Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens,
arrivent à Florence avant le départ des Grecs,
à qui le Pape accorde plus qu'il n'avait promis.
Peu après arrivèrent effectivement à Florence quatre députés de Constantin, patriarche des Arméniens, à qui le Pape Eugène avait annoncé le concile comme à tous les autres ; ils furent suivis successivement des envoyés du patriarche des Jacobites, de l'empereur d'Ethiopie, des Syriens, des Maronites, des Chaldéens, qui tous venaient demander d'être reçus à la communion de l'Église romaine.
Lorsque les Grecs prirent congé du Pape il leur accorda beaucoup plus qu'il ne leur avait promis. L'empereur Jean Paléologue partit de Florence le 26 août, accompagné de trois cardinaux et d'un grand nombre de prélats qui le conduisirent jusqu'aux frontières de la république. Arrivé à Venise le 6 septembre, il s'y embarqua le 11 octobre, avec son frère et leur suite, pour retourner à Constantinople, où ils n'arrivèrent que le premier jour de février de l'année suivante 1440.
Le 18 décembre 1439, dans le concile même de Florence…
A suivre : Eugène IV fait une promotion de cardinaux, parmi lesquels Bessarion de Nicée, Isidore de Russie, Sbinco de Cracovie.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Eugène IV fait une promotion de cardinaux,
parmi lesquels Bessarion de Nicée,
Isidore de Russie, Sbinco de Cracovie.
(suite)
Le 18 décembre 1439, dans le concile même de Florence, le Pape Eugène IV fit une promotion de dix-sept cardinaux. Le premier fut le célèbre Bessarion, natif de Trébisonde ; après avoir étudié à Constantinople il se fit moine, suivant la règle de Saint-Basile, et passa vingt ans dans un monastère du Péloponèse, occupé de l'étude des belles-lettres qu'il joignit à celle de la théologie. Le philosophe Gémistus Pléthon fut un de ses maîtres. Tiré de sa retraite et devenu archevêque de Nicée, il assista comme tel au concile de Florence, où il se distingua également par son éloquence et par sa doctrine. Fixé en Italie par sa dignité de cardinal-prêtre du titre des Saints-Apôtres, Bessarion ne s'écarta point de la vie simple et studieuse qu'il menait dans son couvent du Péloponèse. Sa maison était le rendez-vous de tous ceux qui cultivaient les lettres ou qui les aimaient. Quand il sortait on voyait dans son cortège Argyropule, Philelphe, le Pogge, Valla, Théodore Gaza, Georges de Trébisonde, Caldérino. Il obtint la confiance et l'amitié de plusieurs Papes. Nicolas V le nomma archevêque de Siponto et cardinal-évêque de Frascati. Pie II lui conféra le titre de patriarche de Constantinople. À la mort de Nicolas V et de Paul II Bessarion fut sur le point d'être nommé Pape lui-même, tant il était universellement aimé et estimé.
Le second cardinal de la promotion de Florence fut Isidore, natif de Thessalonique, aussi moine de Saint-Basile et abbé de Saint-Démétrius à Constantinople, puis archevêque de Kiow et métropolitain de toute la Russie. Nous avons vu quelle sagesse il montra au concile œcuménique dans l'affaire de la réunion. Il fut cardinal-prêtre du titre de Saint-Marcellin et Saint-Pierre, ensuite évêque de Sabine, et enfin patriarche de Constantinople.
Parmi les quinze autres cardinaux il y avait cinq Italiens, trois Français, deux Anglais, un Hongrois, un Allemand, un Portugais, un Polonais, Sbinco, l'évêque de Cracovie, que nous avons vu à la fois le censeur et l'ami du roi Ladislas Jagellon ; enfin un Espagnol, le fameux docteur de Turrécrémata, ainsi nommé du lieu de sa naissance. Il était de l'ordre des Frères prêcheurs, fort zélé pour la discipline régulière et pour l'autorité du Pape, qu'il soutint avec autant de courage que de doctrine contre les excès du conciliabule de Bâle.
Le Pape, entouré des cardinaux…
A suivre : Le Pape, entouré des cardinaux, est comme Moïse entouré des soixante-douze sénateurs d'Israël.
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Le Pape, entouré des cardinaux, est comme Moïse
entouré des soixante-douze sénateurs d'Israël.
Le Pape, entouré des cardinaux qui, d'après l’ordre de Dieu, lui aidaient à gouverner, non telle ou telle tribu, mais tout le peuple d'Israël. Les cardinaux aident au Pape à gouverner, non telle Église particulière ou tel peuple chrétien, mais toutes les Églises, tous les peuples, toute l'humanité chrétienne, l'Église universelle. Dès les premiers siècles, au temps de saint Cyprien, pendant la vacance du Saint-Siège, nous les avons vus, sous le nom de prêtres ou de clergé de Rome, non-seulement gouverner l'Église romaine, mais tracer des règles de conduite aux autres Églises durant la persécution. Appliqués ainsi au gouvernement de l'Église universelle, il n'est pas étonnant qu'ils aient la préséance sur ceux qui gouvernent les Églises particulières. C'est ce que le Pape Eugène fit entendre à l'archevêque de Cantorbéry.
Moïse vit s'élever contre lui la faction, le conciliabule de Coré, Dathan et Abiron…
A suivre : Le Pape Eugène IV, avec l'approbation du concile œcuménique de Florence, condamne l'interprétation donnée par les prélats de Bâle aux décrets de Constance.
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A suivre : Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV, avec l'approbation du concile œcuménique, donne un abrégé de la foi orthodoxe.Le Pape Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique de Florence,
condamne l'interprétation donnée
par les prélats de Bâle aux décrets de Constance.
Moïse vit s'élever contre lui la faction, le conciliabule de Coré, Dathan et Abiron ; Coré était le chef d'une des principales familles de Lévi. Eugène IV voyait s'élever contre lui une faction, les prélats du conciliabule de Bâle; un cardinal égaré se trouvait à leur tête. Nous avons vu à Constance une des trois obédiences entre lesquelles l'Église était alors divisée, pour sortir enfin du schisme déplorable résultant de trois Papes douteux, poser en principe que toute personne, fût-elle de dignité papale, est tenue d'obéir au concile général dans ce qui regarde la foi et l'extirpation dudit schisme. Sur quoi il y a deux questions :
1° Cet article est-il réellement du concile de Constance, ou simplement d'une de ses fractions, l'obédience de Jean XXIII ?
2° Cet article ne se restreint-il pas lui-même à un temps de schisme, à des Papes douteux, et n'est-il pas inapplicable à un temps d'unité, à un Pape certain, reconnu de toute l'Église ?
Or les quelques prélats de Bâle décidèrent que cet article était du concile général de Constance, et même une vérité de foi; que c'était également une vérité de foi que cet article s'appliquait non-seulement à un temps de schisme, à un Pape douteux, mais à un temps d'unité, à un Pape certain, notamment à Eugène IV. En conséquence les quelques prélats de Bâle citèrent Eugène IV comme hérétique, le déclarèrent suspens, le déposèrent, comme autrefois Dioscore déposa saint Léon, et le remplacèrent par un antipape, et cela dans le moment même où il réconciliait à l'Église les divers peuples de l'Orient.
Eugène IV ne pouvait se taire en présence de pareilles énormités. Par une bulle du 4 septembre 1439, avec l'approbation du concile œcuménique de Florence, il condamna les susdites propositions, entendues dans le mauvais sens des prélats de Bâle, sens que les faits démontrent contraire à l'Écriture sainte, aux saints Pères, au sens même du concile de Constance; il condamne et réprouve ces propositions comme impies et scandaleuses, comme tendant manifestement à déchirer l'Église, à confondre tout l'ordre ecclésiastique et toute principauté chrétienne ; il les condamne et les réprouve avec tout ce qui peut s'ensuivre (1).
C'est ici une chose à remarquer par tous les catholiques, mais surtout par les théologiens. L'interprétation donnée par les prélats de Bâle au décret de Constance touchant la supériorité du concile général sur le Pape a été condamnée et réprouvée par le concile œcuménique de Florence comme impie, scandaleuse et subversive de tout ordre et de tout gouvernement ecclésiastique. Cette condamnation, prononcée si solennellement par un Pape et un concile général, mérite une attention sérieuse.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens…
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Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique,
donne un abrégé de la foi orthodoxe.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens, arrivèrent à Florence au mois de septembre 1439, avant le départ des Grecs ; ils étaient quatre, un évêque, nommé Joachin, et trois docteurs, nommés Sarchis, Marc et Thomas. Après avoir présenté leurs hommages au Pape ils allèrent trouver l'empereur et lui exposèrent leur dessein de se réunir à l'Église catholique, le suppliant de leur prêter pour cela son aide et ses conseils. L'empereur Paléologue répondit que leur dessein lui plaisait fort, qu'il verrait avec grand plaisir leur accession à la foi orthodoxe et à l'Église catholique.
