Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.
Un vertueux marchand de la ville d'Ulm, en Souabe, donna le jour, en 1407, au bienheureux Jacques, qu'on surnomme assez souvent l'Allemand, à cause de sa patrie. Il reçut une éducation chrétienne et resta au sein de sa famille jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. A cette époque le désir de voir Rome et de visiter les tombeaux des saints apôtres le détermina à entreprendre le voyage d'Italie ; mais il ne se mit en route qu'après en avoir obtenu la permission de son vénérable père, qui lui dit en le bénissant : « Allez, mon cher fils ; rappelez-vous votre Créateur pendant tout le chemin, et préférez la mort plutôt que de pécher en sa présence. » Il lui recommanda ensuite de prier pour lui dans les lieux de dévotion qu'il visiterait et de revenir promptement à la maison paternelle. Jacques, accompagné de quelques autres voyageurs, qui, comme lui, se dirigeaient vers la capitale du monde chrétien, arriva à Rome au commencement du carême. Il passa tout ce saint temps à visiter les églises et se disposa à célébrer les fêtes de Pâques par une confession générale. De là il se rendit à Naples, pour y trouver quelques moyens de subsister.
Il était bien fait et d'une figure agréable ; une dame noble et qui avait un grand nombre de domestiques, l'ayant vu, voulut le prendre à son service ; mais le vertueux jeune homme, craignant de trouver dans sa maison quelque danger pour le salut de son âme, refusa ses offres, préférant la conservation de son innocence aux avantages temporels qui lui étaient offerts.
Le besoin contraignit alors Jacques à s'engager comme soldat dans les troupes d'Alphonse II, roi de Naples ; mais sa nouvelle profession n'apporta aucun changement dans ses mœurs et sa conduite fut constamment celle d'un fervent chrétien. Son horreur pour le vol était extrême. Un jour qu'il était logé avec d'autres soldats chez un Juif, et qu'il arriva trop tard pour le dîner, parce qu'il avait passé la matinée dans les églises, un de ses camarades lui présenta à manger les restes d'un plat de légumes, en lui disant que ces légumes avaient été volés. Le serviteur de Dieu repoussa le plat avec indignation, et dès le lendemain il alla demander son congé au capitaine. Il l'obtint et passa à Capoue, où il entra au service d'un noble qui lui donna toute sa confiance et le traita plutôt comme son fils que comme son domestique. Jacques passa cinq ans dans cette maison, jouissant de l'estime et de l'affection de son maître ; mais le souvenir de son père le détermina à retourner dans sa patrie, malgré les efforts que ce maître fit pour le retenir.
Comme il passait par Bologne…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Comme il passait par Bologne sa dévotion le conduisit à l'église des Frères prêcheurs, dans laquelle on conserve les reliques de saint Dominique; mais il y fut tellement édifié de la modestie des religieux que, faisant à Dieu le sacrifice de son pays et de sa famille, il sollicita la grâce d'être admis dans le couvent en qualité de frère convers. Sa demande fut accueillie ; il prit l'habit et commença son noviciat. Peu de jours après son entrée, ses compagnons de route d'Allemagne à Rome, qui travaillaient alors à Bologne et qui l'avaient retrouvé dans cette ville avec une grande joie, vinrent le voir avec le commandant de la citadelle, chez lequel ils étaient employés, et qui autrefois avait aussi occupé Jacques lui-même. Ce commandant, s'adressant aux religieux, leur dit : « Mes Pères, le jeune homme que vous venez de recevoir est le plus modeste et le plus honnête que j'aie jamais vu. Aucun de nous n'a jamais su qu'il eût dit ou fait la moindre chose digne de blâme ; nous, de notre côté, nous n'aurions osé prononcer devant lui une seule parole inutile. Je regrette, non qu'il soit entré parmi vous, mais d'être privé d'un jeune homme si pieux et si modeste. »
Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.
(suite)
Les Dominicains furent bientôt convaincus par leur propre expérience que cet éloge n'était pas exagéré. Jacques se montra, dès le commencement de son noviciat, un fervent religieux. Ayant un jour demandé à son père-maître quelle était la voie la plus sûre pour parvenir à la sainteté, et ce père lui ayant indiqué celle de l'humilité, dans un très-beau discours qu'il lui fit à ce sujet, le serviteur de Dieu en fut tellement touché qu'il s'adonna tout entier à la pratique de cette vertu et que bientôt il en devint un parfait modèle. Il se regardait comme le dernier et le plus vil de tous, et cette persuasion le portait à honorer tout le monde, à servir de bon cœur chacun des frères qui composaient la maison. Admis à prononcer ses vœux, il ne changea point de conduite après sa profession; au contraire, il parut animé d'une nouvelle ardeur pour sa sanctification. Il portait un rude cilice, déchirait son corps par de fréquentes disciplines, et passait souvent une partie de la nuit en prières. Mais ces mortifications ne lui donnaient point l'air austère ; il les cachait sous un extérieur toujours gracieux.
Constamment affable, il cherchait à obliger le prochain en toute occasion, se montrait très-attaché à la vie commune et fuyait la moindre singularité. La pratique du saint religieux était de se rendre de très-bonne heure à l'église, et, après la récitation de ses prières de règle, de visiter toutes les chapelles, en commençant par celle de la sainte Vierge ; car il avait toujours eu pour la Mère de Dieu la plus tendre dévotion. La veille des jours où il devait communier il se tenait dans un profond recueillement, et, lorsqu'il avait reçu son Dieu, il paraissait tout hors de lui-même.
Après avoir accompli ses devoirs de piété il se mettait à l'ouvrage ; car jamais on ne le vit perdre un moment. Il répétait souvent à ses frères ces paroles de l'Apôtre : « Quiconque ne veut pas travailler ne doit pas manger. » Rien n'interrompait son travail. Très exact observateur du silence, il ne parlait que pour répondre et ne disait que des choses édifiantes. Dieu lui avait donné un talent particulier pour tous les arts mécaniques, et il excellait surtout dans la peinture sur verre; mais tous ses travaux étaient subordonnés à l'obéissance la plus entière, L'auteur de sa vie en rapporte plusieurs traits admirables, et qui montrent à quel degré de perfection le frère Jacques était arrivé dans la pratique de cette vertu.
La réputation de la sainteté…
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Louis- Admin
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Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.
(suite)
La réputation de la sainteté du serviteur de Dieu finit par s'étendre au loin ; elle parvint jusqu'à Alphonse, duc de Calabre, qui fut depuis roi de Sicile. Ce prince, se trouvant à Bologne, et étant allé visiter le couvent des Frères prêcheurs, témoigna le désir de voir ce saint religieux. Celui-ci lui ayant été présenté, il l'embrassa et se recommanda humblement à ses prières. Lorsque Jacques se fut retiré, le prince en parla dans des termes qui prouvèrent à tous la haute estime qu'il en avait conçue.
Les infirmités vinrent assiéger le bienheureux Jacques à mesure qu'il avançait en âge ; mais il sut les supporter avec une patience invincible. Non-seulement il souffrait sans murmurer, mais il le faisait avec joie, répétant souvent ces paroles de l'Apôtre : « La vertu se perfectionne par l'infirmité. » Il était octogénaire lorsqu'il fut pris d'une fièvre très-violente qui le réduisit à l'extrémité et le conduisit au tombeau le 12 octobre 1491. Le peuple se porta en foule à ses funérailles, et chacun l'invoquait déjà comme un saint. Au bout de très-peu de temps les religieux furent obligés de déposer son corps dans une chapelle de leur église, afin de satisfaire la dévotion des fidèles envers ce vertueux frère. Son culte fut approuvé par le Pape Léon XII, le 30 juillet 1823 1.
La bienheureuse Clara Gambacorti naquit…
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1 Acta SS., 11 octobre et Godescard, 12 octobre.
A suivre : La bienheureuse Clara Gambacorti, du même ordre.
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Louis- Admin
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La bienheureuse Clara Gambacorti, du même ordre.
