Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.

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Message  Louis Ven 19 Juin 2015, 1:21 pm

Le roi de Bosnie envoie un ambassadeur à Rome
abjurer les erreurs du manichéisme.

La même année (1445) le Pape écrivit à Thomas, roi de Bosnie, l'ancienne Dardanie, pour le féliciter de sa persévérance dans la foi catholique et lui accorder certains privilèges, Au mois d'octobre 1442 un ambassadeur de Bosnie était venu trouver le Pape et abjurer en sa présence, au nom du roi et de la nation, toutes les erreurs des manichéens. Depuis ce temps le roi s'appliquait avec zèle à purger son royaume de toute hérésie (2).

Outre la joie spirituelle que ressentait Eugène IV du retour de tant de peuples au sein de l'Église, il espérait encore par ce moyen sauver l'empire de Constantinople de l’agression des Turcs et récupérer la Terre-Sainte. Il faisait pour cet effet d'incroyables efforts, au milieu de difficultés sans nombre. Nous verrons plus tard comment l'incurable division des Grecs rendit inutiles les efforts du Pape Eugène et de ses successeurs, et attira enfin sur Constantinople et sur la nation grecque les derniers malheurs.
Un même esprit d'insubordination s'était répandu de Bâle, comme d'une autre Byzance, sur les peuples de l'Occident; mais ces peuples n'étaient pas des Grecs irrémédiablement abâtardis ; leur bon sens répugna au schisme.

Le duc Philippe Visconti de Milan avait d'abord fait la guerre à Eugène IV…

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 (2). Raynald, ann, 1445, n. 23; ann. 1444, n. 2, avec la note de Mansi. Martène, Vet. Mon. t.1, col. 1592.
A suivre : État de l’Italie, de la Sardaigne, de la Corse et de l’Espagne.

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Message  Louis Sam 20 Juin 2015, 12:41 pm

État de l’Italie, de la Sardaigne, de la Corse et de l’Espagne.

Le duc Philippe Visconti de Milan avait d'abord fait la guerre à Eugène IV, en qualité, disait-il, de vicaire du concile de Bâle en Italie. Philippe était gendre d'Amédée de Savoie, devenu l'antipape de Ripaille. Cependant Philippe rejette l'antipape, son beau-père, avec toutes ses promesses, et se réconcilie avec Eugène IV (1).

Alphonse V, roi d'Aragon, le même qui prolongea tant le schisme de Pierre de Lune, fut encore l'instigateur du schisme de Bâle. Son motif et sa règle, c'était l'intérêt politique ; il voulait s'assurer le royaume de Naples contre René d'Anjou, favorisé par Eugène IV. Il marchande en même temps avec le Pape et avec l'antipape. En 1443 il obtient ou extorque du premier d'être reconnu et confirmé dans le royaume de Naples, qui, étant un fief de l'Église romaine, était alors dévolu au Saint-Siège par la mort de Jeanne II, décédée en 1345 sans héritiers directs (2).

La Sardaigne et la Corse étaient également des fiefs de l'Église romaine, tenus ordinairement par les rois d'Aragon, que plus d'une fois nous avons vus en rendre hommage aux Papes de leur temps. En 1444 les principaux habitants de la Corse, poussés à bout par ceux qui la tyrannisaient depuis plusieurs années, demandèrent et obtinrent de rentrer sous le gouvernement immédiat du Saint-Siège. Eugène IV y envoya un gouverneur pontifical en 1444 et en 1447 (3).

Les royaumes de Castille et de Léon, de Navarre, de Portugal, d'Ecosse, d'Angleterre, de Norvège, de Suède, de Danemark et de Pologne, restèrent toujours fidèles au Pape légitime.

La France reconnut toujours Eugène IV; mais, comme l'assemblée de Bâle était composée en grande partie de docteurs français, le roi Charles VII s'efforçait de la réconcilier avec le Pape. N'y ayant pu réussir, il tint à Bourges, au mois de juillet 1438, une assemblée à laquelle il assista lui-même avec le Dauphin, son fils, depuis Louis XI, plusieurs princes du sang et d'autres seigneurs, avec un grand nombre d'évêques et de docteurs. Les députés du Pape Eugène IV et ceux des prélats de Bâle y furent entendus les uns après les autres. Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction, d'un nom introduit sous les anciens empereurs.

Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction

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(1). Raynald, ann. 1435, n.10; ann. 1439, n. 19; ann. 1440 n. 7 ; ann. 1444, n. 12.  —  (2). Voir son nom dans l'Index de Raynald, ann. 1424 et suivantes. — (3). Raynald, ann. 1444,n. 11; ann. 1447, n. 12.
A suivre : Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.

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Message  Louis Dim 21 Juin 2015, 2:26 pm

Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.

Le résultat de cette assemblée de Bourges fut une ordonnance, en vingt-trois articles, que l'on nomma Pragmatique Sanction, d'un nom introduit sous les anciens empereurs.

On y adopta, quelquefois avec des modifications, la plupart des décrets de Bâle, entre autres le premier, conçu en ces termes :

« Les conciles généraux seront célébrés tous les dix ans, et le Pape, de l'avis du concile finissant, doit désigner le lieu de l'autre concile, lequel ne pourra être changé que pour de grandes raisons et par le conseil des cardinaux. Quant à l'autorité du concile général, on renouvelle les décrets publiés à Constance, par lesquels il est dit que le concile général tient sa puissance immédiatement de Jésus-Christ; que toute personne, même de dignité papale, y est soumise en ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, et que tous y doivent obéir, même le Pape, qui est punissable s'il y contrevient. En conséquence le concile de Bâle définit qu'il est légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, et que personne, pas même le Pape, ne peut le dissoudre, le transférer, ni le proroger, sans le consentement des Pères de ce concile. »

Les autres articles se réduisent principalement aux propositions suivantes : les élections canoniques seront observées, et le Pape ne pourra plus réserver les évêchés et les autres bénéfices électifs.

Les grâces expectatives seront abolies ; les gradués seront préférés aux autres dans la collation des bénéfices, et, pour cet effet, ils feront insinuer leurs degrés pendant le carême.

Toutes les causes ecclésiastiques des provinces à quatre journées de Rome seront terminées dans le lieu même, hors les causes majeures et celles des églises qui  dépendent immédiatement du Saint Siège.

Dans les appels on gardera l'ordre des tribunaux. Jamais on n'appellera au Pape sans passer auparavant par le tribunal intermédiaire.

Si quelqu'un, se croyant lésé par un tribunal immédiatement sujet au Pape, porte son appel au Saint-Siège, le Pape nommera des juges sur les lieux mêmes, à moins qu'il n'y ait de grandes raisons d'évoquer tout à fait la cause à Rome.

Les appellations frivoles sont punies.

On règle la célébration de l'office divin et on défend les spectacles dans les églises.

On défend le concubinage, surtout aux clercs.

On réprime l'abus des censures ecclésiastiques, et on déclare que personne n'est obligé d'éviter les excommuniés s'ils ne sont nommément dénoncés, ou bien que la censure ne soit si notoire qu'on ne puisse ni la nier ni l'excuser.

Voilà les principales matières de la pragmatique sanction de Bourges. Elle fut enregistrée au parlement de Paris le 13 juillet de l'année suivante (1439) ; mais le roi en ordonna l'exécution du jour même de sa date, 7 juillet 1438 (1).

La pragmatique sanction de Bourges était radicalement nulle…

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(1). Hist de l'Égl. gall.,  1. 47.

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Message  Louis Lun 22 Juin 2015, 2:24 pm

Pragmatique sanction de Bourges. Défaut de cet acte.

(suite)

La pragmatique sanction de Bourges était radicalement nulle ; car tout contrat est nul qui n'est point consenti par les deux parties contractantes. Or la pragmatique était un contrat entre les Églises de France et le Pape pour régler les rapports mutuels de part et d'autre. Le consentement du Pape y était donc absolument nécessaire, d'autant plus qu'il était le supérieur ; car, dût-on admettre qu'un concile général est supérieur au Pape, l'assemblée de Bourges n'était certainement pas un concile général. Aussi le premier usage qu'elle fit de sa pragmatique fut d'y manquer, et heureusement. Dans ses premiers articles elle avait reconnu le concile de Bâle pour œcuménique et pour supérieur au Pape Eugène IV, avec obligation à toute personne d'obéir à ses décrets. Or, l'année suivante (1439), le concile de Bâle dépose Eugène IV et lui substitue Félix V, avec obligation à toute personne, sous peine d'anathème, de rejeter le premier et de se soumettre au second.

