Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XCIX. Dieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres, en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.Des miracles et des prodiges.XCVIIIComment Dieu peut ou ne peut pas agir
en dehors de l'ordre de sa Providence.SUITE
— En envisageant ce même ordre quant à la raison qui découle de son principe, on voit que Dieu ne peut rien faire en dehors de lui. Nous avons constaté, en effet, que cet ordre procède de la science et de la volonté de Dieu, qui ordonne tous les êtres en vue de sa bonté, comme étant leur fin (ch. 97).
Or, il est impossible que Dieu fasse une chose qu'il n'a pas voulue, puisque les créatures ne procèdent pas de lui en vertu d'une loi naturelle, mais en vertu de sa volonté [liv.II ch. 23]. Il ne saurait non plus faire une chose qui n'est pas comprise dans sa science, puisque sa volonté ne peut avoir d'autre objet que ce qu'il connaît. Il répugne encore qu'il produise parmi les créatures quelque effet qui ne se rapporte pas à sa bonté, comme à sa fin, puisque sa bonté est l'objet propre de sa volonté. Pareillement, Dieu étant immuable, il ne peut arriver qu'il veuille ce qu'auparavant il ne voulait pas, ou bien qu'il commence à savoir une chose nouvelle ou à la disposer en vue de sa bonté.
Donc, Dieu ne peut rien faire qui ne rentre dans l'ordre de sa Providence, pas plus qu'il ne peut produire un effet indépendant de son opération. Cependant, si l'on considère absolument sa puissance, Dieu peut produire d'autres effets que ceux qui sont subordonnés à sa Providence ou à son opération ; mais [en réalité] il ne peut rien faire qui n'ait été éternellement compris dans l'ordre de sa Providence, parce que tout changement est impossible en lui.
Plusieurs ne s'arrêtant pas à cette distinction sont tombés dans diverses erreurs.
Quelques-uns ont voulu étendre l'immutabilité de l'ordre divin jusqu'aux choses qui en dépendent. Ils prétendaient que tous les êtres sont nécessairement ce qu'ils sont ; et certains en sont venus jusqu'à dire que Dieu ne peut faire autre chose que ce qu'il fait, contrairement à cette parole : Pensez-vous que je ne puisse pas prier mon Père et qu'il ne me donnerait pas aussitôt plus de douze légions d'Anges (Matth., XXVI, 53) ? D'autres, à l'opposé, transportèrent à la divine Providence elle-même la mobilité des choses qui relèvent de son gouvernement, pensant charnellement que la volonté de Dieu est variable comme celle de l'homme charnel. L'Ecriture dément ainsi cette doctrine : Dieu n'est pas, comme l'homme, capable de mentir, ni, comme le fils de l'homme, sujet au changement (Num., XXIII, 19). — Il en est encore qui ont nié la contingence de la divine Providence. Ceux-là ont contre eux ce passage : Quel est celui qui a dit qu'une chose se fît, sans que le Seigneur l'eût ordonné (Jérém., Thren., III, 37) ?
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.
Il nous reste à prouver que Dieu peut agir en dehors de l'ordre de choses qu'il a lui-même déterminé. En effet :
1º Un ordre a été divinement institué afin que, par le moyen des êtres supérieurs, Dieu meuve les êtres inférieurs [ch. 77 à 82].Toutefois Dieu a le pouvoir d'agir en dehors de cet ordre, de manière à produire lui-même dans les êtres inférieurs quelque effet, sans le concours d'un agent supérieur.
Il y a entre l'agent qui obéit à une nécessité naturelle et l'agent qui se détermine par sa volonté cette différence, que l'effet ne peut découler du premier que proportionné à sa puissance d'action. C'est pourquoi l'agent qui est doué de la puissance la plus étendue est incapable de produire immédiatement un effet restreint, mais celui qui résulte de son action est proportionné à sa puissance; quelquefois la puissance de cet effet est moindre que celle de sa cause ; et ainsi en passant par plusieurs causes intermédiaires, un effet qui découle de la première cause arrive à être peu considérable.
Il n'en est pas ainsi pour l'agent qui se détermine par sa volonté : il peut aussitôt, et sans intermédiaire, produire tout effet qui n'excède pas sa puissance ; par exemple l'artiste le plus expert est capable de faire le même ouvrage que l'ouvrier le moins habile. Or, Dieu agit par sa volonté, et non en vertu d'une nécessité naturelle [liv. II ch. 23]. Donc il peut réaliser immédiatement et sans le secours des causes secondes les effets moindres que produisent les causes inférieures.
2° Nous avons vu qu'il y a entre la puissance divine el toutes les autres puissances d'action le…
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Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.SUITE
2° Nous avons vu qu'il y a entre la puissance divine el toutes les autres puissances d'action le même rapport qu'entre la puissance universelle et les puissances particulières [ch. 67 et suiv.]. Or la puissance active universelle peut se trouver déterminée à produire un effet particulier de deux manières :
Premièrement, par une cause intermédiaire particulière : ainsi, la puissance active d'un astre est déterminée à produire l'effet de la génération humaine par la vertu particulière inhérente au sperme ; de même, dans le syllogisme, une mineure particulière est le moyen qui détermine la déduction d'une conclusion particulière de la proposition universelle qui la contient virtuellement.
Secondement par l'intelligence qui saisit telle forme déterminée et la fait passer à l'état d'effet. Or, il a été démontré que l'intelligence de Dieu ne connaît pas seulement son essence, qui est comme la puissance active universelle, ni les seules causes premières et universelles, mais aussi toutes les causes particulières [ch. 76]. Donc il peut produire immédiatement tous les effets que produisent les agents particuliers quels qu'ils soient.
