Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.

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Message  Louis Ven 20 Fév 2015, 11:19 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)

 Outre les tourments communs à tous les damnés les pécheurs de Sodome en subissaient un particulièrement épouvantable; ils étaient empalés, de bas en haut, dans des broches ardentes que les démons leur tiraient par la bouche avec des tenailles de feu. Les usuriers étaient cloués sur un comptoir brûlant, la tète entourée de feu; à côté les démons avaient des chaudières pleines d'or et d'argent fondus et leur en versaient dans la bouche ; tantôt ils leur ouvraient un trou sur le cœur et y versaient de ces métaux enflammés, avec d'amères railleries. Après quoi ils les plongeaient dans des tonneaux d'or et d'argent fondus, les faisant passer d'un supplice à un autre sans aucun relâche.

Les blasphémateurs subissaient en particulier ce tourment : les démons, avec des crocs de feu, leur arrachent la langue, la posent sur des charbons ardents, leur versent d'autres charbons ardents dans la bouche, les plongent dans des chaudières d'huile bouillante, leur versent de cette huile bouillante dans le gosier, avec de sanglants reproches : « Pourquoi, misérable, as-tu blasphémé ton Créateur ?» Et ces misérables blasphémaient avec une rage plus furieuse encore.

Il y avait deux choses que la sainte ne pouvait comprendre : d'abord s'il y avait réellement en enfer des chaudières et d'autres instruments de supplice. L'ange Raphaël lui dit que cette vision était pour lui faire comprendre, non pas que ces instruments y fussent matériellement, mais que les âmes y souffrent réellement de pareils supplices, comme si ces instruments leur étaient matériellement appliqués. La seconde difficulté était de savoir comment des âmes séparées de leurs corps pouvaient néanmoins être suppliciées dans la tête, dans le cœur et dans d'autres membres. La sainte reçut cette explication : « Quoique l'âme soit séparée de la chair, cependant, jusqu'au jugement dernier, elle est punie matériellement suivant les parties du corps, parce que, encore que l'âme soit spirituelle, elle a toutefois revêtu une nature matérielle; mais après le jugement dernier le corps et l’âme seront punis par de tels tourments (1). »

Ces tourments varient suivant la diversité des péchés, des états et des professions. Voici le supplice de l'orgueil : un énorme lion, nommé Mahomet,  de métal en feu, la gueule béante; dans le gosier, des rasoirs aigus et brûlants; dans le ventre, des serpents, des crapauds, ou des démons qui en prennent la forme; dans la partie postérieure, des épées tranchantes et enflammées. Les démons lancent en haut les âmes superbes, qui retombent dans la gueule du lion, sont découpées par les rasoirs et paraissent comme mortes; elles passent dans le ventre, au milieu des infections et de vilenies ; enfin d'autres démons les retirent avec des crocs, à travers les épées tranchantes. Ainsi continuellement suppliciées, les âmes orgueilleuses ne cessent de blasphémer avec rage, au milieu des railleries des démons (2).

La sainte vit, parmi les démons mêmes, l'accomplissement littéral de ce qui est dit dans saint Paul, qu'au nom de Jésus tout genou fléchira, au ciel, sur la terre et dans les enfers. Lorsque, sur la terre, quelqu'un prononce le nom de Jésus avec dévotion, tous les démons, tant ceux qui sont répandus sur la terre et dans les airs que ceux qui sont plongés dans l'abîme, ploient le genou, non de leur propre volonté, mais malgré eux. Il arriva un jour que Françoise, s'entretenant avec son père spirituel, vint à prononcer le nom de Jésus; aussitôt des démons, qu'elle voyait sous diverses formes, frappèrent la terre de leur bouche avec grand respect. Plus la personne qui prononce ce nom adorable est avancée en charité et en perfection, plus les démons en ressentent de peine et de tourment. Lorsque des pécheurs en font un blasphème ou le prononcent en vain, les démons sont toujours contraints de le révérer et s'inclinent malgré eux ; mais ils n'en sont plus attristés comme quand on le loue et le bénit. Chaque fois que ce nom est prononcé, n'importe comment, tous les anges et les saints du ciel font une génuflexion très-respectueuse; s'il est prononcé avec louange et bénédiction, surtout par des  personnes agréables à Dieu, cette génuflexion est accompagnée d'une joie indicible. Il en est de même des autres noms de Dieu et de la sainte Vierge; suivant le mérite des personnes qui les prononcent (1).

De l'enfer la sainte fut conduite au purgatoire...

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(1). Vita  prima, l. 3, c. 5, n. 46 et seqq. — (2). ïbid.,l.. 3, c. 6, n. 58. — Vita  prima, c. 8, n. 85.

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Message  Louis Sam 21 Fév 2015, 11:22 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)


De l'enfer la sainte fut conduite au purgatoire, qui est également divisé en trois zones ou sphères, l'une au-dessus de l'autre. A l'entrée elle lut cette inscription : « C'est ici le purgatoire, lieu de l'espérance ; les âmes qui sont ici ont un intervalle, suivant le désir. » La zone inférieure était remplie d'un feu clair, différent de celui de l'enfer, qui est noir et ténébreux. Ce feu du purgatoire a une flamme très-grande et rouge ; les âmes y sont illuminées intérieurement par la grâce; car elles connaissent la vérité ainsi que la détermination du temps. Celles qui ont commis des péchés graves sont envoyées dans ce feu par les anges et y restent selon la gravité des péchés qu'elles ont commis. La sainte disait que, pour chaque péché mortel non expié, il faut y rester sept ans. Quoique, dans cette zone inférieure, la flamme du feu enveloppe toutes les âmes, elle tourmente néanmoins l'une plus que l'autre, en proportion de leurs péchés.

En dehors de ce lieu du purgatoire, au côté gauche, se tiennent les démons qui ont fait tomber ces âmes dans les fautes qu'elles expient; ils leur en font continuellement des reproches amers, sans toutefois leur infliger d'autre tourment. Les âmes souffrent plus de la vue horrible de ces démons et de leurs reproches que de la flamme du feu. Dans cette souffrance elles poussent continuellement des cris si humbles et si pieux que personne ne saurait s'en faire une idée en ce monde; car elles connaissent toutes que c'est avec raison que la divine justice leur inflige ces peines et qu'elles les ont bien méritées; et à cause de  ces cris affectueux elles reçoivent quelques consolations ; non pas qu'elles soient tirées du feu, mais parce que la divine miséricorde, touchée de leur résignation, jette sur elles un regard favorable, qui les soulage et leur rappelle qu'elles arriveront à la gloire bienheureuse.

La sainte vit un glorieux ange conduire en ce lieu l'âme qui avait été confiée à sa garde, puis l'attendre en dehors, du côté droit. Les suffrages que des parents, amis ou autres offrent pour les âmes du purgatoire, parle seul motif de la charité, sont présentés à la divine majesté par leurs anges gardiens. Dieu les rend à l'ange gardien, qui les communique à l'âme pour laquelle ils ont été offerts, afin d'en alléger les peines. Les suffrages et les bonnes œuvres que des amis font spécialement, et par motif de charité, pour leurs amis en purgatoire, profitent surtout et principalement à ceux-ci, mais aussi aux autres âmes du purgatoire, à cause de la charité. Les prières, aumônes et suffrages faits par charité pour des âmes qui sont dans la gloire et qui n'en ont pas besoin profitent d'abord à ceux qui les font et ensuite aux âmes du purgatoire. Les suffrages qu'offrent des vivants pour des âmes qui sont en enfer ne profitent ni à celles-ci ni à celles du purgatoire, mais uniquement à ceux qui les offrent.

La zone ou région moyenne du purgatoire était divisée en trois parties : la première, remplie d'une glace très-froide; la seconde, de poix fondue mêlée d'huile bouillante; la troisième, de certains métaux fondus, comme de l'or ou de l'argent, telle qu'une matière transparente. Trente-huit anges y recevaient les âmes qui n'avaient pas commis des péchés assez graves pour descendre dans la région inférieure. Ils les recevaient et les transportaient d'un lieu dans un autre avec beaucoup de charité. Ce n'étaient pas leurs anges gardiens, mais d'autres anges commis à cet effet par la divine miséricorde (1). La sainte ne dit rien, ou du moins son père spirituel n'a rien laissé d'écrit sur la région plus élevée du purgatoire.

Dans les cieux les anges fidèles ont gardé…

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(1) Vita prima, l 3, c. 9,  n.  86-90.

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Message  Louis Dim 22 Fév 2015, 1:07 pm

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)



Dans les cieux les anges fidèles ont gardé leur hiérarchie de trois ordres et de neuf chœurs. Les âmes saintes, qui viennent de la terre, montent dans les chœurs et les ordres que Dieu leur assigne suivant leurs mérites. C'est une fête pour toute la milice céleste, mais particulièrement pour le chœur où l'âme sainte doit se réjouir éternellement en Dieu. Ce qu'elle avait vu de ce bonheur laissait une si vive impression à Françoise qu'elle ne pouvait en parler sans que son cœur se fondît en quelque sorte de joie. Souvent, les jours de fête, surtout après la communion, lorsqu'elle méditait sur le mystère du jour, son esprit, ravi au ciel, y voyait célébrer le même mystère par les anges et les saints. Cependant, et cette vision et toutes les autres, elle les soumettait au jugement de sa mère la sainte Église, suivant lequel elle désirait toujours vivre et mourir (1), et l'Église de Dieu a canonisé Françoise sans avoir rien trouvé à reprendre dans ses visions.