Cependant la France ne fait ni l'un ni l'autre ; elle continue à reconnaître Eugène IV et se moque du Pape de Ripaille et de Bâle, comme elle le déclara dans une nouvelle assemblée de Bourges tenue en l440.

Le 2 septembre de cette année le roi Charles VII publia une déclaration par laquelle il ordonnait à tous ses sujets d'obéir au Pape Eugène, avec défense de reconnaître un autre Pape ou de répandre dans le public aucunes lettres ou expéditions portant le nom de quelque autre que ce fût qui prétendrait au pontificat. Cependant Monsieur de Savoie, car ainsi Charles VII appelait-il l'antipape, lui était uni par les liens du sang.

Cette déclaration du roi et de l'assemblée de Bourges fut religieusement observée dans toute la France, excepté dans l'université de Paris, où l'on se déclara assez ouvertement pour l'antipape. La raison en est fort simple : les docteurs de Paris dominaient dans la cohue de Bâle, l'antipape était de leur fabrique, leurs confrères de Paris ne pouvaient manquer de le reconnaître.

Quant au roi Charles VII, sur la fin de l'année 1441 il envoya une ambassade au Pape Eugène…

A suivre : Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.

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Message  Louis Mar 23 Juin 2015, 12:22 pm

Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV
sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.

Quant au roi Charles VII, sur la fin de l'année 1441 il envoya une ambassade au Pape Eugène pour demander la convocation d'un concile général qui pût terminer les troubles de la chrétienté. L'orateur principal fut l'évêque de Meaux, Pierre de Versailles, auparavant évêque de Digne et originairement religieux de l'abbaye de Saint-Denis, Il eut son audience en plein consistoire, le 16 décembre, et il parla au Pape en ces termes :

« Le roi très-chrétien, notre maître, implore votre assistance, très-saint Père, ou plutôt c'est tout le peuple fidèle qui vous adresse ces paroles de l'Ecriture : Soyez notre chef et notre prince. Non que personne doute parmi nous que vous n'ayez la principauté dans l'Église ; car nous savons que l'état de l'Église a été constitué monarchique par Jésus-Christ même; mais nous vous demandons d'être notre prince par les fonctions du zèle et par les attentions. Nous vous prions de gouverner sagement la barque de saint Pierre au milieu des tempêtes dont elle est agitée.                                          

« Les princes de l'Église, très-saint Père, ne doivent pas ressembler à ceux des nations; ceux-ci n'ont souvent d'autre règle de gouvernement que leur propre volonté ; au contraire les princes de l'Église doivent tempérer l'usage de leur autorité, et c'est pour cela que les saints Pères ont établi des lois et des canons. Or voici la source des maux qui affligent l'Église. Il y a deux extrémités : l'une consiste à exercer l'autorité ecclésiastique, comme les princes des nations exercent la leur, sans règle et sans mesure ; l'autre est l'entreprise de ceux qui, pour corriger ses abus, ont voulu anéantir l'autorité, qui ont nié que la puissance suprême réside dans l'Église, qui ont attribué cette puissance à la multitude, qui ont changé tout l'ordre ecclésiastique en détruisant la monarchie que Dieu y a placée, pour y substituer la démocratie ou l'aristocratie, qui en sont venus, non-seulement sous le rapport du chef, mais encore sous celui de la doctrine, jusqu'à causer un schisme exécrable parmi les fidèles.

« Ces considérations, très-saint Père, ont touché le roi très-chrétien, et, pour éteindre ces deux extrémités, il a résolu de solliciter la convocation d'un concile général. Celui de Bâle a poussé trop loin la seconde extrémité quand il s'est efforcé d'éteindre la vérité sur la puissance suprême dans un seul. Celui de Florence, que vous tenez actuellement, a bien éclairci cette vérité, comme on le voit dans le décret pour les Grecs, mais il n'a rien déterminé pour tempérer l'usage de cette puissance. C'est ce qui a fait que plusieurs le croient trop voisin de la première extrémité. Un troisième pourra donc prendre le juste milieu et remettre tout dans l'ordre.

«  On me dira sans doute…

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Message  Louis Mer 24 Juin 2015, 11:58 am

Sage discours de l’ambassadeur de Charles VII à Eugène IV
sur les moyens d’éteindre le schisme de l’antipape de Ripaille.


(suite)

«  On me dira sans doute qu'il n'est plus besoin de conciles généraux, qu'on en a assez tenus jusqu'ici, que l'Église romaine suffit pour terminer toutes les controverses, qu'un prince ne confie pas volontiers ses droits à la multitude, qu'on s'expose encore, par la convocation d'un concile, aux mouvements qui ont agité l'assemblée de Bâle; mais, pour répondre à cela, il suffit de jeter les yeux sur l'état présent de l'Église. Il doit y avoir dans vous, très-saint Père, et dans tous les autres prélats, deux sortes d'autorités : l'une de puissance et d'institution divine, l'autre de confiance auprès des peuples et de bonne réputation. La première, quoiqu'elle ne puisse vous manquer, a besoin toutefois d'être soutenue par la seconde, et vous obtiendrez celle-ci au moyen d'un concile général, non tel qu'il est à Bâle, mais tel que le roi très-chrétien le demande, c'est-à-dire un concile qui soit célébré par votre ordre et qui soit réglé selon les décrets des saints Pères. Une telle assemblée ne sera point une multitude confuse, et votre puissance monarchique, qui vient du Ciel, qui est attestée par l'Évangile, qui est reconnue des saints et de l'Église universelle, ne sera exposée à aucun danger. »

L'orateur montre ensuite combien il est dangereux de refuser la convocation de ce concile; il s'étend fort au long sur les entreprises des prélats de Bâle, qu'il condamne très-vivement, jusqu'à dire que, d'après leur pratique et leurs maximes, il n'y a plus de paix possible dans l'Eglise, et qu'un très-grand nombre se demandent si ce schisme ne serait pas cette grande apostasie dont parle saint Paul aux Thessaloniciens et qui doit ouvrir la porte à l'Antéchrist. Il termine toute sa harangue par cette déclaration :

« J'ai voulu dire tout ceci en public, très-saint Père, pour vous faire connaître les droites intentions du roi, mon maître, dans l'affaire présente; il ne s'attache point à la chair et au sang, mais il écoute la voix du Père céleste ; d'où il apprend à vous reconnaître et à vous révérer comme le souverain Pontife et le chef de tous les chrétiens, le vicaire de Jésus-Christ, conformément à la doctrine des saints et de toute l'Eglise ; et, parce qu'il voit que ces vérités s'obscurcissent aujourd'hui, il demande la célébration d'un concile général. En quoi il manifeste également sa justice et sa piété.

« Quant à votre personne, très-saint Père, il a pour vous des sentiments qui passent les bornes de l'amour filial ordinaire. Il parle toujours de vous avec considération; il n'aime pas que d'autres se permettent d'en parler autrement ; il conçoit de vous les espérances les plus favorables ; il compte que, après avoir réconcilié tous les Orientaux à l'Église romaine, vous rétablirez aussi les affaires de l'Occident (1),  »

Certes ce discours fait honneur au bon sens de la France. Malgré les intrigues des docteurs universitaires, le roi et l'épiscopat remarquèrent bientôt et nettement la tendance révolutionnaire et anarchique de Bâle. Quant à régler amiablement le rapport des Églises de France avec le Saint-Siège pour remédier à certains abus, la chose n'était pas malaisée; il aurait suffi d'envoyer à Florence quelques évêques de plus, semblables à l'évêque de Meaux ; tout se serait promptement arrangé, à la satisfaction de tout le monde, et l'exemple de la France aurait entraîné le reste de l'Occident, mais vouloir un troisième concile n'était plus de la même sagesse; aussi le Pape n'eut-il garde d'y consentir.

