VIE DE GEMMA GALGANI - La Séraphique Vierge de Lucques - R. P. Germain

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Message  Monique Ven 22 Oct 2021, 8:17 am

Ces resolutions, Gemma les observait depuis sa plus tendre enfance, avec cette seule différence qu'alors, pour éviter de son côté toute contestation, elle disparaissait et courait se cacher, tandis que maintenant, mûrie dans la vertu, elle attendait dans un modeste silence que l'orage se calmât de lui-même.

Sa retenue était d'autant plus méritoire qu'une sensibilité exquise lui faisait ressentir davantage les piqûres et les provocations, et qu'un tempérament de feu la portait à la colère et à la riposte ; mais elle se taisait, alors que les ressources de son esprit lui eussent si facilement permis de mater l'adversaire. Et elle contenait si bien ses passions frémissantes qu'on ne s'apercevait pas de son émotion. L'effort était tout intérieur. Seuls ses intimes, à même de l'observer de près, n'ignoraient pas les luttes continuelles de la vertueuse jeune fille, dont le cœur était comme un autel où s'immolaient continuellement des victimes de mortification.

Pour mieux réussir à dompter les passions intérieures, inhérentes à la nature humaine, elle entreprit de bonne heure d'infliger à sa chair d'âpres macérations. Que de fois elle importunait son confesseur pour obtenir la permission de se donner la discipline, de porter des cilices, des chaînettes de fer et d'autres instruments de pénitence ! Très insinuante alors, elle emportait assez fréquemment l'autorisation désirée. Mais d'ordinaire, après s'être bien fatiguée à se fabriquer des instruments de torture, elle se les voyait tous enlever ; et il lui restait seulement à offrir au Seigneur sa bonne volonté.

J'eus l'occasion moi-même de lui enlever les derniers, c'étaient une ceinture armée de soixante pointes de fer bien acérées, une discipline à cinq battants, également en fer, et une longue corde en nœuds, hérissée de pointes et de clous, qui étreignait sa chair. L'austère enfant, dépouillée de ces terribles instruments, cherchait ailleurs, sans se décourager, un dédommagement. « Ma nature, me disait-elle, toujours en quête de ses aises me demande sans cesse un peu de répit. Me permettez-vous de lui faire violence de tout mon pouvoir ? La chair voudrait commander, mais je veux qu'elle obéisse, comme de juste, et en tout temps. » « J'aurais besoin d'une permission, vous me la donnerez sans difficulté, j'en suis sûre si Jésus vous l'inspire tant soit peu. Je voudrais promettre à Jésus de ne plus rechercher de soulagement en aucune chose. Si vous m'accordez celte grâce, ne doutez pas que je n'agisse avec prudence pour éviter les excès. »


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Message  Monique Sam 23 Oct 2021, 8:21 am

Un jour que Gemma parlait à son Dieu avec une filiale simplicité, on l'entendit prononcer ces paroles : « Vous le voyez, Jésus, c'est mon corps qui murmure ; mais je saurai lui imposer silence. Bien souvent il se lamente et voudrait se soustraire à ma volonté, mais je le veille. Hier, il paraissait vouloir se révolter ; quelques coups bien appliqués l'ont remis dans le calme. »

Malheur à l'imprudent directeur qui eût secondé cette généreuse ferveur ! L'héroïque enfant se fût certainement ruiné la santé. Je me gardais d'autant plus de céder à ses instances répétées, que Dieu la tenait sans relâche sous le pressoir de tribulations intérieures et extérieures qui suffisaient seules à la rendre martyre. Avant d'en parler dans un chapitre à part, nous allons admirer les effets merveilleux de cette rigoureuse mortification.

C'était d'abord une parfaite maîtrise sur les passions du cœur et sur les sens. Gemma leur commandait en reine, et toutes lui obéissaient de gré ou de force ; je dis de gré ou de force, sans nullement vouloir insinuer qu'elles fussent récalcitrantes. L'humble jeune fille les croyait telles et leur tenait la bride raide mais en réalité elles se trouvaient suffisamment domptées après la première effervescence.

De là cette paix si suave, fruit de la victoire, que respirait son angélique physionomie ; de là encore la spontanéité de son corps à se prêter à tous les mouvements de l'âme et à ses élans les plus sublimes. On aurait dit cette chair virginale uniquement attentive à seconder les désirs de l'esprit, tant elle lui laissait pleine liberté de se plonger dans la prière, ou de se perdre dans l'extase à table ou en chemin aussi bien qu'à l'église. En tout lieu et en tout temps la jeune fille pouvait disposer, sans éprouver la moindre résistance, de chacun de ses sens. Voulait-elle s'absorber dans la contemplation des choses célestes ? de suite l'imagination se faisait silencieuse, la mémoire oubliait les souvenirs de la terre, les mouvements importuns du cœur s'arrêtaient, les douleurs physiques elle-mêmes, parfois très vives, ne lui apportaient aucune ombre d'entrave ni de distraction. À l'issue de ses entretiens célestes, tous les sens, comme s'ils en eussent patiemment attendu le moment, reprenaient leurs fonctions respectives, vigoureux et dispos comme jamais.


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Message  Monique Dim 24 Oct 2021, 8:54 am

Il en était ainsi habituellement. En temps d'épreuve et d'aridité spirituelle, le Seigneur pour donner lieu à la lutte permettait un fléchissement de cet empire absolu de l'âme sur les puissances inférieures ; à part cette exception, les sens n'opposaient à Gemma parvenue à la perfection, aucune résistance, aucune répugnance, aucune lassitude.

Heureuse liberté, heureuse paix que seule apporte à l'homme la sainteté, dont elle est le fruit naturel : Opus justitiæ pax ! (1) Il est bien vrai que la vertu est dès ici-bas une source de bonheur ! Qui n'envierait cette paix, le premier des biens de ce monde, et quel prix n'y mettrait-on point si elle était vénale ?

De ce grand calme intérieur, effluve de la patrie céleste, naissait dans le cœur de la servante de Dieu une joie profonde que parvenait seulement à troubler, par moments, la crainte d'offenser le Seigneur, ou la pensée de ses jugements insondables. Rien autre ne pouvait l'inquiéter. Elle eût vu sans effroi toutes les créatures disparaître autour d'elle, et le monde entier s'effondrer sous ses pas, pourvu que lui restât Jésus, son unique trésor. Cet état d'âme expliquait la douce gaieté de son humeur et le perpétuel sourire de ses lèvres, qui formaient un heureux contraste avec la gravité de son maintien et la majesté de son visage.

Le second fruit non moins précieux de la mortification est la pureté du cœur, qui a brillé en Gemma au degré le plus élevé qu'il soit possible de rêver dans une fille d'Adam.


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(1) La paîx est l'œuvre de la justice.


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Message  Monique Lun 25 Oct 2021, 8:23 am

Le péché, souillure de l'âme, a son principe dans les trois grandes concupiscences : l'orgueil, la sensualité et l'amour des biens terrestres. Comme la sainte enfant avait réussi de fort bonne heure non seulement à affaiblir, mais à éteindre ces trois foyers pestilentiels, le mal ne pouvait l'approcher et son âme restait pure de toute faute.

Et cependant, même arrivée au terme d'une admirable sainteté, elle se gardait bien d'un oisif repos. La candide colombe n'ignorait pas combien est corrompu le monde où nous vivons, et contagieux l'air que l'on y respire. Elle craignait toujours, et non contente des rudes efforts déployés dans le passé pour discipliner les appétits désordonnés de la nature, elle continuait de les traiter en rebelles.