« Je prie Dieu de diriger à bonne fin votre réunion. Si elle se fait je vous serai en aide partout où vous aurez besoin de moi. »
Ainsi parla l'empereur grec avant son départ (1). C'était bien approuver d'avance la réunion des Arméniens avec l'Église romaine. D'ailleurs tous les Grecs ne partirent point avec l'empereur. Bessarion, métropolitain de Nicée, Isidore, métropolitain de toute la Russie, devenus cardinaux quelque temps après, continuèrent à siéger dans le concile de Florence.
Dans ses lettres de créance le patriarche des Arméniens disait qu'il envoyait ses députés au concile pour rétablir la paix, la charité et l'union comme elle était jadis entre le Pape saint Sylvestre et saint Grégoire l'Illuminateur, entre l'empereur Constantin et Tiridate, roi d'Arménie. Les lettres sont du 20 juillet 1438.
Quand elles eurent été présentées au concile, le souverain Pontife, avec l'approbation du concile même, désigna trois cardinaux, avec plusieurs docteurs, pour conférer avec les Arméniens. Les cardinaux étaient l'évêque d'Ostie, le cardinal de Sainte-Croix, autrement le bienheureux Nicolas Albergati, et le cardinal de Sainte-Sabine, autrement le cardinal Julien. Les conférences eurent lieu presque tous les jours sur les matières touchant lesquelles les Arméniens étaient dans l'erreur ou dans le doute. Ces diverses questions ayant été éclaircies par l'Écriture, la tradition et les Pères, le Pape Eugène IV, avec l'approbation du saint concile, résuma le tout dans un décret qui fut publié le 22 novembre dans la vingt-septième session.
Le vicaire du Christ invite tous les chrétiens à bénir le Seigneur, qui, après neuf cents ans et plus, venait d'ôter de son Église une autre pierre de division, par la réunion de la puissante nation des Arméniens; réunion effectuée peu après celle des Grecs et qui en augmentait la joie. Puissent les autres nations suivre leur exemple !
Les Arméniens sont d'autant plus dignes d'éloge qu'à peine invités par le successeur de saint Pierre à venir au concile œcuménique ils ont député des personnages respectables, avec ordre de recevoir tout ce que l'Esprit-Saint inspirerait au saint concile. Pour que cette heureuse union persévère à jamais sans aucun nuage, le Pape donne aux Arméniens, du consentement de leurs députés, et avec l'approbation de ce saint concile de Florence, un abrégé de la foi orthodoxe, que l'Église romaine professe sur les articles qui avaient été l'objet des conférences…
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(1) Id. ibid.t col. 117.
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Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique,
donne un abrégé de la foi orthodoxe.
(suite)
Pour que cette heureuse union persévère à jamais sans aucun nuage, le Pape donne aux Arméniens, du consentement de leurs députés, et avec l'approbation de ce saint concile de Florence, un abrégé de la foi orthodoxe, que l'Église romaine professe sur les articles qui avaient été l'objet des conférences.
1° On leur présente le Symbole dressé au concile général de Constantinople, avec l'addition que le Saint-Esprit procède aussi du Fils, en statuant qu'on le chanterait ainsi dans les églises arméniennes.
2° On leur propose la définition du concile de Chalcédoine, quatrième œcuménique, renouvelée dans le cinquième et le sixième, touchant les deux natures de Jésus-Christ dans une seule personne. On rappelle dans le même article la condamnation de ceux qui niaient la divinité du Saint-Esprit, et l'économie du mystère de l'incarnation du Verbe, si excellemment développée dans les lettres synodales de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand à Flavien.
3° On expose le dogme touchant les deux volontés et les deux opérations en Jésus-Christ, défini dans le sixième concile général.
4° On déclare qu'il faut recevoir non-seulement les trois premiers conciles généraux auxquels les Arméniens avaient créance, mais encore tous les autres conciles œcuméniques, célébrés légitimement par l'autorité du Pontife romain ; de plus, qu'il fallait honorer comme un grand saint le Pape Léon, qui avait été la colonne de la vraie foi ;
5° Qu'il y a sept sacrements de la nouvelle loi, savoir : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre et le Mariage. Ils diffèrent de ceux de la loi ancienne en ce qu'ils confèrent la grâce que ceux-là ne faisaient que signifier. Trois choses les constituent, la matière, la forme et le ministre qui les confère dans l'intention de faire ce que fait l'Église. Le Baptême, la Confirmation et l'Ordre ne se réitèrent point, parce qu'ils impriment dans l'âme un caractère indélébile, au lieu que les quatre autres, n'en imprimant point, peuvent être réitérés. Ensuite on expose la doctrine de l'Église romaine touchant les choses qui constituent chacun de ces sacrements, le ministre qui les confère et les effets qu'ils produisent.
6° On propose le Symbole de saint Athanase, Quicumque, comme une règle de foi.
7° On fait admettre et recevoir le décret de l'union avec les Grecs, promulgué dans ce saint concile œcuménique de Florence.
8° On fixe aux Arméniens les jours auxquels ils célébreront les fêtes de l'Annonciation de la sainte Vierge, de la Nativité de saint Jean-Baptiste, de la Nativité de notre Sauveur, de la Circoncision, de l'Épiphanie, et de la Purification de la Mère de Dieu, qui sont les mêmes jours auxquels l'Église romaine les célèbre.
Après l'explication de toutes ces choses, les députés des Arméniens, tant en leur nom qu'au nom de leur patriarche et de tous les prélats et les peuples soumis à sa juridiction, reçurent avec toute l'affection et la soumission possibles ce très-salutaire décret synodal, avec tous ses chapitres, déclarations, définitions, règlements, ordonnances et statuts, ainsi que toute la doctrine qu'il contient et qu'enseigne le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine. Ils reconnurent aussi les docteurs et les saints Pères que l'Église romaine reconnaît, rejetant et condamnant les personnes et la doctrine que la même Église rejette et condamne, et professant, au nom et en la qualité susdite, que, comme vrais enfants d'obéissance, ils avaient une entière soumission pour les règlements et les ordonnances du Siège apostolique. Ce décret fut promulgué solennellement à Florence dans la session synodale, du 22 novembre 1439, l'an neuf du pontificat d'Eugène (1).
Certains auteurs ont avancé que ce décret de l'union des Arméniens avec l'Église romaine…
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(1). Labbe, t. 13.
A suivre : Doutes mal fondés de certains théologiens sur l'œcuménicité du concile de Florence au moment de la réunion des Arméniens. Motif probable de ces doutes.
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Doutes mal fondés de certains théologiens sur l'œcuménicité
du concile de Florence au moment de la réunion des Arméniens.
Motif probable de ces doutes.
Certains auteurs ont avancé que ce décret de l'union des Arméniens avec l'Église romaine n'avait pas l'autorité d'un concile œcuménique, qui, selon eux, ne subsistait plus à Florence après le départ des Grecs; mais, comme nous l'avons vu, tous les Grecs ne s'en allèrent pas. Ensuite, à qui doit-on s'en rapporter? ou à ces écrivains, ou au Pape même qui présidait à ce concile, et qui déclare en termes exprès: « Que le concile auquel ont été envoyés ces députés des Arméniens est le même concile où il les avait invités pour y apprendre et recevoir tout ce que le Saint-Esprit y inspirerait; que son décret est approuvé par ce même concile et fait du consentement de ces députés ; que le décret d'union avec les Grecs a été publié dans ce même concile œcuménique de Florence qu'il célèbre encore actuellement (1) ? »
L'autorité de ces particuliers doit-elle prévaloir sur celle d'un souverain Pontife et de ce saint concile, qui se regarde comme œcuménique (2) ? Doit-elle prévaloir sur celle du cardinal-légat présidant au concile de Trente, qui déclara dans une congrégation générale, tenue le 26 février 1547, que ceux qui s'imaginent que le concile de Florence avait été fini par l'union des Grecs avec l'Église romaine se trompaient, puisqu'il avait encore duré longtemps après, savoir pendant près de trois ans, jusqu'en 1442, où il fut transféré à Rome ; que la chose résulte clairement de plusieurs constitutions publiées dans l'entre-temps, lesquelles sont rapportées dans les actes du concile, et dont Augustin Patrice, chanoine de Sienne, fait mention dans le sommaire du concile de Baie (3) ?