La bienheureuse Clara Gambacorti naquit à Pise en 1362 et annonça dès sa première enfance les plus heureuses inclinations. Son père, un des premiers magistrats de la ville, crut devoir la fiancer, dès l'âge de sept ans, à un jeune noble de la ville, nommé Simon de Massa, qui était très-riche et très-connu. Cet engagement avait été inspiré au père par la politique ; mais sa fille aspirait à une vie plus parfaite que celle du monde. Elle jeûnait souvent, portait le cilice, faisait de fréquentes prières, était déjà accoutumée à se vaincre, et nourrissait avec soin sa dévotion par la lecture habituelle des livres de piété. En avançant en âge elle croissait en ferveur et manifestait souvent le désir de n'avoir d'autre époux que Jésus-Christ.
Sa charité pour le prochain, et surtout pour les infirmes, était admirable ; sitôt qu'elle fut un peu maîtresse de ses actions, oubliant son rang et la faiblesse de son âge, elle allait donner des soins à une pauvre malheureuse dont tout le corps n'était qu'une plaie, et qui avait le visage tellement rongé que ses yeux mêmes avaient perdu leur forme. Que la religion inspire de courage ! La jeune servante de Dieu prit l'habitude de visiter cette infortunée, de la servir, de nettoyer ses plaies, de lui exprimer la part qu'elle prenait à sa peine, et pour le lui mieux prouver, elle ne craignait pas de coller son visage à ce visage horrible, tant sa vertu était héroïque.
Clara, parvenue à l'âge de quinze ans, perdit le jeune homme auquel on l'avait fiancée et qu'elle devait épouser. Aussitôt que cette mort lui est connue elle coupe elle-même ses cheveux, pour montrer son renoncement au monde, quitte ses habits somptueux, refuse les divers partis que son père et ses frères lui proposaient, et, au bout de quelque temps, elle se retire secrètement dans un monastère de Clarisses, où elle prend l'habit avec le nom de Claire ou Clara. Son père, qui ignorait sa démarche, se livra, dès qu'il en fut informé, à une douleur si amère que ses fils s'armèrent aussitôt, ainsi que leurs amis, allèrent tous ensemble attaquer le monastère et forcèrent les religieuses à leur rendre leur sœur. Ensuite ils l'enfermèrent dans une chambre, ne laissant ouverte qu'une petite fenêtre pour lui faire passer sa nourriture. Personne n'avait permission de la voir, si ce n'est un saint homme nommé Etienne, qui pouvait quelquefois la visiter et la consoler; et elle en avait besoin, car Dieu l'éprouva par des peines intérieures et par la maladie : mais Clara soutint toutes ces épreuves avec patience et montrait même une sainte joie dans son affliction. Elle passa ainsi cinq mois dans une captivité si rigoureuse qu'une fois, par oubli des domestiques, elle resta trois jours sans aliments. Ce fut à cette époque qu'elle eut un entretien avec Alphonse, ancien évêque de Jaën et autrefois confesseur de sainte Brigitte. Ce prélat, après avoir examiné la vocation de Claire, l'engagea à y persévérer, et la fortifia ainsi dans le dessein qu'elle avait manifesté de se consacrer à Dieu dans un monastère.
Le seigneur exauça enfin…
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Louis- Admin
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La bienheureuse Clara Gambacorti, du même ordre.
(suite)
Le seigneur exauça enfin les vœux de sa servante. Pierre Gambacorti s'adoucit et permit que sa fille se consacrât à Dieu dans un couvent de Pise, de l'ordre de Saint-Dominique. Plus tard il lui fit même construire un monastère, dont elle devint prieure treize ans après qu'elle y fût entrée. Elle remplit cette maison de la bonne odeur de ses vertus, et l'on n'avait d'autre reproche à lui faire sinon qu'elle traitait trop rigoureusement son corps; mais, si elle était dure à l'égard d'elle-même, la tendre charité pour le prochain, qu'elle avait pratiquée avec tant d'ardeur dans sa première jeunesse, sembla prendre, depuis son entrée en religion, de nouveaux accroissements.
Une dame de Pise nommée Céa gouverna longtemps et avec beaucoup de charité l'hospice des enfants trouvés. En mourant elle recommanda sa famille d'orphelins à la prieure de Saint-Dominique. Clara commença donc, avec une grande sollicitude, à chercher une personne propre à continuer cette œuvre de miséricorde. Elle fit prier à cet effet ses religieuses. Enfin elle jeta les yeux sur un homme riche et dévot, Jean Tonnelier, ainsi nommé de sa profession. Comme il avait une femme âgée et stérile, il destinait tous ses biens au couvent de la sainte prieure, pour laquelle il avait beaucoup de vénération. Elle le fit donc venir et le pria de se charger du dit hôpital. Il en montra beaucoup d'éloignement, tant à cause de lui-même que de sa femme. Enfin il convint avec la bienheureuse Clara de consulter Dieu par la prière, en l'avertissant toutefois de penser à un autre. Étant revenu la trouver il lui dit : « Avez-vous trouvé quelqu'un ? — Oui, répondit-elle. — Qui est-ce ? » demanda-t-il avec joie. « Mais, répliqua la sainte, c'est vous-même ! » Il eut beau se défendre et dire qu'il destinait tous ses biens à son monastère, ce qui ne pourrait avoir lieu s'il se chargeait de l'hôpital, Clara ne cessa de le prier que quand il eut consenti à être le père des enfants trouvés; ce qu'il faisait encore avec beaucoup d'édification pendant qu'une religieuse écrivait la vie de la sainte.
Mais, pour purifier de plus en plus sa servante…
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Louis- Admin
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La bienheureuse Clara Gambacorti, du même ordre.
(suite)
Mais, pour purifier de plus en plus sa servante, Dieu permit qu'elle éprouvât une de ces grandes afflictions qui semblent exiger une vertu parfaite pour être supportées saintement. Pierre Gambacorti, son père, qui gouvernait Pise depuis vingt-quatre ans, avait élevé dans sa maison un jeune homme qui se nommait Jacques d'Appiano et qu'il traitait comme un de ses fils. Il l'avait fait son secrétaire et ne lui cachait rien des affaires les plus importantes.
Ce malheureux, gagné par les ennemis des Pisans à une époque où les principales villes d'Italie se combattaient avec fureur, fit d'abord, en 1393, assassiner des amis de Gambacorti, puis son bienfaiteur lui-même, qui ne se défiait pas de sa trahison. Non content de ces crimes, il fit également périr deux des frères de Clara après leur père, en les empoisonnant.
On comprend aisément combien le bon cœur de la servante de Dieu dut souffrir de cette affreuse catastrophe; mais la charité triompha de tout son ressentiment; non-seulement elle ne se répandit pas en plaintes contre cet ingrat, mais, la peine qu'elle éprouvait lui ayant causé une grave maladie, elle voulut avoir, pour se guérir, du pain et du vin de la table du meurtrier de sa famille, comme elle en avait autrefois de celle de son père, afin de montrer à ce misérable qu'elle lui pardonnait entièrement. Bien plus, cet homme étant mort, et sa veuve craignant pour sa vie, à l'époque d'un changement qui s'opéra dans le gouvernement, Clara, non contente de consoler cette femme et de lui donner de sages conseils, lui ouvrit dans son monastère un asile pour elle et ses deux filles, rendant ainsi le bien pour le mal avec une générosité héroïque.
La bienheureuse Claire mourut saintement le 17 avril 1417. Elle était âgée de cinquante-sept ans et en avait passé trente-sept dans son monastère. Son corps demeura flexible et exhala une odeur suave qui remplit toute sa cellule. Bientôt, le bruit de sa mort s'étant répandu, le peuple se porta en foule au monastère pour visiter sa dépouille mortelle et lui donner des marques publiques de sa vénération. Plusieurs fidèles qui réclamèrent dès lors son intercession en éprouvèrent les heureux effets. Elle commença bientôt à être honorée d'un culte public, qui enfin a été approuvé par le pape Pie VIII, le 3 avril 1830 1.