Avant tout, elle fuyait les occasions. D'un jugement fin et d'un esprit avisé, malgré sa simplicité enfantine, elle discernait du plus loin le péril. « Ici, disait-elle, Jésus ne doit pas être ; donc, Gemma, fuyons. » Sans penser mal de personne, elle se défiait de tous et s'en tenait l'écart. De là cette soif de solitude qui l'eût empêchée de jamais franchir le seuil de la maison, s'il ne lui avait fallu se rendre à l'église ou accompagner parfois sa tante en ville. De là encore son éloignement des conversations et des affaires qui ne la regardaient point, comme son aversion pour les amitiés et les relations vaines. « Gemma, se disait-elle souvent, ne te fie pas à toi-même. Toute occasion peut recéler un péril ; hors de Jésus tout est tromperie ; reste seule avec Lui seul, et marche de l'avant sans t'occuper de rien plus. »

Mais le plus beau fruit cueilli par la jeune vierge sur l'arbre de la croix et de la mortification fut la chasteté.

Adorable vertu, qui devrais être l'apanage de toute âme chrétienne, dont la vocation, dit l'Apôtre. est d'être sainte et immaculée, que tu es rare dans ce monde dépravé ! Diamant céleste, qui rehaussais de tant d'éclat et de charme la beauté morale de Gemma, jusqu'à lui donner tous les dehors d'un ange mortel, jamais aucune louange n'égalera ta valeur.

Écoutons Gemma parler de la chasteté dans une lettre dictée, à la prière de sa mère adoptive, pour un enfant de la famille Giannini sur le point de s'approcher de la table eucharistique. « O Marien... tu es instruit déjà de toutes choses par des prêtres saints et zélés ; cependant je sens de mon devoir de te dire aussi quelques mots. Sais-tu ce qui me tient à coeur ? C'est une vertu bien belle et bien chère aux yeux de Dieu ; Jésus réserve à ceux qui l'auront fidèlement gardée une place d'honneur dans le ciel c'est la sainte pureté. J'espère que Jésus trouvera en toi un cœur où il voudra toujours prendre ses délices. On te l'a déjà dit : Jésus se nourrit parmi les lis (2) ; tu conserveras donc ton cœur. j'aime à le croire, comme un lis sans tache. Jésus dans sa cour royale n'admet rien d'immonde ; si tu veux l'y posséder un jour, il te faut garder cette si belle vertu. Prie Jésus de t'accorder une si grande grâce. » Cette exhortation, la sainte jeune fille l'avait entendue bien des fois, dès sa plus tendre enfance, des lèvres de sa pieuse mère ; aussi, du jour où son cœur s'était éveillé à l'amour de Jésus, avait-elle entouré de soins jaloux, comme d'épines tutélaires, le jeune lis de sa virginité.


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(2) C'est-à-dire : Jésus fait ses délices de l'odeur suave que répandent les âmes pures et virginales.


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Message  Monique Mar 26 Oct 2021, 9:09 am

Entr'autres pratiques saintes, préservatrices du vice impur, madame Galgani conseillait à ses enfants de réciter chaque soir, en l'honneur de l'Immaculée, trois Ave Maria, les mains sous les genoux. L'innocente petite créature accomplissait cet acte à un âge où on n'en peut encore comprendre la signification. Après avoir gazouillé trois fois la salutation angélique dans l'attitude humble et pénible indiquée par sa mère, elle se relevait et disait en joignant ses petites mains : « Ma mère du ciel, ne permettez pas que je perde jamais la sainte pureté. Je me réfugie sous votre manteau virginal. Gardez-la moi bien, et ainsi je plairai davantage à Jésus. »

Gemma conserva toute sa vie cette pratique recommandée par plusieurs saints. Peu de jours avant sa mort, alors qu'épuisée de forces il lui était impossible de se tenir debout, on la surprendra dans sa chambre à dire les trois Ave, les mains sous les genoux.

Toutes ses mortifications, ses pénitences, ses macérations de la chair, et, par dessus tout, la garde rigoureuse des sens, avaient pour but principal la préservation de l'angélique fleur. Estimant que la plus légère et la plus innocente liberté pouvait en altérer la suave fraîcheur, elle les abhorra toutes sans distinction. jusqu'à tomber dans de véritables exagérations.

Jamais elle ne se montrait au miroir, fût-ce pour mieux se purifier du sang qui découlait souvent de ses yeux dans ses douloureuses contemplations, ou de son front ceint des piqûres des épines mystiques.

Lorsque son cœur, littéralement embrasé d'amour céleste, brûlera dans d'inexprimables douleurs les parties avoisinantes de la poitrine, lorsqu'il aura, sous la violence des battements mystérieux, fortement arqué trois côtes, Gemma n'approchera pas la main de son sein, elle n'y jettera pas un regard, bien qu'elle ne s'explique point, au début, des phénomènes si insolites. Elle ne s'était point départie d'une pareille modestie lorsqu'un dard de feu, parti de la plaie du côté de Jésus crucifié, avait ouvert un large stigmate dans son propre côté.


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Message  Monique Mer 27 Oct 2021, 7:01 am

Dès ses premières années, d'ailleurs, la chaste fillette montrait sous ce rapport une extraordinaire sévérité. Son père ne pouvait l'embrasser, et sa propre mère devait user de la plus grande réserve dans les services intimes que reçoivent les enfants encore en bas âge. À peine âgée de sept ans, elle fit payer cher à un cousin germain la simple tentative d'une innocente caresse. Le jeune parent après une visite à la famille Galgani, se disposait à partir il était déjà remonté à cheval lorsqu'il s'aperçut de l'oubli de je ne sais quel objet. Priée d'aller le chercher, Gemma y court, revient bientôt avec l'objet demandé et le présente avec tant de grâce que le cousin attendri se penche vers elle pour lui faire une caresse en guise de remerciement ; mais la petite fille n'a pas plus tôt aperçu le geste familier, presque criminel à ses yeux, qu'elle repousse vivement la main et le bras du jeune homme, si bien que celui-ci perd l'équilibre tombe de selle et dans sa chute se fait assez de mal.

Il était inutile de vouloir l'aider dans sa toilette. Si une servante ou même un membre de sa famille s'approchait, par exemple pour ajuster son chapeau ou lier sa chaussure « Laissez, laissez, disait-elle d'un ton résolu ; je puis bien faire toute seule. »

Dans sa dernière maladie, quelques instants avant la réception de l'Extrême-Onction, on se disposait, selon l'usage inspiré par le respect de l'huile sainte du sacrement, à laver les pieds à la mourante étendue presque inanimée sur son lit. La pensée d'avoir à subir le contact d'une main étrangère consterna l'angélique enfant. L'amour de la modestie lui rendant subitement un peu de vigueur, elle profite d'un moment d'absence de l'infirmière, saisit la serviette et l'eau préparées près de sa couche et parvient à se rendre seule ces soins de propreté. Lorsque l'infirmière, de retour, veut lui offrir ses services : « Je vous remercie, répond-elle joyeuse, j'ai tout fait moi-même. »

Elle apportait une circonspection extrême dans les allusions parfois inévitables au vice impur. Loin d'user des termes du langage commun, elle s'abstenait de certains mots absolument indifférents dont se servent les âmes les plus pieuses, surtout en Toscane où l'on a l'habitude d'appeler les choses par leurs noms propres. Elle avait, pour s'exprimer, des périphrases très naturelIes dans sa bouche, chose d'autant plus singulière qu'elle ignorait le mal et les différentes fautes contre la pureté. « Il est certaines choses, m'a-t-elle eu dit, que je ne comprends pas. Qui sait si je n'ai rien fait de défendu ? Il me semble bien que non. » Et elle ajoutait : « Non, je ne voudrais pas offenser Jésus ; plutôt mourir ! Plutôt devenir aveugle pour le reste de mes jours que de pécher, même légèrement, contre la sainte modestie ! Plutôt être privée de tous les sens de mon pauvre corps que d'en abuser »


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Message  Monique Jeu 28 Oct 2021, 8:30 am

