Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Sbinko, évêque de Cracovie.
Son amitié et sa sévérité pour Jagellon, roi de Pologne.
Jagellon ou Ladislas V avait de grandes qualités, mais aussi de grands vices ; il trouvait un censeur inexorable dans l'intrépide évêque de Cracovie, nommé Sbinko. L'an 1434, cet évêque, sur le point de partir pour le concile de Bâle comme ambassadeur du roi, lui adressa la remontrance qui suit, et qui fait assez connaître le caractère de l'un et de l'autre :
« Je suis dans une grande inquiétude, lui dit-il, sur le témoignage que je pourrai rendre de vos mœurs à l'Église universelle dans le concile, qui ne manquera pas de m'interroger là-dessus. Je sais que vous êtes un prince doux, dévot, libéral, patient, humble et clément; mais vous avez des vices qui offusquent ces vertus et qui même les égalent, car vous passez la nuit dans la débauche et la plus grande partie du jour dans le sommeil. Vous n'entendez souvent la messe qu'à la fin du jour. Vous opprimez tellement les églises et les monastères que souvent les ecclésiastiques et les religieux sont obligés de les abandonner, et sous ce prétexte vous confisquez les biens de l'Église. A l'égard de votre cour, qui est-ce qui pourrait en souffrir les excès? Tout le monde se plaint d'en être accablé. On y vit sans règles et sans lois ; une avarice insatiable porte vos courtisans aux exactions les plus onéreuses. Vous faites faire à votre gré à la monnaie des changements qui ruineront à la fin le royaume. Vous n'écoutez ni la veuve, ni l'orphelin, ni les opprimés. Il y a ici présents plusieurs de vos sujets sur le bien desquels vous avez porté vos mains avares sous de vains prétextes et sans les avoir entendus.»
Après lui avoir fait d'autres reproches il finit en ces termes : …
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : État de la Bohême après la mort de l'empereur Albert II, et sous l'administration de Georges Podiébrad.Sbinko, évêque de Cracovie.
Son amitié et sa sévérité pour Jagellon, roi de Pologne.
(suite)
Après lui avoir fait d'autres reproches il finit en ces termes : « Depuis que, de votre sujet, je suis devenu votre père, je vous ai souvent averti de toutes ces choses, tant en particulier qu'en présence de témoins, vous sollicitant instamment de changer de vie avant votre mort, qui sans doute n'est pas éloignée, et de quitter vos anciennes superstitions, dont j'ai honte de parler à présent, que je suis sur mon départ, et que, comme j'ai lieu de le croire, je ne vous verrai plus dans cette vie, j'ai voulu vous adresser cette censure publique pour le bien de votre âme, pour votre honneur et pour satisfaire à mon devoir. 0 roi ! je voudrais bien aussi vous complaire ; mais j'aime mieux votre salut et celui de la république, quand même vous devriez m'en haïr. Que si vous persistez dans votre conduite, je vous déclare que je suis résolu à lancer contre vous les censures de l'Église, afin de vous dompter par la verge apostolique si je ne puis vous ramener par des exhortations paternelles. »
Les conseillers du roi et d'autres seigneurs qui étaient présents applaudirent fort à ce discours. Il n'en fut pas de même du roi ; il entra dans une telle fureur qu'il ne menaçait pas de moins que de pendre le prélat. Cependant il en revint et témoigna même ce retour avant sa mort par plusieurs restitutions considérables. Il mourut le 31 mai de la même année 1434, à l'âge de quatre-vingts ans. En mourant il donna une belle marque de son bon naturel et de son repentir lorsque, tirant de son doigt un anneau que la reine Hedwige lui avait donné en foi de mariage, et qu'il avait toujours porté, il ordonna à l'un de ses chambellans d'en faire présent de sa part à Sbinko, évêque de Cracovie, de le prier de le porter en mémoire de lui et de lui pardonner ses emportements lorsqu'il l'avait si justement repris (1).
Après la mort de l'empereur Albert II……
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(1). Dlugos, Historia Poloniæ
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État de la Bohême après la mort de l'empereur Albert II, et sous l'administration de Georges Podiébrad.
Après la mort de l'empereur Albert II les états de Bohême, divisés entre les catholiques et les Hussites, voulurent d'abord pourvoir à la régence ; mais la reine Elisabeth, veuve d'Albert, obtint d'eux qu'ils attendraient ses couches. Lorsque Ladislas fut né, les états, surtout les Hussites, déclarèrent qu'ils ne voulaient point d'un enfant pour roi ; ils offrirent la couronne à Albert, duc de Bavière, qui la refusa. L'empereur Frédéric, auquel ils firent ensuite la même offre, répondit qu'il voulait conserver à Ladislas les royaumes de ses pères, la Bohême et la Hongrie. Les Bohémiens nommèrent deux administrateurs pendant la minorité ; Praczeck fut choisi par les Hussites ou calixtins, et Meinard de Maison-Neuve par les catholiques.
Georges de Podiébrad, étant parvenu, l’an 1444, à l'une de ces places, s'empara de toute l'autorité pendant la minorité de Ladislas, et par là se fraya la route du trône après la mort de ce prince. L'an 1453 Ladislas arrive de Hongrie en Bohême, où il est couronné le 28 octobre, après avoir juré une capitulation favorable aux Hussites. Podiébrad se fait confirmer par ce prince dans la dignité de gouverneur du royaume.
L'an 1457 Ladislas envoie des ambassadeurs à Charles VII, roi de France, pour lui demander sa fille Madeleine en mariage ; mais, avant que la princesse se mît en route pour la Bohême, Ladislas mourut, le 23 novembre 1457, à l'âge de dix-huit ans. Sa mort fut attribuée à Podiébrad et à Roquesane (1).
Depuis la mort de l'empereur Albert II, en 1439, jusqu'à l'an 1447……
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(1) Art de vérifier les dates.
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A suivre : Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême pour ramener les Hussites. Tableau qu'il en fait.
État de la Bohême après la mort de l'empereur Albert II, et sous l'administration de Georges Podiébrad.
(suite)
Depuis la mort de l'empereur Albert II, en 1439, jusqu'à l'an 1447, où Georges Podiébrad devint l’unique administrateur du royaume, la Bohême fut assez tranquille quoiqu'elle n'eût ni roi ni archevêque. Une terrible peste contribua pour sa part à cette tranquillité.
Quant à la religion il y eut plusieurs conférences et discussions entre les calixtins et les taborites. Les premiers, ayant Roquesane à leur tête, se montraient catholiques pour le dogme ; les taborites, au contraire, se montraient crûment sectateurs de l'impie Wiclef, niant l'autorité doctrinale de l'Église et de son chef visible, niant l'efficacité des sacrements et n'y voyant que de simples signes; ne reconnaissant encore que deux de ces sacrements, le baptême et la Cène ; dans celle-ci niant la présence réelle de Jésus-Christ, niant le saint sacrifice de la messe, niant le purgatoire, repoussant la prière pour les morts et le culte des saintes images (2).
Roquesane combattait ces impiétés, mais sans s'unir assez franchement aux catholiques. En 1447 le cardinal Carvajal, légat d'Eugène IV, puis de Nicolas V, fit son entrée à Prague et y fut reçu avec de grands honneurs. Les calixtins lui demandèrent Roquesane pour archevêque ; il répondit d'une manière évasive. La même année, après le départ du légat, l'un des gouverneurs du royaume, Georges Podiébrad, ayant fait périr par une conspiration son collègue Meinard de Maison-Neuve, s'empara de toute l'autorité.
Roquesane fut rétabli de fait dans l'administration de l'archevêché (1) ; il promit de se soumettre à l'autorité du Pape, dans l'espérance d'obtenir ses bulles d'archevêque. Ne les recevant pas et s'étant même brouillé avec le cardinal-légat, il résolut de rompre tout à fait avec l'Église romaine et de rechercher l'union de l'Église grecque. L'Église de Constantinople, dans une lettre où elle s'intitule mère et maîtresse de toutes les Églises, fit une réponse favorable, déclamant contre les innovations de l'Église romaine et promettant aux Bohémiens de leur envoyer des pasteurs légitimes et exemplaires. Cette lettre est de 1451, deux ans avant que Constantinople fût prise par les Turcs et devînt la capitale de l'empire antichrétien de Mahomet (2).
Cependant Georges Podiébrad se rapprocha de l'empereur Frédéric, lui rendit même des services, et ils vécurent en bonne intelligence depuis cette année 1451.
Ænéas Sylvius , depuis Pape sous le nom de Pie II…
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(2). Lenfant, Hist. de la guerre des Hussites, l. 20, etc. — (1). Lenfant, l. 22 — (2). Id. , l, 23, n. 2 et 3.