On demandera peut-être pourquoi certains auteurs ont essayé de révoquer en doute l'œcuménicité du concile de Florence depuis le départ de l'empereur grec. En voici peut-être la raison. Depuis cette époque le concile de Florence condamna les actes schismatiques du conciliabule de Bâle, ainsi que ses doctrines impies et scandaleuses. Or certains auteurs ressentent pour les prélats récalcitrants de Bâle et leur principe de rébellion une tendresse de famille qui ne leur permet pas de supporter qu'on en dise du mal. Donc le concile de Florence, qui les condamne, eux et leurs doctrines, ne peut pas être un concile œcuménique. Tel est, croyons-nous, le mot de l'énigme.
Dans la session publique du 22 mars 1440, avec l'approbation du même concile de Florence, et après avoir observé les délais de droit, le Pape Eugène IV condamna l'antipape de Ripaille, le déclarant schismatique et hérétique, avec monitions à ses électeurs, fauteurs et adhérents que, si dans quarante jours ils ne venaient à résipiscence et ne recouraient aux grâces du Saint-Siège, ils encourraient, sans autre jugement, les peines ordonnées par le droit contre les hérétiques, schismatiques et criminels de lèse-majesté (1).
Tandis que les prélats factieux de Bâle…
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(1). Labbe, t. 13, col. 1584.
A suivre : Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie. Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem. Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
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Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie.
Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem.
Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
Tandis que les prélats factieux de Bâle scandalisaient l'Église par leur schisme, les peuples les plus lointains continuaient à venir la consoler par leur soumission. Le 26 avril 1441 le Pape Eugène IV annonça au concile de Florence que les ambassadeurs du roi d'Ethiopie étaient près d'arriver au concile œcuménique pour y recevoir la foi orthodoxe. En même temps, pour donner au concile encore plus d'autorité, et pour plusieurs autres raisons, avec l'approbation du concile même, il en indiqua la translation à Rome, pour y continuer dans l'église de Latran quinze jours après qu'on y serait arrivé (2).
Au mois d'août de la même année (1441) les ambassadeurs d'Ethiopie arrivèrent à Florence ; ils étaient deux : André, abbé de Saint-Antoine, en Egypte, et Pierre, diacre. Ils venaient au nom de Jean, patriarche des Jacobites, et de Constantin Zaré-Jacob, empereur d'Ethiopie. Ils demandaient, au nom de ce patriarche et de cet empereur, ainsi que des peuples de leur dépendance, d'être reçus dans la communion du Saint-Siège et de l'Église romaine.
La lettre de créance écrite par le patriarche commence par ces paroles : « Jean, humble serviteur des serviteurs de Jésus-Christ, ministre du siège de saint Marc, c'est-à-dire d'Alexandrie la grande et de toute l'Egypte, de la Libye, de l'Ethiopie, de la Pentapole occidentale et de tous les peuples instruits par les prédications de l'apôtre saint Marc ; je dis humble par mes péchés, dont je demande le pardon et l'absolution au Seigneur. Je me prosterne jusqu'à terre devant vous, très-saint Père, vous la perfection du sacerdoce, le très-bon pasteur, le prince de l'honneur et de la sainteté, le très-pieux conducteur de ceux qui marchent dans la voie de ce pèlerinage, vous qui, par vos soins et votre sainteté, montrez aux autres le chemin du salut ; seigneur Eugène, Pape de la grande ville de Rome, pasteur apostolique de toutes les Églises chrétiennes, unique prince des premiers sièges, des Pères et des prêtres de Jésus-Christ, et médecin des âmes malades. »
Les lettres du Pape pour appeler au concile ont été apportées en Egypte par le nonce Albert; elles ont été lues devant tout le clergé et le peuple avec une satisfaction inexprimable ; ce fut comme une fête solennelle : on pleurait de joie. Le patriarche a reçu, comme venu du Ciel, les présents que Sa Sainteté daignait lui envoyer. Le nonce Albert et le député André, abbé de Saint-Antoine, ont charge de communiquer de vive voix au Saint-Père, soit en particulier, soit en public, bien des choses qui ne sont pas écrites. La lettre est datée du Caire, le 12 septembre, l'an du monde 6940, l'an 1157 depuis le temps des martyrs, suivant les Jacobites, et l'an de l'Incarnation du Seigneur 1440 (1).
Le 31 août, dans une congrégation générale du concile…
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(2). Raynald, ann. 1441, n. 2, avec la note de Mansi, qui est importante; Labbe, t, 13, col. 1218. — (1) Labbe, t. 13, col. 1201.
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A suivre : Plainte mémorable de l’Éthiopie au saint-Siège.Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie.
Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem.
Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
(suite)
Le 31 août, dans une congrégation générale du concile, présidée par Eugène IV, le légat du patriarche des Jacobites, et en même temps ambassadeur de l'empereur d'Éthiopie, parla en ces termes :
« Quand je considère votre haute majesté et ma bassesse, très-saint Père, j'éprouve une telle frayeur que, si je fais quelque faute dans le peu que je vais dire, je vous supplie de me le pardonner ; car rien autre que la terreur ne peut me saisir, moi qui suis un homme ; poussière et cendre, je parle devant vous qui êtes un dieu sur la terre. En effet, sur la terre, vous êtes Dieu, vous êtes le Christ et son vicaire ; vous êtes le successeur de Pierre, et le père, et le chef, et le docteur de l'Église universelle, à qui ont été données les clefs pour fermer et ouvrir le paradis à qui vous voudrez. Vous êtes le prince des rois et le plus grand des maîtres. Lorsque je considère ces choses et autres semblables, je tremble d'adresser la parole à Votre Sainteté, surtout quand je jette les yeux non-seulement sur votre puissance, mais sur la sagesse des Latins, qui, depuis l'origine et constamment, s'étant appliqués à l'étude des choses divines et de la doctrine de Jésus-Christ, tiennent et croient encore maintenant ce que leur ont transmis dès le commencement les bienheureux princes des apôtres, Pierre et Paul.
« Quant aux Églises qui, privées de cette sagesse et de cette discipline, n'ont pas gardé les premiers fondements et se sont séparées de la mère et maîtresse, l'Église romaine, Dieu les a livrées en opprobre aux nations et en rapine aux infidèles, comme on peut le voir évidemment dans les Grecs et les Arméniens, et pareillement en nous, Éthiopiens jacobites, depuis que nous avons été séparés de vous l'an 900. Mais une chose qui nous console et tempère notre tristesse par l'espérance, c'est que celui qui vous a donné de réunir à l'unité de la foi catholique les Grecs et les Arméniens, et qui vous a inspiré de nous inviter à la même union, par votre très-cher fils Albert, de l'ordre des Mineurs, ce même Dieu de bonté, notre Dieu, nous accordera la grâce d'avoir avec vous la même pensée et les mêmes sentiments dans l'Église catholique de Dieu ; ce qui certainement s'accomplira. Moi, comme vous voyez, déjà appesanti par l'âge, je suis parti de chez moi pour parvenir, à travers bien des périls sur terre et sur mer, aux pieds et en la présence de Votre Sainteté, comme indigne représentant de mon patriarche, ainsi que vous verrez dans ses lettres de créance et que pourra certifier le même frère Albert, qui a subi avec moi bien des dangers et des travaux pour cette très-sainte union de la foi chrétienne (1). »
Voilà comment parlait au concile de Florence le député du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie. On ne peut rien de plus humble, de plus touchant, rien surtout de plus profondément juste sur le sort des nations chrétiennes qui se séparent du centre de l'unité. Mais qu'il est admirable de voir la haute, la religieuse idée que les nations les plus lointaines conservent du Pontife romain, du successeur de saint Pierre, du vicaire de Jésus-Christ!
Le 2 septembre de la même année 1441 parurent au concile œcuménique de Florence d'autres députés éthiopiens…
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(1) Labbe, t. 13, col. 1202 et 1203.
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Plainte mémorable de l’Éthiopie au Saint-Siège.
