie, concourent à la diffusion de l'Evangile.
Le simple spectacle de ses exemples est une prédication continue, irrésistible. Un loup de mer, échoué au Mackenzie, venait de passer du protestantisme à la vérité. Il disait à S. G. Mgr Breynat :
— Si je suis catholique aujourd'hui, c'est grâce à vos Frères dont la vie religieuse et dévouée m'a profondément touché et convaincu.
Et que de paroles édifiantes, il est facile à nos bons Frères de placer, chemin faisant !...
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireMissionnaire comme gardien du prêtre, le Frère
l’est encore comme compagnon, homme d’exemple et de
conseil, catéchiste, instituteur, publiciste, travailleur des mains.SUITE
Et que de paroles édifiantes, il est facile à nos bons Frères de placer, chemin faisant ! Le Frère Leroux écrivait, de la Mission de la Nativité, au R, P. Rey O, M, I, alors supérieur des chapelains de Montmartre — on sait que les Oblats de Marie Immaculée furent chargés de ce sanctuaire national au Sacré-Cœur depuis les origines jusqu'aux expulsions des religieux :
Je désirerais un mois du Sacré-Cœur et quelques petits livres pour la dévotion au Sacré-Cœur.
Par ici, cette dévotion fait de grands progrès. Il y a beaucoup de gens qui font la sainte communion du premier vendredi du mois. Dans ce lointain pays, si vous saviez combien il y en a qui écoutent bien quand on leur parle du Sacré-Cœur et des promesses qu'il a faites à ses dévoués serviteurs !
C'est vrai que. je ne suis qu'un pauvre frère, Je n'ai pas grâce d'état pour prêcher quelque dévotion que ce soit, à l'église. Mais n'importe ! Quand je suis hors de la mission, et que j'ai l'occasion de me trouver avec les sauvages, je leur dis de ce divin Cœur quelque chose de bon...
Les travaux de nos Frères varient selon les conditions et les besoins des diverses missions.
Quelques-uns ont l'honneur d'être catéchistes attitrés. D'autres, en l'absence du prêtre, président les offices du dimanche. Ils font chanter les fidèles, récitent avec eux le chapelet et même leur adressent un petit sermon en langue sauvage, lorsqu'ils l'ont apprise,
Plusieurs remplissent la charge d'instituteurs. Le Frère Patrik Ryan aidant, au moyen de cet apostolat, le Père Desmarais, au Petit Lac des Esclaves, contribua à défendre du protestantisme, qui était sur le point de la gagner, la tribu des Cris. Leur persévérance à « faire l'école », en dépit des obstacles dressés par toutes les malveillances leur valut la victoire; et le Père Desmarais put remettre à Mgr Grouard un troupeau confirmé dans la foi.
Certains Frères se dévouent à donner aux jeunes gens sauvages, sortant des écoles primaires, tenues par des religieuses, une éducation professionnelle, de nature à leur ouvrir une carrière honorable, sous le regard de Dieu.
