Apôtres Inconnus
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IX
Viens, bon Serviteur…
Pour la victime sanglante : Frère Alexis.
SUITE
Les missionnaires ne pensent qu'à bien. Louis l'Iroquois avait leur confiance. Mais la perspicacité des Montagnais avait sondé davantage son caractère, et mieux compris la dureté de son œil :
« Cet homme là a dû tuer du monde, avaient-ils dit, en le voyant pour la première fois. »
Les compagnies commerçantes de fourrures du Nord-Ouest et de la Baie d'Hudson, au temps où les voyages de Montréal à Winnipeg se faisaient en canot d'écorce, employaient comme rameurs des Iroquois du Sault-Saint-Louis (Caughnawaga), au bord du Saint-Laurent. Très attachés à la religion catholique, ces Iroquois trouvèrent chez les missionnaires du Nord-Ouest la satisfaction de leur piété, et beaucoup se fixèrent dans une nouvelle patrie, se mêlant volontiers d'ailleurs aux Cris, dont ils apprenaient la langue à peu d'efforts. De fait toute une colonie de ces Iroquois voyageurs s'établit enfin au Fort Jasper, au pied des montagnes Rocheuses.
Louis était un métis de cette tribu Iroquoise-Algonquine. Une religiosité apparente celait en lui la fourberie féroce des anciennes nations indiennes dont il était l'hybride rejeton. On citait des actes de sa brutalité. Un jour que ses chiens ne marchaient pas droit le long d'un sentier de neige battu, il avait, d'un coup de hache, fendu l'un d'eux de la tête aux pattes.
Travailleur infatigable aussi longtemps qu'on le complimentait, paresseux et traînard dès qu'on le perdait de vue, il s'était attiré quelques remontrances du Frère Alexis.
Avait-il résolu de se venger ?
La barque quitta le lac Athabaska, au commencement de juillet 1875…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime sanglante : Frère Alexis.SUITE
La barque quitta le lac Athabaska, au commencement de juillet 1875. En quelques jours d'une navigation normale, elle avait atteint le Fort Mac Murray, où viennent mourir en grondant les terribles rapides de la rivière. Déjà l'on s'apprêtait à gravir ces rapides, lorsque l'Athabaska se gonfla tout à coup et que le courant devint irrésistible.
L'équipage refusa d'avancer, déclarant sagement qu'il fallait attendre la baisse des eaux, laquelle, du reste, ne pouvait tarder beaucoup. Mais le Frère Alexis, pressé par l'ordre de Mgr Clut, redoutant surtout de ne pouvoir revenir du lac la Biche avant le gel des rivières, résolut de partir à pied. Ne pouvant abandonner la jeune fille avec ces hommes, il la prit avec lui. Quelques provisions et son fusil de chasse répondraient, pensait-il, de leur subsistance.
Ce fut l'heure de l'Iroquois. Il s'offrit comme guide. Le Frère, qui connaissait mal les deux cents kilomètres à parcourir à travers la forêt, coupée de torrents, accepta ce service. Il se souvenait pourtant d'avoir eu à réprimander le sauvage, quelques jours auparavant, au sujet de l'orpheline. Mais l'Iroquois avait pleuré, il avait juré qu'il regrettait sa conduite. Le bon cœur du Frère Alexis ne savait pas douter. Peut-être comptait-il aussi sur la force de ses muscles pour parer à toute aventure. En tout cas, il se réserva de porter lui-même la hache et le fusil chargé.
Comme ils partaient, l'Iroquois jeta en ricanant aux métis qui restaient :
On va enfin se régaler au bouillon blanc !
On sut plus tard que, dans la langue iroquoise, cette expression voulait dire : « Festoyer à la chair humaine ».
Quelques jours après, les eaux baissèrent et les métis se remirent en route avec la barque…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime sanglante : Frère Alexis.SUITE
Quelques jours après, les eaux baissèrent et les métis se remirent en route avec la barque. En amont du Grand Rapide, le dernier qu'ils avaient à franchir, ils continuèrent jusqu'au confluent de la rivière des Maisons, petit affluent de l'Athabaska où ils débarquèrent pour faire cuire leur dîner.
Ils y aperçurent aussitôt les restes d'un brasier mêlés à des ossements humains.
Epouvantés, craignant d'être tués eux-mêmes par quelque invisible ennemi, ils remettent leur embarcation au large et, ramant et halant jour et nuit, fuient jusqu'au lac la Biche, résidence de Mgr Faraud.
« La désolation de l'évêque, qui redouta aussitôt un malheur, dit le Père Leduc, supérieur alors de la mission, faisait peine à voir. »
Sans remettre au lendemain il envoya le Frère Lambert en canot, avec quatre rameurs, pour s'informer si les métis avaient dit vrai, et si les restes humains étaient ceux du Frère Alexis.
Hélas ! c'était lui, recouvert d'une couche de sable, sur la grève.
Le Frère Lambert et ses serviteurs procèdent à l'exhumation, continue le Père Leduc. Horreur ! Ils ne trouvent que des ossements jetés là pêle-mêle. Plusieurs même manquent complètement. Aucun ne porte la trace d'une dent d'animal; mais ils ont été coupés en plusieurs endroits. Une hache est à côté, portant des traces de sang. La tête est transpercée de part en part. Nul doute : le Frère Alexis a été tué. A quelques pas de ce lieu, des ossements calcinés indiquent qu'il a dû servir à apaiser la faim de son guide. Le Frère Lambert recueille avec respect ces ossements dispersés... Une omoplate manquait. Nous apprîmes qu'elle avait été retrouvée plus tard dans la forêt, à une journée de marche du lieu du crime. Tout cela démontre que le meurtrier avait désossé le corps, afin d'emporter autant de chair qu'il le pourrait, après l'avoir fait sécher, comme on le fait de la chair du buffle dans la prairie.
L'Iroquois dut poursuivre sa route dans la direction du Fort Jasper…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime sanglante : Frère Alexis.SUITE
L'Iroquois dut poursuivre sa route dans la direction du Fort Jasper, à travers les régions de l'Alberta ouest, car un Indien du Fort Vermillon reconnut ses brisées et celles d'une fillette allant de pair, aux environs de la rivière la Paix. Il les suivit pendant deux jours jusqu'à un endroit où une pluie les avait effacées. Quelques semaines plus tard, un camp de Cris aperçut comme un fantôme, drapé de blanc, qui rôdait la nuit autour des victuailles, pour les voler. L'un d'eux se mit en embuscade, et, d'une balle, étendit l'intrus. Un lambeau de tente lui servait de vêtement. A ses pieds plusieurs orteils manquaient. A ce signe, on reconnut l'Iroquois.
