Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. LXXXIX. Les mouvements de la volonté viennent de Dieu et non de la volonté seule.De la Providence divine.LXXXVIIILes substances séparées créées ne peuvent
être la cause directe de nos élections et de nos volitions.SUITE
5º La violence est opposée au mouvement naturel et au mouvement volontaire, puisqu'ils doivent l'un et l'autre procéder d'un principe intrinsèque. Or, l'agent extrinsèque ne meut naturellement le mobile qu'autant qu'il met en lui un principe intrinsèque de mouvement : ainsi, le générateur, en conférant au corps pesant qu'il produit la forme d'où résulte la pesanteur, lui imprime le mouvement naturel de haut en bas.
Mais aucun agent extrinsèque ne peut mouvoir sans violence un corps naturel, si ce n'est, peut-être, accidentellement : tel est l'agent qui éloigne l'obstacle et qui fait usage d'un mouvement ou d'une action qui est dans la nature, plutôt qu'il n'en est la cause.
Donc le seul agent qui a le pouvoir de déterminer sans violence un mouvement de la volonté est celui qui produit le principe intrinsèque de ce mouvement, c'est-à-dire la puissance même de la volonté. Or, cet agent est Dieu, qui seul crée l'âme [liv. II ch. 21 et 87]. Donc Dieu seul peut, comme agent, mouvoir la volonté sans violence.
L'Ecriture Sainte exprime ainsi cette vérité : Le cœur du roi est dans la main du Seigneur; il l'inclinera à tout ce qu'il voudra (PROV.,XXI, 1). C'est Dieu qui, selon son bon plaisir, opère en vous la volition et son accomplissement (Philipp., II,13).
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.LXXXIXLes mouvements de la volonté viennent
de Dieu et non de la volonté seule.
Plusieurs, ne comprenant pas comment Dieu peut déterminer en nous les mouvements de la volonté sans léser sa liberté, ont essayé de fausser les sens des textes cités plus haut. Ils ont prétendu que Dieu produit en nous la volition et son accomplissement parce qu'il nous donne la faculté de vouloir, mais non en ce sens qu'il nous fait vouloir ceci ou cela.
Telle est l'interprétation qu'Origène donne de ces passages (1), en prenant la défense du libre arbitre. Elle paraît avoir donné naissance à cette opinion de quelques auteurs, que la Providence ne s'occupe pas des choses qui relèvent du libre arbitre, c'est-à-dire des élections, mais seulement des faits extérieurs. Ils s'appuient sur cette raison, que celui qui a fait choix d'une chose qu'il veut acquérir ou exécuter, comme de construire une maison ou de s'enrichir, ne peut pas toujours parvenir à son but ; et, par conséquent, la réalisation de nos actions ne dépend pas du libre arbitre, mais des dispositions arrêtées par la Providence.
Cette opinion est en opposition flagrante avec les témoignages suivants de la Sainte-Écriture :
1º Isaïe dit: Seigneur, vous avez fait en nous toutes nos œuvres (XXVI, 12) . Donc nous tenons de Dieu, non-seulement la faculté de vouloir, mais encore son opération.
2º Cette parole de Salomon: le Seigneur inclinera le cœur du roi à tout ce qu'il voudra (Prov., XXI, 1) prouve que la causalité divine ne s'étend pas à la seule puissance de la volonté, mais encore à son acte.
3° Dieu ne donne pas seulement aux êtres la puissance d'agir, mais aucun d'eux n'est capable d'agir par sa propre puissance, s'il n'agit pas par la puissance de Dieu [ch. 67 et 70].
Donc l'homme ne peut faire usage de la faculté de la volonté qui lui est donnée, qu'autant qu'il agit par la puissance de Dieu. Or, le principe en vertu duquel l'agent agit est la cause, non-seulement de la puissance d'action, mais encore de l'action: nous en avons la preuve dans l'exemple de l'artisan ; c'est par sa puissance qu'agit l'instrument, même celui auquel il n'a pas donné sa forme propre et qu'il ne fait qu'appliquer à l'acte. Donc Dieu est la cause, non-seulement de notre volonté, mais aussi de nos volitions.
4º Les esprits sont disposés dans un ordre plus parfait que celui des…
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Chap. XC. Les élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.De la Providence divine.LXXXIXLes mouvements de la volonté viennent
de Dieu et non de la volonté seule.SUITE
4º Les esprits sont disposés dans un ordre plus parfait que celui des corps. Or, tous les mouvements qui affectent les corps procèdent du premier mouvement. Donc, dans l'ordre spirituel, tout mouvement de la volonté doit procéder de la première volonté, qui est celle de Dieu.
5º Nous avons démontré [ch. 67 et 70] que Dieu est la cause de toutes les actions et qu'il opère dans tous les agents. Donc il est la cause des mouvements de la volonté.
6° Aristote raisonne ainsi :__________________________________________Aristote a écrit:La connaissance, la délibération, l'élection et la volition ont nécessairement une cause, puisque tout ce qui est nouveau doit avoir une cause; et, si l'on assigne pour cause une autre délibération et une autre volition qui ont procédé, comme il est impossible de remonter ainsi jusqu'à l'infini, on arrivera forcément à un premier principe. Il ne peut y avoir d'autre premier principe de ces opérations que l'être qui excelle sur toute raison. Or, Dieu seul excelle sur l'intelligence et la raison (2). Donc Dieu est le premier principe de nos délibérations et de nos volitions.