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Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
Ænéas Sylvius, depuis Pape sous le nom de Pie II, avait été envoyé en Bohême pour travailler à la conversion des taborites. Se trouvant dans le cas de passer la nuit en pleine campagne, il résolut avec ses collègues de se rendre à la ville de Tabor. Informés de leur arrivée les taborites allèrent au-devant d'eux et les reçurent avec joie.
« C'était, dit-il, un spectacle curieux de voir ce peuple rustique et grossier, qui voulait pourtant paraître civil. Les uns étaient nus et en chemise, quoiqu'il fît alors très-froid et qu'il plût beaucoup ; les autres avaient des pelisses ; quelques-uns étaient à cheval à nu, d'autres sans brides, d'autres sans éperons. Il y en avait de bottés et d'autres qui n'avaient point de bottes. L'un était borgne, l'autre manchot. Ils marchaient pêle-mêle et parlaient rustiquement. Ils nous offrirent pourtant des rafraîchissements, comme du poisson, du vin et de la bière. Nous entrâmes ainsi dans Tabor, que je ne saurais mieux désigner qu'en rappelant le boulevard et l'asile des hérétiques ; car c'est là le rendez-vous et la ressource de tous les monstres d'impiété et de blasphèmes qui se peuvent rencontrer dans la chrétienté. Là vous voyez autant d'hérésies que de têtes, et il est permis de croire tout ce qu'on veut.
« Au commencement les taborites voulaient suivre les mœurs de la primitive Église et avoir tout en commun ; ils s'appelaient frères, et ce qui manquait à l'un lui était fourni par l'autre. A présent chacun vit pour soi; l'un a faim, l'autre s'enivre. La ferveur de la charité se refroidit, et on se lassa bientôt d'imiter ce modèle. Les premiers chrétiens, qui jetèrent les fondements de l'Église, faisaient part à leurs frères de ce qu'ils avaient en propre ; ils ne prenaient du bien d'autrui que ce qu'on leur donnait par charité et pour l'amour de Jésus-Christ; mais les taborites pillent les héritages des autres ; ils n'ont de commun entre eux que ce qu'ils prennent de vive force. Encore n'ont-ils pas vécu longtemps sur ce pied-là; retournés à leur naturel, ils sont tous avares. Comme ils ne peuvent plus exercer de rapines, parce qu'étant fort affaiblis ils redoutent leurs voisins, ils s'adonnent au négoce et à des gains sordides. Il y a bien dans cette ville quatre mille habitants qui pourraient porter les armes ; mais, ayant appris des métiers, ils gagnent leur vie à faire des étoffes de fil et de laine, et on les croit peu propres à la guerre. D'abord ils n'avaient point de biens en fonds de terre ; mais ils s'emparèrent de ceux des monastères et de la noblesse, et Sigismond, peut-être contre tout droit divin et humain, les leur a adjugés à perpétuité.
« Je viens de vous raconter, continue Ænéas Sylvius…
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Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
« Je viens de vous raconter, continue Ænéas Sylvius écrivant au cardinal Carvajal, ce que c'est que cette ville, les mœurs de ce peuple, ce sénat d'hérétiques, cette synagogue de méchanceté, ce domicile de Satan, ce temple de Bélial et ce royaume de Lucifer. Ce fut lorsque j'y passai la nuit que j'appris de mon hôte tout ce que je viens de vous raconter. Je l'exhortais à renoncer à de si grandes erreurs ; il n'était pas tout à fait indocile, et il ne rejetait pas mes remontrances. Il avait dans la chambre où il couchait des images de la bienheureuse Vierge et de Jésus-Christ, auxquelles il rendait son culte en cachette. Je crois qu'il se convertirait s'il ne craignait de perdre ses biens ; car il est riche; mais la plupart aiment mieux perdre leur âme que leur bien, et l'argent en fait périr un grand nombre, selon la parole du Sauveur.
« Le lendemain les magistrats de cette sordide ville nous vinrent trouver et nous remercièrent de notre visite. Comme je jugeais bien qu'ils étaient plus civils en paroles qu'en effets, je dis à mes collègues :
« Nous avons mal fait d'avoir communication avec une race criminelle et ennemie de Dieu. Je ne croyais pas trouver tant et de si grandes erreurs que j'y en ai trouvé. Je croyais que ce peuple n'était séparé de nous que par la communion sous les deux espèces ; mais à présent je sais par expérience qu'il est hérétique, infidèle, rebelle à Dieu et sans religion. C'est pourquoi, si nous voulons décharger nos consciences, il faut parler de manière qu'ils ne puissent pas croire que nous approuvons leur conduite, ni se vanter que les ambassadeurs du roi des Romains ont eu communication avec eux. »
L'un de mes collègues approuva la proposition ; mais les Autrichiens, timides comme des lièvres, n'y voulurent pas consentir, quoique je me proposasse de leur parler d'une manière qui ne les aurait point irrités. Il fallut nous retirer, et sans faire le service divin, quoiqu'il fût dimanche, de peur de communiquer avec des hérétiques (1). »
Ænéas Sylvius se rendit à la diète de Bohême…
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(1). Lenfant, Hist. de la guerre des Hussites, l. 23, n. 7.
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Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
Ænéas Sylvius se rendit à la diète de Bohême, qui se tenait, non point à Prague, où régnait la peste, mais dans une autre ville. Il y eut une longue conférence avec Georges Podiébrad sur les difficultés qui empêchaient la parfaite réunion des calixtins avec les catholiques. Les premiers accusaient les seconds de violer le concordat, mais c'étaient eux-mêmes qui le violaient ; car, non contents de communier sous les deux espèces, ils prétendaient que cela était nécessaire au salut, ce qui était violer le concordat dans son article principal et avancer une erreur contre la foi.
Une autre difficulté était Roquesane, que les calixtins voulaient avoir pour archevêque, mais dont l'élection n'était pas canonique, non plus que les mœurs. Ænéas Sylvius répondit là-dessus :
« Vous avez promis dans le concordat de vous en tenir aux usages de l'Église universelle, sauf la communion sous les deux espèces. Or l'usage de l'Église latine, dont vous êtes membres, est que les archevêques soient élus par les chapitres des églises, pour être confirmés par l'autorité apostolique, ou que le Pontife romain pourvoie lui seul aux églises vacantes. Mais vous voulez introduire un autre usage et une nouvelle méthode ; quand une église vient à vaquer vous faites l'élection par le peuple, et, quoique ce soit à l'Église à examiner celui qui doit être élu, et au Pape à approuver l'élection, si on ne vous donne pas Roquesane, vous n'en voulez point d'autre. N'est-ce pas là violer les traités ?
« D'ailleurs l'Apôtre avertit de ne pas choisir de néophyte pour évêque, de peur que…
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Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
« D'ailleurs l'Apôtre avertit de ne pas choisir de néophyte pour évêque, de peur que, enflé d'orgueil, il ne tombe dans la condamnation du diable. Or votre Roquesane n'est pas, à la vérité, novice dans la foi, car il n'en a point, mais il blâme hautement le Siège apostolique dans ses sermons. En soutenant, comme il fait, la nécessité de la communion sous les deux espèces, il taxe d'erreur toute l'Église. Il prétend tenir des vérités que l'Église romaine conteste; mais c'est un imposteur, et la vérité n'est point en lui. Il s'est mis de son propre mouvement à la tête des téméraires habitants de Prague, sans nulle vocation divine et sans aucune ordination. Il prend le nom d'évêque et en usurpe l'office, malgré le Vicaire de Jésus-Christ. Sa doctrine gagne comme une gangrène et verse dans les âmes un poison mortel. Ce n'est pas la chaire pontificale, c'est la chaire de pestilence qu'occupe votre Roquesane, qui est un maître sophiste et un franc séducteur. Il a laissé la fontaine d'eau vive pour se creuser des citernes rompues qui ne contiennent pas d'eau. Je vous parle à cœur ouvert. Comment le Pontife romain pourrait-il confier une si grande Église à l'ennemi de toute l'Église, qui veut y introduire des pratiques nouvelles, qui refuse de se soumettre à aucun examen, qui veut commander à tous et ne dépendre de personne, et qui trouble la paix par la fureur de la discorde ? N'est-ce pas mettre le loup dans la bergerie ? Que penseraient de nous les autres habitants du royaume, qui sont demeurés inébranlables dans la foi de l'Église romaine ? Si le Pape consentait à l'élection de Roquesane ils lui tiendraient sans doute ce langage : « Saint-Père, à qui nous confiez-vous ? Entre les mains de qui nous mettez-vous ? Nous vous avons été fidèles, et vous mettez nos âmes à la boucherie. N'y a-t-il personne parmi nous que vous puissiez nous donner pour archevêque ? Nous sommes encore en grand nombre dans le royaume, tant de la noblesse que du peuple. A quoi nous a servi notre fidélité et notre constance si vous nous préférez nos ennemis et les vôtres ? Les autres auront un archevêque qui les communiera sous les deux espèces, et nous, qui communions sous une seule, nous serons laissés orphelins ? »
A la fin de la conférence Ænéas Sylvius conseilla à Podiébrad de s'adresser pour le reste à saint Jean de Capistran, qui devait arriver sous peu dans la Bohême. Podiébrad répondit : « Dès que j'ai ouï parler de Jean de Capistran j'ai résolu par avance de faire ce que vous me conseillez; car je ne présume pas trop de moi-même, et je ne me fie pas non plus tout à fait à nos prêtres. Mais je prends congé de vous; le temps m'appelle à d'autres affaires. »
Par complaisance pour un seigneur qui raccompagnait Ænéas Sylvius repassa par la ville de Tabor. A peine fut-il descendu chez son ancien hôte que les prêtres taborites de la ville, avec plusieurs écoliers et bourgeois qui savaient le latin, vinrent le trouver et le prièrent de vouloir bien leur adresser quelques paroles de consolation. Il leur répondit :
« Puisque vous souhaitez quelque consolation de moi, il faut que vous soyez pressés de quelque mal. On ne console pas les gens heureux, mais ceux qui sont dans l'affliction et dans la misère. Or, comme je vois que votre ville est abondamment pourvue de biens temporels, que vous avez la paix avec vos voisins et que vous jouissez d'une bonne santé, je ne comprends pas que vous ayez besoin de consolation, si ce n'est peut-être que vous êtes chancelants dans la foi et que vos doutes vous inquiètent, ce qui est assez vraisemblable. Car, comme vous différez de l'Église universelle en plusieurs choses, il faut nécessairement que votre foi soit chancelante et que vos esprits soient troublés par des doutes. C'est donc là-dessus que rouleront mes consolations.
