Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Jean-Dominique, Frère prêcheur.
(suite)
Les Florentins furent les premiers qui profitèrent des leçons de sainteté, des avertissements ou des menaces de leur prophète. Pendant plusieurs carêmes il leur expliquait tous les matins tantôt l'Évangile, tantôt le psautier ou quelque autre livre de l'Ancien Testament, et il faisait des épîtres de saint Paul le sujet ordinaire de ses discours du soir. On ne se lassait point de l'écouter, et il ne pouvait se lasser lui-même de faire admirer partout les miséricordes infinies de notre Dieu, les richesses de sa grâce, la divinité et l'excellence de la religion de Jésus-Christ. C'est de là qu'il prenait plus ordinairement un juste sujet de condamner l'ingratitude des mauvais chrétiens et la corruption de leurs mœurs. Les plus libertins ne pouvaient résister à la force de ses paroles, mais changeaient tout à coup de vie. A Lucques, à Pise, à Venise et à Rome, il prêcha avec le même succès qu'à Florence. Il en bannit les scandales et les vices publics, tout ce qui déshonorait la religion ou pouvait troubler la tranquillité des peuples et la paix des familles. Il fit fermer ou déserter les lieux de débauche et remit en honneur plusieurs pratiques de piété qu'on avait trop longtemps négligées. Grand nombre de personnes quittèrent le monde pour mieux assurer leur conversion.
Dans la vue de seconder cette heureuse impulsion de la grâce Jean-Dominique fonda plusieurs nouveaux monastères et rétablit la régularité dans plusieurs anciens. Deux causes principales y avaient porté le relâchement. Vers le milieu du quatorzième siècle tous les ordres religieux perdirent leurs meilleurs sujets au service des pestiférés; ceux qui les remplacèrent après la contagion en prirent prétexte de mener une vie moins austère. Survint le grand schisme d'Occident, qui relâcha d'une manière déplorable tous les liens de la subordination ; mais le Seigneur n'oublia point son Église; il y suscita plusieurs hommes puissants en œuvre et en paroles ; de ce nombre fut le bienheureux Jean-Dominique.
Grégoire XII finit par le nommer archevêque de Raguse, puis cardinal et légat dans les pays du Nord. Le cardinal de Raguse, car tel fut dès lors son nom, n'en pressa pas moins son bienfaiteur à tout sacrifier pour la paix de l'Église, et nous le verrons y travailler avec succès au concile de Constance1.
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1 Touron, Hist. des Hommes illustres de l'ordre de Saint-Dominique, t. 3. Acta SS. , 10 juin.
A suivre : Commencement de saint Laurent Justiniani.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Dans le même temps la ville et république de Venise admirait les commencements de saint Laurent Justinien, qui devait être son premier patriarche. La famille des Justiniani est célèbre non-seulement à Venise, mais à Gênes, dans le royaume de Naples, dans l'île de Corse et dans l'île de Chio ou Scio. Celle de Gênes a possédé la seigneurie de Chio par le don qu'en fit, l'an 1363, l'empereur Andronic à Pierre Justiniani, général des armées de terre de la république de Gênes. Les Justiniani de Venise rappellent par leur histoire les Fabius de l'ancienne Rome.
Commencement de saint Laurent Justiniani.
L'an 1156 la république vénitienne envoya, sous le commandement du doge Vital Michiéli, une flotte formidable contre l'empereur grec Manuel ; tous les Justiniani, au nombre de cent, montèrent sur cette flotte. L'expédition, qui eut d'abord de grands succès, finit par de grands revers. Tous les Justiniani périrent, soit par la peste, soit par le fer ou les ruses de l'ennemi. Venise voyait avec douleur cette illustre maison près de s'éteindre ; il n'en restait que quelques vieillards et un jeune homme appelé Nicolas, mais qui avait embrassé la vie monastique. Le doge Vital, au nom de la république, obtint du Pape Alexandre III que Nicolas fût relevé de ses vœux pour empêcher l'extinction de sa famille, et il lui donna en mariage sa propre fille unique, nommée Anne. Dieu bénit leur union; ils eurent neuf enfants, six garçons et trois filles. Nicolas, se voyant une si nombreuse postérité, rentra dans son monastère, après avoir bâti un couvent où Anne, son épouse, embrassa de son côté la vie religieuse. Ils moururent tous deux en odeur de sainteté. C'est d'eux que descendait, à la huitième génération, saint Laurent Justinien.
Il naquit à Venise en 1380, de Bernardo Justiniani, qui tenait un rang distingué parmi la première noblesse de la république. Sa mère se nommait Quirina et sortait d'une maison non moins illustre que celle de son père. A l'âge de vingt-quatre ans Quirina demeura veuve avec cinq enfants, trois garçons et deux filles. Elle ne se remaria point, mais s'appliqua tout entière à élever sa famille dans la crainte et l'amour de Dieu, priant nuit et jour, portant le cilice avec une chaîne d'airain, domptant sa jeunesse par les jeûnes et les veilles, se montrant toujours miséricordieuse et bienfaisante envers les pauvres, et apprenant à ses enfants, tant par ses paroles que par son exemple, à faire volontiers l'aumône. Toute sa famille, notamment ses trois fils, Laurent, Marc et Léonard, se montre digne d'une si sainte mère.
Laurent surtout, dès ses premières années se distingua par des mœurs parfaites…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
Laurent surtout, dès ses premières années se distingua par des mœurs parfaites. Rien de plus beau ni de plus aimable, se plaisant avec les personnes plus âgées, facile avec ses égaux, caressant avec ses inférieurs. Du reste, une certaine grandeur d'âme, qui aspirait sans cesse à de grandes choses. Le jeu ne l'amusait point, comme les autres enfants; mais la sagesse divine le portait à quelque chose de grand. Sa mère Quirina craignant que cette ardeur juvénile ne vînt à l'égarer et à lui faire ambitionner les honneurs du monde plus qu'il n'était convenable : « Laisse-moi, disait-elle à son fils laisse-moi cette folie; cet orgueil-là ressent l'enfer. » Laurent, souriant comme par plaisanterie, lui disait : « Ne craignez point, ma mère ; vous me verrez un grand serviteur de Dieu. » Il le disait comme par enfantillage mais Dieu l'accomplit peu après.
Voici comme lui-même raconte cette merveille dans un ouvrage de piété intitulé le Bouquet d'Amour : …
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
Voici comme lui-même raconte cette merveille dans un ouvrage de piété intitulé le Bouquet d’Amour : « Venez, ô vous qui cherchez la paix, qui aimez le bien immuable, qui avez jusqu'ici travaillé en vain, qui êtes accablé sous l'amour de ce monde périssable ! Venez, dis-je, et je vous raconterai gratuitement combien de choses Dieu a faites à mon âme. Je vous communiquerai, pour la gloire de Dieu et votre avancement, ce que j'ai perçu secrètement dans le plus intime de mon cœur. J'étais un temps semblable à vous, cherchant avec un désir inquiet et bouillant la paix dans les choses extérieures, sans la trouver. Enfin, prévenu par la grâce divine, pendant que je travaillais ainsi, une personne très-belle, plus resplendissante que le soleil, plus odoriférante que le baume daigna m'apparaître ; j'ignorais absolument son nom. Elle s'approcha d'un visage gracieux, et d'une voix douce me dit :
« O jeune homme, qui devez être aimé en moi, pour- quoi répandez-vous votre cœur, et, poursuivant la paix, vous dispersez-vous dans une multitude de choses ? Ce que vous cherchez est en moi ; ce que vous désirez, je vous le promets et vous le garantis, si cependant vous voulez m'avoir pour épouse. »
A la parole de cette personne, je le confesse, mon cœur défaillit et je fus transpercé du trait de son amour. Une certaine joie inaccoutumée remplit mon âme, et tout ce qui est au dedans de moi fut inondé d'une spirituelle allégresse. Dans cet état, comme je souhaitais beaucoup savoir son nom, sa dignité, sa naissance, elle ajouta qu'elle s'appelait et qu'elle était la Sagesse de Dieu, qui, dans la plénitude des temps, pour la réconciliation des hommes, a pris la forme humaine, et, invisible auparavant avec le Père, a pris de sa Mère la nature visible, afin d'être plus facile à aimer. Lorsque j'y eus consenti avec une joie immense, elle me donna le baiser de paix et s'en alla, et alors, et depuis, la flamme de son amour s'est accrue, le souvenir en est resté vivant, l'abondance de sa douceur persévère. C'est donc elle que j'aime comme mon épouse, c'est elle que j'embrasse comme mes délices, c'est par elle que j'ai goûté de quelque façon le bien de la paix que je cherchais auparavant. C'est pourquoi je vous exhorte tous avec confiance à courir à elle, sachant qu'elle reçoit avec beaucoup de joie tous ceux qui s'en approchent, qu'elle les enivre du breuvage de la paix, si bien qu'ils ne peuvent plus avoir soif 1. »
Voilà comment saint Laurent Justinien raconte lui-même cette divine apparition de sa jeunesse. Il avait alors dix-neuf ans.