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De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.
De tout ce qui précède, il ressort clairement que les volitions et les élections des hommes sont elles-mêmes subordonnées à la divine Providence. En effet :
1° Tout ce que Dieu fait, il le fait suivant l'ordre de sa Providence. Donc puisqu'il est lui-même la cause de notre élection et de notre volonté, nos élections et nos volitions sont subordonnées à la divine Providence.
2° Nous avons prouvé que les esprits régissent tous les corps [ch. 78]. Or, les esprits agissent sur les corps au moyen de la volonté. Si donc les élections et les mouvements de la volonté des substances intelligentes ne dépendent point de la Providence de Dieu, les corps eux-mêmes en sont indépendants; et, par conséquent, il n'y a absolument pas de Providence.
3° Les êtres compris dans l'univers doivent participer en proportion de leur excellence à l'ordre qui constitue le bien de cet univers. C'est pour cela qu'Aristote reproche aux anciens philosophes d'avoir attribué au hasard et à la fortune la constitution des corps célestes en les excluant des choses inférieures (1). Or, les substances intelligentes sont plus nobles que les substances corporelles. Si donc les corps, quant à leurs substances et à leurs actions, sont astreints à l'ordre établi par la Providence, à plus forte raison il en est de même des esprits.
4° Les êtres qui se rapprochent le plus de la fin sont soumis plus…
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De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.SUITE
4° Les êtres qui se rapprochent le plus de la fin sont soumis plus étroitement à l'ordre établi en vue de la fin, puisque, par leur intermédiaire, les autres êtres sont mis en rapport avec cette fin. Or, nous avons vu [ch. 50] que les actions des substances intelligentes touchent de plus près à Dieu, comme à leur fin, que les actions des autres substances. Donc les actions des esprits sont subordonnées à la Providence, par laquelle Dieu fait tout rapporter à lui-même, plus strictement que les actions des autres créatures.
5° Le gouvernement de la Providence a son principe dans l'amour dont Dieu aime ses créatures: car l'amour consiste principalement en ce que celui qui aime veut du bien à l'objet aimé. Donc plus Dieu aime un être, plus cet être dépend de sa Providence. — La Sainte-Écriture nous enseigne cette vérité en ces termes : Le Seigneur garde tous ceux qui l'aiment (Ps. CXLIV,20); et le Philosophe l'exprime aussi en disant que Dieu prend particulièrement soin, comme de ses amis, de ceux qui aiment l'intelligence (2). Il ressort de là qu'il aime surtout les substances intelligentes. Donc leurs volitions et les élections dépendent de sa Providence.
6° Les biens intérieurs de l'homme qui découlent de sa volition et…
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Chap. XCI. Comment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.De la Providence divine.XCLes élections et les volitions de l'homme sont subordonnées à la divine Providence.SUITE
6° Les biens intérieurs de l'homme qui découlent de sa volition et de son élection lui appartiennent plus en propre que les biens extérieurs, tels que l'acquisition des richesses et les autres semblables ; aussi les premiers rendent l'homme bon, et non les seconds. Si donc la Providence de Dieu ne s'étend pas jusqu'aux élections de l'homme et aux mouvements do sa volonté, mais seulement aux faits extérieurs [qui en résultent], dans la réalité les choses humaines seront plutôt soustraites que soumises à la direction de la Providence; et l'Écriture prête à certains blasphémateurs ce langage : Dieu ne considère pas ce qui se passe parmi nous, il sa promène autour des pôles du ciel (Job, XXII. 14). Le Seigneur a délaissé la terre, le Seigneur ne voit point (Ezéch., IX, 9. Qui est celui qui a dit qu'une chose se fit, sans l'ordre du Seigneur (Jérem ., Thren., III, 37) ?
Quelques textes des Livres Saints paraissent favoriser cette opinion. Nous y lisons : Dès le commencement Dieu a fait l'homme et l'a abandonné au pouvoir de son conseil (Eccli., XV, 14). Il a mis devant vous l'eau et le feu, étendez la main vers ce que vous voudrez. La vie et la mort, le bien et le mal sont devant l'homme; il lui sera donné ce qu'il aura choisi (Ibid., XV. 17 et 18). Considérez que j'ai mis aujourd'hui en votre présence la vie et le bien, et, à l'opposé, la mort et le mal (Deuter., XXX 15).
Ces passages, cependant, tendent uniquement à prouver que l'homme jouit du libre arbitre, et non à soustraire ses élections au domaine de la divine Providence. De même cette proposition de saint Grégoire de Nysse, dans son traité sur l'homme (3) : « La Providence s'occupe des choses qui ne sont pas en nous, et non de celles qui sont en nous; » et cette autre de saint Jean Damascène, qui s'exprime ainsi d'après lui (De la foi orthodoxe, liv. II, ch. 30) : « Dieu a la prescience des choses qui sont en nous, mais il ne les prédétermine pas, » doivent s'interpréter en ce sens que Dieu ne détermine pas ce qui se passe en nous comme le rendant nécessaire.