Ce fut dans la ville de Palerme, en Sicile, que naquit, en l’an 1381, le bienheureux Pierre, de la noble famille des Jérémi…
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1 Acta S S., et Godescard, 17 avril.
A suivre : Le bienheureux Pierre de Palerme.
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Louis- Admin
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Le bienheureux Pierre de Palerme.
Ce fut dans la ville de Palerme, en Sicile, que naquit, en l’an 1381, le bienheureux Pierre, de la noble famille des Jérémi. Il commença ses études dans cette ville et alla les achever à Bologne, dont l'université, alors dans sa plus grande célébrité, comptait un grand nombre de professeurs distingués et attirait des jeunes gens des contrées les plus lointaines. Pierre fit de rapides progrès dans la science du droit, qui était celle de son père; lorsque le professeur était empêché de faire la leçon il le remplaçait, aux applaudissements de ses condisciples.
Une nuit qu'il étudiait pour se préparer au doctorat, on frappa violemment à sa fenêtre. Effrayé d'abord il finit par demander qui se permettait de le troubler de la sorte. Une voix répondit : « Je suis un de vos parents, non médiocrement versé dans l'un et l'autre droit. Avocat, je donnais des conseils aux autres et ne m'en suis pas donné à moi-même; j'apprenais aux autres à éviter les pièges de leurs adversaires et je n'ai pas voulu éviter les pièges de l'ennemi commun du genre humain; je suis sorti de ce monde, non comme défenseur, mais comme coupable et pour subir des peines éternelles. Écoutez-moi, ou plutôt écoutez Dieu, qui m'envoie vous avertir; fuyez cette gloriole qui passe, ainsi que les insignes du doctorat. » Cela dit la vision disparut. Cet avertissement étrange, Pierre le mit à profit; il résolut d'entrer dans un ordre religieux. Pour s'éprouver d'abord lui-même il se ceignit le corps d'une chaîne de fer de dix-huit livres. Après quoi il se présenta au couvent des Dominicains, y demanda et reçut l'habit.
Son père, qui était contrôleur général des finances en Sicile…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Son père, qui était contrôleur général des finances en Sicile, ayant appris la démarche de son fils, vint en fureur à Bologne pour l'arracher du monastère; mais il en arriva autrement qu'il ne pensait. Lorsque son fils le sut à la porte du couvent il pria le supérieur d'aller le trouver lui-même, pour l'adoucir et le consoler. Le père s'emporta beaucoup de ce qu'on ne lui permettait pas même de voir son fils. II revint quinze jours après et obtint à grand'peine qu'il le verrait de loin, mais sans lui parler. Lorsqu'il l'aperçut dans un coin du monastère, qu'il vit sa modestie et sa piété, sa colère se fondit en larmes; il leva les mains au ciel, rendit grâces à Dieu et souhaita à son fils toutes sortes de bénédictions. Ayant enfin eu la permission de l'entretenir avant de repartir pour la Sicile, non-seulement il ne le détourna point de sa vocation, mais l'exhorta longuement à la piété et à la vertu.
Le bienheureux Pierre de Palerme.
(suite)
Aussitôt que Pierre de Palerme eut été ordonné prêtre il commença de remplir avec zèle les fonctions du ministère évangélique. Saint Vincent Ferrier, qui vint à Bologne, en 1416, visiter le corps de saint Dominique, l'exhorta vivement à continuer, l'assurant que ses travaux étaient agréables à Dieu. En effet le saint religieux n'omettait rien de ce qui pouvait attirer la bénédiction du Ciel sur ses prédications. Prières ferventes, mortifications assidues, humilité profonde : tels sont les moyens par lesquels il cherchait surtout à convertir les pécheurs. Il eut même recours à un genre de pénitence extraordinaire, que l'Esprit de Dieu lui avait sans doute inspiré: il enferma son corps dans cinq cercles de fer qu'il serra si fortement que, même après sa mort, on ne put les dégager, parce qu'ils avaient pénétré dans les chairs; il fallut attendre, pour les enlever, que son corps fût entièrement desséché. Des exemples si frappants devaient porter leurs fruits; aussi vit-on plusieurs jeunes seigneurs de familles nobles, touchés de son détachement et de sa vie si austère, renoncer aux vanités du siècle pour suivre Jésus-Christ, entre autres le bienheureux Licci, qui lui dut son entrée dans l'ordre des Dominicains.
Plus tard il eut une occasion de développer son zèle et sa prudence d'une manière toute particulière dans la direction qui lui fut confiée de plusieurs maisons de son ordre. Il s'efforça surtout d'y rétablir la discipline dans toute sa vigueur, et, son exemple achevant ce que ses prédications avaient commencé, il eut la consolation de réussir presque généralement. Nous retrouverons le bienheureux Pierre de Palerme au concile œcuménique de Florence 1.
Nous avons vu saint Vincent Ferrier, prêchant un jour aux habitants d'Alexandrie en Piémont…
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1 Acta S S., et Godescard, 3 mars.
A suivre : Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.
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Louis- Admin
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Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.
Nous avons vu saint Vincent Ferrier, prêchant un jour aux habitants d'Alexandrie en Piémont, s'interrompre tout à coup et dire à ses auditeurs : « Sachez, mes enfants, qu'il y a parmi vous un religieux de l'ordre des Frères Mineurs qui, dans peu, sera un homme célèbre par toute l'Italie, de la doctrine et des exemples duquel proviendra un grand fruit dans le peuple chrétien ; et quoiqu’il soit jeune et moi cassé de vieillesse, cependant il arrivera un temps où il me sera préféré en honneur dans l'Église romaine. Je vous exhorte donc de rendre grâces à Dieu et de le prier qu'il accomplisse pour l'utilité du peuple chrétien ce qu'il m'a révélé. Et parce que cela sera, je retourne prêcher dans les Gaules et les Espagnes ; quant à ceux des peuples d'Italie que je ne suis pas encore allé prêcher, c'est à lui que je les laisse à instruire. » Ayant ainsi parlé saint Vincent reprit le fil de son discours.
Ce Frère mineur qui, plus jeune, lui sera préféré en honneur dans l'Église romaine, y sera canonisé le premier des deux, c'est saint Bernardin de Sienne.
Il naquit à Massa, où son père était gouverneur. Il était de la famille des Albizeschi, une des plus illustres de la république de Sienne. Le jour de sa naissance fut le jour de la Nativité de la sainte Vierge, 8 septembre 1380. Son père et sa mère obtinrent cet enfant unique par l'intercession de la Mère de Dieu, en laquelle tous deux mettaient toute leur espérance. On pouvait dire de Bernardin ce qu'on disait de Jean-Baptiste : Que pensez-vous que sera cet enfant ? car la main du Seigneur était avec lui; mais il perdit sa mère à l'âge de trois ans et son père avant qu il en eût sept. Perte funeste pour bien des enfants ! Par la Providence divine Bernardin n'en eut point à souffrir.
Une tante maternelle, elle se nommait Diane, prit soin de son éducation, lui inspira une tendre piété envers Dieu et une dévotion particulière envers la sainte Vierge. Le petit Bernardin était modeste, doux, humble, pieux; il faisait ses délices de la prière et de la visite des églises. Sa dévotion le portait surtout à servir la messe. D'une mémoire merveilleuse, il répétait à ses camarades, avec autant de fidélité que de grâce, les sermons qu'il avait entendus.