Frappé de cette merveille il s'en ouvrit à Marin, son oncle maternel…
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1 Fasciculus amoris, c. 16.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Frappé de cette merveille il s'en ouvrit à Marin, son oncle maternel. C'était un saint et savant prêtre, qui était chanoine régulier de la congrégation de Saint-Georges, dite d'Alga, parce que le monastère était dans une petite île de ce nom, éloignée d'un mille de Venise. Cet habile directeur présageait quelque chose de grand du jeune homme et le voyait résolu à la vie la plus parfaite ; il voulut néanmoins éprouver encore la force de son corps et de son âme. Il lui conseilla donc, sans rien changer à l'extérieur, de s'essayer secrètement à ce que la vie religieuse a de plus austère. Laurent obéit et commença de coucher la nuit sur des monceaux de bois ou sur la terre nue. Sa mère s'en aperçut bientôt, et, craignant qu'il ne considérât point assez les difficultés de la vie religieuse, elle voulut mettre à l'épreuve sa résolution ; elle entre prit de le marier, et lui choisit à cet effet une fille à la fois belle, noble et riche. Laurent, ayant reconnu que sa mère et ses frères conspiraient contre lui, entra en jugement avec lui-même devant son crucifix ; il se représenta, d'un côté, tous les biens de la fortune, la noblesse, les magistratures, les honneurs, une femme, des enfants, de l'argent, et les plaisirs de toute espèce ; d'un autre côté les jeûnes, les veilles, le chaud, le froid, le renoncement à soi-même; puis, s'interrogeant comme un juge, il se dît : « Considère bien, Laurent, ce que tu prétends faire. Crois-tu pouvoir souffrir tout ceci et mépriser tout cela? » Alors, jetant les yeux sur la croix du Sauveur, il s'écria : « C'est vous, Seigneur, qui êtes mon espérance; c'est là que vous avez placé mon refuge immanquable. » Aussitôt il quitte sa mère, ses frères, les richesses et les honneurs, et court prendre l'habit chez les chanoines réguliers de la congrégation de Saint-Georges d'Alga.
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
Il n'y trouva point d'austérités qu'il n'eût déjà pratiquées, et ses supérieurs furent obligés de modérer l'activité de son zèle à cet égard. Malgré sa jeunesse il l'emportait sur tous ses frères par la rigueur de ses jeûnes et par la longueur de ses veilles. Jamais il ne se permettait de récréation qui ne fût utile; il prenait de sévères disciplines ; il ne se chauffait point, même dans les plus grands froids ; il ne mangeait que pour soutenir son corps et ne buvait jamais hors de ses repas. Lorsqu'on lui proposait de boire, sous prétexte que la chaleur était excessive ou qu'il était accablé de fatigue, il avait coutume de faire cette réponse : « Si nous ne pouvons supporter la soif, comment pourrons-nous supporter le feu du purgatoire ? » Cette disposition à souffrir produisit en lui une patience invincible dans toutes les épreuves. Pendant son noviciat…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
… Pendant son noviciat il lui vint au cou un mal pour la guérison duquel il fallut employer le fer et le feu. Le moment de l'opération étant arrivé, il rassurait de la sorte les spectateurs qui tremblaient : « Pourquoi craignez-vous ? Pensez-vous que je ne puis recevoir la constance dont j'ai besoin de Celui qui sut non-seulement consoler, mais délivrer même des flammes les trois enfants jetés dans la fournaise ? » Il souffrit l'opération sans laisser échapper aucun soupir et en ne prononçant que le nom de Jésus. Il montra dans la suite le même courage, lorsqu'on lui fit une incision douloureuse. « Coupez hardiment, disait-il au chirurgien qui tremblait ; votre instrument n'approche pas des ongles de fer avec lesquels on déchira les martyrs. »
Il arrivait toujours le premier aux exercices publics et il en sortait le dernier. Matines finies, il ne suivait point les frères qui allaient se reposer, mais il restait dans l'église jusqu'à prime, qui se disait au lever du soleil. Rien ne le flattait plus que de pouvoir pratiquer l'humilité ; les bas emplois étaient ceux qu'il choisissait de préférence, et il portait toujours les plus mauvais habits de la communauté. Il obéissait aussitôt que le moindre signe lui manifestait la volonté du supérieur. Dans les entretiens particuliers il sacrifiait son jugement à celui des autres ; il cherchait en tout la dernière place, autant qu'il le pouvait faire sans affectation. Quand il allait quêter dans les rues il cherchait toutes les occasions de s'attirer le mépris et les railleries des gens du monde. Ayant un jour été dans un endroit où l'on ne pouvait manquer de le tourner en ridicule, son compagnon le lui fit remarquer ; mais il lui répondit avec tranquillité : « Allons hardiment quêter des mépris. Nous n'avons rien fait si nous n'avons renoncé au monde que de parole ; il faut en triompher aujourd'hui avec nos sacs et nos croix. »
Il savait que les humiliations acceptées et souffertes avec joie sont le plus sûr moyen de remporter une victoire complète sur soi-même et…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Laurent Justiniani.Il savait que les humiliations acceptées et souffertes avec joie sont le plus sûr moyen de remporter une victoire complète sur soi-même et de détruire ce fonds d'orgueil qui est en nous un des principaux obstacles à la vertu. Il comprenait encore combien il est avantageux de ne pas se contenter de celles que la Providence envoie et d'y en ajouter de volontaires, pourvu toutefois qu'on le fasse avec prudence et que l'on évite tout ce qui pourrait sentir l'affectation. Dans le cours de ses quêtes il se présentait souvent à la maison où il était né ; mais il n'y entrait point ; il restait dans la rue et demandait l'aumône à la porte. Sa mère n'entendait jamais sa voix sans être attendrie; elle avait beau recommander à ses domestiques de lui donner avec prodigalité, il ne recevait que deux pains ; après quoi il souhaitait la paix à ceux qui l'avaient assisté et il se retirait comme s'il eût été étranger. Le magasin où était la provision annuelle de la communauté étant devenu la proie des flammes, il dit à un frère qui se lamentait : « Pourquoi avons-nous fait vœu de vivre dans la pauvreté ? Dieu nous a fait cette grâce afin que nous puissions la ressentir. » C'était ainsi qu'il découvrait son amour pour les humiliations et les souffrances, et qu'il pratiquait toutes les vertus qui en sont les suites et qui en font le principal mérite.