Je ne sais jusqu'à quel point on peut ajouter foi à la réalité d'une locution divine dont s'est crue favorisée une sainte âme de ma connaissance ; mais elle renferme un si bel éloge de Gemma, d'ailleurs conforme à la vérité, que je me plais à le consigner ici. « Cette chère fille que j'aime tant et dont je suis tant aimé, disait le Sauveur, me demande sans cesse amour et pureté ; et moi qui suis la pureté même et le véritable amour, je lui en ai donné autant qu'une créature humaine peut en contenir. Je lui ai toujours gardé la pureté du cœur que doit posséder une épouse privilégiée du divin Époux, la conservant ainsi comme un lis céleste dans mon pur amour »

La candeur de cette fille angélique transparaissait admirablement dans son corps, qui présentait certaines qualités pour le moins fort rares. On l'eût dit formé de pur cristal. Bien que totalement négligé, il resplendissait comme s'il eût été l'objet de soins délicats. En aucun temps il n'exhalait d'odeur désagréable, même durant les fastidieuses maladies qui tinrent la jeune fille si longtemps alitée. Émerveillées de ce fait vraiment extraordinaire, plusieurs personnes, pour bien s'en assurer, restèrent jour et nuit, à maintes reprises, près du lit de l'infirme.

Chose plus étonnante encore : bien que Gemma n'usât pour sa toilette ni de pommades, ni d'eau de senteur, ni même de savon hors le cas de véritable nécessité, un parfum très suave se dégageait souvent de sa personne et des objets qu'elle avait touchés. Comme il ne rappelait en rien ceux d'ici-bas et portait à la dévotion, On n'hésitait pas sur son origine surnaturelle. « Ne sentez-vous pas cette odeur exquise ? se disaient l'une à l'autre les personnes qui en étaient témoins : c'est notre chère Gemma. Bien sûr, Jésus, la Madone, ou son Ange gardien se trouve en ce moment près d'elle. »

Ce prodige n'est pas nouveau dans les annales de l'hagiographie ; on l'a constaté chez nombre de saints, entr'autres saint Paul de la Croix et surtout la vierge sainte Madeleine de Pazzi dont le corps, après trois siècles, répand encore par moments un arôme céleste.


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Message  Monique Ven 29 Oct 2021, 8:27 am

Un don si rare de pureté devait passer au creuset de l’épreuve. Le démon, frémissant de rage, se fit sans intermédiaire le tentateur de l'angélique vierge. L'attaque n'était pas aisée. Par quel côté assaillir l'innocente colombe qui du vice ne connaissait même pas le nom ? Comment insinuerjusque dans ce cœur idéalement chaste ses grossières illusions ? L'esprit du mal comprit bien vite qu'il y perdrait sa peine, ou que certainement Dieu anéantirait ses efforts, et il se contenta de diriger sur les sens ses criminelles tentatives. Il présenta d'abord des tableaux impurs à l'imagination de la sainte enfant, apparut ensuite sous des formes lascives, fit entendre des propos scandaleusement indécents, mit en œuvre tous ses artifices.

Bien que Gemma ne saisit point le sens de ces paroles ni de ces gestes lubriques, sa pudeur innée, qu'elle avait à un si haut degré, y vit de l'inconvenance ; elle se mit en garde contre l'ennemi et opposa une énergique résistance. Satan redoubla ses efforts malgré leur évidente inutilité, pour effrayer tout au moins et tourmenter la chaste jeune fille que la vue de ces scènes impudiques désolait. Écoutons-la dire ses plaintes à son père spirituel.

« Quelles terribles tentations sont celles-là, ô mon père ! Toutes les tentations me déplaisent, mais celles qui touchent à la sainte pureté me font tant de mal ! Ce que j'éprouve, Jésus seul le sait, Lui qui me regarde en restant caché et se complaît dans mes luttes. »

Afin de ne point voir, autant qu'il était en elle, ces représentations impures. Gemma fermait les yeux et les tenait clos jusqu'à la disparition du tentateur ; le crucifix en main, elle appelait à l'aide son Ange gardien, ses saints protecteurs et surtout la Reine des vierges. Quand la fin du combat venait, après de longues heures, ramenant la tranquillité dans son âme, elle s'écriait toute joyeuse : « Rendons grâces à Jésus, car la journée s'est passée de la meilleure manière qu'il lui a plu. »

Le vaillant athlète de la pureté maniait d'autres armes défensives d'une trempe bien différente. Elle avait entendu dire que les saints, pour réprimer les tentations de la chair, s'infligeaient la discipline, le cilice, et que l'un d'entre eux, afin de mieux éteindre les feux de la concupiscence, s'était plongé dans un étang d'eau glacée. Ne distinguant pas entre les tentations qui émeuvent les sens et celles qui s'arrêtent, pour ainsi dire, à leur porte, sans troubler leur calme, elle crut avoir besoin des mêmes remèdes violents et entreprit d'imiter les saints avec une ardeur qui eût certainement mis en pièces son corps virginal sans l'intervention de son directeur. Parfois même, tremblante à la seule vue du danger, elle en oubliait de prendre l'avis du père spirituel et recourait éperdument à la discipline ou à la corde noueuse, hérissée de clous, dont elle étreignait fortement sa taille. Combien de fois, sous les douleurs intolérables produites par ces grosses pointes qui pénétraient dans la chair vive, n'est-elle pas tombée sur le sol, évanouie et ensanglantée. Ceux qui ont pu voir, comme moi, dans ce pitoyable état, la généreuse victime de la sainte pureté s'en sont trouvés émus jusqu'aux larmes.


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Message  Monique Sam 30 Oct 2021, 7:10 am

Un jour d'hiver, après le repas de midi, le démon lui apparut sous les formes habituelles, d'une cynique lubricité ; écumant de rage, il déclarait vouloir la vaincre à tout prix. La vierge effarouchée lève les yeux et les mains au ciel, court sans trop de réflexion au jardin de la maison où se trouvait une vasque profonde d'eau glacée, s'approche de ses bords, fait le signe de la croix et s'y jette résolument. Bien vite engourdie par la froidure, elle allait infailliblement se noyer, lorsque une main invisible la retira de ce bain périlleux.

C'est ainsi que Gemma s'est montrée dans l'arène de la pénitence l'émule des grands héros du christianisme.

Devant de tels exemples comment ne rougiraient pas de confusion tant de chrétiens qui, tout en se proclamant les disciples d'un Dieu crucifié, se montrent si tendres à leur corps, si lents à refréner ses appétits désordonnés ? Qu'on ne l'oublie pas, d'après la parole du divin Sauveur, le royaume des cieux et plus folle raison la perfection de la vertu, ne s'acquiérent point sans violence.


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Message  Monique Dim 31 Oct 2021, 7:33 am

CHAPITRE XV


SOIF DE SOUFFRANCES - VICTIME POUR LES PÉCHEURS.



********


Outre la croix que par la mortification, le renoncement et la pénitence les disciples du Christ se façonnent de leurs propres mains et portent toute leur vie, il en est une autre que le Seigneur prépare lui-même aux âmes privilégiées, c'est la souffrance ; le divin Maître l'avait particulièrement en vue dans ces paroles : Celui qui veut me suivre doit prendre et porter sa croix.

Tous les saints ont à porter l'une et l'autre. Par des pénitences volontaires et par l'abnégation ils coopèrent à l'œuvre de leur perfection, que Dieu parachève dans l'âpre creuset de la douleur. Telle est la philosophie de l'Évangile : Per multas tribulationes oportet nos intrare in regnum Dei : pour établir dans son cœur le royaume de Dieu, il faut passer par le feu de beaucoup de tribulations ; sans cela, pas de véritable sainteté. À chaque degré nouveau de perfection correspond une épreuve nouvelle que les docteurs mystiques appellent « purgation passive », jusqu'à ce qu'enfin, arrivée an dernier degré qui est la ressemblance parfaite avec Jésus-Christ, l'âme peut s'écrier : « Me voici crucifiée avec Jésus ; je ne vis plus, c'est Jésus qui vit en moi. »

Une plus grande somme de souffrance attend les plus grands saints. Gemma, que le Seigneur prédestinait à toutes les faveurs de la théologie mystique et à une éminente vertu, devait donc recevoir, non goutte à goutte, mais à torrents, l'amer breuvage de la douleur ; il en fut bien ainsi.