Le 2 septembre de la même année 1441 parurent au concile œcuménique de Florence d'autres députés éthiopiens; ils venaient de la part de l'abbé Nicodème, proposé par l'empereur d'Éthiopie à tous les Éthiopiens établis à Jérusalem. Voici comment ces députés parlèrent au Pape Eugène IV dans la congrégation publique de ce jour :
« Tous les hommes qui arrivent en votre présence, très-saint Père, doivent de grandes actions de grâces à Dieu de ce qu'il les rend dignes de voir en vous le Christ sur la terre, conversant parmi les hommes pécheurs ; mais nous, nés en Éthiopie, nous devons beaucoup plus que toute autre nation bénir le Seigneur, qui nous a donné de contempler présentement votre sainte foi. Premièrement nous croyons que personne ne vient ici de plus loin que nous, qui habitons non-seulement à l'extrémité de l'univers, mais presque hors de l'univers même, en Éthiopie.
« En second lieu, sans vouloir offenser les autres nations, nous ne croyons pas qu'il y en ait une qui révère le Pontife romain avec plus de foi et de dévotion. Cela se sait chez nous par expérience, à tel point que, retournant dans notre patrie, nous sommes obligés de craindre les applaudissements et les réjouissances de nos gens et du peuple qui viendront à notre rencontre ; car toujours on l'a observé pour ceux qui viennent de la présence du Pontife romain; le peuple en foule, de tout sexe et de tout âge, leur baise les pieds et s'efforce d'arracher quelque lambeau de leurs vêtements pour en faire des reliques. D'où l'on peut comprendre quelle idée nos compatriotes ont de la sainteté du Pontife romain.
« En troisième lieu notre allégresse doit être accueillie avec une joie d'autant plus grande que nous croyons notre empire plus grand qu'un autre. Maintenant encore cent rois sont soumis à notre empire. De plus, une partie non médiocre de notre gloire, c'est la reine de Saba, qui, sur la renommée de la sagesse de Salomon, vint à Jérusalem, tout comme nous, qui sommes beaucoup moins que la reine de Saba, nous sommes venus à vous, qui êtes beaucoup plus que Salomon. Enfin c'est de notre nation que furent la reine Candace et l'eunuque que baptisa Philippe, l'apôtre de Notre-Seigneur. En considération de ces grandes choses, vous qui êtes le plus grand parmi les grands, vous nous accorderez, quoique nous soyons petits, la grâce de vous regarder comme nous en avons la confiance.
« La dernière raison, et la principale, pourquoi nous nous réjouissons d'être arrivés…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Lettre de créance de l’abbé éthiopien de Jérusalem.Plainte mémorable de l’Éthiopie au Saint-Siège.
(suite)
« La dernière raison, et la principale, pourquoi nous nous réjouissons d'être arrivés, la voici. Il est reconnu par les effets mêmes, il est devenu manifeste au monde que tous ceux qui se sont éloignés de vous et de l'Église romaine sont tombés complètement. Cependant, parmi les Églises qu'on voit s'être éloignées de l'Église romaine, la nôtre est demeurée forte, puissante et libre ; de quoi les sages diront qu'il n'y a pas d'autre cause, sinon que la séparation et la rébellion des autres Églises a été volontaire; de là leurs peuples ont été livrés à la servitude et à l'extermination. Mais notre intermission et notre éloignement de votre Siège ne viennent pas de perfidie ni de légèreté, mais plutôt de la distance des pays et des périls du voyage, et aussi de la négligence des Pontifes romains, vos prédécesseurs, attendu qu'on ne se souvient pas, parmi nos gens, que nul pasteur, avant vous, ait eu la sollicitude de visiter tant de brebis de Jésus-Christ; car la renommée porte chez nous qu'il y a huit cents ans qu'aucun Pontife romain n'a eu attention de nous saluer, ne fût-ce que par un seul mot. Le comble de votre gloire et de notre joie est donc que vous seul, et le premier, vous ayez à cœur d'unir notre empereur et notre nation à la foi catholique et à vous-même, par les soins de votre assemblée et de notre abbé Nicodème, votre serviteur à Jérusalem, qui se recommande, lui et ses fils, à Votre Sainteté, au mandement de laquelle il est prêt à entreprendre des travaux quelconques pour avoir et conclure cette très-sainte union. Ce qu'il vous assure avant tout, c'est que l'empereur d'Éthiopie n'a rien sur la terre de plus à cœur que de s'unir à l'Église romaine et de se mettre à vos pieds sacrés, tant est grand auprès de lui le nom romain et la foi des Latins, que Jésus-Christ veuille augmenter et conserver avec vous dans les siècles des siècles ! Amen (1) ! »
Dans ce discours de l'ambassadeur d'Éthiopie au Pape Eugène IV, présidant le concile œcuménique de Florence, il y a surtout une chose qui mérite d'être considérée avec une profonde attention par les premiers pasteurs de l'Église. Une des nations les plus lointaines, l'Éthiopie, se plaint que depuis des siècles les Pontifes romains ne l'ont ni visitée ni saluée par leurs lettres ou leurs légats. Au jugement de Dieu, qui est l'histoire éternelle, c'est là un reproche formidable aux Papes, aux cardinaux, aux autres personnages qui, pour des intérêts de nation ou de famille, et non de l'Église universelle, ont amené la transmigration du Saint-Siège de Rome en France, puis le grand schisme d'Occident, puis les scènes scandaleuses de Bâle, préparant les voies à la révolte de Luther et de Calvin, et faisant oublier, assises à l'ombre de la mort, tant de nations qui, comme la Chine, la Tartarie, l'Inde, avaient commencé d'ouvrir les yeux à la lumière.
Dans le dernier jour le souverain Juge dira : « J'ai été malade, j'ai été en prison, et vous n'êtes pas venus me visiter ; car, en vérité, je vous le dis, chaque fois que vous négligez de faire une de ces choses au dernier de mes frères, c'est à moi que vous l'avez refusée. »
Si le Christ parle ainsi à qui l'oublie, le néglige, le délaisse dans un individu, que dira-t-il à qui l'oublie, le néglige, le délaisse dans une paroisse, dans un diocèse, dans une nation entière ? « Un jugement très-dur est réservé à ceux qui président (2). »
Les lettres de créance de l'abbé Nicodème à ses députés portent cette inscription…
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(1) Labbe, t. 13, col. 1214. — (2) « Judicium durissimum iis qui præsunt fiet. »
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Réunion des Jacobites avec l’Église romaine.Lettre de créance de l’abbé éthiopien de Jérusalem.
Les lettres de créance de l'abbé Nicodème à ses députés portent cette inscription : « Au nom de la sainte Trinité. Ces lettres sont envoyées de Jérusalem par Nicodème, abbé sur la nation des Éthiopiens, pour être données au grand Père de la ville de Rome, Eugène, chef de tous les sièges. Paix à vous et à tout votre Siège, paix à Votre Grandeur, qui êtes assis sur le Siège des apôtres Pierre et Paul, Siège dont la splendeur illumine le monde ! Quelque part de l'univers que je sois, je me prosterne devant vous; non pas moi seul, mais tous les patriarches et tous les évêques, les rois et les empereurs s'inclinent devant vous. »
Nicodème a ressenti la plus vive joie à l'arrivée du nonce apostolique ; il se rendrait en personne au concile, n'était la crainte des Sarrasins, auxquels il importait de cacher une pareille démarche. Il assure le Pape de toute la bonne volonté du roi d'Éthiopie. Il envoie ses députés en cachette des Sarrasins et du patriarche des Jacobites, de peur qu'ils ne vinssent à contrecarrer l'affaire de l'union. Les députés viennent, non pour disputer avec le Pape de la vérité de la foi, mais pour acquiescer à ses décisions ; » car vous êtes le grand soleil et la vraie splendeur de la création, et nul ne trouverait facilement dans le monde une lumière préférable au soleil. Qui donc, s'il n'est insensé et ignorant, pourra ou voudra disputer avec vous, lorsque l'univers entier connaît la sagesse immense et antique des Latins, et que, d'après l'Évangile, le disciple n'est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur (1) ? »
Ainsi, dans le même temps…
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(1) Labbe, t. 13, col. 1215.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réunion des Jacobites avec l’Église romaine.