La bonne presse elle-même a trouvé ses apôtres…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnaireMissionnaire comme gardien du prêtre, le Frère
l’est encore comme compagnon, homme d’exemple et de
conseil, catéchiste, instituteur, publiciste, travailleur des mains.SUITE
La bonne presse elle-même a trouvé ses apôtres. Et quel apostolat en effet ! Cette lettre du Frère Guibert, assistant actuel du Père Pierre Moulin, le vaillant et tout aimable missionnaire des Cris de la réserve d'Hobbéma, en Alberta, nous le révèle :
« Le petit journal Cris, que rédigent les Pères Balter et Moulin et que je compose et imprime, fait beaucoup de bien. Il est d'un grand secours aux Pères, disent les missionnaires de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Keewatin, du Manitoba et de l'Athabaska. Il y a beaucoup d'endroits où le prêtre ne peut aller qu'une ou deux fois l'an, et où les Indiens, entourés, assiégés par les ministres protestants, sans parler de leurs sorciers, seraient bien exposés à oublier leur religion, à l'abandonner même, si notre petit journal n'arrivait, de temps en temps, pour leur parler de la doctrine catholique, la leur expliquer, et pour combattre leurs superstitions. Une vérité écrite semble faire beaucoup plus d'impression sur eux que la simple parole. Il n'est pas rare de voir des sauvages païens se laisser gagner et aller trouver le Père pour demander le baptême, après avoir lu dans le journal l'explication de la religion véritable. Nous envoyons ce journal à 500 sauvages; mais nous savons que 5.000 au moins le lisent, car, à l'arrivée de la feuille aux seize pages, avec ses images, dont je grave au couteau les clichés de bois, tout le monde veut connaître ce qu'elle renferme; et celui qui la reçoit est fier de la faire passer à tout le monde… »
Le terrain, sur lequel se tiennent, d'ordinaire les Frères, pour appuyer les combattants de la Parole évangélique, dans la lutte contre le paganisme et dans l'effort d'entretenir la Foi, est celui du travail manuel.
Mgr Clut faisait, en 1876 ce tableau de l'activité intime de la Mission de la Providence :…
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Re: Apôtres Inconnus
MissionnaireLe fervet opus de N.D. de la Providence, en 1876.
Mgr Clut faisait, en 1876, ce tableau de l'activité intime de la Mission de la Providence :
Nos deux établissements (couvent-orphelinat des Sœurs Grises et couvent des Oblats) rivalisent d'ardeur pour le bien de la Mission, Aidé du Père Lecorre, je donne mes soins les plus assidus au spirituel el au temporel. Nos bons Frères font de même, chacun dans sa spécialité.
Le Frère Salasse, presque sexagénaire et très petit de taille, rend les plus grands services par tous les métiers auxquels il se livre. Car il est à la fois forgeron, ferblantier, horloger, mécanicien, etc. A son atelier, il travaille pour toutes les missions du vicariat.
Le Frère Boisramé dépense à son ouvrage de menuiserie et de charpenterie une ardeur infatigable. Il construit en ce moment une chapelle qui prétend déjà au nom pompeux de cathédrale.
Le Frère Renault est notre fermier. Il s'entend fort bien à la besogne; et les trois mois de notre été lui suffisent pour nous procurer une grande quantité de pommes de terre et d'orge : Aliments si précieux pour notre école et notre orphelinat.
Le Frère Scheers, sabotier émérite, chausse confortablement tout le personnel 1 .
Enfin le Frère Olivier Carrour nous est très précieux comme pêcheur quotidien, Il remplace les Indiens, que nous avions à payer très cher, et qui ne faisaient que laisser dormir à l'eau nos filets. Sa pêche finie il trouve encore le temps de soigner nos quelques bêtes à corne.
Quand donc toutes nos missions possèderont-elles des Frères semblables ? Malheureusement quelques-unes n'ont toujours que des mercenaires ! Et des mercenaires ai onéreux que nos Pères aiment mieux se livrer eux-mêmes à tous ces travaux nécessaires...»
Avant de suivre, nos chers coadjuteurs …
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(1) Du même Frère Scheers, que nous avait donné la Belgique, et qui se trouvait alors à La Mission de la Nativité (lac Athabaska), Mgr Grouard écrivait, quinze ans plus tard : « J'ai l’honneur de vous présenter maintenant le Frère Scheers, de Meulebeke. Il a passé jadis par nos maisons de Sion, de Moulins et d'Angers, dont il a conservé d'excellents souvenirs.