En 1444 Eugène IV…

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(1) Raynald, ann. 1441, n. 9.
A suivre : Eugène IV crée gonfalonier ou généralissime de l’Église romaine le Dauphin de France.

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Message  Louis Jeu 25 Juin 2015, 12:25 pm

Eugène IV crée gonfalonier ou généralissime de l’Église romaine le Dauphin de France.

 En 1444 Eugène IV créa général et grand-gonfalonier de l'Église romaine le Dauphin de France, qui fut depuis le roi Louis XI, lui assignant quinze mille florins de pension à prendre chaque année sur la chambre apostolique. Le Dauphin fit effectivement une expédition jusqu'aux portes de Bâle, où il battit un corps de Suisses et répandit la consternation parmi ceux qui s'y trouvaient encore au prétendu concile (1). Cette expédition fut suivie d'une longue trêve entre la France et l'Angleterre, événement qu'on regarda comme le prélude d'une bonne paix. Pour obtenir de Dieu ce bien si nécessaire et si désiré il y eut à Paris des fêtes publiques, entre autres une procession solennelle où l'on porta toutes les reliques de la ville (2).

Au mois de novembre 1446 le roi Charles VII, étant à Tours, fit avec son conseil un projet d'accommodement entre les deux partis qui divisaient l'Église ; il portait que toutes les censures publiées de part et d'autre seraient révoquées; que le Pape Eugène serait reconnu de tous comme avant le schisme; que Monsieur de Savoie, appelé Félix dans son obédience, renoncerait à la papauté; qu'on lui conserverait le plus haut rang dans l'Église après la personne du Pape, et que ses partisans seraient maintenus aussi dans leurs dignités, grades et bénéfices (3).

L'empire d'Allemagne travaillait à peu près dans le même sens…

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(1) Raynald, ann. 1444, n. 13. — (2) Journal de Charles VII — (3) Spicileg., t. 4, p. 321. Jean Chartier, p. 229.
A suivre : L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité, se déclare tout à fait pour Eugène IV contre l'assemblée de Bâle et l'antipape par les négociations d’Ænéas Sylvius.

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Message  Louis Ven 26 Juin 2015, 12:20 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.

L'empire d'Allemagne travaillait à peu près clans le même sens. Il était demeuré vacant par le décès de Sigismond, qui mourut le 8 décembre 1437. Sigismond eut pour successeur Albert d'Autriche, son gendre, qui fut élu roi des Romains le 20 mars 1438. Le Pape Eugène, ayant appris son élection, lui écrivit de Ferrare pour l'en féliciter, l'exhortant à protéger l'Église, particulièrement le Saint-Siège, et lui promettant le secours de Dieu s'il lui était fidèle. Albert II n'eut point assez d'énergie pour le bien. Le 23 avril de l'année suivante le Pape lui écrivit de Florence :  


« Dans la réponse que j'ai reçue de votre part, je vois que vous craignez de n'être plus en état d'apaiser le trouble que nous voyons dans l'Église si vous témoignez incliner à un parti plus qu'à un autre. Nous croyons que votre intention est bonne, voulant ainsi paraître neutre; mais ce n'est pas le moyen de détourner le péril dont l'Église est menacée ; au contraire, c'est donner lieu à une pernicieuse doctrine contre l'autorité du Saint-Siège et l'unité de l'Église, que quelques-uns veulent troubler sous prétexte de la réformation qu'ils ont toujours eue en horreur. Si leurs efforts ne sont réprimés ils ouvrent une large porte à la désunion de l'Église, à la sédition des peuples et au renversement de tout ordre politique. Or vous n'ignorez pas ce que vous avez à faire comme premier défenseur du Saint-Siège et de toute l'Église. »


Dans une autre lettre, du 4 juillet, le Pape le presse de nouveau, lui promettant de la part de Dieu la paix et la victoire s'il vient au secours de son Église. Albert demeura sourd aux prières du Pontife, quoiqu’il eût pu facilement dissiper l'assemblée séditieuse de Bâle ; il essaya aussi faiblement que vainement, dans une diète de Nuremberg, de rétablir la paix entre les deux partis; aussi ne mérita-t-il point la protection du Ciel. Il marcha contre les Turcs, revint sans gloire, et mourut au bout de peu de temps, savoir le 27 octobre de la même année (1439) (1).

Frédéric d'Autriche, son cousin paternel…

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(1) Raynald, ann. 1439, n. 22, 23 et 39.

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Message  Louis Sam 27 Juin 2015, 11:28 am

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Frédéric d'Autriche, son cousin paternel, fut reconnu roi des Romains le 21 mars de l'année suivante. Il fut élu à l'unanimité dans une diète de Francfort, qui, ce jour-là même, fit une protestation portant en substance :

« Nous, princes, électeurs du saint-empire romain, faisant attention à ce qui nous fut hier proposé par Antoine, évêque d'Urbin, delà part de notre Saint-Père le Pape Eugène IV, et ensuite par le patriarche d'Aquilée, l'archevêque de Palerme et l'évêque de Varmie, au nom du saint concile de Bâle, avons trouvé que leurs propositions tendent à des fins contraires. Le Pape prétend que le concile n'est point légitime et ne lui défère aucune autorité. Au contraire le concile de Bâle n'attribue au Pape aucun exercice de ses fonctions. On publie tous les jours dans nos diocèses et nos provinces des édits et des procédures contraires du Pape et du concile, ce qui nous fait craindre que cette division ne s'étende jusqu'aux chefs des deux puissances de l'empire et du sacerdoce, et que les deux, étant brisées, ne se puissent secourir l'une l'autre.

« Nous craignons aussi que l'élection d'un roi des Romains, que nous allons faire, ne soit annulée sous prétexte de quelque censure. Pour prévenir ces dangers et conserver l'union, nous protestons, avant toutes choses, que, parce que nous disons maintenant et pourrons faire à l'avenir, nous ne voulons point nous retirer de l'obéissance et du respect dus au Saint-Siège apostolique et à l'Église de Rome ; mais, assemblés pour l'élection d'un roi des Romains, nous ne devons pas nous en détourner pour penser à autre chose, suivant l'ordonnance de l'empereur Charles IV. Nous ne pouvons donc tenir compte des censures que le Pape et le concile publient l'un contre l'autre. C'est pourquoi nous demeurons en suspens, sans paraître favoriser un parti plus que l'autre, et nous maintiendrons dans nos diocèses et nos provinces les juridictions des ordinaires, sous la souveraine puissance du Pape ou du concile, jusqu'à ce que nous ayons élu un roi des Romains avec lequel nous puissions traiter des moyens les plus convenables pour l'union entre le Pape et le concile de Bâle (1) »

Tel fut l'acte de neutralité des princes de l'empire, daté de Francfort, le 21 mars 1440. Cette neutralité consistait non pas à ne reconnaître ni l'un ni l'autre, le Pape ou le concile, mais à les reconnaître l'un et l'autre, toutefois avec une différence notable.

Il se tint deux diètes en Allemagne…

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(1). Cochlæus l. 9, 333.

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Message  Louis Dim 28 Juin 2015, 12:55 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

 Tel fut l'acte de neutralité des princes de l'empire, daté de Francfort, le 21 mars 1440. Cette neutralité consistait non pas à ne reconnaître ni l'un ni l'autre, le Pape ou le concile, mais à les reconnaître l'un et l'autre, toutefois avec une différence notable.

Il se tint deux diètes en Allemagne, l'une à Mayence, l'autre à Francfort, pour concilier les deux partis ; les Bâlois y avaient leurs députés, le Pape ses légats. Dans toutes les occasions ceux-ci eurent l'avantage sur leurs adversaires, en sorte qu'à Mayence les députés des Bâlois furent la risée des princes de l'empire, qui ne voulurent plus les écouter après avoir entendu avec de grands applaudissements les légats d'Eugène (1).