Du sort de l'orpheline, on n'apprit jamais rien.
Tous les missionnaires de l'époque regardent le Frère Alexis comme la victime de son zèle à défendre la vertu de l'enfant qu'on lui avait confiée. La forme et l'endroit de la blessure indiquent que l'Iroquois dut profiter du moment où le Frère Alexis s'absorba dans sa prière du soir pour saisir le fusil et lui tirer, à bout portant, le coup fatal.
Ce meurtre fut commis, non loin du 17 juillet, jour de saint Alexis.
Mgr Grandin disait :
— J'estime que le Frère Alexis est mort, comme saint Jean-Baptiste, martyr de la chasteté. Je conserve ses habits et sa hache comme des reliques.
Ces habits et cette hache, encore teinte de sang et qui servit à dépecer le corps du missionnaire, se trouvent aujourd'hui dans la Salle des Martyrs du scolasticat de Marie Immaculée à Edmonton, Alberta, (Canada), avec les reliques des Pères Rouvière et Le Roux victimes des Esquimaux, au bord de l'océan Glacial, en 1913 et celles des Pères Fafard et Marchand, massacrés par les Cris, au lac la Grenouille, le jeudi Saint 1885.
Autant le Frère Alexis était grand, robuste, alerte, vif…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime du long devoir quotidien : Frère Kearney.***
Autant le Frère Alexis était grand, robuste, alerte, vif, naturellement habile à tous les travaux des mains, et dominé par sa mémoire, autant le Frère Joseph Kearney était petit, faible, lent, calme et brillant de fine intelligence.
Tous deux se rencontraient dans la pratique de l'humilité et de la mortification. Et même, si les jugements de Dieu ressemblaient aux jugements des hommes, faudrait-il avouer que le tout petit Frère, qui s'épuisa dans le long sacrifice quotidien de soixante-deux ans d'apostolat, martyre sans auréole, où il se donna chaque jour entièrement, l'emporta en mérites sur le Frère géant, qui, au bout de vingt-deux ans, donna, en quelques secondes « tout le sang de ses veines et tout l'amour de son cœur ».
Je suis heureux dans ma position. J'ai demandé deux choses, en entrant dans notre chère Congrégation : être frère et aller aux missions étrangères. Ces deux choses m'ont été accordées. Là se bornent mes désirs.
Il écrivit ces mots en 1874, de la Mission Notre-Dame de Bonne-Espérance (à Good-Hope, Cercle polaire), à son supérieur général, qui lui proposait un climat moins rude et des privations moins austères.
Né le 15 juillet 1834 à Coal Island, Irlande, il s'était destiné, lui aussi, dès son adolescence, au sacerdoce. Il voulait être en même temps, et par-dessus tout, religieux; mais de congrégation religieuse il ne connaissait aucune. La Providence lui fit rencontrer, à Belfast, où sa famille était venue s'établir, quelques jeunes gens de son âge et dont les aspirations ressemblaient aux siennes. Parmi eux se trouvaient deux futurs célèbres oblats : le Père Ring, converti du protestantisme, et le Père King. Ces jeunes hommes se donnèrent des constitutions et une sorte d'habit monastique qu'ils revêtaient lors de leurs réunions, comme pour la récitation du saint office, l'exercice de la coulpe, et la flagellation mutuelle. Mais il ne fut point question de dénommer d'une manière spéciale la petite société, qui n'avait d'ambition que de s'élever au plus haut degré de ferveur possible.
En 1854, la renommée du saint Père Cook parvint à la communauté de Belfast…
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En 1854, la renommée du saint Père Cook parvint à la communauté de Belfast. C'était un Oblat de Marie Immaculée.
— Ce nom qui plaît tant au cœur, et à l'oreille, disait plus tard le Frère Kearney, répétant les paroles de Mgr de Mazenod nous séduisit, et, nous détachant aussitôt des autres, MM. King, Ring, et moi, demandâmes notre admission au noviciat.
Ayant fait ses études classiques, le jeune Kearney commença, au titre de novice scolastique. Mais son humilité lui inspira de désirer bientôt la condition de frère coadjuteur.
Il s'embarqua à Liverpool, en 1857, sur un voilier, devant n'aborder qu'après deux mois de navigation à York Factory (Port-Nelson) dans la Baie d'Hudson. De là, il traversa, en canot, le Canada, jusqu'à Saint-Boniface, où l'attendait Mgr Taché. Une année à Saint-Norbert (Manitoba), un hiver à la Nativité (lac Athabaska), deux ans à Saint-Joseph (Grand Lac des Esclaves), et le voici, en 1861, arrivant, avec le Père Séguin, à Good-Hope, où pendant cinquante-sept ans il restera le coadjuteur de tous les missionnaires des Peaux-de-Lièvres. C'est en les voyant paraître tous deux, que le Père Grollier, malade et seul depuis deux ans, s'écria :
— Dieu nous aime !
Comme s'il eut été adroit et fort, le Frère Kearney se mit aussitôt à l'œuvre, et ce ne fut qu'au bout de la cinquante-sixième année qu'il cessa de travailler « pour la mission ».
Au spirituel, ce fut un catéchiste parfait. Le Père, appelé à d'autres campements sauvages, pouvait laisser, même le dimanche, le soin des offices à son coadjuteur, assuré de retrouver ses Indiens chaque fois meilleurs chrétiens. Ces bons enfants des bois venaient à l'église pour le plaisir de le voir prier ... Peu de temps après sa mort, une femme Peau-de-Lièvre, voulant conduire à la mission son mari très malade et qu'on ne pouvait même pas remuer, dit à ses enfants :
— Le petit Frère qui priait si bien, maintenant il peut nous venir en aide. Demandons-lui de pouvoir porter jusqu'au prêtre notre père infirme.
On pria. Un tel mieux se manifesta bientôt que l'Indien put faire ses trois journées de marche.
Le travail et la prière furent toute la vie du Frère Kearney…
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Le travail et la prière furent toute la vie du Frère Kearney. Il dormit bien peu, même aux temps de la longue nuit d'hiver qui plane sur la région polaire. Tous les loisirs que ses occupations lui laissaient, il les passait à des lectures édifiantes et à des exercices de piété supplémentaires. Ce qu'il en égrena de rosaires ! Ce qu'il en parcourut de chemins de Croix !
