VIE DE GEMMA GALGANI - La Séraphique Vierge de Lucques - R. P. Germain

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Message  Monique Dim 08 Aoû 2021, 9:00 am

On raconte qu'au moment des adieux tous les membres de la famille Lencioni sentirent leurs cœurs se briser, tant la douce enfant se les était attachés par ses belles qualités ; et on vit son oncle lui-même, caractère rude et difficile à émouvoir, se jeter irrésistiblement dans les bras de cette chère nièce, en versant d'abondantes larmes.

À peine parmi les siens, Gemma sentit son état s'aggraver. Aux douleurs des reins et de l'épine dorsale vinrent s'ajouter la déviation de la colonne vertébrale, des crises terribles de méningite, la perte totale de l'ouïe, la chute de la chevelure et enfin la paralysie des membres. Au début, dans l'espoir d'éviter l'inspection du médecin, redoutée par sa pudeur, la jeune fille dissimula l'acuité de ses souffrances, particulièrement excessives dans la région des reins. Comment se laisserait-elle examiner et toucher par un étranger, elle qui ne se permettait même pas de diriger un regard vers les parties les plus endolories, ni même d'en approcher la main pour se rendre compte du mal ? Devant l'effrayante aggravation des symptômes, sa perplexité devint extrême. Elle eût certainement préféré subir des tortures dix fois plus cruelles plutôt qu'une visite médicale, car se rappelant toujours les paroles entendues dans sa première enfance des lèvres de sa mère : Notre corps est le temple de l'Esprit-Saint, elle entendait à tout prix le faire respecter comme tel. Mais un soir, un médecin appelé à son insu par la famille entra subitement dans sa chambre, et malgré son refus, que n'avait pu fléchir aucun argument, voulut à toute force l'examiner. Sur l'ordre formel de ses tantes, Gemma dût offrir à Dieu l'inévitable sacrifice.

L'inspection révéla dans la région lombaire un gros abcès paraissant communiquer avec l'un des reins. Le médecin, effrayé, réunit une consulte de doctes professeurs, qui déclarèrent unanimement la jeune fille atteinte dune affection vertébrale de nature très grave et difficilement curable. (1). Ils ordonnèrent quelques médicaments dont l'effet fut nul ; bientôt même les progrès incessants du mal contraignirent l'infirme, devenue incapable de mouvement, à s'aliter définitivement.

Tandis que s'épuisait le frêle corps de l'innocente enfant, son âme s'épanchait en tendres gémissents, en ces gémissements d'amour qui consolent et soulagent, et que l'on n'échangerait point contre 1e éphémères plaisirs des mondains. Sa pensée s'envolait constamment vers Jésus qui satisfaisait enfin ses ardents désirs de souffrir pour Lui plaire. D'ailleurs, comme son confesseur était désormais à sa portée, son âme restait en paix ; et le Seigneur, en signe dc particulière complaisance, lui faisait éprouver une douleur intense et une horreur toujours plus grande du péché. Douleurs physiques et regrets purifiants d'un passé moins parfait s’unissaient pour activer l'œuvre de sa sanctification.

Impuissante à se mouvoir d'elle-même, la malade, sur son lit de souffrance, gisait dans une perpétuelle immobilité si des bras charitables ne venaient lui apporter le soulagement d'un changement de position ; et ainsi s'écoulaient pour elle les jours et les nuits, sans autres consolations intérieures que celles que lui donnait l'oraison et sa résignation aux dispositions providentielles. Parfois, lorsqu'elle se plaignait amoureusement au Sauveur de ne pouvoir même plus prier, elle en recevait par l'intermédiaire de son Ange gardien de fortifiantes exhortations. « Si Jésus t'afflige dans ton corps, disait l'esprit céleste, c'est pour mieux purifier ton âme ; prends patience. »


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Message  Monique Lun 09 Aoû 2021, 7:24 am

Faisant allusion plus tard à cette familiarité toujours croissante de son bon Ange, Gemma écrira : « Oh ! Combien de fois dans ma longue maladie me disait-il au cœur des paroles consolantes ! »

Les membres de la famille Galgani faisaient l'impossible pour venir en aide à cette chère enfant. Malgré leur état de gêne profonde, ils ne négligeaient aucun soin, ne reculaient devant aucun sacrifice pour obtenir sa guérison, jusqu'à ce qu'enfin, désespérant des moyens humains, ils se tournèrent avec confiance vers le ciel.

Émue de tant de témoignages d'affection, la jeune fille souffrait à la pensée d'être pour tous une, charge par sa longue et fastidieuse maladie ; et son chagrin devint si vif que le Seigneur, soit pour l'humilier, soit pour la réconforter, daigna l'en reprendre Lui-même. « Un matin, raconte en effet Gemma, comme on venait de m'apporter la sainte communion dans la maison, Jésus d'une voix assez forte me fit un grand reproche : il m'appela une âme faible. C'est ton amour-propre, me dit-il, qui regimbe de ne pouvoir partager la vie ordinaire de ton entourage ; ou bien c'est le besoin inévitable des soins d'autrui qui te cause une excessive confusion. Plus morte à toi-même, tu n'éprouverais pas semblable inquiétude. »

Consolée autant qu'éclairée par ces paroles, la pieuse enfant recouvra la paix, et depuis lors resta indifférente au, vicissitudes de son état comme aux incidents de famille.

Cependant l'annonce de sa cruelle maladie s'était répandue dans la ville, et de nombreuses amies accouraient admirer de près ce qu'elles-mêmes proclamaient un prodige de patience dans une tendre jeune fille. Gemma, les accueillant avec un aimable sourire et des témoignages de gratitude, échangeait avec elles des paroles d'édification, les seules quelle sût tirer de son cœur. Il lui était également indifférent, leur disait-elle, de s'envoler au ciel sur-le-champ, ou de rester encore sur cette pauvre terre pour y souffrir tant qu'il plairait à Dieu.

Des âmes compatissantes, devant l'inutilité des soins médicaux, s'efforçaient souvent de lui faire espérer un miracle tantôt de la médiation d'un saint, tantôt de celle d'un autre, suivant leur dévotion particulière. L'une de ces visiteuses, voulant exciter sa confiance dans un nouvel intercesseur, ou distraire du moins par une édifiante lecture les longues heures du jour, lui apporta la Vie du Bienheureux Gabriel de l'Addolorata, de la Congrégation des Passionistes, alors seulement Vénérable. Gemma n'avait pas encore entendu parler du jeune saint ni de ses nombreux miracles, dont la renommée cependant remplissait toute l'Italie ; aussi ne manifesta-t-elle à son égard aucun enthousiasme bien que sa famille commençât à lui adresser d'ardentes prières.


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Message  Monique Mar 10 Aoû 2021, 8:46 am

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Voici comment le Seigneur alluma dans le cœur de sa servante envers ce Bienheureux une étincelle de dévotion, de confiance et d'amour qui ne devait pas tarder à croître en incendie. Dans une de ses heures de solitude, la pauvre patiente se sent soudain envahie par de sombres pensées de mélancolie et une tristesse immense. Lasse, épuisée, impuissante à trouver dans une vue de foi le moindre secours, un découragement profond la saisit et la vie lui paraît insupportable. Rien de plus naturel, semble-t-il, qu'une pareille crise de désespérance dans une infirme réduite à un si lamentable état. Cependant ce n'était là qu'une tentation, habilement dissimulée, de l'astucieux ennemi qui cherchait à s'insinuer ainsi sans bruit dans l'âme de la jeune fille pour arriver plus sûrement à la perdre.

Lorsque par son artifice il croit l'avoir complètement bouleversée, levant subitement le masque il se révèle et lui dit « Si tu m'écoutes je te délivrerai de tes tourments ; je te rendrai certainement la santé, et avec la santé tout ce qui pourra te plaire. »

Pour la première fois, nous voyons Gemma face à face avec Satan qui vient ouvertement engager la lutte. La tentation procéda-t-elle par voie de réelle apparition, ou plutôt, comme les paroles de la servante de Dieu le laisseraient entendre, par voie de simple suggestion ? Quoi qu'il en soit, l'issue n'en pouvait être douteuse. À une forte agitation, à un grand trouble intérieur jusque-là inconnu, la pieuse enfant, malgré son inexpérience en pareil cas, reconnaît de suite la présence du démon. Elle se souvient du Bienheureux Gabriel, l'invoque avec confiance et s'écrie : L'âme d'abord, le corps ensuite. Le tentateur est refoulé ; mais il ne tarde pas à revenir pour un second assaut ; une nouvelle invocation au Bienheureux et le signe de la croix le remettent définitivement en fuite. Dans sa victoire Gemma recouvre le calme et une union plus intime avec son Dieu, qui la récompense largement de son énergique résistance.

Ayant ainsi éprouvé l'efficacité de la protection du jeune saint, elle sent naître en son cœur de la reconnaissance à son égard avec un commencement d'affection. Sa première pensée à l'issue du combat est de rechercher le livre de sa vie qu'elle avait placé sous son chevet. « Le soir même, dit-elle, je me mis à lire la Vie du Confrère Gabriel, je la lus plusieurs fois ; je ne pouvais me rassasier de la relire et d'admirer ses vertus et ses exemples. Du jour où mon nouveau protecteur m'avait sauvé l'âme, j'éprouvai pour lui une dévotion particulière ; le soir, je ne trouvais pas le sommeil si son image n'était sous mon oreiller. Depuis lors je commençai d'avoir le Confrère Gabriel près de moi. Ici je ne sais m'expliquer ; mais je sentais sa présence à chacun de mes actes, il me revenait à la pensée. »


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Message  Monique Mer 11 Aoû 2021, 7:35 am

La dame qui avait prêté à notre malade la Vie du Bienheureux vint pour la reprendre. Mais combien les sentiments de la jeune fille, sur le point de perdre le cher livre, différaient de ceux avec lesquels elle l'avait reçu ! Son cœur se serra douloureusement, et les larmes jaillirent de ses yeux. La dame, émue elle-même, le lui laissa pour quelque temps encore. Cependant Gemma dût finalement s'en séparer. « Ce saint du ciel. écrira-t-elle, voulut bien vite me récompenser du petit sacrifice, car la nuit suivante il m'apparut, drapé dans un manteau blanc. J'ignorais qui il était. S'en apercevant il ouvrit son manteau et laissa voir l'habit des Passionistes. Je ne tardai pas alors à le reconnaître. Il me demanda pourquoi j'avais pleuré en rendant le livre de sa Vie. Je ne sais quelle fut ma réponse, mais il me dit : Sois vertueuse je reviendrai te voir. »

Cette courte visite du Bienheureux Gabriel, en comblant d'une paix et d'une suavité délicieuses l'âme de la jeune fille, raviva fortement son ancien désir du ciel. « Allons à Jésus, l'entendait-on souvent s'écrier, oui allons à Jésus, pour rester toujours avec Lui. » Mais Jésus n'entendait pas l'exaucer encore, et elle, le comprenant bien, comprimait son brûlant désir, pleinement résignée sur son lit de douleur à sa volonté sainte.

La jeune infirme gisait toujours immobile dans son lit de douleur. De temps à autre, pour la soulager, des bras charitables la changeaient de position. Outre les membres de sa famille, les excellentes sœurs de Saint Camille, dites Barbantines, lui donnaient assidûment leurs soins, mues certainement en cela par l'héroïque charité dont elles font profession, mais aussi par leur grande vénération pour la chère malade. Parfois elles amenaient quelqu'une de leurs novices pour l'édifier an spectacle de tant de ferveur et de vertu. Venaient également dans un but d'édification les sœurs de sainte Zite qui avaient gardé à leur ancienne élève une vive affection et qui rappellent encore « les très beaux exemples de vertu dont elles furent témoins durant sa longue maladie. »

Cependant les mois s'écoulaient sans apporter d'amélioration à la douloureuse situation de la patiente. La misère de la famille croissait avec les dettes occasionnées par tant de médecins et de remèdes, au point que personne ne voulait plus lui faire crédit d'un denier, Les âmes charitables qui venaient voir la sainte malade eussent certainement remédié en quelque manière à cette détresse, mais les malheureux enfants de monsieur Galgani se souvenant de leur prospérité d'hier, se gardaient bien de la révéler ; de sorte que souvent ils ne disposaient même pas d'un centime pour procurer à leur bien-aimée sœur le plus léger soulagement.