Nombreux sont les offices qu'il a à remplir ici, II est le gardien du troupeau, le fournisseur d'eau et le bois de chauffage, le charrieur de foin, etc... et, enfin, le seul et unique sabotier du Nord. Que de souliers ménagés, que de rhumes avortés, que de rhumatismes évités, grâce à ces chaussures commodes, sinon élégantes, qu'il expédie de son atelier dans toutes nos missions, et jusque sous le Cercle polaire ! De la Mission de la Providence seule, il lui est arrivé, cet hiver, une commande de cinquante paires de sabots ! C'est une vraie joie pour lui de pouvoir, de temps à autre, exercer son métier et vous l'entendez alors chanter, de sa voix, tant soit peu aigre et fausse, ses vieux airs flamands, qu'il garde exprès pour cette circonstance..,
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnairePaix et gaieté du Frère missionnaire.
Avant de suivre, nos chers coadjuteurs dans les détails de leur vie extérieure, voyons-les encore, un moment, au sein de leurs communautés, à l'heure où s'exhale particulièrement de ces âmes saines la « joie des enfants de Dieu », l'heure de la récréation.
C'est plaisir d'assister au concert des barbes, de toute teinte et de tout âge, qui se racontent leurs équipées, échangent ces taquineries qui sont la méchanceté des bons, et s'épanouissent au moindre bon mot trouvé. Celui-là, en retard d'une année sur la marche du monde, sourit aux nouvelles parties de France, il y a douze mois, avec le journal qu'un rapide courrier vient d'apporter. Ces deux autres se guettent, en silence, penchés sur un jeu de patience, de calcul ou d'adresse. Sur tous les fronts repose la paix, qui surpasse tout sentiment.
Aux récréations des grandes fêtes chacun s'ingénie à mettre la réjouissance en harmonie avec la solennité... Il nous revient un souvenir qui indiquera avec quelle conviction….
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnairePaix et gaieté du Frère missionnaire.SUITE
Aux récréations des grandes fêtes chacun s'ingénie à mettre la réjouissance en harmonie avec la solennité... Il nous revient un souvenir qui indiquera avec quelle conviction….
Un brave Frère, venu de France à l'âge de dix-sept ans et qui dépasse maintenant la soixantaine, avait reçu sa part d'une boîte de havanes, envoyée aux missionnaires du Mackenzie, pour leurs étrennes, par un bienfaiteur.
Une boîte, divisée entre tous, cela représentait deux havanes par fumeur ! Un trésor !
Le Frère, avec qui nous nous trouvions alors, exécuta le premier, pendant l'été, en l'honneur de Monseigneur qui l'avait apporté. L'autre, il le réserva pour tout l'hiver.
Solennellement, il l'entama le jour de la Toussaint. Mais, afin de n'en consumer que le tiers, il avait placé un fil d'arrêt. Lorsque le fil brûla, le havane fut éteint de force, pour jusqu'à Noël.
Noël ! Grande liesse au pays indien ! Après les splendeurs du minuit de la crèche, sous l'aurore boréale, après les cantiques montagnais au divin Enfant, sur l'air des vieux Noëls de France, après les chants de la messe du jour que, de sa voix magnifique [Mgr Clut], il présida encore, après les agapes de midi, où l'on servit — plat royal du Nord — d'opimes langues fumées de caribous, il reprit le havane, remit le fil du « tu n'iras pas plus loin », et attaqua le deuxième tiers. Si lentement montaient les précieuses bouffées que le fil, cent fois observé, ne flamba qu'au bout d'une heure.
Suivit la plus rude étape de l'hiver arctique, avec ses voyages dans les grands froids, dans les tempêtes de neige, avec ses nuits à la belle étoile... de bon cœur on y alla encore.
Et Pâques ramena le grand congé. L'alleluia chanté, le havane fut pour la suprême fois allumé. Des fils de la vieille moustache y roussirent à la fin.,. Mais, que voulez-vous ? c’était si bon !
Et voilà les petits riens qui suffisent, et font plus que suffire, au contentement, dans les régions de l'éternel dénuement, où abonde la paix du cœur, et où tout se parfume de cette paix, s'anime de cette gaieté, au temps du travail comme au temps du repos, dans la vie du bon ouvrier de Dieu et des âmes.