3° Puisque les accidents d'un être découlent de ses principes substantiels, l'agent qui produit…
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Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.SUITE
3° Puisque les accidents d'un être découlent de ses principes substantiels, l'agent qui produit immédiatement la substance de la chose a nécessairement aussi la puissance de produire en elle tout ce qui découle de sa substance ; car le principe générateur qui applique la forme confère également toutes les propriétés et les mouvements qui en dérivent. Or, nous avons prouvé que lors de la constitution première des choses, Dieu a fait passer à l'existence immédiatement et par voie de création tous les êtres [liv. II ch. 21]. Donc il peut produire immédiatement chacun des êtres ou les mouvoir en vue de réaliser quelque effet, sans le concours de causes intermédiaires.
4° L'ordre passe dans les choses parce qu'il a été préconçu dans l'intelligence de Dieu; et nous voyons aussi que, dans les affaires humaines, le premier magistrat d'une ville impose à chaque citoyen l’ordre arrêté dans sa pensée. Or, la capacité de l'intelligence divine n'est pas nécessairement bornée à cet ordre qui existe présentement, en sorte qu'elle n'en puisse concevoir aucun autre, puisque notre intelligence a la faculté de se le représenter sous un aspect différent; car nous pouvons très bien imaginer que Dieu forme l'homme de la terre et sans sperme. Donc Dieu a la puissance de réaliser, indépendamment des causes inférieures, leurs effets propres.
5º Bien que l'ordre établi par la Providence parmi les êtres représente à sa manière la divine…
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Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.
5º Bien que l'ordre établi par la Providence parmi les êtres représente à sa manière la divine bonté, il ne la représente cependant pas parfaitement, puisque la bonté de la créature ne parvient pas à égaler la bonté de Dieu. On peut représenter encore d'une autre manière un type que ne reproduit pas parfaitement son imitation. Or, la fin que Dieu se propose en produisant les êtres est de représenter par eux sa bonté [ch. 20]. Donc sa volonté n'est pas déterminée à adopter tel ordre de causes et d'effets, de manière à ce qu'il soit dans l'impossibilité de vouloir produire immédiatement et sans le concours des autres causes un effet dans les êtres inférieurs.
6° La création tout entière dépend plus étroitement de Dieu que le corps de l'homme de son âme; car l'âme est proportionnée au corps comme étant sa forme, et Dieu est au-dessus de toute proportion avec sa créature. Or, quand l'âme se représente par l'imagination quelque chose qui l'affecte vivement, il en résulte quelquefois pour le corps une modification qui aboutit à la santé ou à la maladie, quoique les principes physiques qui sont naturellement aptes à produire dans le corps la santé ou la maladie restent inactifs. Donc, à plus forte raison, il peut résulter de la volonté divine dans les créatures un effet quelconque sans l'intervention des causes que la nature a disposées à produire cet effet.
7° Dans l'ordre de la nature, les vertus actives des éléments sont…
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Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.SUITE
7° Dans l'ordre de la nature, les vertus actives des éléments sont subordonnées aux vertus actives des astres. Or, il arrive quelquefois que la vertu d'un astre réalise les effets propres des vertus inhérentes aux éléments sans que ces derniers agissent : ainsi, le soleil échauffe indépendamment de l'action du feu. Donc la puissance divine est bien plus capable encore de produire les effets propres des causes créées sans leur concours.
Si l'on nous objecte que Dieu ayant déterminé l'ordre actuel des êtres, il ne peut faire sans changer lui-même rien qui sorte de l'ordre qu'il a établi, en produisant certains effets sans leurs causes propres, nous trouverons une réponse à cette difficulté dans la nature même des êtres.
L'ordre établi par Dieu dans le monde s'applique à ce qui arrive fréquemment, mais non partout, ou bien à ce qui se retrouve dans tous les cas; car beaucoup de causes naturelles produisent leurs effets de la même manière ordinairement, mais non toujours, et nous voyons que quelquefois, bien que ce soit dans le plus petit nombre des cas, le résultat n'est plus le même, soit que la puissance nécessaire fasse défaut à l'agent, soit que la matière ne soit pas convenablement disposée, ou bien qu'un agent plus fort présente un obstacle, comme quand la nature donne six doigts à l'homme.
Cependant il n'y a rien en cela qui détruise ou modifie l'ordre providentiel ; car…
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Chap. C. Ce que Dieu fait en dehors de l'ordre naturel n'est point contraire à la nature.Des miracles et des prodiges.XCIXDieu peut agir en dehors de l'ordre établi parmi les êtres,
en produisant des effets qui n'ont pas de causes propres.SUITE
Cependant il n'y a rien en cela qui détruise ou modifie l'ordre providentiel ; car c'est une disposition de la Providence que l'ordre naturel qu'elle a institué défaille quelquefois dans les choses qui ont lieu ordinairement.
Si donc une puissance créée peut changer l'ordre naturel en substituant à ce qui arrive ordinairement ce qui n'arrive que rarement, sans changer la divine Providence, à plus forte raison, la puissance de Dieu peut quelquefois, sans préjudicier à sa Providence, agir en dehors de l'ordre qu'il a introduit dans les choses de la nature.
Il le fait même de temps en temps pour manifester sa puissance; et, en effet, le meilleur moyen de montrer que la nature entière est soumise à la volonté divine, c'est que dans certaines circonstances Dieu fasse quelque chose qui sorte de l'ordre naturel : car par là il est évident que l'ordre des êtres procède de Dieu, non par suite d'une nécessité de sa nature, mais en vertu de sa libre volonté.