On arriva ainsi à la veille de l'Immaculée Conception. 7 décembre 1898, Les sœurs Barbantines se présentèrent pour leur visite habituelle, accompagnées d'une postulante que son jeune âge empêchait de revêtir l'habit religieux. La vue de cet ange éveille en Gemma le désir de l'imiter ; croyant à une inspiration divine elle prend la résolution de promettre à la Vierge. en cas de guérison, d'entrer chez les Barbantines. « Cette pensée me consola, écrit-elle ; j'en parlai à sœur Léonide qui s'engagea, si je venais à guérir, à m'admettre à la vêture à la même époque que la petite postulante. »

Tout heureuse malgré ses souffrances physiques, la douce infirme manifeste son intention à son confesseur, venu ce même jour lui apporter les grâces du sacrement de Pénitence. « Il approuva de suite mon projet, continue-t-elle, et de plus m’accorda une autre consolation, toujours refusée jusque-là, celle de prononcer le soir même le vœu de virginité perpétuelle. »


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Message  Monique Jeu 12 Aoû 2021, 8:58 am

Gemma touchait enfin au comble de ses désirs ; désormais elle pourra se proclamer toute à Jésus, à Jésus seul. En cette soirée une paix céleste descendit en son âme, et son amour attendit impatiemment le lever du jour suivant qui devait l'unir à Jésus par la sainte communion, pour la première fois depuis son vœu perpétuel de virginité, et lui donner en même temps la joie d'offrir à sa céleste Mère, en la fête de son Immaculée-Conception, la licite promesse de prendre le voile.

Comme elle s'abandonnait à ces douces pensées, un tranquille sommeil vient clore ses paupières et reposer ses membres endoloris, Alors lui apparut de nouveau son cher protecteur, le Bienheureux Gabriel ; il lui dit : « Gemma, fais volontiers le vœu d'entrer en religion, mais n'y ajoute rien. » Pourquoi n'y rien ajouter ? demande-t-elle, ne saisissant point le sens de ces paroles. Pour toute réponse elle entend ces deux mots, accompagnés par le Bienheureux d'un tendre regard et d'un angélique sourire : Sorella mia ! Ma chère sœur ! « Je ne comprenais rien à tout cela, reprend Gemma ; pour le remercier je lui baisai l'habit. Alors il détacha de sa poitrine son cœur, (l'emblème des Passionistes), me le fit baiser et le posa sur la mienne, par-dessus les draps de lit, en me redisant Sorella mia ! et il disparut. » (2).

Le matin suivant, la jeune vierge recevait Jésus-Eucharistie et prononçait son vœu, l'âme inondée des plus suaves délices.

De telles faveurs spirituelles, courte trêve à ses maux, n'empêchaient point l'affaiblissement progressif de ses forces. Les médecins eurent recours, comme suprême ressource, à l'opération de l'abcès des reins et à l'application de pointes de feu le long de l'épine dorsale ; c'était le 4 janvier 1899. La sainte enfant que préoccupait toujours avant tout la garde de sa pudeur, refusa de se laisser endormir. Elle supporta héroïquement le supplice, fort inutile d'ailleurs, car le mal continua ses ravages, et le 20 du même mois un nouvel abcès accompagne de fortes douleurs spasmodiques, s'ajoutait à ceux de la tête. Le docteur mandé en toute hâte dût se borner à constater la gravité du danger, la faiblesse de l'infirme ne permettant pas de le conjurer par une opération chirurgicale. D'autres médecins déclarèrent également le cas désespéré. « Le 2 février, écrit Gemma, je me confessai, je reçus le saint Viatique, et j'attendis le moment de m'en aller à Jésus. Les médecins, croyant que je n'entendais pas, avait dit entr'eux que je n'arriverais pas à minuit. »

Cependant Gemma ne devait pas mourir encore. Il était dans les desseins du Seigneur de se glorifier en elle par l'effusion des dons surnaturels les plus extraordinaires. La guérison ne demandait pas moins qu'un miracle ; mais Dieu le fit, et d'une façon assez singulière que Gemma va nous raconter....


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(2) Le Bienheureux entendait conseiller à la jeune fille de formuler simplement le vœu d'entrer en religion, sans se lier vis-à-vis d'aucune Congrégation. Ensuite il lui faisait aisément comprendre qu'elle serait religieuse Passioniste, au moins d’esprit et de cœur, c'est-à-dire mystiquement transformée en Jésus-Crucifié.


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Message  Monique Ven 13 Aoû 2021, 6:55 am

« Ma famille, disait-elle, faisait des triduums et des neuvaines pour ma guérison. Moi seule, réconfortée par les douces et tendres paroles que j'entendais de la bouche même de Jésus, je restais indifférente. Une de mes anciennes maîtresses vint me visiter une dernière fois, pour me dire adieu et au revoir au ciel - j'étais si mal en effet ! Elle me pressa toutefois de faire moi-même une neuvaine à la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, m'assurant que j'obtiendrais la grâce d'une guérison parfaite, ou d'une prompte mort qui m'ouvrirait le ciel. Pour lui faire plaisir je la commençai ; c'était le 23 février (1899). Quelques instants avant minuit j'entendis un bruit de chapelet, puis une main se posa sur mon front, et une voix commença neuf fois de suite un Pater, Ave, Gloria. À peine répondais-je, tant j'étais faible. Cette voix me dit ensuite : Veux-tu guérir ? invoque avec ferveur chaque soir le Cœur sacré de Jésus. Je viendrai près de toi tous les jours de la neuvaine et nous prierons ensemble. C'était le Vénérable Gabriel, Passioniste, qui revint en effet chaque soir. Il me posait toujours la main sur le front et nous récitions les prières au Sacré-Cœur de Jésus. Il m'y faisait ajouter trois Gloria en l'honneur de la Bienheureuse Marguerite-Marie. La neuvaine se termina le premier vendredi du mois. Je me confessai, et le matin de bonne heure je reçus, toujours clouée au lit, la sainte communion. Oh ! les moments délicieux que je passai avec Jésus ! Il me répétait : Gemma, veux-tu guérir ? Moi, d'émotion, je ne pouvais répondre. Je dis alors du cœur : Jésus, comme vous le voudrez vous-même. Le bon Jésus ! la grâce était accordée, j'étais guérie. Deux heures ne s'étaient pas écoulées depuis la communion que j'étais debout. Ceux de ma famille pleuraient de bonheur. Moi aussi j'étais contente, non d'avoir recouvré la santé, mais parce que Jésus m'avait choisie pour sa fille. En effet, avant de me quitter, dans cette matinée, il m'avait dit au cœur d'une voix pénétrante :« Ma fille, après la grâce que tu viens de recevoir tu me suivras avec plus d'ardeur encore. Je serai toujours avec toi, je te servirai de père, et ta mère, la voici (il me montrait la Vierge des Douleurs). (3) Mon assistance paternelle ne peut faire défaut à celui qui s'abandonne entre mes mains ; rien donc ne te manquera, lors même que je t'enlèverai toute consolation et tout appui sur la terre. »



Heureuse perte ! heureux gain ! Oui, heureuse la perte de toutes les joies humaines, lorsqu'elle est compensée par le gain et la possession de Jésus ! La suite de cette biographie va nous en donner une preuve palpable.


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(3) Le Sauveur montrait une statuette de Notre-Dame des Sept-Douleurs, placée en face du chevet de la malade - Gemma l'avait reçue de sa mère mourante, particularité, qui la lui rendait doublement chère. Elle aimait à y arrêter souvent ses regards, même pendant la nuit, pour compatir aux ineffables douleurs de sa céleste Mère et lui offrir son cœur.


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Message  Monique Sam 14 Aoû 2021, 9:11 am

CHAPITRE VI




ASPIRATIONS VERS LA VIE CLAUSTRALE.

AU COUVENT DE LA VISITATION,

(mars-mai 1899)



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À peine sortie, par un éclatant miracle, (1) du lit de douleur où son âme s'était purifiée comme le fer dans la fournaise et toute embrasée d'amour divin, l'angélique enfant se hâta de reprendre toutes ses pratiques de piété, principalement celle de la communion quotidienne. « Alors, dit-elle, je ne pouvais pas vivre si chaque matin je n'allais à Jésus. »

Elle se sentait dévorée d'une faim intense de l'Eucharistie, que n'avaient guère pu apaiser durant sa maladie de plus de douze mois les quelques communions accordées de loin en loin. C'est au banquet sacré qu'elle trouva la réalisation de la promesse du Seigneur : « Rien ne te manquera, lors même que je t'enlèverai toute consolation et tout appui sur la terre. » Jésus-Hostie lui tint lieu de tout.

Sitôt guérie, Gemma qui soupirait depuis plusieurs années après la vie claustrale fit connaître à sa famille son intention d'exécuter son projet et son vœu. Personne ne songea sur le moment à contrarier une vocation pour tous si manifeste, d'autant plus qu'on n'en supposait point la réalisation si prochaine. Mais la servante de Dieu entendait bien voler sur-le-champ vers la solitude d'un cloître silencieux pour y vivre seule avec Jésus.

Diverses circonstances des derniers temps de sa maladie pouvaient la laisser indécise sur le choix d'une Congrégation. Sous l'inspiration des sœurs Barbantines, elle avait promis à la Vierge en cas de guérison d'entrer dans leur Institut. D'un autre côté, le Bienheureux Gabriel, dans une apparition, l'avait plusieurs fois appelée sa sœur en posant sur sa poitrine l'emblème de l'Ordre des Passionistes.

Enfin une voix mystérieuse semblait l'avoir invitée à prendre le voile à la Visitation. Gemma penchait plutôt vers cette dernière Congrégation, sans doute par reconnaissance pour la Bienheureuse Marguerite-Marie dont l'intercession lui avait obtenu la santé. Aussi écrivait-elle six jours après sa prodigieuse guérison : « Je voudrais voler sur-le-champ là où me veut la bienheureuse Marguerite-Marie. Oh ! comme on est mal dans le monde ! Depuis que j'ai quitté mon lit d'infirme, j'éprouve pour ce qui passe, une inexprimable aversion. »


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Message  Monique Dim 15 Aoû 2021, 8:41 am

Cependant le bruit de sa guérison se répandait dans la ville de Lucques, non sans susciter de nombreux commentaires. Les Visitandines exprimèrent le désir de voir la jeune fille pour entendre de sa propre bouche les détails de cet événement. On ne pouvait leur refuser une aussi légitime satisfaction.

La miraculée fut accueillie avec empressement dans leur monastère et les religieuses, à la pensée de la posséder un jour, définitivement, manifestèrent toute leur joie. Ce jour, Gemma croyait bien le connaître avec certitude depuis l'instant de sa guérison, où une voix céleste lui avait fait entendre ces paroles : « Renouvelle à Jésus toutes tes promesses, et ajoutes-y qu'au mois consacré au Sacré-Cœur. toi aussi tu iras te consacrer à Lui. » La pieuse enfant avait interprété ces paroles comme un appel à la Visitation, et dans son impatient désir d'y répondre elle languissait de voir ce moment encore éloigné.

