Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le concile de Bâle, avec quelques règlements utiles,
en fait plusieurs d'intempestifs, d'indigestes,
pour contrarier le Pape.
(suite)
Dans la session suivante, 25 mars 1436, les prélats de Bâle retombèrent en plein dans leur péché d'habitude de vouloir régenter le Pape et l'Église romaine. Ils déterminèrent par de nouveaux règlements l'ordre et la police des conclaves, les qualités de ceux qui seraient choisis pour remplir le Saint-Siège, la profession de foi et les serments qu'on exigerait d'eux, le soin qu'il faudrait prendre de les avertir tous les ans des plus essentiels de leurs devoirs. Ils fixèrent le nombre des cardinaux à vingt-quatre.
« Ce doivent être, dit le décret, des sujets choisis dans les divers États de la chrétienté, des hommes sages, éclairés, expérimentés dans les affaires de l'Eglise, très-rarement des parents de rois ou de souverains, jamais des neveux de Papes ou de cardinaux. »
Enfin les actes nous présentent encore des ordonnances pour rétablir les élections et pour condamner les réserves.
La vingt-quatrième session, 18 avril 1436, ramena l'affaire de la réunion des Grecs. Aussitôt après la dix-neuvième session, 7 septembre 1434, le concile avait envoyé au Pape un chanoine d'Orléans, nommé Simon Fréron, pour lui faire part de ses décrets et le prier d'y donner son approbation ; car, chose remarquable, c'était un point expressément stipulé par les ambassadeurs de l'empereur Jean Paléologue. Le Pape témoigna sa surprise qu'une affaire de cette importance eût été terminée sans son aveu ; il s'en plaignit même au concile, lui témoignant toutefois que, si l'union pouvait réussir de la manière qu'on avait imaginée à Bâle, il y consentait volontiers. La lettre d'Eugène, datée du 15 novembre 1434, est d'une modération qui marque combien il avait à cœur de ménager les prélats de Bâle.
Cependant, avant la fin de la même année...
A suivre : Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs. Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle, se rangent du côté du Pape, qui transfère le concile à Ferrare.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs.
Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle,
se rangent du côté du Pape,
qui transfère le concile à Ferrare.
Cependant, avant la fin de la même année, le secrétaire pontifical, Christophe Garatoni, que le Pape avait député à Constantinople au mois de juillet précédent, repassa en Italie avec quelques envoyés munis de pleins pouvoirs de l'empereur des Grecs pour terminer, en présence du Pape, le projet du concile de Constantinople, et, comme ces nouveaux ambassadeurs s'attendaient à ce que leur négociation serait contraire à ce qui aurait été décidé à Bâle, décision qu'ils ne connaissaient pas encore, ils mandèrent promptement aux trois seigneurs de leur nation qui étaient à Bâle de casser les conventions faites avec le concile, parce que le Pape et l'empereur avaient pris d'autres mesures.
Ces seconds députés, venus récemment de Constantinople, passèrent eux-mêmes à Bâle quelques mois après, et le Pape leur associa le même Garatoni, son secrétaire, pour exposer au concile tout ce qui avait été réglé avec Jean Paléologue. C'était une déférence que le Pape témoignait aux prélats de Bâle, et une attention nécessaire pour concilier les diverses conclusions qu'on avait prises dans celte affaire extrêmement compliquée.
Mais le concile fit savoir à Eugène IV, par une lettre du 5 mai 1435, qu'il n'approuvait point le projet d'une assemblée à Constantinople et qu'il voulait s'en tenir à ce qui avait été conclu dans la dix-neuvième session. Sur cela le Pape prit le parti d'envoyer encore à Constantinople pour informer l'empereur de l'embarras qui s'était élevé dans la négociation. L'envoyé, qui était toujours le secrétaire pontifical Garatoni, avait ordre de proposer à l'empereur la célébration d'un concile en Italie, et le Pape promettait de s'y rendre en personne si l'on convenait d'un lieu sûr et commode.
L'empereur fut ébranlé par ces propositions; après bien des conférences il les accepta; on ne parla plus du concile de Constantinople, et les esprits se tournèrent à convenir du lieu qui agréerait le plus aux deux partis.
Dans le même temps arrivèrent à Constantinople trois envoyés du concile de Bâle, tous trois de l'université de Paris ; ils eurent audience de l'empereur le 25 novembre 1435, et ils lui présentèrent les articles conclus depuis peu dans le concile, quoique non publiés encore en pleine session ; c'étaient des assurances générales de la part des prélats de Bâle de concourir à l'union des deux Églises. Ils offraient tous les saufs-conduits nécessaires pour le transport de l'empereur et de ses évêques, et le terme était marque au mois de mai 1437. Il n'était encore rien dit du lieu où se traiteraient les affaires ; c'était toutefois la question essentielle.
L'empereur et le patriarche répondirent par…
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Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs.
Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle,
se rangent du côté du Pape,
qui transfère le concile à Ferrare.
(suite)
L'empereur et le patriarche répondirent par des lettres datées du lendemain 26 novembre. Ils témoignaient toujours un grand désir de l'union ; ils consentaient à la traiter en Occident, mais ils demandaient que le lieu des conférences entre les prélats des deux Églises fût un port de mer, afin que l'empereur, sa cour et ses évêques pussent s'y rendre plus promptement, plus commodément, et qu'ils fussent moins éloignés de Constantinople, toujours inquiétée par les courses des Turcs.
Ces lettres furent apportées à Bâle par un des envoyés du concile ; il était chargé de déclarer aux prélats que, nonobstant ce qu'ils avaient réglé dans leur dix-neuvième session touchant le lieu où se ferait l'union, les Grecs étaient résolus de n'en accepter aucun qui ne fût maritime.
Il faut se souvenir ici qu'on n'avait déterminé aucun endroit particulier dans cette session dix-neuf, que la plupart des villes dont on était convenu ne sont point voisines de la mer et que celle d'Avignon n'y est point nommée.
Tout cela doit être remarqué pour la suite de l'histoire.
Au retour de son député le concile célébra sa vingt-quatrième session, le 14 avril 1436. Il ne s'y trouva, dit-on, que vingt-trois prélats, dont dix seulement étaient évêques et avaient par leur caractère droit de suffrage. Cette assemblée ne laissa pas de faire des règlements considérables. Elle ratifia les promesses faites à l'empereur de Constantinople ; elle publia des indulgences en faveur de la réunion qu'on méditait avec les Grecs. Il était dit dans le décret que quiconque fournirait pour cette bonne œuvre la valeur de ce qu'il dépensait par semaine pour sa subsistance, et qui joindrait à cela les bonnes œuvres ordinaires, confession, communion, prières vocales et quelques jeûnes, obtiendrait une fois durant sa vie, et une autre fois à l'heure de sa mort, la rémission entière de tous ses péchés.
Le concile accordait des pouvoirs très-amples aux confesseurs à cet égard ; il étendait le temps des indulgences à deux années, et il réglait la manière de percevoir l'argent des fidèles, afin qu'il ne s'y glissât aucune fraude ni soupçon de mauvaise foi ou de supercherie. Ce décret éprouva des difficultés infinies, et les légats du Saint-Siège, à la tête des principaux d'entre les prélats, ne voulurent jamais y consentir. Ils savaient les intentions du Pape, qui s'était toujours opposé à cette manière de subvenir aux besoins actuels de l'Église.
Eugène IV éleva la voix encore plus haut quand il apprit le résultat de la vingt-quatrième session. Il fit repartir les cardinaux de Sainte-Croix et de Saint-Pierre, qu'il avait retenus longtemps auprès de sa personne, et il leur ordonna de remontrer aux prélats de Bâle les inconvénients de cette publication d'indulgences. Il paraît, par les monuments qui nous restent de cette controverse, que le Pape disputait même au concile le droit d'accorder des indulgences plénières ; mais il considérait apparemment cette assemblée dans l'état où elle se trouvait alors, c'est-à-dire privée du consentement des légats du Saint-Siège, contredite positivement en ceci par le Pape et réduite à un très-petit nombre d'évêques.
Quoiqu’il en soit……
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Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs.
Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle,
se rangent du côté du Pape,
qui transfère le concile à Ferrare.
(suite)
Quoi qu'il en soit ; les auteurs du décret se défendirent par un Mémoire qui fut lu dans une congrégation générale, en présence des deux cardinaux porteurs des ordres du Pape ; tous leurs raisonnements prouvaient fort bien que le concile œcuménique pouvait accorder des indulgences plénières ; mais la question était de savoir si celui de Bâle, vu la contradiction et l'opposition de tant de têtes si considérables, pouvait passer alors pour œcuménique. Au reste l'assemblée de Bâle a toujours tourné dans le même cercle vicieux.
Cependant le Pape, voyant croître de plus en plus l'ardeur des prélats de Bâle, résolut d'envoyer dans toutes les cours des nonces pour informer les princes de ce qui s'était passé depuis le commencement du concile jusqu'alors, c'est-à-dire jusqu'au 1er juin 1436; c'est le terme que le Pape indiquait lui-même.