Cette raison, que Dieu fait certaines choses dans la nature pour se manifester à l'esprit de l'homme, ne doit point paraître futile, puisque nous avons prouvé que toutes les créatures corporelles sont ordonnées en vue de la nature intelligente, comme étant leur fin [ch. 17]. Or, il a été démontré que la nature intelligente a pour fin de connaître Dieu [ch. 25]. Il n'est donc point étonnant que quelque changement survienne dans la nature corporelle pour donner à la nature intelligente la connaissance de Dieu (1).
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous. — Rom. I, 18-20.
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Des miracles et des prodiges.CCe que Dieu fait en dehors de l'ordre
naturel n'est point contraire à la nature.
Nous devons observer toutefois que, quoique Dieu agisse quelquefois en dehors de l'ordre établi parmi les êtres, il ne fait cependant rien de contraire à la nature. En effet:
1° Puisque Dieu est un acte pur et que tous les autres êtres sont mélangés de puissance, il doit y avoir entre Dieu et toute créature le même rapport qu'entre le moteur et le mobile, qu'entre le principe actif et l'être en puissance.
Or, quand l'agent produit quelque impression dans un être qui, selon l'ordre naturel, est en puissance relativement à lui, son action ne contrarie pas absolument la nature, bien que quelquefois elle soit contraire à telle forme particulière qu'elle détruit; car la production du feu et la destruction de l'air sons l'action du feu sont toutes les deux naturelles.
Donc rien de ce que Dieu fait dans les créatures n'est contraire à la nature, lors même que cela parait opposé à l'ordre propre à certaine nature.
2° Dès lors que Dieu est le premier agent [liv. I, ch.13; liv. II, ch.6], tous ceux qui viennent après lui sont comme ses instruments. Or, les instruments sont destinés à servir à l'action de l'agent principal, tandis qu'il leur imprime le mouvement; par conséquent, la matière et la forme de l'instrument doivent être telles que l'exige l'action que l'agent principal a en vue ; et, pour cette raison, il n'est point contraire, mais bien plutôt conforme à la nature de l'instrument d'être mù par l'agent principal. Donc il n'est pas non plus contre nature que Dieu meuve les créatures de quelque manière que ce soit; car leur destination est de servir à exécuter ses volontés.
3° Même lorsque les agents sont matériels les mouvements qui…
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Des miracles et des prodiges.CCe que Dieu fait en dehors de l'ordre
naturel n'est point contraire à la nature.SUITE
3° Même lorsque les agents sont matériels les mouvements qui résultent dans les corps inférieurs de l'impression des corps supérieurs ne sont ni violents, ni contre nature, quoiqu'ils ne paraissent pas en rapport avec les mouvements qui sont naturels aux corps inférieurs à raison de telle propriété inhérente à leur forme : nous ne considérons pas, en effet, comme forcé le flux et le reflux de la mer, parce qu'il provient de l'influence d'un astre, quoique la tendance naturelle de l'eau l'entraîne dans une seule direction, c'est-à-dire vers le centre [de gravité]. A plus forte raison donc, on ne doit regarder comme forcé ou contre nature rien de ce que Dieu opère dans n'importe quelle créature.
4º Dieu, en sa qualité de premier être, qui est la cause universelle de l'existence, est la mesure première de l'essence et de la nature de tous les êtres. Or, puisqu'on juge d'après la mesure chacune des choses auxquelles on l'applique, nous devons considérer comme étant naturel à chaque être tout ce qui le rend conforme à sa mesure (1). Donc, tout ce que Dieu met dans un être lui est naturel. Donc, lors même que Dieu agit d'une manière insolite sur cet être, il ne contrarie point la nature.
5° Toutes les créatures sont pour Dieu ce que sont pour un ouvrier…
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(1) C'est-à-dire à son type.
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Chap. CI. Des miracles.Des miracles et des prodiges.CCe que Dieu fait en dehors de l'ordre
naturel n'est point contraire à la nature.SUITE
5° Toutes les créatures sont pour Dieu ce que sont pour un ouvrier les produits de son art [liv. II ch. 24] ; d'où il suit que la nature tout entière est en quelque sorte le produit de l'art divin. Or, la raison constitutive de l'ouvrage ne s'oppose nullement à ce que l'ouvrier y introduise quelque changement, même après lui avoir donné sa forme première. Donc Dieu n'est pas en opposition avec la nature quand il agit dans les êtres qui la composent autrement que le comporte le cours ordinaire des lois naturelles.
C'est ce qui fait dire à saint Augustin : « Dieu qui a créé et constitué toutes les natures ne fait rien de contraire à la nature; car une chose est naturelle à un être, si elle a pour auteur celui de qui procède tout mouvement, tout nombre et tout ordre dans la nature » (2).
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(2) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Des miracles et des prodiges.CIDes miracles.
L'usage a fait appeler miracles les faits divins qui se produisent quelquefois en dehors de l'ordre général établi dans le monde, parce que nous admirons les effets dont la cause nous est inconnue. Comme il est des cas où quelques-uns connaissent une cause que d'autres ignorent, il en résulte que quand plusieurs considèrent ensemble le même effet, ceux-ci éprouvent une admiration que ne partagent pas ceux-là : ainsi, un astronome voyant arriver une éclipse de soleil n'en est point étonné, parce qu'il en connaît la cause ; mais un homme étranger à cette science doit être dans l'étonnement, à la vue de ce phénomène, dont il ignore la cause. Une même chose est donc merveilleuse pour celui-ci et non pas pour celui-là.