Laurent Ponzani, touché des vertus de sa sainte épouse, et sachant combien elle aspirait à une vie plus parfaite, se résolut de garder avec elle la continence, pourvu qu'elle continuât à demeurer avec lui dans la même maison et à gouverner la famille, lui promettant de ne contrarier plus jamais sa volonté ni lui faire aucune peine. Françoise en fut au comble de la joie; elle n'avait plus qu'à servir Dieu et son époux : Dieu par-dessus toutes choses, son époux comme son frère, dans les infirmités qu'il avait contractées par suite de ses blessures, de ses prisons, de ses exils.

Quant à elle-même, se voyant libre pour tout le reste, elle vendit les habits précieux qu'elle portait jusqu'alors par obéissance, en employa le prix à vêtir les pauvres, et s'habilla elle-même d'une robe de bure, telle que les servantes eussent à peine voulu en porter. Le monde ne pouvait comprendre qu'une dame si noble et si riche s'abaissât de cette manière.

Elle allait à une de ses vignes, près de Saint-Paul, y ramassait des sarments et les portait sur sa tête à travers la ville, pour les distribuer aux malheureux. Son mari la vit un jour dans cet équipage; il ne lui en dit rien, connaissant le saint motif qui la faisait agir de la sorte. Quelquefois elle conduisait un petit âne chargé de fagots qu'elle distribuait par les maisons les plus indigentes. Elle fit plus; dans un temps de cherté elle s'en allait avec sa belle-sœur Vannozie dans les quartiers de Rome où elles n'étaient pas connues, et mendiait de porte en porte de quoi donner aux pauvres. Comme on s'apercevait bien qu'elles n'étaient pas pauvres elles-mêmes, il arriva plus d'une fois qu'on leur donna des injures au lieu d'argent.

Dans une de ces quêtes d'humilité et de charité elles entendirent de grands gémissements dans une maison : un enfant venait d'y mourir sans baptême; Françoise le prend entre ses bras, le rend bientôt vivant à sa mère, recommande aux assistants de ne rien dire et se dérobe à leurs yeux.

Elle affectionnait tellement la pauvreté et l'humiliation…

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(1) Ibid., n.  91-93.

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Message  Louis Lun 23 Fév 2015, 10:57 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)


Elle affectionnait tellement la pauvreté et l'humiliation qu'elle se mettait volontiers parmi les mendiants à la porte des églises. Les morceaux de pain qu'on lui donnait comme à une mendiante, elle les gardait pour elle, et en place donnait aux pauvres un pain tout entier de sa maison; les morceaux rompus lui semblaient bien plus délicats, parce qu'ils avaient été donnés pour l'amour de Dieu.

A ce mépris de soi-même elle joignait des austérités de plus d'un genre. Jamais elle ne but de vin, ni en santé, ni en maladie. Se contentant d'un seul repas par jour, elle ne mangeait rien le soir, si ce n'est, en cas de maladie grave et par ordre de son confesseur, une pomme cuite, et cela très-rarement encore.

Pendant seize ans que sa bru, nommée Mobilie, continua de l'observer, jamais elle ne la vit manger ni chair, ni œufs, ni laitage, ni poison, ni rien qui pût flatter les goûts. Bien ou mal portante, toute sa nourriture était du pain ordinaire, des légumes ou des herbes cuites, avec un peu de sel, sans huile. Elle ne prenait que deux heures de sommeil, sur un lit très-dur, dans une position gênante, plutôt assise que couchée.

Elle portait sur la chair un double cilice, avec une ceinture de crin et un cercle de fer qui lui occasionna plus d'une plaie. Ajoutez-y une discipline armée de pointes de fer, avec quoi elle se frappait jusqu'au sang. Elle persévéra dans cette rigueur de pénitence jusqu'à ce que son confesseur lui interdît le cercle de fer et les disciplines sanglantes. Cependant si dure à elle-même, Françoise était douce et indulgente envers tout le monde, ne laissait personne manquer de rien; surtout les malades, et remplissait avec une constante sollicitude tous ses devoirs de mère de famille.

Quand elle méditait sur la Passion du Sauveur, elle en était si profondément touchée, elle en versait des larmes si abondantes que sa bru et ses autres domestiques craignirent plus d'une fois qu'elle n'en mourût de douleur. Cette douleur ne pénétrait pas seulement son âme, mais son corps. Pensait-elle aux pieds et aux mains percés de clous : elle sentait ses pieds et ses mains propres si endoloris qu'elle n'en pouvait plus faire aucun usage. La couronne d'épines lui occasionnait une couronne de douleurs à la tête; la flagellation lui laissait les membres meurtris. Dans cette contemplation douloureuse était-elle ravie en extase : ses pieds et ses mains distillaient du sang. En méditant sur le côté ouvert du Sauveur toute sa poitrine demeura couverte de plaies. Cette souffrance dura très-longtemps ; il en sortait une liqueur semblable à de l'eau ; il fallut y appliquer du linge et le changer de temps à autre. Ne pouvant le faire toute seule, tant la douleur était grande, elle fut obligée de découvrir son secret à Vannozie et à deux autres compagnes intimes, qui gardèrent ces linges comme des reliques. Elle fut guérie de cette plaie dans une extase, le jour de Noël 1432, en présence d'une de ses compagnes et de son confesseur (1).

Dès son enfance Françoise allait habituellement…

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(1) Secunda vita , cap. 4.

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Message  Louis Mar 24 Fév 2015, 11:58 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)

Dès son enfance Françoise allait habituellement à la messe et se confessait dans l'église Sainte-Marie-la-Neuve, non loin de sa maison paternelle. Cette église était desservie par des Bénédictins de la congrégation du mont Olivet, fondée par le bienheureux Bernard Ptolémée, de Sienne. Lors de son mariage Françoise alla demeurer dans un autre quartier, mais elle venait toujours se confesser à Sainte-Marie. Elle s'était attiré l'affection et la confiance de plusieurs nobles dames qui fréquentaient la même église ; de pieux entretiens s'établirent entre elles.

Un jour, c'était en 1425, leur parlant avec une ferveur extraordinaire, Françoise leur exposa combien ce serait une chose agréable à Dieu si toutes unanimement elles se consacraient à la sainte Vierge, et, sous sa protection maternelle, formaient une association de piété dans cette même église, comme il y en avait d'autres ailleurs, telles que du Rosaire ou du Scapulaire. Cette pensée plut singulièrement à toutes les dames, qui la regardèrent comme inspirée du Ciel et digne d'être mise à exécution sans délai.

Le jour de l’Assomption elles firent solennellement l'oblation de leurs personnes à la sainte Vierge, d'où leur vint le nom d'Oblates. Toutes regardaient et écoutaient Françoise comme la mère et la supérieure que Dieu même leur avait donnée. Ceci était un germe qui, avec le temps, devait produire quelque chose de plus parfait.

Lorsque Françoise eut reçu de son mari liberté pleine et entière de suivre tous les mouvements de sa dévotion, elle pensa qu'elle pourrait bien se réunir un jour avec ces pieuses dames dans une même maison et donner naissance à une nouvelle congrégation religieuse. Cette pensée devint une résolution formelle lorsqu'elle se vit privée de la société si douce de sa belle-sœur Vannozie, avec laquelle elle avait vécu trente années entières dans une telle union que toutes deux paraissaient n'avoir qu'un cœur et qu'une âme. Vannozie étant tombée malade, Françoise connut qu elle n'en relèverait point; elle l'assista constamment, avec un prêtre et d'autres personnes pieuses. Ayant aperçu l'esprit malin qui cherchait à troubler la mourante, elle recommanda au prêtre de le réprimer par des aspersions d'eau bénite. Cela fait, l'archange qui accompagnait toujours Françoise réduisit le tentateur, par un regard, à se retirer transformé en une vile fourmi. La malade mourut saintement, et Françoise vit son âme monter au ciel dans une nuée lumineuse (1).

Trois saints du ciel excitèrent spécialement Françoise à procurer…

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(1) Secunda vita , cap. 8.

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Message  Louis Mer 25 Fév 2015, 10:45 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)


Trois saints du ciel excitèrent spécialement Françoise à procurer l'établissement de la congrégation des Oblates : saint Paul, saint Benoît et sainte Madeleine. Au commencement du mois de juillet 1433 1e Pape Eugène IV commit cette affaire à Gaspar, archevêque de Cosence, qui donna, vers la fin du même mois, un avis favorable. Les pieuses dames, les unes filles, les autres veuves, se réunirent dans une maison appelée la Tour-des-Miroirs. Françoise, leur mère et leur fondatrice, ne put les suivre aussitôt ; son mari, qui vivait encore et souffrait beaucoup de ses infirmités, réclamait sa continuelle assistance. Il mourut chrétiennement en 1436.