(suite)
Dès qu'il eut renoncé au monde il s'accoutuma tellement à se rendre maître de sa langue qu'il ne disait jamais rien pour se justifier ou s'excuser. Ayant été un jour accusé en chapitre d'avoir transgressé un point de la règle, il garda le silence, malgré la fausseté de l'accusation. On doit encore remarquer qu'il était alors supérieur ; il quitta sa place ; puis, ayant fait quelques pas, les yeux baissés, il se mit à genoux, demanda pardon aux frères, et pria qu'on lui imposât une pénitence. L'accusateur en eut tant de confusion qu'il alla se jeter aux pieds du saint, déclarant qu'il était innocent, et se condamna hautement lui-même. Laurent redouta si fort la dissipation que, depuis le jour de son entrée dans le monastère jusqu'à celui de sa mort, il n'entra dans la maison paternelle que pour assister sa mère dans ses derniers moments.
Quelque temps après sa retraite il fut exposé à une rude épreuve de la part d'un de ses anciens amis…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Quelque temps après sa retraite il fut exposé à une rude épreuve de la part d'un de ses anciens amis, qui occupait une des premières places de la république et qui était arrivé depuis peu de l'Orient. Celui-ci s'imagina qu'il viendrait à bout de lui faire changer de dessein et il résolut d'employer tous les moyens possibles pour y réussir. Il prit donc la route du monastère de Saint-Georges, accompagné d'une troupe de musiciens, et on lui permit d'entrer à cause de sa dignité. Lorsqu'il aperçut Laurent il fut extrêmement frappé de sa modestie et de sa gravité, et l'étonnement où il était lui fit garder quelque temps le silence. A la fin, s'étant fait violence, il lui dit tout ce que l'amitié peut inspirer de plus tendre pour l'engager à entrer dans ses vues. Comme ce moyen ne lui réussissait point, il eut recours aux reproches et aux invectives, qui n'eurent pas plus de succès. Lorsqu'il eut fini de parler, le saint fit un discours si touchant sur la mort et sur les vanités du monde que son ami, touché d'une vive componction, était hors de lui-même. Il en vint au point que, rompant sans différer tous les liens qui le retenaient dans le siècle, il résolut d'embrasser l'état pour lequel il n'avait eu que du mépris. Il prit l'habit à Saint-Georges, fit son noviciat avec une ferveur qui ne se démentit point dans la suite, devint l'objet de l'admiration et de l'édification de toute la ville, et mourut enfin de la mort des justes.
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
Saint Laurent fut élevé au sacerdoce, dont il était si digne par ses vertus. L'esprit de prière et de componction dont il était doué à un si haut degré, la connaissance qu'il avait des choses spirituelles et des voies intérieures de la piété le mettaient en état de travailler avec beaucoup de fruit à la sanctification des âmes. Les larmes qui lui échappaient dans ses exercices, et surtout pendant la célébration de la sainte messe, faisaient une vive impression sur les assistants et réveillaient leur foi ; il fut aussi favorisé de divers ravissements.
Ayant été élu malgré lui général de son ordre…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Ayant été élu malgré lui général de son ordre il le gouverna avec une sagesse admirable ; il en réforma la discipline, au point qu'il en fut regardé depuis comme le fondateur. Dans ses discours tant publics que particuliers il parlait de la vertu avec une telle onction que tous les cœurs en étaient attendris. Il animait les tièdes, il remplissait les présomptueux d'une crainte salutaire, il inspirait de la confiance aux pusillanimes et les portait tous à la ferveur. Sa maxime ordinaire était qu'un religieux doit trembler au nom de la moindre transgression. Il recevait peu de sujets dans son ordre, et il éprouvait longtemps ceux qu'il jugeait dignes d'être admis. Il se fondait sur ce que la perfection et les devoirs de l'état religieux sont pour peu de personnes, et que ce n'est pas toujours dans le grand nombre que se trouvent la ferveur et l'esprit essentiel à la religion. Il est aisé de comprendre que, s'étant fait de pareils principes, il examinait scrupuleusement tous les postulants.
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
La première chose qu'il exigeait de ses disciples était une humilité profonde; il leur enseignait que cette vertu non-seulement purifiait l'âme de tout orgueil, mais qu'elle lui inspirait le vrai courage, en lui apprenant à ne mettre sa confiance qu'en Dieu. Il la comparait à une rivière qui est basse et tranquille en été, mais qui est haute et profonde en hiver. « L'humilité, disait-il en suivant la même comparaison, garde le silence et ne s'élève point dans la prospérité, tandis que dans l'adversité elle est haute, magnanime, remplie de joie et d'un courage invincible. Il n'y a rien, continuait-il, où les hommes soient plus exposés à se méprendre ; peu connaissent ce que c'est que cette vertu ; elle n'est possédée que de ceux à qui Dieu l'a donnée par infusion, en récompense de leurs efforts redoublés et de l'esprit de prière qui était en eux. L'humilité qui s'acquiert par des actes répétés n'est qu'une préparation à celle-ci, quoique nécessaire et indispensable ; aussi est-elle toujours aveugle et imparfaite. L'humilité infuse éclaire l'âme dans toutes ses vues ; elle lui fait voir clairement toutes ses misères et lui en donne le sentiment ; elle lui communique cette vraie science qui consiste à connaître que Dieu seul est tout et que nous ne sommes rien. »
Durant les guerres et les calamités publiques il exhortait les magistrats et les sénateurs à se bien pénétrer d'abord de leur bassesse, parce que cette disposition était la plus propre à attirer sur eux les regards de la miséricorde divine.
Depuis le temps où il reçut la prêtrise jusqu’à la mort il…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Depuis le temps où il reçut la prêtrise jusqu’à la mort il ne manqua jamais de célébrer la messe tous les jours, à moins qu'il n'en fût empêché par la maladie. Il disait à ce sujet qu'on avait bien peu d'amour pour Jésus- Christ quand on ne tâchait pas de s'unir à lui aussi souvent qu'on le pouvait. Il inculquait fréquemment cette maxime qu'il y aurait autant de folie à prétendre à la chasteté en menant une vie molle, oisive et sensuelle, qu'il y en aurait à vouloir éteindre le feu en jetant de l'huile dessus. Il ne cessait de rappeler aux riches l'obligation où ils étaient de faire l'aumône s'ils voulaient se sauver. On ne trouvait point dans ses discours de pensées étudiées, mais il y régnait une onction de laquelle on ne pouvait se défendre 1.
Commencement de saint Laurent Justiniani.
(suite)
Voilà comment, par les Laurent Justinien de Venise, les Antonin de Florence, les Vincent Ferrier d'Espagne, et autres âmes d'élite, l'Esprit de Dieu entretenait et ranimait dans l'Église la vie et l'unité intérieure, tandis que les évêques, les rois et les peuples, mus par le même Esprit, travaillaient à y rétablir l'unité extérieure.
Depuis le concile de Pise la chrétienté était...
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1 Acta SS., janvier. Godescard, 5 septembre.
A suivre : Étendue des trois obédiences.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Depuis le concile de Pise la chrétienté était partagée en trois obédiences ; celle de Jean XXIII, qui comprenait la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie ; celle de Benoît XIII ou Pierre de Lune, qui était composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Ecosse, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac ; celle de Grégoire XII ou Ange Corrario, qui conservait en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne, c'est-à-dire tout le canton soumis aux seigneurs Malatesta; en Allemagne la Bavière, le palatinat du Rhin, les duchés de Brunswick et de Lunebourg, le landgraviat de Hesse, l'électorat de Trêves, une partie des électorats de Mayence et de Cologne, les évêchés de Worms, de Spire et de Verden, sans compter un grand nombre de particuliers, gens, au rapport de saint Antonin, éclairés et craignant Dieu, qui regardaient toujours Grégoire comme le vrai Pape 2.