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(3) Saint Thomas a probablement en vue le livre de saint Grégoire de Nysse, intitulé De hominis opificio, mais le texte qu'il cite se trouve au ch. 8 de son traité De Providentia.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIComment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.
Ces vérités que nous venons de prouver peuvent nous faire comprendre comment les événements humains se rattachent aux causes supérieures et n'arrivent pas fortuitement. Dieu, en effet, dispose immédiatement les élections et la volition, et fait parvenir à l'homme, par l'intermédiaire des Anges, la connaissance dont il est capable et qui appartient à l'intelligence (1). Il dispense également, par l'intermédiaire des Anges et des astres, les biens, soit intérieurs, soit extérieurs, inhérents aux corps et qui tournent à l'avantage de l'homme.
Une seule raison générale explique cet ordre. C'est que tout ce qui est multiforme, muable et périssable doit se rattacher, comme à son principe, à un être uniforme, immuable et impérissable.
Or, tout ce qui est en nous est multiple, variable et périssable. En effet:
1° Il est évident qu'il y a multiplicité dans nos élections, puisque, dans des conditions diverses, divers individus choisissent diverses choses. Elles sont également muables, tant à cause de la légèreté de notre esprit qui n'est pas encore fixé dans sa fin dernière, qu'en raison des changements qui surviennent dans les êtres placés autour et en dehors de nous. Les péchés des hommes attestent de plus qu'elles sont défectibles. Or, la volonté de Dieu est uniforme; car, en voulant une seule chose (2), il veut toutes les autres choses, et nous avons prouvé ailleurs [liv. I ch. 23, 75 et 76] qu'elle est immuable et indéfectible. Donc les mouvements de toutes les volontés et toutes les élections doivent se rattacher à la volonté divine, et non à une autre cause, parce que Dieu seul est la cause de nos volitions et de nos élections.
2° De même, notre connaissance est multiple, puisque…
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(1} Il a été démontré au [chapitre 79] que les esprits supérieurs dirigent les esprits inférieurs. — (2) Qui est sa propre essence ou sa bonté. Voyez [liv. I ch.74 et 75]
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIComment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.SUITE
2° De même, notre connaissance est multiple, puisque nous condensons, pour ainsi dire, la vérité intelligible extraite d'une foule de choses sensibles. Elle est muable, puisque l'intelligence procède en passant d'un objet à un autre, et du connu arrive à l'inconnu. Les erreurs des hommes prouvent bien qu'elle est défectible à cause du mélange des sensations et des images. Or, la connaissance des Anges est uniforme, parce qu'ils puisent la notion de la vérité à la source unique de la vérité, qui est Dieu lui-même. Elle est immuable parce qu'ils n'aperçoivent pas la vérité sur chacun des êtres en passant des effets aux causes, ou réciproquement, mais par une simple intuition. Elle est [indéfectible], parce qu'ils voient par elles-mêmes les natures et les quiddités des êtres, et l'intelligence ne peut pas plus se tromper sur ces natures que les sens sur leurs objets propres ; au lieu que nous connaissons les quiddités des êtres par leurs accidents et leurs effets. Donc il est nécessaire que la connaissance des Anges règle notre connaissance intellectuelle.
3° Il est encore manifeste que dans le corps humain…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Livre III
1er octobre 2024
1er octobre 2024
Chap. XCII. En quel sens la fortune favorise l'homme; comment les causes supérieures le secondent.De la Providence divine.XCIComment les choses humaines se rattachent aux choses supérieures.SUITE
3° Il est encore manifeste que dans le corps humain et dans les choses extérieures dont les hommes font usage il y a multiplicité de mélange et de contrariété (3); qu'ils ne sont pas toujours mus de la même manière, parce que leurs mouvements ne sauraient être continus, et aussi qu'ils sont défectibles par altération et par destruction. Or, les corps célestes sont uniformes, en raison de leur simplicité, et exempts de toute contrariété (4). Leurs mouvements sont également uniformes, continus et constamment invariables, et ils sont à l'abri du changement et de la destruction. Il est donc nécessaire que le mouvement des astres règle nos corps et toutes les choses qui sont à son usage.
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(3) C'est une condition essentielle de la matière ; car les substances spirituelles ont seules une simplicité parfaite qui les garantit de toute contrariété. Aristote énonce ainsi ce principe général: Cet énoncé est libellé en latin. Sur demande nous le publierons. Bien à vous. — (4) La simplicité que saint Thomas accorda aux astres, d'après Aristote, et suivant l'opinion commune de son temps, n'est pas la même que celle des esprits. Les esprits sont simples en ce sens qu'ils n'ont pas de parties, en sorte que leur substance est indivisible, inaltérable ou uniforme, et qu'elle ne saurait périr que par l'anéantissement. Les corps célestes, au contraire, sont matériels, et. par conséquent, composés de parties. La simplicité qui leur est ici attribuée est donc la même que celle des corps simples de la chimie, qui n'ont qu'un seul élément; ce qui empêche toute contrariété; car la contrariété suppose nécessairement deux principes. De là vient leur uniformité, puisque des formes diverses ne se succèdent dans un corps qu'autant que ses divers éléments se combinera de diverses manières, ou bien qu'où y ajoute ou qu'on en retranche un ou plusieurs éléments.