« Aujourd'hui, écrivait-elle, nous sommes au 9 mars ; comment patienter jusqu'au 1er juin ? » Pour abréger son tourment, les Visitandines promirent de la recevoir comme retraitante vers le premier mai, et un mois plus tard comme postulante. Trente jours d'attente s'écoulèrent pendant lesquels le Seigneur combla sa servante d'ineffables consolations.

À cette époque commence pour Gemma une vie toute céleste et à ce point extraordinaire qu'elle offre peu de différence avec celle des plus grands saints. Jusqu'ici elle a été favorisée, sans doute, d'illuminations intellectuelles nombreuses, de locutions divines, de suaves impressions dans l'âme, d'apparitions célestes, mais seulement par intervalles plus ou moins rapprochés. Aujourd'hui s'ouvre la série des communications divines presque ininterrompues et de l'ordre le plus élevé : lumières éclatantes, sublimes attractions, très puissants stimulants, qui vont conduire si rapidement la jeune vierge à une admirable perfection. Intime est son union avec Dieu que sa pensée contemple sans défaillance, sans pouvoir s'arrêter sur aucune créature. Par son abandon absolu à la Providence et son inaltérable uniformité aux vouloirs divins, elle conserve le calme et la joie au sein des plus dures épreuves. En un mot, Gemma ne vit que pour son Dieu vers lequel convergent tous ses désirs et que réclament toutes les palpitations de son cœur. En Lui seul son âme se délecte et repose tranquille.

Cependant la semaine sainte approchait. Gemma l'attendait impatiemment pour épancher en ces jours mémorables ses tendres sentiments envers Jésus Crucifié. Avant de dire les grâces importantes reçues en cette grande semaine, il me faut parler de l'Heure sainte pratiquée par la jeune fille ; car, c'est durant ce pieux exercice que s'accompliront en elle dans les dernières années de sa vie les plus étonnants prodiges de l'amour divin.

Elle lui avait été suggérée et expliquée pendant sa maladie, en vue de fortifier sa patience, par la sœur Julie, une de ses anciennes maîtresses de l'Institution Guerra. S'unir d'une manière spéciale au divin Rédempteur le jeudi de chaque semaine, jour où commença la très douloureuse Passion, devait plaire infiniment à la fervente enfant, qui malgré son épuisement physique voulut embrasser de suite cette dévotion. Elle demanda le manuel de l'Heure sainte. Cet opuscule, dû à la fondatrice de l'Institut de sainte Zite, Hélène Guerra, a pour titre : « Une heure d'oraison avec Jésus agonisant à Gethsémani » et renferme quatre très pieuses méditations sur ce mystère, suivies de prières et d'offrandes. Après un coup d'œil sur ces pages, Gemma se croit en possession d'un trésor et fait au Cœur de Jésus la promesse de ne jamais omettre de sa vie la touchante pratique, si elle vient à guérir de sa mortelle maladie. La santé miraculeusement recouvrée, elle s'empresse de tenir parole avec l'approbation de son confesseur ; c'était le Jeudi-saint.


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Message  Monique Lun 16 Aoû 2021, 8:32 am

Pour mieux se disposer au pieux exercice la jeune fille le fait précéder d'une confession générale. Une préparation si sérieuse révèle la haute idée que le Seigneur lui avait inspirée d'une pratique secrètement ordonnée par sa Providence à la fin miséricordieuse dont il sera question dans un autre chapitre. Écoutons Gemma nous décrire les opérations de la grâce en ce Jeudi-Saint.



« Je commençai pour la première fois à faire hors de mon lit l'heure sainte, suivant ma promesse au Sacré-Cœur. Le regret de mes péchés atteignit une telle intensité que j'endurai un véritable martyre. Dans ma douleur immense il me restait une force qui était en même temps un soulagement celle de pleurer. Je pleurai donc et je priai l'heure entière, puis je m'assis. La douleur continuait. Après quelques instants je sentis un grand recueillement et comme une défaillance soudaine de mes forces. À peine si je pus me lever pour fermer à clef la porte de ma chambre. Où me trouvai-je alors ? En présence de Jésus crucifié, ruisselant de sang de toutes parts. Très troublée à cette apparition je baissai les yeux et fis le signe de la croix. Au trouble succéda bientôt la tranquillité de l'esprit (2) ; mais la douleur de mes péchés n'en devenait que plus vive. Ne me sentant pas un instant le courage de lever les yeux vers Jésus, je me prosternai le front contre terre et restai plusieurs heures dans cette position. Je revins à moi ; les plaies de Jésus s'étaient si bien gravées dans mon esprit qu'elles ne s'en sont jamais effacées. »



La vision avait disparu. Gemma, brûlant d'amour pour Jésus crucifié, soupire alors après le lever du Vendredi-saint pour contempler ses ineffables douleurs et s'unir à ses trois heures d'agonie, Mais, l'heure des saints offices venue, sa famille lui refuse par prudence l'autorisation de se rendre à l'église, dans la crainte qu'en un tel jour la vivacité de sa foi et la tendresse de son amour ne brisent son cœur. La chère enfant ressent jusqu'au vif cette contrariété et ses yeux se remplissent de larmes ; cependant elle se maitrise puisqu'elle nous dit : « Je fis résolument à Jésus ce premier sacrifice, et Jésus si généreux pour moi voulut le récompenser. »

Pour ne point perdre le fruit de l'exercice qu'elle eût voulu accomplir à l'église, la jeune fille se renferme dans sa chambre et, seule, commence les trois heures d'oraison. Que dis-je, seule ? À peine à genoux, elle voit approcher son Ange gardien. L'esprit céleste lui reproche les larmes qu'elle vient de verser, fait entendre de sages avertissements sur la force d'âme que Dieu demande en face du sacrifice ; puis il s'unit à ses prières et l'aide à tenir compagnie à Jésus souffrant et à la sainte Mère des Douleurs. Avec une telle assistance Gemma reçoit dans sa contemplation de si grandes grâces qu'elle pourra dire dans la suite à son directeur : « Ce fut la première fois et le premier vendredi que Jésus se fit sentir si fortement à mon âme ; et bien que je ne l'aie pas reçu des mains du prêtre, parce que c'était impossible (3), Jésus vint lui-même se donner à moi (4). Notre union fut si intime que j'en demeurai interdite. Qu'elle était impressionnante la voix de Jésus ! »


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(2) Voici, selon les théologiens, la différence entre les apparitions célestes et les apparitions diaboliques : les premières inspirent d'abord la crainte et, aussitôt après, une joyeuse tranquillité, tandis que les secondes débutent par une fausse sécurité - dont le but est certainement de parvenir à mieux nuire - pour se terminer par un grand trouble et une vive frayeur. Il est donc facile de distinguer les unes des autres.

(3) Le, Vendredi-Saint on ne communie pas les fidèles.

(4) De quelle manière Jésus se donna-t-il à Gemma, on le verra au chapitre qui traite de la dévotion de la jeune fille à l'Eucharistie.


A suivre...
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Message  Monique Mar 17 Aoû 2021, 7:36 am

De pareilles faveurs, en comblant de consolation l'âme de la jeune fille, la remplissaient de confusion et de crainte, tant elle s'en jugeait indigne ; elle eût voulu, dans son humilité, n'en rien laisser soupçonner à personne. Pour la déterminer à révéler à son propre confesseur l'émouvante apparition du Jeudi-Saint, l'Ange gardien avait dû l'exhorter à plusieurs reprises et même la gronder. Cette vue du Rédempteur tout couvert de sang avait enflammé dans le cœur de la Servante de Dieu deux sentiments : « Celui de l'amour, nous dit-elle, de l'amour jusqu'au sacrifice, et un vif désir de souffrir quelque chose pour Celui qui souffrait tant pour moi. »

En conséquence, qu'imagine-t-elle ? Elle se rend, sans être aperçue, au puits de la maison, en détache la corde, la met en plusieurs nœuds et en étreint sa chair. Mais comment parvenir au degré rêvé d'amour de Dieu ? L'ardente enfant le demande à son confesseur, et comme la réponse lui paraît insuffisante, elle s'adresse directement au Seigneur. « J'étais inquiète, écrit-elle, de ne savoir aimer ; mais Jésus dans sa bonté infinie daigna s'abaisser jusqu'à venir se faire mon maître. »

C'était un jour d'avril de l'année 1899, pendant la prière du soir. Seule dans sa chambrette, la jeune vierge tenait sa pensée et son cœur dirigés vers Jésus crucifié lorsque « soudain, continue-t-elle, je me sentis profondément recueillie et je me trouvai pour la seconde fois en présence de Jésus crucifié. Il me dit, en me montrant ses cinq plaies béantes : Regarde, ma fille, et apprends comment on aime. Vois-tu cette croix, ces épines et ces clous, ces chairs livides, ces meurtrissures, ces plaies ? Tout est l'œuvre de l'amour, et de l'amour infini. Voilà jusqu'à quel point je t'ai aimée. Veux-tu m'aimer vraiment ? Apprends d'abord à souffrir : la souffrance apprend à aimer. » À une telle vision, à de telles paroles la tendre jeune fille éprouve une douleur si intense qu'abandonnée de ses forces elle tombe évanouie et reste plusieurs heures étendue sur le sol.

Enfant prédestinée, vous savez maintenant de la bouche même du divin Maître comment on aime. Préparez-vous donc à la douleur qui doit faire de vous un brûlant séraphin.

Cependant on approchait du premier mai, jour fixé à Gemma par les religieuses visitandines pour le commencement d'un cours d'exercices spirituels dans leur couvent. La jeune fille comptait les heures qui la séparaient encore de cette date si attendue, qu'elle espérait bien devoir être celle de l'adieu définitif au monde et de sa donation entière au bien-aimé Jésus. De son côté, le Sauveur continuait activement par sa grâce la purification de cette âme d'élite, en vue de la préparer à un don mystique des plus rares.


A suivre...
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Message  Monique Mer 18 Aoû 2021, 9:14 am

Enfin le premier mai parut. Vers huit heures du soir, Gemma se rendit en tressaillant d'allégresse au saint asile de la Visitation où dès l'entrée il lui sembla, selon son expression, se trouver en paradis. Elle avait défendu aux siens de venir la visiter pendant les jours de la retraite, qui devaient être, leur avait-elle dit, « tout pour Jésus. »

Suivons la fervente enfant dans ces saints exercices dont elle conservera le plus précieux souvenir ; elle leur devra la dernière préparation à la grâce extraordinaire qui formera le sujet du chapitre suivant.

En la recevant dans leur monastère, les Visitandines n'avaient pas seulement l'intention, on l'a déjà dit, de la garder quelques jours ; elles entretenaient l'espoir d'en faire l'acquisition, car en dépit de sa pauvreté et de son dénuement bien connus, Gemma par ses grandes vertus constituait un vrai trésor. Aussi fut-il décidé, d'accord avec son confesseur, qu'elle ne ferait point les exercices spirituels sous forme privée, comme une personne étrangère, mais conformément à l'horaire de la communauté. Elle prendrait part à l'office du chœur, à la méditation commune, aux repas et aux autres exercices de règle, comme une véritable novice.

L'humble vierge eût préféré rester solitaire et passer inaperçue, mais sachant bien que l'obéissance et l'abnégation de la volonté propre plaisent souverainement au Seigneur, elle se laissa confier sans difficulté à la maîtresse des novices comme l'une d'entr’elles. Les Visitandines entendaient de la sorte l'examiner de près et ménager en même temps à leurs jeunes recrues par l'édification de ses bons exemples un grand avantage spirituel, confirmées qu'elles étaient dans leur haute estime de cette enfant par Monseigneur Volpi, son confesseur et leur grand protecteur. Prévenues en sa faveur, novices et professes se prirent à entourer d'attentions la nouvelle venue. La mère supérieure surtout lui prodiguait des marques particulières d'affection. Au réfectoire elle la voulait à son côté, à la place d'honneur. Sa joie était de s'entretenir souvent avec elle des choses divines, pendant la récréation du soir, ou dans sa chambre aux moments que la fervente retraitante ne passait pas au chœur, seule avec Dieu.