Je ne reviendrai pas sur les afflictions peu communes auxquelles, dès l'enfance, elle fut soumise presque sans interruption.

Ces premières épreuves n'étaient d'ailleurs qu'un essai par lequel le Seigneur la préparait à de plus grandes immolations, qui devaient trouver leur consommation sur le calvaire de son lit de mort.

Comme la souffrance, pour être méritoire et remplir les fins de la Providence, doit être volontaire, Dieu alluma d'abord dans son cœur par les moyens les plus tendres un grand désir de souffrir.

Il se montrait quelquefois chargé de sa croix. « Gemma, disait-il, veux-tu ma croix ? Regarde, c'est le présent que t'a préparé mon amour. - Donnez-la moi. mon Jésus, répondait sans hésiter la fervente enfant ; mais donnez-moi aussi la force ; qu'au moins je ne défaille pas sous son poids -Te déplairait-il, reprenait Jésus, de boire mon calice jusqu'à la dernière goutte - Accomplissez, Seigneur, continuait Gemma, votre très sainte volonté. »


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Message  Monique Lun 01 Nov 2021, 6:53 am

Une autre fois, le Sauveur lui apparut cloué à la croix, couvert de plaies et ruisselant de sang. « Cette vue, me raconta-t-elle, me remplit d'une immense douleur. La pensée de, l'amour infini de Jésus et des tourments endurés dans sa Passion pour notre salut y vint mettre le comble, et je m'évanouis. Quand je repris mes sens, après quelques heures, je ressentis un grand désir de souffrir quelque chose pour celui qui avait tant souffert pour moi. »

Ce désir devint bientôt une véritable passion que son cœur ne put contenir. « Je veux souffrir. s'écriait-elle. je veux souffrir avec Jésus ; ne me parlez pas d'autre chose. Je veux être semblable à Jésus, toujours souffrir tant que je vivrai, et toujours vivre pour toujours souffrir. » Dans l'extase ces sentiments revenaient continuellement sur ses lèvres avec des accents enflammés. La contemplation de l'homme des douleurs les fait naître d'ailleurs dans l'âme de tous les saints. « Non, disent-ils avec saint Bernard, il n'est pas juste que sous un chef couronné d'épines les membres vivent dans les délices. S'il souffre, eux aussi doivent souffrir ; il n'en peut être autrement, à moins d'ingratitude et de monstruosité. »

Un, jour, l'Ange gardien, pour aviver encore le feu de ses désirs, lui apparut tenant à la main deux couronnes : l'une d'épines, l'autre de lis d'une merveilleuse blancheur ; il lui offrait le choix. « Je veux celle de Jésus, dit aussitôt Gemma ; donnez-moi celle de Jésus, elle seule me plaît. » L'Ange avança la couronne d'épines ; elle la prit avec une hâte ardente, la couvrit de baisers et la pressa amoureusement sur son sein en s'écriant : « Grâces sans fin ô mon Dieu ; vive Jésus ! vivent les présents de Jésus ! vive la croix de Jésus. »

Les enseignements divins avaient produit leurs fruits dans l’âme de la jeune vierge. Restait à les couronner par l'intelligence vive du dernier et plus profond secret du mystère de la douleur : la révesibilité des mérites des justes.


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Message  Monique Mar 02 Nov 2021, 8:06 am

La mission du Rédempteur, qui s'est accomplie principalement par l'expiation, n’est pas terminée ; ses disciples doivent la continuer et même la compléter, suivant l'expression de saint Paul : Je supplée à ce qui manque aux souffrances du Christ.

Mais la majeure partie des hommes, loin d'apaiser par des œuvres de pénitence le courroux de Dieu, le provoquent davantage par de nouvelles offenses. Il appartient aux justes de satisfaire à leur place et de consoler le cœur de Dieu, selon qu'il est écrit : Le Seiqneur se consolera dans ses serviteurs. Ainsi sont-ils associés par l'infinie bonté de Dieu à la mission expiatrice du Sauveur.

Pour imprimer profondément cette grande vérité dans l'esprit de Gemma, Jésus lui dit dans une claire et intime locution : « Ma fille, j'ai besoin de victimes, et de victimes fortes. Il me faut des âmes qui par leurs souffrances et leurs tribulations expient pour les pécheurs et les ingrats. Oh ! si je pouvais faire comprendre combien mon divin Père est irrité contre le monde impie ! Plus rien ne retient sa justice, et il se prépare sur tout l'univers un effroyable châtiment. »

Ces paroles étaient accompagnées d'une lumière céleste qui en découvrait à la saillie enfant toute la signification, tandis qu'un incendie d'amour s’allumait dans son âme. Dans l'énivrement de sa joie, elle s'en allait répétant à haute voix : « Je suis la victime et Jésus est le sacrificateur. Faites vite, ô Jésus. Tout ce que veut Jésus, je le veux aussi. Tout ce que m'enverra Jésus sera pour moi un présent. » Puis, prosternée la face contre terre, elle lit la prière suivante qu'elle s'empressa de soumettre à mon approbation.

Me voici à vos pieds très saints, ô doux Jésus, pour vous exprimer ma reconnaissance de vos grandes et continuelles faveurs. Je vous en rends grâces ; mais si cela ne vous déplaît, je vous en demande encore une autre : c'est d'attendre. Oui,« Jésus, attendez, je suis votre victime, mais attendez. Ma vie est entre vos mains, mais attendez. vous pouvez décharger sur moi votre colère, mais attendez, si cela vous plait. Qu'en tout s'accomplisse votre saint vouloir. »


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Message  Monique Mer 03 Nov 2021, 6:58 am

Pourquoi cette insistance dans l'imploration d'un délai ? L'humble jeune fille redoutait l'attention qu'attirent toujours les phénomènes surnaturels, et dans la croyance que mille maux mystérieux, difficiles à cacher, apprêtaient à fondre sur son corps, elle suppliait le Seigneur, comme en tremblant, de retarder au moins le côté visible de l'expiation annoncée, jusqu'à son entrée dans un monastère qui la déroberait aux regards du monde, car elle escomptait toujours la grâce de la vocation religieuse.

À partir de ce moment, Gemma apparut transformée ; la pensée de la mission reçue d'en-haut en avait fait une créature nouvelle. La soif de la souffrance lui consumait les entrailles, et pour l'apaiser il lui en fallait à torrents. « Souffrir, disait-elle, souffrir, mais sans aucune consolation, sans le moindre soulagement, souffrir par seul amour. » Pour elle, aimer et souffrir étaient tout un, comme aussi être aimée et être éprouvée. « Je suis très contente, continuait-elle, parce que Jésus ne cesse ne me témoigner son amour, je veux dire qu'il ne cesse de m'affliger plus que jamais. »

Elle avait appris cette doctrine sublime de la bouche même du Seigneur. Un jour qu'elle lui demandait amour sur amour, elle avait entendu ces paroles : « Si tu veux vraiment m'aimer, voici mon calice où j'ai déjà trempé les lèvres ; peux-tu te boire jusqu'à la dernière goutte ? » Et Gemma avait répondu : « Doux Seigneur, mes lèvres sont aussi promptes que mon cœur ; rassasiez-moi de ce calice, énivrez-moi de cette absinthe. »

Les douceurs ineffables de l'oraison lui devinrent presque insipides, à côté des chères amertumes du calice de Jésus. « Croyez, père, me disait-elle un jour, que je renonce volontiers à toutes les consolations de Jésus ; je ne les veux pas. Jésus est l'Homme des douleurs, et je veux être la fille des douleurs. »

De telles expressions n'étaient point l'effet passager d'une ferveur éphémère, comme en conçoivent dans la chaleur de la méditation certaines âmes qui, une fois refroidies, trouvent insupportable ce qui leur avait d'abord paru doux ; tant la douleur est étrangère à la nature humaine primitivement créée dans le bonheur !