Ces députés ne réussirent pas mieux à Francfort, où l'empereur Frédéric III était présent. Ils dirent tout ce qu'ils purent en faveur de leur concile, de la déposition d'Eugène et de l'exaltation de Félix; mais les légats d'Eugène, ayant parlé à leur tour, firent connaître qu'on ne devait point écouter des gens condamnés ; que les fruits de l'assemblée de Bâle étaient le schisme, la division et l'abomination dans l'Église de Dieu; qu'au contraire le concile de Florence avait produit l'union et la conversion des Grecs, des Arméniens, des Jacobites et des Ibériens, et par conséquent qu'il fallait rejeter les Bâlois avec leur idole et recevoir et honorer le Pape Eugène comme le vrai vicaire de Jésus-Christ.

Cependant l'Allemagne persista encore dans la neutralité, mais avec cette différence que les ambassadeurs de l'empire qui furent envoyés auprès d'Eugène eurent ordre de l'honorer comme le vrai Pontife romain, de le prier d'excuser le roi et les princes s'ils demeuraient si longtemps neutres, et de demander à Sa Sainteté la tenue d'un autre concile non douteux en Allemagne, comme l'unique moyen d'établir la paix dans l'Église. Au contraire ceux qui furent envoyés à Bâle eurent défense de rendre aucun des hommages dus au Pape à l'antipape Amédée, avec lequel ils devaient seulement traiter par la médiation de quelques personnes tierces (2).

Le Pape répondit aux ambassadeurs de l'empire qu'il était surprenant…

_________________________________________

(1) Acta Patriciana, cap. 117 et 118. Labbe, t, 13, col. 1599 et seqq, — (2) Id., ibid.

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Message  Louis Lun 29 Juin 2015, 12:01 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Le Pape répondit aux ambassadeurs de l'empire qu'il était surprenant que le roi des Romains et les princes demandassent un concile général non douteux pendant que lui-même, souverain Pontife, en célébrait un par son autorité apostolique et du consentement de tous les patriarches de l'univers chrétien ; concile général que l'on ne pouvait regarder comme douteux sans combattre la foi catholique et résister à l'ordre de Dieu. Ceux qui étaient dans cette erreur devaient se faire instruire, rejeter les sentiments perfides et insensés des Bâlois et recevoir la doctrine du Siège apostolique. Il n'y avait qu'à s'adresser à ce concile œcuménique, célébré par un grand concours de prélats, pour être éclairci de ses doutes, si l'on en avait.

Cependant, pour obliger le roi des Romains et les princes, sitôt que lui, Pape Eugène, serait arrivé à Rome, où il avait transféré ce même concile dans l'église de Latran, il y convoquerait un plus grand nombre de prélats, avec lesquels il verrait s'il était expédient d'en assembler un autre et quels seraient ceux qu'on y appellerait ou qu'on exclurait. En attendant il enverra ses légats en Allemagne pour en traiter avec le roi et les princes, encore qu'il ne lui parût pas qu'on pût rien négocier de bon avec eux s'ils ne quittaient la neutralité, chose inouïe à la foi chrétienne, et s'ils ne rentraient sous l'obédience du Siège apostolique, ce qui était l'unique moyen de donner la paix à l'Église. Moyennant cela il concourra volontiers avec les autres rois et princes qui lui étaient demeurés attachés, pour célébrer un autre concile (1).

La neutralité de l'Allemagne ne fut d'abord résolue que pour six mois, elle dura six ans. Enfin, l'an 1445, les prélats restants de Bâle pressèrent le roi et les princes de se déclarer en leur faveur, Frédéric III reconnaissait personnellement Eugène IV pour seul et vrai Pape ; il résolut de profiter de la conjoncture pour le reconnaître officiellement. Il lui envoya Ænéas Sylvius, son secrétaire intime.

Ænéas Sylvius Picolomini naquit dans la Toscane…

__________________________________________________

(1) Acta Patriciana, cap. 135.


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Message  Louis Mar 30 Juin 2015, 1:23 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Ænéas Sylvius Picolomini naquit dans la Toscane, de parents illustres, mais exilés et si pauvres qu'il lui fallut d'abord gagner sa vie à la sueur de son visage. Comme il montrait du génie pour les lettres, quelques amis de la famille prirent soin de ses études ; il les poussa si loin et si heureusement qu'il passa pour un des plus savants hommes et des plus grands politiques de son siècle. Le cardinal Capranica, le sachant fort habile en droit, voulut qu'il l'accompagnât au concile de Bâle ; il y fut honoré de la charge de secrétaire, et il y soutint pendant quelque temps les intérêts de cette assemblée, avec beaucoup de chaleur, contre Eugène IV. Il se déclara ouvertement pour l'antipape Félix V, qui l'envoya en ambassade à Frédéric III.

L'empereur, charmé de son mérite et de sa capacité, en fit son secrétaire et son conseiller, lui donna beaucoup de part dans ses bonnes grâces, et enfin l'envoya au Pape avec des instructions confidentielles.

Admis à l'audience d'Eugène IV, Ænéas Sylvius commença par lui dire :


« Très-saint Père, avant que de vous exposer les ordres de l'empereur, souffrez que je dise un mot de moi-même. Je ne doute pas qu'il ne soit venu à vos oreilles quantité de choses sur mon sujet qui ne sont pas à mon avantage; elles ne méritaient pas de vous être rapportées ; mais je dois pourtant avouer que mes délateurs n'ont rien dit que de vrai. Oui, j'ai dit, fait et écrit à Bâle plusieurs choses contre vous. Je ne puis le nier. Ce n'a pourtant pas été dans le dessein de vous nuire, mais plutôt d'être utile à l'Église. J'ai été dans l'erreur ; qui peut le nier ? mais j'y ai été avec un grand nombre de grands hommes : avec Julien, cardinal de Saint-Ange; avec Nicolas, archevêque de Palerme ; avec Louis Pontanus, secrétaire de votre Siège, qui passaient pour les plus grandes lumières dans le droit et pour les docteurs de la vérité ; sans parler des universités et des collèges, dont la plupart étaient contre vous. Qui est-ce qui n'aurait pas erré avec des personnages de ce caractère et de ce mérite? Il est vrai que, quand je m'aperçus de l'erreur de ceux de Bâle, je ne me réfugiai pas d'abord vers vous, comme la plupart ont fait; mais, craignant de tomber d'une erreur dans une autre, et, comme on dit, de Charybde en Scylla, je me suis rangé, après bien des consultations et des combats, avec ceux qui avaient pris le parti de la neutralité. J'ai demeuré pendant trois ans auprès de l'empereur dans cette situation, où, après avoir entendu assidûment les contestations entre ceux de Bâle et vos légats, j'ai été convaincu que la vérité était de votre côté. C'est par ce motif que, l'empereur voulant m'envoyer à Votre Clémence, j'ai accepté ce parti avec joie, dans l'espérance de rentrer en grâce avec vous. Me voici donc devant vous, et, comme j'ai péché par ignorance, je vous prie de me pardonner. Après quoi je vous expliquerai les intentions de l'empereur (1). »


Eugène IV non-seulement lui pardonna, mais…

___________________________________________________

(1). Gobelini commentarii Papæ Pii II, 1. 1, p. 9.

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Message  Louis Mer 01 Juil 2015, 12:42 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Eugène IV non-seulement lui pardonna, mais, quelque temps après, le fit son secrétaire, sans qu'il quittât cette charge auprès de Frédéric. De plus, pour suivre cette négociation à Vienne, il envoya son chapelain, Jean de Carvajal, qui avait de plus la mission ostensible de régler les affaires ecclésiastiques de Hongrie. Carvajal était un homme habile, il réussit dans sa négociation. Le Pape promit à Frédéric de faciliter de toutes manières son couronnement comme empereur, de supporter même une partie des frais, de lui accorder ensuite une dîme sur toutes les prébendes et bénéfices en Allemagne, avec le droit exceptionnel, une fois pour toutes, de conférer cent prébendes et bénéfices, dans ses pays héréditaires, à des sujets capables. Il lui accorda de plus, sa vie durant, de présenter des sujets pour les six évêchés de Trente, de Brixen, de Coire, de Gurck, de Trieste et de Piben; enfin, le droit perpétuel de proposer au Saint-Siège des hommes de mérite pour visiter et surveiller sous son autorité tous les monastères, exempts ou non, dans les États héréditaires d'Autriche (2).