— Souvent, nous disait l'un de ses compagnons de plusieurs années, je suis entré très tard, le soir, à la chapelle, et ne faisant aucun bruit avec mes mocassins de peau de caribou. Je surprenais presque chaque fois le Frère Kearney, les bras en croix, attitude qu'il abandonnait aussitôt qu'il s'apercevait de ma présence. . . Jamais on ne l'a vu s'appuyer, à la chapelle. Et cependant les dernières années l'avaient tant courbé, que sa tête ne pouvait plus se relever d'elle-même.
Dieu a connu le travail de son âme. Les hommes peuvent voir quel fut le travail de ses mains, surtout si on leur explique ce qu'il en était, au commencement, de la stérilité du sol polaire et des famines de Good-Hope, si fréquentes, si irrémédiables.
Le Frère Kearney demanda à son supérieur la permission de faire un jardin. Beaucoup eussent taxé, alors, ce geste de simple folie. Il brisa d'abord ce qui ne paraissait être qu'une roche continue. Il arracha ces monceaux de pierre. Puis, il tourna et retourna tant de fois et si profondément le terreau qui restait, qu'un été la pomme de terre s'y trouva acclimatée. La pomme de terre au Cercle polaire, et même un peu d'orge pour servir de soupe et de café, un peu de seigle, des légumes de plus en plus variés, et tout cela venant à merveille aux années où les gelées précoces n'anéantissent pas toute récolte : tels furent les prodiges du patient jardinier de Notre-Dame de Bonne-Espérance.
— Ah ! s'écriait-il parfois, si le Père Grollier que j'ai vu mourir ici, en 1864, avait pu jouir de ce que le bon Dieu fait maintenant pousser à notre porte !
Il faisait allusion à une parole que le Père Grollier murmurait, l'un de ses derniers jours, à l'oreille du Père Séguin :
— Si j'avais seulement une pomme de terre à manger, il me semble que je reprendrais des forces et que je pourrais un peu continuer à évangéliser nos pauvres sauvages.
Il aurait fallu, à cette époque-là, un voyage de six mois-pour apporter au jeune missionnaire mourant ce qu'il souhaitait.
Le Frère Kearney particulièrement inhabile à travailler le bois…
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Le Frère Kearney particulièrement inhabile à travailler le bois, recourut, pour s'y aider, à la prière à son Ange gardien, sa grande dévotion après celle à la Très Sainte--Vierge, et il put donner aux meubles de la mission, sinon le fini d'un Ancel, d'un O'Connell, d'un Lorfeuvre, d'un Hémon ou d'un Royer, du moins la solidité, un peu même le confortable.
Cuisinier, ce n'est pas qu'il ne cuisait jamais trop fort, mais son esprit d'économie ne laissait perdre ni une râclure de fond brûlé, ni un débris de repas.
La boulangerie eût été plutôt son fait, et l'on n'était pas bien sûr de ne pas éveiller sur ses lèvres un sourire d'innocente vanité en le complimentant là-dessus. Durant le demi-siècle où il n'arrivait qu'un seul sac de farine par année, il trouva le moyen, en mêlant à la fleur quelques patates et des œufs de poisson, de présenter, comme dessert de chaque dîner et souper, une petite galette dorée, délectable à la vue, et parfois au palais.
L'art et l'industrie qui ne lui connurent jamais de rivaux, même chez les Indiens, furent d'élever, de dresser et de conduire les chiens.
Aux concours isthmiques qui se tiennent entre les meutes des Peaux-de-Lièvres, venus, pour Noël, du fond des bois, les chiens de la mission conquirent, chaque fois, le premier prix. Aucun bourgeois de la Compagnie de la Baie d'Hudson, aucun coureur-des-bois, aucun trappeur, aucun métis, aucun sauvage ne put jamais suivre « le petit Frère ». Même avec son traîneau chargé, sans parler ni frapper, il dépassait encore les traîneaux vides que les autres poussaient à force de cris et de bâton. Il nous raconta lui-même qu'un jour où ses coursiers, ayant aperçu des caribous, s'étaient lancés comme le vent — personne par aucun moyen ne peut retenir ces demi-loups alors —, ils les avait arrêtés-instantanément par un simple « Ho ! » qu'il avait prononcé, du banc de neige sur lequel les chiens l'avaient précipité, en détalant.
Un jour de l'hiver 1870-71, il s'égara, avec son attelage…
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Un jour de l'hiver 1870-71, il s'égara, avec son attelage dans des solitudes inconnues. Ce fut, raconta-t-il, Mgr de Mazenod qui le sauva. La cause du Frère Kearney sera-t-elle entreprise, de concert avec celle de Mgr de Mazenod, du Père Le Doussal, avec la cause commencée de Mgr Grandin, avec la cause introduite du Père Albini, le thaumaturge de la Corse ? Ce serait la joie de tous les missionnaires et de tous les Indiens qui regardent le Frère Kearney comme un saint, et recourent déjà, dans leurs prières privées, à son intercession. Il resterait au trait que nous rapportons ici d'être consacré par l'Eglise à la gloire commune des serviteurs de Dieu : Mgr de Mazenod et le Frère Kearney.
Mgr de Mazenod, Fondateur de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, eut, de son vivant, la consolation de voir ses fils répandus à travers le monde : en Afrique chez les Zoulous, en Asie chez les Ceylanais, en Amérique depuis le Mexique jusqu'à l'océan Glacial. Lui-même envoya le Frère Kearney aux confins de la terre.
Le Frère Kearney avait conduit le Père Petiot, de Good-Hope à Simpson, en remontant le Mackenzie congelé, l'espace de huit cents kilomètres. Mais, dans le but de rendre service au Père Petitot qui lui avait demandé de faire le relevé de certains lacs manquant encore à sa carte géographiques, le Frère retourna par le Grand lac de l'Ours, d'où il devait s'engager, pour atteindre Good-Hope, dans une étendue de trois cents kilomètres, que ni lui ni ses chiens n'avaient jamais abordée.
Il avait quitté le lac de l'Ours depuis deux jours, lorsqu'une tempête se leva comblant tous les sentiers tracés par les sauvages et jetant le conducteur et son équipage dans une désorientation complète. Il ne restait aucun espoir de rencontrer un guide, de trouver un secours. Il ne pouvait même être question de la suprême ressource, réservée aux perdus des immensités arctiques : s'abandonner à l'instinct des coursiers, qui souvent reconnaissent ce qui échappe à l'œil du voyageur. Les vivres manquaient déjà, et la tempête rageait de plus en plus. La mort se dressait donc là, inévitable, du côté de la terre.