Il reprochait aux prélats de Bâle d'avoir dégradé en quelque sorte les légats du Saint-Siège par les modifications mises à leurs pouvoirs ; de s'être établis et déclarés corps acéphale en ordonnant que, si les légats ne voulaient pas publier les décrets, on se passerait de leur ministère, et que la publication se ferait par le premier prélat qui serait placé après eux ; d'avoir renouvelé et pris dans un sens étranger deux décrets du concile de Constance, « soumettant, disait-il, par là le souverain Pontife à la correction du concile, ce qui n'a jamais été reconnu des fidèles ni enseigné par les docteurs, ce qui d'ailleurs serait d'un mauvais exemple pour les princes ; car il s'ensuivrait qu'ils sont aussi soumis aux états généraux de leurs principautés. »
Le Pape se plaignait encore des décrets émanés du concile pour l'abolition des annates, et il faisait observer que cette assemblée se contredisait elle-même, puisqu'on voyait partout ses collecteurs et ses agents exiger les annates et les appliquer au profit du concile. Il condamnait de même tout ce qui avait été réglé à Bâle sur l'ordre des conclaves, l'élection des Papes, le nombre des cardinaux, l'extinction des réserves. Il réprouvait surtout les nouvelles indulgences accordées dans la vingt-quatrième session, malgré les remontrances des prélats les plus distingués. Il détaillait la multitude des affaires dont le concile se surchargeait : provision de bénéfices, confirmations d'assemblées capitulaires, établissements de commendes, pouvoirs de confesser et d'absoudre des censures, canonisations de saints, dispenses en matière d'ordre, d'irrégularités, de mariage, etc. Ce n'est encore que la moindre partie des objets dont le Mémoire fait mention.
Le Pape souffrait aussi…
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Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs.
Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle,
se rangent du côté du Pape,
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Le Pape souffrait aussi impatiemment que le concile se fût donné un sceau particulier, qu'il rappelât à lui les causes jugées par le Saint-Siège, qu'il eût supprimé dans la célébration de la messe l'oraison que toute l'Église dit pour le Pape, qu'il eût accordé le droit de suffrage et de voix définitive à d'autres qu'aux prélats. « Ce qui est, disait-il, contre la pratique ancienne des conciles, où les évêques seuls, représentant leurs diocèses, souscrivaient aux décrets. Si l'on a un peu plus étendu ce droit de suffrage dans le concile de Constance, c'est qu'on voulait obtenir plus promptement l'extirpation du schisme ; mais les prélats de Bâle abusent de cet exemple par leur manière de terminer tout au moyen de ce qu'ils appellent les députations ; car souvent ceux qui composent ces tribunaux sont les plus minces sujets et les moins titrés de toute l'assemblée. »
Le Mémoire exposait ensuite tout ce que le Pape avait fait pour entretenir la paix avec ceux de Bâle; comment il avait remis à leur décision l'affaire de la réunion des deux Églises, quoique, avant eux, il fût convenu avec l'empereur de Constantinople d'un moyen plus court et plus facile que tout ce qu'on avait imaginé depuis dans le concile; comment il avait offert pour cette affaire des sommes suffisantes si l'on voulait convenir à l'amiable du lieu où l'on recevrait les Grecs ; comment il n'avait jamais cherché qu'à faire du bien aux membres du concile, soit en conférant des bénéfices, soit en accordant pour eux toute sorte de pouvoirs aux pénitenciers subalternes par rapport à l'absolution des crimes et des censures.
Enfin, après des plaintes très-vives sur ce que les cardinaux de Sainte-Croix et de Saint-Pierre aux Liens avaient été si mal reçus par le concile, le Pape déterminait à ses nonces ce qu'ils avaient à dire dans toutes les cours.
Leur principale fonction devait être d'engager les princes à rappeler de Bâle leurs ambassadeurs et leurs évêques, afin de procéder ensuite à un concile moins tumultueux. Il y avait des remontrances particulières pour les principaux d'entre les souverains ; par exemple, ordre aux envoyés de faire ressouvenir l'empereur du serment qu'il avait fait de protéger le Pape et l'Église romaine.
« Et, pour le roi de France, on le priera, disait le Mémoire, de considérer combien ses prédécesseurs ont eu à cœur la gloire du Saint-Siège, combien de fois ils ont procuré un asile sûr et honorable dans leurs États aux souverains Pontifes persécutés, combien de mouvements ils se sont donnés pour ménager l'extirpation du dernier schisme. »
L'objet capital des prélats de Bâle était toujours la réunion des Grecs ; il fallait nommer incessamment un lieu propre à les recevoir ; on voulait leur faire agréer la ville de Bâle et les Grecs excluaient positivement cet endroit. On leur proposait encore Avignon ou quelque autre ville en Savoie. Avignon n'était point marqué dans le traité conclu avec les envoyés de Paléologue ; il y était mention de la Savoie ; mais il paraît que les prélats affectionnaient beaucoup plus Avignon.
Sur ces entrefaites arriva…
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Sur ces entrefaites arriva une ambassade de Constantinople, et Jean Dissipati, qui en était le chef, se plaignit fort, dans une audience du 15 janvier 1437, qu'on eût choisi des endroits qui n'étaient point contenus dans les actes de la dix-neuvième session du concile ; c'était d'Avignon qu'il voulait parler. Il exclut encore la ville de Bâle ; il dit que, sous le nom de Savoie, on avait entendu une ville qui serait de la domination du duc de Savoie, mais située en Italie, et non au delà des Alpes. Il demanda qu'on assignât un lieu qui fût agréable au Pape, commode pour eux et avantageux à l'union.
« Eh quoi ! dit-il, tandis que notre empereur, notre patriarche, nos prélats passent la mer et viennent de loin, vous refuserez de faire un voyage de sept à huit jours pour réconcilier les deux Églises ! »
Ce voyage de sept à huit jours indiquait le temps qui serait nécessaire pour se rendre en quelque ville d'Italie voisine de la mer et à la bienséance des Grecs. L'orateur finit par des protestations authentiques contre tout ce que les prélats pourraient décerner au désavantage de l'empereur de Constantinople et de l'Église grecque.
« Vous seuls, ajoutait-il, serez coupables du mauvais succès de cette négociation, si vous n'entrez un peu plus dans les intérêts de ceux qui nous ont envoyés.»
Ces remontrances firent naître bien des altercations dans le concile. Les uns voulaient qu'on s'en tînt à la ville d'Avignon ; les légats du Pape et les plus considérables d'entre les prélats ne jugeaient pas à propos de consentir à ce choix. Les légats proposèrent ou Florence ou Udine, dans le Frioul, ou quelque autre ville d'Italie, selon qu'il avait été réglé par la dix-neuvième session. Ils étaient appuyés dans leur demande par les ambassadeurs des princes; ceux du roi de France Charles VII avaient des ordres très-précis pour faire accepter dans le concile un lieu dont le Pape et les Grecs fussent contents. Le roi préférait même la ville de Florence à tous les autres endroits qu'on proposait, et le Pape en fit des remercîments à ce monarque.
Les partisans de l'opinion contraire formaient le plus grand nombre ; mais c'était, dit Augustin Patrice, la vile populace du concile. Il entend par là tout ce qu'il y avait de moins titré et de moins habile parmi les prélats de Bâle. Il dit même que, pour grossir le nombre, on admit aux assemblées une multitude d'ecclésiastiques de la campagne et de bas officiers attachés au service des prélats. Le cardinal d'Allemand, archevêque d'Arles, était à la tête de ce parti, et par là il se mit en possession de cette grande autorité qu'il conserva durant le reste du concile. C'était un homme pieux, austère, mais d'un esprit borné, d'une érudition indigeste, et surtout prévenu et piqué contre le Pape Eugène IV parce qu'il n'en avait pas obtenu la dignité de camerlingue. Au contraire le cardinal de Saint-Ange, Julien Césarini, jusque-là si opposé au Pape, se retourna de son côté et ne voulut plus souffrir qu'on portât des coups à l'autorité de ce Pontife.
La vingt-cinquième session manifesta...
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Négociations souvent contradictoires de Bâle et de Rome avec les Grecs.
Ceux-ci, avec la plupart des évêques de Bâle,
se rangent du côté du Pape,
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La vingt-cinquième session manifesta les sentiments divers qui agitaient le concile ; elle fut tenue le 7 mai 1437. L'assemblée ne pouvant s'accorder sur le lieu qu'on assignerait aux Grecs, la délibération aboutit à deux décrets. Le premier avait pour auteurs les légats du Pape et les plus graves d'entre les prélats ; il y était dit que l'affaire des Grecs se traiterait à Florence ou à Udine, dans le Frioul, ou dans quelque autre ville commode en Italie, et que la levée des décimes ne se ferait point avant que l'empereur et le patriarche de Constantinople fussent arrivés au lieu du concile, de peur qu'on ne soupçonnât de la séduction, si l'on percevait des sommes d'argent, et que le projet ensuite ne réussît pas, comme cela pouvait arriver.
D'un autre côté la multitude, présidée par le cardinal d'Arles, décida que le concile des deux Églises serait tenu à Bâle, ou à Avignon, ou en Savoie; que l'imposition des décimes serait faite au plus tôt ; que ceux d'Avignon pourraient envoyer des collecteurs pour les lever jusqu'à la concurrence de soixante-dix mille florins, dont ils avaient déjà avancé une partie ; que les évêques de Viseu, de Lubec, de Parme, de Lausanne iraient prendre les Grecs à Constantinople, et que ceux-ci seraient obligés de se laisser conduire dans quelqu'un des trois endroits qu'on vient de nommer.