« Les doutes que vous avez viennent apparemment de l'Écriture sainte; car…
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pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
« Les doutes que vous avez viennent apparemment de l'Écriture sainte; car elle n'est jamais si claire qu'elle ne soit susceptible de divers sens, et c'est de là que sont venus la plupart des schismes qui ont eu lieu dans l'Eglise dès son commencement; Mais Dieu savait ce qui devait arriver ; c'est pour cela que, quand il a donné sa loi à son peuple, article par article, par son serviteur Moïse, prévoyant qu'il y aurait des gens qui donneraient à ses lois des sens différents de l'intention de là loi même, afin de pourvoir au salut de la postérité et d'aller au-devant des hérésies, il éleva sur la terre un tribunal souverain, auquel seraient portées toutes les grandes causes et qui déciderait tous les doutes (1). C'est par cette précaution que Dieu voulût empêcher que, parmi l'ancien peuple, il ne s'élevât personne qui, séduit par ses propres opinions, donnât lieu à des schismes et fît entrer des religions étrangères dans l'Église.
« Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Législateur de la nouvelle loi, le Docteur de la vérité, l'Auteur du salut, n'a pas non plus omis le recours et le refuge à un tribunal ssuprême sur la terre; car il a élu saint Pierre, et, dans sa personne, tous les évêques du siège de Rome, qui, après son ascension, ont été ses vicaires et ont tenu la première place dans l'Église. Quand il lui a promis les clefs du royaume des cieux et le pouvoir de lier et de délier ; quand il lui a commis la conduite de son troupeau, en lui disant : Pais mes brebis , pourquoi a-t-il fait cela ? Qu'était-il besoin alors que Pierre fût le pasteur, qu'il tînt les clefs du royaume, qu'il eût la primauté, qu'il exerçât le vicariat, sinon pour ramener les errants, pour instruire les ignorants, pour raffermir les timides, pour chasser les opiniâtres, pour subvenir aux fidèles et combattre les hérétiques?
« Si nous étions tels que nous devrions être nous verrions par nous-mêmes la vérité…
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(1). Deutéron., 17,12.
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Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
« Si nous étions tels que nous devrions être nous verrions par nous-mêmes la vérité, nous la suivrions, et nous n'aurions pas besoin de lois ni de maîtres; mais, parce qu'il s'élève des esprits pernicieux, qui sèment des doctrines empoisonnées et qui versent des venins mortels dans les âmes crédules, il a fallu ériger un tribunal suprême, qui distinguât entre la lèpre et la lèpre. Or c'est ce qui se trouve dans le Siège apostolique, que le Seigneur a établi, et non aucun autre, pour être le pivot et le chef des fidèles ; et, comme la porte tourne sur les gonds, ainsi sont gouvernées les Églises par l'ordre du Seigneur. Et pour me servir des paroles du saint Pape Calixte : « Personne ne doute que l'Église romaine ne soit la mère de toutes les Eglises, des règles de laquelle il ne nous est pas permis de nous écarter. »
« C'est pourquoi, ô taborites, si vous êtes dans quelque doute sur la foi, consultez l'Église romaine, écoutez le vicaire de Jésus-Christ. Faites tout ce que vous diront ceux qui président dans le lieu que le Seigneur a choisi. Dites avec Isaïe : « Venez, montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob; il nous enseignera ses voies et nous marcherons dans ses sentiers. » Quelle est la montagne du Seigneur, sinon le Siège apostolique? Quelle est la maison de Dieu, sinon l'Église ? Quel lieu a été choisi par le Seigneur, sinon Rome, qui a été consacrée par le martyre de saint Pierre et de saint Paul? Pierre s enfuyait de Rome, craignant la mort; il rencontra le Seigneur et lui dit : «Seigneur, où allez-vous? — Je vais à Rome, lui dit le Seigneur, pour être crucifié encore une fois. » Ainsi Pierre, retourné à Rome, y érigea la chaire du souverain pontificat où il a été crucifié. C'est donc là qu'il faut puiser la doctrine du Seigneur; c'est de là que viennent les eaux salutaires ; c'est là que bouillonne la fontaine scellée d'où coulent les eaux vives. C'est le jardin fermé, c'est l'arche du Seigneur, hors de laquelle il n'y a point de salut. N'ayez pas honte, ô taborites ! de vous en rapporter au Siège apostolique sur votre foi. Quoique saint Paul eût une vocation céleste et qu'il eût été mis à part pour l'Évangile de Jésus-Christ, il ne voulut pas prêcher l'Évangile sans la participation de Pierre et des autres apôtres (1). Et saint Jérôme, si plein de doctrine et qui n'ignora rien, écrivant au Pape Damase : « C'est là, dit-il, bienheureux Pape, la doctrine que j'ai apprise dans l'Église et que j'ai toujours tenue. S'il y a quelque chose à y redire je désire être corrigé par vous, qui avez la foi et le mérite de saint Pierre. » Je vous exhorte à faire la même chose. Montrez-vous, ainsi que votre doctrine, au Pontife de Rome. Faites ce qu'il vous dira, sans vous détourner ni à droite ni à gauche. C'est par là que vous pourrez vous assurer le repos et le salut de vos âmes. »
Ænéas Sylvius ayant ainsi parlé, un certain Nicolas, que les taborites appelaient évêque, répondit : ……
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(1) Galat., 2, 1 et 2.
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pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
Ænéas Sylvius ayant ainsi parlé, un certain Nicolas, que les taborites appelaient évêque, répondit : « Nous obéirions à la majesté apostolique et nous lui serions parfaitement soumis si elle n'était pas contraire à la loi divine. — On ne trouvera pas, reprit Ænéas, que jamais le Siège apostolique ait erré dans ce qui regarde la foi ni qu'il ait acquiescé à de fausses doctrines. » Un autre taborite insista : « Mais l'affaire d'Agnès ne fut-elle pas une erreur manifeste ? » Il voulait parler de la papesse Jeanne. Ænéas fit observer que l'histoire n'était pas certaine, et que, d'ailleurs, c'eût été une erreur de fait et non de droit.
Le plus long de la conférence fut la communion sous les deux espèces. Les taborites la prétendaient ordonnée par l'Évangile et par conséquent nécessaire; Ænéas fit voir que leur prétention n'était fondée ni sur le texte sacré ni sur la tradition de l'Église. Si Jésus-Christ avait ordonné aux laïques de prendre le calice, cela eût été révélé non-seulement aux Bohémiens, mais à toutes les nations du monde, depuis tant de siècles ; mais aucune école ne le tient, aucune ville ne l'approuve, et, hors de la Bohême, aucun collège ne l'enseigne. « Ce serait merveille si, avec vos grands repas, vos vins mêlés de bière, et en dormant la grasse matinée, vous entendiez mieux l'Écriture que les autres avec leurs jeûnes et leurs veilles. »
« Vous nous accusez mal à propos, répliqua l'un d'eux ; car ce n'est pas notre propre doctrine que nous suivons, c'est celle des apôtres et des Grecs. »
« Mais, repartit Ænéas, ceux-là n'ont pas dit que les peuples qui ne reçoivent pas le calice fussent damnés. D'ailleurs il ne faut point que la Grèce vous fasse illusion ; car, quoique les Grecs n'errent pas en suivant l'ancienne pratique, cela ne doit pas vous excuser, vous qui, étant nés et ayant été élevés sous les Latins, rejetez de votre propre autorité un rite pur, louable et sûr de l'Église romaine, vous rendant ainsi coupables de transgresser une ordonnance ou une coutume établie par un long usage.