Le Frère se mit à genoux dans la neige, invoqua Mgr de…
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Le Frère se mit à genoux dans la neige, invoqua Mgr de Mazenod, et, les yeux fermés, s'en remit à la merci des chiens. Ceux-ci, abandonnant la direction où on les avait placés, à la dernière manœuvre, virèrent presque complètement de bord, et s'élancèrent, droit, dans une course de trois jours, pour s'arrêter à la porte de la Mission de Notre-Dame de Bonne-Espérance.
Le grand âge amena peu à peu ses infirmités, et le vaillant petit Frère, qui en dépit de sa constitution toute frêle, n'avait jamais admis qu'il pût être malade, fit, en 1915, une chute qui lui laissa des luxations et de graves blessures.
Il continua quand même son ouvrage d'assistant-missionnaire, se traînant il est vrai plus que marchant à sa cuisine, à table, à la chapelle, mais n'endurant point que rien pût souffrir de ses souffrances. A cette époque, où il se trouvait « si heureux de pâtir enfin pour ses péchés », disait-il, qu'il eût repoussé toute espèce de soulagement, il écrivit ces lignes à son vicaire apostolique :
Ah ! que je suis désolé de me trouver, au soir de ma vie, avec une si faible réserve de vie intérieure ! Demandez pour moi à la Sainte Vierge de m'unir à Jésus, de faire que je ne recherche que Lui, que je ne veuille que Lui, que je n'agisse que pour Lui. Hélas ! que n'ai-je compris, comme je l'aurais dû, que le religieux et le missionnaire ne peuvent faire du bien aux âmes, à commencer par la leur, que dans la mesure où leur union avec Jésus s'est réalisée, et que le Bon Dieu ne veut nous utiliser que comme des réservoirs comblés de ses grâces et de ses dons mis à profit par notre bonne volonté, et débordant alors, de leur trop plein, sur les pauvres indigents qui nous sont confiés ! Nos travaux ne sont rien, nos succès rien, je le vois maintenant, si nous ne sommes avant tout des hommes de Dieu... Priez aussi, Monseigneur, que je devienne parfaitement obéissant, n'étant plus qu'un instrument dans la main de mon supérieur, qui est le représentant de Dieu... Quel obstacle à la gloire de Dieu serait un frère, qui n'aurait pas l'esprit intérieur, l'amour du sacrifice, l'obéissance surnaturelle ! Que pourrait-il faire, en ces dispositions, pour la conversion des âmes ?...
Les grands mystiques, placés par l'Eglise sur les autels, ont-ils autrement parlé, et plus surnaturellement agi que le petit Frère du Cercle polaire ?
On eût dit que plus les souffrances augmentaient, plus pures, comme le parfum monte des fleurs, se répandait sur ses traits.
On aurait pu le comparer à d'autres admirables Frères vénérés dans la Congrégation des Oblats : …
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On aurait pu le comparer à d'autres admirables Frères vénérés dans la Congrégation des Oblats :
comme le Frère Delange de Notre-Dame de l'Osier, dans l'Isère, dont le R. P. François Masson O. M. I. a si bien retracé la Vie;
comme le Frère Félix Viossat, que toute la France connut et aima, à la Basilique du Vœu national de Montmartre, dont les Oblats avaient reçu la charge, des mains du Cardinal Guibert O. M. I.;
comme le Frère Théophile, pilier du scolasticat de Liège, qu'il avait suivi, avec le Frère Bourgarit, depuis Autun;
comme le Frère Bernard qui durant trente ans catéchisa les Zoulous et les Basutos de l'Afrique australe, et que le zèle des âmes poussa si loin qu'il se mit à apprendre le portugais dans le seul but de convertir, en lui parlant sa langue, un paria du Mozambique;
comme le Frère Ferdinand Verret que le peuple de Québec, en 1921, accompagna presque triomphalement au cimetière des Oblats, et dont la Bannière de Marie Immaculée, revue très distinguée et très chère du Juniorat du Sacré-Cœur d'Ottawa, Canada, écrivait :
Depuis plus de trente ans, les paroissiens de Saint-Sauveur, ainsi que les nombreux visiteurs du sanctuaire, ont remarqué, à la sacristie, cette belle et noble figure qui en était comme la vie. La dignité de sa tenue ne se démentit jamais. Tous étaient reçus avec urbanité, politesse et un sens inné de distinction. Cette dignité s'alimentait à la source d'une tendre piété. Mais cette piété se traduisait d'abord par l'amour des belles parures, par l'art d'ajouter au culte tout ce qu'il comporte de beauté extérieure, par un sens de goût qui, tout en émerveillant notre peuple, n'en restait pas moins délicat. Puis, lorsque sous les voûtes ainsi parées, se déroulaient les cérémonies grandioses que nous aimons — celles du premier vendredi du mois, avec son heure des ouvriers particulièrement —, on pouvait voir le bon Frère Verret, à genoux derrière l'autel, recueilli dans sa prière qu'interrompaient à peine les dérangements de sa charge. Que d'oraisons, dans cette sacristie, qu'on lui confia en 1890 et qu'il n'a jamais quittée ! Et comme il s'ingéniait, tout en recevant à son bureau ses visiteurs, à trouver le temps et le moyen de s'occuper de cette multitude d'œuvres pieuses qui donnent plus de vigueur à l'esprit paroissial. Rien cependant n'interrompait l'union de son âme à Dieu, commencée à l'oraison du matin, dès qu'il avait sonné le réveil de la communauté, ouvert son église et sonné l'angélus... Mais si le Frère Verret aimait cette grande famille, la paroisse Saint-Sauveur de Québec, il aimait plus encore sa Congrégation. C'était un vrai religieux, fidèle à sa Règle, et imprégnant ses relations avec le prochain de cette aménité qui donne tant de charme à la vie commune. Missionnaire Oblat de Marie Immaculée, il n'a cessé, selon la devise de sa Congrégation, d'évangéliser les pauvres, par ses exemples, par ses conseils, par la régularité d'une vie toute surnaturelle. Il n'eut pour idéal que la sanctification des âmes. Il avait annoncé que la Sainte Vierge viendrait le prendre, le jour de son Immaculée Conception. Elle est venue, en effet; et le bon Frère acheva de célébrer la fête patronale de sa Congrégation, nous l'espérons, au Ciel...