Les ambassadeurs des Grecs approuvèrent fort les décrets des légats; ils en demandèrent la confirmation au Pape, et Eugène la donna par une bulle datée de Bologne le 29 juin 1437. Dès lors tout se suivit régulièrement de ce côté.
A Bâle, au contraire, tout alla de mal en pis…
A suivre : Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques, se livre à des excès plus énormes les uns que les autres, jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
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Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
A Bâle, au contraire, tout alla de mal en pis. En révolte contre le chef de l'Église universelle, privé des légats du Saint-Siège et des prélats les plus recommandables, le concile de Bâle ne fut plus qu'un conciliabule schismatique, où les excès les plus énormes faisaient place à de plus énormes encore.
Dès la vingt-sixième session, 31 juillet 1437, le conciliabule publie un décret où il cite le Pape et les cardinaux à comparaître en personne ou par procureur dans l'espace de soixante jours. Le 26 septembre il casse la nomination d'un cardinal faite par le Pape; il défend au Pape d'aliéner la ville d'Avignon et le comtat Venaissin.
Le 1er octobre on déclare Eugène IV contumace ; huit jours après on supprime la bulle qu'il avait donnée pour la translation du concile de Bâle à Ferrare. Les députés du conciliabule, arrivés à Constantinople, y commencent l'accusation contre le Pape ; le patriarche de Constantinople leur impose silence et leur ordonne de se retirer.
A la trentième session, 24 janvier 1438, le conciliabule déclare le Pape Eugène suspens de toutes ses fonctions, tant au temporel qu'au spirituel, et mande aux rois, aux princes et à tous les ecclésiastiques de ne plus lui rendre obéissance. Le 24 mars suivant le conciliabule de Bâle prononce anathème contre le concile œcuménique ouvert à Ferrare et le traite de conventicule schismatique.
Au mois d'octobre 1438 le conciliabule de Bâle entreprend d'ériger en vérités de foi, au nombre de huit, ses prétentions séditieuses contre l'autorité du chef de l'Église. Les membres du conciliabule se divisent les uns contre les autres. Les évêques se récrient sur ce que, dans une question de foi, on donne voix délibérative aux ecclésiastiques du second ordre.
« Quand est-ce, demanda l'archevêque de Palerme, que de simples prêtres ont eu voix définitive dans les conciles ? Leur état ne les borne-t-il pas à donner simplement leur avis ? et l'on verra donc aujourd’hui pour la première fois, une question de foi terminée sans l'autorité des évêques ? Quel scandale (1) ! »
L'archevêque d'Arles, président de l'assemblée, lui répondit :…
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(1) Comment, Æn. Sylv. 1, 1, p. 24.
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Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
(suite)
L'archevêque d'Arles, président de l'assemblée, lui répondit : « Souvenez-vous que la manière de procéder dont on se sert ici n'est pas nouvelle; qu'elle a été établie dès le commencement du concile et qu'on ne l'a point changée depuis. Souvenez-vous que cette multitude d'ecclésiastiques inférieurs a été de votre avis en d'autres points, et que vous ne disputiez point alors du plus ou moins d'autorité qui lui appartient (1). » Cette réplique signale bien l'inconséquence des évêques, qui, après avoir reconnu le droit de suffrage aux simples prêtres, le veulent repousser comme une innovation ; mais cette réplique ne prouve pas que ce ne fût une innovation téméraire de l'assemblée de Bâle, au contraire elle en convient. Cette attaque et cette réponse sont comme deux glaives dont les deux adversaires se percent l'un l'autre. Ce qu'ajoute l'archevêque d'Arles est encore plus naïf.
« Si les évêques seuls, dit-il, sont juges dans les conciles, il faudra donc que la nation d'Italie l'emporte sur les autres, car les évêchés y sont en plus grand nombre que partout ailleurs. Si les évêques seuls et les cardinaux avaient été admis à donner leurs suffrages dans notre concile de Bâle, qu'aurions-nous fait ? que ferions-nous encore ? Car vous voyez le peu d'évêques qui est de notre côté, et ceux que nous avons ne sont guère propres encore à rompre l'effort des méchants, puisqu'ils craignent beaucoup la puissance temporelle des princes. Il n'y a que les prêtres du second ordre qui témoignent de la fermeté, de l'intrépidité, qui méprisent les menaces et les anathèmes d'Eugène. »
Ainsi le concile de Bâle, d'après l'aveu de son président, n'était pas une assemblée d'évêques, n'était pas un concile, mais un synode presbytérien. Non-seulement il l'avoue, mais il soutient que cela devait être. Pour cela il renouvelle l'erreur de certains hérétiques qui égalaient les prêtres aux évêques.
Voici un de ses raisonnements : « Dans les anciens conciles il y avait des prêtres assis comme les évêques; donc, comme eux, ils y avaient droit de suffrage. » Autant vaudrait dire : Dans les anciens conciles il y avait des écrivains et des copistes qui étaient assis; donc ils y avaient droit de suffrage comme les évêques et les patriarches. On lui objecta ce mot célèbre du concile de Chalcédoine: Un concile est une assemblée d'évêques, et non de clercs (2). On devinerait difficilement par quelle subtilité le président du conciliabule se tire de ce mauvais pas. Voici sa réponse :…
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(1). Comment. Æn. Sylv. 1, 1, p. 26 et 27. — (2). « Concilium episcoporum, non clericorum. »
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
(suite)
On devinerait difficilement par quelle subtilité le président du conciliabule se tire de ce mauvais pas. Voici sa réponse :« Quand le concile de Chalcédoine a dit : Un concile est une assemblée d'évêques, et non de clercs, il a voulu dire : Un concile est une assemblée d'évêques, de prêtres, de diacres, de sous-diacres, de lecteurs et d'acolytes, mais non pas de simples tonsurés (1). »
Mais en Orient il n'y avait pas de simples tonsurés à l'époque du concile de Chalcédoine ; mais quand ce concile dit : Une assemblée d'évêques, et non de clercs, il est clair comme le jour qu'il met en opposition avec les évêques tout le clergé inférieur, y compris les prêtres.
En vérité, quand on considère attentivement l'esprit factieux du concile de Bâle, ses entreprises révolutionnaires contre le chef de l'Eglise, ses principes et ses raisonnements étranges pour les justifier, tout cela sous prétexte de réformer l'Église dans son chef et dans ses membres, on ne peut s'empêcher de convenir que, dès le quinzième siècle, le concile de Bâle préparait les voies à l'effroyable révolution de Luther et de Calvin, sous le nom de réforme du seizième siècle.
Le discours de l'archevêque d'Arles parut un chef-d'œuvre aux ecclésiastiques du second ordre ; l'archevêque de Palerme et la plupart des évêques n'en jugèrent pas de même. Quand il fut question de conclure sur les huit articles le trouble et la confusion se mirent parmi les assistants ; on criait, on disputait, on mêlait les injures aux reproches; on se plaignait que la liberté du concile était violée ; tous proposaient leur avis pêle-mêle, sans être interrogés.
L'archevêque d'Arles voulait conclure, lorsque celui de Palerme s'écria : « Eh bien ! vous méprisez donc mes prières, vous méprisez les princes et les prélats. Prenez garde de devenir à votre tour la fable du monde entier. Vous voulez conclure, cela ne vous regarde point ; je trouve fort singulier que vous entrepreniez une chose comme celle-là avec trois évêques à simple titre qui sont de votre côté. C'est à nous qu'il appartient de prononcer ; nous sommes le plus grand nombre d'évêques, nous sommes le concile, et ce titre n'est point dû à cette cohue de barbouilleurs de papier (2) que nous voyons ici. Enfin je déclare, au nom des évêques, qu'il faut surseoir à la conclusion. »
A ce mot il se fit un si grand vacarme dans l'assemblée…
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(1) « Concilium episcoporum, non clericorum. » Comment. Æn. Sylv. — (2). « Collu(s)iem istam copistarum. »
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
(suite)
A ce mot il se fit un si grand vacarme dans l'assemblée que ce cela ressemblait au bruit de deux armées qui en viennent aux mains ; » c'est l'expression d'Ænéas Sylvius, qui était présent. Le promoteur du concile en appela au concile de l'opposition faite par l'archevêque de Palerme. Jean de Ségovie, théologien espagnol, entreprit un long discours où il disait que, s'il fallait le plus grand nombre des évêques pour décider, le concile de Bâle serait à néant, puisque, dans la plupart de ses décrets, la pluralité des évêques avait été contraire. « Par exemple, ajouta-t-il, il n'y avait guère que cinq prélats avec le cardinal de Saint-Ange quand on a réglé ce qui concerne la célébration des conciles provinciaux et des synodes. » Pour prouver la nullité du concile de Bâle il n'y a rien de plus fort que les apologies de ses défenseurs.
Au milieu de ces altercations l'archevêque d'Arles obtint un moment de silence et dit :
« J'apprends de France que les nonces d'Eugène s'y sont répandus partout et qu'ils exaltent l'autorité du Pontife romain au-dessus de celle des conciles généraux. Or, pour réfuter cette doctrine, il est nécessaire d'établir les vérités déjà proposées dans le concile ; elles sont au nombre de huit ; mais les Pères n'ont pas l'intention de les décider toutes. Aujourd'hui ils se bornent aux trois premières. Ainsi, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je conclus qu'il faut tenir ces trois articles. »
Cela dit, il leva la séance, au milieu des acclamations des siens et de la stupéfaction des autres. En effet jamais faiseur de tours n'escamota si adroitement une affaire.