Les lumières et les communications célestes reçues en ces saints jours, Gemma nous les laisse soupçonner par ces mots : « Jésus, sans regarder à ma misère, m'apportait ses consolations et de plus en plus se faisait sentir à mon âme. » C'est-à-dire, pour qui connaît son langage, que le ciel se déversait alors dans son âme pour l'exciter au bien et ravir toutes ses affections.

Gemma goûtait un réel bonheur au couvent de la Visitation ; cependant elle ne se sentait point dans son véritable élément. La règle paraissait bien peu sévère à sa ferveur. Dans son désir d'offrir à son Jésus de grandes pénitences, ce genre de vie lui semblait trop commode, et le divin Maître lui-même le lui aurait laissé entendre. « Plusieurs fois, par intervalles, raconte-t-elle, Jésus me dit intérieurement : Ma fille, je veux pour loi une règle plus austere. »

Somme toute, elle restait volontiers dans ce saint asile, tremblant à la seule pensée d'avoir à le quitter pour rentrer dans sa famille. Elle ne cessait de prier son confesseur de lui obtenir de l'autorité ecclésiastique d'y demeurer définitivement. On alla donc trouver l'Archevêque. Le saint prélat, - c'était Monseigneur Ghilardi - avait certainement entendu déjà parler de Gemma ; on la lui avait représentée comme une personne délicate de santé, malgré le miracle de sa guérison, et de constitution faible, portant d'ailleurs encore le corset de fer que les médecins lui avaient ordonné au début de sa maladie pour enrayer la déviation vertébrale. Dans ces conditions, il crut prudent de refuser l'autorisation sollicitée. À cette annonce, la mère supérieure vivement désireuse d'éloigner tout obstacle ordonna à la jeune fille de quitter le corset de fer. Celle-ci ne se fit pas prier. Sur l'heure même elle se défit du malencontreux appareil et jamais plus ne le reprit sans qu'elle eût à le regretter le moins du monde. Mais tout fut inutile. L'Archevêque, certainement inspiré de Dieu, resta inflexible et défendit d'admettre l'aspirante au noviciat le mois de juin comme on l'avait projeté. Il autorisa seulement à la garder au monastère jusqu'au vingt mai, pour lui donner la consolation d'assister à la profession de quelques novices, fixée à cette date. Gemma ne reçut point d'abord communication de la décision épiscopale aussi le matin du vingt mai et durant la cérémonie de la profession dont elle espérait être plus tard l'héroïne à son tour, la vit-on toute rayonnante de bonheur. « Jésus, dit-elle, attendrit mon cœur plus que de coutume ; » sans doute pour la préparer à son départ imminent. On la voyait à l'écart, absorbée dans une douce contemplation. « Je pleurai, je pleurai beaucoup, ajoute-t-elle » ; larmes d'amour et de joie célestes.


A suivre...
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Message  Monique Jeu 19 Aoû 2021, 8:16 am

On raconte qu'en cette journée, tandis que toute la communauté faisait fête aux nouvelles professes, personne ne s'avisa que Gemma, restée toute la matinée en prière à la chapelle, n'avait ni déjeuné ni diner. Encore moins y avait-elle songé elle-même, dans son intime union à Dieu. Mais dans l'après-midi la faiblesse de la nature la trahit et ses forces défaillirent ; dès que les religieuses connurent la cause du malaise elles s'empressèrent de la conduire au réfectoire. Mais qu'était cette incommodité passagère à côté de la nouvelle qu'on lui apprit le soir même, d'avoir à quitter le monastère et rentrer dans sa famille. La douleur de la sainte jeune fille fut extrême, et seule put l'adoucir son héroïque résignation aux dispositions providentielles. « C'est à cinq heures du matin, le 21 mai 1899, dit-elle, que je dus partir ; je demandai en pleurant la bénédiction à la mère supérieure, je saluai les religieuses, et je sortis. Mon Dieu, quelle douleur ! »

La pauvre enfant rentra bien malheureuse dans sa maison, qui lui apparut alors à ce point différente du couvent qu'elle ne crut plus pouvoir y vivre. Que les occupations en étaient autres, et les personnes, et les discours ! Néanmoins, pour accomplir la volonté divine elle s'y accommoda et se livra aux soins domestiques avec sa première ardeur. Elle constatait d'ailleurs qu'ils ne la détournaient point de son attention aux choses célestes dont son cœur restait uniquement épris. Refoulant dans son âme et ses regrets et sa douleur, elle visait à l'accomplissement parfait de ses devoirs envers ses tantes, son jeune frère et ses petites sœurs ; elle se tenait entièrement à leur service, et par son exemple les encourageait à la patience dans la gêne toujours croissante de leur famille si éprouvée.

Parmi les pieuses pratiques de la jeune fille à cette époque, on rapporte celle-ci. On sait combien tendrement elle aimait son père qu'elle n'avait cessé d'entourer d'attentions filiales jusqu'à son dernier soupir. Après sa mort cette affection se manifesta par de continuels suffrages pour le repos de son âme. Durant son séjour chez sa tante de Camaiore elle se rendait souvent, en compagnie de sa cousine, à l'église de l'Abbaye, comme en un dévot pèlerinage, pour y recommander à la Vierge l'âme de son père ; et de retour à Lucques, elle ne laissa passer presque aucun jour de fête sans aller au cimetière avec sa sœur Julie prier sur sa tombe et sur celle de sa mère.

Et maintenant, à peine rentrée du couvent de la Visitation, Gemma reprend avec plus de ferveur la pieuse pratique. Après avoir entendu la sainte Messe et reçu le pain eucharistique elle se dirige avec sa chère compagne vers le cimetière, situé en dehors de la ville ; toutes deux y restent jusqu'à midi, heure de la fermeture des grilles. Cependant leur piété n'est pas encore satisfaite, elles attendent dehors la réouverture du champ de repos, silencieuses, recueillies et sans nul souci de la pluie, du froid ou de la chaleur. Un jour, une pauvre femme aperçoit de sa masure voisine les deux jeunes filles exposées sur la voie publique aux intempéries de la saison ; elle les invite à venir s'abriter et apprenant qu'elles sont à jeun leur offre une petite collation. En voyant de près les deux sœurs elle ne tarde pas à les prendre en affection et leur fait promettre de revenir chaque fois se reposer et se restaurer dans son humble réduit. Il arriva souvent dans la suite à nos pieuses enfants de trouver absente leur charitable hôtesse ; trop discrètes pour s'adresser ailleurs, elles restaient sans nourriture jusqu'à la fin du jour. Encore alors ne rentraient-elles pas directement dans leur famille. Entendant les cloches de la ville appeler les fidèles aux cérémonies du soir, elles s'arrêtaient dans quelque église pour assister à la bénédiction du Saint Sacrement. Ainsi finissaient de sanctifier leur journée ces deux anges, après avoir donné une entière satisfaction à leurs sentiments de piété filiale.

En congédiant Gemma le 21 mai de cette année, les Visitandines ne lui avaient pas enlevé tout espoir de la reprendre lorsque les difficultés survenues seraient aplanies ; et la jeune fille, bien que ne rencontrant point son idéal dans leur couvent, y serait volontiers revenue, ne fût-ce que pour échapper à la vie séculière.

Elle ignorait que la consécration au Sacré-Cœur dont lui avait parlé le Seigneur au moment de sa guérison miraculeuse ne se confondait point avec la consécration monastique dans un monastère de la Visitation ; c'était un simple moyen de hâter sa totale transformation en Dieu par la douleur et par l'amour. Mais Gemma n'interprétait pas ainsi les paroles du Sauveur. S'en tenant à la lettre, elle soupirait encore ardemment quoique avec résignation vers la vie claustrale et renouvelait sans se lasser sa demande d'admission au noviciat. Cependant les difficultés loin de disparaître allaient se multipliant. On exigeait maintenant des certificats de médecin et je ne sais quelles autres attestations difficiles à obtenir. De plus, comme toute sa dot consistait uniquement dans sa grande vertu et dans ses modestes effets d'habillement, les Visitandines, qui n'eussent point dès le début tenu compte de sa pauvreté, crurent y voir, avec le temps et de nouvelles réflexions, un obstacle insurmontable. La jeune fille s'aperçut bien vite de leur hésitation, mais sans se troubler. Avec sa confiance ordinaire elle se tourna de nouveau vers le Seigneur, qui lui fit clairement entendre cette fois que la mystérieuse consécration ne visait point la vie religieuse, du moins dans l'Ordre de la Visitation. Aussitôt Gemma cessa toute instance et attendit au sein de sa famille, dans la résignation et dans le calme, la manifestation de la volonté du ciel sur son avenir.


A suivre...
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Message  Monique Ven 20 Aoû 2021, 8:30 am

CHAPITRE VII



LES STIGMATES SACRÉS.

(8 juin 1899)



*****


Reproduire en sa personne une parfaite image de Jésus, telle fut la suprême aspiration de toute la vie de Gemma ; et comme le Fils de Dieu pour racheter nos âmes et mieux gagner nos cœurs est apparu en ce monde sous la forme de la douleur, sa fidèle servante ne voulut jamais savoir que Jésus Crucifié.

Les mystères de ses grandeurs divines semblaient peu occuper son esprit. « Ah mon Bien-Aimé, disait-elle avec l'Épouse des Cantiques, est pour moi un bouquet de myrrhe ; en Lui je ne veux apercevoir autre chose, car c'est la part qu'il s'est lui-même choisie. Aille qui veut, le contempler au Thabor, moi je reste sur le Calvaire, en compagnie de ma chère Mère des douleurs. » Gemma ne voulait d'autres images de dévotion que celles qui le représentaient souffrant pour nous.

Dès son enfance, on l'entendait dire souvent à sa pieuse mère : « Maman, parlez-moi de la passion de Jésus ; » et aux maîtresses de l'institution Guerra : « Mes sœurs, expliquez-moi quelque point des douloureux mystères de Jésus. » Et il fallait apporter, on s'en souvient, à la satisfaction de ses saints désirs une grande prudence, de peur que la vive émotion toujours provoquée en cette âme tendre par le récit des souffrances de son bien-aimé Jésus, n'occasionnât quelque trouble de santé.

De tels débuts, loin de se démentir, furent bientôt suivis d'étonnants prodiges, qui vinrent révéler d'une façon frappante, en la couronnant, l'entière transformation de Gemma en Jésus Crucifié.

On a vu comment le Sauveur, en vue d'enflammer la dévotion de sa servante envers sa douloureuse Passion, lui apparaissait quelquefois tout inondé de sang, et par la vue saisissante de ses plaies ouvertes la stimulait à l'aimer et à souffrir pour Lui. De telles visions et des paroles surnaturelles ménagées avec une très particulière providence disposaient graduellement son âme au don inappréciable que lui réservait le Sacré-Cœur. Après sa sortie du couvent de la Visitation, Gemma entendit une voix mystérieuse lui dire avec force à l'oreille : « Allons, prends courage ; oublie toutes les créatures ; abandonne-toi sans réserve à Jésus. Aime-le beaucoup, n'oppose aucun obstacle à ses desseins et tu verras quel chemin en peu de temps il te fera parcourir, sans même que tu t'en aperçoives. Éloigne toute crainte : le Cœur de Jésus est le trône de la miséricorde, où les misérables sont le mieux accueillis. » Réconfortée par ces paroles, la jeune fille, se tournant vers une image du Sacré-Cœur, s'écria : « Ô mon Jésus, je voudrais vous aimer beaucoup, beaucoup ; mais je ne sais. » Et la voix surnaturelle de reprendre : « Veux-tu toujours aimer Jésus ? Ne cesse un moment de souffrir pour Lui. La croix est le trône des vrais amants ; la croix est le patrimoine des élus en cette vie. »


A suivre...
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Message  Monique Sam 21 Aoû 2021, 8:55 am

Enfin un jour après la sainte communion, elle entendit Jésus même lui dire : « Gemma, courage ! je t'attends au Calvaire, sur cette montagne vers laquelle je t'ai dirigée. » C'est bien en effet vers ce noble rendez-vous que l'avait acheminée la Providence par les multiples épreuves de la vie domestique, par les atroces douleurs de sa longue maladie, et tout dernièrement, par une retraite de trois semaines à la Visitation, par un repentir extraordinaire de ses fautes, par une confession générale accompagnée de tant de larmes, par le refus même des Visitandines de l'accepter au noviciat, enfin par les grâces extraordinaires prodiguées à la jeune vierge depuis sa prodigieuse guérison jusqu'à ce jour. Maintenant que son âme resplendit d'une pureté idéale, Jésus l'invite au Calvaire.