Le Père Robin déposa le Frère Kearney à côté du Père Grollier…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime du long devoir quotidien : Frère Kearney.SUITE
Le Père Robin déposa le Frère Kearney à côté du Père Grollier dont le « petit Frère » avait lui-même creusé la tombe, cinquante-quatre ans auparavant, au milieu du cimetière des sauvages de Good-Hope.
C'est le premier octobre 1918, nous écrit le Père Robin, que le Frère Kearney rendit à Dieu sa belle âme purifiée par la souffrance... Au mois de janvier, presque incapable de marcher, il n'avait pu éviter un jet de flammes échappé à sa cuisine, et avait failli être brûlé vif. Depuis cet accident, il fallait le porter à la chapelle afin qu'il pût assister à la sainte messe. Il s'en trouvait tout humilié, lui qui n'avait jamais enduré qu'on l'aidât dans son travail. On le reportait ensuite à sa chaise. Il ne pouvait même plus se coucher... Et d'ailleurs quel lit il s'était façonné ! On y trouva adroitement dissimulés des pièces de bois et divers objets aigus destinés à le faire souffrir jusque dans son sommeil. Aussi longtemps qu'il lui fut possible, il porta lui-même à la bouche, avec ses mains à demi paralysées, affreusement recroquevillées, les aliments qu'on lui préparait... D'autres infirmités plus pénibles, indicibles, achevaient son calvaire. Ce n'était toutefois point de souffrir lui-même qui lui était redoutable, mais de penser qu'on en souffrait pour lui. Cependant, pas un instant son calme et sa résignation ne se relâchèrent... Là, sur cette chaise, il continua ses rosaires, ses chemins de Croix quotidiens, ses actes d'amour de Dieu. Tant que ses yeux voulurent se poser, il parcourut son livre de prières, pauvre livre, dont tous les feuillets étaient noircis, et détachés, malgré des réparations périodiques, à force d'avoir servi ! Son livre des saintes Règles et son Petit mois du Sacré-Cœur avaient eu à peu près le même sort.
Au mois de septembre, le malade continua de se courber à tel point que le menton, rejoignant la poitrine, y creusa une plaie. Alors le seul effort d'ouvrir un peu la bouche lui causait une atroce douleur.
Connaissant sa dévotion aux saints Anges, je redoutai un peu le moment fatal pour le 29, fête de saint Michel, ce qui me décida à lui proposer les derniers sacrements... Jamais de ma vie n'assisterai-je à de plus angéliques manifestations de foi et d'amour.
Ce 29 fut cependant une bonne journée. Comme je lui demandai ce qu'il comptait faire au Ciel :
— Prier, répondit-il, prier pour la Congrégation bien-aimée qui a daigné m'admettre dans son sein, pour tous les Oblats missionnaires, pour les pauvres sauvages, pour Monseigneur le Vicaire apostolique.
Le premier octobre, premier jour du mois du Saint Rosaire, à l'heure des premières vêpres de la fête des saints Anges gardiens, sa croix d'Oblat et son chapelet à la main, avec un sourire, il s'endormit pour toujours. Ses lèvres avaient remué pour la dernière fois comme la petite cloche de la Mission de Notre-Dame de Bonne Espérance sonnait l'angélus.
Avec quelle vénération, le lendemain et jusqu'à son enterrement, les Indiens vinrent s'agenouiller près de lui, et prier : prier pour lui, le prier surtout...
Pour ma part, finit le Père Robin, je regarde comme l'insigne bénédiction de mes premières années de missionnaire d'avoir vécu tout près d'un Frère si régulier, si pieux, si bon, si égal à lui-même, si résigné toujours. Une fois, la seule que je l'entendis gémir, je lui rappelai d'unir ses souffrances à celles de Notre-Seigneur.
— C'est ce que je fais continuellement, me répondit-il; mais la souffrance est si forte que je ne puis m'empêcher de me plaindre...
C'est s'édifier suavement que de lire les Vies de saint Louis de Gonzague, de saint Jean Berchmans,..
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime de l’expiation : Frère Leriche.***
C'est s'édifier suavement que de lire les Vies de saint Louis de Gonzague, de saint Jean Berchmans, d'un bienheureux Alphonse Rodriguez, d'un Gérard Majella, d'un Alexis, d'un Kearney, fleurs d'innocence, entièrement parfumées d'amour divin. Mais la vie et la mort pénitentes d'un Augustin ou d'un Jérôme ne sont-elles pas aussi le réconfort et l'exemple de tant de chrétiens, qui ne peuvent plus sauver leur âme qu'en lavant dans les larmes du repentir la robe un jour souillée de leur baptême ? Des Augustins peuplent les Trappes, les Chartreuses, où tout s'abolit de ce qui ne fut pas à Dieu : et les fautes, et la fortune et les noms les plus célèbres.
Le Frère Leriche, mort à Saint-Albert, en 1899, dans les bras de Mgr Grandin, serait l'exemple du converti, retourné à Dieu comme saint Paul et comme saint Pierre par l'âpre chemin de l'immolation de soi, dans la vie apostolique.
Leriche, avait d'abord égayé le département de la Mayenne, dont il était l'enfant, à titre de saltimbanque, et, pendant une quinzaine d'années, il n'avait accompli aucune pratique religieuse, bien que sa maison, avouait-il « fût si près de l'église qu'il aurait pu, sans sortir de chez lui, assister à la messe ».
Un sermon sur la Sainte Vierge, qu'il entendit sans le vouloir, en 1852, le convertit. Il devint un modèle de piété, de bonne conduite et de dévouement aux œuvres catholiques. Mais la vie paisible de sa patrie ne suffisait pas à sa soif de « se racheter », comme il s'exprimait, et il cherchait une carrière où il pourrait se sacrifier complètement à l'amour de Dieu et des âmes abandonnées.
En 1867, sa vocation lui fut révélée par Mgr Grandin…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime de l’expiation : Frère Leriche.SUITE
En 1867, sa vocation lui fut révélée par Mgr Grandin, dans une allocution, donnée pour la profession de jeunes Oblats. Voici le passage qui le décida tout à fait :
Mes bons amis, si vous voulez venir avec moi, n'oubliez pas que votre vie ne sera qu'un long martyre. Si vous venez par amour pour moi, vous ne résisterez jamais. Mais si vous venez pour Dieu, lui seul vous récompensera, comme il l'a promis : Ego ero merces tua magna nimis.
Après la cérémonie, le saltimbanque alla trouver l'évêque, missionnaire :
— Monseigneur, si vous daignez me prendre, je suis prêt.