« De plus, je ne sais ce qui peut vous porter à vouloir plutôt imiter en cela l'Église grecque que l'Eglise latine. Le sénat latin agit certainement plus purement, plus raisonnablement et avec plus de sûreté et de prudence que le sénat grec; car le premier a défendu le calice pour trois raisons : la première, de peur que le simple peuple ne croie que Jésus-Christ n'est contenu que sous les deux espèces, et non sous chacune d'elles; la seconde, de peur qu'un corps liquide ne fût répandu à terre en le prenant avec la main. On dit que cela est arrivé à Prague, où un enfant à peine âgé d'un an, que l'on voulait communier, arracha le calice de la main d'un prêtre imprudent et répandit le Sacrement à terre. La troisième raison est de remplir la figure de l'ancienne loi. Quoiqu'elle ordonnât de faire part du sacrifice au peuple, les libations étaient néanmoins réservées aux sacrificateurs et aux lévites.
« Quel sujet avez-vous, au reste, de tant louer l'Église grecque ?...
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Légation d'Ænéas Sylvius en Bohême
pour ramener les Hussites.
Tableau qu'il en fait.
(suite)
« Quel sujet avez-vous, au reste, de tant louer l'Église grecque ? Ne voyez-vous pas que l'Église latine est beaucoup plus florissante qu'elle ? La nôtre domine au long et au large ; l'autre est sous la domination des mahométans. L'une est gouvernée par un seul chef; l'autre est déchirée par plusieurs schismes. L'une est ornée de temples magnifiques ; l'autre est dénuée de toute splendeur. L'une a toujours enseigné une sainte doctrine; l'autre a donné dans plusieurs erreurs.
Si donc, conclut enfin Ænéas, vous voulez recevoir les consolations de l'Esprit, si vous aimez le repos, si vous cherchez la vérité, si vous voulez gagner vos âmes, écoutez la Chaire apostolique, suivez ses traditions, honorez-la comme la chaste épouse du Christ, la colombe très-pure et très-blanche dont sort le rameau d'olivier qui promit la paix aux hommes de bonne volonté et menace de faire la guerre aux superbes. »
« Après ce discours, continue Ænéas dans son récit, un des principaux taborites s'approcha de moi et me dit avec beaucoup d'arrogance : « Pourquoi nous exaltez-vous si fort le Siège apostolique ? Nous savons fort bien que le Pape et les cardinaux sont esclaves de l'avarice, gens impatients, enflés, gonflés, abîmés dans l'intempérance et dans l'incontinence, ministres de toutes sortes de crimes, prêtres du diable et précurseurs de l'Antéchrist, dont le dieu est le ventre et dont l'argent est le ciel. »
Or cet homme étouffait de graisse et offrait une large corpulence. Je le regardai, et, mettant tout doucement la main sur son ventre, je lui dis en riant : « Je le vois bien, vous macérez beaucoup votre corps par vos jeûnes. » Tout le monde se mit à rire et à se moquer de lui. Pour moi, comme je voyais bien que ces prêtres-là m'étaient plutôt venus trouver pour disputer que pour s'instruire, je terminai là nos entretiens et mis fin à la dispute; car il me semblait plus aisé d'apaiser à force de clameurs les flots de la mer irritée que de réprimer par des discours la rage de ces gens-là (1). »
Ce fut cette même année (1451) que, par l'avis d'Ænéas Sylvius, le Pape envoya en Allemagne et en Bohême saint Jean de Capistran…
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(1) Lenfant, 1. 23.
A suivre : Saint Jean de Capistran vient y travailler également, et avec grand succès.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Saint Jean de Capistran vient y travailler également, et avec grand succès.
Ce fut cette même année (1451) que, par l'avis d'Ænéas Sylvius, le Pape envoya en Allemagne et en Bohême saint Jean de Capistran, avec la qualité de nonce apostolique et d'inquisiteur général de l'hérésie dans la Styrie, la Carinthie, l'Autriche et les pays environnants. Il fut reçu partout non-seulement comme un légat, mais comme un envoyé du Ciel. Le clergé allait en procession au-devant de lui, portant la bannière et les reliques des saints. Il traversa toute l'Allemagne, où tout le monde courait à ses prédications ; il les faisait en latin, mais un interprète les expliquait en allemand. Les gens se convertissaient à entendre seulement le son de sa voix et à voir ses gestes, tant ils étaient significatifs. D'ailleurs sa prédication était appuyée des miracles les plus éclatants. « Il rendait, dit l'historien Dlugos, la vie aux morts, la vue aux aveugles, la parole aux muets ; il faisait marcher les boiteux et guérissait les paralytiques (1). »
Comme la conversion des Bohémiens était son principal objet, il alla de Vienne en Moravie, où il reçut à peu près le même accueil qu'on lui avait fait partout. Il demeura environ deux mois à Olmutz, capitale de cette province, et y fit de grands progrès. L'affluence était si grande à ses sermons pour l'entendre qu'il fut obligé de prêcher dans les places publiques. Il avait deux interprètes, l'un bohémien, l'autre allemand. Ses sermons tendaient principalement à persuader que la communion sous les deux espèces n'était pas nécessaire et que Jésus-Christ ne l'avait pas commandée. Voici comment il s'en explique lui-même dans une lettre à l'université de Vienne : « Dès que je suis entré en Moravie, j'ai, selon mon devoir, combattu de toutes mes forces les damnables hérésies des Bohémiens. Je n'ai pu être détourné de la prédication ni par menaces ni par aucune crainte. J'ai parlé ouvertement en public, et j'ai réfuté de toute ma force l'opinion de ceux qui disent que la communion sous les deux espèces est nécessaire ; ce qui m'a si bien réussi que non-seulement les barons et les gentilshommes, mais aussi les prêtres, ont abjuré, au nombre de plus de quatre mille, toutes les erreurs des Hussites, sans parler de la conversion de plusieurs sujets des barons (2). »
Un autre historien morave nomme, entre les prosélytes de saint Jean de Capistran, un seigneur de grande autorité, nommé Wenceslas de Boscowicz, qui abjura Jean Hus, avec deux mille de ses sujets (3).
Cette espèce de révolution en Moravie ne donnait pas peu d'inquiétude à Roquesane ; il craignait, non sans fondement, que saint Capistran ne fît les mêmes progrès en Bohême, que la communion du calice ne fût abolie et que l'archevêché de Prague ne lui manquât. Poussé par les principaux de son parti, il proposa une conférence au saint missionnaire, qui accepta et se trouva au rendez-vous; mais Roquesane n'y vint pas, et paraît avoir été d'intelligence avec Podiébrad pour y mettre obstacle. Saint Jean de Capistran y suppléa par un écrit (1).
Une chose qui dut entraver singulièrement la parfaite soumission des Bohémiens à l'Église et au Pape, ce fut le mauvais exemple du concile de Bâle; car, au lieu de donner à tous les peuples chrétiens le spectacle édifiant d'une concorde filiale avec le chef certain et légitime de l'Église universelle, cette assemblée téméraire leur donna le scandale d'une rébellion opiniâtre et d'un nouveau schisme.
Le Pape Martin V était mort le 20 février 1431……
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(1). Dlugos, l. 13. — (2). Czechor. Mars Morav.. — (3). Du-brav.,1. 29. — (1) Cochlæus, 1. 10.
A suivre : Élection d’Eugène IV. Ses commencements.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Vie de sainte Françoise, dame romaine. Ses vertus, ses miracles, ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis. Elle fonde la congrégation des Oblates.
Élection d’Eugène IV. Ses commencements.
Le Pape Martin V était mort le 20 février 1431. Le 3 mars suivant les cardinaux élurent Gabriel Condolmerio, de Venise, cardinal-prêtre du titre de Saint-Clément, qui prit le nom d'Eugène IV et fut couronné le 11 du même mois. Il était neveu de Grégoire XII. Jeune encore, de concert avec Antoine Corrario, depuis cardinal de Bologne, il renonça au monde, distribua aux pauvres vingt mille écus d'or et entra au monastère de Saint-Georges, à Venise, où nous avons également vu entrer saint Laurent Justinien. Un jour qu'il faisait l'office de portier du monastère, un ermite se présenta, lui prédit qu'il serait cardinal, puis Pape, qu'il aurait beaucoup d'adversités dans son pontificat, qu'il en atteindrait la dix-huitième année et mourrait ensuite. Gabriel ne revit jamais cet ermite et ne sut qui il était (2).