Dès lors elle se réunit à ses chères filles. Ayant mis ordre à ses affaires, elle alla se prosterner à la porte du couvent, nu-pieds, les bras en croix, suppliant les sœurs, au milieu des larmes et des sanglots, de l'admettre dans leur société comme une mendiante et une pécheresse qui, après avoir donné au monde la fleur de la jeunesse, venait offrir à Dieu les restes d'une vieillesse épuisée.

Ce spectacle inattendu émut jusqu'aux larmes toutes les sœurs, qui la relevèrent avec empressement et l'introduisirent dans la maison avec une sainte joie. Elle prit l'habit et fit son oblation le jour de Saint-Benoît, 21 mars 1436. La supérieure était alors sœur Agnès de Lellis ; mais toutes supplièrent Françoise de vouloir bien être leur supérieure, comme elle était leur mère et leur fondatrice. Elle résista longtemps, étant venue, non pour être servie, mais pour servir les autres, comme la dernière de toutes.

Elle finit par céder à leurs instances ; mais, comme ses fréquentes visions et extases pouvaient être un obstacle au parfait accomplissement de certains de ses devoirs, elle prit pour assistante la même Agnès de Lellis.

La vie de Françoise était une règle vivante de perfection. Chaque soir elle se prosternait devant toutes ses sœurs, et, les mains jointes, leur demandait humblement pardon de toutes les fautes qu'elle avait pu commettre. Dieu ne cessa de glorifier son humble servante par le don de prophétie et par un grand nombre de miracles juridiquement attestés par des témoins oculaires.

Enfin, le 2 mars 1440…

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Message  Louis Jeu 26 Fév 2015, 11:02 am

Vie de sainte Françoise, dame romaine.
Ses vertus, ses miracles,
ses révélations sur l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Elle fonde la congrégation des Oblates.


(suite)

Enfin, le 2 mars 1440, ayant appris que son fils Jean-Baptiste était malade, elle alla le voir avec une de ses  compagnes. Elle le trouva mieux ; mais elle y tomba malade elle-même. Elle voulait s'en retourner au couvent dès le soir, suivant la règle; mais, comme c'était loin, son confesseur lui ordonna de rester, par obéissance, en la maison de son fils. Elle connut par révélation qu'elle mourrait dans sept jours et s'y prépara comme elle avait vécu, c'est-à-dire saintement. En effet, ayant reçu tous les sacrements de l'Église, elle expira tranquillement le 9 du même mois, dans la cinquante-sixième année de son âge. Une minute auparavant, lui voyant remuer les lèvres, son confesseur lui avait demandé si elle voulait quelque chose; elle répondit : « J'achève les vêpres de la sainte Vierge ! »

Les miracles ne furent pas moins nombreux après sa mort que pendant sa vie. On commença dès lors à l'honorer d'un culte public ; cependant le procès de sa canonisation, commencé sous Eugène IV et Nicolas V, ne fut terminé que sous Paul V, en 1608. On voit son corps à Rome, dans une châsse magnifique, et l'on y célèbre sa fête le 9 mars avec beaucoup de solennité. Les religieuses qui reconnaissent sainte Françoise pour fondatrice ne font point de vœu ; elles promettent simplement d'obéir à la mère présidente. Elles ont des pensions, héritent de leurs parents, et peuvent sortir avec la permission de leur supérieure. Il y a dans le couvent qu'elles ont à Rome plusieurs dames de la première qualité (1).

Parmi les visions prophétiques qu'a eues sainte Françoise il y en a plusieurs qui annonçaient des troubles à Rome et dans l'Église ; on en vit effectivement d'assez graves sous Eugène IV.

Son prédécesseur, le Pape Martin V…

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(1) Acta SS., et Godescard, 9 mars.
A suivre : Conduite séditieuse des neveux de Martin V.

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Message  Louis Ven 27 Fév 2015, 1:08 pm

Conduite séditieuse des neveux de Martin V.

Son prédécesseur, le Pape Martin V, laissa trois neveux, tous trois de la famille des Colonnes : Antoine, prince de Salerne ; Édouard, comte de Célano, et Prosper, cardinal-diacre du titre de Saint-Georges. Ces trois seigneurs, non contents des grands biens que le Pape leur avait donnés, se saisirent encore de son trésor, c'est-à-dire des grandes sommes d'argent qu'il avait amassées, tant pour défrayer les Grecs qui devaient venir au concile que pour soutenir la croisade contre les Turcs.

Le Pape Eugène fit prier les Colonnes, par les cardinaux et d'autres seigneurs, de lui rendre ce trésor ; mais ils le refusèrent et mirent des troupes sur pied pour lui faire la guerre. Le Pape, après avoir fait contre eux les procédures nécessaires, prononça, le 17 mai 1431, une sentence par laquelle il déclare que, comme criminels de lèse-majesté, ils ont encouru toutes les peines ecclésiastiques, et les prive de tous leurs biens, de leurs dignités et de leurs droits. Le Pape voulait soutenir ses procédures par les armes, et la reine de Naples, Jeanne II, lui envoya des troupes sous la conduite de Cadola; mais les Colonnes gagnèrent ce chef par argent, et cette guerre troubla quelque temps l'Italie (1).

Ces troubles de Rome…

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(1). Fleury, 1. 102, n. 33 et 34, édition grand in-8º, augmentée de quatre livres publiés pour la première fois d'après un manuscrit de Fleury, appartenant à la Bibliothèque royale.
A suivre : Commencements un peu étranges du concile de Bâle, qui informe lui-même le Pape Eugène IV du petit nombre de prélats qui s'y trouvent.

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Message  Louis Sam 28 Fév 2015, 11:26 am


Commencements un peu étranges du concile de Bâle,
qui informe lui-même le Pape Eugène IV
du petit nombre de prélats qui s'y trouvent.

Ces troubles de Rome, suscités par quelques seigneurs factieux, se rattachèrent bientôt à des troubles plus graves, suscités dans l'Église entière par le concile de Bâle, qui, dès les premiers jours, se montra plutôt une assemblée factieuse qu'un concile vraiment digne de ce nom.  
                         
D'après une bulle de Martin V ce concile devait s'ouvrir le 3 mars 1431 si toutefois il s'y trouvait un nombre suffisant de prélats. Le 1er février de la même année le même Pape nomma Julien Césarini cardinal de Saint-Ange et légat en Allemagne, pour y présider en son nom; mais Martin V mourut le 20 du même mois et eut pour successeur Eugène IV, élu le 3 mars suivant.

Le nouveau Pape confirma la légation du cardinal Julien en Allemagne, l'étendit même à la Hongrie, à la Pologne et à la Bohême. Puis, le dernier jour de mai, il lui adressa une lettre où il dit :

« Le Pape Martin vous a enjoint, entre autres choses, de présider au concile qui se doit célébrer à Bâle, s'il s y trouve un assez grand nombre de prélats pour le tenir. Or nous avons appris que jusqu'ici il y en est venu peu ou point, en sorte qu'il n'est pas nécessaire d'y envoyer un autre légat. C'est pourquoi nous voulons que, lorsque l'affaire de Bohême sera finie, comme on espère qu'elle le sera bientôt, vous preniez le chemin de Bâle, et que vous vous  y conduisiez suivant les ordres que vous avez reçus au concile de Constance. »

En exécution de cet ordre le cardinal Julien envoya à Bâle deux délégués, savoir, Jean de Polemar, chapelain du Pape et auditeur de son palais, et Jean de Raguse, docteur en théologie de la faculté de Paris et procureur général de l'ordre des Frères prêcheurs. Ces deux délégués arrivèrent à Bâle le 19 juillet 1431.

Mais déjà le concile s'était ouvert d'une manière quelconque au jour indiqué par Martin V; c'était, comme nous l'avons vu, le 3 mars 1431, le même jour où Eugène IV était élu Pape à Rome. Ce jour-là donc tous les Pères arrivés à Bâle se rendirent solennellement à l'église cathédrale ; ils s'y trouvèrent, tout bien compté, au nombre de un, ni plus, ni moins; encore n'était-ce pas un évêque, mais un abbé, celui de Vézelai; le lendemain 4 mars il prit acte, en présence des chanoines de cette église, des opérations qu'il avait faites le jour précédent. Ce commencement un peu burlesque ne présageait pas mal ce qui arriva ensuite.

Jean de Polemar et Jean de Raguse, arrivés à Bâle le 19 juillet, ouvrirent le concile cinq jours après, pour la seconde fois, et d'une manière plus solennelle. Ils s'y trouvèrent eux deux, avec l'abbé de Vézelai, deux députés de l'université de Paris et quelques ecclésiastiques de Bâle, sans aucun évêque. En conséquence ils déclarèrent que le saint concile général de Bâle était légitimement assemblé et ouvert. On peut voir les actes authentiques de ce que nous disons dans le huitième tome des Anciens Monuments publiés par le Bénédictin Martène (1).

Le cardinal Julien était à Bâle vers la mi-septembre…

_________________________________________________

(1) Veter. Script et Monument amplissima collectio, Martène et Durand, t. 8.