Réponds à sa voix, enfant prédestinée, et laisse-toi transformer en ton Époux crucifié.

Le 8 juin 1899, veille de la grande fête du Sacré-Cœur, quelques instants après la sainte communion, le Seigneur fait comprendre à sa bien-aimée servante que, le soir même, une faveur insigne lui sera accordée. En hâte, elle court en avertir son confesseur et lui demande encore une absolution de ses fautes puis, l'esprit rempli de saintes pensées, le cœur débordant d'une paix et d'une joie inaccoutumées elle rentre à la maison.

« Le soir, raconte-t-elle, je fus saisie subitement et plus tôt que d'habitude, d'un repentir très vif de mes péchés, d'un repentir si vif que je n'en ai plus éprouvé de semblable, et que je me crus sur le point d'en mourir. Peu après, toutes les puissances de mon âme entrèrent dans un mystérieux recueillement l'intelligence ne voyait que mes péchés et l'horreur de l'offense de Dieu ; la mémoire me les rappelait tous, ainsi que les tourments endurés par Jésus pour mon salut ; la volonté les détestait, promettant de tout souffrir pour les expier. Des flots de sentiments se pressaient dans mon cœur : sentiments de douleur, d'amour, de crainte, d'espérance, de courage. »

« À ce recueillement intérieur succéda bientôt la perte des sens, et je me trouvai en présence de ma céleste Mère. Elle avait à sa droite mon Ange, qui tout d'abord me commanda de réciter l'acte de contrition. Quand j'eus fini, ma Mère m'adressa ces paroles : « Mon Fils Jésus veut te faire une grâce ; sauras-tu t'en rendre digne ? - Ma misère ne savait que répondre. Marie continua : Je serai pour toi une mère ; te montreras-tu pour moi une vraie fille ? »Étendant alors son manteau elle m'en couvrit. Au même instant parut Jésus ; ses plaies étaient ouvertes, mais il n'en sortait pas du sang ; il en sortait des flammes ardentes. En un clin d'œil, ces flammes touchèrent mes mains, mes pieds et mon cœur. Je me sentis mourir et j'allais tomber, lorsque ma Mère me soutint, me tenant toujours sous son manteau. Je restai plusieurs heures dans cette position ensuite ma Mère me baisa au front, et tout disparut. Je me retrouvai agenouillée dans ma chambre. »

« Une forte douleur persistait aux mains, aux pieds et au coeur, et je m'aperçus, en me levant, qu'il en coulait du sang. Je couvris de mon mieux les parties douloureuses ; puis, aidée de mon Ange, je pus monter au lit. »

Ainsi ornée des joyaux divins des stigmates, Gemma prenait rang, au pied de la croix, parmi les âmes les plus belles, à côté de saint François d'Assise, de sainte Catherine de Sienne, de sainte Véronique de Julianis, également favorisés de ce don. Elle pouvait s'appliquer à la lettre ces paroles de saint Paul : « Que personne ne me soit plus à charge, car je porte empreints dans ma chair les stigmates de mon Seigneur Jésus. » (1)


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(1) Le prodige de la stigmatisation eut lieu au numéro 13 de la rue Biscione, où Gemma demeurait alors avec les siens.


A suivre...
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Message  Monique Dim 22 Aoû 2021, 8:27 am

Lorsque le séraphique patriarche d'Assise, lit-on dans sa vie, eut reçu l'impression des stigmates sacrés, il se sentit tout transformé en Dieu par l'amour, mais son embarras ne fut pas des moindres à la pensée qu'il ne pourrait cacher aux yeux profanes ces plaies mystérieuses. Sur le conseil de ses disciples de l'Alvernia, (2) le saint résolut de les dissimuler de son mieux. Une semblable détermination était-elle possible à observer par Gemma, qui vivait, non sur un mont solitaire, mais au milieu du monde, et entourée de gens curieux ? Elle ne pourrait se priver de se rendre à l'église, le matin pour la sainte communion et le soir pour la visite du Saint Sacrement ; or ses stigmates dégorgeaient du sang en abondance. Que fera-t-elle ? Toute la nuit elle se le demande. Lorsque, au point du jour, elle veut se lever, ses pieds ont à peine touché le sol qu'elle y éprouve une douleur intolérable dont elle croit mourir à chaque instant. Réussissant enfin à se tenir debout, la jeune fille met des gants pour cacher les plaies des mains et se traîne jusqu'à l'église. De retour dans sa famille elle se trouve doublement perplexe, et de ne pouvoir continuer à dissimuler le prodige, et de n'en point connaître la signification précise, ni sa rareté ou sa fréquence parmi les personnes de piété. Dans la pensée que les âmes fiancées au Christ par les vœux de religion recevaient sans doute ces signes, elle va s'informer auprès de l'une, auprès de l'autre, avec une gêne pleine de candeur, s'il ne leur est pas survenu quelquefois des blessures de telle et telle forme. Aucune réponse affirmative. Ou on ne comprend rien au mobile de ses questions émues, ou on rit de sa simplicité. Cependant le sang coule toujours sous les gants. Gemma se décide à révéler le phénomène à une de ses tantes. Se présentant les bras étendus et les mains couvertes par son mantelet : « Ma tante, dit-elle, voyez un peu ce que m'a fait Jésus. » À de telles paroles et à la vue des profondes empreintes sanglantes, la bonne dame demeure stupéfaite, tant elle est loin de s'expliquer, comme elle le fera plus tard, cet étrange mystère.

Le lecteur s'attend certainement à des détails sur la nature des stigmates dans la servante de Dieu, sur leur mode de formation, sur leur évolution et leur durée. Je vais les donner dans ce chapitre même. On remarquera d'abord que ce phénomène mystique, quoique très rare, n'est pas nouveau dans l'Église catholique. On l'a admiré à différents siècles dans plusieurs de ses membres les plus saints, dont quelques-uns, tels que ceux déjà cités, sont canonisés. Il fut notamment constaté au siècle dernier par des milliers de témoins dans la personne de la vierge belge, Louise Lateau, qu'examinèrent, au point de vue physiologique, de très savants médecins catholiques et rationalistes, et, an point de vue théologique, des docteurs également distingués par leur science et par leur vertu, qui ont publié sur ce cas particulier des volumes entiers.

Dans la vierge italienne, la stigmatisation, après s'être déclarée pour la première fois de la manière que l'on vient de lire, se reproduisit pendant deux ans chaque semaine, à jour et à heure fixes, c'est-à-dire le jeudi vers huit heures du soir, pour disparaître le vendredi à trois heures de l'après-midi.

À part le recueillement précurseur de l'extase, aucun symptôme physique, aucune impression douloureuse n'annonçait son imminence ; mais tout à coup, avec l'extase, on voyait apparaître au dos des mains et au centre des paumes une tache rouge ; progressivement s'ouvrait, sous l'épiderme et dans le vif de la chair une déchirure irrégulièrement circulaire aux paumes et oblongue à la face opposée. Enfin l'épiderme se lacérait, mettant à nu une plaie vive de dix bons millimètres de large sur vingt de long à la paume, et de deux millimètres seulement de large au dos de la main.


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2) Mont des Appennins où saint François reçut la miraculeuse faveur.


A suivre...
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Message  Monique Lun 23 Aoû 2021, 8:48 am

Cette déchirure, parfois très superficielle et même presque invisible à l'œil nu, atteignait d'ordinaire une grande profondeur, jusqu'à paraître traverser toute l'épaisseur de la main. que l'on eût dite percée de part en part. Je dis jusqu'à paraître, car les blessures regorgeant de sang en partie coagulé, et se resserrant dès que le sang s'arrêtait, il aurait fallu, pour s'en assurer, les explorer à l'aide d'un stylet médical ; ce que l'on n'osa jamais, par la crainte révérencielle qu'inspirait l'extatique dans cet état mystérieux. L'opération eût d'ailleurs été difficile les mains se raidissaient convulsivement sous l'étreinte de la douleur, et l'ouverture des plaies restait couverte, sur la face palmaire, d'une protubérance que l'on eût crue de prime abord une réunion de grumeaux de sang, mais qui était en réalité charnue et dure ; elle se relevait sur les bords, entièrement libres, affectant la forme d'une tête de clou de deux centimètres et demi de diamètre.

Les stigmates des pieds, plus grands et entourés de teintes livides, présentaient, à l'inverse de ceux des mains, un plus fort diamètre au dos qu'à la plante ; en outre, celui du pied gauche était aussi large, à la face dorsale, que celui du pied droit à la plante, comme il est naturel si les pieds du Rédempteur ont été fixés à la croix par un seul clou, le droit superposé au gauche.

Parfois, au lieu de se former peu à peu dans l'espace de cinq à six minutes, en commençant sous la peau ou l'épiderme, les blessures s'ouvraient instantanément, de l'extérieur, comme sous la poussée violente de clous invisibles ; et c'était alors un supplice de voir la chère martyre, ainsi frappée à l'improviste, trembler de douleur dans tous les muscles de ses bras, de ses jambes, de tout son corps.

L'ouverture du côté fut observée rarement et de peu de personnes ; on n'osait trop découvrir, pour une satisfaction de curiosité, cette chair virginale. C'est ainsi que je me privai moi-même de la consolation de m'en rendre compte. Mais, à en juger par l'acuité de la souffrance provoquée jusqu'au plus intime du cœur, elle devait pénétrer dans ce viscère. D'ailleurs, si le but du Seigneur dans l'accomplissement de tels prodiges est de retracer en quelques-uns de ses serviteurs privilégiés une vivante et parfaite image de Jésus crucifié, il y a lieu de penser que la reproduction n'était pas incomplète.


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Message  Monique Mar 24 Aoû 2021, 8:08 am

En pratiquant l'autopsie d'une servante de Dieu également stigmatisée, Jeanne de la Croix, les chirurgiens s'aperçurent avec stupeur que la blessure du côté traversait le poumon pour atteindre en plein cœur. Pareille constatation eût sans doute été faite sur Gemma si le prodige n'avait entièrement cessé depuis déjà deux ans.

Dans notre sainte jeune fille, le stigmate du côté présentait la forme d'un croissant, aux pointes dirigées en haut. Sa longueur en ligne droite mesurait six centimètres ; sa largeur, à son milieu, trois millimètres ; et sa courbe égalait celle d'un are de même grandeur ayant une flèche d'un demi-centimètre.

La forme de croissant, inédite chez les stigmatisés connus, m'étonnait beaucoup, lorsque j'appris par la lecture de la vie de la Vénérable Diomira Allegri, florentine du XVIIe siècle, que cette servante de Dieu avait reçu un stigmate d'un aspect identique, suivant l'attestation, certifiée par serment, des médecins chargés de l'examiner et de plusieurs autres témoins oculaires.