S. G. Mgr Breynat nous dépeignait récemment…
Dernière édition par Louis le Dim 19 Fév 2023, 12:09 pm, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusMissionnairePaix et gaieté du Frère missionnaire.SUITE
S. G. Mgr Breynat nous dépeignait récemment l'une de ces scènes joyeuses des récréations de l'Extrême-Nord. C'était à la Mission Saint-Isidore du Fort Smith, seuil du vicariat polaire. Monseigneur arrivait du chapitre général, tenu à Rome, et racontait à la communauté ses impressions, les nouvelles du Pape, du Supérieur général, de notre Famille religieuse des Vieux Pays, comme on dit là-bas. On devine l'intérêt trouvé, malgré l'heure avancée, dans ces récits. Puis, comme il devait poursuivre sa route le lendemain, le Vicaire apostolique glissa sur les travaux en perspective, L'énumération s'allongeait :
— Il faudrait bien encore faire ceci... Que pensez-vous de cette idée, Frère X ? II y a encore cela, et cela, etc..
Comme les fronts se plissaient en se demandant comment pourrait bien s'accomplir un si vaste programme, nécessaire pourtant, un colosse de Frère — le Frère Josso — calme et doux comme tous ceux qui sont forts, secouant sa pipe sur le talon de son mocassin, coupa court au silence de la réflexion qui semblait vouloir compromettre, en la prolongeant, l'agréable veillée :
— Allons, je crois que nous pouvons aller nous coucher tranquilles maintenant. Nous avons de la besogne pour notre hiver !
Un bon rire général approuva la boutade. Le Frère réglementaire en profita pour agiter la clochette. Tous, Evêque, Pères et Frères, passèrent, comme un seul homme, à la pièce toute voisine, où résidait le Dieu qui aime ceux qui donnent, et se donnent de bon cœur, hilarem dalorem Et la prière du soir commença.
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ffffff].
A suivre: Chapitre III. Navigateur.
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateur
« Commis-voyageur du Bon Dieu ». – Treize mille kilomètres dans la sauvagerie. – Canot d’écorce. – Kayak esquimau. – Le « haleur de grève ». – Le 17 février chez les Oblats de Marie. – Mort du Frère Rio. – En barge. – Le Frère Meyer à la rivière de l’Ours. – Le Frère Louis Beaudet en Omiak. – Le Saint-Joseph. – Portage. – Le Saint-Alphonse. – Frères O’Connell, O’Brien et William. – La Sainte-Marie. – Pourquoi fut-il vendu ? – Les « fiévreux de l’or » – L’appel de Mgr Breynat, en 1921. – Petits vapeurs et yachts. – Episode nocturne du Grand Lac des Esclaves. – Les radeaux. – Le Frère Charbonneau et le drame de 1895 dans les rapides du fort Smith.« Commis-voyageur du Bon Dieu ».
On a dit familièrement que le missionnaire était le « commis-voyageur du Bon Dieu ». Même, S. G. Mgr Breynat, vicaire apostolique du Mackenzie, a-t-il choisi la devise de saint Paul: Peregrinari pro Christo, voyager pour le Christ.
Voyageur, pour montrer combien l'apôtre de l'Athabaska-Mackenzie l'a été, et le restera, ne suffirait-il pas de considérer qu'à répartir également ses ouailles sur l'étendue de sa paroisse, il ne rencontrerait, qu'une seule âme, par soixante-dix lieues carrées ?
Nous ne parlons pas des premiers missionnaires partis de Montréal, métropole du Canada, en canot d'écorce, pour n'arriver à Saint-Boniface-Winnipeg, porte de l'Ouest, que deux mois plus tard; d'où ils traversaient le Nord-Ouest, soit par un autre mois de navigation jusqu'au Portage la Loche, soit par deux mois de marche, à côté des charrettes à bœufs jusqu'au lac la Biche, A ces voyageurs l'arrêt d'un hiver s'imposait, avant qu'ils pussent entreprendre l'étape du versant de l'Océan Glacial.