Fort de cet appui, Eugène IV déposa les archevêques de Cologne et de Trêves pour avoir pris ouvertement le parti de l'antipape Félix et du conciliabule de Bâle, et il mit Adolphe de Clèves sur le siège de Cologne, Jean de Cambrai sur celui de Trêves.

Les électeurs, choqués de cette entreprise contre deux de leurs collègues et contre les privilèges de l'empire, assemblèrent une diète à Francfort pour en délibérer ainsi que sur d'autres points concernant les libertés de l'Allemagne. Il y fut résolu que, si Eugène ne révoquait la déposition des archevêques, n'ôtait les taxes dont la nation était chargée par la cour de Rome, et ne reconnaissait la supériorité des conciles œcuméniques comme elle avait été décidée à Constance, ils se rangeraient du parti de Félix. Ils députèrent en même temps à l'empereur pour le prier de se liguer avec eux et d'envoyer au Pape pour lui notifier cette confédération. Il refusa d'entrer dans la ligue, la regardant comme une rébellion; mais il promit d'envoyer à Eugène pour le prier de révoquer la sentence de déposition et de ne pas traiter si cavalièrement les électeurs.

Ænéas Sylvius fut encore choisi pour cette ambassade.

Il était chargé de représenter au Pape que, s'il voulait rétablir les archevêques de Cologne et de Trêves dans leurs dignités, la neutralité cesserait en Allemagne et que tout le monde se déclarerait pour lui, mais que, s'il persistait à soutenir sa sentence, il était à craindre que le schisme durât longtemps et qu'on ne se déclarât pour Félix, comme les électeurs l'avaient déjà résolu dans un traité particulier entre eux. Sur cette proposition Eugène promit de faire tout ce que l'empereur voudrait; mais il n'était pas tout à fait le maître de se dédire. Adolphe de Clèves, nommé par Eugène à l'archevêché de Cologne, était neveu du duc de Bourgogne, et Jean de Cambrai, nommé à celui de Trêves, était frère naturel de ce duc. Il fallait donc avoir le consentement de ce dernier pour destituer l'un et l'autre d'une charge conférée à sa sollicitation. Le duc y consentit, et le Pape promit de rétablir les prélats dépouillés dans leurs dignités.

Cependant les princes d'Allemagne…

_______________________________________________

(2) Joseph Chmel, Hist. de Frédéric IV (III), t. 2, 1. 3 c. 4,  p. 377 et seqq. (en allemand).

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Message  Louis Jeu 02 Juil 2015, 12:11 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

 Cependant les princes d'Allemagne s'étaient ajournés à Francfort pour le mois de septembre de la même année (1446). Le Pape y envoya quatre nonces : Thomas de Sarzane, évêque de Bologne ; Jean de Los, évêque de Liège ; Jean de Carvajal et Nicolas de Cusa.

Thomas de Sarzane, qui fut depuis le Pape Nicolas V, devait passer chez le duc de Bourgogne pour obtenir son assentiment à l'affaire de Cologne et de Trêves ; il fut retardé quelque temps par une maladie.

Les autres, étant arrivés à la diète de Francfort, y trouvèrent, en qualité de légat du concile de Bâle, l'archevêque d'Arles, qui était sur le point d'officier comme tel à la diète ; mais les envoyés de l'empereur s'y opposèrent, ainsi que la bourgeoisie de Francfort. Ænéas Sylvius, principal envoyé de l'empereur, avait pour commission secrète de rompre la coalition des électeurs ou du moins d'en détacher quelques-uns. Il parvint à gagner l'archevêque de Mayence, non sans peine; car, Thomas de Sarzane n'étant pas encore arrivé, les autres légats ne pouvaient donner que des promesses, mais non une réponse définitive et satisfaisante sur le rétablissement des deux archevêques de Cologne et de Trêves.

Thomas étant enfin arrivé avec une décision favorable, les princes résolurent d'envoyer une nouvelle ambassade à Rome pour jurer obéissance à Eugène IV, aux conditions suivantes : qu'il assemblerait un nouveau concile œcuménique, qu'il reconnaîtrait la supériorité des conciles généraux, qu'il remédierait aux griefs de la nation germanique, qu'il rétablirait dans leurs dignités les deux archevêques, à condition de lui adhérer par une vraie obéissance.

Le Pape Eugène IV satisfit à ces demandes par plusieurs bulles…

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Message  Louis Ven 03 Juil 2015, 12:48 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Le Pape Eugène IV satisfit à ces demandes par plusieurs bulles qui portaient:

1° Amnistie de tout ce qui s'était passé entre le concile de Bâle et Eugène, aussi bien que pendant la neutralité, avec une abolition de tous les procès à cette occasion (1).

2° A l'égard du concile, que l'empereur, les électeurs et les princes d'Allemagne demandaient dans l'une des cinq villes, Constance, Strasbourg. Mayence, Worms ou Trêves, le Pape promit qu'on en assemblerait un dans dix mois, pourvu qu'on pût en obtenir l'agrément des autres princes de l'Europe, et, à défaut de ce consentement, il offrait d'en assembler un dans dix-huit mois, dans le lieu qu'il jugerait convenable.  

« 3° Quant au concile général de Constance, son décret Frequens et ses autres décrets, ainsi que les autres conciles représentant l'Église catholique militante nous en recevons, embrassons et vénérons la puissance, l'autorité, l'honneur et l'éminence, comme l'ont fait nos prédécesseurs, des traces desquels nous n'entendons aucunement nous écarter (1). »

Telles sont les propres paroles d'Eugène, dans sa bulle du 5 février 1447, paroles auxquelles la plupart des historiens n'ont guère fait attention. On y voit qu'il ne reçoit le concile de Constance que sur le pied où le reçut Martin V, qui ne laissa pas de défendre, par une constitution expresse, d'appeler des jugements du Pape au concile général.

4° Dans une autre bulle du même jour, sur les instances de l'empereur et des princes d'Allemagne, il promet aux archevêques de Cologne et de Trêves le rétablissement dans leurs sièges dès qu'ils l'auront reconnu pour le vrai vicaire de Jésus-Christ par une pleine obéissance (2)

Dans une lettre du 22 juillet de l'année précédente (1446) à ses nonces en Allemagne, il les autorisait à reconnaître en son nom le concile de Bâle depuis son commencement jusqu'à sa translation à Ferrare ; « mais sans préjudice du droit, de la dignité et de la prééminence du Saint-Siège apostolique et de la puissance qui lui a été donnée par Jésus-Christ dans la personne de saint Pierre, ainsi qu'à celui qui y est canoniquement assis (3). »

Enfin, par une bulle du 5 février 1447, il déclare que la violence de sa maladie ne lui permettait pas de donner à cette importante affaire toute l'attention qu'il aurait fallu ; il révoque, annule, comme non avenu, tout ce qui, dans ses réponses et concessions, se trouverait contraire à la doctrine des Pères, aux prérogatives et à l'autorité du Saint-Siège (4).

Eugène IV était effectivement très-malade…

________________________________________________

(1) Raynald, ann. 1447,  n, 4. —  (1) Raynald, ann. 1447, n. 5. — (2) Id., ibid., n, 7. — (3) Id., ann. 1446, n, 3. — (4) Id., ann. 1447, n. 7.

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Message  Louis Sam 04 Juil 2015, 1:30 pm

L'Allemagne, qui gardait une espèce de neutralité,
se déclare tout à fait pour Eugène IV
contre l'assemblée de Bâle et l'antipape
par les négociations d’Ænéas Sylvius.


(suite)

Eugène IV était effectivement très-malade, et ce fut dans sa chambre et sur son lit que les ambassadeurs de l'empereur et des princes lui offrirent l'hommage et la soumission de l'Allemagne, le reconnaissant pour vrai, unique et indubitable pasteur de l'Église romaine, successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ. C'est là qu'il remit ses lettres de pacification à Ænéas Sylvius, le principal personnage de l'ambassade.