Ainsi, dans le même temps et à l'insu l'une de l'autre, deux députations éthiopiennes arrivèrent au Pape, l'une de Jérusalem, l'autre du Caire. Le patriarche des Jacobites, dont Nicodème se défiait, l'avait prévenu dans la bonne œuvre. Le patriarche, dans sa lettre de créance, ne parle que d'André, abbé de Saint-Antoine ; les actes du concile et le Pape, dans une de ses lettres, parlent encore du diacre Pierre. Il est possible que ce dernier fût le chef de la députation venue de Jérusalem. Quant à l'empereur ou roi d'Éthiopie, son nom propre était Constantin; Zaré ou Zarah-Jacob, c'est-à-dire fils de Jacob, était un nom de famille. Ce Jacob, suivant les Éthiopiens, était le fils de Salomon et de la reine de Saba, duquel descendaient les rois d'Éthiopie.
A peine arrivés à Florence les ambassadeurs éthiopiens, André et Pierre, témoignèrent un grand désir de faire le pèlerinage de Rome, pour y vénérer les reliques des saints, en particulier l'image du Sauveur qu'on appelait la sainte Véronique. Pour récompenser leur filiale dévotion le Pape manda aux chanoines de Saint-Pierre de leur faire voir même ce qu'il n'était pas permis de montrer dans les temps ordinaires (1). C'était au mois d'octobre 1441.
Le Pape avait nommé des commissaires pour conférer avec ces députés touchant les points de religion dont ils ne convenaient pas avec l'Église romaine.
Après une discussion suffisante, il fit un décret qui fut publié, avec l'approbation du saint concile œcuménique de Florence (2), dans la session du 4 février 1442, sur ce que les Jacobites devaient croire et rejeter touchant les articles suivants : de la très-sainte Trinité et des erreurs des anciens hérétiques à son sujet; de la création du monde ; des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, dont Dieu même est le seul auteur, et de la condamnation des manichéens, qui en ont des sentiments contraires ; de la divinité et de l'humanité de Jésus-Christ, de sa Passion, de la rédemption du genre humain, et de la prescription des hérésies contraires ; de l'usage des observances légales, du temps et de leur durée ; du choix des viandes ; de la réception des conciles œcuméniques de Nicée, de Constantinople, d'Éphèse et de Chalcédoine, et des hérésies qu'ils ont rejetées, généralement tous les conciles universels légitimement assemblés, célébrés et confirmés par l'autorité du Pontife romain, et particulièrement ce saint concile de Florence; des paroles de la consécration eucharistique et de la qualité du pain qui doit être employé pour ce sacrement; du mariage, et qu'il peut être successivement réitéré, pourvu qu'il n'y ait point d'empêchement canonique.
Le décret ayant été lu solennellement en latin et en arabe…
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(1) Labbe, t. 13, col. 1217. — (2) « Sacro approbante œcumenico concilio Florentino. » Labbe, t. 13, col. 1205.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Réunions des Syriens, des Chaldéens et des Maronites.Réunion des Jacobites avec l’Église romaine.
(suite)
Le décret ayant été lu solennellement en latin et en arabe, le député des Jacobites, nommés Jacobins dans le texte, ajouta cette déclaration :
« Très-saint Père, seigneur Eugène, souverain Pontife de la sainte Église romaine et universelle, vrai vicaire du Christ et successeur du bienheureux Pierre, et vous, très-saint concile universel de Florence, tout ce saint décret qui vient d'être lu en votre présence, avec les saints décrets de l'union des Grecs et des Arméniens qui y sont insérés, moi, André, humble abbé de Saint-Antoine, député du révérend Père le seigneur Jean, patriarche des Jacobites, ayant eu dudit décret pendant plusieurs jours une pleine connaissance et instruction, je reconnais et confesse que tout le contenu de ce décret est conforme à la vérité divine et catholique. En conséquence, au nom dudit seigneur patriarche, au nom de tous les Jacobites et au mien, comme Votre Sainteté en est témoin, je reçois et accepte avec toute la dévotion et la révérence possibles le très-salutaire décret synodal, avec tout ce qu'il renferme, et enfin tout ce que croit et enseigne le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine. Je reçois avec respect les docteurs et les saints Pères que l'Église romaine reçoit; je réprouve et condamne les personnes et les choses qu'elle réprouve et condamne, promettant, au nom que dessus, que le patriarche, les Jacobites et moi-même, comme vrai fils de l'obéissance, nous obéirons fidèlement et toujours aux règlements et aux ordres de Votre Sainteté et du Siège apostolique (1). » Le décret est signé du Pape et de douze cardinaux, dont le dixième est le cardinal grec Bessarion, de Trébisonde.
Dans ce décret il n'est nommément question que des Jacobites. Quant à la réponse directe au roi d'Ethiopie, que le Pape avait remise à Rome pour plus de solennité, elle ne se retrouve pas jusqu'à présent.
Après l'ambassade des Éthiopiens et des Jacobites il en vint à Rome une autre.…
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(1) Labbe,t, 13, col. 1212.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réunions des Syriens, des Chaldéens et des Maronites.
Après l'ambassade des Éthiopiens et des Jacobites il en vint à Rome une autre des peuples qui habitaient entre le Tigre et l'Euphrate, dans la Mésopotamie, l'ancien pays d'Aram, patrie d'Abraham et de Sara. La foi de l'Église romaine y était si renommée que, l'an 1444, Ignace, patriarche des Syriens, en son nom et en celui de toute sa nation, envoya l'archevêque Abdala d'Édesse en ambassade à Rome au concile de Latran, pour demander humblement au Pape la règle de foi que professait l'Église romaine. Eugène IV nomma des prélats du concile pour conférer avec cet archevêque touchant la créance du patriarche et des peuples dont il était envoyé. Leur foi et leur morale furent trouvées saines et pures, excepté les articles de la procession du Saint-Esprit, des deux natures et des deux opérations qu'on doit reconnaître en Jésus-Christ. Cet envoyé, ayant été pleinement instruit de ce qu'il fallait croire à cet égard, témoigna qu'il était prêt à recevoir, tant en son nom qu'en celui du patriarche et des nations qui lui étaient soumises, tous les points de foi et de doctrine qui lui seraient proposés par le Pape avec l'approbation du saint concile. Sur quoi Eugène IV fit dresser la formule suivante qui fut publiée dans la trente et unième session:
« Que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils ; qu'il a son essence et son être subsistant du Père et du Fils ensemble, et qu'il procède éternellement de l'un et de l'autre, comme d'un seul principe et par Une seule spiration; que Notre-Seigneur est parfait dans la divinité et parfait dans l'humanité, et qu'on doit reconnaître en lui deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation ; qu'il n'est point partagé en deux personnes, mais qu'il est un seul et même Fils de Dieu et de l'homme; que, dans le même Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, il y a deux opérations naturelles, indivisibles, inconvertibles, inséparables, inconfusibles, comme aussi deux volontés naturelles, une divine, l'autre humaine, qui ne sont point contraires, mais que l'humaine est soumise à la divine. » L'archevêque d'Édesse reçut avec la même soumission les décrets d'union avec les Grecs, les Arméniens et les Jacobites, publiés dans le saint concile œcuménique de Florence (1).
Après cette réunion des peuples de la Mésopotamie Eugène IV envoya l'archevêque André de Colosse en Orient et en Chypre pour confirmer les Grecs, les Arméniens et les Jacobites dans la foi qu'ils venaient de recevoir de l'Église, et pour ramener les Chaldéens et les Maronites des erreurs de Nestorius et de Macaire d'Antioche, dont ils étaient infectés. Les Chaldéens disaient, avec le premier de ces hérésiarques, que Jésus-Christ était homme seulement, et par conséquent que la sainte Vierge ne devait pas être appelée mère de Dieu. Les Maronites, sectateurs du second, reconnaissaient Jésus-Christ pour vrai Dieu et vrai homme; mais ils n'admettaient en lui qu'une volonté et une opération, qui était la divine.
Par la grâce de Dieu, l'archevêque de Colosse réussit dans son entreprise; il parvint à désabuser de ces erreurs Timothée, métropolitain des Chaldéens, et Élie, évêque des Maronites, en Chypre. Tous les deux, avec les prélats et les peuples qui leur étaient soumis, reçurent publiquement la foi romaine. Les Chaldéens envoyèrent à Rome leur métropolitain Timothée; Élie, évêque des Maronites, y envoya un nommé Isaac, pour y faire, au nom de leur clergé et de leurs peuples, profession solennelle de la foi catholique en présence du Pape. Ils le firent l'un et l'autre, an commencement du mois d'août 1444, dans une congrégation du saint concile œcuménique de Latran. Eugène IV en dressa une bulle datée du jour même (1).