Une forme si bien définie, revenant à trois siècles de distance, permet de croire une conformation correspondante du fer de la lance qui perça le côté du Sauveur.

Cette blessure se produisait chez Gemma, tantôt instantanément et de l'extérieur, comme par un coup de lance, tantôt peu à peu et de l'intérieur. Dans le dernier cas, on voyait d'abord apparaître, en nombre toujours croissant, d'infimes ouvertures rouges ; puis la peau se déchirait, offrant aux regards la plaie si impressionnante déjà décrite.

Le sang s'en échappait en telle abondance que les vêtements intérieurs en étaient trempés. L'humble vierge s'ingéniait de son mieux à le cacher : elle appliquait sur sa poitrine un linge en plusieurs doubles, qu'il lui fallait renouveler fréquemment et qu'elle lavait en secret.


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Message  Monique Mer 25 Aoû 2021, 8:00 am

Cependant l'écoulement n'était pas continu ; il reprenait par intervalles plus ou moins longs, pendant lesquels la plaie se desséchait parfois au point, une fois lavée, de paraître en voie de guérison. Mais Comme on ne se trouvait pas ici en présence d'un phénomène naturel, au premier embrasement du feu mystérieux qui couvait dans l'intérieur la blessure s'enflammait de nouveau et le sang s'épanchait on grande quantité. Dans plusieurs de ses lettres Gemma parle de la plaie du côté : « Ce matin vers dix heures, dit-elle, mon cœur battait... Je me suis sentie faiblir... À la douleur du cœur a succédé une douleur très forte dans tous les membres ; mais ce qui dépassait tout et le précédait, c'était la douleur de mes péchés. Comme elle est forte cette douleur ! Si elle augmentait je ne pourrais y survivre, comme je ne pourrais survivre, me semble-t-il, au coup violent que j'éprouvai. (Gemma fait ici allusion à l’invisible coup de lance ouvrant la blessure du côté.) Mon tout petit cœur ne pouvant rester enfermé, il a commencé à rejeter du sang en grande abondance. » Et dans une autre lettre : « Jésus s'est fait sentir très fort à mon âme et alors mon cœur n'y tenant plus, la plaie du côté s'est ouverte et a donné du sang. »

On ne sait combien de fois s'est produit ce phénomène merveilleux en dehors des jours habituels on ne peut préciser non plus la quantité de sang que perdait la sainte victime pendant les vingt heures environ que duraient les stigmates mais au témoignage des personnes qui l'approchaient de plus près, elle était considérable. L'une d'elles affirme, sous la foi du serment, que le flux sanglant du côté arrivait, jusqu'à terre si on n'y mettait obstacle. Même attestation pour celui des mains el des pieds. Ce sang était vif, de belle couleur et de même nature que celui qui s'échappe d'une blessure fraîchement ouverte, auquel il ressemblait encore après son entière dessication sur la peau, les vêtements ou le parquet.

Le mode de disparition des stigmates n'était pas moins merveilleux que celui de leur formation. Après l'extase du vendredi l'épanchement sanguin cessait définitivement, les fibres des tissus lacérés se ressoudaient peu à peu, et le jour suivant ou au plus tard le dimanche il ne restait aucun vestige de ces profondes blessures, qui s'étaient recouvertes d'une peau nouvelle, semblable à celle des parties voisines. Seule, une tache blanchâtre indiquait la place qu'elles avaient occupé et qu'elles occuperaient encore, pour se refermer toujours de la même manière. Deux ans après la disparition définitive des plaies, cette tache persistait et on put l'observer à loisir à la mort de Gemma, surtout aux pieds, qu'il était si difficile, de son vivant, de dénuder pendant les extases.

Jusqu'au jour où ses directeurs, par une disposition manifestement inspirée, lui défendirent de subir les stigmates, le phénomène se renouvela invariablement chaque semaine, du jeudi au vendredi ; jamais en d'autres temps, malgré leur solennité ou la forme extraordinaire de certaines extases de la jeune vierge. Je vais trop loin : on vit une exception, que nous rapportera plus loin le révérend père Pierre-Paul, passioniste, qui en fut l'occasion et le témoin.

La faveur des stigmates est évidemment des plus rares ; mais qui déniera au Seigneur le droit de l'accorder à certaines âmes privilégiées telle que l'a été sans nul doute la vierge de Lucques ? Celui qui se montrerait presque scandalisé d'en entendre seulement parler ferait preuve d'une 'complète ignorance des voies de la Providence dans la sanctification des âmes, et même de peu de foi.


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Message  Monique Jeu 26 Aoû 2021, 8:26 am

CHAPITRE VIII



GEMMA ET LES PÈRES PASS1ONISTES.

LA FAMILLE GIANNINI. PARTICIPATION À TOUS

LES TOURMENTS DE LA PASSION.

(Juillet 1899…)



*****



On devine combien séraphique dut être la communion du neuf juin, après le mystérieux événement de la veille. Pour la première fois Gemma se présentait à son Sauveur les mains et les pieds percés de part en part, comme les siens, et le côté ouvert par une large blessure. Quels sentiments de gratitude et d'amour Quelles célestes douceurs tempérant la douleur des stigmates ! Combien de fois n'aura-t-elle pas redit avec effusion dans son heureux état : « Mon Bien-aimé est à moi, et moi je suis à Lui. Je suis vraiment crucifiée avec Jésus. Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Jésus qui vit en moi. »

Cependant l'humble vierge ne tarda pas d'éprouver un véritable embarras à la pensée d'avoir à rendre compte de l'opération divine à son confesseur, qu'elle avait averti, la veille, de son pressentiment de l'imminence d'une grâce extraordinaire. Extrêmement réservée lorsque la nécessité la forçait de parler d'elle-même, et ne s'ouvrant d'ailleurs qu'avec une grande répugnance et même avec honte, comment annoncerait-elle une chose si insolite, si mystérieuse ? « Que pensera mon confesseur, se disait-elle, au récit de cette faveur céleste, lui qui connaît parfaitement combien j'en suis indigne ? Et si elle venait à s'ébruiter, comme on me sait pleine de péchés, ne serais-je pas pour tous un sujet de scandale ? » À ces sentiments d'humilité s'ajoutait peut-être, pour aggraver la répugnance de la jeune fille, un manque de courage, si non une tentation du démon. Le fait est que l'Ange gardien la pressa Plusieurs fois de se vaincre, et avec de vifs reproches. Tout le mois de juin se passa dans cette perplexité, sans que Gemma pût se résoudre à remplir son devoir. Mais le miséricordieux Sauveur vint à son aide en l'acheminant par son admirable providence dans la voie choisie par ses éternels décrets.

On était alors en l'année 1899. À l'occasion de l'expiration du XIXe siècle et de la naissance du XXe, des missions devaient se donner, sur l'ordre de Léon XIII, dans toutes les villes d'Italie. Les Pères Passionistes furent envoyés vers la fin de juin à l'église cathédrale de Lucques, où leurs labeurs apostoliques produisirent des fruits extraordinaires de salut. Gemma suivait alors dans une autre église les prédications du mois du Sacré-Cœur. Au commencement de juillet, mue par une impulsion divine, elle courut aux exercices de la mission de la cathédrale.

Quelle ne fut point sa joie de reconnaître dans le costume des missionnaires celui que portait dans ses apparitions le Bienheureux Gabriel, son cher protecteur. « L'impression fut telle - ce sont ses paroles -qu'elle ne se peut décrire. La première fois que je vis ces Pères, je me sentis prise pour eux d'une affection spéciale et je ne perdis plus une de leurs prédications. »

On pourrait s'étonner ici que la jeune fille, dont la vie entière s'était écoulée à Lucques où les Pères Passionistes venaient souvent exercer le saint ministère, ne connût encore de vue aucun d'entr'eux, alors surtout qu'à peu de kilomètres de la ville s'élève un de leurs couvents, très fréquenté des Lucquois. Mais l'étonnement disparaît si on se rappelle l'existence très retirée de la servante de Dieu, et sa singulière mortification qui l'éloignait de toute curiosité, fût-elle des plus innocentes.


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Message  Monique Ven 27 Aoû 2021, 8:54 am

Gemma continue la relation de sa première rencontre avec les Passionistes : « Nous étions au dernier jour de la sainte mission. Tout le peuple se trouvait réuni à l'église pour la communion générale à laquelle je pris part, mêlée à la multitude. Jésus eut mon acte pour agréable, car il se fit sentir bien fort à mon âme et me posa cette question : Gemma, te plaît-il l'habit dont ce prêtre est revêtu ? (et il m'indiquait un Passioniste proche de moi). Aucune parole ne m'arrivait pour répondre à Jésus, mais mon cœur mieux que les lèvres parlait par ses palpitations. Aimerais-tu, continua Jésus, de revêtir aussi ce même habit ? - Mon Dieu ! m'écriai-je... - Il ajouta Tu seras une fille de ma Passion, et une fille préférée. Un de ceux-là sera ton père. Va et révèle tout. »

Gemma prit au pied de la lettre ces paroles, susceptibles pourtant d'une double interprétation, et la pensée de revêtir un jour les livrées de la Passion inonda son cœur de la plus douce joie. En même temps toute répugnance à ouvrir son âme avait disparu. Pour obéir de suite à l'ordre du Sauveur elle court se jeter aux pieds de l'un des missionnaires, le père Gaétan de l'Enfant Jésus, et lui dévoile ses plus intimes secrets avec une pleine aisance ; puis elle parle des stigmates et de la difficulté qu'elle éprouve à les découvrir à son confesseur. Émerveillé de telles confidences non moins que de l'ingénuité qui les accompagne, le Père l'encourage et l'exhorte à se tenir humble et reconnaissante des bienfaits divins. Mais avant de se prononcer sur l'origine des faits extraordinaires soumis à son jugement il déclare vouloir y réfléchir mûrement. Tout en lui promettant de l'entendre de nouveau à ce sujet lors de son très prochain retour à Lucques, le prudent religieux lui donne l'ordre formel de les révéler à son confesseur ordinaire.

Depuis longtemps la pieuse enfant désirait émettre par dévotion privée les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance Convaincue d'avoir été appelée par Jésus à la vie religieuse parmi les Filles de saint Paul de la Croix, elle crut le moment propice pour obtenir cette faveur d'un missionnaire passioniste. Le père Gaétan la lui accorda, mais pour peu de temps, et à la condition de ne point renouveler les vœux sans l'assentiment du confesseur ordinaire. Il se montra autrement difficile touchant des instruments de pénitence fabriqués par la jeune fille en vue de macérer sa chair, car il les lui enleva, dans la persuasion que le confesseur n'eût pas agi différemment.

Avec quelle joie la fervente enfant se lia pour la première fois par les trois vœux, elle-même nous le dira : « J'avais toujours eu un grand désir de les faire ; je saisis l'occasion. Le Père me les fit prononcer le 5 juin ; ils devaient durer jusqu'à la fête solennelle du 8 septembre J'en demeurai très contente ; ce fut même une de mes plus grandes consolations. » On l'aura remarqué, dans les circonstances précédentes, Gemma paraît avoir manqué d'ouverture envers son confesseur ordinaire. Était-ce caprice ? Nullement. On verra dans la suite que ses craintes n'étaient point sans quelque fondement. Monseigneur Volpi exerçait un ministère très laborieux dans des conditions difficiles. En dehors des multiples soucis de sa charge (1) et d'œuvres de zèle absorbantes, un tel nombre d'âmes avaient recours à sa direction spirituelle, que de s'occuper de toutes devenait impossible. On assiégeait son confessionnal où il passait chaque jour plusieurs heures. Bien qu'il ne rebutât aucun pénitent paraissant avoir un réel besoin de son ministère, plusieurs cependant pouvaient souhaiter plus de temps que les circonstances ne permettaient de leur en accorder. Pour les âmes conduites comme Gemma dans des voies extraordinaires par la grâce divine, pareille hâte n'est point sans inconvénients.