De la chambre du Pontife malade les ambassadeurs se rendirent au consistoire, auquel présidaient les cardinaux, et y renouvelèrent l'obédience de l'Allemagne au vicaire du Christ. On ordonna des prières publiques en actions de grâces, on sonna les cloches et les trompettes dans toute la ville, on alluma des feux de joie. Les cardinaux et les autres prélats assistèrent à une procession solennelle, depuis l'église de Saint-Marc jusqu'à celle de Saint-Jean de Latran.

Dans cette procession l'on porta la mitre du Pape saint Sylvestre, qu'on venait de rapporter d'Avignon, et qu'Eugène IV avait fait transférer du Vatican au palais de Latran. On porta pareillement le chef de saint Jean-Baptiste et les autres principales reliques des églises; on chanta la messe, et le prédicateur ne manqua pas de faire l'éloge du Pape Eugène et de l'empereur Frédéric (1).

Nous apprenons ces détails d'un Frère prêcheur…

___________________________________________________

(1) Antonin, l.  22, c, 11, § 17.
A suivre : Saint Antonin, archevêque de Florence.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 12:16 pm

Saint Antonin, archevêque de Florence.

 Nous apprenons ces détails d'un Frère prêcheur, saint Antonin. Il était venu au concile de Florence par ordre d'Eugène IV ; il assista en qualité de théologien à toutes les sessions et à toutes les disputes que les Latins eurent avec les Grecs. Durant le séjour qu'il fit à Florence on l'élut prieur du couvent dominicain de Saint-Marc, qui était dans cette ville, et pour lequel le célèbre Côme de Médicis, surnommé le Père de sa patrie, faisait bâtir alors une magnifique église, qui fut consacrée par le Pape Eugène IV. Lorsqu'il y eut établi une parfaite régularité il entreprit la visite des couvents de son ordre qui étaient dans la Toscane et dans le royaume de Naples.

Pendant qu'Antonin était dans le cours de ses visites le siège archiépiscopal de Florence vint à vaquer par la mort de Barthélemi Zabarella. On fut longtemps sans donner de successeur à ce prélat à cause des intrigues de plusieurs prétendants ; mais Eugène IV n'eut pas plus tôt nommé Antonin comme possédant toutes les qualités requises dans un bon évêque que les Florentins, qui désiraient d'ailleurs un homme de leur ville, acquiescèrent unanimement à son choix. Le saint, absent depuis deux ans, fut sensiblement affligé de la nouvelle de son élection ; il forma le dessein de prendre la fuite et d'aller se cacher dans l'île de Sardaigne; mais on l'empêcha de l'exécuter. Ayant été obligé de se rendre à Sienne, il écrivit de là au Pape une lettre fort touchante; il le conjurait de ne pas le charger d'un fardeau que ses épaules ne pourraient porter, alléguant qu'il approchait de la fin de sa carrière et qu'il était d'ailleurs épuisé par les fatigues et les maladies. Il insistait encore beaucoup sur son indignité personnelle et sur son défaut de capacité. « Voudriez-vous, disait-il, traiter en ennemi un homme à qui vous avez donné tant de marques de bonté? » Le Pape fut inflexible, et il lui ordonna de se retirer sans délai au couvent de Fiésoli. Il écrivit en même temps aux Florentins pour leur mander qu'il leur avait envoyé un archevêque aux portes de leur ville.

Les personnes les plus qualifiées de Florence, ayant à leur tête Côme de Médicis, allèrent à Fiésoli pour y faire leur compliment à Antonin; mais ils le trouvèrent entièrement opposé à leurs désirs. Ils ne purent, malgré les plus instantes prières, obtenir de lui qu'il devînt leur pasteur. Le Pape, informé de tout ce qui s'était passé, lui envoya un ordre d'obéir, et le menaça même de l'excommunication s'il persistait dans sa résistance à la volonté de Dieu. Antonin se rendit, après avoir versé beaucoup de larmes; il se laissa sacrer et prit possession de son archevêché au mois de mars 1446.

La régularité qui régnait dans sa maison et dans toute sa conduite retraçait les temps apostoliques. Sa table, ses habits et ses ameublements montraient l'estime qu'il faisait de la pauvreté, de la modestie, de la simplicité. Il disait ordinairement qu'un successeur des apôtres ne devait avoir d'autres richesses que la vertu. Il pratiquait les observances de sa règle autant que son état pouvait le lui permettre. Sa maison n'était composée que de six personnes, auxquelles il donnait des gages assez considérables pour leur ôter la tentation de rien désirer au delà et par conséquent pour couper racine à toutes sortes d'injustices. Il nomma d'abord deux grands-vicaires ; mais il se réduisit depuis à un seul.

La régularité qui régnait dans sa maison et dans toute sa conduite retraçait les temps apostoliques…

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Message  Louis Lun 06 Juil 2015, 11:46 am

Saint Antonin, archevêque de Florence.

(suite)

La régularité qui régnait dans sa maison et dans toute sa conduite retraçait les temps apostoliques. Sa table, ses habits et ses ameublements montraient l'estime qu'il faisait de la pauvreté, de la modestie, de la simplicité. Il disait ordinairement qu'un successeur des apôtres ne devait avoir d'autres richesses que la vertu. Il pratiquait les observances de sa règle autant que son état pouvait le lui permettre. Sa maison n'était composée que de six personnes, auxquelles il donnait des gages assez considérables pour leur ôter la tentation de rien désirer au delà et par conséquent pour couper racine à toutes sortes d'injustices. Il nomma d'abord deux grands-vicaires ; mais il se réduisit depuis à un seul, afin qu'il y eût moins de variations dans le gouvernement, et, comme il était persuadé qu'un évêque est obligé de travailler par lui-même, il expédiait presque toutes les affaires, après avoir cependant pris l'avis de son conseil. Il se déchargea du soin de son temporel sur une personne de probité et entendue, pour ne s'occuper que du spirituel. Chaque jour il donnait audience à ceux qui se présentaient, et il se montrait en toute occasion le protecteur et le père des pauvres. Sa bourse et ses greniers étaient moins à lui qu'aux indigents, et, lorsqu'ils étaient épuisés, il donnait une partie de ses meubles et de ses habits. On ne le vit jamais rien posséder de précieux ; il n'avait ni chiens ni chevaux ; une mule suffisait aux besoins de sa maison ; encore la vendait-on quelquefois pour assister les pauvres. Des personnes riches demandaient alors à l'acheter, pour avoir occasion de la rendre au saint en forme de présent.  

Ce fut par une suite de cette même charité que le saint archevêque fonda le collège de Saint-Martin. Il fut destiné à fournir du soulagement à ceux qui se trouvaient dans le besoin et qui n'osaient faire connaître leur misère ; il suffit aujourd'hui à l'entretien de plus de six cents familles. A tant de vertus Antonin joignait une patience admirable; il supportait non-seulement les importunités et l'insolence des pauvres, mais même les mauvais traitements de ses ennemis ; aussi cette patience opéra-t-elle souvent les plus heureux effets. On imputait divers crimes à un nommé Ciardi ; l'archevêque le cita à comparaître devant lui pour répondre aux accusations dont on le chargeait. Ce malheureux forma le noir projet d'ôter la vie à son pasteur ; il lui porta même un coup de poignard. Le saint, par une protection de Dieu, ne fut point blessé. Loin de chercher à se venger de son assassin il lui pardonna généreusement et pria pour sa conversion. Le coupable reconnut l'énormité de son crime ; il en fit pénitence et entra dans l'ordre de Saint-François.

Antonin savait montrer de la fermeté lorsque la gloire de Dieu y était intéressée…

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Message  Louis Mar 07 Juil 2015, 11:58 am

Saint Antonin, archevêque de Florence.

(suite)

Antonin savait montrer de la fermeté lorsque la gloire de Dieu y était intéressée ; il supprima les jeux de hasard et réforma plusieurs autres abus qui s'étaient glissés dans tous les ordres. Il prêchait tous les dimanches et tous les jours de fête. Chaque année il faisait la visite de son diocèse, et toujours à pied.        
                               
Il jouissait d'une grande réputation de sagesse et d'intégrité ; aussi venait-on le consulter de toutes parts. Les personnes les plus qualifiées s'adressaient à lui avec confiance et respectaient ses décisions comme des oracles. Ce fut ce qui lui fit donner le surnom d'Antonin le Conseiller.