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Message  Monique Jeu 04 Nov 2021, 8:30 am

De telles expressions n'étaient point l'effet passager d'une ferveur éphémère, comme en conçoivent dans la chaleur de la méditation certaines âmes qui, une fois refroidies, trouvent insupportable ce qui leur avait d'abord paru doux ; tant la douleur est étrangère à la nature humaine primitivement créée dans le bonheur !

Plus se multipliaient les tribulations, plus s'en accroissait la soif dans la victime de Jésus. Prière, méditation, événements tristes ou joyeux, tout éveillait ses aspirations vers la souffrance. Et, non contente de celle du moment, elle suppliait sans trêve le Seigneur d'en redoubler la dose, d'en multiplier les formes, en un mot et selon sa propre expression, de l'en rassasier.

« Samedi soir, m'écrivait-elle, j'allai faire une visite au saint crucifix. (1) Il me vint alors une grande envie de souffrir et je priai de tout mon cœur Jésus de la satisfaire. Depuis ce soir-là, j'éprouve une douleur de tête violente, mais si violente que je pleure presque continuellement de peur de n'y pouvoir résister. »

La fervente enfant craint d'être à bout de forces, mais elle n’en continue pas moins, sans découragement, de demander jusqu’à satiété de ce pain des larmes où elle semble goûter de mystérieuses délices. « Oui, écrit-elle, je suis contente d'accomplir en tout la volonté de Jésus ; s'il me demande le sacrifice de ma vie, je le ferai à l'instant s'il en veut d'autres, je suis prête. Il me suffit d'être sa victime pour expier mes innombrables péchés et, s'il se peut, ceux du monde entier. »

Elle endurait depuis longtemps des douleurs très cruelles lorsqu'il lui sembla voir le Bienheureux Gabriel s'approcher et lui offrir de l'en délivrer. « Non, je vous en prie, ne me les enlevez pas, répondit-elle, ou du moins laissez-m'en quelque peu, pour que je ne me trouve pas les mains vides ce soir, quand viendra Jésus. »


-------------

(1) C'était un grand christ placé dans la salle à manger de la maison.


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Message  Monique Ven 05 Nov 2021, 7:11 am

Pour Gemma une journée sans souffrance était une journée perdue. « Il y a eu des jours, me disait-elle en se lamentant, où je n'ai rien eu le soir à offrir à Jésus. Oh ! que j'étais malheureuse ! »

Une telle générosité plaisait infiniment au Seigneur, qui ne ménageait pas à cette épouse selon son cœur les marques de sa satisfaction et de sa tendresse. Une fois entr’autres, ce Dieu qui veille avec tant de sollicitude sur chacune de ses créatures, lui ayant demandé si elle avait bien souffert au cours d'une longue tribulation qui durait encore : « Avec vous, répondit Gemma, il fait si bon souffrir ! Et qu'est-ce qu'une telle épreuve si vous venez ensuite en personne me consoler ? » Jésus reprit : « Sache que dans tes souffrances j’étais toujours près de toi, me complaisant dans ton courage. » Et il lui permit, pour la récompenser, de s'approcher et de baiser ses plaies saintes. « Comment, s'écria Gemma dans sa profonde humilité, pour si peu de chose une si grande récompense ? » Enhardie cependant par sa filiale confiance, elle s'approcha du Sauveur, se mit à genoux, et, le cœur en feu, baisa une à une les plaies divines, mais quand elle se releva pour appliquer ses lèvres ardentes à celle du côté sacré, elle se sentit brisée par l'amour et tomba palpitante aux pieds de son doux Maître.

La victime de Jésus était prête maintenant pour de plus grandes immolations. Sa soif de souffrance, excitée plutôt qu'apaisée par les précédentes épreuves, la rendait capable de contenir une mer d'amertume Les abandons divins, les vexations diaboliques, la participation à toutes les douleurs de la Passion rempliront les dernières années de sa vie, jusqu'à en faire une vivante image de Jésus crucifié.


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Message  Monique Sam 06 Nov 2021, 7:22 am

Je donne ici un simple aperçu du martyre moral que fit endurer à son cœur l'apparent abandon de Dieu. Cette épreuve est des plus fréquentes dans les voies de la perfection mystique.

Après avoir attiré l'âme plus ou moins longtemps par de célestes douceurs, Dieu commence à l'en sevrer, s'éloigne peu à peu, cache sa face, ne fait plus sentir sa présence, suspend toute communication sensible, la laisse seule, comme abandonnée dans un abîme de ténèbres, de doutes, de craintes, d'angoisses, au point qu'elle se croit presque dans l'enfer. Pour comprendre l'horreur de cet état dans les saints, il faudrait avoir comme eux entrevu les charmes infinis de l'éternelle Beauté dont ils se craignent abandonnés, et expérimenté l'immense amour dont leur cœur est embrasé pour Elle. Mais qui nous donnera une idée approximative de cette connaissance surnaturelle et de cet embrasement ? Qui nous dira combien délicieux était à Gemma ce Jésus dont elle était si passionnément éprise, combien suaves les joies qu'elle en recevait depuis sa première enfance, et combien chère l'espérance de s'énivrer un jour de félicité dans ses divines et éternelles étreintes ?

Les âmes vulgaires sont insensibles aux privations d'ordre surnaturel. Absorbées par les pauvres biens d'ici-bas, qui agréent seuls à nos sens grossiers, elles n'ont aucune expérience des biens célestes, incompatibles d'ailleurs avec ceux de la terre et se contentent de ces derniers. Mais Gemma était morte à tout le créé ; en dehors de Jésus tout lui était ennui et dégoût ; comment aurait-elle pu vivre sans Jésus ?

Aussi, écoutez ses gémissements « Je cherche Jésus et ne le trouve pas. Il semble s'être éloigné et ne plus vouloir me connaître ; et où irai-je ? et que vais-je devenir ? Pauvre Jésus, je vous en ai trop fait. Mais vous vous laisserez retrouver, n'est-ce pas ? Apaisez-vous, apaisez-vous et revenez à moi, car je n'en peux plus. Moi, loin de vous ? oh non, non ! »


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Message  Monique Dim 07 Nov 2021, 7:45 am

Pour la consoler dans ce poignant abandon, l'Ange gardien et parfois même la divine Mère lui apparaissaient ; mais à peine y prenait-elle garde, car, privée de Jésus, tout lui manquait. Inconsolable de la disparition du divin Maître, comme Madeleine sur le Calvaire au matin de la Résurrection, elle disait à son Ange : « Où est Jésus ? » et à la sainte Madone : « Dites-moi, ma Mère, où s'en est allé Jésus ? » Elle écrivait à son directeur : « Ne sauriez-vous pas, vous non plus, m'enseigner le moyen de retrouver Jésus ? Dites-lui que je n'y tiens plus. »

La sainte enfant s'étudiait de son mieux à dissimuler ce martyre intérieur, mais sans y parvenir entièrement. Ses plus intimes familiers la voyaient souvent pâle et exténuée ; ils la surprenaient quelquefois dans sa chambre, à genoux, les bras étendus, les yeux pleins de larmes et levés vers le ciel, la poitrine haletante, exhalant par moments de profonds soupirs : « Mon Dieu ! et vous ne voyez pas qu'ainsi je me consume ? Loin de vous je me meurs. Songez que je suis une pauvre orpheline. Je n'ai que vous et vous me fuyez ? »

Il est certain qu'un tel supplice, continué sans relâche, eût infailliblement amené la mort de la vierge aimante ; mais au plus fort de la désolation le Seigneur accourait, plein de sollicitude, et, en tendre père qu'il est, consolait son enfant, l'encourageant par de douces exhortations à vivre sur la croix. Le lecteur me saura gré de lui donner quelques-uns de ces enseignements divins, tels qu'ils sont sortis de la plume même de la pieuse jeune fille. Ce sont des documents d'une sagesse céleste, bien propres à faire du bien à toute âme chrétienne.