La pauvre enfant en souffrait en silence. Souvent, dans l'impossibilité d'approcher Monseigneur Volpi, elle lui demandait par écrit une ligne de conduite à propos d'une grâce reçue ou d'une difficulté ; la réponse n'était jamais donnée qu'en son temps au confessionnal, où la nécessité de se presser s'accordait mal avec ses besoins. On le voit, pour la direction d'une telle âme c'était insuffisant. Aussi dès son retour à Lucques, le père Gaétan d'accord avec la jeune fille résolut de manifester lui-même le premier à Monseigneur les dernières opérations de la grâce. Le missionnaire se rendit auprès de Sa Grandeur, suivi bientôt après par Gemma qui ouvrit entièrement son cœur. Le prélat les accueillit tous deux avec affabilité et une grande bienveillance. Il approuva l'œuvre du confesseur extraordinaire ; mais au sujet des stigmates, frappé de la responsabilité qui lui incombait devant Dieu et devant les hommes, comme confesseur et comme évêque, il n'osa se prononcer sur leur origine. « Que va-t-on dire, pensait-il, d'un fait si insolite en ce siècle incrédule ? » D'un côté, il redoutait pour sa pénitente les conséquences fâcheuses survenues à d’autres personnes pour de semblables faits extraordinaires, où l'on n'avait pas reconnu dans la suite l'intervention divine. D'un autre côté, parfaitement convaincu de la candeur de Gemma, de la beauté de son âme, de la profondeur de sa vertu que n'avait jamais atteint la moindre défaillance, de son ardent amour de Dieu, et de complaisances du Seigneur pour elle, il lui répugnait de la croire victime de l'illusion, d'une maladie, ou de la malice de Satan. Néanmoins il ne voulait point sans preuves bien convaincantes conclure à une opération divine. Sur le conseil de l'Esprit-Saint : Nolite omni spiritui credere, omnia autem probate, il résolut d'étudier mûrement le phénomène.


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(1) Monseigneur Volpi remplissait alors les fonctions d'auxiliaire de l'Archevêque de Lucques.


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Message  Monique Sam 28 Aoû 2021, 7:15 am

Entre temps, par suite de circonstances diverses et en raison de ces manifestations mystiques, la vie de la jeune fille au sein de sa famille devenait des plus pénibles, surtout depuis le départ de son frère aîné, Ettore, pour le service militaire, et de son autre frère, Guido, pour l'Amérique. Forcée de se prêter à des occupations peu ou nullement en rapport avec ses goûts de vie intérieure, elle gémissait de ne pouvoir à son gré rester dans sa chambre pour s'y adonner à l'oraison ou à un travail solitaire. Il advint une fois qu'une personne de son entourage, dans la vivacité d'une altercation, proféra des paroles irrévérencieuses contre la Majesté divine ; Gemma en ressentit une telle douleur que le sang transsuda de tout son corps, découlant jusqu'à terre. Inutile d'essayer de dissimuler le fait prodigieux. Depuis quelque temps déjà les siens, qui avaient observé en elle du nouveau et du mystérieux, se demandaient avec une certaine inquiétude : Que se passe-t-il donc ? Des propos venus du dehors avaient contribué à éveiller leur attention, surtout chez la tante Cavolina que la candide jeune fille avait mise au courant de l'impression des stigmates. Une scène violente suivit le dernier phénomène de la sueur de sang. Laissons Gemma nous la raconter : « Monseigneur, écrivit-elle à son confesseur, savez-vous ce que m'a fait hier une de mes tantes ? Lorsque je fus rentrée dans ma chambre elle m'arriva fort en colère et me dit : « Ce soir, tu n'as pas la sœur Julia pour te défendre. Montre-moi d'où est sorti tout ce sang, sinon je t'achève à force de coups. » Je me taisais ; alors me saisissant d'une main à la gorge, de l'autre elle voulut me déshabiller. On sonna soudain à la porte et elle s'en alla... Mais ce n'était pas fini ; au moment du coucher elle revint et me dit qu'il était temps de cesser toutes ces simagrées et que j'avais assez étonné le monde. » « Écoute, continua-t-elle, si tu ne me dis d'où est sorti ce sang, je ne te laisserai plus sortir seule de la maison, et je ne t'enverrai jamais nulle part. » Imaginez-vous ma peine (2).À de telles paroles je me mis à pleurer, ne sachant trop que faire. Enfin je me décidai à satisfaire ma tante : « Ce sont les blasphèmes, répondis-je ; lorsque j'entends blasphémer je vois Jésus souffrir beaucoup, et je souffre avec Lui ; je souffre au cœur et le sang sort. » « Alors elle a paru se calmer un peu et m'a laissée tranquille. »

Ce n'est point la seule fois que la servante de Dieu eut à souffrir de la part des siens, par suite de leur inintelligence des œuvres merveilleuses de la grâce. Son autre tante, la bonne Éléna, de santé délicate, ne pouvant toujours l'accompagner à l'église, Carolina ne voulait point l'y laisser aller seule. Une curiosité indiscrète de quelques membres de la famille l'affligeait encore davantage. Se retirait-elle dans sa chambre, ils l'épiaient continuellement à travers les fentes de la porte dans l'espoir de voir se produire quelque fait extraordinaire. La surprenaient-ils en extase, ils se communiquaient leurs impressions plus ou moins favorables et couraient inviter à cet insolite spectacle des personnes amies. La pauvre enfant s'en lamentait auprès de son confesseur et même auprès du Seigneur dont elle avait reçu la recommandation de tout soustraire aux yeux profanes.

Le divin Maître entendit les plaintes de sa fidèle servante.


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(2) Gemma craignit que sa tante ne l'autorisât plus de se rendre à l'Église pour l'audition de la messe et la sainte communion.


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Message  Monique Dim 29 Aoû 2021, 7:57 am

Vivait alors dans la ville de Lucques et y vit encore une de ces familles patriarcales pour lesquelles la crainte de Dieu et les vertus chrétiennes constituent le principal trésor. Elle se compose du père, de la mère, d'une sœur et de douze enfants. Leur nom est cher à tous leurs concitoyens, autant qu'est grande l'estime dont ils en sont entourés. C'est la famille du chevalier Matteo Giannini. Bienfaitrice des humbles fils de saint Paul de la Croix, elle donne l'hospitalité à ceux d'entr'eux que l'exercice du ministère apostolique oblige fréquemment de passer par Lucques. La sœur précitée, madame Cécilia Giannini, est une femme de haute piété, toute dévouée aux bonnes œuvres. Elle ne connaissait Gemma que de vue. Le père Gaétan lui en parla dès son retour à Lucques et, voulant tenir sa promesse de revoir la jeune fille, il pria la bonne dame d'aller la chercher. Celle-ci dans son désir d'entrer en relations avec une telle âme ne se fait point prier. Elle ne tarde pas à la découvrir, l'amène dans sa maison et se félicite bien vite d'avoir trouvé un trésor. L'éloignement de la famille Giannini, partie en ce mois d'août pour la station balnéaire de Viareggio, lui permit d'inviter la jeune tille à venir passer chaque jour quelques heures auprès d'elle. Bientôt, prétextant sa solitude, elle voulut la posséder également la nuit. Vu l'honorabilité bien connue de sa famille, on permit à Gemma de la satisfaire encore sur ce point, d'abord de temps en temps, puis presque habituellement. Ce fut un bonheur pour notre enfant. Dans cette demeure de saints où rien ne troublait son union avec Dieu, elle respirait un air plus pur ; et près de madame Cécilia dont la charité, la solide et mâle vertu l'avait frappée, son âme se dilatait à l'aise, tandis que son cœur pressentait en elle une seconde mère.

De son côté, l'excellente dame, de plus en plus charmée de la rare bonté, de la simplicité d'enfant, et de la singulière modestie de Gemma l'avait prise vivement en affection. Elle éprouva bien, dès le début, une certaine perplexité en présence des phénomènes merveilleux que présentait sa jeune amie. Pour s'en rendre compte elle ne cessait un moment de l'observer, de l'épier jusque dans ses moindres mouvements. Gemma, par pudeur innée autant que par humilité, mettait toute son industrie à les soustraire à son attention. Se jugeant profondément indigne des faveurs divines, elle craignait de devenir un objet de scandale pour sa protectrice le jour où celle-ci viendrait à les découvrir. Mais le Seigneur entendait dévoiler pour sa gloire et le bien des âmes les dons de sa grâce, et toute la circonspection de sa servante ne servait de rien. Voici comment elle racontait à son confesseur une de ces circonstances où les précautions les plus avisées eussent été vaines et qu'elle-même appelait ses mésaventures. « Hier, Jésus m'a fait souffrir beaucoup. J'ai sué du sang toute la journée ; je n'étais point chez moi, mais chez madame Cécilia. Jésus me recommande continuellement de ne rien laisser soupçonner ; si j'y manque, il me châtie. Il me répète que je dois rougir de me laisser voir de n'importe qui, parce que mon âme est pleine de défauts. » Madame Cécilia, pour ne point contrister la servante de Dieu, ne manifestait aucun étonnement devant de tels faits prodigieux. Elle en bénissait le Seigneur, redoublant pour son hôte de vénération et d'amour, « Vive Jésus disait-elle, nous possédons un ange à la maison. Comment correspondre à une si grande grâce ? »

Cependant après le père Gaétan, le très révérend père Pierre-Paul, alors provincial des Passionistes, aujourd'hui Monseigneur Moreschini, archevêque de Camérino, eut l'occasion de constater le 29 août 1899 dans la maison des Giannini le phénomène des stigmates. Comme je l'ai noté au chapitre précédent, c'est la seule fois que la stigmatisation se produisit en dehors des jours habituels du jeudi et du vendredi. Laissons la parole à l'éminent témoin.

J'avais, dit-il, entendu raconter sur la jeune fille des choses merveilleuses. Soupçonnant là de pures illusions, assez fréquentes dans son sexe, je formai le projet de m'en rendre compte par moi-même. Je me rendis donc à la maison de la famille Giannini ; c'était un mardi. Après l'avoir vue, je me sentis inspiré de demander à Dieu quelque signe palpable de l'origine divine de ces faits prodigieux, et, sans en rien dire à âme vivante, j'en spécifiai deux : une sueur de sang et la formation des stigmates.