Malgré la multiplicité des affaires dont il était accablé il n'en était pas moins recueilli devant Dieu. Outre l'office de l'Église, il disait chaque jour celui de la Vierge et les psaumes de la Pénitence. Il récitait l'office des Morts deux fois la semaine et tout le psautier les jours de fête. Au milieu des plus fortes occupations il ne perdait rien de la sérénité de son âme. François Castillo, son secrétaire, lui ayant dit une fois que les évêques seraient bien à plaindre s'ils devaient être, comme lui, perpétuellement accablés d'affaires, il fit une réponse qu'il faudrait, selon l'auteur de sa vie, écrire en caractères d'or. « Toutes les affaires, dit-il, ne nous empêcheront point de jouir de la paix intérieure si nous nous réservons dans nos cœurs une retraite où nous puissions être avec nous-même et où les embarras du monde n'aient jamais la liberté d'entrer (1). »

Un saint de même caractère était le…

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(1) Acta SS.,  2 mai. Godescard, 10 mai.

A suivre : Mort du bienheureux Nicolas Albergati et de saint Bernardin de Sienne.

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Message  Louis Mer 08 Juil 2015, 3:39 pm

Mort du bienheureux Nicolas Albergati et de saint Bernardin de Sienne.

Un saint de même caractère était Le Bienheureux Nicolas d’Albergati, cardinal de Sainte-Croix, que nous avons vu mourir à Sienne le 9 mai 1443. Il était de l'ordre des Chartreux.

L'année suivante (1444) mourut Saint Bernardin de Sienne, de l'ordre de Saint-François. On l'avait élu, en 1438, vicaire général de son ordre. Il établit une réforme rigoureuse parmi les Franciscains de l'étroite observance d'Italie .Cinq ans après il demanda à être déchargé de la supériorité. Il continua de prêcher avec de grands fruits dans la Romagne, à Ferrare et dans la Lombardie. Il refusa plusieurs évêchés, entre autres celui de Sienne, disant, comme saint Paul, que le Seigneur l'avait envoyé non pour baptiser, mais pour prêcher l'Évangile. Il envoya de zélés missionnaires dans les diverses parties de l'Orient, en Égypte, en Éthiopie, en Assyrie et dans l'Inde. C'est ce qui amena tant d'ambassades lointaines, entre autres celle d'Éthiopie, au concile œcuménique de Florence, pour se réunir à l'Église romaine (1).

Cependant la doctrine de Bernardin fut déférée au Saint-Siège comme suspecte; mais, ayant été bien examinée, elle fut trouvée aussi sainte que sa vie. D'ailleurs ses prédications étaient accompagnées de beaucoup de miracles.

Il revint à Sienne en 1444. À la fin de l'hiver de la même année il se rendit à Massa, où il fit un discours fort pathétique sur l'union de la charité chrétienne. Les commencements d'une fièvre maligne ne purent arrêter la vivacité de son zèle; il continua de prêcher dans plusieurs villes et provinces.

Enfin il succomba sous la violence du mal, et il fut obligé de se mettre au lit en arrivant à Aquila, dans l'Abruzze. Il reçut les sacrements de l'Église le 20 mai 1444, la veille de l'Ascension, dans sa soixante-quatrième année. Sentant sa mort approcher, il se fit poser à terre, et les yeux élevés au ciel, il rendit à Dieu son âme au moment où on chantait cette antienne des premières vêpres : « Père, j'ai manifesté votre nom aux hommes, et maintenant je viens à vous ! »

Il se fit encore plus de miracles après sa mort que pendant sa vie. Sa canonisation fut entreprise aussitôt par Eugène IV, puis terminée par Nicolas V, en 1450. Son corps, renfermé dans une double châsse, dont l'une est d'argent et l'autre de cristal, se garde chez les Franciscains d'Aquila. Les ouvrages de saint Bernardin de Sienne furent imprimés à Paris, en 1636, en cinq volumes infolio ; ce sont des traités de piété, qui ont principalement pour objet la prière, l'amour de Dieu, l'imitation de Jésus-Christ et les fins dernières (2).

Cependant Eugène IV approchait lui-même de sa fin…

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(1). Acta SS., 20 mai. Vita antiquior, cap. 3, n. 17, — (2) Vita antiq., et Godescard, 20 mai.
A suivre : Derniers moments et pieuse mort du Pape Eugène IV.

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Message  Louis Jeu 09 Juil 2015, 11:58 am

Derniers moments et pieuse mort du Pape Eugène IV.

Cependant Eugène IV approchait lui-même de sa fin ; voici comment un de ses camériers raconte les derniers moments de sa vie.

« Le jour de Noël 1446 il se montra au peuple revêtu de ses habits pontificaux ; ensuite son corps commença à défaillir. Le jour de la Circoncision il immola l'Hostie salutaire dans sa chambre secrète, se préparant à la rencontre du Roi pour s'en aller au-devant de l'Époux ; car il voyait la dissolution de son corps imminente et sentait que le Seigneur l'appelait, comme il daigna nous l'apprendre lui-même. De là une marche plus lente, une nourriture plus rare, la pâleur dans le visage, la fatigue dans le corps. Ainsi fut-il les deux jours suivants. Le mercredi, ayant convoqué le collège des cardinaux, il entendit les ambassadeurs de l'empereur et des électeurs de l'empire qui lui apportaient la paix et l'obéissance de toute la nation germanique. Le soir, avant de se livrer au sommeil, il lisait matines, suivant sa coutume. Arrivé au capitule de laudes il s'arrêta un peu, comme de lassitude. Un de nous, le pasteur Arsène, croyant le moment favorable de lui dire quelque chose, se mit à lui parler de je ne sais quoi ; mais le Saint-Père lui dit gracieusement : « Laissez-nous achever l'œuvre de Dieu, et alors je dirai un mot pour rire, qui sera toutefois à mon propos. » Quand il eut fini les louanges de Dieu nous demandâmes ce qu'il avait promis. Il dit :

« Il y  avait à Athènes un certain Thémon, connu de peu de monde à cause qu'il se montrait rarement en public. S'étant donc un jour avancé au milieu de la place, une grande foule l'entoura, étonnée de voir cet homme. Lorsqu'il vit la multitude accourue de toutes parts il se mit à crier tout haut : « Si quelqu'un veut se pendre à mon figuier, qu'il se hâte avant que je l'abatte ; car j'en ai besoin pour réparer ma maison. » C'est que déjà plusieurs, emportés par le désespoir, étaient allés se pendre à cet arbre. » Le Pape s'étant tu à ces mots, Arsène reprit :

« A quel propos ceci, très-saint Père ? Que veut dire cette parabole? — Voici la parabole, fut sa réponse. Si quelqu'un de vous a besoin de me demander quelque chose, qu'il se hâte et se dépêche, car je n'en puis plus ; je ne me porte pas bien du tout. »

Alors, simulant bonne espérance sur le visage et comprimant la profonde tristesse dans le cœur, nous tâchions de lui persuader de belles paroles ; mais lui, persévérant dans son idée, entra au lit, dont il put à peine sortir encore. Après quatre ou cinq jours, ayant goûté quelque chose pour son souper, il nous appela tous les quatre et se mit à nous avertir comme un père à ses fils, disant :

« Ces médecins me donnent espérance de guérison ; mais moi je ne crois pas que je puisse relever de cette maladie. Qu'il soit fait comme le Ciel voudra. J'ai dit beaucoup de choses sans retenue, j'ai fait beaucoup de choses sans modération ; c'est pourquoi je n'ai pas donné des exemples d'édification ; de grâce, pardonnez-moi. »

« A cette grande humilité jugez quels furent nos sentiments et notre confusion !...

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Message  Louis Ven 10 Juil 2015, 12:41 pm

Derniers moments et pieuse mort du Pape Eugène IV.