Son oncle, Ange Corrario, étant devenu Pape, le nomma successivement protonotaire apostolique, préfet du trésor pontifical, évêque de Sienne, et enfin cardinal. Martin V lui confia le gouvernement de la Marche d'Ancône, avec la qualité de légat. Saint Antonin, qui écrivait alors, en fait ce portrait : « II était de grande et belle taille, d'un esprit non moindre, très-libéral envers les pauvres, allait jusqu'à la munificence pour la réparation des églises, affectionnait et favorisait de tout son cœur les bans religieux, plein de zèle pour la dilatation du culte divin et de la religion chrétienne (1).
Étant au conclave les cardinaux s'étaient engagés par serment à faire jurer au nouveau Pontife, avant qu'il fût ceint de la tiare, certains articles pour le bien de la monarchie ecclésiastique et la dignité des cardinaux. Le Pape élu devait promettre de rétablir la discipline ecclésiastique dans son ancienne intégrité, de ne pas transférer le Siège apostolique en divers lieux, de célébrer le concile œcuménique au lieu et au temps marqués, de ne proclamer de cardinaux que suivant le décret de Constance et avec l'assentiment de la majeure partie du sacré collège, à qui serait assignée la moitié des revenus de l'Église romaine. Eugène IV confirma cet engagement par une bulle du 12 mars 1431.
Il fit mieux; il exécuta sans délai ce qu'il avait promis. Jusqu'alors c'était la coutume de faire part de l'exaltation des Papes aux têtes couronnées par des nonces qu'on leur envoyait exprès. Ces commissions étaient fort briguées, à cause des présents considérables que faisaient les princes à ceux qui en étaient chargés. Le nouveau Pontife supprima cet usage, bien résolu d'en supprimer encore d'autres qui ressentaient trop le gain et l'intérêt, afin, dit-il, de délivrer son pontificat et la cour romaine de toute tache honteuse. Il se contenta donc de faire informer de son exaltation les rois et les princes souverains par les ministres qu'ils tenaient à sa cour. C'est lui-même qui s'en explique ainsi dans une lettre au roi Jean de Castille (2).
Rome admirait alors les vertus d'une sainte dame née dans cette ville…
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(2) Mai, Spicileg. Roman. , S. Vespaciano, p. 5. — (1). S. Anton., part. 3, t. 22, apud Raynald., ann. 1431, n. 3, — (2). Raynald, ann. 1431, n. 9.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
Rome admirait alors les vertus d'une sainte dame née dans cette ville, en l'an 1384, de Paul de Buxo et de Jacqueline de Rofrédeschi, deux familles distinguées. Au baptême elle reçut le nom de Françoise.
Dès sa première enfance elle donna des marques étonnantes de pudeur virginale, pleurant quand elle n'était point assez couverte dans son berceau et souffrant avec peine d'être touchée par un homme, même par son père.
Dès qu'elle sut parler, la première chose qu'elle apprit fut de réciter l'Office de la sainte Vierge. Tranquille, humble et docile, enfant par l'âge, matrone par la sagesse, elle ne s'amusait à rien de puéril, ne cherchait point à savoir ou à redire de nouvelles ; mais, retirée dans l'intérieur de la maison, elle évitait la conversation des hommes afin de jouir plus commodément de celle de Dieu. Les yeux toujours modestement baissés, jamais elle ne perdait de vue la présence de Dieu et de ses anges. Ce que le travail et la prière lui laissaient de temps, elle l'employait à lire les vies des vierges illustres par leur .sainteté, dans le désir d'imiter leurs exemples.
A peine visible aux personnes de la maison hors des heures nécessaires, il n'est pas étonnant qu'elle fût inconnue du voisinage. Dès lors elle avait coutume de faire l'examen de toutes ses actions et d'expier par une sévère pénitence ce qu'elle trouvait avoir corn-mis de fautes. C'était merveille de voir avec quel respect et quelle soumission elle obéissait à son confesseur; il n'y avait qu'un point sur lequel elle était importune : qu'on lui permît de tourmenter son jeune corps par des pénitences au-dessus de son âge. Plus d'une fois il fallut condescendre à ses pieux désirs ; Dieu voulait de bonne heure former à la mortification celle qu'il destinait à une si haute sainteté.
Vivant ainsi à la maison comme une recluse, Françoise roulait dans son esprit le dessein de garder la virginité et de la consacrer à Dieu dans quelque monastère. Son confesseur lui conseilla d'y penser mûrement, de bien examiner le pour et le contre de chaque état, et d'essayer ses forces par quelque austérité secrète. Elle obéit et se rendit de Jour en jour plus affermie dans sa résolution. Elle s'en ouvrit à ses parents, qui en avaient déjà soupçonné quelque chose. Non-seulement ils n'y consentirent point, mais, comme elle avait passé douze ans, ils songèrent aussitôt à la marier. Sur les ordres formels de son père elle se résigna par obéissance, mais après avoir versé bien des larmes, et épousa Laurent de Ponzani, jeune seigneur romain dont la fortune égalait la naissance.
Peu après ses noces elle tomba grièvement malade. Elle dépérissait de jour en jour…
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Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
(suite)
Peu après ses noces elle tomba grièvement malade. Elle dépérissait de jour en jour ; les médecins n'y voyaient point de remède. Le père s'affligeait d'autant plus qu'il regardait la maladie de sa fille comme une punition du Ciel, parce qu'il lui avait refusé la permission d'embrasser la vie religieuse.
Des personnes osèrent espérer sa guérison par des sortilèges; mais Françoise protesta constamment qu'elle aimait mieux mourir que d'offenser Dieu par aucune superstition. Sans aucun secours des médecins elle recouvra la santé en partie; mais, retombée quelque temps après, elle fut près d'un an si malade qu'elle ne pouvait ni se mouvoir dans son lit, ni retenir dans l'estomac aucune nourriture, ce qui causait de grandes douleurs tant à elle-même qu'à ses proches, qui s'attendaient chaque jour à sa mort. Une femme qui se mêlait de sortilèges se présenta pour la guérir; mais elle fut reçue de telle sorte qu'elle se trouva heureuse d'échapper de la maison sans être battue.
C'était la veille de Saint-Alexis, 17 juillet 1398, quatorzième année de Françoise. Au milieu de la nuit tous les domestiques dormaient profondément, même les gardes-malades; Françoise veillait et pensait à Dieu. Tout à coup la chambre est éclairée d'une lumière extraordinaire ; saint Alexis apparaît rayonnant de gloire ; il se nomme et lui annonce que Dieu l'envoie pour la guérir ; il pose son manteau d'or sur la malade et lui rend une santé parfaite. Françoise aussitôt se lève bien portante, s'en va trouver son amie d'enfance, sa belle-sœur Vannozie ou Jeannette, qui venait à peine de s'endormir, lui raconte le miracle et l'invite à venir avec elle en remercier Dieu dans l'église voisine, ce qu'elles font toutes deux avec une indicible dévotion. Retournée chez elle Françoise y est reçue par toute la famille comme une personne ressuscitée d'entre les morts. Tout Rome en fut dans l'admiration.
Revenue ainsi des portes de la mort Françoise s'applique avec une ardeur plus grande que jamais à toutes les œuvres de piété. Le désir de la vie solitaire se renouvelle dans son cœur, afin de s'y donner à Dieu tout entière. Vannozie, survenant, la trouve tout absorbée dans ses réflexions. S'étant expliquées l'une avec l'autre, Vannozie entre dans les idées de Françoise. Mais comment s'y prendre pour l’exécution, étant mariées toutes deux?
Au plus haut de la maison, où n'allait presque jamais personne, elles se construisirent un petit oratoire; à l'extrémité du jardin d'anciennes ruines formaient une espèce de grotte. Toutes les fois qu'elles étaient libres elles passaient des heures entières à prier, le jour dans la grotte, la nuit dans l'oratoire.
Un jour, étant dans la grotte, elles se demandaient ce qu'elles feraient si Dieu leur accordait la grâce de mener la vie d'ermite. Françoise, qui aimait surtout l'abstinence et le jeûne, répondit : « Quand nous serons dans le désert nous irons de côté et d'autre chercher des fruits pour nous sustenter. » A l'instant même elles entendirent tomber deux pommes d'un arbre à coton, quoique ce fût au mois d'avril ; elles admirèrent la bonté de leur Père céleste, qui daignait ainsi approuver leurs vœux enfantins; elles en mangèrent une entre elles, avec actions de grâces, et partagèrent l'autre à leurs domestiques, qui n'en furent pas moins émerveillés.