« À l'heure des vêpres, la jeune fille se rend seule, pour ses prières habituelles, devant le grand crucifix de la salle à manger. Quelques minutes après, j'ouvre la porte et je la vois en extase, toute transfigurée. Bien que plongée dans une immense douleur, elle paraît vraiment un ange. Je m'approche : de son visage, de la tête, des mains et sans doute de toutes les parties de son corps coule un sang vermeil, qui se dessèche avant d'arriver à terre et ne s'arrête qu'après une demi-heure. Je me retire vivement ému. »

« Sortie de l'extase, Gemma dit confidentiellement à madame Cécilia : « Le père a demandé deux signes à Jésus, et Jésus lui en a donné un ; il lui donnera également l'autre. Quels peuvent bien être ces signes ? le savez-vous ? » Le soir venu, cette dame m'aborde, haletante d'émotion : « Père, me demande-t-elle, n'attendriez-vous pas, pour second signe, les stigmates ? » Je restais interdit, et elle de reprendre : « Je vous le demande, parce que s'il en était ainsi, Gemma les a déjà ouverts ; venez voir. » J'y cours et je trouve cette enfant bénie en extase comme la première fois ; ses mains sont transpercées, transpercées, dis-je, de part en part ; elles portent en pleine chair une large plaie d'où le sang jaillit avec abondance. L'émouvant spectacle dure cinq minutes. (Ici le vénéré prélat en fait une description minutieuse qui concorde parfaitement avec celle que j'ai donnée moi-même précédemment.) À la fin de l'extase, l'épanchement sanglant cesse, les blessures se ferment, la peau déchirée reprend subitement son premier état, et dès que la servante de Dieu s'est lavé les mains on n'aperçoit plus aucune trace du phénomène. Jésus avait daigné entendre ma prière. En lui rendant de vives actions de grâces, je déposai tout doute défavorable, fermement convaincu qu'il y avait là le doigt de Dieu. »


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Message  Monique Lun 30 Aoû 2021, 8:17 am

Cette relation, envoyée par l'auteur à Monseigneur Volpi le 3 septembre 1899, se terminait par ces lignes : « J'ai vu de mes propres yeux les plaies des mains, tant celles de la face dorsale que de la face palmaire, et c'était de véritables blessures. À la fin de l'extase toutes s'étaient fermées ; il ne restait que les cicatrices. Or, comment est-il possible qu'une plaie se ferme ainsi naturellement ? Pour moi j'y reconnais l'opération divine. »

De son côté le père Gaétan avait signé la déclaration suivante :

« Je, soussigné, atteste avoir vu, au mois de juillet dc l'année 1899, sur les mains de la jeune fille Gemma Galgani, certaines plaies qui n'avaient rien des plaies observées ordinairement dans la nature. On voyait à la partie inférieure, exactement aux paumes, comme un morceau de chair proéminent, semblable à une tête de clou, de la superficie d'un sou. Au dos des deux mains apparaissait comme une déchirure un peu profonde. Ce qui manquait de chair semblait avoir été enlevé par un clou émoussé que l'on eût enfoncé par la paume. »

« Je n'hésite pas à exprimer l'opinion, conforme à celle du témoin oculaire venu avec moi, que l'origine de ces stigmates ne peut aucunement s'attribuer à une cause naturelle ; car ayant observé les mains de la jeune fille le jeudi soir, nous n'y aperçûmes trace de rien ; le vendredi matin elles présentaient l'état déjà décrit, et le samedi, seule une petite cicatrice rougeâtre y apparaissait. »

De telles attestations avivèrent en Monseigneur Volpi le sentiment de la délicatesse de sa position. Jugeant de son devoir d'agir avec une extrême réserve, il résolut, après mûre délibération, dc tenter une expérience qu'il croyait devoir être décisive. Sans en rien dire à la servante de Dieu, il pria un médecin de confiance, pieux autant que savant, de vouloir constater et étudier le phénomène. Gemma raconte dans son autobiographie comment le Seigneur l'informa de ce projet. « Monseigneur, dit-elle, crut bon de me faire visiter à mon insu par un médecin ; mais j'en reçus l'avis de Jésus lui-même qui me dit : Dis au confesseur qu'en présence du médecin je n'opérerai rien de tout ce qu'il désire. Par ordre de Jésus j'avertis le confesseur. »

En effet Gemma écrivit à Monseigneur : « Hier soir, Jésus m'a adressé ces paroles : Tu dois dire à ton confesseur que s'il veut un signe de moi, je le lui donnerai et à son choix, pourvu qu'il soit seul. Qu'il se rassure : il n'y a pas de maladie comme on l'a cru. »


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Message  Monique Mar 31 Aoû 2021, 7:18 am

Quelle détermination définitive allait prendre Monseigneur ? Se fier à son propre examen ? Mais la responsabilité qu'il voulait éviter lui incomberait alors tout entière ; et s'il soupçonnait dans ces faits singuliers le produit d'une maladie ou, disons-le, de l'autosuggestion, comment par ses seules lumières et sous compétence médicale dissiper ses doutes ? Il maintint donc sa décision et en informa madame Cécilia. qui le tenait t au courant des moindres incidents concernant la jeune fille. L'inspection médicale fut fixée au vendredi 8 septembre 1899, fête de la Nativité dc la Vierge.

Ce jour-là, vers dix heures du malin, Gemma, retirée dans sa chambre, entre en extase. Vers onze heures elle reprend ses sens et écrit à Monseigneur qu'il peut venir, mais seul, sans quoi Jésus, mécontent, ne donnerait rien à voir. « Cependant, ajoute-t-elle, faites comme bon vous semblera ; de toutes façons je serai contente. » Elle remet le billet à madame Cécilia, et celle-ci, après lecture, se hâte de l'envoyer à destination. À une heure de l'après-midi, Gemma, dc nouveau dans sa chambre, retombe en extase. Madame Cécilia, qui n'a pas tardé de la rejoindre, voit le sang couler dc son front et de ses mains ouvertes, marquées des stigmates. Viennent la contempler dans cet état, avec un religieux respect, le chevalier Matteo Giannini, de retour des eaux, son épouse Giustina et quelques autres membres de sa famille. Vers deux heures, Monseigneur et le médecin sont annoncés. Madame Cécilia court à leur rencontre :

« Venez, venez, leur dit-elle, rayonnante de contentement, nous sommes au plus beau moment », et elle les introduit dans la chambre où se trouvent toujours les personnes déjà nommées.

Le médecin prend un linge, le trempe dans l'eau et lave les mains et le front de la jeune fille en extase ; le sang s'arrête subitement et la peau apparaît sans plaie, sans la moindre égratignure ni piqûre. On se figure la stupéfaction et le désappointement de tous les spectateurs. Le médecin resté seul avec madame Cécilia, veut visiter également les pieds et le cœur, mais il n'y découvre rien d'anormal. Ainsi le Seigneur, dont les desseins sont souvent pour nous impénétrables, déroutait la science humaine, ne lui permettant point de contrôler un fait d'ordre surnaturel. Gemma nous dit dans son autobiographie avec sa simplicité ingénue : « Le confesseur agit à sa façon, mais les choses se passèrent comme Jésus l'avait annoncé. » Et le soir même elle écrivait an Prélat : « Si vous fussiez venu seul, Jésus vous aurait bien persuadé. »

L'extase avait duré tout le temps de l'inspection ; Gemma ne s'était donc aperçu de rien. À la reprise des sens, elle remarqua un certain changement dans son entourage demeuré déconcerté, mortifié, confus. Madame Cécilia pour la distraire et l'éloigner de ce milieu gêné lui proposa de sortir. En route Gemma lui dit : « Me conduisez-vous vers Jésus ? J'ai besoin de Jésus. » La pieuse dame consentit à l'accompagner jusqu'à l'église, assez éloignée, de saint Simon. La visite au très Saint Sacrement se prolongea une heure environ. Au sortir de l'église la jeune fille dit à sa protectrice : « Je voudrais vous communiquer quelque chose, mais j'y éprouve beaucoup de honte. » Encouragée à parler, elle montra ses mains d'où le sang découlait. Madame Cécilia eut la pensée de les faire visiter en cet état par Monseigneur Volpi, et chargea une personne de confiance de lui conduire Gemma. Le Prélat put constater de ses propres yeux dans chacune des mains, non le sang il est vrai, mais la petite blessure d'où il avait coulé. Il ne manifesta aucun étonnement, de crainte d'exposer la jeune fille à quelque péril de vanité, mais après une simple observation des mains il se hâta de la congédier.

Le Seigneur dans sa miséricorde atténuait ainsi l'humiliation de sa servante, tout en relevant quelque peu le courage de son confesseur et des autres témoins de l'infructueux examen du docteur.


A suivre...
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Message  Monique Mer 01 Sep 2021, 8:11 am

Si Dieu afflige parfois ses fidèles il ne les abandonne jamais, Sa providence, toujours admirable dans ses voies, sait les consoler et les délivrer dans les cas les plus désespérés. Gemma, nous le verrons, allait tomber bien bas dans l'opinion de quelques-uns, à la suite de l'inspection médicale, et, humainement parlant, elle ne devait pas s'en relever, mais sur elle se réaliseront les paroles de l'Ecclésiastique : Facile est in oculis Dei subito honestare pauperem. (3)

En attendant, la vertueuse enfant écrit dans son autobiographie : « Depuis le jour de la visite du médecin commença pour moi une vie nouvelle. » C'est-à-dire une vie d'intime souffrance. Non seulement les membres de la famille Giannini, mais son propre confesseur conservaient leurs doutes troublants, et ce dernier, malgré sa propre constatation des stigmates. « Je reçus du confesseur, dit Gemma, une nouvelle défense de toutes les choses extraordinaires du jeudi et du vendredi. Jésus obéit pour un peu de temps ; mais ensuite tout revint comme de coutume, et même plus fort qu'auparavant. » La servante de Dieu, mise an courant par Jésus des incertitudes de son père spirituel, s'en affligeait pour lui. Personnellement elle se réjouissait de cette humiliation « la plus belle - ce sont ses paroles - que m'ait donnée mon bien-aimé Jésus. » Mais elle ne pouvait ne pas compatir à l'état d'âme de celui que depuis son enfance elle aimait et vénérait comme un père. Du reste la crainte l'agitait de perdre ce bon guide, son unique soutien dans ses continuelles épreuves. Abandonnée de lui, à qui aurait-elle recours ? Le Seigneur se hâta de secourir sa servante dans son abattement. « Ma fille, lui dit-il, dans toutes tes incertitudes, dans tes afflictions, dans l'adversité souviens-toi moins des autres que de moi ; cherche moins en eux qu'en moi du soulagement et du réconfort. » En d'autres termes, pour si juste et raisonnable que fût son attachement au ministre sacré, pour si sainte que fût sa confiance en lui, elle ne devait point se lamenter, vînt-elle à le perdre sans faute de sa part, Jésus lui resterait, cela devait suffire.

Gemma comprit ces paroles divines qui redonnèrent aussitôt la paix à son cœur affligé en finissant de le dépouiller de tout sentiment humain. Son abandon à Dieu devint entier ; et comme les seuls principes de la vertu inspiraient les moindres détails de sa conduite, la crainte que le bon Prélat n'eût conçu sur son compte des pensées défavorables n'affaiblit en rien sa sollicitude à son égard. Elle priait constamment Jésus de l'éclairer et de le consoler, lisons-nous dans plusieurs de ses lettres à Monseigneur lui-même et à d'autres intimes. Jusque dans les colloques de ses extases, au milieu des épanchements de son âme lasse et endolorie, la pensée de son confesseur se présentait souvent à son esprit. « Jésus, allez consoler Monseigneur qui est bien malheureux. L'un croit une chose, l’autre une autre. Mais vous préférez qu'il en soit ainsi ? M'aimez-vous davantage maintenant que tous m'appellent folle, qu'au temps où l'on me croyait sainte ? Oh maintenant, n'est-ce pas ? »

La Servante, de Dieu apprit bientôt de son divin Époux le projet formé par Sa Grandeur de soumettre à un autre médecin les écrits obtenus de son humilité par un ordre formel. Voici avec quelle candide simplicité elle exprimait son mécontentement dans une de ses extases : « Ô Jésus, on veut faire voir les écrits même au docteur Boda ? Qu'il n'en soit pas ainsi. Ô Jésus, on vous met en ridicule. S'ils veulent lire les écrits, qu'ils n'y voient que papier blanc. Allez. Jésus, allez vers Monseigneur et tranquillisez-le, consolez-le. » Parfois la jeune fille se crut comme abandonnée du Prélat, qui par suite de ses absences, de ses absorbantes occupations, ou simplement pour s'aider des lumières d'autrui, l'adressait tantôt à un confesseur tantôt à un autre ; elle ne lui en gardera pas moins tout son attachement et continuera jusqu'à la mort de se confesser à lui, ne cessant de le vénérer comme un père.

Oh ! que nous avons à apprendre de l'admirable conduite de Gemma au sein de tant d'épreuves Et quelles sont vraies les paroles de Jésus à sa Servante : En souffrant on apprend à aimer.


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(3) Il est aisé à Dieu d'enrichir subitement le pauvre.


A suivre...
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