Étendue des trois obédiences.
Le concile de Constance avait été convoqué par…
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2 Antonin, tit. 22, c. 6, § 2.
A suivre : Ouverture du concile de Constance par Jean XXIII. Ordre des questions à traiter, droit de suffrages, manière de les recueillir.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Ouverture du concile de Constance par Jean XXIII.
Ordre des questions à traiter, droit de suffrages, manière de les recueillir.
Le concile de Constance avait été convoqué par le Pape Jean XXIII pour le 1er novembre 1414. Le Pontife fit son entrée dans cette ville, le dimanche 28 octobre, avec une suite de six cents chevaux ; il fut reçu par le clergé et le peuple avec tous les honneurs dus à son rang. Le jour de la Toussaint, qu'on avait destiné pour l'ouverture du concile, le Pape officia pontificalement à la cathédrale. Le cardinal Zabarella, célèbre jurisconsulte, montant à la tribune, déclara que le très-saint Père Jean XXIII, continuant le concile de Pise, l'avait convoqué de nouveau à Constance, et qu'il commencerait le samedi suivant, le 3 du mois. Ce jour on remit l'ouverture au 5, où, après une procession solennelle et la messe du Saint-Esprit, on la fixa au 16 novembre.
A cette première session le cardinal des Ursins dit la messe ; le Pape Jean XXIII y prêcha et donna des indulgences. On lut la bulle de convocation, qui exprimait toujours les liaisons intimes du concile de Constance avec celui de Pise. Enfin on nomma les officiers qui devaient servir à transcrire les actes, à proposer et à rapporter les affaires, et le comte Bertold des Ursins fut chargé de la garde du concile. La seconde session fut désignée pour le 17 décembre ; mais une multitude d'affaires considérables la recula jusqu’au 2 mars de l'année suivante (1415).
L'empereur élu Sigismond, couronné roi des Romains à Aix-la-Chapelle le 8 novembre 1414, fit son entrée à Constance dans la nuit de Noël et chanta l'Évangile en habit de diacre, à la messe solennelle du Pape. Il était venu accompagné de sa femme et d'un grand nombre de seigneurs. Le concile de Constance fut une des assemblées les plus nombreuses qu'on ait jamais tenues dans l'Église ; elle attira dans cette ville près de cent mille étrangers, parmi lesquels il y en avait dix-huit mille tant prélats que simples prêtres, docteurs ou ecclésiastiques. Les Italiens et les Allemands faisaient la plus grande partie de cette multitude. Les premiers y avaient été attirés par la présence du Pape, les autres par la proximité du lieu destiné au concile. Le petit nombre, quoique considérable en soi-même, fut des Anglais, des Espagnols et des Français ; mais ces derniers s'y distinguèrent extrêmement par le talent de la parole et par la science des affaires.
Il y avait trois affaires importantes : …
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Il y avait trois affaires importantes : les erreurs contre la foi, le rétablissement de la discipline, l'extinction du schisme.
Ouverture du concile de Constance par Jean XXIII.
Ordre des questions à traiter, droit de suffrages, manière de les recueillir.
(suite)
Le Pape Jean XXIII eût désiré que l'on commençât par la question de la foi, contre Jean Wiclef, Jean Hus et Jérôme de Prague; l'empereur, que l'on s'occupât d'abord de la réformation des mœurs et de la discipline; mais les prélats français, avec le reste du concile, furent d'avis qu'il fallait, avant tout, s'occuper de l'affaire principale, l'extinction du schisme.
Alors se présenta une autre question, le droit de suffrage. Jean XXIII et ses partisans voulaient que les prélats seuls, c'est-à-dire les cardinaux, les archevêques, les évêques et les abbés, eussent voix définitive dans le concile, ou plutôt dans l'affaire de l'union, qui était le premier objet de l'assemblée. C'était l'avantage du Pape Jean que la chose fût ainsi, parce qu'il avait un très-grand nombre de créatures et de courtisans parmi les prélats ; mais le cardinal français Pierre d'Ailly, évêque de Cambrai, soutint, dans un Mémoire qui fut rendu public, que non-seulement les évêques et les abbés, non-seulement les docteurs en théologie et en droit canon, mais aussi tous les ambassadeurs des princes et tous les procureurs des prélats et des chapitres pouvaient donner leur suffrage dans l'affaire présente ; que telle avait été la pratique du concile de Pise, et que, la bulle de convocation s'étendant à toutes sortes de personnes, il n'était pas vraisemblable qu'elle eût voulu ôter à qui que ce fût le privilège de juger et de définir quand on serait assemblé à Constance. Le concile adopta cet avis et n'exclut personne du droit de suffrage.
Restait la manière de recueillir les voix dans une si grande multitude…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Ouverture du concile de Constance par Jean XXIII.Restait la manière de recueillir les voix dans une si grande multitude. L'usage des conciles est de prendre dans les sessions la voix de chaque personne pour former ensuite les décrets. On reconnaissait à Constance l'ancienneté de cette pratique, et il faut convenir qu'elle n'est point d'une exécution difficile quand le droit de suffrage est borné aux seuls évêques, ou même quand il ne s'étend qu'aux évêques et aux abbés, parce que dans les conciles le nombre de ces prélats ne va jamais jusqu'à la confusion ; mais à Constance, où l'on voulait prendre les avis de toutes sortes de personnes, comment aurait-on pu écarter des sessions la longueur, l'esprit de controverse et le désordre ? Il y avait dix-huit mille ecclésiastiques dans la ville, sans les princes et les ambassadeurs. Quand on n'eût admis aux sessions que la moitié ou même la quatrième partie de cette multitude, quel embarras n'aurait-ce pas été de consulter chaque fois et séparément tous les particuliers d'une si grande assemblée ?
Ordre des questions à traiter, droit de suffrages, manière de les recueillir.
(suite)
Voici donc l'expédient qu'on imagina pour conserver l'ordre en ne s'écartant point du plan qu'on avait pris de laisser la liberté à tout le monde d'opiner définitivement. On partagea tout le concile en quatre nations, savoir, celle d'Italie, celle de France, celle d'Allemagne, celle d'Angleterre, et l'on y ajouta depuis celle d'Espagne, quand on eut fait le procès à Pierre de Lune. Toutes les nations avaient un président particulier, qu'on changeait chaque mois. Cela faisait comme des tribunaux séparés, où les affaires étaient portées en première instance, et c'était là que chacun, sans distinction d'état ni de caractère, donnait son suffrage. Les nations se communiquaient ensuite leurs délibérations dans des conférences générales, et l'on en formait un résultat dont le rapport était fait dans la session suivante, pour y être approuvé et confirmé par tout le concile. Ainsi quand on tenait une session tout était déjà conclu, et il n'était plus question d'y prendre l'avis de chaque personne, mais seulement d'y ratifier ce qui avait été résolu par le plus grand nombre de nations.
De cette manière la nation d'Italie, qui se trouvait la plus remplie d'évêques, n'entrait que pour un quart dans les décisions du concile ; ce qui était un fort grand désavantage pour le Pape Jean XXIII, parce qu'il avait plus de partisans parmi les Italiens que dans toutes les autres nations ensemble. Les dispositions que nous venons d'indiquer furent conclues le 7 février 1415 1.
Avant cela un incident avait eu lieu….
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1 Hist. de l’Église gallic.