La même année (1445) le Pape écrivit à Thomas, roi de Bosnie……
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(1). Labbe, t. 13, col. 1222 et seqq. — (1). Labbe, t. 13, col. 1225 et seqq.
A suivre : Le roi de Bosnie envoie un ambassadeur à Rome abjurer les erreurs du manichéisme.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : État de l’Italie, de la Sardaigne, de la Corse et de l’Espagne.Le roi de Bosnie envoie un ambassadeur à Rome
abjurer les erreurs du manichéisme.
La même année (1445) le Pape écrivit à Thomas, roi de Bosnie, l'ancienne Dardanie, pour le féliciter de sa persévérance dans la foi catholique et lui accorder certains privilèges, Au mois d'octobre 1442 un ambassadeur de Bosnie était venu trouver le Pape et abjurer en sa présence, au nom du roi et de la nation, toutes les erreurs des manichéens. Depuis ce temps le roi s'appliquait avec zèle à purger son royaume de toute hérésie (2).
Outre la joie spirituelle que ressentait Eugène IV du retour de tant de peuples au sein de l'Église, il espérait encore par ce moyen sauver l'empire de Constantinople de l’agression des Turcs et récupérer la Terre-Sainte. Il faisait pour cet effet d'incroyables efforts, au milieu de difficultés sans nombre. Nous verrons plus tard comment l'incurable division des Grecs rendit inutiles les efforts du Pape Eugène et de ses successeurs, et attira enfin sur Constantinople et sur la nation grecque les derniers malheurs.
Un même esprit d'insubordination s'était répandu de Bâle, comme d'une autre Byzance, sur les peuples de l'Occident; mais ces peuples n'étaient pas des Grecs irrémédiablement abâtardis ; leur bon sens répugna au schisme.
Le duc Philippe Visconti de Milan avait d'abord fait la guerre à Eugène IV…
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(2). Raynald, ann, 1445, n. 23; ann. 1444, n. 2, avec la note de Mansi. Martène, Vet. Mon. t.1, col. 1592.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.État de l’Italie, de la Sardaigne, de la Corse et de l’Espagne.
Le duc Philippe Visconti de Milan avait d'abord fait la guerre à Eugène IV, en qualité, disait-il, de vicaire du concile de Bâle en Italie. Philippe était gendre d'Amédée de Savoie, devenu l'antipape de Ripaille. Cependant Philippe rejette l'antipape, son beau-père, avec toutes ses promesses, et se réconcilie avec Eugène IV (1).
Alphonse V, roi d'Aragon, le même qui prolongea tant le schisme de Pierre de Lune, fut encore l'instigateur du schisme de Bâle. Son motif et sa règle, c'était l'intérêt politique ; il voulait s'assurer le royaume de Naples contre René d'Anjou, favorisé par Eugène IV. Il marchande en même temps avec le Pape et avec l'antipape. En 1443 il obtient ou extorque du premier d'être reconnu et confirmé dans le royaume de Naples, qui, étant un fief de l'Église romaine, était alors dévolu au Saint-Siège par la mort de Jeanne II, décédée en 1345 sans héritiers directs (2).
La Sardaigne et la Corse étaient également des fiefs de l'Église romaine, tenus ordinairement par les rois d'Aragon, que plus d'une fois nous avons vus en rendre hommage aux Papes de leur temps. En 1444 les principaux habitants de la Corse, poussés à bout par ceux qui la tyrannisaient depuis plusieurs années, demandèrent et obtinrent de rentrer sous le gouvernement immédiat du Saint-Siège. Eugène IV y envoya un gouverneur pontifical en 1444 et en 1447 (3).
Les royaumes de Castille et de Léon, de Navarre, de Portugal, d'Ecosse, d'Angleterre, de Norvège, de Suède, de Danemark et de Pologne, restèrent toujours fidèles au Pape légitime.
La France reconnut toujours Eugène IV; mais, comme l'assemblée de Bâle était composée en grande partie de docteurs français, le roi Charles VII s'efforçait de la réconcilier avec le Pape. N'y ayant pu réussir, il tint à Bourges, au mois de juillet 1438, une assemblée à laquelle il assista lui-même avec le Dauphin, son fils, depuis Louis XI, plusieurs princes du sang et d'autres seigneurs, avec un grand nombre d'évêques et de docteurs. Les députés du Pape Eugène IV et ceux des prélats de Bâle y furent entendus les uns après les autres. Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction, d'un nom introduit sous les anciens empereurs.
Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction…
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(1). Raynald, ann. 1435, n.10; ann. 1439, n. 19; ann. 1440 n. 7 ; ann. 1444, n. 12. — (2). Voir son nom dans l'Index de Raynald, ann. 1424 et suivantes. — (3). Raynald, ann. 1444,n. 11; ann. 1447, n. 12.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.
Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction, d'un nom introduit sous les anciens empereurs.
On y adopta, quelquefois avec des modifications, la plupart des décrets de Bâle, entre autres le premier, conçu en ces termes :
« Les conciles généraux seront célébrés tous les dix ans, et le Pape, de l'avis du concile finissant, doit désigner le lieu de l'autre concile, lequel ne pourra être changé que pour de grandes raisons et par le conseil des cardinaux. Quant à l'autorité du concile général, on renouvelle les décrets publiés à Constance, par lesquels il est dit que le concile général tient sa puissance immédiatement de Jésus-Christ; que toute personne, même de dignité papale, y est soumise en ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, et que tous y doivent obéir, même le Pape, qui est punissable s'il y contrevient. En conséquence le concile de Bâle définit qu'il est légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, et que personne, pas même le Pape, ne peut le dissoudre, le transférer, ni le proroger, sans le consentement des Pères de ce concile. »
Les autres articles se réduisent principalement aux propositions suivantes : les élections canoniques seront observées, et le Pape ne pourra plus réserver les évêchés et les autres bénéfices électifs.
Les grâces expectatives seront abolies ; les gradués seront préférés aux autres dans la collation des bénéfices, et, pour cet effet, ils feront insinuer leurs degrés pendant le carême.
Toutes les causes ecclésiastiques des provinces à quatre journées de Rome seront terminées dans le lieu même, hors les causes majeures et celles des églises qui dépendent immédiatement du Saint Siège.
Dans les appels on gardera l'ordre des tribunaux. Jamais on n'appellera au Pape sans passer auparavant par le tribunal intermédiaire.
Si quelqu'un, se croyant lésé par un tribunal immédiatement sujet au Pape, porte son appel au Saint-Siège, le Pape nommera des juges sur les lieux mêmes, à moins qu'il n'y ait de grandes raisons d'évoquer tout à fait la cause à Rome.
Les appellations frivoles sont punies.
On règle la célébration de l'office divin et on défend les spectacles dans les églises.
On défend le concubinage, surtout aux clercs.
On réprime l'abus des censures ecclésiastiques, et on déclare que personne n'est obligé d'éviter les excommuniés s'ils ne sont nommément dénoncés, ou bien que la censure ne soit si notoire qu'on ne puisse ni la nier ni l'excuser.
Voilà les principales matières de la pragmatique sanction de Bourges. Elle fut enregistrée au parlement de Paris le 13 juillet de l'année suivante (1439) ; mais le roi en ordonna l'exécution du jour même de sa date, 7 juillet 1438 (1).
La pragmatique sanction de Bourges était radicalement nulle…
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(1). Hist de l'Égl. gall., 1. 47.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.
(suite)
La pragmatique sanction de Bourges était radicalement nulle ; car tout contrat est nul qui n'est point consenti par les deux parties contractantes. Or la pragmatique était un contrat entre les Églises de France et le Pape pour régler les rapports mutuels de part et d'autre. Le consentement du Pape y était donc absolument nécessaire, d'autant plus qu'il était le supérieur ; car, dût-on admettre qu'un concile général est supérieur au Pape, l'assemblée de Bourges n'était certainement pas un concile général. Aussi le premier usage qu'elle fit de sa pragmatique fut d'y manquer, et heureusement. Dans ses premiers articles elle avait reconnu le concile de Bâle pour œcuménique et pour supérieur au Pape Eugène IV, avec obligation à toute personne d'obéir à ses décrets. Or, l'année suivante (1439), le concile de Bâle dépose Eugène IV et lui substitue Félix V, avec obligation à toute personne, sous peine d'anathème, de rejeter le premier et de se soumettre au second.