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De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.
Ces explications suffisent pour nous faire comprendre comment on peut dire de quelqu'un que la fortune le favorise. Nous disons, en effet, qu'il est arrivé par hasard quelque chose d'heureux pour un homme quand il lui est échu un bien qu'il n'avait pas en vue ; quand, par exemple, en creusant dans un champ, il découvre un trésor sans le chercher. Or, il arrive qu'un agent opère en dehors de sa propre intention, mais non en dehors de l'intention du supérieur auquel il est soumis.
Ainsi, un maître commande à l'un de ses serviteurs de se rendre dans un lieu où, sans que celui-ci en fût instruit, il en a déjà envoyé un autre : le serviteur qui reçoit cet ordre trouve son compagnon sans aucune intention de sa part, mais ce n'est pas en dehors de l'intention du maître qui l'envoie; et, par conséquent, quoique pour ce serviteur cette rencontre ait lieu fortuitement et par hasard, il n'en est pas ainsi pour le maître, mais elle est préparée.
Donc, puisque l'homme est subordonné aux astres par son corps, aux Anges par son intelligence, et à Dieu par sa volonté, il peut se produire en dehors de son intention un fait qui cependant résulte de ses rapports avec les astres, ou d'une disposition que les Anges ou Dieu lui-même ont mise en lui. Or, quoique Dieu seul agisse directement en vue de produire l'élection de l'homme, l'action de l'Ange y coopère en quelque chose par voie de persuasion, et l'action du corps céleste, par voie de préparation, en tant que les influences des astres sur nos corps nous disposent à telle élection.
Quand donc quelqu'un, sous l'influence des astres et des causes supérieures, qui s'exerce de la manière que nous venons de dire, se trouve incliné à quelques élections avantageuses, et dont cependant sa propre raison ne lui fait pas connaître toute l'utilité; lorsque la lumière qui émane des substances intelligentes et éclaire son intelligence pour lui faire apercevoir les mêmes choses et qu'une opération divine incline sa volonté à se déterminer dans son intérêt, bien qu'il en ignore la raison, nous le considérons comme favorisé de la fortune, et nous disons, au contraire, que la fortune le maltraite, si les causes supérieures influent sur son élection dans un sens opposé.
C'est ce qu'exprime l'Écriture en disant : Ecrivez que c'est un homme stérile, un homme qui ne prospérera point pendant sa vie (Jérém., XXII. 30).
Il faut, à ce sujet, remarquer la différence suivante…
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De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Il faut, à ce sujet, remarquer la différence suivante : les impressions des astres, en se faisant sentir à nos corps, produisent en nous certaines dispositions corporelles conformes à la nature. C'est pour cela que, suivant la disposition que ces influences ont laissées dans le corps, nous disons, non-seulement que la fortune est bonne ou mauvaise pour tel homme, mais encore qu'il est bien ou mal né; et le philosophe dit dans le même sens qu'avoir une bonne fortune, c'est être bien né (1).
Nous ne pouvons comprendre, en effet, qu'une diversité dans l'intelligence porte deux hommes à choisir, en dehors des lumières de leur propre raison, l'un une chose qui lui est avantageuse et l'autre une chose nuisible, puisque la nature de l'intelligence ou de la volonté est une dans tous les hommes; car la diversité des formes entraîne la diversité des espèces, et de la distinction matérielle résulte la distinction numérique. C'est pourquoi nous ne disons pas qu'un homme est bien né, mais plutôt qu'il est gardé ou dirigé quand une lumière éclaire son intelligence ou que Dieu excite sa volonté pour le faire agir.
Une autre différence doit…
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De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Une autre différence doit encore fixer l'attention. L'opération d'un Ange ou d'un astre dispose seulement à l'élection, et l'opération de Dieu est comme le principe qui la complète. Or, comme une disposition qui vient de la qualité d'un corps ou de la persuasion de l'intelligence ne rend pas l'élection nécessaire, l'homme ne choisit pas toujours ce qui est dans l'intention de l'Ange commis à sa garde; ni ce à quoi l'astre l’incline, bien que toutefois il choisisse ce que l'opération de Dieu met dans sa volonté. D'où il suit que le soin que prennent les Anges reste quelquefois sans résultat, suivant cette parole : Nous avons soigné Babylone, et elle n'a point été guérie (Jérém., LI, 9). Il en est de même, à plus forte raison, de l'influence des corps célestes. Mais toujours la Providence divine atteint son but.
Nous devons encore nous arrêter à une troisième différence…
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De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Nous devons encore nous arrêter à une troisième différence. Puisque les astres ne disposent à l'élection qu'en produisant dans le corps de l'homme des impressions qui l'excitent à faire un choix de la même manière que les passions l'y induisent, toute disposition à l'élection provenant des corps célestes a le caractère de quelque passion: comme, par exemple, quand quelqu'un se trouve porté à prendre telle détermination par haine, par amour, par colère, ou en vertu de toute autre disposition analogue: Les Anges, au contraire, disposent l'homme à l'élection en fixant l'attention de l'intelligence, et sans passion.