Donc il n'y a de fait absolument miraculeux que celui dont la cause est absolument cachée ; et le mot miracle signifie une chose capable d'exciter l'admiration par elle-même et non pas seulement relativement à tel ou tel. Or, Dieu est une cause absolument cachée pour tous les hommes; car nous avons vu que durant la vie présente, nul ne peut saisir son essence par l'intelligence [ch. 47]. Donc on ne doit considérer comme étant rigoureusement des miracles que les faits divins qui ont lieu en dehors de l'ordre observé communément parmi les êtres.
Ces miracles sont de divers degrés et d'ordres différents…
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Chap. CII. Dieu seul peut faire des miracles.Des miracles et des prodiges.CIDes miracles.SUITE
Ces miracles sont de divers degrés et d'ordres différents.
Dans les miracles du premier degré, Dieu fait des choses que la nature ne peut faire en aucun cas: par exemple, que deux corps occupent un même lieu; que le soleil rétrograde ou s'arrête; que la mer se divise pour offrir un passage. Ces faits se classent aussi dans un certain ordre, car plus les œuvres de Dieu ont d'importance et dépassent la puissance de la nature, plus le miracle est grand: ainsi, le miracle du soleil qui rétrograde est plus grand que celui de la mer qui se divise.
Au second degré appartiennent les miracles dans lesquels Dieu fait ce que la nature peut faire, mais non en suivant le même ordre. C'est l'œuvre de la nature qu'un animal vive, voie et marche ; mais qu'il vive après sa mort, qu'il voie après avoir été aveugle, qu'un boiteux marche postérieurement à son infirmité, c'est ce qui excède les forces de la nature, et Dieu le fait quelquefois miraculeusement. On gradue ces miracles suivant que chaque fait dépasse plus ou moins la puissance de la nature.
Les miracles sont du troisième degré quand Dieu fait ce qui résulte ordinairement d'une opération de la nature, mais sans que les principes naturels agissent ; cela a lieu lorsque la puissance divine guérit une personne d'une fièvre dont la nature peut la guérir, et encore lorsqu'il pleut sans l'opération des principes de la nature.
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Des miracles et des prodiges.CIIDieu seul peut faire des miracles.
Ceci posé, il est facile de prouver que Dieu seul peut faire des miracles. En effet:
1° Un être qui est absolument assujetti à un ordre ne peut agir en dehors de cet ordre. Or, toute créature est assujettie à l'ordre que Dieu a établi dans le monde. Donc nulle créature ne peut s'élever au-dessus de cet ordre dans ses opérations; c'est-à-dire faire des miracles.
2º Quand une puissance finie réalise son effet propre et déterminé, ce n'est pas un miracle, quoique le résultat puisse paraître merveilleux à celui qui ne connaît pas toute l'étendue de cette puissance: ainsi, c'est une merveille pour les ignorants que l'aimant attire le fer, ou qu'un petit poisson arrête un navire (1). Or, toute puissance est limitée, dans la créature, à un ou plusieurs effets déterminés. Donc le nom de miracle ne convient proprement à rien de ce qui se fait par la puissance d'une créature quelconque, bien qu'une autre créature qui ignore l'étendue de cette puissance considère cela comme une merveille; mais tout ce que produit la puissance divine, qui est incompréhensible en elle-même, parce qu'elle est infinie, est un véritable miracle.
3° Toute créature a besoin pour agir d'un sujet sur lequel tombe son action, et il n'appartient qu'à Dieu de faire quelque chose de rien [liv. II ch. 21]. Or, l'agent qui a besoin d'un sujet pour agir ne peut faire que les choses pour lesquelles ce sujet est en puissance, car l'agent agit sur le sujet pour le faire passer de la puissance à l'acte.
Ainsi donc, si nulle créature ne peut créer, nulle ne peut non plus réaliser dans un être que ce qui entre dans la puissance passive de cet être. Or, beaucoup de miracles résultent d'une action divine, lorsque Dieu, par sa puissance, produit dans un être ce qui n'est pas dans sa puissance passive; telles sont : la résurrection d'un mort, la marche rétrograde du soleil, et la présence simultanée de deux corps dans un même lieu. Donc aucune puissance créée ne peut faire ces miracles.
4° Le sujet de l'action est dans un certain rapport avec l'agent qui…
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(1) Saint Thomas veut sans doute désigner ici la rémore, petit poisson de mer dont parle Pline, et auquel les anciens attribuaient la puissance d'arrêter les vaisseaux. Aristote en fait mention en ces termes : => Cette mention dont parle Aristote est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Des miracles et des prodiges.CIIDieu seul peut faire des miracles.SUITE
4° Le sujet de l'action est dans un certain rapport avec l'agent qui le fait passer de la puissance à l'acte et l'acte auquel il arrive. De même donc que tel sujet est en puissance pour tel acte déterminé, et non indifféremment pour tout acte, ainsi un agent déterminé peut seul le faire passer de la puissance à cet acte déterminé; car divers agents sont nécessaires pour réaliser des actes divers : par exemple, l'air étant en puissance du feu et de l'eau, un agent lui donne actuellement la forme du feu, et un autre celle de l'eau.
Il est également certain que l'action d'une puissance universelle, si elle est seule, est incapable d'amener la matière corporelle à un acte parfait, mais il est nécessaire qu'un agent propre détermine l'influence de cette puissance universelle à produire un effet déterminé.