Cependant la France ne fait ni l'un ni l'autre ; elle continue à reconnaître Eugène IV et se moque du Pape de Ripaille et de Bâle, comme elle le déclara dans une nouvelle assemblée de Bourges tenue en l440.
Le 2 septembre de cette année le roi Charles VII publia une déclaration par laquelle il ordonnait à tous ses sujets d'obéir au Pape Eugène, avec défense de reconnaître un autre Pape ou de répandre dans le public aucunes lettres ou expéditions portant le nom de quelque autre que ce fût qui prétendrait au pontificat. Cependant Monsieur de Savoie, car ainsi Charles VII appelait-il l'antipape, lui était uni par les liens du sang.
Cette déclaration du roi et de l'assemblée de Bourges fut religieusement observée dans toute la France, excepté dans l'université de Paris, où l'on se déclara assez ouvertement pour l'antipape. La raison en est fort simple : les docteurs de Paris dominaient dans la cohue de Bâle, l'antipape était de leur fabrique, leurs confrères de Paris ne pouvaient manquer de le reconnaître.
Quant au roi Charles VII, sur la fin de l'année 1441 il envoya une ambassade au Pape Eugène…
A suivre : Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV
sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.
Quant au roi Charles VII, sur la fin de l'année 1441 il envoya une ambassade au Pape Eugène pour demander la convocation d'un concile général qui pût terminer les troubles de la chrétienté. L'orateur principal fut l'évêque de Meaux, Pierre de Versailles, auparavant évêque de Digne et originairement religieux de l'abbaye de Saint-Denis, Il eut son audience en plein consistoire, le 16 décembre, et il parla au Pape en ces termes :
« Le roi très-chrétien, notre maître, implore votre assistance, très-saint Père, ou plutôt c'est tout le peuple fidèle qui vous adresse ces paroles de l'Ecriture : Soyez notre chef et notre prince. Non que personne doute parmi nous que vous n'ayez la principauté dans l'Église ; car nous savons que l'état de l'Église a été constitué monarchique par Jésus-Christ même; mais nous vous demandons d'être notre prince par les fonctions du zèle et par les attentions. Nous vous prions de gouverner sagement la barque de saint Pierre au milieu des tempêtes dont elle est agitée.
« Les princes de l'Église, très-saint Père, ne doivent pas ressembler à ceux des nations; ceux-ci n'ont souvent d'autre règle de gouvernement que leur propre volonté ; au contraire les princes de l'Église doivent tempérer l'usage de leur autorité, et c'est pour cela que les saints Pères ont établi des lois et des canons. Or voici la source des maux qui affligent l'Église. Il y a deux extrémités : l'une consiste à exercer l'autorité ecclésiastique, comme les princes des nations exercent la leur, sans règle et sans mesure ; l'autre est l'entreprise de ceux qui, pour corriger ses abus, ont voulu anéantir l'autorité, qui ont nié que la puissance suprême réside dans l'Église, qui ont attribué cette puissance à la multitude, qui ont changé tout l'ordre ecclésiastique en détruisant la monarchie que Dieu y a placée, pour y substituer la démocratie ou l'aristocratie, qui en sont venus, non-seulement sous le rapport du chef, mais encore sous celui de la doctrine, jusqu'à causer un schisme exécrable parmi les fidèles.
« Ces considérations, très-saint Père, ont touché le roi très-chrétien, et, pour éteindre ces deux extrémités, il a résolu de solliciter la convocation d'un concile général. Celui de Bâle a poussé trop loin la seconde extrémité quand il s'est efforcé d'éteindre la vérité sur la puissance suprême dans un seul. Celui de Florence, que vous tenez actuellement, a bien éclairci cette vérité, comme on le voit dans le décret pour les Grecs, mais il n'a rien déterminé pour tempérer l'usage de cette puissance. C'est ce qui a fait que plusieurs le croient trop voisin de la première extrémité. Un troisième pourra donc prendre le juste milieu et remettre tout dans l'ordre.
« On me dira sans doute…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Eugène IV crée gonfalonier ou généralissime de l’Église romaine le Dauphin de France.Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV
sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.
(suite)
« On me dira sans doute qu'il n'est plus besoin de conciles généraux, qu'on en a assez tenus jusqu'ici, que l'Église romaine suffit pour terminer toutes les controverses, qu'un prince ne confie pas volontiers ses droits à la multitude, qu'on s'expose encore, par la convocation d'un concile, aux mouvements qui ont agité l'assemblée de Bâle; mais, pour répondre à cela, il suffit de jeter les yeux sur l'état présent de l'Église. Il doit y avoir dans vous, très-saint Père, et dans tous les autres prélats, deux sortes d'autorités : l'une de puissance et d'institution divine, l'autre de confiance auprès des peuples et de bonne réputation. La première, quoiqu'elle ne puisse vous manquer, a besoin toutefois d'être soutenue par la seconde, et vous obtiendrez celle-ci au moyen d'un concile général, non tel qu'il est à Bâle, mais tel que le roi très-chrétien le demande, c'est-à-dire un concile qui soit célébré par votre ordre et qui soit réglé selon les décrets des saints Pères. Une telle assemblée ne sera point une multitude confuse, et votre puissance monarchique, qui vient du Ciel, qui est attestée par l'Évangile, qui est reconnue des saints et de l'Église universelle, ne sera exposée à aucun danger. »
L'orateur montre ensuite combien il est dangereux de refuser la convocation de ce concile; il s'étend fort au long sur les entreprises des prélats de Bâle, qu'il condamne très-vivement, jusqu'à dire que, d'après leur pratique et leurs maximes, il n'y a plus de paix possible dans l'Eglise, et qu'un très-grand nombre se demandent si ce schisme ne serait pas cette grande apostasie dont parle saint Paul aux Thessaloniciens et qui doit ouvrir la porte à l'Antéchrist. Il termine toute sa harangue par cette déclaration :
« J'ai voulu dire tout ceci en public, très-saint Père, pour vous faire connaître les droites intentions du roi, mon maître, dans l'affaire présente; il ne s'attache point à la chair et au sang, mais il écoute la voix du Père céleste ; d'où il apprend à vous reconnaître et à vous révérer comme le souverain Pontife et le chef de tous les chrétiens, le vicaire de Jésus-Christ, conformément à la doctrine des saints et de toute l'Eglise ; et, parce qu'il voit que ces vérités s'obscurcissent aujourd'hui, il demande la célébration d'un concile général. En quoi il manifeste également sa justice et sa piété.
« Quant à votre personne, très-saint Père, il a pour vous des sentiments qui passent les bornes de l'amour filial ordinaire. Il parle toujours de vous avec considération; il n'aime pas que d'autres se permettent d'en parler autrement ; il conçoit de vous les espérances les plus favorables ; il compte que, après avoir réconcilié tous les Orientaux à l'Église romaine, vous rétablirez aussi les affaires de l'Occident (1), »
Certes ce discours fait honneur au bon sens de la France. Malgré les intrigues des docteurs universitaires, le roi et l'épiscopat remarquèrent bientôt et nettement la tendance révolutionnaire et anarchique de Bâle. Quant à régler amiablement le rapport des Églises de France avec le Saint-Siège pour remédier à certains abus, la chose n'était pas malaisée; il aurait suffi d'envoyer à Florence quelques évêques de plus, semblables à l'évêque de Meaux ; tout se serait promptement arrangé, à la satisfaction de tout le monde, et l'exemple de la France aurait entraîné le reste de l'Occident, mais vouloir un troisième concile n'était plus de la même sagesse; aussi le Pape n'eut-il garde d'y consentir.
En 1444 Eugène IV…
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(1) Raynald, ann. 1441, n. 9.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité, se déclare tout à fait pour Eugène IV contre l'assemblée de Bâle et l'antipape par les négociations d’Ænéas Sylvius.Eugène IV crée gonfalonier ou généralissime de l’Église romaine le Dauphin de France.
En 1444 Eugène IV créa général et grand-gonfalonier de l'Église romaine le Dauphin de France, qui fut depuis le roi Louis XI, lui assignant quinze mille florins de pension à prendre chaque année sur la chambre apostolique. Le Dauphin fit effectivement une expédition jusqu'aux portes de Bâle, où il battit un corps de Suisses et répandit la consternation parmi ceux qui s'y trouvaient encore au prétendu concile (1). Cette expédition fut suivie d'une longue trêve entre la France et l'Angleterre, événement qu'on regarda comme le prélude d'une bonne paix. Pour obtenir de Dieu ce bien si nécessaire et si désiré il y eut à Paris des fêtes publiques, entre autres une procession solennelle où l'on porta toutes les reliques de la ville (2).