« Ma fille, disait le Seigneur, tu te lamentes d'être laissée dans ces ténèbres ; mais sache qu'après les ténèbres viendra la lumière, et alors tu baigneras dans une admirable clarté. Je te fais subir cette épreuve pour ma plus grande gloire, pour la joie des anges, pour ton propre avantage, et aussi pour l'exemple des autres. »

« Si tu m'aimes vraiment, tu dois m'aimer jusque dans les ténèbres. Je prends plaisir à me livrer avec les âmes les plus chères à des jeux d'amour. Ainsi, je feins de t'abandonner mais ne t'afflige pas, ce n'est pas un châtiment, c'est une invention de ma tendresse pour te détacher entièrement des créatures et mieux t'unir à moi. Je ne parais te repousser que pour t'étreindre ensuite plus fort ; et lorsque je semble bien loin, je suis plus près que jamais. Prends courage ; la paix succède toujours à la lutte, reste fidèle et aimante. Patiente donc encore si je te laisse seule, et souffre dans la résignation et dans le calme. »

« N'imite pas ces âmes qui s'attachent aux consolations et aux goûts spirituels, se souciant fort peu de la croix. Quand vient l'heure de l'aridité, elles abandonnent peu à peu leurs prières, qui ne leur offrent plus les douceurs habituelles. »

Gemma n'était certainement pas de ces âmes faibles ; elle mettait en pratique avec une rare ferveur les enseignements du divin Maître. Loin de ralentir sa marche vers Dieu, elle prenait alors un nouvel élan et s'appliquait d'autant mieux à Lui plaire qu'elle s'en voyait apparemment rejetée. Avec plus d'ardeur que jamais elle s'en allait, colombe haletante, se réfugier au pied du tabernacle, se nourrir du pain de vie à la table sainte. Elle persévérait dans la prière vocale, quand toute méditation lui était impossible.

Enveloppée d'épaisses ténèbres qui l'empêchaient de voir où elle posait le pied, elle allait toujours de l'avant, cherchant du fond de l'abîme, de profundis, suivant son expression, à trouver Jésus. Elle souffrait sans se plaindre et apportait à ses devoirs d'état la même activité qu'au temps de la consolation. Il n'y a que la grâce de Dieu pour engendrer dans l'âme une telle magnanimité.


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Message  Monique Lun 08 Nov 2021, 7:13 am

CHAPITRE XVI



VEXATIONS DIABOLIQUES.



*********



Pour purifier ses élus et en faire des victimes d'expiation, Dieu se sert souvent de Satan, qui dans sa haine de l'homme est entre ses mains l'instrument le plus actif. L'Écriture sainte et surtout les annales de l'hagiographie nous offrent de nombreux exemples de cette conduite de la Providence.

Lorsque le Seigneur voulut élever saint Paul de la Croix à un plus éminent degré de sainteté, il lui dit dans le secret de l'âme : « Je te ferai fouler aux pieds par les démons. » (1) Gemma entendit un jour de semblables paroles : « Prépare-toi, ma fille ; sur mes ordres, le démon va te déclarer la guerre, et mettre ainsi lui-même la dernière main à l'œuvre que j'accomplis en toi. »

Je puis affirmer que cette guerre fut générale, c'est-à-dire dirigée contre chacune des vertus et des pratiques par lesquelles la jeune vierge s'efforçait d'aller à Dieu. Toutes déplaisaient à l'ange du mal. qui les attaqua toutes avec une rage féroce. On eût dit que dans son ténébreux empire il n'avait d'autre préoccupation que de persécuter cette pauvre enfant, et de trouver de nouveaux moyens de l'assaillir de tentations.

La prière est l'aliment vital de la sainteté, la voie suprême vers le souverain Bien. De très bonne heure Gemma l'avait aimée et pratiquée de toute l'ardeur de son âme ; et elle lui devait des biens inappréciables. Or, que ne fit point Satan pour l'en détourner ? Impuissant à remporter un avantage quelconque par ses inspirations perverses, il excitait le trouble dans ses humeurs, afin de l'accabler tout au noins d'ennui et de dégoût ; il provoquait de violentes douleurs de tête, qui eussent conduit une âme moins énergique à l'indolence et au repos plutôt qu'à la prière ; il essayait cent autres moyens de la détacher de cet exercice divin. « Oh ! me disait-elle, quel tourment pour moi de ne pouvoir prier quelle fatigue j'endure ! et quels efforts fait ce vaurien - c'est ainsi qu'elle appelait le démon - pour lui rendre l'oraison impossible. Hier soir, il voulait me tuer ; et il l'eût fait sans l'intervention soudaine de Jésus. J'étais anéantie. J'avais bien à l'esprit le nom de Jésus, mais sans qu'il me fût possible de le proférer de bouche. »


-------------


(1) histoire de saint Paul de la Croix, par le R.P.Louis-Th. de Jésus agonisant.


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Message  Monique Mar 09 Nov 2021, 6:56 am

Quelquefois l'infernal ennemi tentait de triompher d’un seul coup par des suggestions impies. « Que fais-tu donc, lui disait-il, es-tu stupide de prier un malfaiteur ? Vois comme il le torture et te tient avec lui sur la croix. Peux-tu aimer quelqu'un que tu ne connais pas et qui traite si durement ses meilleurs amis ? » De tels blasphèmes n'étaient que poussière jetée au vent, mais ils affligeaient profondément l'âme tendre et aimante forcée d'entendre outrager ainsi son adorable Jésus.

Au milieu de tant de peines, la pauvre enfant cherchait quelque réconfort auprès de son père spirituel, lui disait ses difficultés, implorait conseil et direction. Cet humble et filial recours ne pouvait plaire à l'esprit des ténèbres, qui voyait diminuer ainsi ses chances déjà si maigres de succès. Il usa de mille artifices pour isoler dans la lutte la servante de Dieu, en la détournant de son directeur. Il le lui dépeignit sous les couleurs les plus défavorables : comme un ignorant, un fanatique, un illusionné. « Ces jours-ci, m'écrivait-elle, le grappin m'en a fait de toutes. Ce monstre voudrait, en vue de ma perte, me priver de mon guide et conseiller ; mais, dût-il y réussir, je ne crains rien. »

Une telle confiance en Dieu aurait dû, ce semble, désarmer Satan ; il n'en fut rien. Devant l'inutilité de ses perfides insinuations, il prit le parti de la violence physique. Sitôt que Gemma prenait la plume pour m'écrire, il la lui sortait des mains et déchirait le papier ; parfois, la saisissant par les cheveux, il l'arrachait de son bureau avec une telle rage que des mèches entières de cheveux restaient dans ses mains brutales ; et il hurlait d'une voix forcenée : « Guerre, guerre à ton père, guerre tant qu'il sera dans ce monde » Qu'on me permette de le dire à voix basse, il n'a que trop tenu parole. « Croyez-moi, père, me disait Gemma elle-même : à l'entendre, ce vaurien vous en veut bien plus qu'à moi. »

Le démon poussa l'audace jusqu'à prendre les dehors de son confesseur ordinaire. La jeune fille, qui venait d'entrer à l'église se préparait, en attendant le prêtre, à la réception du sacrement de Pénitence. Quel n'est pas son étonnement de le voir aussitôt à son poste, sans qu'elle puisse savoir par où il y est entré. Elle ressent un grand trouble intérieur, indice infaillible chez elle de la présence du malin esprit. Elle s'approche cependant et commence sa confession. La voix qu'elle entend est bien celle du confesseur ordinaire, mais les paroles sont scandaleusement indécentes et accompagnées d'actes déshonnêtes. « Mon Dieu, s'écrie Gemma, qu'est-ce donc, et où suis-je ? » La pure enfant, se prenant à trembler des pieds à la tête. demeure un instant étourdie. Elle se ressaisit bientôt, se lève, sort du confessionnal et constate alors que le prétendu confesseur a disparu, sans qu'aucune des personnes présentes l'ait vu s'en aller.