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Message  Louis Dim 01 Mar 2015, 2:31 pm


Commencements un peu étranges du concile de Bâle,
qui informe lui-même le Pape Eugène IV
du petit nombre de prélats qui s'y trouvent.

(suite)

Le cardinal Julien était à Bâle vers la mi-septembre ; car le 19 du mois il écrivit de cette ville une lettre circulaire à l'archevêque de Reims, et à d'autres métropolitains, pour les presser, eux et leurs suffragants, de venir au concile. C'est qu'en effet il n'y venait personne. Dans la congrégation du 26 septembre, où il promulgua les règlements sur la manière de tenir le concile, on dit qu'il l'y avait que trois évêques et sept abbés, dix prélats en tout. Aussi, le 7 octobre, écrivit-il de nouvelles lettres au roi de France et au duc de Bourgogne, pour les prier d'envoyer leurs ambassadeurs ; aux évêques d'Allemagne, pour les presser de tenir sans délai et sans pompe ; aux abbés et aux prélats du diocèse de Bâle, pour leur reprocher leur négligence et les menacer des peines les plus sévères s'ils ne venaient assister à une solennité du concile qui devait avoir lieu le 13 du mois (1).

Le cardinal Julien envoya au Pape un chanoine de Besançon, nommé Jean Beaupère, pour lui rendre compte de l'état du concile. C'est le même Jean Beaupère, docteur de l'université de Paris, du parti anglais, que nous avons déjà vu dans le procès de Jeanne d'Arc. Ce député fut entendu par Eugène IV en consistoire. On apprit de lui que le clergé d'Allemagne était dans un état déplorable; que l'hérésie des Hussites faisait de très-grands progrès dans les divers États de L'empire; que le mauvais exemple des sectaires avait inspiré aux habitants de Bâle beaucoup de mépris pour les ecclésiastiques ; que cette ville n'était pas un lieu tranquille, tant à cause des semences d'erreur qui s'y étaient répandues que parce qu'on y était exposé aux hostilités qui commençaient entre les ducs d'Autriche et de Bourgogne; qu'en conséquence il était arrivé très-peu de prélats, seulement trois évêques et sept abbés.

Le chanoine Beaupère, qui détailla ces fâcheuses nouvelles en présence du Pape et des cardinaux, avait la qualité d'envoyé du légat et du concile de Bâle; par conséquent son témoignage était revêtu de la plus grande autorité qu'on pût désirer dans l'affaire présente. On verra bientôt l'importance de cette observation (2).

Un événement très-heureux pour l'Église était le désir que les Grecs témoignaient alors de se réunir avec l'Église romaine et les Latins; mais cela faisait encore une sorte de contre-temps pour le concile de Bâle, parce que l'empereur et le patriarche de Constantinople voulaient que l'union se consommât dans un concile qui serait célébré en Italie, et le Pape et son conseil souhaitaient que ce fût à Bologne. Or, comme on ne pouvait célébrer en même temps deux conciles œcuméniques, il s'ensuivait que celui de Bâle devait être dissous ou transféré, afin de concourir ensuite à la solennité d'une assemblée nombreuse, dans le lieu où les Grecs seraient convenus de se rendre. La mesure était d'autant plus opportune que, comme nous le verrons, la réunion des Grecs devait être suivie de celle des Arméniens, des Jacobites, des Ethiopiens, des Syriens, des Nestoriens, des Maronites et des Chaldéens.

Ces considérations firent bientôt la matière d'une bulle que le Pape…

_________________________________________________-

(1).  Veter. Script et Monument amplissima collectio, Martène et Durand, t. 8, page 3 de la préface. —  (2) Veter. Script et Monument amplissima collectio, Martène et Durand, t. 8., page 4 de la préface.
A suivre : Informé, par le député même du concile, du petit nombre de prélats, et pour faciliter la réunion des Grecs, Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous et en convoque un autre à Bologne.

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Message  Louis Lun 02 Mar 2015, 12:16 pm

Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.

Ces considérations firent bientôt la matière d'une bulle que le Pape adressa au cardinal Julien, où il disait :

« Nous avons appris par Jean de Beaupère, que vous nous avez envoyé, que le clergé d'Allemagne est extrêmement déréglé et que l'hérésie bohémienne fait de grands progrès dans le pays. Il nous a dit aussi qu'il s'est élevé bien du scandale à Bâle, et que plusieurs des habitants, suivant les maximes des Bohémiens, persécutent le clergé jusqu'à commettre des meurtres. Il a ajouté que la guerre entre Philippe de Bourgogne et Frédéric, duc d'Autriche, produit de tristes effets, en ce que, ces princes ayant des terres proches de Bâle, on ne peut y entrer sans crainte et même sans péril. Il soutenait toutefois que la célébration du concile et la réformation de l'Église seraient très-utiles.

« Nous avons pensé que tant de difficultés et de périls sont peut-être la cause pourquoi les prélats, que l'on attend depuis si longtemps, ne sont pas venus à Bâle. Nous avons aussi considéré que les sept ans dans lesquels le concile devait s'assembler sont passés, et que, si nous faisions une nouvelle convocation, les prélats pourraient alléguer les mêmes difficultés, sans compter que l'hiver approche et qu'il faudrait donner aux prélats un temps convenable pour venir après la convocation.

« D'autre part, Jean Paléologue, qui se dit empereur de Constantinople, nous a depuis peu envoyé un ambassadeur qui nous a requis, suivant l'ordonnance de notre prédécesseur, de célébrer un concile pour l'union de l'Église orientale avec l'Église romaine et occidentale, et, suivant la convention de notre prédécesseur nous avons promis aux Grecs, de les défrayer pour venir au concile, et pour leur retour quand il sera fini. Or, si l'on convoquait un autre concile, il faudrait donc en tenir deux en même temps, et ils se nuiraient l'un à l'autre.

« Par ces raisons, et de l'avis de nos frères les cardinaux, nous vous donnons plein pouvoir de dissoudre le concile, s'il subsiste encore, après en avoir indiqué un nouveau dans notre cité de Bologne, auquel nous entendons présider en personne dans un an et demi du jour de la dissolution de celui-ci. » Cette bulle est du 12 novembre 1431 (1).

Quelques jours après, le Pape ayant appris que le cardinal-légat et les prélats de Bâle avaient invité les Hussites de Bohême à venir conférer sur les points controversés entre eux et les catholiques, ce fut dans la cour romaine un nouveau motif d'opposition contre le concile; car il semblait dangereux qu'une cause décidée par le concile de Constance et par les bulles apostoliques fût remise en délibération, et l'on craignait qu'il n'y eût une sorte d'inconséquence à ouvrir des conférences de religion avec des gens qu'on avait poursuivis jusqu'alors par les armes spirituelles et temporelles. Eugène IV crut donc devoir porter le dernier coup au concile de Bâle en le déclarant dissous et transféré à Bologne. Cela fit l'objet d'une autre bulle en date du 18 décembre et adressée à tous les fidèles (2).

Le Pape fit porter les deux bulles à Bâle par l'évêque de Parenzo…

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(1) Labbe, t. 12. Sponde, ann. 1431. —  (2) Id. , col  941.

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Message  Louis Mar 03 Mar 2015, 11:43 am

Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.


(suite)


Le Pape fit porter les deux bulles à Bâle par l'évêque de Parenzo, trésorier de la chambre apostolique. C'était vers le commencement de 1432. Le cardinal Julien, frappé de ce coup, ne laissa pas de témoigner d'abord son obéissance ; il déclara qu'il ne pouvait plus faire les fonctions de président, puisque le Pape transférait le concile ; mais, persuadé en même temps qu'il était du bien de l'Église que l'assemblée de Bâle continuât, il écrivit à Eugène une lettre extrêmement forte, quoique respectueuse, pour l'engager à se désister de la résolution énoncée dans ses bulles. On ne peut rien ajouter à la multitude et à l'énergie des motifs qu'il proposait. La bonne réputation du Pontife, l'intérêt de la religion en Bohême, l'attente de l'empereur et des autres souverains, les égards dus aux décrets de Constance et de Sienne, aux bulles de Martin V et à celles d'Eugène lui-même, tout cela formait une exhortation pressante en faveur du concile déjà commencé. Le motif principal est l'état déplorable de l'Allemagne, qu'il lui semblait plus important de prémunir contre l'hérésie de Bohême que de travailler à la réunion des Grecs, qui avaient si souvent trompé l'attente de l'Église romaine.

Comme le cardinal Julien était un homme modeste et réservé dans ses démarches, le savant Henri de Sponde et d'autres ont de la peine à se persuader qu'une lettre aussi véhémente soit son ouvrage (1).

Une observation du Jésuite Berthier est surtout remarquable. Dans ses deux bulles, l'une au cardinal Julien, l'autre à tous les fidèles, le Pape Eugène IV déclare solennellement que, s'il se décide pour la translation du concile de Bâle, c'est principalement sur les informations données en plein consistoire par Jean Beaupère, envoyé du cardinal et du concile. Or, dans sa réponse au Pape, le cardinal, parlant au nom du concile, s'inscrit en faux contre ces informations, sans désavouer pourtant ni même nommer le député qui les avait données. Il y a plus ; dans sa troisième session le concile dit, d'une part, que « le vénérable docteur Jean Beaupère avait été envoyé au Pape et aux cardinaux pour les prier d'assister au concile ; » puis il ajoute, quelques lignes après, que le Pape s'est laissé surprendre par une information fausse et désavantageuse (2).