Aujourd'hui les chemins de fer, de Montréal à Winnipeg, de Winnipeg à Edmonton, et d'Edmonton à Mac Murray, nous déposent, en l'espace d'une semaine, au bord de la rivière Athabaska, où commence le monde inorganisé, la nature vierge, la sauvagerie.
A travers ce monde, cette nature…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurTreize mille kilomètres dans la sauvagerie.
A travers ce monde, cette nature, cette sauvagerie, il reste pour atteindre la dernière mission polaire, près de trois mille kilomètres sur la rivière Athabaska elle-même, le lac Athabaska, la rivière des Esclaves, le Grand Lac des Esclaves et le fleuve Mackenzie. A l'est et à l'ouest de cette immense artère, dix mille kilomètres appellent encore le missionnaire, sur les rivières la Paix, au Sel, des Liards, Nelson, de l'Ours, et sur les petits Lac des Esclaves, les lacs Esturgeon, Wabaska, le Grand Lac de l'Ours: rivières et lacs tributaires de l'Athabaska et du Mackenzie.
Ces voies fluviales, ces lacs incommensurables, auxquels l'été arctique n'accorde guère que trois mois de mouvement, il faut les franchir hâtivement, afin de distribuer aux missions échelonnées sur leurs rivages les matériaux de leurs constructions, les objets de leurs échanges, leurs vêtements, leurs vivres: tout ce que la Propagation de la Foi, la Sainte-Enfance, l'Œuvre Apostolique, le Gouvernement canadien, et la charité privée envoient, chaque année, aux pays les plus déshérités du monde.
Trouver ces cargaisons, qui, bien que se grossissant toujours, deviennent de plus en plus insuffisantes à des œuvres que le zèle apostolique fait grandir trop vite; les transporter, en si peu de semaines, au bout des immensités: ce problème abrégea les jours de Mgr Faraud, le premier vicaire apostolique de l'Athabaska-Mackenzie et il dévore la vie de ses successeurs: Mgr Grouard dans l'Athabaska, Mgr Breynat dans la Mackenzie.
Eh bien ! sans les bras des frères coadjuteurs, qui poussèrent sur les fleuves et les lacs ces convois annuels, jusqu'aux prêtres, jusqu'aux religieuses, jusqu'à leurs orphelins, leurs vieillards, leurs malades, on peut dire que le problème n'eût été que misérablement résolu, à la douleur de l'Eglise.
Sans le frère coadjuteur, les missions de Mackenzie n'eussent fait que végéter. Elles resplendissent aujourd'hui.
L'embarcation primitive du sauvage, du coureur-des-bois, et parlant du missionnaire, fut…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurCanot d’écorce.***
L'embarcation primitive du sauvage, du coureur-des-bois, et parlant du missionnaire, fut le canot d'écorce. Remplacé, tour à tour, par des barques, des bateaux a vapeur, pour effectuer les transports les plus lourds, le canot d'écorce aura longtemps encore les faveurs des courses rapides et des passages difficiles que sa légèreté permet d'affronter.
Sa carène, consistant en trois pièces d'écorce de bouleau, cousues ensemble avec des racines de sapin, s'applique à une charpente de lattes disposées en demi-cerceaux, et dont les tenons s'engagent dans les mortaises de deux barres longitudinales élégamment arquées et finement relevées en proue et en poupe. Pas un clou n'a servi. Aussi le canot conservera-t-il toute sa solidité et toute sa souplesse. Une couche de résine (gomme), plaquée sur les points de couture et sur les porosités de l'écorce, achève d'apprêter la nacelle. Celle-ci n'attend plus, pour fendre les eaux, que le moindre coup de pagaie, et ne demande au rameur que de se souvenir qu'elle est ronde, versante, vulnérable à tout écueil, et facile à briser dans les soubresauts des rapides.