Cela a lieu de deux manières : — Quelquefois l'intelligence humaine reçoit d'un Ange une lumière qui lui fait seulement connaître qu'il est bien de faire telle chose, sans lui découvrir la raison qui rend bonne cette chose et qui se tire de la fin. De là vient que parfois si l'on demandait à tel ou tel pourquoi ce parti lui paraît avantageux, il répondrait qu'il ne le sait pas; et par conséquent s'il aboutit à une fin utile, à laquelle il n'a pas pensé d'avance, ce sera pour lui un événement fortuit. — D'autres fois cette lumière communiquée par l'Ange découvre à l'homme et la bonté de la chose, et la raison qui la rend bonne, raison qui dépend de la fin; et, dans ce cas, lorsqu'il atteint la fin qu'il â prévue, il n'y a en cela rien de fortuit.
Il faut savoir que…
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De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Il faut savoir que la puissance active de la nature spirituelle, qui est supérieure à celle de la nature corporelle, est aussi plus étendue; ce qui fait qu'une disposition résultant de l'influence d'un corps céleste ne s'étend pas à tous les objets de l'élection humaine. De plus, la puissance de l'âme humaine, et même celle des Anges, est particulière, comparée à la puissance divine, qui est universelle pour tous les êtres. Il peut donc arriver à l'homme quelque bien en dehors de sa propre intention, indépendamment d'une inclination provenant des corps célestes, et aussi sans que les Anges l'éclairent, mais non en dehors de la Providence divine, qui a fait et gouverne l'être considéré comme être; d'où il suit que tout lui est subordonné.
Donc, il peut arriver à l'homme un bien ou un mal qui est fortuit par rapport à lui-même, aux astres et aux Anges; mais il n'arrive rien de tel par rapport à Dieu ; car, pour Dieu, rien ne peut être imprévu ni l'œuvre du hasard, non-seulement dans les affaires humaines, mais encore dans toute autre chose.
Comme les choses fortuites ont lieu en dehors de l'intention, —; quant aux biens de l'ordre moral, ils ne sauraient se réaliser en dehors de l'intention, puisqu'ils consistent dans l'élection, — on ne peut dire, à raison de ces choses, que la fortune est bonne ou mauvaise pour quelqu'un, bien que, sous ce rapport, on puisse affirmer qu'il est bien ou mal né, quand, en vertu d'une disposition naturelle de son corps, il est porté à s'attacher à la vertu ou au vice. S'il s'agit de biens extérieurs qui peuvent échoir à l'homme sans intention de sa part, on peut dire de lui qu'il est bien né et que la fortune le favorise, que Dieu le gouverne et que les Anges veillent sur lui.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
L'homme reçoit encore des causes supérieures un autre secours pour réussir dans ses actions. Puisqu'il a la double faculté de choisir et d'accomplir ce qu'il a choisi, les causes supérieures secondent et quelquefois entravent ces deux opérations: d'abord l'élection, lorsque, comme nous l'avons observé, l'homme, sous l'influence des corps célestes, se trouve disposé à prendre telle détermination, ou bien quand les Anges, en veillant sur lui, l'éclairent, ou encore quand une opération divine l'y incline; l'exécution, en tant que l'homme reçoit d'une cause supérieure assez de force et l'efficacité nécessaire pour accomplir ce qu'il a résolu; et cette efficacité, il peut la tenir, non-seulement de Dieu et des Anges, mais aussi des corps célestes, en tant qu'elle se trouve dans son propre corps.
Il est clair, en effet, que les corps inanimés eux-mêmes reçoivent des astres certaines forces et certaines vertus efficaces, même en dehors de celles qui résultent des qualités actives et passives des éléments, et qui dépendent certainement des astres: ainsi, l'aimant attire le fer par la vertu d'un corps céleste; certaines pierres et certaines herbes tirent du même principe d'autres vertus cachées. Rien ne s'oppose donc à ce qu'à raison de l'influence d'un corps céleste, celui-ci soit doué, dans la réalisation de ses opérations, de l'efficacité qui manque à celui-là : par exemple, le médecin pour guérir, le cultivateur pour faire pousser des plantes, et le soldat pour vaincre. Or, Dieu accorde aux hommes une vertu plus parfaite pour réaliser efficacement leurs opérations.
Donc, en considérant…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Donc, en considérant le premier secours, qui consiste dans l'élection, nous disons que Dieu dirige l'homme; s'il s'agit du second, nous disons qu'il le fortifie; et nous les trouvons exprimés tous les deux dans l'Écriture, qui dit du premier : Le Seigneur est ma lumière, et mon salut, qui craindrai-je ? et du second : Le Seigneur protège ma vie, de quoi tremblerai-je (Ps. XXVI,1) ?