Cependant la matière des corps peut arriver à un acte moins parfait sous l'action de la seule puissance universelle, sans le concours d'un agent particulier. En effet, l'influence des astres n'est pas le seul principe générateur des animaux parfaits, mais un sperme déterminé est nécessaire ; au lieu que cette puissance suffit pour former sans sperme certains animaux imparfaits.
Donc si c'est une loi naturelle que les effets qui se produisent parmi les êtres inférieurs proviennent des causes supérieures universelles, indépendamment de l'opération des causes inférieures particulières, de tels faits ne sont pas des miracles : ainsi, il n'est nullement miraculeux que certains animaux naissent sans sperme de la putréfaction (2). Si, au contraire, leur nature ne permet pas qu'ils existent uniquement par les causes supérieures, il faut que des causes inférieures particulières en complètent la réalisation. Or, quand une cause supérieure produit un effet au moyen des principes propres, il n'y a point de miracle. Donc aucun miracle ne peut avoir lieu en aucune manière par la puissance des créatures supérieures.
5º C'est pour la même raison que l'agent agit à raison du sujet…
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(2) Saint Thomas parle ici d'après Aristote qui, dans son livre De la génération des animaux, admet que certains êtres peuvent naître de la putréfaction fécondée par l'influence du soleil, influence qui remplace le principe actif de la procréation.— « Tout le monde a entendu parler des prétendues générations spontanées, admises par les anciens pour une multitude d'animaux de tous les types, et par quelques modernes pour un certain nombre d'êtres vivants appartenant aux types inférieurs. Jadis il suffisait qu'on vît sortir une anguille de la vase d'une rivière, un ver de la pourriture d'un cadavre, pour qu'on attribuât leur origine aux forces générales qui pénètrent les matières en décomposition. Mais on put se convaincre plus tard que ces êtres, d'une organisation très complexe, naissaient d'êtres semblables à eux, qu'ils ne sont point les résultats d'une génération spontanée ou accidentelle, mais bien d'une génération régulière, et l'on exprima ce fait en disant : Omne vivum ex ovo. Quand le microscope fit découvrir des myriades d'êtres des deux règnes dans les eaux plus ou moins corrompues, dans la colle des farines, etc., la doctrine de l'apparition spontanée des organismes dans les matières en décomposition prit quelque apparence de vérité, au moins pour les organismes les plus simples.
Nous devons nous borner ici à trois observations sommaires sur cette question.
Nous ferons remarquer préliminairement que cette doctrine est contraire à un fait que consacre toute l'histoire naturelle, non moins que nos livres saints, savoir, qu'il y a un acte de création à l'origine des deux règnes organiques, comme l'origine de l'univers physique , et que les écoles panthéistes ou épicuriennes out seules professé, dans ces derniers tempe, la puissance créatrice de la nature.
Nous ajouterons, en second lieu, que la génération directe étant la règle, ou, si l'on aime mieux, le fait ordinaire, la génération spontanée deviendrait une exception, et qu'elle a déjà par cela même contre elle un préjugé d'une grande valeur.
Enfin, tandis que l'observation nous apprend chaque jour que les êtres regardés comme le produit spontané des eaux corrompues jouissent surabondamment des modes ordinaires de reproduction, et que les germes conservent longtemps, chez les animaux inférieurs, la faculté de se développer, aucune expérience n'a fourni jusqu'à ce jour la preuve directe du prétendu fait exceptionnel qu'on voudrait introduire dans la science, et cette preuve reste évidemment à la charge des partisans de la doctrine en question » (Hollard, Encyclopédie du XIXe siècle, art. Génération). — C'est encore en suivant les données physiques de son temps, que le saint docteur a dit plus haut que l'air peut recevoir successivement la forme du feu et celle de l'eau. Cela est vrai en partie; car l'air contient un cinquième d'oxygène, et ce gaz, qui est inflammable, entre pour un tiers dans la composition de l'eau.
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5º C'est pour la même raison que l'agent agit à raison du sujet; qu'il fait ce pourquoi le sujet est en puissance, et qu'il opère suivant un ordre et par des moyens déterminés; car le sujet n'est prochainement en puissance pour la forme dernière que lorsqu'il a actuellement la forme moyenne; ainsi, dès le premier instant, les aliments ne sont pas de la chair en puissance, mais quand ils sont changés en sang.
Or, toute créature doit nécessairement disposer d'un sujet pour faire quelque chose, et elle ne peut faire que les choses pour lesquelles le sujet est en puissance [liv. II ch. 21].
Donc elle ne saurait rien faire qu'en amenant le sujet à l'acte par des moyens déterminés. Donc, puisque le miracle consiste en ce qu'un effet est produit en dehors de l'ordre naturel de sa production, la puissance d'une créature ne suffit pas pour faire des miracles.
6º Il y a un ordre naturel entre les différentes espèces de mouvement. Le premier est le…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Des miracles et des prodiges.CIIDieu seul peut faire des miracles.SUITE
6º Il y a un ordre naturel entre les différentes espèces de mouvement. Le premier est le mouvement local: par conséquent, il est la cause des autres; car, en tout genre, le premier être est la cause de ceux qui viennent après lui dans le même genre. Or, dans les êtres inférieurs, tout effet résulte nécessairement d'une production ou d'un changement. Donc, si un effet de cette nature a pour auteur un agent incorporel, qui n'est pas susceptible du mouvement local proprement dit, il faut qu'il se réalise au moyen d'un instrument qui est mû localement.
Or, les effets que produisent les substances incorporelles au moyen d'instruments corporels ne sont point miraculeux ; car les corps n'opèrent que suivant la nature. Donc les substances incorporelles créées ne peuvent faire aucun miracle par leur propre puissance, et les substances corporelles, dont toutes les actions sont naturelles, le pourront beaucoup moins encore.