Le kayak…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurKayak esquimau.
Le kayak, fait en peau de marsouin, beaucoup plus étroit que le canot d'écorce, est le triomphe de l'ingéniosité esquimaude. L'indigène s'y engage, par une ouverture qui ne laisse passer que son corps, et il le lance jusque dans les tempêtes de l'océan, sans jamais chavirer. Ce prodige d'équilibre semble difficile aux autres Indiens. Il est impossible aux Blancs.
Mais au canot d'écorce du Peau-Rouge, tout rameur s'habitue en peu de temps; et l'on voit d'audacieuses flottilles braver le Grand Lac des Esclaves lui-même, qui mesure 603 kilomètres de long.
Sur la rivière des Liards, grand affluent du Mackenzie, et sur la rivière Nelson, affluent de la rivière des Liards, comme le bouleau est plus rare, son écorce est remplacée par celle du sapin-épinette: écorce toute friable et qui ne résiste qu'à peu de voyages. Le canot d'épinette, construit avec moins de soin, s'abandonnera facilement sur le rivage.
Le 8 septembre 1907 l'un de ces canots sombra, hélas : avec le Frère Rio, l'un des meilleurs navigateurs du Mackenzie.
Le Frère Rio revenait d'un voyage de 240 kilomètres…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurLe « haleur de grève ».
Le Frère Rio revenait d'un voyage de 240 kilomètres, qu'il avait fait pour conduire le Père Le Guen, de Liard à Nelson. Comme le Père Le Guen devait passer tout l'hiver à Nelson, au milieu des tribus qui l'attendaient, une grande barque avait été équipée pour transporter les provisions de cette longue saison, avec les ustensiles nécessaires. Une telle charge ne peut remonter à la rame les courants accélérés des rivières Liard et Nelson, il faut recourir alors au « métier le plus dur auquel une créature humaine puisse être réduite », métier bien connu de tous les missionnaires : le halage de grève.
Nous ne croyons pas que l'on puisse montrer, de l'embouchure du Mackenzie dans l'océan Arctique, jusqu'à Athabaska Landing sur la rivière Athabaska, non loin d'Edmonton, l'espace d'une lieue, sur les 3500 kilomètres de cette ascension, que les sueurs, et parfois le sang de quelque missionnaire n'aient douloureusement arrosé.
La rivière des Liards est plus cruelle encore que l'Athabaska et le Mackenzie.
Le haleur de grève passe les épaules dans un harnais, qui le rattache au bateau, au moyen d'un câble, apte à s'allonger lui-même, ou à se raccourcir, suivant la condition des eaux, Ainsi attelé, il s'enfonce dans les bourbiers, franchit les torrents, s'accroche aux rochers, se cramponne aux branches des arbres jetés par le vent par-dessus les berges, escalade les falaises, glisse jusqu'à l'eau, repart à travers mille embarras, les mocassins bientôt déchirés, les genoux souvent meurtris, en tirant toujours.
De ses douze années au Mackenzie, le Frère Rio en avait passé six, entre Liard et Nelson et s'était habitué à cette corvée. Carré, trapu, très fort, il halait, comme sans fatigue, et toujours en chantant ses airs bretons. Son intarissable jovialité trouvait même dans les mauvais pas, dans ce qu'il appelait les « guignons » du jeu, l'occasion de frais éclats de rire, dont il s'amusait à recevoir l'écho de la forêt sauvage,
A ce voyage de 1907, son plaisir était au comble, parce qu'il savait que, sans son humble concours, le Père Le Guen aurait été retenu à Liard, loin de ses chefs néophytes, attendu qu'aucun Indien ne se fût trouvé pour le conduire.
Le Père Le Guen, qui veillait au gouvernail, put rarement décider son compagnon à l'échange des rôles. Un jour qu'il insistait il reçut cette réponse :
— Laissez, mon Père. C'est trop d'honneur et trop de bonheur pour moi d'assister un prêtre. Ne m'enlevez pas le privilège de ma belle vocation !