Sa compassion pour les pauvres n'était pas moins admirable que…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Sa compassion pour les pauvres n'était pas moins admirable que sa piété. Un jour sa tante en renvoya un sans rien lui donner, parce qu'il n'y avait qu'un pain dans la maison pour le dîner de toute la famille. Bernardin en fut si touché qu'il dit à sa tante : « Pour l'amour de Dieu, donnez-lui quelque chose à ce pauvre homme; donnez-lui ce que vous me donneriez à dîner, je m'en passerai de bon cœur. » La pieuse tante, étonnée et réjouie de ces paroles, exhorta son neveu à la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Elle observait avec admiration ces marques précoces d'une sainteté future. Souvent elle le voyait, prosterné devant une image de la Vierge, fondre en larmes et lui adresser la Salutation angélique avec toute la ferveur d'un ange; car, nuit et jour, tous les vœux, toutes les prières de Bernardin se dirigeaient vers Marie, Mère de Jésus. Dès ses premières années il se mit à jeûner tous les samedis en son honneur, et il garda cette pieuse coutume le reste de sa vie.
Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.
(suite)
A l'âge de onze ans il perdit cette vertueuse tante; mais Dieu ne l'abandonna point. Deux oncles paternels, Christophore et Ange, le firent venir à Sienne. Pia, la femme de Christophore, n'ayant point d'enfants, le prit en affection particulière et l'aima comme son fils. Non moins pieuse que Diane, elle eut le même soin de son éducation. Comme il est dit de l'enfant Jésus, Bernardin croissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes. A la maison il construisait des autels et commençait à réciter chaque jour l'Office de la sainte Vierge. Ravie de ses progrès dans la vertu, Pia voulut qu'il pût en faire de semblables dans les lettres et les sciences humaines ; elle lui fit donner les plus excellents maîtres. Ceux-ci ne se lassaient point d'admirer la pénétration de leur disciple et la beauté de son esprit; ils admiraient beaucoup plus encore sa docilité et sa modestie.
Bernardin était d'une beauté remarquable ; mais son amour pour la pureté était encore plus extraordinaire. Quoiqu'il fût naturellement poli, complaisant et respectueux envers tout le monde, il n'était plus maître de lui-même dès qu'un discours indécent frappait ses oreilles. Un des principaux habitants de la ville lui ayant adressé sur la place publique un propos déshonnête, Bernardin lui donna aussitôt sous le menton un soufflet dont le bruit retentit par toute la place. Le citoyen, devenu la risée de tous les spectateurs, se retira confus et se corrigea de sa mauvaise habitude. Bien des années après, comme il écoutait Bernardin prêchant le peuple sur la même place, on le vit fondre en larmes au souvenir de ses fautes passées. Une autre fois, un libertin venu de dehors, épris de la beauté de Bernardin, osa lui faire des propositions infâmes ; Bernardin le repoussait avec horreur, mais le misérable revenait toujours. Alors le saint jeune homme dit à ses camarades de se remplir les poches de pierres, et, à la première occasion, ils poursuivirent ce libertin à grands cris et à coups de pierres, à travers les rues et les places, en sorte qu'il se crut bien heureux d'échapper à la mort. Ces dispositions de Bernardin étaient si connues, sa présence seule inspirait tant de respect, que, quand il arrivait parmi des jeunes gens, toute conversation libre cessait. « Silence! disaient les plus dissolus, voici Bernardin. »
Il avait une sainte cousine, nommée Tobie…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Il avait une sainte cousine, nommée Tobie, fille de la pieuse Diane ; elle avait trente ans de plus que lui, et, devenue veuve, avait embrassé le tiers-ordre de Saint-François. Voyant Bernardin si bien fait et si jeune, elle craignait beaucoup, qu'il ne vînt à perdre la pureté de son corps et de son âme. Pour lui conserver ce précieux trésor elle adressait continuellement des prières à Dieu, à la sainte Vierge et à tous les saints; elle lui faisait à lui-même des remontrances à cet égard. Il répondit en riant : « Je suis déjà pris par l'amour ; je mourrais le jour même où je ne pourrais voir celle qui m'est chère. » Bien des fois il ajoutait : « Je m'en vais voir celle que j'aime, qui est plus belle et plus noble que toutes les filles de Sienne. » Tobie, entendant ces paroles et n'en comprenant pas le sens, était profondément affligée ; elle le soupçonnait épris d'amour pour quelque fille mortelle ; lui, au contraire, entendait la sainte Vierge Marie.
Au-dessus de la porte de Sienne qui conduit à Florence il y avait une image de la sainte Vierge en sa glorieuse assomption. Bernardin avait coutume de la visiter deux fois par jour, le matin et le soir, et d'y faire dévotement ses prières. C'est d'elle qu'il parlait quand il disait à Tobie : « Je ne puis dormir la nuit lorsque le jour précédent je n'ai pu voir l'image de ma bien-aimée. » Pour éclaircir ses inquiétudes Tobie l'épia plusieurs jours de suite, à l'heure où il venait de lui dire : « Je m'en vais voir celle que j'aime. » Elle le vit chaque fois s'arrêter devant l'image de la Vierge, au-dessus de la porte, se mettre à genoux, réciter dévotement ses prières, et puis s'en retourner tout droit et promptement chez lui. La pieuse Tobie, voyant tous ses soupçons tourner en consolation spirituelle, dit un jour à Bernardin : « Mon cher fils, je vous en prie, ne me tenez pas davantage en suspens, et que je ne sois plus affligée chaque jour à cause de vous. Dites-moi pour qui vous êtes épris d'amour, afin que, si elle est d'un rang convenable, nous puissions vous la procurer pour épouse. »
Bernardin répondit : « 0 mère ! puisque vous l'ordonnez ainsi, je vous découvrirai le secret de mon cœur, que je n'aurais découvert à nul autre. Je suis épris d'amour pour la sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, que j'ai toujours aimée, que je désire voir de toutes les forces de mon âme, que je me suis fiancée comme une très-chaste épouse et en qui j'ai mis toute mon espérance. C'est elle que j'aime souverainement, elle que je cherche, elle que je voudrais contempler sans cesse avec le respect qui lui est dû ; mais, comme je ne puis l'obtenir en ce monde, j'ai résolu dans mon cœur de visiter chaque jour son image. Et voilà celle que j'aime !»
A ces mots la pieuse Tobie ne put retenir ses larmes ; elle embrassa Bernardin avec une joie spirituelle et lui dit : « Maintenant je mourrai contente, puisque je suis assurée par votre bouche de votre sainte dévotion envers la Vierge Marie. »
Lorsque Bernardin eut fini son cours de littérature et de philosophie…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Lorsque Bernardin eut fini son cours de littérature et de philosophie il se mit à étudier le droit civil et canonique ; vint enfin l'étude de l'Écriture sainte et de la théologie, à quoi il prit tant de goût que les autres sciences lui parurent insipides.
A l'âge de dix-sept ans il entra dans la confrérie de Notre-Dame, établie à Sienne dans l'hôpital de la Scala, pour y servir les malades. Ce fut là qu'il commença particulièrement à mater son corps par les jeûnes, les veilles, les cilices, les disciplines, et par beaucoup d'autres austérités. Il pratiquait surtout la mortification intérieure de sa volonté ; aussi était-il toujours humble, patient, doux et affable envers tout le monde.
En 1400, quatre ans après son entrée dans la confrérie de l'hôpital, la peste, qui avait déjà désolé une partie de l'Italie, attaqua la ville de Sienne. Il mourait chaque jour dans ce seul hospice jusqu'à dix-huit à vingt personnes. Tous ceux qui distribuaient aux pestiférés les secours spirituels et corporels furent emportés en fort peu de temps, au nombre de plus de cent cinquante. Le directeur de la maison ne savait par qui les remplacer. Tout d'un coup Bernardin se présente à lui avec douze jeunes nobles de son âge; tous ils s'étaient confessés et avaient communié comme pour aller au martyre. Malgré l'opposition de leurs familles ils venaient servir les malades, les mourants et les morts. Ils le firent nuit et jour, avec un courage et une charité héroïques, pendant quatre mois que continua la peste. Bernardin et ses compagnons servaient les hommes; sa cousine Tobie servait les femmes.