Donc il n'appartient qu'à Dieu de faire des miracles ; car il est au-dessus de l'ordre universel, puisque c'est de sa Providence que cet ordre découle ; et sa puissance étant infinie sous tous rapports, elle n'est point astreinte à tel effet particulier, ni à produire ses effets par des moyens ou suivant un ordre déterminé.
C'est pourquoi l'Écriture dit de Dieu : II fait seul de grandes merveilles (Ps. CXXXV 4).
Chap. CIII. Les substances spirituelles font des choses miraculeuses, qui ne sont cependant pas de vrais miracles.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Des miracles et des prodiges.CIIILes substances spirituelles font des choses miraculeuses,
qui ne sont cependant pas de vrais miracles.
Avicenne affirme que, pour produire un effet, la matière est beaucoup plus soumise aux substances séparées qu'aux agents contraires de la nature. Il conclut de ceci que quand ces substances appréhendent une chose, il en résulte quelquefois dans ce monde inférieur certains effets, tels que des pluies ou la guérison d'un malade, sans la coopération d'un agent corporel intermédiaire.
Il donne en preuve notre âme qui, lorsqu'elle est douée d'une imagination vive, modifie le corps par la seule appréhension [intellectuelle].
Par exemple, qu'un homme marche sur une poutre élevée, il tombera facilement, parce que la crainte lui fait imaginer cette chute ; et si la poutre était posée à terre, en sorte qu'il n'eût pas de chute à redouter, il ne tomberait pas.
Il est évident que, par suite de la seule appréhension de l'âme, le corps s'échauffe, comme il arrive lorsque l'homme s'abandonne à la concupiscence ou à la colère ; et même il se refroidit; ce qui est l'effet ordinaire de la crainte. Quelquefois une forte appréhension fait subir au corps un changement qui va jusqu'à la maladie, comme la fièvre et même la lèpre.
C'est ce qui fait dire à cet auteur que si l'âme est pure, affranchie des passions charnelles et douée d'une grande vigueur dans ses appréhensions, non-seulement son propre corps, mais aussi les corps extérieurs lui obéissent, à tel point que son appréhension est capable de rendre la santé aux malades, ou de produire d'autres effets analogues.
Selon lui, la cause de la fascination est une impression nuisible que l'âme affectée d'un violent sentiment de haine exerce sur le sujet, surtout s'il est enfant, à raison de la mollesse de son corps, qui le dispose à recevoir facilement ces sortes d'impressions.
La conséquence qu'il tire de là, c'est que l'appréhension des substances séparées, qu'il se représente comme les âmes ou les moteurs des sphères, sont beaucoup plus capables de produire dans les êtres inférieurs certains effets, sans la coopération d'aucun agent corporel.
Cette opinion est assez d'accord avec la doctrine qu'Avicenne professe ailleurs...
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Des miracles et des prodiges.CIIILes substances spirituelles font des choses miraculeuses,
qui ne sont cependant pas de vrais miracles.SUITE
Cette opinion est assez d'accord avec la doctrine qu'Avicenne professe ailleurs. Il enseigne que toutes les formes substantielles découlent d'une substance séparée dans les êtres inférieurs, et que les agents corporels ne font que disposer la matière à recevoir l'impression de cet agent séparé. Cela est faux, d'après ce que prouve Aristote, que les formes reçues dans la matière ne viennent pas de formes séparées, mais des formes qui résident dans la matière ; et c'est pour cela que l'effet ressemble à l'agent qui le produit (1).
Il n'est pas très avantageux à sa thèse de nous donner pour exemple l'impression que l'âme exerce sur le corps; car l'appréhension intellectuelle de l'âme ne détermine une modification dans le corps qu'autant qu'il s'y joint une affection quelconque, telle que la joie, la crainte, la révolte de la concupiscence, ou d'autres passions. Or, ces passions sont accompagnées d'un mouvement déterminé du cœur, d'où résulte ultérieurement une modification totale du corps, laquelle consiste soit dans un mouvement local, soit dans quelque altération ; d'où il ressort que l'appréhension de l'intelligence ne produit un changement dans le corps qu'au moyen du mouvement local.
La fascination ne vient pas, comme il le prétend, de ce que l'appréhension d'une personne modifie immédiatement le corps de l'autre ; mais, par l'intermédiaire d'un mouvement du cœur, l'appréhension de l'âme modifie le corps qui lui est uni, et cette modification se communique jusqu'à l'œil, qui peut altérer un objet extérieur, surtout si cet objet est disposé à l'être facilement: ainsi, pendant le temps des règles, l'œil de la femme ternit un miroir.
Une substance spirituelle créée ne peut donc, par sa propre puissance, appliquer aucune forme à la matière corporelle, comme si la matière lui obéissait afin d'arriver à l'acte de telle forme, autrement que par le mouvement local de quelque corps. Il entre, en effet, dans la puissance d'une substance spirituelle créée que les corps lui obéissent pour le mouvement local, et quand elle meut localement un corps, elle peut faire usage de principes actifs naturels pour produire certains effets, de même que le forgeron qui emploie le feu pour amollir le fer. Or, cela n'est pas, à proprement parler, un miracle.
Les substances spirituelles créées ne font donc pas de miracles par leur propre puissance. Nous disons, par leur propre puissance , parce que rien ne s'oppose à ce que ces substances fassent des miracles, quand elles agissent en vertu de la puissance divine. Nous le voyons par ce que dit saint Grégoire, qu'un ordre d'Anges est spécialement destiné à opérer des miracles (2). Et ailleurs le même docteur ajoute qu'il y a des saints qui font des miracles, non-seulement par leur intercession, mais encore par leur puissance (3).