Le prélat hésita quelques jours avant d'accepter dans sa caravane celui que certains lui représentaient comme un aventurier. En attendant, il avait demandé aux Petites Sœurs des Pauvres de vouloir bien recevoir la vieille mère infirme du postulant dans le cas où la Congrégation des Oblats ouvrirait à celui-ci ses portes. Il en avertit Leriche.
Le lendemain matin, qu'aperçoit-il sur le chemin d'Aron à Mayenne ? Leriche brouettant, avec d'infinies précautions, la pauvre femme, et la conduisant ainsi à l'hospice des vieillards.
— Il aime sa mère, se dit Mgr Grandin, touché. On peut donc compter sur lui.
Cependant, un rien faillit tout compromettre…
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Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime de l’expiation : Frère Leriche.SUITE
Cependant, un rien faillit tout compromettre.
Le départ devait s'effectuer au port de Brest. Arrivé au bord de l'océan Atlantique, Leriche, s'y avançant avec son bâton, commença à sonder l'eau. Mais dès le premier pas il en eut au-dessus du bâton :
— Oh ! Oh ! dit le danseur de corde, c'est plus profond que la Mayenne ! Et c'est joliment plus large aussi. Je n'en suis plus. Je retourne chez nous !
Il eut le bon mouvement toutefois d'aller se confesser et de dire sa dernière résolution au confesseur.
Le prêtre, le voyant si effrayé et si décidé, allait le renvoyer en paix, lorsque l'idée lui vint de demander avec qui il devait s'embarquer.
— Avec Mgr Grandin, répondit Leriche.
— Avec Mgr Grandin ? Alors, mon brave ami, partez, partez sans crainte, parce que Mgr Grandin est un saint.
Cet argument l'emporta sur la profondeur et l'étendue de la mer et Leriche partit, sans même révéler alors à l'évêque la tentation qu'il venait de vaincre.
Trente-deux ans après, Mgr Grandin prononçait sur sa tombe ces paroles :
— C'était un missionnaire très humble, le modèle des pénitents, un homme de foi...
Le Frère Leriche, habile déjà dans le métier de forgeron…
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Re: Apôtres Inconnus
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Le Frère Leriche, habile déjà dans le métier de forgeron, n'eut qu'à s'initier à celui de charpentier pour servir les missions rapidement grandissantes de l'Alberta et de la Saskatchewan.
En Saskatchewan, d'abord, il vécut dans les tribus sauvages, dont il gagna la confiance, en raccommodant leurs fusils, leurs haches, leurs ustensiles de campement, et qu'il instruisit de leurs devoirs, en les catéchisant. Rien ne semblait le rebuter chez le sauvage des prairies ni des bois. Son esprit de pénitence lui faisant même rechercher les plus pouilleux et les plus dégoûtants. Il y reposait parmi les enfants sales et criards, il y acceptait les grossiers repas servis dans des écuelles que les sauvagesses lavent de leur langue, ou que les sauvages essuyent du pan de leur chemise; il en habitait les wigwams ajourés, enfumés, exposés au vent, à la pluie, à la neige; il y endurait le sans-gêne infini des mœurs et des importunités indiennes. Souffrir de ceux auxquels il pouvait faire du bien était son rêve.
En Alberta, à Saint-Albert même, bourgade depuis longtemps toute civilisée, peuplée de Blancs et de Métis, il ajouta à ses fonctions de bâtisseur, charron, rétameur, horloger, jardinier, la charge de sacristain, sonneur, suisse, etc. de l'église-cathédrale. Ses mains, tel un étau, saisissaient les bras des dissipés en guise de rappel à l'ordre. Beaucoup venaient lui verser leurs confidences, réclamer ses prières. Après la grand'messe, du perron de la cathédrale, il faisait ordinairement son prône et son sermon, à lui, et c'était plaisir de voir cette foule l'écouter jusqu'au bout, « au pied levé ». Des hommes graves et instruits avouèrent avoir ressenti là de profondes émotions et pris des résolutions généreuses.
Le service divin fini, et la récréation du dimanche venue, le saltimbanque se réveillait souvent; et les échos du couvent-évêché de Saint-Albert rient encore des séances désopilantes qu'il improvisait, avec une blouse et son violon, annonçant sa visite comme les marchands forains, récitant la complainte de Geneviève de Brabant, puis, chantant et dansant, non sans se voir accompagné souvent par le virtuose-chantre, son ami : le Frère Letourneur.
Mais la récréation terminée…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Pour la victime de l’expiation : Frère Leriche.SUITE
Mais la récréation terminée — tempus ridendi et saltandi —, commençait pour lui, avec le premier son de la cloche, le temps de se taire et de travailler, — tempus lacendi et laborandi.
Ce fut pendant l'une de ces récréations qu'on l'administra. Il se divertissait avec les autres, comme à l'ordinaire, quand un Père, initié à la médecine, passa. Celui-ci, prenant à part Mgr Grandin, l'avertit qu'il croyait le Frère Leriche à ses dernières heures. On en informa l'intéressé.
— Mais, tout de suite, dit-il, préparons-nous !
On passa à la chapelle et, en présence de la communauté étonnée, Mgr Grandin donna les derniers sacrements à celui qui venait d'être déclaré si gravement malade. L'heure de récréation n'étant pas encore achevée lorsque les prières furent récitées, tous retournèrent sur la galerie, au soleil, y compris le malade, et l'on continua de s'amuser.
Le surlendemain, en peu d'instants, le Frère Leriche agonisa, et partit. Il n'avait eu la force que de demander à Mgr Grandin la permission d'implorer de ses frères le pardon des peines qu'il avait pu leur causer et de s'écrier enfin :
— Oh ! quel bonheur de mourir en religion... Oblat de Marie Immaculée...
Quelle qu'ait été leur vie, ainsi meurent, simplement, tous nos bons Frères…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Le départ du Frère coadjuteur.***
Quelle qu'ait été leur vie, ainsi meurent, simplement, tous nos bons Frères.
Après avoir trouvé, à l'abri de la vaine gloire, dans leur carrière apostolique, le centuple promis, dès ce monde, par Notre-Seigneur, à ceux qui pour l'amour de Lui quittent leur père, leur mère, leur patrie, ils passent à la vie éternelle, également promise.
Saint Joseph, expirant dans les bras de Jésus et de Marie, savait qu'il ne serait point oublié.