Le 9 mai 1439 on tint une congrégation générale pour transformer en décret la conclusion escamotée. Il y eut de nouvelles contestations. L'archevêque de Tours, qui avait la qualité de plénipotentiaire de France, dit que, malgré la conclusion du cardinal d'Arles, il se croyait en droit d'élever la voix et de condamner cette démarche, puisque les congrégations n'étaient point le dernier et suprême tribunal du concile. « Je suis archevêque, ajouta-t-il; j'aurais dû, comme tel, être prévenu de ce qu'on voulait défini. Je suis ministre de France, obligé par conséquent d'informer de tout le roi mon maître; je veux donc avoir le temps de conférer sur cela. Mes collègues d'ambassade le souhaitent aussi. »
L'évêque de Cuença, ambassadeur de Castille, parla d'un ton encore plus ferme, et l'archevêque de Milan les surpassa tous en disant au cardinal d'Arles :…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
(suite)
L'évêque de Cuença, ambassadeur de Castille, parla d'un ton encore plus ferme, et l'archevêque de Milan les surpassa tous en disant au cardinal d'Arles :
« C'est vous qui êtes l'auteur de toute cette intrigue. Vous entretenez auprès de votre personne une troupe de barbouilleurs de papier et de pédants (1) pour faire avec eux des articles de foi. On vous prendrait à juste titre pour un autre Catilina; vous êtes comme lui l'asile de tous les gens sans aveu, sans espérance et sans conduite. C'est donc par le ministère de telles gens que vous prétendez gouverner l'Église, et vous aimez mieux prendre leurs avis que ceux des prélats et des ambassadeurs qui représentent ici les souverains? »
Le cardinal d'Arles essuya encore bien d'autres invectives ; mais il emporta le décret par le suffrage de ses barbouilleurs de papier et de ses pédants, et fixa le 16 mai pour le promulguer en session publique.
Ce jour on se rendit solennellement à la cathédrale de Bâle; les ambassadeurs des princes n'y parurent point, non plus que la plupart des évêques. On ne compta dans cette trente-troisième session que vingt prélats, tant évêques qu'abbés : deux d'Italie, aucun d'Espagne, dix-huit de France et d'Allemagne. En revanche on y vit plus de quatre cents ecclésiastiques du second ordre. On y vit quelque chose de plus étrange encore ; pour remplir les fauteuils des évêques absents, le président de l'assemblée y fit mettre les châsses des saints, qu'il avait fait apporter de toute la ville. C'est au milieu de cet appareil théâtral qu'on publia le décret en ces termes :
« Le saint concile de Bâle déclare et définit ce qui suit : 1° C'est une vérité de foi catholique que le concile général, représentant f Eglise universelle, a une autorité supérieure au Pape et à quiconque. 2° C'est une vérité de foi catholique que le Pape ne peut en aucune façon dissoudre, transférer ni proroger le concile général représentant l'Église universelle, à moins que le concile n'y consente. 3° On doit regarder comme hérétique quiconque contredit les vérités précédentes.»
Dans une congrégation générale du 23 juin on acheva de déterminer les cinq autres articles, savoir : que le Pape Eugène a contre dit les trois premières vérités de foi quand il s'est ingéré de dissoudre et de transférer le concile de Bâle ; qu'ensuite, de l'avis des Pères, il a rétracté cette erreur, mais qu'il y est tombé bientôt après en voulant une seconde fois dissoudre et transférer le concile; que, comme il persiste dans sa résolution malgré les monitions du concile, et tenant même un conciliabule en Italie, il se déclare contumace, opiniâtre et rebelle. Tout cela fut publié comme des vérités constantes.
Dès le surlendemain, 25 juin, trente-quatrième session, on en vint à l'application…
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(1) « Gregem copistarum et pædagogorum. »
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Analogie entre la fête des Fous et le concile de Bâle.Le conciliabule de Bâle, où il ne restait presque plus d'évêques,
se livre à des excès plus énormes les uns que les autres,
jusqu'à déposer Eugène IV et à faire un antipape.
(suite)
Dès le surlendemain, 25 juin, trente-quatrième session, on en vint à l'application. Le conciliabule schismatique de Bâle, par un attentat sacrilège, déposa le Pape Eugène IV comme désobéissant, opiniâtre, rebelle, violateur des canons, perturbateur de l'unité ecclésiastique, scandaleux, simoniaque, parjure, incorrigible, schismatique, hérétique, endurci, dissipateur des biens de l'Église, pernicieux et damnable. Le conciliabule défendait à qui que ce fût de le reconnaître pour Pape, et déclarait les contrevenants déchus par le seul fait de toutes leurs dignités, soit ecclésiastiques, soit séculières, fussent-ils évêques, archevêques, patriarches, cardinaux, rois ou empereurs.
Voilà ce qui fut statué par une assemblée où l'on comptait trente-neuf prélats, dont sept ou huit seulement étaient évêques. Finalement, huit évêques, au plus, osent prononcer une déposition aussi sacrilège que nulle contre le Pape certain et légitime, reconnu par l'Église universelle, et encore ces huit étaient-ils tous notés par quelque endroit qui devait les faire récuser dans un jugement bien réglé.
« Par exemple, dit le cardinal Turrécrémata, qui les connaissait en détail, le cardinal d'Arles était envenimé contre le Pape parce qu'il n'avait pu obtenir de lui la charge de camerlingue. Le patriarche d'Aquilée était aussi brouillé avec Eugène à cause des démêlés qui existaient entre ce prélat et les Vénitiens. Louis de la Palu se souvenait que le Pape ne l'avait pas favorisé dans ses poursuites pour l'évêché de Lausanne.
L'ancien évêque de Vence n'avait pu digérer non plus que la cour romaine lui eût refusé l'évêché de Marseille. L'évêque de Grenoble était proche parent du cardinal d'Arles. L'évêque de Bâle était un homme sans lettres et assujetti aux volontés des autres. Raymond Talon, qui prenait la qualité d'évêque de Tricarico, était depuis longtemps ennemi du Pape parce que celui-ci l'avait privé, pour sa mauvaise conduite, de la charge d'auditeur dans la cour d'Avignon. Enfin il y avait là deux autres évêques à simple titre, religieux de profession et apostats de leur ordre (1). »
Ces détails nous montrent quels furent les auteurs du décret de déposition contre le Pape.
Pour compléter le schisme ils firent un antipape le 30 octobre 1439 ; ce fut le duc de Savoie, Amédée VIII. En 1434, à l'âge de cinquante-cinq ans, laissant ses Etats à ses quatre fils, il se retira dans une terre délicieuse nommée Ripaille, pour s'y rendre ermite avec deux gentilshommes. Il retint pour son service vingt de ses domestiques, et pour nourriture il se faisait servir les meilleurs vins et les meilleures viandes ; d'où vient, à ce que l'on croit, le proverbe de faire ripaille. C'est ce qu'il a fait de plus mémorable, et comme prince et comme antipape. Il prit le nom de Félix V et le porta dix ans, avec une obédience qui ne s'étendit jamais au delà de ses États et de quelques cantons suisses. En 1449 il abdiqua et se soumit à Nicolas V, successeur d'Eugène IV. Les débris du concile de Bâle, retirés à Lausanne, élurent alors pour Pape le Pape régnant, Nicolas V.
Tels furent le commencement, le milieu et la fin du trop fameux concile de Bâle…
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(1) Turrécrémata. Labbe, t. 13.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Analogie entre la fête des Fous et le concile de Bâle.
Tels furent le commencement, le milieu et la fin du trop fameux concile de Bâle : le commencement fut un seul homme, le milieu un schisme, et la fin un désaveu qui n'en était pas un ; commencement burlesque, milieu scandaleux, fin risible.
Dans sa vingtième session ce fameux concile défendit la fête des Fous. Voici en quoi consistait alors cette fête. Le jour des Innocents et le jour du nouvel an on habillait des enfants en papes et en évêques ; on les conduisait à l'église avec cérémonie ; ils faisaient les fonctions ecclésiastiques, et tout cela était suivi de bien des désordres, des scandales et des irrévérences.
Vers le milieu du quinzième siècle il y eut dans l'Église universelle une fête semblable, quoique plus sérieuse et plus longue; car elle dura de 1431 à 1449. Un homme d'abord, puis une dizaine d'hommes se réunirent en concile œcuménique ; de simples prêtres se travestirent en évêques, en cardinaux, en papes, en Église universelle. Comme, au treizième siècle, dans l'Église de Paris, les enfants de chœur, par manière de jeu, déposaient les chanoines de leurs hautes stalles et se mettaient à leur place un jour dans l'année, ainsi des prêtres parisiens et autres, du quinzième siècle, travestis en conciles généraux, s'amusaient à déposer les cardinaux et les Papes, à réformer l'Église universelle, mettant la tête en bas et les pieds en haut. Ce jeu de dix-huit ou dix-neuf ans, c'est ce qu'on appelle le concile de Bâle.