Il y a entre ces deux secours deux différences :
La première consiste en ce que le premier secours aide l'homme, et dans les choses qui relèvent de sa puissance, et dans les autres, au lieu que le second ne s'étend qu'à ce que la puissance de l'homme est capable de faire. En effet, si l'homme qui creuse un tombeau trouve un trésor, cela ne résulte nullement de sa puissance. C'est pourquoi, en ce qui concerne cette découverte, l'homme peut bien recevoir un secours qui l'excite à faire des recherches à l'endroit où gît ce trésor, mais sans lui donner la puissance nécessaire pour le découvrir. D'un autre côté, quand un médecin rend la santé ou qu'un soldat est victorieux dans le combat, ils peuvent être aidés, et dans le choix des moyens qui conviennent à la fin, et dans l'exécution efficace de leur entreprise, en faisant usage de la puissance que leur a communiquée une cause supérieure. Le premier secours est donc plus universel.
La seconde différence consiste en ce que le second secours est accordé à l'homme pour le faire arriver efficacement au but qu'il a en vue; d'où il suit que, les choses fortuites étant en dehors de l'intention, on ne peut pas dire, à proprement parler, de celui qui reçoit ce secours, que la fortune le favorise, et nous avons vu plus haut que l'on peut s'exprimer ainsi quand il s'agit du premier.
Or, la fortune est bonne ou mauvaise pour quelqu'un dans des circonstances où il agit seul : par exemple, lorsqu'en creusant la terre, il trouve un trésor qui y est enfoui, et aussi dans des circonstances où une autre cause agit concurremment avec lui; ce qui a lieu quand se rendant à la place publique, pour y acheter quelque chose, il rencontre son débiteur sans s'y attendre. Dans le premier cas, l'homme reçoit un secours pour qu'il lui arrive du bien, seulement parce qu'il se trouve dirigé de manière à choisir une chose à laquelle se rattache accidentellement un avantage qui lui échoit sans qu'il le cherche. Il est nécessaire, dans le second cas, que chacun des agents reçoive une direction convenable afin de se déterminer à l'action ou au mouvement qui amène leur occurrence.
Nous devons faire encore une autre observation sur ce qui précède…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
Nous devons faire encore une autre observation sur ce qui précède. Nous avons dit que si la fortune est quelquefois favorable ou contraire à l'homme, cela vient de Dieu et peut venir aussi des astres, en tant que Dieu incline l'homme à choisir une chose qui emporte avec elle tel avantage ou tel inconvénient qu'il n'a pas prévu en faisant son choix, et en tant que l'influence d'un astre le dispose à faire cette élection.
Or, considéré quant à l'élection de l'homme, cet avantage ou cet inconvénient est fortuit ; à l'égard de Dieu, il perd ce caractère, mais non relativement au corps céleste. — En voici la preuve : Un événement ne cesse d'être fortuit qu'autant qu'il se rattache à une cause qui est par elle-même capable de le produire. Or, la puissance d'un corps céleste est une cause qui agit sans intelligence et sans discernement, mais naturellement, et le propre de la nature est de tendre à un effet unique. Si donc un effet n'a pas cette unité, aucune puissance naturelle ne peut en être la cause par elle-même. Or, lorsque deux choses se trouvent accidentellement unies, elles ne sont pas vraiment une même chose, mais seulement par accident; et, par conséquent, aucune cause naturelle ne peut être par elle-même la cause de cette union.
Si donc cet homme est excité par l'influence d'un astre, de la même manière que par la passion, ainsi que nous l'avons observé, à creuser un tombeau, comme ce tombeau et la place du trésor ne sont une même chose que par accident, puisqu'il n'y a pas de rapport entre eux, la puissance de cet astre n'est pas capable par elle-même de l'incliner à tout ce qu'il fait, c'est-à-dire à creuser un tombeau et à le creuser dans l'endroit où gît un trésor; au lieu que l'être qui agit par son intelligence peut être une cause qui l'incline à tout cela, parce qu'il appartient à l'intelligence de faire rapporter plusieurs choses à une seule. Il est certain, en effet, qu'un homme qui saurait qu'un trésor est dans tel lieu pourrait envoyer un autre qui l'ignorerait creuser un tombeau précisément à cet endroit, dans le but de lui faire découvrir ce trésor qu'il ne cherche pas. Ainsi donc, ramenés à une cause divine, les événements fortuits perdent ce caractère; mais ramenés seulement à une cause céleste, ils restent fortuits (2).
La même raison nous fait voir que la vertu des astres ne peut rendre…
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(2) Bossuet expose excellemment cette doctrine en quelques mots : « C'est Dieu qui prépare les effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappa ces grands coups dont le contre-coup porte si loin... C'est ainsi que Dieu règne sur tous les peuples. Ne parlons plus de hasard ni de fortune; ou parlons-en seulement comme d'un mot dont nous couvrons notre ignorance. Ce qui est hasard à l'égard de nos conseils incertains, est un dessein concerté dans un conseil plus haut, c'est-à-dire dans ce conseil éternel qui renferme toutes les causes et tous les effets dans un même ordre. De cette sorte, tout concourt à la même fin, et c'est faute d'entendre le tout, que nous trouvons du hasard ou de l'irrégularité dans les rencontres particulières » (Discours sur l'hist. univ., 3e part., ch, 8, Conclusion).