A l'époque de son mariage Françoise…
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A l'époque de son mariage Françoise avait encore son père et sa mère; de plus elle trouva dans la maison de son époux, Laurent, son beau-père Andréosse et sa belle-mère Cécile, avec son beau-frère Pauluzzio, époux de Vannozie, lesquels ne faisaient tous qu'une famille. Le beau-père étant mort après quelque temps, toute l'administration domestique retomba sur elle et sur Vannozie; celle-ci, connaissant sa rare prudence, s'en rapportait à elle en tout, sans qu'il s'élevât jamais la moindre dissension entre elles deux. Malgré toutes ses occupations Françoise n'était pas moins fidèle qu'auparavant à tous ses exercices de piété ; elle s'approchait deux fois par semaine du sacrement de Pénitence, recevait la communion à toutes les grandes fêtes et récitait chez elle l'Office de la sainte Vierge.
Tout le reste du temps elle l'employait au soin de sa famille ; Laurent vit bientôt qu'il pouvait couler des jours tranquilles, ayant reçu de Dieu une telle épouse. Quoique le nombre des domestiques de l'un et de l'autre sexe fût très-considérable, elle les regardait néanmoins tous comme ses frères et sœurs. Elle les exhortait à vivre dans la crainte de Dieu, leur donnait l'exemple de conserver la paix domestique, demandant pardon avec beaucoup d'humilité lorsqu'elle croyait avoir offensé quelqu'un ; mais, quand elle voyait s'élever des querelles ou d'autres occasions d'offenser Dieu, tout en conservant en son cœur sa douceur habituelle, elle déployait au dehors un zèle ardent et réprimait avec une grande liberté ce qu'elle voyait qui offensait Dieu et scandalisait le prochain. Un jour, plusieurs nobles soupant chez elle, l'un d'eux remit à Laurent un livre de magie; aussitôt elle le lui prit adroitement des mains et le jeta au feu, quoi qu'il pût dire pour la gronder.
Quelqu'un de la famille tombait-il malade : non-seulement Françoise pourvoyait abondamment à ce qui pouvait le guérir, elle le servait elle-même avec beaucoup d'empressement et de charité. Dans une maladie grave Vannozie avait perdu l'appétit pour toute espèce de nourriture. Françoise la conjura de lui faire connaître si elle désirait quelque chose. «Une écrevisse de rivière, » répondit-elle. Mais on eut beau chercher, on n'en trouva point. Tout le monde en était dans la peine, lorsqu'on vit tomber une fort belle écrevisse sur le plancher de la chambre. Cuite et mangée, elle fit disparaître le dégoût de Vannozie et sa maladie.
Voyant sa maison opulente Françoise défendit de renvoyer aucun pauvre sans lui rien donner. Une année stérile ayant multiplié l'indigence et les maladies à Rome, Françoise dilata aussi les entrailles de sa charité; non-seulement elle donnait l'aumône à ceux qui la demandaient, elle la faisait porter aux malades qui ne pouvaient pas venir. Dieu manifesta par un miracle vérifié dans les procès authentiques, combien cette charité lui était agréable. Plus la disette augmentait, plus Françoise multipliait ses aumônes; elles étaient telles que personne ne pouvait les expliquer. Pauluzzio et Laurent, craignant que la libéralité de leurs femmes ne leur portât préjudice, leur ôtèrent les clefs du grenier, qui était plein, mirent en réserve ce qui était nécessaire pour la famille, les domestiques et les fermiers, vendirent le reste et laissèrent le grenier vide. Françoise dit un jour à Vannozie : …
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Françoise dit un jour à Vannozie : « Allons au grenier ramasser ce qui reste pour les pauvres. » Elles n'y trouvèrent que de la menue paille, qu'elles amassèrent avec des balais ; l'ayant ensuite criblée avec soin, elles eurent un muid de pur froment, qu'elles distribuèrent aux plus nécessiteux. Cela fait Vannozie sortit du grenier, et Clara, sa domestique, le ferma à clef. Peu de jours après les deux maris y vinrent et y trouvèrent quarante mesures du meilleur froment; saisis d'admiration ils racontèrent la chose au beau-père, qui voulut voir par lui-même et dit que c'était l'œuvre de Dieu, approuvant et récompensant la charité de Françoise.
Une autre fois, le vin étant fort rare, Andréosse et ses deux fils mirent à part un tonneau du meilleur pour la famille ; mais les pauvres, connaissant la charité de Françoise, venaient lui demander du vin pour les malades. Elle envoyait Clara en chercher au tonneau mis en réserve et qui se trouva bientôt vide. Andréosse et ses deux fils, s'en étant aperçus, se mirent à crier avec grande colère, contre Françoise et Vannozie, qu'il ne leur restait pas une goutte de vin. Françoise leur dit en souriant : « Laissez-nous descendre à la cave, et, par la grâce de Dieu, nous vous servirons abondamment du vin que vous désirez. » Elles descendent toutes deux avec Clara, trouvent le tonneau plein, en tirent du vin excellent et l'apportent à leurs beau-père et maris, en disant : « Voici le vin en question; grâces à Dieu le tonneau est plein. » Le vieillard en goûta, ses fils en goûtèrent. Ne pouvant en croire leur palais, ils descendent à la cave et trouvent le tonneau plein. Dès lors ils laissèrent pleine liberté aux deux femmes d'administrer tout comme elles jugeraient à propos. Ce prodige, publié par toute la ville, eut un grand nombre de témoins, qui l'apprirent soit de la bouche de Laurent, soit de la bouche de Françoise même, qui le cita plus d'une fois pour exciter les autres à faire l'aumône avec largesse.
Françoise eut plusieurs enfants; on ne connaît les noms que de trois : Baptiste, qui survécut aux autres, se maria et laissa de la postérité; Evangéliste, qui mourut dans la neuvième année de son âge ; une fille nommée Agnès.
Évangéliste fut un ange terrestre, tant il se plaisait à la prière et au culte divin. Il eut le don de prophétie. Un jour, prenant l'épée de son père et la lui appliquant sur le côté, il dit : « Voilà comme il vous sera fait, mon père. » Et, dans l'invasion de Rome par Ladislas, roi de Naples, vers 1413, Laurent fut grièvement blessé à l'endroit marqué par son jeune fils. C'était merveille de voir les œuvres que faisait le petit Évangéliste, bien au-dessus de la portée de son âge ; ce qui semblait l'occuper uniquement, ce dont il parlait à sa mère avec le plus de joie, c'était de se préparer à la gloire éternelle.
Son bonheur ne tarda guère ; l'an 1411, la peste qui désolait Rome frappa Évangéliste dans sa neuvième année. Aussitôt il fit venir un confesseur, et, ayant reçu l'absolution, il dit à sa mère : « Il vous souvient, maman, que je vous ai dit : Il n'y a rien en ce monde qui me plaise ; je ne désire que la vie éternelle et la société des anges. Dieu a regardé favorablement mon désir; voici que nous allons être séparés ; mes patrons sont venus ici du ciel, saint Antoine, saint Onuphre, avec une multitude d'anges. Pour vous, ayez toujours bon courage; sachez que je serai bien et que je prierai pour vous. Maintenant donnez-moi votre bénédiction. » Il dit, et, arrangeant lui-même ses mains et son corps, il rendit à Dieu son âme innocente.
Au même instant une petite fille de la maison voisine…
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Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
(suite)
Au même instant une petite fille de la maison voisine, qui était à l'extrémité et depuis longtemps ne parlait plus par la violence du mal, s'écria tout à coup : « Voyez, voyez Évangéliste Ponzani qui monte au ciel entre deux anges ! »
Pendant une nuit que Françoise veillait sur sa couche et que sa jeune fille Agnès dormait dans la même chambre, elle vit une blanche colombe, tenant en son bec un cierge allumé, qu'elle approchait dans tous les sens de la jeune enfant; puis, ayant volé de côté et d'autre en battant des ailes, elle disparut. C’était à peu près un an après la mort d'Évangéliste. Françoise ne savait que penser de cette vision. Une autre nuit, vers l'aurore, elle vit la chambre resplendir d'une lumière insolite, et au milieu de cette lumière apparaître son jeune fils défunt, tel qu'il était de son vivant, mais incomparablement plus beau. A côté elle voyait un jeune homme bien plus beau encore. Étonnée d'abord, puis remplie d'une joie inexprimable, d'autant plus qu'elle le voyait s'approcher et la saluer gracieusement, elle ne put s'empêcher de lui tendre les bras et de lui demander avec tendresse ce qu'il faisait, où il était, s'il se souvenait de sa mère dans les cieux? Levant les yeux vers le ciel, il répondit :« Notre occupation n'est autre que de contempler l'éternel abîme de la divine bonté, de louer et de bénir sa majesté avec des transports de joie et d'amour. Tout absorbés en Dieu dans cette céleste béatitude, non-seulement nous n'avons aucune douleur, mais nous ne pouvons pas en avoir, et nous jouissons d'une paix qui durera toujours ; nous ne voulons ni ne pouvons vouloir que ce que nous savons être agréable à Dieu, lequel est notre entière et unique béatitude. Sachez que les chœurs qui sont au-dessus de nous nous manifestent les secrets divins. »
Il ajouta :« Puisque vous désirez, ô mère ! savoir en quel lieu je suis maintenant, sachez que je suis placé dans le second chœur de la première hiérarchie, parmi les archanges, et associé à ce jeune homme que vous voyez, bien plus beau que moi, parce que, dans le même chœur, il est dans un degré plus élevé. Il est envoyé de Dieu pour vous consoler dans votre pèlerinage ; il sera votre compagnon perpétuel, et nuit et jour vous aurez la consolation de le voir. A présent je vous annonce que je suis venu pour emmener Agnès, qui mourra dans peu de temps et jouira avec moi des joies du paradis. »
Alors Françoise comprit ce que signifiait dernièrement la colombe…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
(suite)
Alors Françoise comprit ce que signifiait dernièrement la colombe. Après cet entretien, qui dura environ une heure, depuis l'aube jusqu'au lever du soleil, Évangéliste demanda permission à sa mère de se retirer et lui laissa ledit ange. La beauté de l'un et de l'autre était si éclatante que jamais elle n'aurait pu y fixer ses regards si Dieu n'en avait tempéré la splendeur. C'est ce qu'elle témoigna plus d'une fois à son père spirituel qui l'obligeait par la sainte obéissance de lui faire connaître tout ce qu'elle voyait d'extra ordinaire, et qui a écrit sa vie tant sur ce qu'il apprit de sa bouche que sur ce qu'il connut par lui-même. Certaine donc de la mort prochaine de sa jeune fille, Françoise n'en dit rien à personne ; en attendant elle la servait avec amour et respect, non plus comme sa fille, mais comme une épouse destinée à Jésus-Christ, le Roi éternel, rendant grâces à Dieu de ce qu'il daignait l'appeler à lui. Agnès tomba donc malade et quitta la vie dans la cinquième année de son âge.