A suivre : Le bienheureux Jean-Dominique, cardinal de Raguse, nonce de Grégoire XII à Constance, pour céder volontairement le pontificat en son nom.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Jean-Dominique, cardinal de Raguse,
nonce de Grégoire XII à Constance,
pour céder volontairement le pontificat en son nom.
Avant cela un incident avait eu lieu. Le bienheureux Jean-Dominique, cardinal-archevêque de Raguse, nonce du Pape Grégoire XII, étant à quelques milles de Constance, envoya prier le magistrat de lui assigner un hôtel. On choisit le couvent des Augustins, et le nonce commença par y faire afficher les armes de Grégoire XII, son maître, sans doute avec la tiare et les clefs pontificales ; mais elles furent enlevées la nuit suivante, apparemment, dit un auteur 1, par ordre du Pape Jean XXIII.
Cet événement fit beaucoup de bruit parmi les Pères du concile, et l'on tint en conséquence une congrégation nombreuse, le 20 novembre, où l'affaire fut discutée de part et d'autre. Plusieurs disaient qu'on avait pu afficher ces armes et qu''il fallait les replacer; d'autres, en plus grand nombre, pensaient que la démarche du nonce était une espèce d'insulte pour Jean XXIII, reconnu pour seul vrai Pape dans la ville de Constance ; qu'ainsi les armes de Grégoire ne devaient point être rétablies sur le portail des Augustins. On demeurait néanmoins d'accord que, si Grégoire lui-même était présent au concile, on devrait lui laisser cette marque d'honneur. La question, débattue longtemps par rapport à son nonce, ne fut point décidée juridiquement; mais, si l'on en juge par la manière dont il entra deux mois après dans Constance, on doit croire que les armes de Grégoire furent encore arborées aux Augustins.
En effet, après bien des altercations sur le sauf-conduit que cet envoyé demandait à l'empereur et sur le chapeau rouge qu'il voulait porter en faisant son entrée, on convint que ces deux points, si considérables dans les circonstances, lui seraient accordés. L'empereur, qui était alors à Constance, donna le sauf-conduit, et le nonce parut en habit de cardinal, accompagné du duc de Bavière et des autres princes et seigneurs qui suivaient l'obédience de Grégoire. Le cardinal Pierre d'Ailly fut un de ceux qui favorisèrent le plus les prétentions du bienheureux Jean-Dominique. C'était sans doute par zèle pour l'union ; mais Jean XXIII ne pouvait y être indifférent, puisqu'il se trouvait par là comme réduit encore à l'égalité avec les chefs des deux autres obédiences, tout déposés qu'ils avaient été au concile de Pise 2.
Par suite de cette déposition de ses deux compétiteurs Jean XXIII comptait que lui seul…
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1 Schelstrate. — 2 Hist. de l'Église gallic.. Labbe et Mansi.
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Le bienheureux Jean-Dominique,Par suite de cette déposition de ses deux compétiteurs Jean XXIII comptait que lui seul serait reconnu Pape et qu'on forcerait les deux autres à se soumettre. Le cardinal Pierre d'Ailly combattit dans un Mémoire le système de voie de fait, « Ce moyen, disait-il, est très-difficile, et il n'y a pas d'apparence qu'on puisse y réussir. Il faudrait plutôt tenter l'abdication volontaire, en offrant un état raisonnable à quiconque des prétendants voudrait céder pour le bien de la paix. »
cardinal de Raguse, nonce de Grégoire XII à Constance,
pour céder volontairement le pontificat en son nom.
(suite)
Sur ces entrefaites les nonces de Grégoire et de Benoît furent reçus à Constance durant le mois de janvier 1415. Les premiers étaient chargés de négocier une bonne paix, à condition que Jean XXIII ne présiderait point au concile ; les autres offraient simplement un pourparler, à Nice, en Provence, entre Sigismond, Benoît et le roi d'Aragon. C'était Sigismond lui-même qui avait imaginé ce projet et qui l'exécuta dans la suite, autant qu'il fallait pour mettre dans un nouveau jour l'opiniâtreté invincible de l'antipape.
Cependant on commençait à conclure, et de vive voix et par écrit, que Jean XXIII lui-même ferait bien d'abdiquer, et que, dans certain cas, il pourrait y être contraint par le concile. À quoi ses partisans opposèrent d'autres Mémoires où ils prétendaient que la proposition faite au Pape Jean de céder le pontificat était injurieuse au concile de Pise, puisqu'on faisait entendre par là que ce concile n'avait été ni légitime en soi-même, ni utile à l'Église, ni prudent dans le choix qu'il avait fait d'un nouveau Pape. Les auteurs de ces écrits croyaient embarrasser leurs adversaires par l'autorité du concile de Pise et par la supériorité des droits qu'ils faisaient profession de reconnaître les uns et les autres dans le Pape Jean XXIII.
Le cardinal de Cambrai, Pierre d'Ailly, toujours partisan de la cession, sut bien modifier ces deux articles dans une réponse qu'il fit au Mémoire précédent…
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_________________________________________________________________Le bienheureux Jean-Dominique, cardinal de Raguse,Le cardinal de Cambrai, Pierre d'Ailly, toujours partisan de la cession, sut bien modifier ces deux articles dans une réponse qu'il fit au Mémoire précédent.
nonce de Grégoire XII à Constance,
pour céder volontairement le pontificat en son nom.
(suite)
« A la vérité, dit-il, le concile de Pise et l'élection d'Alexandre V ont été canoniques ; on en convient dans l'obédience de notre Saint-Père Jean XXIII ; mais les obédiences des deux autres compétiteurs sont opposées à ce sentiment, et leur opposition est fondée sur des raisons probables, de sorte que, sur ce point de controverse, il n'y a pas moins d'embarras qu'il y en avait, avant le concile de Pise, sur les droits des deux prétendants.
D'où il suit que, si, avant le concile de Pise, les difficultés de droit et de fait, par rapport aux deux compétiteurs, et la crainte de retarder la paix de l'Église faisaient préférer la voie de cession à tous les autres moyens de finir le schisme, à plus forte raison la même voie doit-elle paraître nécessaire depuis qu'il y a trois concurrents pour la papauté.
Et qu'on ne dise pas que la proposition de céder met notre Saint-Père Jean XXIII au niveau des deux antipapes, ni qu'elle détruit le concile de Pise ; car la paix qui doit être le fruit de la cession entre dans le plan même de ce concile, et, comme l'on en sera redevable à la générosité de notre Saint-Père, elle ne pourra que l'élever infiniment au-dessus de ses adversaires.
Qu'on ne dise point encore qu'un Pape légitime, et qui n'est suspect d'aucune hérésie, ne peut être contraint à se dépouiller soi-même. Cela est vrai régulièrement parlant, et en supposant pour juge un concile particulier ; mais, dans une cause aussi compliquée qu'est celle-ci, l'Église universelle, ou le concile général qui la représente, peut forcer le Pape à se démettre pour le bien de la paix, et, si le Pape refusait de prendre ce parti, il pourrait être condamné comme schismatique et comme suspect d'hérésie. »
Ce qui étonne, au milieu de tant de discussions et de docteurs à Constance, c'est que…
( * Note de LOUIS : J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.)
A suivre : Le concile, sans mentionner pourtant le bel exemple des évêques d’Afrique, pense et insiste de plus en plus pour que les trois Papes se démettent pour procurer l’union. Jean XXIII, qui a de la peine à y entendre, s’enfuit de Constance.
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Le concile, sans mentionner pourtant le bel exemple des évêques d’Afrique,
pense et insiste de plus en plus pour que les trois Papes se démettent pour procurer l’union.
Jean XXIII, qui a de la peine à y entendre, s’enfuit de Constance.