Bernardin retourna chez lui épuisé de fatigues; il y fut saisi d'une fièvre violente qui le retint au lit pendant quatre mois. Durant sa maladie il édifia autant par sa patience et sa résignation qu'il l'avait fait par sa charité. A peine fut-il rétabli qu'il reprit son ancienne manière de vivre. Il rendit de grands services, pendant l'espace de quatorze mois, à une de ses tantes paternelles, nommée Berthélemie ; c'était une femme d'une rare piété, qui, après avoir perdu son mari, avait embrassé la règle de Saint-Augustin; elle avait quatre-vingt-dix-sept ans, était aveugle, souffrait beaucoup de diverses maladies. Elle venait de perdre une vieille domestique; Bernardin voulut lui en tenir lieu tant qu'elle vécut.
Après la mort de cette tante, qui l'avait beaucoup exhorté à la vie religieuse, il se retira dans une maison du faubourg de Sienne et se donna pour clôture les murs de son jardin ; là il redoubla ses jeûnes et ses prières, afin de connaître la volonté de Dieu sur le genre de vie qu'il devait embrasser. Prosterné aux pieds du crucifix, il se rappelle ces paroles ; « Si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez et donnez-le aux pauvres, et puis venez et suivez-moi; » il se rappelle comment les apôtres ont suivi ce conseil, et après eux le séraphique François. Aussitôt, pour marcher sur leurs traces, il commence à distribuer tous ses biens aux pauvres.
Il y avait alors dans la maison des Frères mineurs de Sienne un homme vénérable…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Il y avait alors dans la maison des Frères mineurs de Sienne un homme vénérable, d'une famille distinguée de la ville. Il avait travaillé trente ans en Bosnie contre les manichéens qui infectaient cette province; cassé de vieillesse, il était revenu dans sa terre natale; son nom était Jean Nestor; il se trouve dans le Martyrologe des Franciscains, au 15 février, sous le titre de bienheureux. C'est à ce saint et vénérable vieillard que Bernardin, qui avait alors vingt-deux ans, s'adressa pour demander l'humble habit de Saint-François. Le vieillard l'en revêtit avec joie, le jour de la Nativité de la sainte Vierge, en félicitant publiquement son ordre de la gloire que lui procurerait le jeune novice.
Colombière était un couvent dans une solitude à quelques milles de Sienne ; saint François et saint Bonaventure y avaient séjourné plus d'une fois. On avait coutume d'y faire passer quelque temps aux jeunes religieux. Un ancien des plus fervents désirait y rétablir toute la régularité et l'austérité primitives. Ayant besoin pour cela d'un aide, il demanda Bernardin, qui fit ainsi son noviciat à Colombière, où il fut un modèle de douceur, d'innocence, de patience, d'obéissance et de charité. L'année révolue, il fit sa profession, le jour de la Nativité de la sainte Vierge ; ce fut encore le même jour que, plus tard, il dit sa première messe et prêcha son premier sermon : c'était pour satisfaire sa tendre dévotion envers la Mère de Dieu.
Sa ferveur prenait chaque jour des accroissements sensibles. Il ajoutait de nouvelles austérités à celles qui étaient prescrites par la règle, afin de crucifier plus parfaitement le vieil homme. Il recherchait avec empressement les rebuts et les humiliations. Son plaisir n'était jamais plus grand que lorsqu'en marchant dans les rues les enfants lui disaient des injures et lui jetaient des pierres. Il montra les mêmes sentiments quand un de ses parents lui fit des reproches amers, et alla jusqu'à lui dire qu'il déshonorait sa famille et ses amis par le genre de vie abject et méprisable qu'il avait embrassé.
C'était à l'école du Sauveur qu'il étudiait nuit et jour l'humilité et les autres vertus chrétiennes. Souvent il était prosterné devant un crucifix. Un jour il lui sembla entendre Jésus-Christ lui parlant ainsi : « Mon fils, vous me voyez attaché à la croix; si vous m'aimez et si vous voulez m'imiter, clouez-vous aussi à votre croix et me suivez ; par là vous serez sûr de me trouver. » Ce fut aussi aux pieds de Jésus crucifié qu'il puisa ce zèle ardent pour le salut des âmes.
Comme depuis longtemps il se préparait dans la retraite au ministère de la prédication, ses supérieurs lui ordonnèrent de faire valoir le talent qu'il avait reçu de Dieu. Il trouva d'abord de grandes difficultés dans une faiblesse de voix accompagnée d'enrouement ; mais il en fut délivré par l'intercession de la sainte Vierge, son refuge ordinaire. Durant l'espace de quatorze ans les travaux de son zèle furent renfermés dans le pays de sa naissance. A la fin il parut dans l'Église comme un astre brillant. On ne l'entendait jamais prêcher sans éprouver les plus vifs sentiments de religion. Les pécheurs retournaient chez eux remplis de componction, fondant en larmes et fortement résolus de quitter leurs désordres. La parole de Dieu était dans sa bouche comme un glaive tranchant et comme un feu qui consume ce qu'il y a de plus dur et de plus capable de résistance.
On demandait un jour à un célèbre prédicateur…
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Louis- Admin
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Saint Bernardin de Sienne,On demandait un jour à un célèbre prédicateur du même ordre pourquoi ses sermons ne produisaient pas autant de fruits que ceux du saint. « Le Père Bernardin, répondit-il, est un charbon brûlant ; ce qui n'est que chaud ne peut pas de même allumer le feu dans les autres. »
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Un prédicateur novice demanda au saint lui-même quand il convenait de faire des exclamations dans les discours publics. Bernardin lui donna cet avis : « Ce que vous avez à faire, faites-le pour la gloire de Dieu et dans une charité parfaite, et l'Esprit de Dieu vous suggérera lui-même, dans l'occasion, ce qu'il conviendra de faire et dire. »
Un autre lui dit un jour : « Comme vos prédications sont si estimées de tous les peuples et qu'elles y produisent tant de fruits, veuillez m'apprendre les règles particulières que vous observez dans le débit. — Mais, dit le saint, je n'en observe qu'une. » L'autre, étonné et réjoui, demanda quelle était cette règle unique et souveraine. « Depuis que j'ai commencé de m'appliquer à cet exercice, répondit Bernardin, je n'ai jamais prononcé une parole si ce n'est pour l'honneur et la louange de Dieu. C'est cette règle, que j'ai toujours observée avec soin, qui seule m'a valu tout ce que j'ai pu acquérir et de science, et d'éloquence, et de promptitude, et d'autorité ; c'est elle seule qui m'a valu la conversion de toutes les âmes que j'ai pu ramener à Dieu. »
Bernardin s'appliquait surtout à inspirer l'amour de Jésus-Christ et le mépris du monde. Il désirait avoir une trompette dont le son pût pénétrer jusqu'aux extrémités du monde, afin de faire retentir aux oreilles de tous les hommes cet oracle de l'Esprit-Saint : « Enfants des hommes, jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti ? Pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez-vous le mensonge 1 ? O enfants ! jusqu'à quand aimerez-vous l'enfance 2 ? » Sans cesse il faisait entendre le tonnerre de sa voix afin de réveiller ces hommes charnels qui rampent sur la terre, de les porter à aimer Jésus-Christ et à s'élever à la considération des biens invisibles. Le souvenir de l'incarnation et des souffrances du Sauveur le tirait comme hors de lui-même, et il ne pouvait prononcer le nom de Jésus sans éprouver des transports extraordinaires. Souvent, à la fin de ses sermons, il montrait au peuple ce nom sacré écrit en lettres d'or sur un petit tableau. Il invitait ses auditeurs à se mettre à genoux et à se réunir à lui pour adorer et louer le Rédempteur des hommes.
Quelques personnes malintentionnées…
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1 Ps. 4,3. — 2 Prov., 1, 22.
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Louis- Admin
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Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Quelques personnes malintentionnées, surtout un religieux dont il signalait les maximes et la conduite suspectes, prirent de là occasion de s'élever contre lui, et donnèrent une interprétation maligne à certains termes dont il avait coutume de se servir; elles le peignirent même sous des couleurs noires au Pape Martin V. Le souverain Pontife envoya chercher Bernardin et le condamna à garder le silence pour toujours, ou du moins de s'abstenir des expositions du nom de Jésus. L'humble religieux se soumit à l'instant, sans chercher à faire son apologie. Le Pape revint bientôt des impressions fâcheuses qu'on lui avait données contre le serviteur de Dieu.