Que veut dire tout cela ?...

__________________________________________

(1). Sponde, ann. 1432, n. 3. —  (2) Hist. de l'Église gall., l. 47.

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Message  Louis Mer 04 Mar 2015, 12:51 pm

Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.


(suite)


 Que veut dire tout cela ? Le président du concile envoie un député informer le Pape ; le Pape agit d'après les informations du député ; le président et le concile blâment le Pape de s'être laissé surprendre par des informations fausses, et ils ne désavouent pas, ils ne blâment pas, ils louent, au contraire, leur député qui les lui a données !

Jean Beaupère avait trempé dans la condamnation de Jeanne d'Arc, où l'on s'est permis de supprimer les informations et les témoignages favorables, d'en altérer d'autres, d'ajouter, de retrancher au gré des juges, de présenter de toute l'affaire un résumé infidèle, afin de livrer au bûcher des Anglais la libératrice de la France. Jean Beaupère et les autres docteurs de Paris qui en avaient usé de la sorte envers Jeanne d'Arc se trouvèrent des premiers à l'assemblée de Bâle ; ils en étaient l'âme. Pierre Cauchon lui-même y viendra, si même il n'y était déjà. Des hommes capables de ces manœuvres d'iniquité envers l'innocence héroïque d'une jeune fille n'ont-ils pas pu s'en permettre de semblables envers un Pape, pour avoir le plaisir de le fouler aux pieds, comme des enfants dénaturés et mal appris qui mettraient leur gloire à déshonorer leur père ? D'autres indices pourraient justifier ces soupçons.

Au mois de janvier 1432 les prélats de Bâle envoyèrent une solennelle ambassade à Rome pour supplier le Pape avec instance de révoquer son décret de dissolution (1) . Le bon sens et les convenances les plus vulgaires demandaient que, jusqu'à la réponse du Pape, les prélats s'abstinssent de tout ce qui pouvait envenimer l'affaire ; c'est le contraire qu'ils firent. Dans le temps même qu'ils envoyaient une ambassade au Pape ils adressaient à tous les fidèles des lettres synodales pour notifier à tout l'univers qu'ils étaient déterminés à continuer leurs séances, envers et contre qui que ce soit. Le cardinal Julien ne scella point ces lettres, parce qu'il s'était démis de la charge de président ; ce fut Philbert, évêque de Coutances, en Normandie, qui apposa le sceau, et ce prélat normand fut aussi le chef du concile, dans la seconde session célébrée le 15 février, avant qu'on eût reçu aucune réponse du Pape.

Il était spécifié dans la bulle de convocation que le concile n'aurait lieu que…

___________________________________________

(1) Labbe, t. 12, col. 480.


A suivre : Les quatorze prélats de Bâle, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, blâment hautement la résolution d'Eugène...

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Message  Louis Jeu 05 Mar 2015, 12:11 pm

Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.

Il était spécifié dans la bulle de convocation que le concile n'aurait lieu que quand il se trouverait un nombre et un concours de prélats convenable et suffisant . Or le 15 février 1432 il s'y trouvait en tout quatorze prélats tant évêques qu'abbés. Eh bien! le même jour, ces quatorze prélats entrèrent avec solennité dans l'église cathédrale de Bâle et y publièrent leurs décrets en ces termes :

« Le très-saint concile général de Bâle, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, pour la gloire de Dieu, l'extirpation des hérésies et des erreurs, la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, la pacification des princes chrétiens, déclare, définit et ordonne ce qui suit :

« Premièrement que ce saint concile de Bâle, suivant les décrets faits à Constance et à Sienne, et conformément aux bulles de la Chaire apostolique, est légitimement et dûment commencé et assemblé dans cette même ville de Bâle, et, afin qu'on ne doute point de son autorité, on insère ici deux déclarations de celui de Constance : la première où il est dit que le concile général, assemblé légitimement dans le Saint-Esprit et représentant l'Église militante, tient immédiatement de Jésus-Christ une puissance à laquelle toute personne, de quelque état et dignité qu'elle soit, même papale, doit obéir en ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Eglise, tant dans le chef que dans les membres. La seconde porte que toute personne, même de dignité papale, qui refuserait d'obéir aux décrets de ce saint concile (de Constance) et de tout autre concile général légitimement assemblé, sera punie comme il convient, en implorant même contre elle les moyens de droit, s'il est nécessaire.

« En conséquence, poursuivent les quatorze prélats, ce saint concile de Bâle, actuellement assemblé légitimement dans le Saint Esprit, par les causes ci-dessus exprimées décerne et déclare qu'il ne peut être dissous ni transféré, ni différé par qui que ce soit, non pas même par le Pape, sans la délibération et le consentement du concile même ; qu'aucun de ceux qui sont au concile ou y seront dans la suite ne peut en être appelé ni empêché d'y venir par qui que ce soit, pas même par le Pape, sous aucun prétexte, et quand ce serait pour aller en cour de Rome, à moins que le saint concile n'y donne son approbation ; que toutes les censures, privations ou autres voies de contrainte qu'on pourrait employer pour séparer du concile ceux qui y sont déjà présents, ou pour empêcher les autres de s'y rendre, seront nulles; que le concile les déclare telles et les met à néant, faisant défenses très-expresses à quiconque de s'éloigner de la ville de Bâle avant la fin du concile, si ce n'est pour une cause raisonnable qui sera soumise à l'examen des députés de rassemblée, avec obligation, en outre, à ceux dont les raisons auront été trouvées légitimes, de nommer à leur place quelqu'un qui les représente. »

Voilà donc quatorze prélats, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, qui…

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Message  Louis Ven 06 Mar 2015, 2:47 pm

Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.


(suite)

 Voilà donc quatorze prélats, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, qui, malgré le chef de l'Église universelle, se prétendent concile œcuménique, représentant l'Eglise universelle, ayant autorité, non plus seulement sur un Pape douteux, mais sur un Pape certain et légitime, universellement reconnu de tout le monde. Autant vaudrait dire qu'un troupeau de cent brebis est légitimement représenté par cinq brebis folles et que c'est à elles de conduire le pasteur.

Un homme était venu souffler le feu de la rébellion, qui, du reste, s'allumait déjà de lui-même. Dominique Capranica, évêque de Fermo, avait été secrètement désigné cardinal par Martin V; mais, ce Pape étant mort avant de l'avoir déclaré publiquement, les autres cardinaux ne voulurent point l'admettre au conclave, ni Eugène IV confirmer sa nomination secrète. Outré de dépit il vint à Bâle, où il fut reçu à bras ouverts et déclaré cardinal par les douze ou treize prélats (1).

Pour se fortifier de plus en plus contre le Pape les quatorze prélats de Bâle écrivirent au roi de France, Charles VII, à l'empereur Sigismond et à d'autres princes. A Bourges, qui était encore la capitale de Charles VII, eut lieu, le 26 février, une assemblée d'évêques qui se déclara pour les quatorze prélats de Bâle, mais en leur recommandant, par l'archevêque de Lyon, de traiter avec le Pape d'une manière douce et modeste : « Car enfin, ajoutait l'archevêque, c'est un homme recommandable par l'intégrité de sa vie, c'est le chef de l'Église, et, si le chef est dégradé, il faudra que les membres deviennent arides et infructueux (1). » Ainsi parlaient les évêques de France.

L'université de Paris, composée de simples prêtres et de laïques…

_________________________________________________________________

(1) Martène, p. 4 de la préface, t. 8. —  (1) Martène, p. 5 de la préface, t. 8. et Hist de l'Égl. gall., l. 47.

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Message  Louis Sam 07 Mar 2015, 3:51 pm

Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.


(suite)


L'université de Paris, composée de simples prêtres et de laïques, n'était pas si modérée. Elle mandait aux quatorze prélats de Bâle :

« Qu'il n'y avait que des enfants d'iniquité qui eussent pu songer à la translation du concile ; que c'était l'ennemi du genre humain qui avait inspiré cette pensée pleine de malice ; qu'il fallait se roidir contre des artifices si dangereux; que, si le Pape voulait dissiper ou dissoudre l'assemblée avant sa conclusion, on ne devait pas lui obéir, mais plutôt lui résister, de la même façon que saint Paul, qui était le modèle des docteurs, avait résisté à saint Pierre, qui représentait les Pontifes (2). »

Voilà ce que disaient aux prélats de Baie les prêtres et les laïques de l'université de Paris.

Il est bon de se rappeler que cette université était encore plus anglaise que française, et qu'elle avait poussé à la condamnation de Jeanne d'Arc avec le même zèle qu'elle poussait maintenant à la rébellion contre le Pape Eugène IV.

L'empereur Sigismond prit également parti pour le concile de Bâle et envoya au Pape plusieurs lettres et ambassades pour l'engager à revenir de sa résolution (3).