Jeu plus sérieux qu'on ne pense, car c'était le jeu de Satan. Le Sauveur dit à saint Pierre : « Simon, Simon, voici que Satan vous a demandés à cribler comme du froment ; lors donc que tu seras converti, confirme tes frères. »
Voyez un homme qui crible du froment, comme il le secoue, comme il le jette, comme il l'agite, comme il le tourne et le retourne, en long, en large, en rond, sans ordre ni suite, au gré de son caprice. Image de ce que Satan fait aux apôtres et à leurs successeurs, y compris Pierre et les siens ; il les secoue, les jette, les agite les uns contre les autres, de manière qu'ils se heurtent, qu'ils s'entre-choquent, qu'ils ne savent plus où ils en sont. Telle était l'agitation de Bâle, où il y avait plus de zèle que de lumière et de sagesse ; agitation qui se communique au reste de la chrétienté ; presque tous les royaumes reconnaissent toujours Eugène IV, l'Allemagne reste dans une espèce de neutralité. Quel remède à cette périlleuse tentation ?...
A suivre : L'empereur Jean Paléologue, le patriarche de Constantinople et un bon nombre de prélats grecs se mettent en route pour venir au concile de Ferrare, qui s'ouvre au jour indiqué.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Vertus épiscopales du bienheureux Nicolas Albergati, président du concile.L'empereur Jean Paléologue, le patriarche de Constantinople
et un bon nombre de prélats grecs
se mettent en route pour venir au concile de Ferrare, qui s'ouvre au jour indiqué.
Quel remède à cette périlleuse tentation ? Pierre, j’ai prié pour toi; lors donc que tu seras converti, affermis tes frères. C'est ce que nous allons voir : Pierre, centre d'attraction et d'unité, attirant à lui et affermissant en l'unité ses frères d'Orient, d'Egypte, d'Ethiopie, de Mésopotamie, de Chaldée et d'Allemagne.
Dans la séance du 7 mai 1437 la plus saine partie des prélats de Bâle, unis aux légats du Pape, avaient offert aux ambassadeurs de l'empereur Jean Paléologue, pour y tenir le concile de réunion, soit la ville de Florence ou d'Udine, soit toute autre ville d'Italie qui leur parût commode. Les ambassadeurs grecs approuvèrent fort ce décret et en demandèrent la confirmation au Pape, qui la donna par une bulle datée de Bologne, le 29 juin 1437. Dès lors tout le reste suivit.
Eugène IV fit expédier des sauf-conduits pour les Grecs ; il nomma Antoine Condelmer pour commander les vaisseaux de transport ; il chargea l'archevêque de Tarentaise et Christophe Garatoni, devenu évêque de Coron, de la légation de Constantinople ; il leur recommanda d'agir de concert avec les évêques de Digne et d'Oporto, chargés de la même fonction par cette partie du concile de Bâle qui s'entendait avec Eugène.
Tous les préparatifs se firent à point nommé. On conduisit neuf galères bien armées à Constantinople. L'empereur Jean Paléologue, le patriarche Joseph, les évêques grecs et tous les gens de leur suite s'y embarquèrent le 25 novembre 1437. Après une navigation longue et pénible ils arrivèrent à Venise le 9 février 1438. Venise était la ville natale du pape Eugène IV. L'empereur de Constantinople y fut reçu avec une telle magnificence que les Grecs en étaient dans l'admiration. Ils restaient stupéfait en voyant l'église de Saint-Marc, les palais du doge et des autres nobles, l'opulence et la politesse de tous les habitants.
L'historien grec du concile de Florence, qui était présent et que l'on croit être Georges Scholarius, déclare la pompe de cette entrée impossible à décrire. « Notre âme était tellement ravie à la vue de toutes ces merveilles que nous disions dans l'extase : En vérité, la terre et la mer sont aujourd'hui devenues le ciel ; car de même que personne ne peut comprendre les créatures célestes de Dieu, mais en est seulement émerveillé, ainsi restions-nous émerveillés des magnificences de cette fête. »
Cependant le Pape Eugène IV avait indiqué…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Vertus et travaux apostoliques de saint Laurent Justinien, évêque de Venise.Vertus épiscopales
du bienheureux Nicolas Albergati,
président du concile.
Cependant le Pape Eugène IV avait indiqué le concile de Ferrare comme devant commencer le 8 janvier 1438. Le cardinal Julien Césarini s'y rendit de Bâle, avec les plus recommandables des prélats. L'ouverture se fit le jour indiqué. Il s'y trouva cinq archevêques, dix-huit évêques, quatre évêques élus, dix abbés, quelques généraux et provinciaux d'ordre. Le concile s'ouvrit sous la présidence du bienheureux Nicolas Albergati , ancien Chartreux, archevêque de Bologne et cardinal de Sainte-Croix, que déjà nous avons appris à connaître.
Au commencement de son pontificat Eugène IV l'envoya comme légat en France, pour négocier la paix entre les rois de France et d'Angleterre et le duc de Bourgogne. Au milieu de ses négociations, qui alors n'eurent aucun succès, il fut appelé pour présider le concile de Bâle au nom du Pape. De Bâle il fut envoyé en Italie pour réconcilier le duc de Milan et les Vénitiens. Eugène IV, qu'il était allé trouver à Florence, l'envoya de nouveau en France, où il réussit, en 1435, à conclure la paix, non pas encore entre les Français et les Anglais, mais entre le roi de France et le duc de Bourgogne ; ce qui donna moyen au roi Charles VII de chasser les Anglais de tout son royaume et acheva ainsi l'œuvre de Jeanne d'Arc. Le bienheureux Nicolas Albergati présida dans les premières séances du concile œcuménique de Ferrare ou de Florence. Durant le concile même le Pape l'envoya comme légat en Allemagne pour y combattre les menées schismatiques du conciliabule de Bâle. Revenu d'Allemagne à Florence au concile œcuménique, Eugène IV le nomma grand-pénitencier de l'Église romaine. Cette nouvelle dignité ne changea rien au genre de vie simple et modeste du vertueux cardinal.
On admirait en lui une humilité sincère, jointe à un caractère ferme et plein d'élévation, la candeur unie à la prudence, une charité bienveillante pour tous, un grand amour pour les pauvres et un zèle ardent pour la religion.
Sa maison était parfaitement réglée; aussi plusieurs de ceux qui la composaient parvinrent-ils aux plus hautes dignités de l'Église; deux d'entre eux furent même élevés à la papauté sous les noms de Nicolas V et de Pie II. Attaché de cœur à son premier état il pratiquait sous la pourpre romaine les austérités des Chartreux. Ami des lettres, il forma une bibliothèque considérable qu'il légua, à sa mort, à divers monastères. Il se disposait à suivre le Pape, qui retournait à Rome, lorsqu'il fut obligé de s'arrêter à Sienne, chez les Augustins, de l'ordre desquels il était le protecteur depuis dix-sept ans. Il y mourut de la pierre, à l'âge de soixante-huit ans, le 9 mai 1443. Ses entrailles furent inhumées dans l'église de la maison, et l'on porta son corps à la chartreuse de Florence, où il est encore conservé. Benoît XlV, qui avait été un des successeurs du bienheureux Nicolas dans le siège de Bologne, approuva, le 6 octobre 1744, le culte rendu de temps immémorial à ce saint prélat (1) .
L'historien grec du concile de Florence nous apprend…
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(1).Acta SS. 9 mai. Godescard, 3 mars.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Vertus et travaux apostoliques de saint Laurent Justinien, évêque de Venise.
L'historien grec du concile de Florence nous apprend qu'il s'y trouva deux cents évêques ; mais on ne connaît le nom et le siège que d'un petit nombre. Parmi eux était sans aucun doute saint Laurent Justinien. Le Pape Eugène IV, son compatriote, le nomma évêque de Venise en l'an 1433.
Le saint employa tous les moyens possibles pour ne point accepter cette dignité ; deux fois ses frères, les Chanoines réguliers de Saint-Georges, observèrent un jeûne et écrivirent au Pape pour obtenir qu'il leur laissât leur père et leur guide ; deux fois le Pape les consola par des lettres paternelles, les engageant toutefois, par de bonnes raisons et par l'exemple des saints, à ne point résister à la volonté divine. Justinien ne put donc pas ne point obéir au Pontife commandant pour la troisième fois. Il avait cinquante et un ans.
Il prit possession de son Église avec tant de simplicité et si secrètement que ses propres amis ne le surent que quand la cérémonie fut faite. Il passa toute la nuit suivante en prières devant un autel pour attirer sur lui les grâces du Ciel; il fit la même chose la nuit qui précéda son sacre. Il ne diminua rien des austérités qu'il avait pratiquées dans le cloître. Son assiduité à la prière lui mérita des lumières toutes célestes, cette fermeté invincible, cette activité infatigable dont toute sa conduite porta l'empreinte. Il sut pacifier les dissensions intestines qui agitaient la république, et gouverna son diocèse dans les temps les plus orageux avec autant de facilité qu'il eût gouverné un monastère.
Son ameublement montrait son amour pour la simplicité et la pauvreté, et, comme on lui représentait qu'il devait quelque chose à sa naissance, à la dignité de son siège et à la république, il répondit que la vertu était le seul ornement du caractère épiscopal et qu'un évêque ne devait avoir d'autre famille que les pauvres de son diocèse.
Sa maison n'était composée que de cinq personnes; il mangeait dans de la vaisselle de terre; il n'avait pour lit qu'une paillasse couverte de haillons et n'avait qu'une mauvaise soutane pour vêtement. Sa sévérité envers lui-même, jointe à un grand fonds d'affabilité et de douceur envers les autres, le faisait universellement respecter.