Après avoir examiné mûrement sa conduite et sa doctrine il reconnut son innocence, le combla d'éloges et lui permit de prêcher partout où il voudrait, à commencer par Rome ; il le pressa même, en 1427, d'accepter l'évêché de Sienne, pour lequel il avait été élu unanimement; mais le saint trouva moyen de refuser cette dignité; il refusa encore, quelques années après, les évêchés de Ferrare et d'Urbin. Il disait en plaisantant qu'il aimait mieux être évêque de toute l'Italie que d'une seule ville, et, de fait, sa vie et ses prédications de missionnaire apostolique lui donnaient plus d'influence et d'autorité dans tous les diocèses de la Péninsule qu'il n'en aurait eu dans un diocèse particulier comme évêque. Aussi, quand il eut été élu une seconde fois pour l'évêché de Sienne, le cardinal Gabriel, qui fut depuis Eugène IV, le pria par des amis communs de ne point accepter, de peur que la grande et salutaire autorité qu'il avait acquise par ses travaux ne vînt à s'évanouir et à demeurer sans fruit 1.
La première fois qu'il prêcha à Milan le duc Philippe-Marie Visconti se laissa prévenir contre lui à l'occasion de certaines choses qu'il avait dites dans ses sermons; il le menaça même de la mort au cas où il oserait dans la suite tenir le même langage. Bernardin déclara généreusement que ce serait pour lui un grand bonheur de mourir pour la vérité. Le duc, pour l'éprouver, ou plutôt pour le surprendre, lui envoya une bourse de cent ducats en lui faisant dire qu'il voulait par ce présent le mettre en état de fournir plus abondamment aux besoins des pauvres; le saint la refusa par deux différentes fois,. Une troisième personne étant venue la lui apporter, il la mena avec lui dans les prisons, et donna en sa présence les ducats pour obtenir la délivrance de ceux qui y étaient détenus pour dettes. Un tel désintéressement dissipa tous les préjugés du duc; il conçut pour le serviteur de Dieu une estime et une vénération singulières.
Bernardin prêcha dans la plupart…
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1 Acta SS. 20 mai. Vita 2 [i]S. Bernardini, n. 31.
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Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Bernardin prêcha dans la plupart des villes d'Italie; on ne parlait de tous côtés que du fruit merveilleux de ses sermons. Les plus grands pécheurs se convertissaient ; les biens mal acquis étaient restitués, les injures réparées, les haines oubliées ; la vertu prenait la place du vice, la piété faisait chaque jour de nouveaux progrès; on réformait les mauvaises coutumes et même les mauvaises lois ; on bâtissait des hôpitaux, des églises, des monastères, qui se peuplaient d'âmes sincèrement converties.
Les ravages, les guerres civiles causées par les factions des Guelfes et des Gibelins donnèrent souvent de l'exercice à son zèle ; plus d'une fois, lorsque les citoyens d'une ville étaient armés les uns contre les autres, il arrivait au milieu d'eux, leur faisait déposer les armes et opérait une réconciliation générale. Ayant appris qu'une dissension de cette nature éclate à Pérouse, il s'y rend aussitôt et dit aux habitants : « Le Seigneur Dieu, que vous offensez grièvement par vos divisions, m'envoie vers vous, comme son ange, pour annoncer la paix aux hommes de bonne volonté sur la terre. » Il prêcha quatre discours sur la paix et la concorde. À la fin du dernier il s'écria : « Vous tous qui êtes de bonne volonté et désirez la paix, résolus à la garder envers votre prochain, venez à ma droite ; ceux, au contraire, qui ne veulent point garder la paix, qu'ils se placent à gauche.» Tous alors s'assemblèrent à sa droite, hormis un jeune gentilhomme avec ses satellites, qui demeura à sa place, murmurant contre le saint homme. Alors Bernardin lui dit : « Voici que toi seul tu méprises ce que j'ai prêché au peuple de la part de Dieu. Or, de la part de Dieu, je te dis de pardonner à ton prochain qui t'a offensé, ainsi que ta famille, de te placer à droite avec les autres, pour garder dorénavant la paix. Que si tu ne le fais pas, jamais tu n'entreras vivant dans ta maison. » Le jeune noble, se moquant et de l'exhortation du saint et de la vengeance divine, s'en retournait chez lui, lorsqu'il tomba roide mort sur le seuil de sa porte 1.
Vers le même temps la ville de Pérouse…
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1 Acta SS. 20 mai. Analecta n. 13.
A suivre : Commencement de saint Jean de Capistran, du même ordre.
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Commencement de saint Jean de Capistran, du même ordre.
Vers le même temps la ville de Pérouse fut témoin d'un autre miracle, mais plus consolant. L'Italie avait son apôtre dans saint Bernardin de Sienne, l'Espagne et la France avaient eu le leur dans saint Vincent Ferrier. L'an 1413, dans les prisons de Pérouse même, se formait un nouvel apôtre, non-seulement pour l'Italie, mais pour l'Allemagne, et qui défendra la chrétienté entière contre l'invasion des Turcs, maîtres de Constantinople. Nous voulons parler de saint Jean de Capistran.
Il naquit dans la ville de ce nom en l'an 1385. Son père était un gentilhomme d'Anjou, qui, ayant été servir dans le royaume de Naples, s'établit à Aquila, puis dans la petite ville de Capistran, qui en est peu éloignée. Après avoir appris la langue latine dans sa patrie, Jean alla étudier à Pérouse le droit civil et canonique, et fut reçu docteur avec beaucoup d'applaudissement dans ces deux facultés. Ses talents, joints à une fortune considérable, le mirent en état de jouer un grand rôle, et un des principaux habitants de cette ville lui donna sa fille en mariage.
Les brouilleries survenues, l'an 1413, entre la ville de Pérouse et Ladislas, roi de Naples, lui fournirent l'occasion de rendre service à ses compatriotes. On le chargea de négocier la paix, et il eut lieu, pendant quelque temps, de se flatter de l'espérance du succès. Cette négociation lui fit faire plusieurs voyages, qui cependant ne produisirent pas l'effet qu'on s'en était d'abord promis. Ceux des habitants de la ville qui avaient pris parti dans la querelle avec le plus d'ardeur s'imaginèrent que Jean trahissait ses concitoyens et qu'il favorisait sourdement le roi de Naples, son premier maître. On se saisit de sa personne et on le renferma dans le château de Bruffa, à cinq lieues de Pérouse. Il souffrit beaucoup dans sa prison ; on le chargea de chaînes pesantes et on lui donna pour toute nourriture du pain et de l'eau.
Se voyant abandonné du roi Ladislas lui-même, et connaissant par sa propre expérience l'instabilité des choses humaines, il fit de sérieuses réflexions sur la nécessité de se donner à Dieu, et en peu de temps il devint un homme nouveau. Comme la mort venait de lui enlever sa femme, il résolut de se consacrer à la pénitence dans l'ordre de Saint-François. Il demanda sur-le-champ à y être admis; mais on refusa de lui donner l'habit tant qu'il resterait en prison. Impatient du moindre délai, il se coupa les cheveux et fit donner à son vêtement la forme d'un habit monastique. Lorsqu'il eut obtenu sa liberté il se rendit à Capistran pour vendre ses biens. La moitié du prix de cette vente fut employée à payer sa rançon et l'autre fut donnée aux pauvres. De retour à Pérouse...
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement
de saint Jean de Capistran,
du même ordre.