Les quatorze prélats de Bâle, que Sigismond avait soin d'informer de ses démarches, se voyant ainsi soutenus, allaient toujours en avant dans leur entreprise.

Dans la troisième session, tenue le 29 avril 1432, ils renouvelèrent le décret de la supériorité du concile sur le Pape, et ajoutèrent une monition juridique par laquelle ils sommaient le Pape de venir au concile ou d'y envoyer quelqu'un de sa part, dans l'espace de trois mois. Ils intimaient à tous les cardinaux l'ordre de s'y rendre en personne, avec menace de procéder contre le Pape et contre eux s'ils ne se conformaient aux intentions du concile.

Le même décret s'adressait à tous les prélats du monde chrétien, à tous les généraux d'ordres et à tous les inquisiteurs; il ordonnait outre cela, en vertu de la sainte obéissance et sous peine d'excommunication, à toutes personnes, soit ecclésiastiques, soit séculières, même à l'empereur et aux rois, de faire signifier la présente monition au Pape et aux cardinaux, supposé toutefois que l'accès en cour de Rome ne parût pas dangereux ni incommode.

La quatrième session, en date du 20 juin, prévint de plus d'un mois le terme qu'on avait donné au Pape et aux cardinaux ; aussi les prélats de Bâle, qui pouvaient alors être une vingtaine, ne les déclarèrent-ils pas encore contumaces ; mais ils ne perdirent pas leur temps pour cela, car ils firent plusieurs décrets sur le gouvernement de la cour pontificale. Ils déclarèrent donc que, si le Pape venait à mourir, l'élection du successeur se ferait à Bâle; que le Pape ne pourrait faire aucune promotion de cardinaux durant le concile ; que les prélats et les officiers de la cour romaine ne pourraient être empêchés de venir au concile, quelque emploi, devoir ou office qui les attachât au Pape.

Enfin, ce qui passe toute créance, les quinze ou vingt prélats de Bâle, non contents de faire des règlements factieux, allèrent jusqu'à usurper le gouvernement des domaines temporels du Saint-Siège. Eugène IV avait nommé son frère pour gouverner Avignon et le comtat Venaissin ; les habitants n'en furent pas contents et en portèrent des plaintes au Pape. Là-dessus les prélats de Bâle s'avisèrent de donner cette légation à un cardinal espagnol.

Pour réprimer cette usurpation manifeste le Pape nomma légat…

______________________________________________

(2). Du Boulai, t. 5, p. 412. — (3). Martène, p. 6 et seqq. de la préface.
A suivre : Le Pape Eugène IV envoie des nonces pour prévenir la rupture.

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Message  Louis Dim 08 Mar 2015, 12:35 pm

Le Pape Eugène IV envoie
des nonces pour prévenir la rupture.

Pour réprimer cette usurpation manifeste le Pape nomma légat de ce patrimoine le cardinal Pierre de Foix, qui mit les rebelles en déroute et gouverna les peuples avec tant de satisfaction de leur part qu'on l'appelait communément le bon légat.

Ces entreprises des prélats de Bâle en annonçaient de plus violentes encore. Dans leur cinquième session, qui se tint le 9 août, ils ne firent que des règlements sur la manière de traiter les causes de la foi; mais peu de jours après vint à Bâle un camérier du Pape, nommé Jean Dupré, avec la qualité de nonce apostolique, pour proposer des moyens de conciliation concertés avec l'empereur. Non-seulement il ne fut pas écouté, mais mis en prison et chargé de chaînes (1). Cette première députation fut suivie d'une autre plus considérable, composée de quatre nonces, qui étaient les archevêques de Colocza et de Tarente, l'évêque de Maguelone et un auditeur du sacré palais ; ils protestèrent contre l'incarcération et la détention dans les fers du nonce précédent, mais eurent bien de la peine à obtenir des passeports assez rassurants pour eux-mêmes. Admis enfin à l'audience des prélats de Bâle, après bien des plaintes et des protestations, ils entamèrent, le 22 août, une apologie dans les formes en faveur du Pape, leur maître ; ce furent les deux archevêques qui parlèrent.

Celui de Colocza le fit d'une manière plus générale que son collègue. Prenant pour texte ce? paroles de saint Paul : Qu'il n’y ait point de schisme dans le corps  (2), il disait aux prélats de Bâle :

« Mes Pères, qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous désirez extirper l'ivraie de l'hérésie. Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous cherchez à réformer la vie ecclésiastique. Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous avez à cœur d'apaiser les esprits hostiles des princes. »

Après avoir posé des principes si justes et si clairs il montre que les conciles généraux avaient toujours été assemblés du consentement des Pontifes romains ; que les Hussites seraient beaucoup moins portés à se soumettre au concile quand ils le verraient séparé du chef de l'Église ; que la réunion des Grecs méritait bien qu'on songeât à leur donner un lieu commode où ils pussent s'aboucher avec les Latins; qu'au reste la vie irréprochable et exemplaire du Pape Eugène, son zèle ardent pour l'extirpation des hérésies et pour la réformation, persuadaient assez, sans aucune preuve, qu'il n'avait point cherché à éluder la célébration d'un concile. Des réflexions aussi sages étaient sagement exprimées (3).

L'archevêque de Tarente insiste d'abord sur l'unité….

_______________________________________

 (1). Martène, t. 8, p. 149, et p.  9 de la préface. — (2).I Cor., 12. — (3). Labbe, t. 12, col. 872 et seqq.

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Message  Louis Lun 09 Mar 2015, 1:05 pm

 Le Pape Eugène IV envoie
des nonces  pour prévenir la rupture.  


(suite)

 L'archevêque de Tarente insiste d'abord sur l'unité. Il est un seul Dieu suprême, que les païens mêmes reconnaissaient sous un nom ou sous un autre. Sa providence embrasse tous les temps, tous les lieux, toutes les créatures, et ramène tout à l'unité d'un même dessein. Cette unité se manifeste dans la création de l'Univers, dans la législation de Moïse, dans l'incarnation du Verbe, dans l'institution de l'Église et de son chef. Il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur.

C'est à un seul, à Pierre, que le Seigneur dit, avant son ascension : « Pais mes brebis, »

C'est à un seul qu'il dit avant sa passion : « Et, quand tu seras converti, affermis tes frères. »

C'est à un seul qu'il a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les deux. »

De là, d'après les Pères et le droit canon, Pierre ou son successeur a seul la plénitude de la puissance, les autres n'étant appelés qu'à une partie de la sollicitude.

Dans ces derniers temps, comme la liberté humaine se ruait dans toute sorte de précipices, le Dieu de miséricorde a donné à son Église un pasteur doué de toutes les vertus, notre très-Saint-Père et seigneur, très-digne souverain Pontife, vrai, indubitable et unique vicaire de noire Seigneur et Dieu Jésus-Christ.

Pour le rétablissement de la paix et de la discipline il a marché sur les traces de son prédécesseur Martin V, en ordonnant la tenue du concile et en confirmant les pouvoirs du cardinal Julien.

Mais, voyant que le concile n'avait pas le succès qu'il eût désiré ou qui répondît à la grandeur des affaires ; apprenant, au contraire, avec certitude la débilité et la petitesse du concile, et cela par le député même du peu de prélats qu'il y avait à Bâle; requis enfin avec instance de faire une nouvelle convocation, il a dissous le concile et l'a convoqué par le même acte à Bologne.

Cette dissolution n'était ainsi qu'une translation de Bâle à une autre ville plus propre à …

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Message  Louis Mar 10 Mar 2015, 12:15 pm

Le Pape Eugène IV envoie
des nonces pour prévenir la rupture.  


(suite)

Cette dissolution n'était ainsi qu'une translation de Bâle à une autre ville plus propre à  la réunion des Grecs et même à la réduction des Hussites, qui seraient d'autant plus portés à se soumettre qu'ils se trouveraient plus près de la personne du souverain Pontife.

D'ailleurs le Pape n'avait pu voir d'un œil indifférent le danger auquel on exposait la foi en offrant aux hérétiques de Bohême de conférer avec eux, « afin de porter après cela un jugement définitif sur ce qui devait être cru et tenu dans l'Église. »

Il était évident que ces promesses appelaient à un nouvel examen ce qui avait été décidé dans le concile de Constance et rendait problématique la croyance des fidèles.

Le nonce représentait ensuite aux prélats de l'assemblée l'esprit d'opposition qu'ils avaient témoigné pour les droites intentions du Saint-Père ; comment quelques-uns d'entre eux s'étaient hâtés de se rendre à Bâle précisément parce que le Pape avait fait une autre convocation ; comment ils s'abusaient eux-mêmes en prenant ce système de contradiction et de querelle, puisqu'il est du ressort de la puissance apostolique de convoquer les conciles et de les confirmer. Il les conjure, par ce qu'il y a de plus saint, de ne pas continuer des procédés semblables.

Le Pape souhaite le concile avec plus d'ardeur qu'eux-mêmes; non-seulement il se propose d'y présider, mais il veut que la réformation commence par sa personne, qu'on examine sa conduite, non-seulement depuis son pontificat, mais depuis sa première jeunesse, pour de là passer à la réformation de la cour romaine et du reste de la chrétienté.