Lors de l'invasion de Rome par Ladislas de Naples, Pauluzzio, beau-frère de Françoise, fut jeté dans les fers; son mari, Laurent, condamné à l'exil; il ne restait à la maison que son fils Baptiste. Le commandant pour le roi, en quittant Rome, voulut l'emmener comme otage. Françoise, qui n'avait plus que cet enfant-là, pensait à le cacher. Son confesseur, mû par des vues plus élevées, lui ordonna de le conduire elle-même au commandant; elle obéit. Le commandant et ses officiers en furent dans l'admiration. Quelques-uns cependant la blâmèrent de ce qu'elle exposait ainsi son fils unique à la captivité, peut-être même à la mort. On lui conseilla d'implorer la grâce du commandant. Elle répondit : « J'implorerai la grâce de qui peut me secourir, » et elle se mit à genoux devant une image de la sainte Vierge. Le commandant fit mettre Baptiste sur un cheval pour partir; malgré les coups d'éperons le cheval reculait au lieu d'avancer ; il en fut de même de plusieurs autres que l'on fit monter au jeune homme. Enfin le commandant, épouvanté, le rendit à sa mère, qui reçut ainsi le prix de son obéissance (1).
Elle avait souvent des extases durant lesquelles elle demeurait immobile ; mais, dès que son père spirituel lui commandait ou demandait quelque chose en vertu de la sainte obéissance, elle faisait et répondait conformément à ses ordres et à ses demandes, sans sortir de l'extase, tandis qu'elle demeurait insensible comme une pierre à la voix de tout autre.
Cette expérience eut lieu plus d'une fois devant un grand nombre de personnes. Un jour elle était dans sa chambre avec Vannozie, récitant l'Office de la sainte Vierge; elle était à dire une antienne lorsque son mari la fait appeler par un domestique; aussitôt elle quitte le livre et exécute ce que son mari lui demande. Revenue dans sa chambre elle reprend l'antienne interrompue, lors qu'elle est appelée une seconde fois; une seconde fois elle interrompt l'antienne pour obéir avec promptitude; ce qui arriva jusqu'à quatre fois de suite. La quatrième fois, quand elle reprit en main le livre, elle trouva l'antienne écrite en lettres d'or, et apprit de saint Paul, dans une extase, que Dieu l'avait fait écrire par un ange, pour témoigner combien son obéissance lui était agréable. Vannozie, qui était présente, fut témoin oculaire de ce miracle (1).
La peste sévissait à Rome…
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(1). Acta SS.. 9 mars. Vita secunda S. Francicæ, n. 49. — (1). Ibid. n. 50.
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Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
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La peste sévissait à Rome. La charité de Françoise s'empressa au secours des pestiférés; elle les excitait avant tout à sanctifier leur mal pour le salut de leur âme ; puis mettait tout en œuvre pour leur rendre la santé. Dieu lui accorda la grâce des guérisons, en sorte que les malades accouraient à elle de toutes parts, sans que sa tendresse pût en refuser aucun. Pour satisfaire à la multitude elle leur arrangea plusieurs appartements dans la maison de son mari, d'où ils sortirent guéris contre toute espérance. Comme ils attribuaient cette guérison aux mérites de la sainte, elle imagina ce moyen pour détourner leur sentiment: elle composa un médicament avec de la cire, de l'huile et des sucs de rue et de marjolaine, et s'en servit pour guérir toute espèce de maladies. Elle espérait qu'on attribuerait les guérisons à la vertu naturelle du médicament, et non aux mérites de la personne; le contraire arriva: les malades, qui guérissaient en foule et subitement, n'en conçurent que plus de vénération pour elle.
Non contente de servir les malades dans sa propre maison, Françoise allait les chercher dans leurs cabanes et dans les hôpitaux, leur donnait à boire, faisait leur lit, bandait leurs ulcères; plus ces ulcères étaient horribles et lui soulevaient le cœur, plus elle les soignait avec attention. Il lui arriva bien des fois, pour mieux vaincre la répugnance de la nature, de prendre de cette lotion infecte, de s'en asperger le visage et même d'en boire; mais Dieu, pour montrer combien cette victoire lui était agréable, rendait cette infection plus délicieuse que le mets le plus exquis. Françoise avait coutume de porter à l'hôpital ce qu'il y avait de plus délicat sur la table et de le distribuer aux plus indigents. Elle rapportait à la maison leurs haillons les plus malpropres, les lavait et les raccommodait avec soin, puis les mettait parmi des parfums, comme devant servir au Seigneur lui-même.
C'est ainsi que Françoise, suivant qu'il a été constaté dans le procès de sa canonisation, servit les malades dans les hôpitaux pendant trente ans, du vivant de son mari. Comme dans les contagions il était difficile de trouver non-seulement des médecins pour soigner les corps, mais encore des prêtres pour soigner les âmes, elle en cherchait elle-même pour les amener auprès des malades qu'elle avait préparés ; elle assura même un traitement à un ecclésiastique afin qu'il eût tout le temps pour visiter les malades qu'elle lui indiquait dans les hôpitaux. On ne saurait croire combien elle sauva d'âmes par cette charité.
Cependant elle eut la dévotion de faire un pèlerinage à Saint-François d'Assise…
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Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
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Cependant elle eut la dévotion de faire un pèlerinage à Saint-François d'Assise, tant parce qu'elle portait le nom de ce patriarche que parce que, comme lui, elle faisait ses délices de méditer la Passion du Sauveur. Elle se mit en route, à pied, vers la fin de juillet, pour assister, le 2 août, à la fête de la Portioncule. Elle était accompagnée de Vannozie, sa belle-sœur, et d'une de leurs amies, nommée Rite, c'est-à-dire, par abréviation, Marguerite. Elles partageaient leur temps entre de pieuses méditations et de pieux entretiens.
Elles approchaient du terme de leur pèlerinage et entraient dans la plaine de Foligno, lorsqu'elles furent rejointes par un religieux vénérable, portant l'habit de Franciscain, qui, après les avoir saluées et leur avoir demandé la cause de leur voyage, se mit à parler avec une ferveur merveilleuse de l'infinie charité que nous a témoignée le Sauveur. La sainte, reconnaissant que celui qui parlait avec cet amour enflammé de la Passion de Jésus-Christ était saint François lui-même, en fut émue jusqu'au fond de l'âme et ressentait une joie indicible. Ses compagnes étaient également charmées d'un entretien si agréable et oubliaient la fatigue du chemin. Cependant, comme on était à la fin de juillet, les chaleurs excessives leur faisaient éprouver une soif bien grande. Pour y pourvoir le saint voyageur frappa de son bâton un poirier sauvage près du chemin, et en fit tomber des poires si belles et si grosses que les pieuses pèlerines pouvaient à peine en embrasser une des deux mains. Tandis qu'elles admiraient cette merveille le saint disparut. Elles reconnurent alors toutes que celui qui leur avait parlé n'était pas un des mortels d'ici-bas, et elles rendirent à Dieu les plus ferventes actions de grâces (1).