(suite)

« A cette grande humilité jugez quels furent nos sentiments et notre confusion ! Que faire devant Dieu lorsque le souverain Pontife s'humilie à ce point devant ses domestiques ? Alors, gémissant et versant d'abondantes larmes, nous nous accusâmes de nos excès et de nos négligences et demandâmes l'indulgence et la bénédiction de Sa Sainteté. Nous nous rappelâmes les douces paroles de saint Jean l'Évangéliste avant le jour de sa mort. Nous pensâmes à la dernière Cène que Notre-Seigneur Jésus-Christ fit avec ses disciples avant de souffrir et d'aller à son Père.

« Mais, pour en revenir à notre sujet, quelle ne fut pas sa patience, sa glorification dans la maladie ! Il n'était importun ni à demander ni à refuser, quelque chose que les médecins jugeassent à propos de faire. Telle était toujours sa tranquillité d'âme et sa modestie qu'il disait très-souvent: « Faites ce que vous voudrez ; je suis prêt à obéir. »

Rarement il demandait quelque chose, comme il arrive à cet âge et dans la maladie, et il demandait pour l'amour de Dieu, comme un mendiant et un pauvre, disant que sur la terre il faut tout demander et faire pour l'amour de Dieu. Combien de fois il gémit de se voir secouru lorsqu'il se rappelait les pauvres et les indigents qui n'ont ni feu ni lieu ! Il se souvint bien des fois des apôtres Pierre et Paul et des autres saints, combien ils avaient souffert pour le nom de Jésus. Il admirait la patience du très-saint homme Job, dont il entendait volontiers l'histoire au milieu de la fièvre. Il parlait aussi souvent de saint Bernard ; combien, dans un corps infirme, l'esprit était fervent, altéré du Dieu vivant, désireux de mourir pour être avec Jésus-Christ. Quelquefois il demandait trois grains de raisin, à cause de l'ardeur de la fièvre et de la sécheresse de sa langue, et, quand il les voyait apporter, il ne voulait plus les prendre, pénétré du souvenir de David qui se repentit d'avoir désiré de l'eau.

Lorsque des religieux, des serviteurs de Dieu venaient le voir et lui promettaient de prier pour sa santé : « Non pas ainsi, répondait le Saint-Père, non pas ainsi; mais priez seulement que le Seigneur fasse suivant sa volonté. Souvent nous demandons ce qu'il vaudrait mieux n'avoir pas obtenu; car le médecin sait ce qui convient au malade mieux que le malade lui-même. Je ne souhaite pas vivre longtemps, mais mourir bien et bientôt, et que mon esprit retourne sauf vers Dieu. Quelqu’un ne manquera pas pour gouverner l'Église, pour diriger la barque de Pierre; car maudit l'homme qui met sa confiance dans l'homme! » Il écoutait avec plaisir les louanges de Dieu dans des cantiques vulgaires, ou les chantait lui-même avec goût, de telle voix qu'il pouvait (1).

« Comme on le croyait à l'extrémité, l'archevêque de Florence, saint Antonin, se mit en devoir d'apporter les saintes huiles. « Qu'est-ce que c'est ? dit le Pontife. C'est vous qui me ferez les onctions ? Vous croyez que je ne sais pas le temps? Je suis encore assez fort. Quand l'heure sera venue je vous avertirai ; pour le moment tenez-vous tranquille. » Ayant ensuite fait venir les cardinaux il leur parla en ces termes :

« C'est mon temps, c'est mon jour, vénérables et bien-aimés frères…

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(1) Muratori, Scriptores rer. Italic., t. 3, pars 2, col. 902 et seqq.

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Message  Louis Sam 11 Juil 2015, 12:09 pm

Derniers moments et pieuse mort du Pape Eugène IV.

(suite)

« C'est mon temps, c'est mon jour, vénérables et bien-aimés frères ; il me faut mourir. Je ne me plains pas des lois de la nature; j'ai vécu longtemps et honoré. Puissé-je avoir satisfait à mon devoir ! mais Dieu regarde à la volonté plus qu'aux œuvres. Le pontificat m'est advenu sinon sans l'avoir espéré, du moins sans l'avoir ambitionné. Il est survenu bien des adversités pendant que j'ai présidé au Siège apostolique ; cependant nous ne nous en croyons pas moins agréable à Dieu; car, ceux qu'il aime, il les corrige et les châtie. Il veut nous faire entendre, non pas qu'il est irrité contre les hommes qui luttent avec la fortune, mais qu'il est des causes secrètes auxquelles nulle curiosité humaine ne saurait atteindre. Mais, de quelque manière que les choses aient tourné jusqu'à présent, ce nous est une très-grande consolation, avant de fermer les yeux, de voir l'Église réunie. Nous l'attribuons à notre fils Frédéric, roi des Romains, à notre frère Théodoric, archevêque de Mayence, et à notre cher fils le marquis de Brandebourg.

1« Au reste, comme nos heures s'échappent et que nous serons peu de temps avec vous, comme je suis appelé devant le Juge et le Père des rois, nous voulons tester auparavant et vous laisser le testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, devant passer de ce monde à son Père, dit : « Je vous laisse ma paix. » Je vous ai tous créés cardinaux, excepté un que néanmoins j'ai traité de fils; je vous ai aimés tous et vous m'êtes des frères. Je vous conjure, mes bien-aimés, conservez le lien de la paix ; aimez-vous les uns les autres ; qu'il n'y ait point de division parmi vous; accomplissez la loi du Christ et portez mutuellement les fardeaux les uns des autres.

1 « Tout à l'heure la chaire apostolique sera vacante. Vous savez quel homme réclame ce trône; choisissez un successeur qui me surpasse en doctrine et en vertus. Qu'aucune affection ne vous séduise; ayez en vue, non l'intérêt particulier, mais l'intérêt public. Du reste, si vous me croyez, vous choisirez plutôt unanimement un homme médiocre qu'un homme excellent avec discordance. Où est la paix là est l'Esprit de Dieu. Nous venons de faire l'union, mais nous n'avons point encore extirpé les racines du schisme ; prenez garde qu'il ne pullule, qu'il ne germe, que vous ne fomentiez vous-mêmes la scission. L'Église est sauve si vous êtes d'accord, malheureuse si vous êtes en discorde. Mais tout cela nous le disons à votre discrétion, plus par affection paternelle que par nécessité; car, prudents comme vous êtes, vous n'ignorez pas ce qui convient à l'Église et à votre dignité. Enfin, pour qu'après ma mort vous ne vous disputiez pas sur les funérailles, faites seulement ce qui est écrit dans le Pontifical ; que personne ne fasse rien de plus ni n'ajoute des ornements funèbres. Point de pompe ni de vaine gloire dans la sépulture. Je désire être enseveli humblement auprès d'Eugène III. Si quelqu'un y met obstacle qu'il soit anathème ! »

« Ces paroles émurent profondément tous les cardinaux. Après quelques moments de silence plusieurs le prièrent de rappeler d'exil le cardinal de Capoue : c'était Prosper Colonne; mais il leur répondit : «Vous ne savez ce que vous demandez. Il convient que vous désiriez son retour, mais il convient qu'il reste en exil (1). »

« Ayant ainsi parlé, il reçut des mains du saint archevêque de Florence le corps adorable de Notre-Seigneur et les autres sacrements de l'Église, avec tant de respect et de dévotion que tous les assistants fondaient en larmes. C'était la seizième année de son pontificat, la soixante-sixième de son âge. A la Chaire de Saint-Pierre, 22 février, qui était le jour des Cendres, il fit refaire sa couche. La nuit suivante ses camériers lurent le psaume 118, avec ses graduels. Vers l'aurore saint Antonin lui parla dévotement et longuement des joies du ciel, où il allait passer. On chanta les litanies, suivant la tradition chrétienne. Il s'endormit tranquillement dans le Seigneur lorsqu'on fut à ces mots : Partez, âme chrétienne (2) ! » …

________________________________________________________________

(1) Muratori, Scriptores rer. ,  Italic.,  t. 3, pars 2, col. 889. — (2) Id., ibid.t col. 904.

1 Note de Louis, j’ai rajouté ces   « , pour faciliter la lecture, car tout cela était dans le même paragraphe. Bien à vous.

FIN.

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