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XCIII. Du destin; existe-t-il, et quel est-il ?De la Providence divine.XCIIEn quel sens la fortune favorise l'homme ;
comment les causes supérieures le secondent.SUITE
La même raison nous fait voir que la vertu des astres ne peut rendre la fortune favorable à l'homme en toutes circonstances, mais seulement dans tel ou tel cas particulier: quand nous disons en toutes circonstances, nous entendons que l'influence des astres serait tellement inhérente à la nature de l'homme que toujours et dans la plupart des cas il choisirait des choses auxquelles se trouvent attachés accidentellement certains avantages ou certains inconvénients. Dans l'ordre de la nature, en effet, tout se rapporte à un seul but, et il est impossible de ramener à quelque chose d'unique les accidents favorables ou nuisibles à l'homme qui viennent de la fortune ; mais ils sont indéterminés et indéfinis, comme le Philosophe le remarque et comme on le voit clairement (3).
Il ne saurait donc être dans la nature de personne de faire toujours des élections dont résultent, même par accident, quelques avantages; mais il peut se faire qu'une influence céleste incline quelqu'un à choisir telle chose à laquelle se rattache accidentellement tel avantage, et qu'une seconde et une troisième influence l'inclinent ensuite à une seconde et à une troisième élection semblable, sans que, de cette manière, une seule influence l'incline à tout ce qu'il fait, tandis qu'une seule disposition divine peut diriger l'homme dans toutes les circonstances.
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(3) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De là cette parole de Boëce :De la Providence divine.XCIIIDu destin; existe-t-il, et quel est-il ?
Nous voyons, par tout ce qui précède, ce qu'il faut penser du destin. Voyant, qu'à ne considérer que les causes particulières, beaucoup de choses se produisent accidentellement dans le monde, les hommes en ont tiré les conclusions suivantes :
Les uns ont dit que nulle cause supérieure ne coordonne ces choses; et pour eux le destin n'est absolument rien.
D'autres ont cherché à ramener toutes ces choses à des causes plus élevées, dont elles procèdent par ordre, suivant une certaine disposition. Ceux-ci admettent le destin en ce sens, qu'une cause a prononcé ou décidé et réglé d'avance l'existence de tout ce qui paraît arriver par hasard.
Quelques-uns, parmi ces derniers, se sont efforcés d'attribuer aux astres, comme à leurs causes, tous les accidents fortuits qui ont lieu ici-bas, et jusqu'aux élections humaines. Ils donnaient le nom de destin à une disposition des astres de laquelle ils supposaient que tout dépend nécessairement; et nous avons prouvé que cette opinion présente une impossibilité et qu'elle est contraire à la raison et à la foi [ch. 71 et suiv.]
Il en est d'autres qui ont ramené à une disposition de la divine Providence tout ce qui semble venir du hasard, dans ce monde inférieur; c'est ce qui leur a fait dire que le destin décide de tout, donnant le nom de destin à l'ordre que la Providence de Dieu a établi dans le monde.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XCIV. Certitude de la divine Providence.De la Providence divine.XCIIIDu destin; existe-t-il, et quel est-il ?SUITE
De là cette parole de Boëce : « Le destin est une disposition inhérente aux êtres muables, au moyen de laquelle la Providence maintient chacun d'eux dans l'ordre qui lui convient » (Consol. de la Philos., liv. IV, pros. 6) (1).
Dans cette définition du destin, le mot disposition est mis pour ordonnance. En disant qu'elle est inhérente aux êtres, on distingue le destin de la Providence; car tant que cette ordonnance est renfermée dans l'intelligence divine, sans passer dans les êtres, c'est la Providence; mais quand une fois elle s'étend à ces êtres, elle s'appelle le destin. L'attribut muables indique que l'ordre providentiel ne détruit pas la contingence et la mobilité des êtres, ainsi que plusieurs l'ont avancé. Nier le destin ainsi entendu, ce serait donc nier la divine Providence.
Mais comme nous ne devons pas même user de termes qui nous soient communs avec les infidèles, de peur que la communauté des noms ne devienne une occasion d'erreur, les fidèles doivent se garder d'employer facilement le mot destin, pour ne pas paraître approuver ceux qui le prennent dans un mauvais sens, en soumettant toutes choses à la nécessité imposée par les astres.
Aussi saint Augustin fait cette remarque : « Si quelqu'un attribue ces choses au destin, donnant le nom de destin à la volonté ou à la puissance de Dieu, il doit tenir à ce sentiment et corriger son langage » (Cité de Dieu, liv. V, ch. 1).
Et saint Grégoire dit dans le même sens : « Qu'il n'entre pas dans l'esprit des fidèles d'affirmer que le destin est quelque chose » (Homél. X sur l'Év. de l'Épiphanie).
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(1) Boëce explique ainsi la différence et les rapports de la Providence et du destin , et fixe le vrai sens de ce dernier terme : « Cette explication de Boëce est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIVCertitude de la divine Providence.