Ce qui étonne, au milieu de tant de discussions et de docteurs à Constance, c'est que pas un ne rappelle les paroles et la conduite mémorables des évêques d'Afrique, avec saint Augustin, dans une conjoncture semblable. L'an 411, lors de la célèbre conférence avec les évêques donatistes à Carthage, trois cents évêques catholiques disaient dans leur lettre au tribun Marcellin :
« Si ceux avec qui nous avons affaire peuvent nous démontrer que nous avons tort, nous leur céderons l'honneur de l'épiscopat et nous nous rangerons sous leur conduite. Si, au contraire, nous leur montrons que ce sont eux qui se trompent, nous consentons qu'en se réunissant à nous ils conservent l'honneur de l'épiscopat; car nous ne détestons pas en eux les sacrements, mais leurs erreurs. Chacun de nous, dans les églises où il aura un collègue, pourra présider à son tour, ayant son collègue auprès de lui comme un évêque étranger. L'un pourra présider dans une église, l'autre dans une autre, et l'un des deux étant mort, il n'y en aura plus qu'un à la fois, selon l'ancienne coutume. Et ce ne sera pas une nouveauté, car on en a usé ainsi dès le commencement à l'égard de ceux qui se sont réunis en quittant le schisme. Que si le peuple chrétien ne peut souffrir de voir ensemble deux évêques, contre l'ordinaire, retirons-nous les uns et les autres, et que les évêques qui sont seuls dans leurs églises en établissent un seul où il sera nécessaire. Pourquoi hésiterions-nous de faire à notre Rédempteur ce sacrifice ? Il est descendu du ciel pour nous faire devenir ses membres, et nous craindrions de descendre de nos chaires afin que ses membres cessent de se déchirer par une cruelle division? Pour nous-mêmes il nous suffit d'être chrétiens fidèles et obéissants ; mais c'est pour le peuple qu'on nous ordonne évêques. Usons donc de notre épiscopat selon qu'il est utile pour la paix du peuple. Nous vous écrivons ceci afin que vous le fassiez connaître à tout le monde 1. »
Il est bien à croire que, si Pierre d'Ailly ou quelque autre fameux docteur eût rappelé à propos ces belles paroles, ce bel exemple, l'effet en eût été prodigieux sur l'assemblée de Constance, même sur Jean XXIII ; mais nulle part on ne voit, ni dans les discussions du concile, ni dans tout le schisme d'Occident, qu'on en ait fait aucune mention. Au lieu des faits analogues de l'histoire, au lieu des maximes des Pères et des conciles, on ne trouve le plus souvent que des raisonnements scolastiques qui ne sont pas toujours bien justes.
Le Pape Jean XXIII se voyait cerner peu à peu…
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1 Labbe, t. 2, col. 1344, etc. S. Aug., t. 9. col, 545. Dans cette Histoire, l. 38.
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Le Pape Jean XXIII se voyait cerner peu à peu de toutes parts pour être amené à se démettre ; il avait de la peine à y entendre. Tout à coup un particulier fit circuler un long Mémoire contenant un récit des crimes les plus énormes ; on les imputait à ce Pontife, et l'on requérait l'empereur et les nations d'en informer juridiquement. D'abord cette manière d'attaquer un Pape reconnu de tout le concile déplut à la plupart des membres de cette assemblée ; on crut qu'il fallait supprimer ce scandale et presser seulement la voie de la cession. Cependant, dès que la requête parut, Jean XXIII en fut consterné ; il avoua confidemment à ses intimes qu'il s'était rendu coupable de quelques-unes des fautes qu'on lui reprochait ; mais il protesta qu'il n'avait point commis les autres. Lors donc que, le 15 février 1415, le concile envoya lui proposer la voie de la cession comme étant la plus propre à réunir toutes les obédiences, il reçut la supplique avec une espèce de contentement. Il ne s'agissait plus que de trouver une formule qui pût satisfaire tout le monde. Le Pape Jean en proposa successivement deux qui ne satisfirent pas ; on lui en proposa successivement deux autres, dont la dernière, avec quelques amendements, fut enfin adoptée.
Le concile, sans mentionner pourtant le bel exemple des évêques d’Afrique,
pense et insiste de plus en plus pour que les trois Papes se démettent pour procurer l’union.
Jean XXIII, qui a de la peine à y entendre, s’enfuit de Constance.
(suite)
Le 1er mars il y eut donc une assemblée générale à l'évêché où Jean XXIII faisait sa demeure. L'empereur s'y trouva, et le patriarche d'Antioche, prélat français, présenta au Pape la formule de cession conçue en ces termes : « Pour le repos de tout le peuple chrétien, je m'engage et promets, je jure et voue à Dieu, à l'Église et à ce saint concile, de donner librement et de mon plein gré la paix à l'Église par la voie de ma cession pure et simple du pontificat, et de l'exécuter réellement, selon la délibération du concile, toutes les fois que Pierre de Lune, appelé dans son obédience Benoît XIII, et Ange Corrario, appelé dans la sienne Grégoire XII, renonceront, par eux-mêmes ou par leurs procureurs, à leur prétendu pontificat. Je promets la même chose pour tout autre cas de renonciation, de mort ou d'événement quelconque, lorsque les circonstances seront telles que l'union de l'Église et l'extinction du schisme dépendront de mon abdication. »
Jean XXIII ne se montra pas difficile pour la réception de cet écrit. Il le lut d'abord en particulier, puis il assura que son intention avait toujours été de donner la paix à l'Église, qu'il n'était venu que pour cela à Constance, et qu'il l'avait bien témoigné au concile en offrant de son plein gré la voie de la cession. Après quoi il lut à haute voix la formule et il l'approuva ; ce qui lui attira sur-le-champ mille actions de grâces de la part de l'empereur, des cardinaux, du patriarche d'Antioche et des agents de l'université de Paris, qui venaient d'arriver à Constance. Les Pères du concile, transportés de joie, entonnèrent le Te Deum, et plusieurs ne purent retenir leurs larmes en bénissant Dieu d'un événement si heureux. On en témoigna de même une satisfaction infinie dans toute la ville, et l'allégresse commune fut annoncée par le son de toutes les cloches. Le Pape, de son côté, mit le comble à ses promesses en déclarant qu'il voulait tenir, dès le lendemain, une session solennelle, afin d'y publier l'acte de renonciation tel qu'il venait de l'approuver.
Ce fut donc le second jour de mars que la seconde session du concile se tint dans la cathédrale de Constance…
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Ce fut donc le second jour de mars que la seconde session du concile se tint dans la cathédrale de Constance. Le Pape y célébra la messe du Saint-Esprit, à la fin de laquelle il s'assit dans un trône appuyé contre l'autel, et il commença la lecture de la formule de cession. Quand il en fut à ces mots : Je promets , je jure et je fais vœu de céder le pontificat, il quitta sa place, s'agenouilla au bas de l'autel, et, mettant la main sur la poitrine, il prononça les paroles de cet engagement solennel. Dès qu'il eut achevé l'empereur descendit de son trône, ôta sa couronne, se prosterna devant le Pape et lui baisa les pieds ; ce que fit également le président de l'assemblée, le patriarche d'Antioche, au nom de tout le concile. Le même jour, mais après quelques difficultés, Jean XXIII adressa à tous les fidèles une bulle où il exposait la résolution qu'il avait prise d'abdiquer la papauté, et demandait le secours de leurs prières pour la conclusion d'une si grande affaire.
Le concile, sans mentionner pourtant le bel exemple des évêques d’Afrique,
pense et insiste de plus en plus pour que les trois Papes se démettent pour procurer l’union.