Les premiers confesseurs de Françoise étant morts, elle choisit le prêtre Jean Mattéoti, chanoine et curé de Sainte-Marie-la-Neuve, qui n'était pas loin de sa maison. Il fut son père spirituel tant qu'elle vécut. C'est lui qui nous a laissé la Première Vie de la sainte, dont tous les principaux faits se trouvent d'ailleurs juridiquement attestés dans les procès-verbaux de la canonisation.
Cette Vie est en trois livres. Le premier expose assez brièvement les principaux faits de sa vie extérieure ; le second présente le récit de ses principales visions, au nombre de quatre-vingt-dix-sept ; le troisième contient ses luttes avec les démons, ses révélations sur les peines de l'enfer, les expiations du purgatoire, les joies du paradis.
Outre son ange gardien……
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(1) Secunda vita, n. 64 et 65.
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Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.
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Outre son ange gardien, tel qu'en a tout le monde, Françoise avait encore, comme déjà nous avons appris, un archange pour assistant perpétuel ; elle le voyait jour et nuit sous la forme humaine d'un enfant de neuf ans, vêtu d'une tunique blanche comme la neige. Son visage était plus resplendissant que le soleil, en sorte qu'elle pouvait en voir l'éclat, mais non le regarder. Il n'y avait que deux occasions où elle pouvait le contempler plus facilement; lorsqu'elle parlait de l'archange à son père spirituel; alors elle pouvait très-facilement considérer ses cheveux, ses yeux et ses autres membres. Ensuite, lorsqu'elle était battue par les malins esprits, elle regardait sans aucune difficulté l'archange pour se réconforter par cette vue. Ce qui est plus admirable, lorsqu'elle avait été battue et assommée par les malins esprits au point d'être près de mourir, l'archange apparaissait avec un visage resplendissant et une chevelure rayonnante, et les esprits malins, n'en pouvant supporter l'éclat, s'enfuyaient aussitôt confus. Tel était le resplendissement de l'archange qu'à sa clarté Françoise faisait la nuit tous les exercices nécessaires dans la maison, sans aucune lumière matérielle (1) .
Quant à l'histoire et à la destinée générale des anges bons et mauvais, voici ce que Françoise apprit dans ses visions et ses extases. Les anges ont été créés nombreux comme les blancs flocons de neige qui tombent dans les montagnes pendant l'hiver ; ils ont ensuite été distingués en trois ordres, et chaque ordre en trois chœurs, suivant la dignité de chacun.
Environ le tiers de tous les anges est tombé ; les deux autres parties ont persévéré dans la grâce (2).
De la partie déchue le tiers est dès maintenant en enfer, pour tourmenter les damnés ; ce sont ceux qui ont suivi Lucifer par leur propre malice, avec une entière liberté; ils ne sortent de l'abîme que par la permission de Dieu et que quand il s'agit de frapper quelque grande calamité pour punir les péchés des hommes; ce sont les plus méchants des démons.
Les deux autres tiers des anges déchus sont répandus dans les airs et sur la terre; ce sont ceux qui n'ont pris aucun parti entre Dieu et Lucifer, mais ont gardé le silence. Ceux qui sont répandus dans les airs excitent souvent des grêles, des tempêtes, des brouillards et des vents, par lesquels ils affaiblissent les âmes qui vivent dans la chair, les portent à l'inconstance et à la crainte, les induisent à défaillir dans la foi et à se défier de la providence divine. Aussi la sainte, qui distinguait fort bien les tempêtes suscitées par les malins esprits, avait-elle coutume…
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(1). Vita prima, 1. 2, n. 1. — (2). Ibid., n. 46.
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Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
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Aussi la sainte, qui distinguait fort bien les tempêtes suscitées par les malins esprits, avait-elle coutume alors d'allumer des cierges bénits et de répandre de l'eau bénite dans la maison, assurant que c'est le plus grand remède contre les tempêtes de cette nature. Quant aux démons qui circulent parmi nous afin de nous exercer par la tentation, elle disait qu'ils sont déchus du dernier chœur des anges, et que les anges fidèles qui nous sont donnés pour gardiens sont tous du même chœur.
Le prince et le chef de tous les démons est Lucifer, lié au fond de l'abîme, chargé par la divine justice de punir tous les démons et les damnés ; tombé du chœur le plus élevé des anges, les Séraphins, et devenu le plus méchant des démons, il est préposé au vice de l'orgueil. Sous lui sont trois autres princes : le premier, Asmodée, est préposé au vice de la chair et fut du chœur des Chérubins ; le second, appelé Mammon, est préposé à l'avarice et fut du chœur des Trônes; le troisième, nommé Béelzébub, qui fut du chœur des Dominations, est préposé à l'idolâtrie, aux sortilèges et aux enchantements; c'est le chef de tout ce qu'il y a de ténébreux, et il a commission de répandre les ténèbres sur les créatures raisonnables.
Parmi les anges infidèles qui ont suivi Lucifer par leur propre malice et qui sont dès maintenant en enfer, ceux de la suprême hiérarchie, les Séraphins, les Chérubins et les Trônes, sont dans la partie inférieure de l'abîme, pour y être tourmentés et y tourmenter les âmes les plus coupables.
Les apostats de la seconde hiérarchie, les Dominations, les Principautés et les Puissances, sont dans la partie mitoyenne de l'enfer, et dans la partie supérieure les déserteurs de la hiérarchie dernière, les Vertus, les Archanges et les Anges.
La distinction entre les hiérarchies subsiste toujours, mais il n'y a nul ordre entre les chœurs ni les individus ; tous sont tourmentés et tourmentent les âmes qui leur sont remises.
Les trois princes de l'enfer, non plus que Lucifer, leur chef, n'en sortent jamais ; mais, quand Dieu le permet, ils en envoient d'autres, surtout quand il s'agit de faire quelque grand mal sur la terre (1).
Dans une vision qu'eut sainte Françoise…
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(1).Vita prima, 1. 3, c. 8, n. 78 et seqq.
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Ses vertus, ses miracles,
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Dans une vision qu'eut sainte Françoise l'archange Raphaël, qui l'accompagnait invisible, la mena voir l'enfer. Elle vit d'abord un abîme si effroyable qu'elle en tremblait encore lorsqu'elle en parlait à son père spirituel. A l'entrée étaient écrits ces mots : « C'est ici le lieu infernal, sans espérance ni intervalle, où il n'y a nul repos. » Les trois zones de l'enfer sont séparées l'une de l'autre par un très-grand espace plein de ténèbres et de tourments. Un énorme dragon, le vieux serpent, traverse les trois zones, la tête dans celle d'en haut, le corps dans celle du milieu, la queue dans le bas. Il avait la gueule ouverte, la langue hors de la gueule; il n'en sortait point de lumière, mais une fournaise brûlante, avec une puanteur inimaginable; un feu noir et puant sortait pareillement de ses yeux et de ses oreilles.
Au milieu de l'enfer, comme sur une poutre, était assis Satan ; sa tête touchait à la zone d'en haut et ses pieds à celle d'en bas ; il occupait ainsi les trois zones. Il tenait ses pieds écartés, ainsi que ses mains, l'une vers le haut, l'autre, vers le bas, mais non en forme de croix : la croix n'apparaît pas en enfer. Sa tête est couronnée de cornes de cerf à plusieurs rameaux de chacun desquels jaillit un très-grand feu. Son visage, terrible au delà de toute imagination, lance de toutes parts un feu puant et brûlant. Il est lié avec des chaînes ardentes, au cou, aux mains, aux pieds, au milieu du corps, en sorte qu'il est entouré de chaînes brûlantes. Ces chaînes sont attachées à toutes les parties de l'enfer, d'en haut, du milieu et d'en bas ; une de ces chaînes était attachée au dragon d'une part et à Lucifer ou Satan de l'autre.
A l'entrée de l'enfer, mais au-dessus, sont les limbes des enfants morts sans baptême. Il n'y a là ni feu, ni froid, ni serpents, ni démons, ni puanteur, ni hurlements, ni blasphèmes, ni aucune peine quelconque, hors les ténèbres. Dans le limbe supérieur, car il y en a trois, sont les enfants non baptisés des chrétiens ; dans le second, les enfants des Juifs, qui se trouvent dans une obscurité plus grande que les premiers ; dans le troisième, les enfants nés d'un inceste entre chrétiens; ici les ténèbres sont encore plus grandes que dans le second.
La sainte vît les démons de la terre amener à l'entrée de l'abîme les âmes des damnés ; ils les jetaient la tête la première dans le gueule toujours béante du dragon ; au sortir de là d'autres démons les jetaient aux pieds de Satan, qui, les brûlant dès lors des feux qui sortaient de tous ses membres, leur assignait le lieu de leur éternel supplice.
Outre les tourments communs à tous les damnés les pécheurs de Sodome en subissaient un particulièrement épouvantable…
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