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Message  Monique Mer 10 Nov 2021, 6:41 am

Le doute n'était point possible le démon avait cherché par cet artifice grossier à surprendre la sainte jeune fille, ou à lui enlever du moins toute confiance dans le ministre de Dieu.

Ce coup manqué, il en tenta un autre. Il lui apparut sous la forme d'un bel ange resplendissant de lumière et plein de sollicitude pour son bonheur. Comme avec Ève au Paradis terrestre, il déploya pour arriver à la tromper l'astuce la plus subtile. « Regarde-moi, disait-il, je puis te rendre heureuse ; jure seulement de m'obéir. » Gemma, qui n'avait pas éprouvé cette fois le trouble révélateur du voisinage du démon, écoutait tranquillement. Mais aux premières propositions criminelles de l'esprit pervers, ses yeux s'ouvrirent et elle se mit sur la défensive. « Mon Dieu, Marie Immaculée, s'écria-t-elle d'abord, à mon secours » Puis, marchant résolument sur l'ange déguisé, elle lui cracha à la face. Il disparut aussitôt sous la forme d'une grande flamme rouge, laissant sur le parquet de la chambre un amas de cendre.

Quelque temps après, nouvel assaut. « Écoutez, père, m’écrivait Gemma : hier, après m'être confessée, je rentrais à la maison. Profitant d'un moment de solitude, je me mis à genoux pour réciter le chapelet des cinq Plaies. J'arrivais la quatrième plaie, lorsque je vis devant moi quelqu'un fort ressemblant à Jésus. Il était flagellé de frais, et de son cœur ouvert le sang s'échappait en abondance. Il me dit « Est-ce ainsi, ma fille, que tu me payes de retour ? Regarde en quel état je suis. Vois-tu comme je souffre pour toi ? Et tu ne peux pas continuer à me plaire par telles pénitences ? (2) Ah ! c'était pourtant peu de chose ; tu pourrais très bien les reprendre. - Non, non, répondis-je ; je veux obéir ; je désobéirais si je vous écoutais. - Mais enfin, reprit-il, ce n'est pas le confesseur qui te les a défendues, c'est ce …, (3). Or, tu n'es nullement tenue de lui obéir. » - Il ajouta beaucoup d'autres choses. À ces pernicieux conseils je reconnus Satan, et j'étais sur le point de prendre la discipline comme d'autres fois en pareille occurrence, lorsque je me sentis autrement inspirée. Je me levai, je lui jetai de l'eau bénite et il disparut. Je retrouvai alors mon calme, non sans avoir reçu quelques bons coups dont la vilaine bête me gratifie de temps en temps. »

Ainsi donc, faute d'obtenir autre chose, l'esprit de révolte poussait Gemma, contre la défense du directeur spirituel, à des macérations nuisibles à la santé.

Pour la protéger contre les visions malfaisantes, je lui ordonnai de s'écrier à chaque apparition surnaturelle : Vive Jésus. Le Seigneur, à mon insu, lui avait donné un conseil à peu près semblable. Elle devait dire : Bénis soient Jésus et Marie. La docile enfant, pour obéir à tous les deux, joignait ensemble les deux exclamations. Les bons esprits la répétaient toujours ; mais les mauvais ne répondaient pas, ou se contentaient des premiers mots : Vive, bénis. À ce signe ils étaient reconnus, et Gemma se moquait d'eux.

Dans l'espoir de lui inspirer de l'orgueil, le démon lui faisait voir quelquefois, en songe et même dans l'état de veille, une procession de personnes vêtues de blanc, s'approchant pieusement de son lit pour la vénérer. Il lui découvrait aussi que ses lettres à son père spirituel étaient religieusement conservées pour servir un jour à sa gloire, etc., etc. Vaines tentalions la servante de Dieu possédait une trop profonde humilité pour se laisser prendre comme Ève à la séduction de la vanité.


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Message  Monique Jeu 11 Nov 2021, 7:50 am

Croyant ébranler peut-être sa grande confiance en Dieu, le maudit profitait des périodes si fréquentes d'abandon et de cruelle aridité spirituelle pour redoubler dans son cœur l'affreuse crainte de la damnation. « Ne vois-tu pas, lui disait-il, que ce Jésus ne t'écoute plus, ne veut plus te connaître ? Pourquoi te fatiguer à courir après lui ? Tu n'as qu'à te résigner à ton malheureux sort. » Telle a été pour les saints les plus illustres la tentation la plus angoissante. Gemma en éprouvait toute la force ; alors habituée à se tourner malgré tout et en toute circonstance, avec la foi la plus vive, vers son Dieu comme un enfant vers son père, elle ne tardait pas à recouvrer le calme. Aussi pouvait-elle me dire : « Ce scélérat de démon se démène ; il voudrait... Mais Jésus par ses paroles m'a inspiré une telle tranquillité que tous les efforts diaboliques n'ont pu un seul moment m'enlever la confiance. »

L'ange de la superbe, furieux de voir toute son astuce échouer aux pieds d'une faible jeune fille, en désespoir de cause leva définitivement le masque pour en venir à ses actes de violence.

Il lui apparaissait sous les formes horribles d'un monstre menaçant, d'un homme féroce, d’un chien enragé. Après avoir ainsi essayé de la terroriser, il se précipitait sur elle, la frappait, la déchirait à belles dents, la jetait ça et là comme un paquet dans la chambre ; il la traînait par les cheveux et martyrisait de toutes manières ses membres innocents.

Et qu'on ne voie pas dans ces cruels sévices des impressions purement imaginaires, car leurs effets sur le corps de la victime persistaient assez longtemps : cheveux arrachés, chairs livides, os comme broyés, douleurs atroces. On entendait parfois le fracas des coups ; on voyait le lit remuer, s'élever de terre pour retomber brusquement. Ces vexations duraient sans trève des heures entières et même tout le cours de la nuit.


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Message  Monique Ven 12 Nov 2021, 6:43 am

Laissons Gemma nous en raconter quelque chose. La simplicité de son style et l'ingénue sincérité de son âme dispenseront de tout commentaire.