Il acquit un tel ascendant sur tous les esprits et tous les cœurs qu'il vint facilement à bout des abus qui s'étaient glissés dans le clergé et parmi les laïques. Son troupeau l'aimait et le respectait, et il n'y avait personne qui ne se soumît avec docilité à toutes ses ordonnances. Si l'exécution de ses pieux desseins éprouvait d'abord quelque difficulté, il savait en triompher par sa douceur et sa patience.
Son zèle contre les théâtres lui suscita quelques ennemis. Un d'entre eux, qui était puissant, s'éleva avec beaucoup d'indécence contre un mandement qu'il avait donné à cet égard; il faisait passer le saint évoque pour un homme qui voulait porter dans le monde la rigidité du cloître, pour un moine minutieux que de vains scrupules agitaient et il fit tous ses efforts pour soulever le peuple contre lui.
Une autre fois Justinien fut insulté publiquement …
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Arrivée du Pape Eugène IV à Ferrare et au concile.Vertus et travaux apostoliques de saint Laurent Justinien, évêque de Venise.
(suite)
Une autre fois Justinien fut insulté publiquement dans les rues et traité d'hypocrite; il écouta les injures dont on le chargeait sans changer de visage et sans rien perdre de sa tranquillité. Il n'était pas moins insensible aux louanges et aux applaudissements qu'on lui donnait ; on ne remarquait en lui aucun mouvement de tristesse ni de quelque passion que ce fût ; il jouissait d'une égalité d'âme que rien ne pouvait altérer.
La première visite qu'il fit de son diocèse opéra des fruits incroyables. Il fonda quinze monastères et un grand nombre d'églises; il réforma tous les abus qui s'étaient introduits par rapport à la célébration de l'office divin et à l'administration des sacrements. Il établit un si bel ordre dans sa cathédrale qu'elle devint le modèle de la chrétienté ; il y fonda de nouvelles prébendes, afin qu'elle fût desservie avec plus de décence et de dignité ; il érigea dix paroisses à Venise, et il y en eut alors trente dans cette ville au lieu de vingt qui y étaient auparavant.
On voyait tous les jours une multitude innombrable de peuple dans son palais ; les uns venaient y chercher de la consolation dans leurs peines ou des secours dans leurs misères ; les autres venaient consulter le saint dans leurs doutes. Sa porte n'était jamais fermée aux pauvres; il aimait mieux distribuer du pain et des habits, pour éviter le mauvais emploi de l'argent, qui n'est que trop commun, même parmi les indigents, ou, s'il en donnait, c'était toujours en petite quantité.
Des dames pieuses portaient ses aumônes aux pauvres honteux ou à ceux qui avaient souffert des pertes considérables. Dans les charités qu'il faisait il n'avait égard ni à la chair ni au sang. Quelqu'un étant venu le trouver de la part de Léonard, son frère, il le renvoya en lui disant : « Retournez vers celui qui vous a envoyé, et je vous charge de lui dire qu'il est en état de vous assister lui-même.»
Personne ne porta jamais plus loin que lui le mépris de l'argent. II confia le soin de son temporel à un économe fidèle, et il avait coutume de dire à ce sujet : « II est indigne d'un pasteur des âmes d'employer une partie considérable d'un temps qui est si précieux à entrer dans les petits détails qui ont l'argent pour objet (1). »
L'an 1438 saint Laurent Justinien publia un manuel de discipline canonique pour son diocèse ; il était tiré des constitutions provinciales des patriarches de Grade, des ordonnances synodales de Castella et de Venise, parmi lesquelles plusieurs du saint évêque même (1).
Au lieu de crier ou de procéder tumultuairement à la réforme des autres, comme les prélats de Bâle, il commençait la réforme sans bruit par lui-même et par son diocèse : c'est qu'il était vraiment animé de l'Esprit de Dieu. Son exemple fut plus efficace que bien des conciles. Les étrangers comme les indigènes, les cardinaux et les princes comme le peuple, accouraient pour le voir, étudier sa vie, sa chambre, ses ameublements, et s'en édifier (2). Le Pape Eugène IV lui ayant mandé de venir le voir à Bologne, il le reçut avec de grandes marques de distinction et l'appela l'ornement de l'épiscopat. C'était sans doute à l'approche du concile œcuménique de Ferrare et de Florence.
Ce concile…
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(1). Acta SS., 8 janvier. Godescard, 5 septembre. — (1).Mansi, Concile t, 31, col. 289.— (2). Vita. Acta SS.t 8 janv., c. 9, n. 51.
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Arrivée du Pape Eugène IV à Ferrare et au concile.
Ce concile s'était ouvert le 8 janvier 1438 sous la présidence du saint cardinal Nicolas Albergati. Deux jours après il y eut une première session, où se trouvèrent deux évêques de plus. On y déclara que, le Pape ayant transféré le concile de Bâle à Ferrare pour de très-justes causes, qui avaient paru nécessaires au Saint-Siège et avaient été approuvées par les prélats de la cour de Rome, cette translation était légitime et canonique, et qu'ainsi le concile général de Ferrare était dûment et légitimement assemblé pour travailler à l'union de l'Église grecque avec l'Église romaine et achever ce qui avait été commencé à Bâle; que tout ce qu'on ferait dans cette dernière ville après cette translation serait nul, à moins que cela ne tendît à la réduction des Bohémiens, ce qui serait approuvé par le concile de Ferrare; qu'enfin tous étaient absous du serment qu'ils avaient déjà fait à Bâle (3).
Le Pape Eugène IV, parti de Bologne, arriva le 24 janvier au monastère de Saint-Antoine, hors des murs de Ferrare. Le 27 il fit son entrée solennelle dans la ville ; l'ambassadeur de Castille et de Léon tenait les rênes de son cheval à droite, le marquis de Ferrare à gauche.
Le 8 février il présida une congrégation à laquelle assistèrent tous les cardinaux, évêques et docteurs. Il s'y plaignit des prélats de Bâle, et déclara que, quoiqu'il fût très-innocent, si néanmoins lui ou les siens se trouvaient coupables de quelques fautes, il se soumettait volontiers à la correction des Pères, et il les exhorta à se gouverner avec tant de régularité qu'ils fussent le modèle des autres. Le plus ancien des cardinaux le remercia au nom de ses collègues et lui promit leur active coopération. Le plus ancien des archevêques, celui de Ravenne, parla de même au nom de tous les autres prélats.
On tint encore deux autres congrégations générales pour préparer le décret de la seconde session, qui se tint le 15 février. Le Pape y présida, ayant avec lui soixante-douze évêques. On y lut le décret par lequel le Pape, après avoir déduit fort au long tout ce qu'il a fait pour porter à la paix les prélats de Bâle, prononce, avec l'approbation du concile, que tous leurs décrets séditieux sont nuls, et déclare que tous ceux qui continueront cette assemblée, de quelque dignité qu'ils soient, encourent l'excommunication et les autres peines marquées dans la bulle de translation, ordonnant à ceux qui sont à Bâle pour la tenue du concile d'en sortir dans le délai de trente jours, sous les mêmes peines et censures; aux magistrats, officiers et habitants de cette ville, de les en chasser après l'expiration de ce temps, sous peine d'excommunication et d'interdit pour le peuple; défendant enfin, sous la même peine, de porter aucune marchandise ou choses nécessaires à la vie des hommes dans cette ville de Bâle, si ceux qui y tiennent le concile persistent dans leur opiniâtreté (1).
Le cardinal de Sainte-Croix, le bienheureux Nicolas Albergati, après avoir fait l'ouverture du concile, se rendit à Venise pour saluer l'empereur de Constantinople de la part du Pape ; il était accompagné de Nicolas d'Este, marquis de Ferrare. Ils furent bientôt suivis du cardinal Julien Césarini, qui avait présidé le concile. L'empereur grec envoya…
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(3). Labbe, t. 13, col. 879 et seqq. — (1). Labbe, t. 13, col. 895 et seqq.
A suivre : Arrivée de l'empereur Jean Paléologue, du patriarche Joseph et des autres prélats grecs.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Session d’ouverture commune aux Latins et aux Grecs.Arrivée de l'empereur Jean Paléologue,
du patriarche Joseph et des autres prélats grecs.
L'empereur grec envoya de son côté à Ferrare rendre ses devoirs au Pape. Jean Paléologue, y étant arrivé lui-même par eau, y fit son entrée le 4 mars. Tous les cardinaux, suivis d'un très-grand nombre de prélats, allèrent au-devant de lui jusque hors de la ville. L'empereur marchait à cheval, sous un dais bleu céleste, porté par les fils et les plus proches parents du marquis de Ferrare. Lorsque le cortège fut arrivé au palais où le Pape faisait sa résidence tous ceux qui étaient à cheval mirent pied à terre à la grande porte. L'empereur seul resta sur le sien et monta l'escalier, qui était en rampe douce, jusqu'à l'entrée de la salle qui précédait la chambre du Saint-Père. Il descendit alors de cheval, et, ayant traversé la salle, il entra chez le Pape, qui vint au-devant de lui, et qui sut si bien mesurer ses pas qu'il le joignit au milieu juste de l'appartement. L'empereur voulant mettre le genou en terre, le Pape le retint et l'embrassa ; puis, lui donnant la main, que ce prince baisa avec respect, il l'introduisit dans une chambre plus reculée, où il le plaça à sa droite. Eugène, après avoir conversé avec Jean Paléologue pendant quelque temps, le fit reconduire au logement qu'on lui avait préparé, et où il fut traité avec autant de somptuosité et de magnificence qu'il aurait pu l'être à Constantinople.