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(suite)
Restait la manière de faire la cession. Le concile désirait que les trois prétendants, à commencer par Jean XXIII, la fissent par procureur. Pour Grégoire XII il n'y avait aucune difficulté ; ses nonces y étaient dûment autorisés, et ni lui ni eux n'inspiraient aucune défiance; mais on savait que Pierre de Lune ou Benoît XIII voulait faire la cession en personne, et non par procureur. En conséquence Jean XXIII voulut se réserver la même liberté. De là des soupçons, des défiances entre lui et le concile, entre lui et l'empereur. On craignit qu'il ne vînt à se retirer et à dissoudre ce concile. L'empereur mit des gardes aux portes de la ville et faisait observer le Pape jusque dans ses appartements. Tout cela, joint à l'avis qu'il reçut que les quatre nations avaient résolu de le contraindre à céder, porta Jean XXIII à s'évader de Constance en habit déguisé et à se retirer à Schaffhouse. Il écrivit à l'empereur que, par la grâce de Dieu, il se trouvait en liberté et dans un lieu de bon air ; qu'il ne s'y était pas retiré dans le dessein de manquer à la promesse qu'il avait faite de renoncer à la papauté pour donner la paix à l'Église, mais afin que, ayant mis sa propre personne en liberté et en assurance, il pût mettre à exécution la volonté sincère qu'il avait de faire cette renonciation 1.
Il y eut de part et d'autre des lettres circulaires envoyées de tous côtés…
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1 Martène, Thesaur., t. 2, col, 1618.
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Le concile, sans mentionner pourtant le bel exemple des évêques d’Afrique,Il y eut de part et d'autre des lettres circulaires envoyées de tous côtés, tant pour la justification du Pontife que pour celle de la conduite que le concile tenait à son égard 2. Pendant ce temps Jean XXIII changea plusieurs fois de retraite, passant de Schaffhouse à Lauffenbourg, de là à Fribourg, ensuite à Brisach et à Neubourg, enfin à Fribourg, où il fut livré au pouvoir de l'empereur et du concile, ainsi que nous le verrons ci-après.
pense et insiste de plus en plus pour que les trois Papes se démettent pour procurer l’union.
Jean XXIII, qui a de la peine à y entendre, s’enfuit de Constance.
(suite)
Cinq jours après que Jean XXIII fut sorti de Constance, savoir le 25 mars 1415, le concile y tint sa troisième session. Furent présents deux cardinaux, Pierre d'Ailly et François Zabarelle, cinquante-six archevêques et évêques, selon quelques auteurs, et vingt-cinq abbés. L'empereur Sigismond y assista avec ses ornements impériaux. Quelques écrivains modernes rapportent que ce concile avait été composé de trois cents évêques; mais un auteur protestant, Herman von der Hardt, qui en a publié les actes en 1669, n'en marque que soixante-dix dans cette troisième session 3. Six cardinaux s'y présentèrent pour déclarer que le concile était dissous par la retraite du Pape 4 ; mais la plupart des Pères s'élevèrent fortement contre eux, et on y statua :
1° que le concile avait été et était légitimement et justement convoqué et commencé à Constance ;
2° qu'il n'était point dissous par la retraite du Pape Jean ni d'autres prélats, quels qu'ils pussent être, mais qu'il subsistait toujours dans son autorité et intégrité ;
3° qu'il ne devait point être dissous que l'Église ne fût réformée dans la foi et les mœurs, dans le chef et les membres, ni être transféré ailleurs sans une cause raisonnable, au jugement du concile ;
4° qu'aucun des prélats et des autres personnes qui devaient y assister ne s'absenterait avant cette réformation que pour un sujet trouvé légitime par des députés du concile, auquel cas ceux qui quitteraient seraient obligés de faire un déport de leur pouvoir à ceux qui resteraient, et tout cela sous les peines de droit et autres, à l'arbitrage du concile.
La quatrième session fut célébrée le samedi saint, 30 mars…
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2 Apud Spond. Raynald. Von der Hardt, etc. — 3 T. 4, p. 73. — 4 Th. de Niem, in Vita Joann.
A suivre: Quatrième et cinquième session du concile. Scission entre les cardinaux et les autres Pères. Décrets fameux de ces deux sessions.
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Quatrième et cinquième session du concile.
Scission entre les cardinaux et les autres Pères.
Décrets fameux de ces deux sessions.
La quatrième session fut célébrée le samedi saint, 30 mars. L'assemblée des quatre nations dont le concile était composé, voulant se soutenir dans la qualité d'un concile œcuménique, malgré la prétention de la plupart des cardinaux, qui, depuis la retraite du Pape, la croyaient sans autorité, dressa un acte conçu en ces termes : « Ce saint synode de Constance, qui forme un concile général pour l'extirpation du présent schisme et pour l'union et la réformation de l'Église de Dieu dans son chef et dans ses membres, à la gloire du Dieu tout-puissant, étant légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, afin de réussir plus facilement, plus sûrement, plus librement et plus utilement à unir et réformer l'Église de Dieu, ordonne, règle, statue, décrète et déclare, et premièrement que, ce synode étant légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, faisant un concile général qui représente l'Église catholique militante, il reçoit son pouvoir immédiatement de Jésus-Christ, et que toute personne; de quelque état qu'elle soit et quelque dignité qu'elle possède, même papale, est obligée de lui obéir en ce qui appartient à la foi, à l'extirpation dudit schisme et à la réformation générale de l'Église de Dieu dans son chef et dans ses membres. »
Les cardinaux qui se trouvaient à Constance, au nombre de vingt-deux, ayant eu communication de ce décret, trouvèrent très-mauvais que les quatre nations s'arrogeassent le droit de réformer le Pape et l'Église romaine, leur mère; ils refusèrent d'abord d'assister à la session dans laquelle ce décret devait être publié.
Ils consentirent néanmoins à s'y trouver, à condition que la publication n'en serait point faite, à cause que les grandes difficultés que renfermait cette matière exigeaient qu'on en délibérât avec maturité 1. Et, en effet, le cardinal de Florence, François Zabarelle, qui était chargé de faire publiquement dans les sessions la lecture des décrets, supprima dans celle-ci les termes de la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres.
Après la quatrième session, les quatre nations persistant dans le dessein de faire publier dans la suivante le décret, avec l'article que le cardinal Zabarelle avait omis, les cardinaux s'y opposèrent de toutes leurs forces et déclarèrent qu'ils n'assisteraient pas à l'assemblée. Louis, duc de Bavière, frère de la reine de France ; Renaud, archevêque de Reims; Nicolas de Collaville et les autres ambassadeurs du roi très-chrétien, à la réserve de Gerson, chancelier de l'université de Paris, s'étaient joints aux cardinaux avant la quatrième session et leur demeurèrent constamment unis dans leur opposition à l'entreprise des quatre nations. Malgré tout ce qu'ils purent faire les uns et les autres, par l'entremise même de l'empereur, la cinquième session fut indiquée pour le 6 avril, sans qu'on parlât de faire aucun examen touchant une matière aussi importante et aussi épineuse que l'était celle en question. Seulement, dans la matinée avant rassemblée, il y eut en présence de l'empereur une conférence entre les cardinaux, les ambassadeurs français et les députés des nations, où l'on contesta beaucoup sur le décret publié dans la session précédente, et que les quatre nations voulaient qui fût renouvelé et amplifié dans celle qui allait suivre.