« Aujourd'hui que je me croyais délivrée de cette vilaine bête, j'en ai été au contraire fort molestée. J'allais me reposer, pensant pouvoir dormir ; il en a été bien autrement. J'ai d'abord reçu un coup des plus terribles dont j'ai cru mourir. Le méchant avait la forme d'un gros chien noir ; il me mettait les pattes sur les épaules. Il m'a tellement fait de mal qu'à un moment j'aurais dit tous mes os brisés. Peu après, comme je prenais de l'eau bénite, il m'a tordu le bras avec une violence extrême, et je suis tombée de douleur. Les os s'étaient complètement déboîtés ; mais Jésus est venu me les remettre en place en les touchant, et remédier à tout. »

Dans une autre lettre : « Hier encore, le diable m'a assommée. La tante m'avait priée d'aller remplir les brocs des chambres. En passant les brocs dans les mains, devant l'image du Cœur de Jésus, je lui ai fait avec amour une fervente prière ; aussitôt s'est abattue sur mes épaules une bastonnade vigoureuse que je suis tombée par terre, sans cependant casser aucun broc. Encore aujourd'hui je suis très mal, et le moindre travail me réveille les douleurs. »

La sainte enfant m'écrivait encore : « Je viens de passer. comme de coutume, une mauvaise nuit. Le démon s'est présenté devant moi sous la figure d'un géant immense et m'a battue toute la nuit ; il me disait : Pour toi, plus d'espoir de salut ; tu es en mon pouvoir. J'ai répondu que je ne craignais rien parce que Dieu est miséricordieux. Alors, écumant de rage, il m'a donné un fort coup sur la tête et a disparu en criant : Sois maudite ! J'allai dans ma chambre me reposer un peu, mais je l'y retrouvai. Il recommença de me frapper avec une corde toute en nœuds. Il me battait parce que je ne voulais pas faire le mal qu'il me suggérait. Non, lui disais-je ; et il redoublait de coups, heurtant violemment ma tête contre terre. Tout à coup, j'ai eu la pensée d'invoquer le divin Père de Jésus ; j'ai crié : Père éternel, par le sang très précieux de Jésus, délivrez-moi. Aussitôt ce vaurien m'a envoyé un coup formidable, m'a jetée au bas du lit, et a heurté avec tant de force ma tête contre terre, que la douleur m'a fait perdre les sens. Je ne les ai repris que longtemps après. Rendons grâces à Jésus. »


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Message  Monique Sam 13 Nov 2021, 7:52 am

De telles scènes se répétaient très fréquemment, et, à certaines périodes, tous les jours. La pauvre patiente y était presque accoutumée. À part les tortures corporelles, la vue du monstre infernal ne l'effrayait pour ainsi dire plus. Elle le considérait avec la même sérénité de regard dont une colombe aperçoit un animal immonde.

Tant qu'elle n'en eût pas reçu la défense, elle s'arrêtait parfois à lui répondre et à l'humilier ; et lorsque, à l'invocation du saint nom de Jésus, la hideuse bête se roulait par terre pour s'enfuir ensuite à toutes jambes, la naïve enfant l'accompagnait de ses railleries et de francs éclats de rire. « Si vous aviez vu, père, me disait-elle, comme il s'échappait et trébuchait dans sa fuite rageuse, vous eussiez bien ri avec moi. »

J'assistais un jour la pieuse jeune fille tombée gravement malade et en danger de mort. Assis dans un coin de la chambre, je récitais tranquillement mon bréviaire, lorsque un énorme chat tout noir et d'aspect terrifiant se jeta impétueusement dans mes jambes. Il fit le tour de la pièce, sauta sur le lit de la malade, se plaça tout près de son front et arrêta sur elle un regard féroce. Mon sang s'était glacé dans les veines ; mais Gemma restait bien calme. « Eh bien ! lui dis-je, contenant de mon mieux mon trouble ; qu'y a-t-il de nouveau ? - N'ayez pas peur, mon -père, c'est ce vaurien de démon qui veut me molester ; mais ne craignez pas ; à vous il ne fera aucun mal. » Je m'approchai du lit en tremblant pour prendre de l'eau bénite, et je l'en aspergeai. La vision s'évanouit aussitôt, sans avoir pu altérer un seul moment la paix profonde de la malade.

La seule chose qui épouvantait vraiment Gemma, répétons-le, c'était la pensée de céder aux suggestions de l'ennemi et d'offenser Dieu. Bien qu'elle n'eût jamais failli dans le passé, le danger lui paraissait à toute heure imminent et la tenait dans l'effroi. Elle ne négligeait aucun moyen de défense ; croix, reliques des saints, scapulaires, conjurations, et, par dessus tout, confiant recours à Dieu, à la céleste Mère, à l'Ange gardien et au directeur de son âme. « Venez vite, père, m'écrivait-elle, ou du moins, de là-bas faites des conjurations ; le démon m'en fait voir de toutes ; aidez-moi à sauver mon âme ; j'ai peur d'être déjà dans les mains de Satan. Ah ! si vous saviez comme je souffre ! Cette nuit comme il était content ! Il m'a prise par les cheveux et me les tirait en disant : « Désobéissance ! désobéissance ! Je veux en finir cette fois, viens, viens avec moi. » Et il voulait m'emporter en enfer. Il est resté plus de quatre heures me tourmenter ; et c'est ainsi que s'est écoulée la nuit. Je redoute de l'écouter un jour ou l'autre et de finir par déplaire à Jésus. »


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Message  Monique Dim 14 Nov 2021, 8:07 am

Dans quelques très rares circonstances, le Seigneur permit au démon de s'emparer de tout son être, de lier les puissances de son âme, et de jeter le trouble à un tel point dans son imagination, qu'on l'eût pu croire possédée. C'était pitié de la voir dans cet état misérable. Elle-même en avait une telle horreur que son seul souvenir la faisait pâlir et trembler. « Oh Dieu disait-elle, j'ai été en enfer sans Jésus, sans la divine Mère, sans l'Ange. Si j'en suis sortie sans péché, je le dois à vous seul, ô Jésus. Et cependant je suis contente, parce qu'en souffrant ainsi et en souffrant toujours je fais votre très sainte volonté. »

Si de tels assauts de la part du démon se fussent répétés plus souvent, ou eussent été de plus longue durée, la pauvre patiente, malgré toute sa résignation y eut certainement laissé la vie.

À ces tribulations, s'ajoutaient les douleurs de cruelles maladies provoquées, comme nous avons les plus fortes raisons de le croire, par l'esprit infernal lui-même.

Si on songe que Gemma se trouvait dans le même temps miraculeusement associée à tous les tourments endurés par le divin Rédempteur dans sa Passion, on aura une idée de l'étendue du martyre de cette vierge héroïque, qui s'était offerte en holocauste au Seigneur.


Elle se déclarait heureuse cependant dans cette mer de souffrances physiques et morales, heureuse de ressembler ainsi à l'Homme des douleurs, de s'élever toujours plus haut dans les pures régions de l'amour divin, et d'expier pour sa part les péchés du monde.


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Message  Monique Lun 15 Nov 2021, 8:16 am

CHAPITRE XVII




L'ANGE GARDIEN.



********




Un des dogmes les plus consolants de notre foi est celui de la garde des saints Anges. Après le péché d'origine, l'homme, affaibli et misérable, avait besoin d'aide et de conseil pour marcher dans la voie du bien et parvenir à la fin de sa création. Dans sa miséricorde infinie et sa paternelle tendresse, le Seigneur, venant au secours des pauvres enfants d'Adam qu'il voulait sauver, ne fit rien moins que les placer sous la protection des Anges, ministres de sa céleste cour.

Chacun de nous est assisté d'un de ces purs esprits que nous appelons avec raison notre bon Anqe. Il nous prend par la main dès notre entrée dans la vie, pour ne plus nous quitter tant dure notre pélerinage terrestre. « Voici, dit le Seigneur, que je t'envoie mon Ange pour marcher devant toi, te protéger dans le chemin et t'introduire dans le lieu que je t'ai préparé. » (1)

Si Dieu pourvoit avec sollicitude aux besoins de toutes ses créatures, il prend un soin particulier des élus, qui lui sont aussi chers, dit-il Lui-même, que la prunelle de ses yeux ; et parmi les élus il a encore des préférences : de là les divers degrés d'importance de la mission miséricordieuse des Anges gardiens.

Puisque Gemma se trouvait prédestinée à un degré très élevé de gloire et de félicité célestes, il était naturel et conforme à la Sagesse divine que l'ange préposé à sa garde eût d'elle un soin tout spécial. La grâce, qui se manifestait par ailleurs dans celte âme fortunée en des phénomènes si prodigieux, allait prendre corps d'une façon non moins prodigieuse dans l'assistance de son bon Ange.


(1) Exod. XXIII, 20.


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