Le Frère coadjuteur, expirant dans les bras de sa mère la Congrégation qui l'a reçu, et sanctifié, sait qu'elle se souviendra de lui.
Le souvenir…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Souvenir et suffrages
Le souvenir de Jésus et de Marie ne pouvait se changer en prières pour Joseph, puisqu'il montait au Ciel. Le souvenir des Oblats pour leur Frère défunt ne se repose pas dans l'admiration de ses vertus, ne se limite pas à l'affection qui dure: il se charge de tous les suffrages qui peuvent éteindre le Purgatoire.
Mais quoi ? N'est-il pas permis d'espérer que, grâce à ces suffrages assurés, le Ciel s'ouvre aussitôt à l'âme du bon Oblat ?
Dans l'un de ses beaux livres…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…La Prière sous les lauriers.
Dans l'un de ses beaux livres aux étendues et aux profondeurs toujours baignées de lumière : La Prière sous les Lauriers 1, S. G. Mgr Chollet, archevêque de Cambrai, parlant de « ces échanges mystérieux et de cette solidarité dans le bien qui s'appelle la Communion des Saints », écrit :
« Ne sommes-nous pas autorisés à penser que nos prières présentes, nos prières futures, tous les mérites de notre vie, par une sorte d'influence rétroactive, pourraient, eux aussi, accumuler leur force surnaturelle sur l'agonie de nos chers disparus ?... « L'Eglise », qui « est une mère », qui « est droite et loyale », et « l'institutrice du monde », « ne peut recourir à des moyens illusoires et trompeurs ». Et « il serait indigne d'elle d'adresser à Dieu, et de nous faire réciter des prières destinées d'avance à l'insuccès. Si, après leur mort, et même longtemps après, elle invoque le Ciel pour ses fils trépassés, c'est qu'il y a encore maintenant quelque secret passage par lequel ces prières iront atteindre les âmes et les faire passer à la vie éternelle... Dieu a prévu nos prières actuelles. Il a prévu tous nos mérites futurs, et, en considération de nos efforts, comment croire que, les ayant prévus, il n'en ait pas inspiré sa conduite miséricordieuse envers nos mourants ?
« La notion de l'éternité et de la présence divine, et celle de la prière, exigent même cet effet rétroactif de la prière... Les prières que nous faisons maintenant sont depuis l'éternité devant Dieu, ont depuis des siècles fléchi le cœur divin, et lui ont arraché les grâces et les pardons pour les nôtres.. Dieu est sans cesse occupé à semer des grâces dont les germes sont dans des événements futurs... Marie est immaculée dans sa conception, toute belle, toute pure et toute sainte... à cause de Celui qui naîtra d'elle... Prions, multiplions nos mérites : ce sera multiplier pour Dieu les éternelles raisons de sauver nos morts ! »
En présence de ces fortes et consolantes paroles, nous n'avons plus qu'à dire au bon Frère coadjuteur, qui peine aux glaces polaires ou aux feux de l'équateur, pour le salut des âmes : Courage, mon Frère. Lorsque tu auras fermé les yeux aux lueurs de ce monde, plus de trois mille religieux, tes frères, se mettront à genoux, et prieront pour toi. Un télégramme préviendra, à Rome, ton supérieur général, qui aussitôt dépêchera à tous les Oblats de l'univers une lettre marquée d'une croix noire et encadrée de deuil :
Le bon Dieu vient d'appeler à Lui notre cher Frère N. de la province, ou du vicariat de N. Il est parti, à l'âge de... dans la... année de sa profession religieuse. Hâtez-vous de lui appliquer les suffrages prescrits par nos saintes Règles.
Le lendemain de cette nouvelle, trois mille Oblats, évêques, prêtres, frères, offriront à Dieu, pour ton repos éternel, leur messe, leur communion. A ce nombre, ajoute les aspirants Oblats, novices, étudiants : Plus de quatre mille messes et communions forment-ton cortège devant le trône de ton Juge. Combien tes parents et tes amis du monde t'en eussent-ils donné, si tu n'avais choisi la meilleure part ? Vois encore : Durant une semaine, toutes les communautés de la terre, tous les Oblats et aspirants Oblats prieront pour toi, travailleront pour toi, mériteront pour toi, exclusivement pour toi. Chaque mois de novembre, tous, te mêlant à ceux qui te devancèrent, offriront une autre messe, une autre communion pour ton bonheur éternel. Quant à ton nom, il sera inscrit, bon serviteur, au livre d'or des survivants. Un Oblat, à la plume exercée, sera chargé par le Supérieur général de recueillir les témoignages de tes œuvres et de tes vertus et d'écrire une notice, qu'on imprimera, et qu'on lira aux apprentis de la vie religieuse et apostolique, dans la Congrégation des-missionnaires des pauvres. Les années, les siècles pourront passer : à chaque anniversaire de ton trépas, dans toutes les maisons du monde où se trouveront les Oblats,. le supérieur dira, après la prière du soir :
Demain, on fera la mémoire de notre cher Frère N., décédé à...
Et aussitôt tous les fronts s'inclineront, pendant que-des cœurs et des lèvres montera un De profundis encore.
Ta tombe, elle-même, sera pieusement gardée. L'herbe de l'oubli n'y poussera jamais. Des mains fraternelles viendront la faire fleurir, et refleurir, ne serait-ce que d'une fleur sauvage; et, de nouveau, des genoux s'appuieront sur toi, pour une prière...
Heureux les humbles ! Heureux les solitaires de la vie cachée ! Heureux ceux qui auront été, dans l'apostolat des petits, comme Joseph, nourricier de Jésus et de Marie, les serviteurs bons et fidèles !
Mgr Grandin se plaisait dans les cimetières…
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1 La Prière sous les Lauriers, est un ouvrage doctrinal, consolateur d'après-guerre, édité chez Masson, Cambrai.
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusCHAPITRE IXViens, bon Serviteur…Mgr Grandin sur la tombe du Frère Dubé.***
Mgr Grandin se plaisait dans les cimetières. Il ne passait point de jour dans leur voisinage, sans les parcourir.