Le patriarche n'arriva que trois jours après à Ferrare, avec une partie des métropolitains et des évêques du clergé grec députés au concile. Il y fut amené par eau, sur un navire d'une construction particulière et qui ressemblait à un palais flottant. Ce navire lui avait été envoyé de Ferrare à Venise par le marquis d'Este. Le patriarche ne débarqua pas sur-le-champ ; il resta sur son bâtiment le reste du jour et la nuit suivantes, pour attendre qu'on eût réglé le cérémonial suivant lequel il voulait être reçu. Tout l'ayant été à sa satisfaction, deux cardinaux, accompagnés de vingt-cinq évêques et d'un grand nombre de prélats et d'officiers de la cour romaine, le marquis d'Este, avec les princes, ses fils, et les grands du pays, allèrent le recevoir à la descente du navire. Après les premiers compliments on lui présenta, ainsi qu'à ceux de sa suite, de superbes chevaux, sur lesquels ils montèrent. Le cortège se mit en marche et s'avança dans le plus bel ordre vers le palais du souverain Pontife. Le patriarche avait à ses côtés deux cardinaux, dont l'un était Prosper Colonne, neveu de Martin V. Lorsqu'on fut arrivé au palais pontifical le patriarche descendit de cheval, et on le conduisit, en lui faisant traverser les antichambres et les salles, jusqu'à l'appartement secret du Pape, qui, pour éviter le cérémonial, avait arrêté que cette audience ne serait pas publique. Les portes s'étant ouvertes, le patriarche entra, suivi seulement de six métropolitains. Le Pape se leva de son trône pour le recevoir. Le patriarche s'étant approché, le Pape et lui s'embrassèrent. Eugène se replaça sur son trône, le patriarche prit place à sa droite sur un siège semblable à celui des cardinaux. Les six archevêques qui accompagnaient ce prélat furent également admis au baiser du Saint-Père et se rangèrent à la gauche de leur chef; mais ils se tinrent debout, comme firent aussi toutes les autres personnes de sa suite, lesquelles furent introduites six à six. À mesure qu'elles entraient elles saluaient le Pape, les unes comme les évêques, en lui baisant la main et la joue, et les autres comme les simples ecclésiastiques, en lui faisant une profonde inclination. Il n'y eut que les laïques qui se prosternèrent pour lui baiser les pieds.
Une des difficultés du cérémonial était celle-ci. Nous avons vu le prophète Daniel prier à genoux à Babylone, Salomon dans le temple de Jérusalem, Jésus au jardin des Olives, saint Paul dans ses Epîtres et les Actes des Apôtres, et le concile de Nicée ordonnant de prier à genoux, hors les dimanches et le temps pascal. Cependant les Grecs avaient pris l'habitude de ne prier que debout. Les ecclésiastiques grecs se firent donc un scrupule de se mettre à genoux devant le Pape, suivant l'usage reçu. Eugène IV condescendit à ce scrupule des ecclésiastiques grecs.
On convint de part et d'autre de tenir la première séance publique…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Session d’ouverture commune aux Latins et aux Grecs.
On convint de part et d'autre de tenir la première séance publique le 9 avril, qui, cette année 1438, tombait le mercredi saint. On s'assembla dans la cathédrale de Saint-Georges, suivant l'ordre qui avait été réglé.
Devant le grand autel, sur un trône magnifique, était le livre des Évangiles, avec les chefs de saint Pierre et de saint Paul, qu'on avait fait venir de Rome. Au côté droit de l'autel s'assit le Pape, sur un trône plus élevé que les autres et surmonté d'un dais. Plus bas était le trône de l'empereur d'Occident, mais vide; l'empereur élu des Romains était Albert II d'Autriche. Vis-à-vis, du côté gauche, était placé le trône de l'empereur de Constantinople; plus bas on établit le siège du patriarche, mais sans dais et sans autre ornement qu'un tapis de pourpre qui le couvrait. Ensuite étaient disposés le long de l'église, de part et d'autre, des sièges pour tous ceux qui devaient avoir rang au concile. Du côté des Latins, outre les cardinaux, les archevêques et les évêques, qui étaient au nombre d'environ cent soixante, il y avait des abbés, des généraux d'ordres, des docteurs et une foule d'ecclésiastiques. On y voyait aussi des ducs, des marquis, des corn tes et des ambassadeurs de quelques princes occidentaux.
Après que les Latins eurent chanté la messe du Saint-Esprit, l'empereur et les prélats grecs, qui avaient de leur côté célébré l'office suivant leur rite, arrivèrent dans l'église et s'y rangèrent à la gauche de l'autel. Toute l'assemblée se leva, par honneur, lorsque les Grecs parurent. Le jeune Démétrius, despote de la Morée, fut assis sur un petit siège auprès de l'empereur, son frère. On avait préparé, au-dessous du patriarche de Constantinople, des places destinées aux vicaires des trois autres patriarches d'Orient. Les vicaires étaient : pour Philothée, patriarche d'Alexandrie, Antoine, métropolitain d'Héraclée, en Thrace, et Grégoire protosyncelle, confesseur de l'empereur; pour Dosithée, patriarche d'Antioche, Marc, évêque d'Éphèse, avec Isidore, métropolitain de Kiovie, en Russie, mais dont la place resta vide pour le moment Ce prélat n'arriva qu'au mois d'août, accompagné de quelques évêques moscovites et avec une suite de deux cents chevaux. Joachim, patriarche de Jérusalem, fut représenté par les métropolitains de Sardes et de Monembasie au Péloponèse. A la suite de ces prélats furent placés les métropolitains de Trébisonde, de Cyzique, de Nicée, de Nicomédie, de Mételin, celui des Géorgiens ou Ibériens, avec un de ses suffragants, et plusieurs autres encore. Venaient ensuite les dignitaires de l'Eglise de Constantinople, les abbés, les prêtres et les moines du mont Athos. Au pied du trône de Jean Paléologue furent assis les ambassadeurs de l'empereur de Trébisonde, ceux du grand-duc de Moscovie, du prince des Ibériens, des despotes de Servie et de Valachie, et les principaux officiers de l'empereur, parmi lesquels étaient plusieurs sénateurs et quelques personnages distingués dans les lettres, entre autres Georges Scholarius, de qui nous avons en grec une histoire de ce concile. On fit asseoir aux deux côtés du patriarche ses cinq assistants ou diacres, qu'on appelait staurophores ou porte-croix, parce qu'ils avaient sur leurs bonnets des croix qui les distinguaient des autres. L'historien grec dit qu'à cette première séance il y avait environ deux cents évêques, ce qui, avec les cent soixante du côté des Latins, en suppose de trente à quarante orientaux.
Les membres du concile ne se réunirent ce jour-là que…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Conférence particulière sur le purgatoire, où l’on se trouve d’accord.Session d’ouverture commune aux Latins et aux Grecs.
(suite)
Les membres du concile ne se réunirent ce jour-là que pour proclamer la bulle du Pape, qui annonçait, comme on en était convenu, que, du consentement exprès de l'empereur et du patriarche de Constantinople, et de tous les Pères qui se trouvaient à Ferrare, le concile pour la réunion des deux Églises était ouvert dans cette ville, et qu'on accordait à tous ceux qui voulaient y assister quatre mois entiers pour s'y rendre et y envoyer leurs représentants. Cette bulle déclarait en même temps excommuniés tous ceux qui, après s'être dispensés de déférer à cette invitation, refuseraient de se soumettre aux décrets de cette sainte assemblée. Le patriarche de Constantinople, qui avait plus de quatre-vingts ans, étant malade, ne put assister à la séance, mais il envoya ses lettres d'adhésion.
Comme les princes d'Occident, tous attachés au Pape Eugène IV, cherchaient néanmoins à le réconcilier avec les prélats mutins de Bâle; il vint de leur côté beaucoup moins d'évêques qu'on aurait pu s'y attendre. Parmi les prélats français on trouve les évêques de Térouanne, de Châlon-sur-Saône, de Nevers, d'Angers, de Digne, de Grasse, de Cavaillon et de Bayeux. Les trois premiers étaient de la domination du duc de Bourgogne, qui les envoyait comme ses ambassadeurs ; les quatre suivants étaient de celle du duc d'Anjou, comte de Provence et roi de Sicile ; pour l'évêque de Bayeux il était soumis au roi d'Angleterre, maître encore de plusieurs places en Normandie. Il est à remarquer que ce prélat signa au concile de Ferrare et de Florence en son nom et au nom de l'archevêque de Rouen, de l'évêque de Lisieux et de l'abbé de Saint-Michel.
Cependant, après les fêtes de Pâques et en attendant l'arrivée de nouveaux évêques, les Latins demandèrent aux Grecs que l'on ne perdît pas de temps et que l’on s'assemblât souvent pour examiner les dogmes contestés. Après un assez long intervalle les Grecs y consentirent avec peine. On choisit des commissaires de part et d'autre : pour les Latins, deux cardinaux, deux métropolitains, deux évêques, deux moines-prêtres, deux abbés et deux notaires ; douze en tout. Les Grecs en choisirent autant de leur part, et ils conféraient ensemble deux fois la semaine, dans l'église de Saint-François.