Si tout ce qui se passe ici-bas, y compris les choses contingentes, est soumis à la Providence divine, il paraît en résulter, ou que la Providence est incertaine, ou que tout arrive nécessairement. En effet :
1º Le Philosophe établit que si tout effet a une cause essentielle (1), et si, toute cause essentielle étant posée on suppose nécessairement son effet, il s'ensuit que tous les futurs se réalisent nécessairement (2). En voici la raison:
Si tout effet a une cause essentielle, il faudra ramener tous les futurs à une cause présente ou passée : ainsi, vous voulez savoir si tel sera tué par des voleurs : une cause précède cet effet, c'est la rencontre des voleurs ; une autre cause a également précédé cet effet, c'est que cet homme est sorti de sa maison ; une autre cause est antérieure à ce dernier effet, c'est qu'il veut aller puiser de l'eau ; cette cause vient après une autre, savoir la soif qu'il éprouve, et celle-ci naît de l'usage actuel ou passé d'aliments salés. Si donc, la cause étant posée, on suppose nécessairement l'effet, il est nécessaire que, dans le cas où cet homme usera d'aliments salés, il ait soif; qu'ayant soif, il ait la volonté d'aller chercher de l'eau; que voulant aller chercher de l'eau, il sorte de sa maison ; que sortant de sa maison, il rencontre des voleurs; que rencontrant ces voleurs, il reçoive d'eux la mort. Donc, en passant de la première à la dernière cause, cet homme qui a mangé des aliments salés doit nécessairement être tué par des voleurs. De là le Philosophe conclut qu'il est faux que la cause étant posée, on doit nécessairement supposer l'effet, puisque certaines causes peuvent manquer de produire leur effet; et qu'il n'est pas vrai non plus que tout effet a une cause essentielle, parce que ce qui est accidentel, comme la rencontre de celui qui va chercher de l'eau et des voleurs, n'a pas de cause.
On voit donc par cette raison que tous les effets ne reviennent pas à une cause essentielle passée ou présente, laquelle étant posée, on doit nécessairement supposer que l'effet en résulte de toute nécessité. Il faut donc dire, ou que tous les effets ne sont pas subordonnés à la divine Providence, et alors ce qu'on a démontré n'est plus vrai, savoir que la Providence s'étend à tout [ch. 75 et 76] ; ou bien que la Providence étant posée, il n'y a aucune nécessité de supposer ses effets, et ainsi la Providence n'est pas certaine; ou il est nécessaire que tout arrive nécessairement; car la Providence n'est pas seulement dans le présent ou dans le passé, mais elle est éternelle, parce qu'il ne peut rien y avoir en Dieu qui ne soit éternel.
2° Si la divine Providence est certaine…
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(1) C'est-à-dire une cause capable par elle-même de le produire comme son effet propre et naturel. — (2) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIVCertitude de la divine Providence.SUITE
2° Si la divine Providence est certaine, cette proposition conditionnelle doit être vraie : Si Dieu a prévu cette chose, elle sera. Or, l'antécédent est nécessaire, puisqu'il est éternel. Donc le conséquent est nécessaire ; car le conséquent d'une proposition conditionnelle est nécessaire toutes les fois que l'antécédent est nécessaire, pour cette raison que le conséquent est comme la conclusion de l'antécédent. Or, tout ce qui découle d'une chose nécessaire doit être nécessaire. Donc si la Providence divine est certaine, il s'ensuit que tout arrive nécessairement.
3º Si Dieu a prévu, par exemple…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIVCertitude de la divine Providence.SUITE
3º Si Dieu a prévu, par exemple, que tel homme doit régner, il est possible ou il n'est pas possible qu'il ne règne pas. S'il n'est pas possible qu'il ne règne pas, il est donc impossible qu'il ne règne pas. Donc il est nécessaire qu'il règne. Si, au contraire, il est possible qu'il ne règne pas, — et du possible il ne résulte rien d'impossible, — il s'ensuit que la Providence divine est en défaut. Donc il n'est pas impossible que la Providence se trouve en défaut. Si Dieu a tout prévu, il faut donc, ou que sa Providence soit incertaine, ou que tout arrive par nécessité.
4° Cicéron fait ce raisonnement :…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIVCertitude de la divine Providence.SUITE
4° Cicéron fait ce raisonnement :Si Dieu a tout prévu, l'ordre des causes est fixé ; s'il en est ainsi, le destin décide de tout ; si le destin décide de tout, rien n'est en notre pouvoir; donc notre volonté n'a pas de libre arbitre. Donc, si la Providence divine est certaine, le libre arbitre est détruit, et, par la même, toutes les causes contingentes disparaissent (3).
5° La Providence de Dieu n'exclut pas…
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(3) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous. — Saint Augustin reproche à Cicéron. d'avoir cherché, par une discussion détestable, à détruire, dans son livre De la divination, la prescience divine et la liberté de l'homme, Le saint Docteur le combat fort au long dans la Cité de Dieu (1. v, c. 9).
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la Providence divine.XCIVCertitude de la divine Providence.SUITE
5° La Providence de Dieu n'exclut pas les causes intermédiaires [ch. 77]. Or, parmi ces causes il y en a de contingentes et qui peuvent rester stériles. Donc certains effets de la Providence peuvent manquer de se réaliser. Donc la Providence divine est incertaine.
Pour résoudre ces difficultés, nous devons répéter ici en partie ce…
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