(suite)
…De retour à Pérouse il se retira chez les Franciscains de Monte, dans cette ville, en 1415. Il avait alors trente ans. Le gardien le fit passer parles plus rudes épreuves pour s'assurer de sa vocation; il exigea même qu'il traversât les rues de Pérouse, monté sur un âne, avec un habit ridicule et un écriteau sur lequel on lisait les noms de plusieurs péchés graves. C'était quelque chose de bien humiliant pour un homme qui avait de la naissance et de la réputation; mais la ferveur du saint était si grande que cette humiliation ne lui coûta rien. On le renvoya deux fois du couvent, et on ne l'y reçut qu'aux conditions les plus dures. La manière dont il supporta ces différentes épreuves lui fit bientôt remporter sur lui-même une victoire complète ; il n'y eut plus rien dans la suite qui lui parût difficile. Une confession générale précéda la première communion qu'il fit après sa prise d'habit. Il passa encore, pour s'y préparer, trois jours dans la prière et les larmes.
Après sa profession il se fit une loi de ne plus faire qu'un repas par jour ; seulement, dans les voyages longs et pénibles, il se permettait le soir une légère collation. Il ne mangea point de viande pendant six ans, à moins qu'il ne fût malade. Le Pape Eugène IV lui ayant ordonné d'en manger un peu dans sa vieillesse, il le fit par obéissance ; mais il en prenait en si petite quantité qu'on lui laissa une pleine liberté sur ce sujet. Il couchait sur des planches et ne donnait au sommeil que trois ou quatre heures de la nuit; le reste était employé à la prière et à la contemplation.
Pendant plusieurs années il n'interrompit ce double exercice que par la prédication et par la nécessité de réparer ses forces par quelques moments de repos. Il serait trop long de rapporter ici les exemples de vertus qu'il pratiqua, surtout de sa pénitence, de son humilité et de son obéissance. Il possédait l'esprit de componction et le don des larmes à un si haut degré que tous ceux qui conversaient avec lui en étaient dans l'admiration. Son zèle pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes était extraordinaire ; aussi croyait-on retrouver un autre saint Paul dans ses prédications et ses actions. Il touchait les pécheurs les plus endurcis ; il les pénétrait de la crainte des jugements de Dieu et il leur inspirait de vifs sentiments de componction.
A la fin d'un sermon qu'il fit à Aquila sur la vanité et les dangers du monde, les femmes apportèrent leurs ajustements, avec les autres objets qui avaient été si souvent des occasions de péché pour elles et pour les autres, et les jetèrent au feu. On vit arriver la même chose à Nuremberg, à Leipsick et en plusieurs autres endroits. Le saint avait un talent singulier pour étouffer les haines…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement
de saint Jean de Capistran,
du même ordre.
(suite)
…Le saint avait un talent singulier pour étouffer les haines et rapprocher les cœurs désunis. Il rétablit la paix entre la ville d'Aquila et Alphonse d'Aragon; il réconcilia les familles d'Oronési et de Lanziéni ; il apaisa les querelles qui divisaient plusieurs villes et il calma souvent de violentes séditions.
Il fut élu deux fois vicaire général des Observantins ou Franciscains réformés d'Italie. Il exerça cette charge pendant six ans, et il contribua beaucoup à affermir la réforme qui avait été établie par saint Bernardin de Sienne. Il n'en était pas moins exact à prêcher l'Évangile. A la suite d'un sermon qu'il avait fait en Bohême sur le jugement dernier, plus de cent jeunes gens embrassèrent la vie religieuse, surtout dans l'ordre de Saint-François. Il retraçait dans sa personne les vertus de saint Bernardin de Sienne, avec sa dévotion pour le nom de Jésus et de la sainte Vierge. La Marche d'Ancône, la Pouille, la Calabre et le royaume de Naples furent les premiers théâtres de son zèle ; il parcourut ensuite la Lombardie, l'État de Venise, la Bavière, l'Autriche, la Carinthie, la Moravie, la Bohême, la Pologne et la Hongrie 1. Nous retrouverons encore plus tard les deux illustres disciples de saint François.
Le bienheureux Matthieu…
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1 Godescard, 23 octobre.
A suivre : Le bienheureux Matthieu d’Agrigente, du même ordre.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Matthieu d’Agrigente, du même ordre.
Le bienheureux Matthieu, évêque de Gergenti ou d'Agrigente, portait, avant sa promotion à l'épiscopat, le nom de Matthieu de Cimarra. Compagnon de saint Bernardin de Sienne, et, comme lui, religieux franciscain, il en imitait le zèle et en partageait les travaux. Sa dévotion aux saints noms de Jésus et de Marie était remarquable. Ayant établi en Sicile plusieurs couvents de son ordre, il se trouvait dans celui d'Agrigente lorsque l’évêque de cette ville mourut ; il fut choisi pour lui succéder. Matthieu, revêtu de la dignité épiscopale, se montra exact observateur de la discipline et voulut la faire observer par son clergé ; il n'en fallut pas davantage pour lui susciter des contradicteurs ; ils le dénoncèrent au Pape Eugène IV, qui, après avoir examiné l'affaire avec soin, reconnut la fausseté de l'accusation ; mais le serviteur de Dieu prit occasion de cette difficulté pour se décharger d'un fardeau qu'il ne portait qu'à regret. Il donna sa démission de l'évêché d'Agrigente, rentra dans le cloître, et continua de travailler, en simple religieux, au salut des âmes et à sa propre sanctification, jusqu'à sa bienheureuse mort, qui arriva le 7 février 1451. Sa fête est fixée au 21 du même mois 1.
La bienheureuse Angéline de Corbara…
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1 Godescard, 21 février.
A suivre : La bienheureuse Angéline de Corbara, fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Angéline de Corbara naquit en 1377 à Monte-Giove, bourg du royaume de Naples, à peu de distance de la ville d'Orviète. Son père se nommait Jacques de Monte-Marte, comte de Corbara, et sa mère Anne Burgari, de la famille des comtes de Marciano.
La bienheureuse Angéline de Corbara,
fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
A peine avait-elle quinze ans lorsque son père songea à l'établir dans le monde et lui proposa pour époux le comte de Civitella, dans l'Abruzze. Bien décidée dès l'âge de douze ans à n'avoir point d'autre époux que Jésus-Christ, elle refusa ce parti ; mais son père, irrité, la menaça de la faire mourir si elle ne consentait au mariage, ne lui donnant que huit jours pour prendre une détermination. Angéline, dans cette extrémité, eut recours à Dieu, qui lui fit connaître qu'elle pouvait se soumettre aux volontés de son père sans craindre de violer son vœu. Ainsi, en l'année 1393, elle épousa le comte, et, suivant la coutume, le jour de la noce se passa en divertissements auxquels se livrèrent toutes les personnes que cette fête avait réunies.
La jeune épouse était loin de partager ces plaisirs; inquiète, et ne sachant comment elle pouvait garder son vœu, elle se retire avant la nuit dans sa chambre, et, toute baignée de larmes, elle se jette aux pieds d'un crucifix, priant Notre-Seigneur de la protéger dans cette circonstance si délicate. Elle était dans cet état lorsque le comte survint ; il fut très-surpris de la trouver ainsi plongée dans la douleur et lui en demanda la cause. Angéline lui avoua les saints engagements qu'elle avait contractés avec Dieu et la crainte qu'elle éprouvait d'y être infidèle. Touché de sa vertu, son époux lui promit de la laisser libre et de ne la regarder que comme sa sœur; il fit lui-même vœu de chasteté, en même temps qu'elle renouvela le sien, et ils rendirent ensuite grâces à Dieu de leur avoir inspiré ce dessein de perfection.
Le comte mourut saintement l'année suivante, et Angéline, désormais dégagée de tout ce qui pouvait l'attacher au monde, entra dans le tiers-ordre de Saint-François, avec les filles qui la servaient.
Embrasée de zèle pour le salut des âmes...