Il faut observer que quand les Anges ou les démons emploient les…
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(1), (2) Ces notes sont libellées en latin. Sur demande nous les publierons. Bien à vous.
(3) C'est-à-dire par la puissance qu'ils ont reçue de Dieu.— Saint Grégoire, après avoir raconté comment saint Benoît délivra miraculeusement, et sans le toucher, un homme que les Ariens avaient enchaîné et qu'ils maltraitaient beaucoup, ajoute : Cet ajout de saint Grégoire est libellé en latin. Sur demande nous le publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. CIV. Les opérations des magiciens ne résultent pas uniquement de l'influence des astres.Des miracles et des prodiges.CIIILes substances spirituelles font des choses miraculeuses,
qui ne sont cependant pas de vrais miracles.SUITE
Il faut observer que quand les Anges ou les démons emploient les choses de la nature pour produire des effets déterminés, ils s'en servent comme d'instruments, de même que le médecin a recours, comme à des instruments, à certaines herbes pour guérir. Or, il découle de l'instrument, non-seulement un effet correspondant à sa puissance propre, mais encore un résultat qui dépasse cette puissance, en tant qu'il agit par la puissance de l'agent principal. Par exemple, la scie et la hache ne sont capables de faire un bois de lit que parce que l'art leur donne l'impulsion qui les fait agir en vue de cet effet; la chaleur naturelle ne pourrait pas non plus faire de la chair sans la puissance de l'âme végétative pour laquelle la chaleur est une sorte d'instrument.
Il est donc convenable que des effets supérieurs découlent des choses mêmes de la nature, par cela seul que les substances spirituelles les emploient comme instruments.
Ainsi donc, quoiqu'on ne puisse pas donner absolument le nom de miracle à de tels effets, par la raison qu'ils proviennent de causes naturelles, cependant ce sont pour nous des choses merveilleuses sous un double rapport : d'abord parce que les substances spirituelles amènent ces causes à produire leurs effets autrement que nous n'avons coutume de le voir; de là vient que les œuvres des ouvriers habiles étonnent ceux qui ignorent leur art; ensuite parce que les causes naturelles, ainsi déterminées à produire certains effets, reçoivent une partie de leur puissance par là même qu'elles deviennent les instruments des substances spirituelles ; et cela ressemble davantage au miracle.
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Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.
Quelques auteurs ont avancé qu'il faut attribuer ces choses qui nous paraissent merveilleuses, et qui s'opèrent par les pratiques de la magie, non à des substances spirituelles, mais à l'influence des astres. Ils donnent pour preuve que ceux qui exercent cet art observent la disposition des astres, et font même usage de certaines herbes et d'autres substances matérielles, comme pour préparer la matière inférieure à subir l'action de cette influence céleste. Or, les faits dont nous sommes témoins démentent formellement cette assertion. En effet :
1° Puisque nul principe matériel ne peut produire en nous l'intelligence des choses (ch. 84), il est impossible que la puissance d'un corps céleste devienne la cause d'effets qui sont propres à une nature intelligente. Or, nous voyons se produire dans les opérations magiques des résultats qui sont les effets propres d'une créature raisonnable, comme les réponses aux questions touchant les objets volés et à d'autres semblables. Donc il est faux que tous ces effets aient pour unique cause l'influence des astres.
2° L'action de parler appartient en propre à la créature raisonnable…
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Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.SUITE
2° L'action de parler appartient en propre à la créature raisonnable. Or, dans ces opérations, certains êtres apparaissent aux hommes, conversent avec eux et raisonnent sur diverses choses. Il est donc impossible que de la seule influence des astres proviennent de tels effets. Si l'on nous répond que ces apparences n'affectent pas les sens extérieurs, mais seulement l'imagination, nous refusons de l'admettre, pour deux raisons.
D'abord, personne ne prend les formes qui se produisent dans l'imagination pour des êtres véritables, à moins d'avoir perdu l'usage des sens extérieurs; car il n'est pas possible que l'on considère de simples apparences comme des réalités, si le jugement naturel des sens n'est point enchaîné. Or, les hommes qui ont ces entretiens et ces apparitions conservent le libre usage de leurs sens extérieurs. Donc il répugne que, dans ces conditions, l'imagination seule voie et entende.
En second lieu, quelle que soit la forme représentée dans l'imagination, elle ne saurait donner à quelqu'un une connaissance intellectuelle qui excède la capacité naturelle ou acquise de son intelligence : ainsi, quoique les songes présagent en quelque manière les événements futurs, tous ceux qui ont des songes n'en comprennent pas la signification. Or, très souvent, dans les opérations magiques, les choses que voient ou entendent certaines personnes leur donnent une connaissance intellectuelle qui dépasse la portée de leur intelligence, comme la révélation des trésors cachés et la manifestation de l'avenir; et même quelquefois des réponses conformes à la vérité sont prises dans les données d'une science (1).
Il faut donc ou que l'imagination ne soit pas seule à voir ces êtres qui apparaissent et conversent, ou au moins que la puissance d'une intelligence supérieure communique à l'homme, au moyen de ces imaginations, des notions que la seule influence des astres est impuissante à produire.
3° Tout effet résultant de l'influence des corps célestes est naturel…
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(1) Ces phénomènes admis par saint Thomas n'ont-ils pas une grande analogie avec certains faits dits magnétiques ? Voyez l'explication qu'en donne le saint docteur, tom. 2, p. 199, note [8] ? , et la note de la page suivante. ( Cette note de la page suivante est libellée en latin. Sur demande nous le publierons. Bien à vous.)