Enfin les cardinaux et les ambassadeurs se déterminèrent à s'y trouver ; mais, avant d'y…
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1 Apud Schelstrate, Tractat. de Concil. Const., dis sert. 2, c. 2.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Quatrième et cinquième session du concile.Enfin les cardinaux et les ambassadeurs se déterminèrent à s'y trouver ; mais, avant d'y assister, ils firent tous ensemble, dans la chambre des parements, une protestation secrète, dans laquelle ils déclarèrent qu'ils n'y assistaient que pour éviter le scandale, et non pas dans l'intention de consentir à ce qu'ils avaient appris qu'on y voulait statuer. C'est ce qui est rapporté dans le recueil des actes du concile fait par Herman von der Hardt, auxquels actes ceux qui sont dans les registres manuscrits du Vatican, cités par Schelstrate, sont parfaitement conformes 1. Sur quoi ce dernier auteur fait la réflexion suivante : « Ces paroles sont trop belles pour les laisser passer comme faisant peu à l'affaire. Elles regardent une protestation contre les décrets de la session cinquième, faite par les ambassadeurs du roi très-chrétien, le sentiment desquels, si jamais il peut être redevable contre les décrets d'aucun concile, on devrait spécialement en France reconnaître qu'il a force de loi contre les décrets de la cinquième session du concile de Constance, faits sans délibération et en tumulte, par une partie de la seule obédience de l'un des trois prétendants à la papauté 2. »
Scission entre les cardinaux et les autres Pères.
Décrets fameux de ces deux sessions
(suite)
Le décret résolu par les quatre nations fut publié dans la cinquième session…
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1 Von der Hardt, t. 4, p. 97. Schelstrate, ubi supra. — 2 Von der Hardt, t. 4, p. 97. Schelstrate, ubi supra.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Quatrième et cinquième session du concile.Le décret résolu par les quatre nations fut publié dans la cinquième session ; on y inséra les expressions de réformation générale de l'Église dans son chef et dans ses membres , qui avaient été omises dans la publication faite en la session quatrième. Mais il faut remarquer que le cardinal de Florence, qui était chargé de faire la publication des décrets dans le concile, refusa de publier celui-ci, et qu'on fut obligé de le faire lire par un prélat nommé à l'évêché de Posnanie 3. On y ajouta que quiconque, de quelque condition, état et dignité, même papale, qu'il pût être, refuserait avec opiniâtreté d'obéir aux commandements, statuts, règlements ou préceptes du saint synode et de tout autre concile général légitimement assemblé, sur les matières avant dites ou autres, soit décidées ou à décider, qui y auraient rapport, s'il n'entrait en résipiscence, serait soumis à la pénitence et à la punition qu'il mériterait, même en recourant aux autres moyens de droit, s'il était nécessaire.
Scission entre les cardinaux et les autres Pères.
Décrets fameux de ces deux sessions
(suite)
Ensuite, par application à l'état actuel des choses, il fut défini que le Pape Jean était obligé de renoncer, non-seulement dans les cas marqués en sa promesse, mais encore dans tout autre qui pourrait servir à unir l'Église; qu'il devait s'en tenir à cette décision du concile, et que, s'il refusait ou différait de le faire, il devait être tenu pour déposé de la papauté et qu'il fallait se soustraire absolument de son obédience ; que sa retraite avait été clandestine; qu'il serait requis de revenir pour effectuer ce qu'il avait promis, et que, s'il refusait ou différait de la faire dans le terme qui lui serait prescrit, on procéderait contre lui comme auteur du schisme et suspect d'hérésie; que, s'il voulait revenir, on lui donnerait un sauf-conduit très-ample, et qu'après sa renonciation au pontificat il serait pourvu à son entretien et à celui des siens par quatre commissaires à son choix et quatre autres au choix du concile.
Ici se présentent deux questions très-importantes pour toute l'histoire de l'Église catholique…
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3 « Quia cardinalis Florentinus illa noluit pronuntiare. » Gesta mss. Ibid. Sommier, t. 4
A suivre : Quel est le sens de ces décrets.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Quel est le sens de ces décrets.
Ici se présentent deux questions très-importantes pour toute l'histoire de l'Église catholique : 1° Quel est le sens des décrets de la quatrième et de la cinquième session du concile de Constance ? 2° Quelle autorité peuvent avoir ces décrets dans l'Église ? Pour traiter ces matières délicates nous suivrons l'excellent travail de monseigneur Jean-Claude Sommier, archevêque de Césarée, dans son Histoire dogmatique du Saint-Siège 1.
Première question : Quel est le sens légitime des décrets dont il s'agit ?
Le décret de la quatrième session, en ce qui regarde le Pontife romain, est énoncé en ces termes : « Toute personne, de quelque état qu'elle soit et quelque dignité qu'elle possède, fût-ce même celle de Pape, est obligée d'obéir au présent concile dans les choses qui appartiennent à la foi, à l'extirpation dudit schisme et à la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres. » Le décret de la cinquième session, en ce qui regarde le même Pontife, est conçu en ces termes : « Quiconque, de quelque condition, état et dignité qu'il pût être, quand même il serait Pape, refuserait avec opiniâtreté d'obéir aux règlements de ce saint synode et de tout autre concile général légitimement assemblé, sur les matières avant dites ou autres, soit décidées, soit à décider, qui y auraient rapport, s'il n'entrait à résipiscence, il serait puni comme il devrait l'être. »
« Or, dit l'archevêque de Césarée, il ne faut être que grammairien pour voir parfaitement que le sens de ces décrets est restreint aux matières qui étaient alors agitées, savoir à ce qui serait décidé dans ce concile touchant la foi, le schisme et la réformation à faire dans l'Église, par rapport à l'état actuel où elle se trouvait 1 ; qu'ainsi l'autorité que le concile se donnait sur la personne même des Papes ne s'étendait que sur les Papes d'alors et sur d'autres, leurs semblables, à l'occasion desquels l'Église se trouverait divisée, et que, par conséquent, c'est sans fondement qu'on voudrait l'étendre indéfiniment sur tous les Papes, n'y ayant pas une seule parole dans ces décrets qui donnât l'idée d'un pareil sens. »
Ajoutons qu'on ne trouvera rien dans toute la suite du concile qui autorise une autre explication, mais plutôt qu'on y remarquera en plusieurs endroits que, excepté le cas des Papes faux ou douteux, la supériorité y est donnée au Saint-Siège sur les conciles, et non pas aux conciles sur le Saint-Siège.
C'est ce qu'on peut prouver invinciblement par la doctrine qui y fut reconnue touchant ce Siège auguste, savoir, que l'Église romaine est la maîtresse de toutes les Églises, comme les saints canons l'enseignent, conformément à la tradition venue de Jésus-Christ ; que dire le contraire serait une hérésie ; qu'étant la maîtresse de toutes les Églises elle en est aussi le chef, de même que des conciles généraux et de l'Église universelle, qui est le composé et l'assemblage de toutes les Églises particulières ; qu'elle tient ces prérogatives de puissance et d'autorité non pas tant des hommes que de Dieu même; que les autres Églises ont leur partage dans le soin pastoral, mais qu'elle seule a la plénitude de la puissance ; qu'elle peut juger toutes les autres, mais qu'elle ne peut être jugée de personne 1.
Les Pères du concile ne firent aucune difficulté d'admettre ces propositions avancées par les cardinaux, exceptant seulement le cas de schisme dans l'Église romaine, arrivé par l'abus d'une élection ou d'autres choses semblables 2. Ces mêmes Pères ajoutaient que ces propositions devaient s'entendre des temps auxquels tout serait pareil, c'est-à-dire quand les Églises, tant l'Eglise romaine que les autres, étaient d'ans leur état ordinaire et légitime, ce qui ne se trouvait point à cause du schisme qui les divisait 3.
Ce qui confirme excellemment ces sentiments du concile touchant la prééminence et la supériorité du Saint-Siège dans l'Église universelle…
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1 T. 6, in-12 Saint-Dié, 1730.
(Notes de Louis) : 1 La référence est en langue latine. — 1 La référence est en langue latine. — 2 La référence est en langue latine. — 3 La référence est en langue latine.
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