Quant aux deux points qui faisaient l'objet de la controverse, le changement de lieu et le délai de l'assemblée, le nonce offrait de la part du Pape quelque ville que ce fût des terres de l'Église, avec une pleine et entière cession de la souveraineté de la ville durant la tenue du concile, et pour le temps, il laissait les prélats maîtres absolus de le réduire à telle borne qu'il leur plairait.

Enfin, si les prélats de Bâle croyaient leur présence nécessaire en cette ville pour l'affaire de Bohême, le Pape les laissait libres d'y rester pour la terminer avec le cardinal Julien (1).

Avec cette condescendance du Pape on eût pu croire que le différend s'arrangerait à l'amiable…

_________________________________________________________

(1). Labbe, t. 12, p, 884.

A suivre : Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente, repoussent  grossièrement les offres de  conciliation du Pape, et par les arguments les plus pitoyables.

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Message  Louis Mer 11 Mar 2015, 11:50 am

Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent  grossièrement les offres de  conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.

 Avec cette condescendance du Pape on eût pu croire que le différend s'arrangerait à l'amiable ; il n'en fut rien. Les prélats de Bâle, qui alors étaient environ trente, tant évêques qu'abbés, répondirent aux nonces du Pape, le 3 septembre, par un très-long Mémoire. En voici la substance.

Les trente prélats commencent par se déclarer eux-mêmes le très-saint concile général de Bâle, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, représentant l'Église universelle. Ils disent au Pape et à ses nonces :


« Ne veuillez pas contrister le Saint-Esprit. Nous sommes le concile universel; c'est par nous que le Saint-Esprit prononce ses oracles. Donc, nous contrarier c'est contrister le Saint-Esprit; nous résister opiniâtrement c'est pécher contre le Saint-Esprit. Or voilà ce que fait le Pape et vous autres. Prenez garde d'abuser davantage de notre mansuétude. Vous nous avez rappelé ces paroles : « Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps. » Mais nous représentons l'Église universelle ; ce n'est donc pas nous qui faisons schisme, mais le Pape, en se séparant de nous. »


Telle est, en somme, la réponse des prélats de Bâle au discours de l'archevêque de Colocza. Ils posent en principe ce qui est en question, savoir que trente prélats en opposition, comme ils étaient, avec le chef certain et légitime de l'Église universelle, représentaient dans leur opposition l'Église universelle, et formaient un concile général légitimement assemblé dans le Saint-Esprit.

Répondant à l'archevêque de Tarente, les trente prélats commencent par cette observation :


« Il explique d'abord longuement la juridiction et la puissance du souverain Pontife, qu'il est le chef de l'Église, le vicaire du Christ, qu'il a été établi pasteur des chrétiens, non par les hommes ni les conciles, mais par le Christ lui-même ; qu'il a reçu les clefs du royaume ; qu'à lui seul a été dit : Tu es Pierre; que lui seul a été appelé à la plénitude de la puissance et les autres au partage de la sollicitude ; ainsi que beaucoup d'autres choses de cette nature, qui, étant connues de tout le monde, n'avaient pas besoin d'être énumérées. Nous avouons et croyons parfaitement ces choses, et nous avons intentions, dans ce saint concile, de faire en sorte que tout le monde croie de même. Et néanmoins nous disons que le Pontife romain est tenu d'obéir aux mandements, statuts, ordonnances et préceptes de ce saint concile de Bâle, et de tout autre concile général légitimement assemblé, dans les choses qui regardent la foi, l'extirpation du schisme et la réformation générale de l'Église dans son chef et ses membres, comme il a été déclaré par le concile général de Constance. »


Là-dessus les trente prélats s'étendent longuement sur l'autorité de l'Église universelle et des conciles généraux…

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Message  Louis Jeu 12 Mar 2015, 1:00 pm

Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent grossièrement les offres de conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.


(suite)

Là-dessus les trente prélats s'étendent longuement sur l'autorité de l'Église universelle et des conciles généraux. Mais, puisque, de leur aveu, le Pape est la tête de l'Église, on pouvait leur demander :

Est-ce donc la tête qui doit obéir au reste du corps ou le reste du corps qui doit obéir à la tête ?

Peut-il y avoir un concile général sans le Pape?

Un concile sans le Pape, sans le chef certain et légitime de l'Église universelle, peut-il représenter l'Église universelle?

Ce que le concile de Constance a décrété contre des Papes douteux peut-il s'appliquer à un Pape indubitable ? D'ailleurs ces décrets de Constance ont-ils été confirmés par l'Église et son chef dans le sens que vous leur donnez? Et puis, un concile, même universel, est-il vraiment au-dessus du Pape?

Vous citez le concile d'Éphèse; mais il est contre vous ; car, dans son acte le plus solennel, la condamnation de Nestorius, il déclare qu'il a été contraint par les lettres du Pape Célestin et par les saints canons d'en venir à cette lugubre sentence.

Vous citez le concile de Chalcédoine ; mais il est contre vous ; car il demanda la confirmation de ses décrets au Pape saint Léon, qui, approuvant les autres, en cassa un sans retour.

Le Pape Eugène IV avait signalé, et avec beaucoup de raison, l'imprudence qu'avaient faite les prélats de Bâle de dire dans leur invitation aux Bohémiens : « Venez avec confiance, on écoutera vos raisons, et le Saint-Esprit lui-même décidera ce qu'il faut croire et tenir dans l'Église. » Ce qui supposait évidemment que l'Esprit-Saint ne l'avait pas encore décidé dans les conciles de Constance et de Sienne. Comment les prélats de Bâle vont-ils se tirer de ce mauvais pas ? Ils s'étendent longuement sur ce qui n'était pas en question, sur l'utilité des conférences ; ils en citent des exemples, même apocryphes. Ils finissent par insinuer que, quand ils avaient dit : « Le Saint-Esprit décidera, » ils avaient entendu dire : « Nous-mêmes déciderons, comme étant le concile général et l'organe de l'Esprit-Saint. « Mais, nonobstant un pareil sophisme, on pouvait toujours leur dire : Donc, d'après vous-mêmes, le Saint-Esprit n'a pas encore décidé ce qu'il faut croire et tenir dans l'Église. Et voilà précisément ce que le Pape vous reproche.

Voici qui n'est pas moins curieux. Les trente prélats disent aux nonces du Pape : …

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Message  Louis Ven 13 Mar 2015, 12:33 pm

Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent  grossièrement les offres de  conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.


(suite)

 Voici qui n'est pas moins curieux. Les trente prélats disent aux nonces du Pape :

« Vous pensez avoir dit quelque chose de grand en disant que celui qui viole le privilège de l'Église romaine, privilège conféré par le Chef suprême de toutes les Églises, tombe dans l'hérésie. Nous croyons de même, et beaucoup plus fermement; car nous disons que le souverain Pontife est le chef de l'Église et que la chaire de Rome est la chaire principale entre les autres. Mais en louant une partie avez-vous oublié le tout? En exaltant une Église omettez-vous l'Église universelle ? S'il est hérétique celui qui détruit la primauté de l'Église romaine, combien plus hérétique ne sera pas celui qui nie que cette Église-là, dans laquelle est contenue et préside l'Église romaine, ait puissance sur toutes les Églises et sur tous les hommes ?»


Le lecteur ne devinerait guère où les trente prélats de Bâle en veulent venir. Le voici en deux mots :

« Or le concile général représente l'Église universelle, et nous sommes le concile général. Donc quiconque nie notre infaillibilité et notre omnipotence sur toutes les Églises et sur tous les hommes, principalement sur le Pape, celui-là est plus hérétique que celui qui nierait la primauté de l'Église romaine. »

Quant à l'offre qu'avait faite le Pape de tenir le concile en telle ville d'Italie qu'on voudrait, les trente prélats de Bâle, avec une impolitesse qui n'a pas de nom, lui répondent assez crûment que cette offre n'était qu'un jeu, qu'une dérision pour dissiper le concile de Bâle et n'en tenir aucun. Toutefois, s'il veut se réunir et se soumettre à eux, ils lui offrent généreusement l'amnistie du passé (1).

Telle est en substance la réponse des trente prélats. Ils ne furent pas prophètes ; car nous verrons Eugène IV tenir avec calme, succès et gloire le concile œcuménique de Florence, où se réuniront à l'Église romaine les Grecs, les Arméniens et autres peuples de l'Orient, tandis que l'assemblée de Bâle tournera de plus en plus en cohue ridicule et scandaleuse.

Trois jours après…

______________________________________________

(1) Labbe, t. 12, col. 673-699.
A suivre : Les prélats de Bâle commencent des procédures contre le Pape.

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Message  Louis Sam 14 Mar 2015, 1:23 pm

Les prélats de Bâle commencent
des procédures contre le Pape.

Trois jours après, dans la sixième session, le 6 septembre, deux promoteurs de l’assemblée de Bâle, tous deux Français et de l'université de Paris, requirent qu'on déclarât la contumace du Pape et des cardinaux.