Vieillard, il retourna une dernière fois à l'Ile à la Crosse, où, jeune missionnaire, il avait le plus peiné, le plus souffert et trouvé le plus de bonheur. Il écrivit :
— « Le lendemain de mon arrivée, je fis ma visite au cimetière. A l'ombre de la croix principale, repose notre bon Père Legeard. Il attend la bienheureuse résurrection, au milieu des sauvages qu'il a baptisés, instruits, et qui l'ont précédé ou suivi dans la mort. A une extrémité du champ funèbre, il y a une autre croix que je distinguai tout de suite entre toutes, et aussitôt je me dirigeai vers la tombe qu'elle surmonte. C'est celle du cher Frère Dubé, qui fut le premier de nos coadjuteurs du Nord-Ouest... Il repose ici, depuis 1872, entouré des petits garçons recueillis et morts à la mission, et dont la plupart ont été soignés par lui, durant vingt-six ans, avec la charité d'une mère... Je récite un De profundis... J'ai les yeux pleins de larmes et le cœur plein de regrets, et je me dis que c'est dans ce champ tranquille, parmi ces morts vénérés, que j'aimerais moi-même à trouver la place de mon repos ».
APPENDICE : Notice…
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusNOTICESUR LACongrégation des Missionnaires OblatsDE MARIE-IMMACULÉE____________
Fondée en 1816, par le Père de Mazenod, qui devint le saint évêque de Marseille, la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée a pour but principal l’évangélisation des pauvres. Evangelizare pauperibus misit me.
La vertu spécialement léguée par le Fondateur, et tendrement cultivée dans toutes les communautés, est la charité fraternelle. Aussi, même dans les postes les plus isolés, les missionnaires ne sont-ils jamais seuls et une douce vie de famille leur est-elle partout assurée.
La prérogative d'Oblat (oblatus, offert, dévoué, consacré) de Marie Immaculée satisfait tous les cœurs, tandis que l’extrême variété de l’apostolat et des climats où il s’exerce, met à profit toutes les aptitudes, toutes les forces, toutes les santés, les ambitions les plus avides de se dévouer au salut des âmes.
Il n’est pas un diocèse de France qui ne compte aujourd’hui plusieurs de ses fils dans les rangs de cette Congrégation.
Enfants, étudiants de collèges ou lycées, petits et grands séminaristes peuvent, à n’importe quelle époque de leurs études, solliciter leur admission sous la bannière de Marie Immaculée.
La Congrégation a établi des Juniorats, écoles apostoliques, où se donne, depuis la septième jusqu’à la première, le cours classique, et des Scolasticats, où l’on enseigne, durant six années la philosophie et la théologie.
Après le noviciat, chacun reprend ses études secondaires ou supérieures, au point où il les avait laissées. Les novices déjà prêtres sont aussitôt employés au saint ministère.
Le Noviciat dure une année complète. C’est la période de la formation intense à cette vie religieuse, qui doit être la base, la gardienne, le rempart de la vie apostolique.
A la fin du noviciat, l’Oblat prononce ses premiers vœux annuels de pauvreté, de chasteté, d’obéissance et de persévérance dans le saint Institut. Deux fois, il les renouvellera. Puis viendra la profession perpétuelle, la remise de la croix de missionnaire et l’incorporation définitive à la Congrégation. Alors sera à jamais consacrée la carrière du religieux apôtre.
A côté des Oblats Pères, se trouvent des Frères, également Oblats. Ce sont les Coadjuteurs. Aucun degré de culture littéraire ne leur est prescrit. Il leur suffit d’apporter une entière bonne volonté, et, par-dessus tout, le désir de se sanctifier de plus en plus, pour être reçus dans le sein de la Congrégation avec le même amour et les mêmes privilèges que les Pères eux-mêmes, Religieux et Missionnaire, au même titre que le Prêtre Oblat, le Frère Coadjuteur sera son auxiliaire incomparable dans l’œuvre du salut des âmes, tous les travaux occuperont son savoir-faire, depuis la garde des maisons de France jusqu’aux chevauchées interminables à travers l’Afrique brûlante et aux courses en traîneaux à chiens, dans les régions polaires. Les plus instruits deviennent catéchistes ou maîtres d’école.
Plus de 3.000 Oblats prêchent actuellement l’Évangile dans toutes les parties du monde...
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Re: Apôtres Inconnus
Apôtres InconnusNOTICESUITE
Plus de 3.000 Oblats prêchent actuellement l’Évangile dans toutes les parties du monde.
En France, ils se dépensent surtout aux missions paroissiales des campagnes et des villes. Plusieurs sanctuaires de la Très Sainte Vierge leur furent confiés. Ils ont reçu aussi du Cardinal Guibert,. archevêque de Paris et Oblat lui-même, la charge d’établir le pèlerinage de Montmartre et d’élever la Basilique du Vœu National au Sacré-Cœur.
En Asie, ils convertissent les bouddhistes et les brahmanistes de l’île de Ceylan, dans les diocèses de Jaffna et de Colombo, que les voix les plus autorisées n’ont pas craint d’appeler « les missions modèles du monde entier ». Mais plusieurs millions de païens attendent encore là que le nombre des missionnaires, qui se tuent à la besogne, puisse se multiplier..
En Afrique australe, d’innombrables peuplades noires — Zoulous, Cafres, Basutos, Bechuanas — demandent la foi aux Missionnaires Oblats. Et ceux-ci demandent du renfort, car ils succombent devant une moisson qui s’étend à l’infini, sous leurs yeux.
En Amérique, le sillon évangélique, arrosé depuis 1841 par les sueurs et le sang des Oblats, s’étendait des sables du Mexique, et du Texas aux banquises de l’Océan Glacial arctique. Le voici dépassée en 1925. Une première caravane de missionnaires vient d’abor der, en Amérique du Sud, aux confins de la Bolivie, une peuplade absolument sauvage encore.
Ne parlant que de l’évangélisation du Nord-Ouest canadien, aujourd’hui civilisé, un éminent prélat du Canada a pu dire : « C’est l’un des plus merveilleux ouvrages de l’apostolat catholique dans le monde ». Depuis que ces paroles ont été prononcées, un livre, paru sous le titre Aux Glaces Polaires, par le R. P. Duchaussois, o. m. i. (ouvrage couronné par l’Académie Française), a décrit un apostolat plus lointain encore et non moins pénible, accompli parmi les derniers Peaux-Rouges restés sauvages et les Esquimaux.
Les Esquimaux ont tué deux de leurs premiers missionnaires. Un troisième a trouvé, à les servir, une mort tragique. Les infatigables apôtres qui restent sur l’immensité des steppes polaires avec ces milliers de primitifs, crient maintenant à la Jeunesse de France : « Venez à notre secours ! »
Que le divin Maître et Marie Immaculée, daignent décupler, centupler bientôt les ouvriers qui tiennent sur toutes les brèches de l’apostolat, chez les infidèles !...
FIN
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