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Angéline de Corbara,
fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
(suite)
Embrasée de zèle pour le salut des âmes, la sainte comtesse crut devoir aller avec ses compagnes dans divers lieux de la province de l'Abruzze. Par ses exhortations elle y convertit plusieurs pécheurs et communiqua à plusieurs personnes de son sexe l'amour et la pratique de la chasteté. La résurrection d'un jeune homme d'une des principales familles de Naples, qu'elle obtint par ses prières, lui donna une si grande réputation de sainteté qu'on la louait publiquement dans les églises. Ces témoignages de vénération alarmèrent son humilité et la déterminèrent à quitter Naples pour retourner à Civitella; mais son séjour n'y fut pas de longue durée ; les principaux seigneurs du pays, mécontents de voir que beaucoup de jeunes filles, à la persuasion de la sainte comtesse, faisaient vœu de chasteté et entraient dans des monastères, s'en plaignirent au roi, qui la bannit de son royaume avec ses compagnes.
Obligée de quitter sa patrie, elle vendit tous les biens qu'elle possédait, donna aux pauvres la plus grande partie du prix qu'elle en avait reçu, et ne garda que ce qui lui était absolument nécessaire pour vivre dans son exil avec les personnes qui l'accompagnaient. Elle se rendit d'abord à Assise, puis à Foligni, pour y fonder un monastère de religieuses de Saint-François. Ugolin de Trinci, seigneur de la ville, donna une place pour construire le monastère, qui fut achevé l'an 1397. Angéline alla l'habiter avec ses premières compagnes, qui étaient au nombre de six. Deux demoiselles de Foligni et trois autres des villes voisines, animées d'un saint zèle pour la vie religieuse, et de plus excitées par l'exemple de ses vertus, se joignirent à la bienheureuse. Ainsi elles se trouvèrent douze, qui reçurent des mains de l'évêque l'habit du tiers-ordre régulier de saint-François, dont elles firent profession solennelle l'année suivante, en ajoutant aux vœux ordinaires celui de clôture perpétuelle. Telle a été l'origine de ce tiers-ordre régulier, qui s'est depuis considérablement répandu en divers pays.
Le Seigneur, qui était lui-même l'auteur de cette œuvre sainte, répandit sur elle ses bénédictions les plus abondantes. Non-seulement le premier monastère de Foligni prospéra, mais il fallut en établir un second dans la même ville pour répondre aux désirs d'un grand nombre de filles qui voulaient s'y consacrer à Dieu. La sainteté des religieuses des deux monastères fut bientôt connue, et plusieurs villes désirèrent posséder des établissements de cette édifiante congrégation. Le Pape Martin V permit, en 1421, qu'on en formât en Italie. Avec cette permission quelques-unes des disciples de la servante de Dieu fondèrent de nouveaux monastères en diverses provinces. Elle-même alla en établir un à Assise, et Florence, Viterbe, Ascoli, Pérouse et d'autres villes ne tardèrent pas à en posséder dans leur enceinte.
Après avoir donné à sa fidèle épouse la consolation de voir affermir une œuvre qu'elle n'avait entreprise que par les motifs les plus purs, le Seigneur voulut récompenser ses vertus en l'appelant à la gloire éternelle. Angéline mourut à l'âge de cinquante-huit ans, le 25 décembre 1435, dans son premier couvent de Saint-Anne de Foligni, et fut inhumée dans celui de Saint-François de la même ville. La sainteté de sa vie porta les peuples à réclamer auprès de Dieu sa protection et à l'honorer d'un culte public. Ce culte fut approuvé par le Pape Léon XII, le 5 mars 1825 1.
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1 Godescard, 22 décembre. Hélyot, t. 8. Wadding.
A suivre : Les bienheureuses Lucie et Élisabeth, du tiers-ordre de Saint-François.
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Re: Grand schisme d'Occident...
A suivre : Sainte Radegonde ou Radiane, servante en Bavière.Les bienheureuses Lucie et Élisabeth, du tiers-ordre de Saint-François.
Dans cette même période de temps le tiers-ordre de Saint-François comptait encore la bienheureuse Luce ou Lucie de Venise, qui mourut saintement au couvent de Salerne en 1400 1 ; de plus, la bienheureuse Elisabeth dite la Bonne. Cette vertueuse fille, que sa grande douceur fit surnommer la Bonne naquit dans un bourg du diocèse de Constance, en Allemagne, et embrassa le tiers-ordre de Saint-François au monastère de Leuth, où elle se distingua par sa grande régularité et sa patience. Ne cherchant que les emplois les plus bas de la maison, elle sut trouver dans toutes ses occupations les moyens de se sanctifier et fit d'admirables progrès dans la perfection. Elle reçut de Dieu des faveurs particulières et prédit plusieurs fois l'avenir. Elle mettait une si grande simplicité dans toutes ses actions qu'il était impossible de la voir sans l'estimer et la chérir. Les épreuves et les humiliations qu'elle essuya ne servirent qu'à donner plus d'éclat à l'héroïsme de ses vertus. Cette sainte personne mourut à trente-quatre ans, dans des transports de joie, heureuse d'aller partager avec son Époux les délices célestes. Sa mort arriva le 5 décembre 1420. Clément XIII a approuvé son culte 2.
Une sainte non moins admirable…
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1 Godescard, 26 septembre.— 2 Id., 5 décembre.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Sainte Radegonde ou Radiane, servante en Bavière
Une sainte non moins admirable du même siècle fut sainte Radegonde ou Radiane, au diocèse d'Augsbourg. Elle fut toute sa vie simple servante au château de Wellenbourg, et c'est dans cette humble condition, au milieu des travaux, des fatigues et des peines qui en étaient inséparables, qu'elle pratiqua la vertu la plus pure. Contente de son état de pauvreté et de dépendance envers ses maîtres, elle se trouvait encore plus heureuse qu'une infinité d'autres et en remerciait souvent le Seigneur dans la sincérité de son cœur. Son premier soin, avant tous les autres, c'était de remplir avec une scrupuleuse exactitude les devoirs attachés à son service, non en vue des hommes, mais en vue de Dieu, dont elle savait que ses devoirs exprimaient la volonté à son égard. Quant au temps libre qui lui restait, elle l'employait soit à la prière, soit à l'exercice des œuvres de charité envers les malheureux du pays ; elle faisait même toutes les économies qui lui étaient possibles pour en soulager un plus grand nombre. Elle fut accusée auprès de son maître de faire du bien aux pauvres à ses dépens ; mais le Seigneur prit soin de la justifier lui-même, et dès lors elle jouit non-seulement de la confiance la plus entière, mais encore de l'estime et du respect de tous les habitants du château.
On avait construit depuis peu, à quelque distance de Wellenbourg, un lazaret pour les lépreux, les malades, les pauvres et les voyageurs privés de secours. Sainte Radegonde allait fréquemment leur donner ses soins et appliquait ses propres gages à l'adoucissement de leurs misères. Comme il fallait traverser, pour s'y rendre, une forêt qui le séparait du château, elle y fut attaquée un jour par des loups qui la déchirèrent de telle sorte qu'elle en mourut trois jours après. Son maître, désolé, la fit enterrer à côté du lazaret et fit construire une chapelle sur son tombeau. En 1521 l'archevêque de Salzbourg fit remplacer la chapelle par une très-belle église, qu'il dédia en son honneur 1.
Vers la fin du quatorzième et au commencement du quinzième siècle vivait en Suisse…
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1 Acta SS., 13 août. Godescard, 18 juillet.
A suivre : Le bienheureux Boucard, curé en Suisse.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Bourcard, curé en Suisse.
Vers la fin du quatorzième et au commencement du quinzième siècle vivait en Suisse un saint curé, le bienheureux Bourcard, curé de Reinwil, près du monastère de Muri. L'histoire ne nous a conservé de lui que peu de chose ; mais le souvenir de ses vertus, le respect que les fidèles ont conservé pour sa mémoire, et surtout les miracles nombreux qui ont été opérés à son tombeau, nous disent assez quelle fut la sainteté de sa vie 2.
Un autre saint curé du même temps…
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2 Acta SS., t. 6, août, in append. Godescard, 20 août.
A suivre : Le bienheureux Oddin Barotto, curé de Fossano, en Piémont.
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