L'assemblée députa les évêques de Périgueux et de Ratisbonne pour faire les trois citations canoniques ; mais l'évêque de Maguelone et l'archevêque de Tarente, deux des nonces du Pape, demandèrent si instamment un délai pour leur maître que l'assemblée ne passa pas outre ce jour-là, et, à l'égard des cardinaux, quelques docteurs présents à la session s'offrirent de présenter des excuses légitimes de leur part, ce qui fut accepté au nom de l'assemblée par les évêques de Frisingue et de Belley, qui en avaient la commission.

A cette session on compta trente-deux prélats, tant évêques qu'abbés, avec deux cardinaux, savoir, Dominique Capranica, cardinal par la grâce de l'assemblée de Bâle ; le cardinal Branda de Castiglione, brouillé avec le Pape pour des querelles particulières.

Voici comment Ænéas Sylvius, plus tard le Pape Pie II, parle de ces deux personnages, ainsi que de quelques autres qui prirent exemple sur eux les années suivantes. Il expose l'état où il trouva les choses quand il arriva lui-même à l'assemblée :

« Il y avait à Bâle quelques cardinaux qui s'étaient échappés de la cour romaine, et qui, n'étant pas bien avec le Pape, critiquaient ouvertement sa conduite et ses mœurs.

D'autres officiers du Pape s'y rendaient tous les jours, et, comme la multitude est portée à la médisance, comme elle se plaît à blâmer ceux qui gouvernent, tout ce peuple de courtisans déchirait en mille manières différentes la réputation de son ancien maître.

Pour nous, qui étions jeunes, qui sortions tout récemment de notre patrie; qui n'avions rien vu, nous prenions pour des vérités tout ce qui se disait, et nous ne pouvions aimer le Pape Eugène en voyant que tant de personnes illustres le jugeaient indigne du pontificat. Il y avait aussi là des députés de la célèbre école de Paris ; il y avait des docteurs de Cologne et des autres universités d'Allemagne, et tous, d'un commun accord, exaltaient jusqu'aux nues l'autorité du concile général. Il se trouvait peu de personnes qui osassent parler de la puissance du Pontife romain ; tous ceux qui parlaient en public flattaient les opinions de la multitude. »

Il dit plus bas que, quand il se fut trouvé longtemps après avec des gens pacifiques et qui gardaient la neutralité entre le concile et le Pape, il apprit des anecdotes qu'il ne savait pas auparavant ; par exemple que le pape Eugène avait été accusé de bien des choses dont il n'était pas coupable, et que les cardinaux qui étaient venus à Bâle avaient noirci ce bon Pape et ce saint homme à cause de leurs animosités particulières. « Mais dans la suite, ajoute-t-il, ils retournèrent tous vers lui, et ils lui demandèrent pardon de leur faute (1). »

De tous les cardinaux présents au concile quand Pie II, alors Ænéas Sylvius, y arriva…

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(1) Pius II  in Bulla Retract.

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Message  Louis Dim 15 Mar 2015, 12:05 pm

Les prélats de Bâle commencent
des procédures contre le Pape.


(suite)

De tous les cardinaux présents au concile quand Pie II, alors Ænéas Sylvius, y arriva, celui dont il dit le plus de bien est Julien Césarini, cardinal de Saint-Ange. Il avait cessé de présider après les premières bulles données par Eugène pour transférer le concile à Bologne ; mais son ardeur n'en était pas plus ralentie, et il la témoigna encore par une lettre au Pape, datée du 5 juin de cette année (1432), après une ambassade envoyée aux Hussites, qui avaient promis de se rendre au concile, et depuis les résolutions prises par les évêques français dans l'assemblée de Bourges.

Le cardinal fait valoir ces raisons ; il avertit le Pape que le nombre des prélats s'augmente tous les jours à Bâle ; il lui répète que le concile s'appuie entièrement sur les définitions de celui de Constance, dont on ne pouvait soupçonner l'autorité sans donner atteinte au pontificat de Martin V et d'Eugène lui-même. Il rappelle les jugements de rigueur que les Pères de Constance ont portés contre Jean XXIII et Benoît XIII, l'un et l'autre privés du pontificat, le premier à cause de sa mauvaise conduite, le second à cause de son obstination dans le schisme.

Comme ces remontrances et ces exemples se présentaient sous des dehors sinistres, le cardinal finit ainsi sa lettre : « Je dis cela, très-saint Père, avec tout le déplaisir possible, et, si Votre Sainteté voyait le fond de mon cœur, elle me saurait gré de mon excès de charité, elle me regarderait comme son fils bien-aimé. » Le même cardinal Julien condamna depuis tout ce qu'il avait pensé ou écrit contre la conduite du Pape Eugène. On a le détail de sa rétractation dans la bulle du Pape Pie II (1).

Eugène IV étant souvent malade, les prélats de Bâle s'occupaient beaucoup de l'idée d'un conclave futur; ainsi ils réglèrent le 6 novembre, dans la septième session, que, si le Pape venait à mourir durant le concile, les cardinaux ne s'assembleraient qu'au bout de soixante jours, et l'on ajouta que les bénéfices des cardinaux qui agiraient contre les règles de ce conclave futur seraient dévolus à la collation des ordinaires, non au Saint-Siège.

Dans la huitième session, du 18 décembre, les prélats de Bâle portèrent des coups plus directs au Pape ; ils lui donnèrent soixante jours pour révoquer les bulles par lesquelles il transférait le concile, et il était dit qu'après ce terme on procéderait contre lui selon l'inspiration du Saint-Esprit, et en usant de tous les moyens que le droit divin et humain pouvait suggérer.

On lui défendait, durant ces soixante jours, de conférer aucun bénéfice, en vue de dissoudre ou de traverser le concile, et cela sous peine de nullité.

On ordonnait aux cardinaux et aux autres officiers de la cour romaine de s'en retirer vingt jours après le terme donné au Pape.

On renouvelait la citation déjà faite aux autres prélats de la chrétienté de se rendre à Bâle.

On mettait tous les bénéfices de ceux du concile sous la protection de cette assemblée, avec défense au Pape de les déclarer impétrables ou de les donner à d'autres.

On lui ôtait même la liberté d'établir aucuns nouveaux impôts sur les terres de l'Église ou d'aliéner la moindre partie de ces biens,

et enfin défenses étaient faites à toutes personnes, même au Pape, à l'empereur et aux rois, de reconnaître aucun autre concile, soit à Bologne, soit ailleurs, parce qu'il ne peut y avoir, disent les prélats de Bâle, deux conciles œcuméniques en même temps.

Ainsi finit l'année 1432, avec toutes les apparences d'une rupture prochaine entre les prélats de Bâle et le chef de l'Église universelle.

Eugène IV fit de nouvelles tentatives pour prévenir cette rupture…

_________________________________________________

Hist. de l'Égl. gall. , 1. 47.

A suivre :  Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture. Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.

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Message  Louis Lun 16 Mar 2015, 10:44 am


Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.

Eugène IV fit de nouvelles tentatives pour prévenir cette rupture; il nomma quatre nonces, dont l'évêque de Servia, en Romaine, était le plus considérable, et il minuta tout le progrès de leurs démarches dans des instructions dont voici l'abrégé :

« Si l'on peut persuader aux prélats du concile de le transporter à Bologne, c'est le mieux et le plus convenable aux intérêts de l'Église. Si les Hussites ne veulent point passer en Italie on pourra traiter avec eux à Bâle, et se rendre ensuite à Bologne pour les autres affaires qu'on doit agiter dans le concile.

Si cette dernière ville n'est pas agréée des prélats de Bâle on les laissera maîtres d'en choisir une autre en Italie, toutefois hors des terres du duc de Milan, actuellement ennemi du Saint-Siège,

Si la translation du concile en Italie est tout à fait rejetée on pourra choisir douze prélats qui, de concert avec les électeurs de l'empire et les ambassadeurs des princes, jugeront s'il faut célébrer le concile à Bâle ou dans quelque autre ville d'Allemagne.

Si ce compromis est refusé les nonces de Sa Sainteté, avec les évêques de l'assemblée, décideront la question.

Si l'on est d'avis de rester à Bâle on ne s'y occupera que de la réduction des Hussites et de la pacification des États de la chrétienté ; on n'y parlera point de ce qui concerne la réformation.

Si l'on s'accorde à prendre une autre ville que Bâle pour y célébrer le concile il sera permis d'y traiter de la réformation, pourvu qu'on n'y entame les articles considérables que quand il y aura soixante-quinze prélats du rang des patriarches, archevêques et évêques.

Mais, préalablement à toutes ces dispositions, et quel que soit le résultat des conseils de l'assemblée, on révoquera les procédures faites de part et d'autre, c'est-à-dire celles du concile contre le Pape et celles du Pape contre le concile. »

Telles furent les combinaisons qu'avait imaginées Eugène IV, et qui se trouvent expliquées dans plusieurs bulles qu'il donna sur la fin de décembre 1432 et au commencement de l'année suivante (1).

De leur côté les prélats poussaient de plus en plus leur entreprise contre le chef de l'Église…

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 (1). Martène, t. 8, p. 551 et seqq.

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