Au fort Nelson, le Frère Rio passa trois jours à installer le Père Le Guen, à lui bûcher quelque bois de chauffage, à lui réparer sa montre. Il était aussi habile aux ouvrages délicats qu'à la ferblanterie, et à la menuiserie. Puis, il se confessa, communia, et, son vieux canot remis en ordre, il repartit, n'emportant que son fusil et sa cassette d'outils, pour la mission de Liard, où le réclamait le Père Gouy,
— Au revoir, mon Père ! cria-t-il, en poussant au large de la rivière Nelson. Au 17 février ! Je reviendrai vous chercher avec les chiens !....
Le 17 février, c'est…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurLe 17 février chez les Oblats de Marie.
Le 17 février, c'est la grande fête annuelle de la Congrégation, en mémoire du jour de 1826, où Léon XII approuva les Règles et Constitutions, et consacra à jamais le nom des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, « nom qui plaît tant au cœur et à l'oreille » , s'écriait Mgr de Mazenod, le vénéré Fondateur. A cet anniversaire, les missionnaires tâchent de se réunir, ne reculant devant aucune distance, devant aucun obstacle. Pères et Frères du Mackenzie profitent de ce rendez-vous familial pour faire leur retraite annuelle. A la messe du 17 enfin, au pied de l'autel, devant le Saint-Sacrement exposé, en union avec tous les Oblats de l'univers, ils renouvellent leurs vœux perpétuels de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, de persévérance dans le saint Institut.
Le Père Le Guen entendit longtemps la voix de ténor chanter en cadence, dans les gorges de la Nelson, l'Ave Maris Stella de Sainte-Anne d'Auray,
La dévotion à Marie et à sainte Anne s'étaient avivées d'harmonie, dans le cœur du Frère Rio, au voisinage de la chapelle de Notre-Dame de Belleham, où il était né.
Le bon serviteur de la sainte Vierge avait même…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IIINavigateurMort du Frère Rio.
Le bon serviteur de la sainte Vierge avait même précipité son départ afin d'd'arriver plus sûrement à Liard pour la Nativité, et de n'être pas privé, en une si belle fête, de la sainte messe et de la communion.
Mais le vent du Nord se mit à souffler, et le voyageur ne put atteindre que le 7, au soir, la rivière des Liards elle-même.
La, s'élevait la tente du chef François, son ami. Il y trouva la rustique hospitalité indienne. Toute la veillée, le bon Frère égaya et édifia les sauvages, dont il savait très bien la langue.
Le lendemain, le vent débout soufflait toujours,
— Prends garde, dit le vieux chef. C'est le balai du ciel qui va contre la rivière. Il est traître aux canots comme le tien. Reste avec nous jusqu'à demain.
Le Frère Rio, canotier hors de pair, n'avait jamais peur. Son amour pour la sainte Vierge l'emporta.
— Non, dit-il, je pars. Je veux du moins être là, pour le salut du Saint-Sacrement. Il ne me reste que 80 kilomètres. Mais, avant tout, mes amis, récitons un chapelet.
Il présida la prière, et chanta un dernier cantique. Ensuite, ayant touché la main de chacun, il reprit la rivière.
On le vit s'engager dans le faible rapide qui contourne le cap voisin. Quelques instants plus tard, deux coups de fusil précipités retentirent: signal de détresse. Les sauvages coururent à la berge du rapide. Mai rien ne paraissait plus sur la Liard.
Seule, la pauvre cassette fut retrouvée, le 15 septembre, échouée loin de là. Le canot avait dû s'ouvrir, en heurtant l'un de ces troncs d'arbres flottables, qui s'ancrent par le fond, et dont l'extrémité libre affleure la surface. Les vagues rebroussées par le vent avaient sans doute caché l'écueil.
L'embarcation la plus utilisée…
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