Au mois de novembre 1446 le roi Charles VII, étant à Tours, fit avec son conseil un projet d'accommodement entre les deux partis qui divisaient l'Église ; il portait que toutes les censures publiées de part et d'autre seraient révoquées; que le Pape Eugène serait reconnu de tous comme avant le schisme; que Monsieur de Savoie, appelé Félix dans son obédience, renoncerait à la papauté; qu'on lui conserverait le plus haut rang dans l'Église après la personne du Pape, et que ses partisans seraient maintenus aussi dans leurs dignités, grades et bénéfices (3).
L'empire d'Allemagne travaillait à peu près dans le même sens…
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(1) Raynald, ann. 1444, n. 13. — (2) Journal de Charles VII — (3) Spicileg., t. 4, p. 321. Jean Chartier, p. 229.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.
L'empire d'Allemagne travaillait à peu près clans le même sens. Il était demeuré vacant par le décès de Sigismond, qui mourut le 8 décembre 1437. Sigismond eut pour successeur Albert d'Autriche, son gendre, qui fut élu roi des Romains le 20 mars 1438. Le Pape Eugène, ayant appris son élection, lui écrivit de Ferrare pour l'en féliciter, l'exhortant à protéger l'Église, particulièrement le Saint-Siège, et lui promettant le secours de Dieu s'il lui était fidèle. Albert II n'eut point assez d'énergie pour le bien. Le 23 avril de l'année suivante le Pape lui écrivit de Florence :« Dans la réponse que j'ai reçue de votre part, je vois que vous craignez de n'être plus en état d'apaiser le trouble que nous voyons dans l'Église si vous témoignez incliner à un parti plus qu'à un autre. Nous croyons que votre intention est bonne, voulant ainsi paraître neutre; mais ce n'est pas le moyen de détourner le péril dont l'Église est menacée ; au contraire, c'est donner lieu à une pernicieuse doctrine contre l'autorité du Saint-Siège et l'unité de l'Église, que quelques-uns veulent troubler sous prétexte de la réformation qu'ils ont toujours eue en horreur. Si leurs efforts ne sont réprimés ils ouvrent une large porte à la désunion de l'Église, à la sédition des peuples et au renversement de tout ordre politique. Or vous n'ignorez pas ce que vous avez à faire comme premier défenseur du Saint-Siège et de toute l'Église. »
Dans une autre lettre, du 4 juillet, le Pape le presse de nouveau, lui promettant de la part de Dieu la paix et la victoire s'il vient au secours de son Église. Albert demeura sourd aux prières du Pontife, quoiqu’il eût pu facilement dissiper l'assemblée séditieuse de Bâle ; il essaya aussi faiblement que vainement, dans une diète de Nuremberg, de rétablir la paix entre les deux partis; aussi ne mérita-t-il point la protection du Ciel. Il marcha contre les Turcs, revint sans gloire, et mourut au bout de peu de temps, savoir le 27 octobre de la même année (1439) (1).
Frédéric d'Autriche, son cousin paternel…
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(1) Raynald, ann. 1439, n. 22, 23 et 39.
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L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.
(suite)
Frédéric d'Autriche, son cousin paternel, fut reconnu roi des Romains le 21 mars de l'année suivante. Il fut élu à l'unanimité dans une diète de Francfort, qui, ce jour-là même, fit une protestation portant en substance :
« Nous, princes, électeurs du saint-empire romain, faisant attention à ce qui nous fut hier proposé par Antoine, évêque d'Urbin, delà part de notre Saint-Père le Pape Eugène IV, et ensuite par le patriarche d'Aquilée, l'archevêque de Palerme et l'évêque de Varmie, au nom du saint concile de Bâle, avons trouvé que leurs propositions tendent à des fins contraires. Le Pape prétend que le concile n'est point légitime et ne lui défère aucune autorité. Au contraire le concile de Bâle n'attribue au Pape aucun exercice de ses fonctions. On publie tous les jours dans nos diocèses et nos provinces des édits et des procédures contraires du Pape et du concile, ce qui nous fait craindre que cette division ne s'étende jusqu'aux chefs des deux puissances de l'empire et du sacerdoce, et que les deux, étant brisées, ne se puissent secourir l'une l'autre.
« Nous craignons aussi que l'élection d'un roi des Romains, que nous allons faire, ne soit annulée sous prétexte de quelque censure. Pour prévenir ces dangers et conserver l'union, nous protestons, avant toutes choses, que, parce que nous disons maintenant et pourrons faire à l'avenir, nous ne voulons point nous retirer de l'obéissance et du respect dus au Saint-Siège apostolique et à l'Église de Rome ; mais, assemblés pour l'élection d'un roi des Romains, nous ne devons pas nous en détourner pour penser à autre chose, suivant l'ordonnance de l'empereur Charles IV. Nous ne pouvons donc tenir compte des censures que le Pape et le concile publient l'un contre l'autre. C'est pourquoi nous demeurons en suspens, sans paraître favoriser un parti plus que l'autre, et nous maintiendrons dans nos diocèses et nos provinces les juridictions des ordinaires, sous la souveraine puissance du Pape ou du concile, jusqu'à ce que nous ayons élu un roi des Romains avec lequel nous puissions traiter des moyens les plus convenables pour l'union entre le Pape et le concile de Bâle (1) »
Tel fut l'acte de neutralité des princes de l'empire, daté de Francfort, le 21 mars 1440. Cette neutralité consistait non pas à ne reconnaître ni l'un ni l'autre, le Pape ou le concile, mais à les reconnaître l'un et l'autre, toutefois avec une différence notable.
Il se tint deux diètes en Allemagne…
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(1). Cochlæus l. 9, 333.
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L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.
(suite)
Tel fut l'acte de neutralité des princes de l'empire, daté de Francfort, le 21 mars 1440. Cette neutralité consistait non pas à ne reconnaître ni l'un ni l'autre, le Pape ou le concile, mais à les reconnaître l'un et l'autre, toutefois avec une différence notable.
Il se tint deux diètes en Allemagne, l'une à Mayence, l'autre à Francfort, pour concilier les deux partis ; les Bâlois y avaient leurs députés, le Pape ses légats. Dans toutes les occasions ceux-ci eurent l'avantage sur leurs adversaires, en sorte qu'à Mayence les députés des Bâlois furent la risée des princes de l'empire, qui ne voulurent plus les écouter après avoir entendu avec de grands applaudissements les légats d'Eugène (1).
Ces députés ne réussirent pas mieux à Francfort, où l'empereur Frédéric III était présent. Ils dirent tout ce qu'ils purent en faveur de leur concile, de la déposition d'Eugène et de l'exaltation de Félix; mais les légats d'Eugène, ayant parlé à leur tour, firent connaître qu'on ne devait point écouter des gens condamnés ; que les fruits de l'assemblée de Bâle étaient le schisme, la division et l'abomination dans l'Église de Dieu; qu'au contraire le concile de Florence avait produit l'union et la conversion des Grecs, des Arméniens, des Jacobites et des Ibériens, et par conséquent qu'il fallait rejeter les Bâlois avec leur idole et recevoir et honorer le Pape Eugène comme le vrai vicaire de Jésus-Christ.
Cependant l'Allemagne persista encore dans la neutralité, mais avec cette différence que les ambassadeurs de l'empire qui furent envoyés auprès d'Eugène eurent ordre de l'honorer comme le vrai Pontife romain, de le prier d'excuser le roi et les princes s'ils demeuraient si longtemps neutres, et de demander à Sa Sainteté la tenue d'un autre concile non douteux en Allemagne, comme l'unique moyen d'établir la paix dans l'Église. Au contraire ceux qui furent envoyés à Bâle eurent défense de rendre aucun des hommages dus au Pape à l'antipape Amédée, avec lequel ils devaient seulement traiter par la médiation de quelques personnes tierces (2).
Le Pape répondit aux ambassadeurs de l'empire qu'il était surprenant…
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(1) Acta Patriciana, cap. 117 et 118. Labbe, t, 13, col. 1599 et seqq, — (2) Id., ibid.
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