La première de ces conférences particulières eut lieu le 4 juin…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Conférence particulière sur le purgatoire,
où l’on se trouve d’accord.
La première de ces conférences particulières eut lieu le 4 juin. Les Latins proposèrent la question du purgatoire et exposèrent ainsi la doctrine de l'Église romaine :« Les âmes des justes, qui sont pures et sans tache, vont droit au ciel et jouissent immédiatement de la vue de Dieu; mais celles qui décèdent avec des péchés véniels, ou n'ont pas satisfait pleinement pour des péchés mortels déjà remis, sont purifiées par le feu, soulagées ou délivrées par les prières, les aumônes et les suffrages de l'Église, Quant à ceux qui meurent en péché mortel et sans pénitence, ils sont aussitôt envoyés en enfer. » Les Latins appuyèrent cette doctrine de plusieurs passages de l'Écriture et des Pères.
Marc d'Éphèse répondit alors au nom des Grecs :« Tout ce que vous avez dit, et les témoignages des saints que vous avez lus, l'Église grecque les embrasse et les lit ; sur cet article il y a peu de différence entre nous. Mais nous vous prions de nous donner votre sentiment par écrit ; nous y répondrons de même. »
Les Latins eurent une grande joie d'entendre ces paroles et en rendirent grâces à Dieu. Ainsi se termina la première conférence. Les suivantes roulèrent, non sur la substance du dogme, où l'on se trouvait d'accord, mais sur des questions théologiques. Par exemple les Grecs admettaient que les âmes du purgatoire sont purifiées par la tristesse et d'autres peines et soulagées par les prières de l'Église ; mais ils ne convenaient pas qu'elles souffrissent d'un feu proprement dit, comme celui de l'enfer. On discuta encore sur ce que la résurrection des corps ajouterait à la gloire des saints et au supplice des réprouvés.
Cependant les Grecs s'ennuyèrent d'attendre les autres prélats latins, particulièrement ceux de Bâle, dont aucun ne vint au temps marqué. De plus la peste survint à Ferrare, et Denys, évêque de Sardes, vicaire du patriarche de Jérusalem, en mourut. Enfin les quatre mois de surséance étant écoulés…
A suivre : Première et seconde session, etc. Les Latins cherchent à entamer la question du Filioque; le Grec Marc d'Éphèse cherche à l'esquiver par des questions préjudicielles.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Première et seconde session, etc.
Les Latins cherchent à entamer la question du Filioque;
le Grec Marc d'Éphèse cherche à l'esquiver par des questions préjudicielles.
…Enfin les quatre mois de surséance étant écoulés, on résolut de commencer les sessions du concile, et la première se tint le 8 octobre de la même année 1438.
Ce ne fut pas dans l'église cathédrale, mais dans la chapelle du palais où logeait le Pape, parce qu'il était malade. Pour porter la parole on avait choisi, de la part des Grecs, trois prélats : Marc, métropolitain d'Éphèse ; Isidore de Russie et Bessarion de Nicée; Xantopule, grand-sacristain de Constantinople ; Michel Balsamon, garde des archives, et Georges Gémiste ; et, de la part des Latins, le cardinal Julien Césarini, le saint cardinal Nicolas Albergati; André, archevêque de Rhodes; Jean, évêque de Forli, et deux moines, docteurs en théologie. Bessarion fit en grec une harangue qui nous a été conservée tout entière. Après avoir marqué la joie que devaient ressentir tous les fidèles dans l'espérance de voir bientôt réunis les membres divisés de l'Église, il loue beaucoup le Pape, l'empereur et le patriarche du zèle avec lequel ils voulaient contribuer à la paix et les exhorte à persévérer courageusement jusqu’à la fin. Il parla jusqu'au soir, et la session fut remise au samedi suivant.
Entre les deux rangs de ceux qui devaient porter la parole se voyait, sur un petit siège, Nicolas Secondin, de l'île de Négrepont, qui traduisit sur-le-champ, avec une facilité et une fidélité prodigieuses, en latin ce qu'on venait de dire en grec et en grec ce qu'on venait de dire en latin.
Dans la seconde session, qui fut célébrée le 11 octobre, André, archevêque de Rhodes ou de Colosse, traita en latin le même sujet que Bessarion, et aussi longuement, en sorte que son discours ne finit qu'avec la fin de la séance, qui fut ajournée au mardi d'après. Cependant on examina l'ordre qu'on observerait dans la discussion, quelle matière on y traiterait, et qui des Latins ou des Grecs commencerait; si l'on userait de demandes et de réponses ou si ce serait en faisant des dissertations de part et d'autre. On convint qu'on se servirait de la méthode dialectique, el les Grecs furent nommés pour commencer la discussion dans la session troisième.
Elle se tint le mardi 14 octobre, et Marc d'Éphèse, ayant parlé de la charité que l'on devait garder dans les discussions, fit entendre qu'il commencerait à parler de l'addition faite au Symbole du mot Filioque. André de Rhodes répondit, de la part des Latins, qu'ils priaient les Grecs d'avoir pour eux la même affection réciproque, et que, s'il lui échappais quelque expression un peu dure, on l'attribuât plutôt au sujet de la discussion qu'aux personnes qui discutaient. Il voulut ensuite entrer en matière sur l'addition du mot Filioque mais Marc d'Éphèse l'arrêta en lui disant qu'il n'était pas encore temps de répondre sur cet article, et, après avoir insinué que l'Église romaine avait négligé par le passé la paix qu'elle souhaitait à présent, il dit que cette paix ne pouvait se faire si l'on n'ôtait entièrement les principes de la discorde. Il finit par demander qu'avant de rien faire on lût les définitions des conciles précédents.
« Premièrement, dit-il, lisons les définitions des saints Pères…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Dans la session sixième et les suivantes, les Latins, notamment André, archevêque de Colosse, traitent à fond et admirablement bien la question du Filioque et de la procession du Saint-Esprit.Première et seconde session, etc.
Les Latins cherchent à entamer la question du Filioque;
le Grec Marc d'Éphèse cherche à l'esquiver par des questions préjudicielles.
(suite)
« Premièrement, dit-il, [Marc d'Éphèse] lisons les définitions des saints Pères, si le temps nous le permet, afin que nous puissions faire voir que nous pensons et que nous parlons comme eux. C'est ce que nous croyons absolument nécessaire avant que d'entrer en matière et de commencer la discussion. »
André de Rhodes répondit à son discours, qu'il réduisit à cinq chefs, et dit à Marc d'Éphèse :
« J'admire comment vous avez oublié la sollicitude que l'Eglise romaine a toujours eue pour l'Église orientale ; elle a été telle que jamais il ne s'y élève une hérésie quelconque sans qu'elle travaille à y porter remède, soit par ses lettres, soit par ses légats, soit par tous autres moyens. Car vous vous souvenez que Sylvestre présida au concile de Nicée et aux autres, sinon par lui-même, du moins par ses légats. Et si les empereurs ont aidé aux Pontifes romains, cela n'est pas étonnant ; depuis que le lien de la paix a été rompu, les Pontifes romains n'ont point cessé d'exhorter les empereurs et les autres Orientaux à revenir à la paix par l'obéissance. Or, quoique ce que je vais dire semble dur, je vous prie de l'écouter sans trouble.
Si c'est nous qui n'avons pas gardé la paix, quand est-ce que vous autres l'avez demandée? Quand est-ce que vous avez réclamé cette dilection que vous nous reprochez d'avoir abandonnée ? Quand est-ce que vous avez envoyé des ambassadeurs à ce sujet ?
Pour ce que vous dites aujourd'hui que l'Église romaine a appelé la paix, cela est véritable, témoin le bienheureux Pape qui a consacré de grandes sommes à cette affaire et envoyé souvent des légats. Que si vous aviez cherché cette dilection auparavant, vous l'auriez trouvée comme aujourd'hui, témoin le Pape Grégoire, qui envoya des légations à l'empereur, au patriarche et aux Orientaux, célébra le concile de Lyon et y conclut l'affaire de l'union qui se fit alors. Vous n'avez donc pas de quoi accuser l'Église romaine touchant la charité, qui, soit dit sans vous offenser, demeure et demeurera toujours en elle. »
Marc d'Éphèse convint que la charité de l'Église romaine était véritable ; mais il conclut que, pour cela même, elle devait ôter la cause de la division, l'addition au Symbole.
André de Rhodes lui fit observer avec beaucoup de justesse que ce n'était pas une cause de division, puisque la paix avait subsisté longtemps et s'était rétablie plusieurs fois sans que cette addition eût été ôtée. Enfin il s'offrit de prouver deux choses : 1° que ce n'était pas une addition ; 2° que, en fût-elle une, elle était juste et nécessaire.
La quatrième session (15 octobre) se passa tout entière à disputer sur la manière de procéder ; on remit la décision à une commission de six membres. Dans la session du lendemain on lut les définitions des conciles de Nicée, d'Éphèse, de Chalcédoine et autres, le tout pour conclure, de la part des Grecs, que ces conciles avaient défendu de faire aucune addition au Symbole.
Dans la session sixième…
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