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.SUITE
3° Tout effet résultant de l'influence des corps célestes est naturel ; car les formes naturelles sont celles que réalise dans les êtres inférieurs l'influence des astres. Donc l'influence des astres ne saurait faire une chose qui n'est naturelle à aucun être. Or, on raconte qu'il se fait de ces choses par les pratiques de la magie : par exemple, que toutes les serrures s'ouvrent devant telle personne; que quelqu'un devient invisible, et beaucoup d'autres phénomènes semblables dont on parle. Donc ces effets ne peuvent venir de l'influence des astres.
4° Toutes les fois que l'influence des astres confère à un être une propriété qui est la conséquence d'une autre, elle lui confère aussi la première. Or, un être se meut de lui-même parce qu'il a une âme; car c'est une propriété des êtres animés de se mettre eux-mêmes en mouvement. Donc l'influence des astres est incapable de faire qu'un être inanimé se meuve lui-même. Or, on dit que les pratiques de la magie font mouvoir seule et parler une statue. Donc on ne peut attribuer les effets de la magie à une influence céleste. Prétendre que l'influence des astres met dans cette statue quelque principe vital, c'est avancer une chose contradictoire.
Le principe vital de tous les êtres vivants est leur forme substantielle ; car, selon le Philosophe, l'acte de vivre est l'être de tout ce qui vit (2). Or, il est impossible qu'un être reçoive une nouvelle forme substantielle sans perdre celle qu'il possédait auparavant ; car la production d'un être est la destruction d'un autre. Quand on travaille une statue, on ne lui ajoute aucune forme substantielle, mais la matière change seulement de figure, et la figure est un accident ; car la forme du bronze ou de toute autre matière demeure. Donc cette statue ne peut pas recevoir un principe vital.
5° L'être qui meut un principe vital a nécessairement un sens…
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(2) Cette note est libellée en latin. Sur demande nous la publierons. Bien à vous.
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Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.SUITE
5° L'être qui meut un principe vital a nécessairement un sens ; car tout moteur est un sens ou une intelligence ; et, dans les êtres produits par voie de génération et sujets à la destruction, l'intelligence n'est pas sans les sens. Il n'y a pas de sens là où le toucher fait défaut, ni de toucher sans un organe disposé pour servir de milieu. Or, ce n'est pas ainsi que sont constitués la pierre, la cire ou le métal qui servent de matière à la statue. Donc cette statue ne peut recevoir le mouvement d'un principe vital.
6º L'influence céleste n'est pas le seul principe générateur des êtres vivants parfaits, mais…
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Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.SUITE
6° L'influence céleste n'est pas le seul principe générateur des êtres vivants parfaits, mais ils sortent aussi d'un sperme; car un homme et le soleil concourent à la génération de l'homme. Or, ceux que l'influence céleste produit sans sperme sont les animaux nés de la putréfaction, et qui sont les plus vils de tous. Si donc ces statues reçoivent uniquement, en vertu d'une influence céleste, un principe vital qui leur donne la faculté de se mouvoir elles-mêmes, on doit les considérer comme les plus vils des animaux ; et cependant il n'en est pas ainsi, supposé qu'elles agissent par un principe vital intrinsèque ; car il y a dans leurs actes des opérations nobles, puisqu'elles découvrent les choses secrètes. Donc elles ne peuvent agir ou se mouvoir par un principe vital.
7° L'effet naturel résultant de l'influence des astres est produit indépendamment de l'exercice d'un art; car, bien que quelquefois on emploie des moyens artificiels pour faire éclore des grenouilles ou d'autres animaux semblables, il n'en est pas moins vrai que l'éclosion des grenouilles ne dépend nullement de ces moyens artificiels. Si donc ces images que suscite la nécromancie ont un principe vital, il devra s'en produire sans le secours de cet art. Or, cela ne se voit jamais. Donc, évidemment, ces images sont dépourvues de principe vital et elles ne se meuvent pas sans l'influence d'un astre.
Par là se trouve réfuté ce que dit Hermès, au rapport de saint Augustin : …
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. CV. D'où les pratiques de la magie tirent leur efficacité.Des miracles et des prodiges.CIVLes opérations des magiciens ne résultent
pas uniquement de l'influence des astres.SUITE
Par là se trouve réfuté ce que dit Hermès, au rapport de saint Augustin : « De même que Dieu a fait les dieux du ciel, ainsi l'homme a fabriqué les dieux renfermés dans les temples, el qui portent la ressemblance humaine...; je veux parler des statues animées, douées de sentiment et remplies d'esprit, qui font tant et de si grandes choses; des statues qui connaissent l’avenir et l'annoncent par des oracles, des devins et par beaucoup d'autres moyens; qui rendent les hommes infirmes et les guérissent, et leur envoient, selon leurs mérites, la tristesse et la joie » (Cité de Dieu, VIII, ch. 23).
Ceci est en opposition avec la Sainte-Écriture, qui dit : Les statues des nations ne sont que de l'argent et de l'or, c'est l'œuvre de la main des hommes; elles ont une bouche et ne parleront point (Ps. CXIII, 4 et 5); parce que l'esprit (de vie) n'est pas dans leur bouche (Ps. CXXXIV, 17).
Cependant, il ne faut pas nier absolument que l'influence des astres puisse mettre dans les êtres dont nous venons de parler quelque puissance, mais seulement pour les effets que certains corps inférieurs sont capables de produire sous l'action des corps célestes.
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