Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VIEDEMlle MANCEET HISTOIREDE L'HOTEL-DIEU DE VILLEMARIEDANS L 'ILE DE MONTRÉAL, EN CANADATOME 1VILLEMARIECHEZ LES SŒURS DE L'HOTEL-DIEUDE VILLEMARIE1854A LA TRÈS-SAINTE
VIERGE MARIE
ÉPOUSE DU GLORIEUX SAINT JOSEPH.
VIERGE SAINTE,
Le serviteur fidèle que vous daignâtes choisir pour faire honorer votre saint époux, vous dut, après DIEU tout ce qu'il fut dans l'ordre de la grâce. Par vous aussi, MlleMance, suscitée pour coopérer à l'accomplissement de ce dessein, obtint de la bonté divine le plein succès de ses travaux. La fondation de Villemarie, à laquelle ils prirent tant de part, et la nouvelle communauté qu'ils y établirent étant donc votre ouvrage, souffrez, ô Vierge sainte, que je vous dédie cette histoire ; et faites, par vos puissantes intercessions auprès de DIEU, que ceux qui la liront y trouvent une source de lumière de force et de confiance, et imitent les exemples de vertus sublimes qui y sont rapportés.Le 21 novembre 1853,
Fête de la Présentation de Marie au Temple.PRÉFACE.
Une petite cité qui était presque sans défenseurs, dit l'Ecclésiaste, fut assiégée par un grand roi. Il s'y trouva un homme pauvre, mais sage, qui la sauva par sa sagesse; et toutefois, personne ne se souvint plus de lui après un service si important (1). Voilà quel est ici-bas le partage d'un grand nombre d'hommes généreux et dévoués à leurs semblables ; et c'est ce qui est arrivé aux fondateurs de la colonie de Montréal.
Personne n'a déployé pour l'établissement de cette œuvre, et pour la conservation de la colonie française en Canada, un zèle plus constant et plus efficace que celui qui parut dans M. de La Dauversière et Mlle Mance ; et, malgré le succès dont leurs travaux furent couronnés, ils sont restés dans l'oubli jusqu'à ces derniers temps. A peine sont-ils nommés dans l'Histoire de la Nouvelle-France; et on ne soupçonnerait pas, en lisant cet ouvrage, les importants services dont leur est redevable toute la colonie. Les Relations de la Nouvelle-France, qui paraissaient alors chaque année, n'en font pas non plus mention. Du moins, M. de La Dauversière n'y est pas nommé une seule fois. On en comprend assez la raison : les Relations avaient pour objet les missions des RR. PP. Jésuites, et non l'œuvre de Montréal, étrangère à ces religieux.
Enfin les détails isolés qu'on trouve sur M. de La Dauversière dans des écrivains plus récents sont si incomplets et si inexacts, qu'ils ne peuvent le faire connaître. M. Bertrand de La Tour, regardé jusqu'ici comme le premier et le seul historien ecclésiastique du Canada, montre assez combien il était mal instruit de tout ce qui regarde ce personnage, et les hospitalières de Saint-Joseph en particulier. Voici comment il s'exprime sur l'occasion de l'envoi de ces filles à Villemarie :« M. de La Dauversière, dit-il, était fort lié avec les religieuses hospitalières de la Flèche et de Baugé; il leur proposa d'aller s'établir au delà des mers; elles acceptèrent la proposition avec joie (1). »
Cet écrivain a ignoré, comme on le voit, le point le plus important du sujet qu'il traitait, à savoir : que M. de La Dauversière avait lui-même institué la congrégation de ces hospitalières, qu'il avait donné naissance à leur institut précisément pour qu'elles assistassent les malades de l'île de Montréal lorsqu'on aurait établi une colonie dans cette île ; et qu'enfin il n'entreprit l'établissement de Villemarie que pour y envoyer de ses filles, comme il le fit avant sa mort.
Nous pensons donc remplir un devoir de justice en faisant connaître ici, par l'histoire de l'Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, la mission que ce grand serviteur de DIEU , et celle que Mlle Mance eurent à remplir en faveur de la Nouvelle-France ; et nous nous estimons heureux d'être, par cette publication, l'interprète et l'organe de la reconnaissance publique pour les services importants qu'ils rendirent l'un et l'autre à tout le pays. Les sources où nous avons puisé la matière de cette histoire sont les mêmes, en très-grande partie, que celles de la Vie de la sœur Bourgeoys. C'est pourquoi, sans répéter ici ce que nous avons dit déjà en les indiquant, nous renvoyons le lecteur à ce dernier ouvrage.
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(1) Ecclésiaste, chap. IX, v. 14,15.
(1) Mémoires sur la vie de M. de Laval, liv. VIII, p. 134, 135.
A suivre : Introduction.
Lien complémentaire : https://messe.forumactif.org/t4386-jeanne-mance-co-fondatrice-de-montreal#84960
Dernière édition par Louis le Mer 28 Nov 2012, 9:45 am, édité 2 fois (Raison : ajout d'un lien et compléter le titre général)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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Ce dossier sur MADEMOISELLE Mance s'annonce digne d'intérêt. Merci.
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Ce dossier sur MADEMOISELLE Mance s'annonce digne d'intérêt. Merci.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
INTRODUCTION..
M. DE LA DAUVERSIÈRE
REÇOIT ORDRE D'INSTITUER DES HOSPITALIÈRES
SOUS LE TITRE DE SAINT-JOSEPH,
ET D'EN ÉTABLIR UNE MAISON DANS L'ILE DE MONTRÉALI.
L’histoire de M. de la Dauversière présente des révélations sur Montréal ; pourquoi.
La fondation de Montréal, comme on l'a vu dans la Vie de la sœur Bourgeoys, fut sans contredit l'une des œuvres les plus extraordinaires qui aient paru dans l’Église. Le dessein de cette entreprise, le choix et le caractère des personnes appelées à y concourir les moyens qu'elles employèrent pour l'exécuter, le succès qui couronna leurs efforts : tout y est comme empreint du sceau des œuvres manifestement divines. Du moins, c'est le jugement qu'en ont porté jusqu'ici les esprits raisonnables, qui ne refusent pas à DIEU le pouvoir d'opérer des miracles lorsqu'il lui plaît de faire paraître son action toute-puissante dans l'accomplissement de ses grands desseins. On ne sera donc pas étonné que la Vie de M. Le Royer de La Dauversière, le principal agent de la Providence dans l'entreprise de Montréal, nous offre aussi des révélations.
D'ailleurs, si l'on considère que cet homme extraordinaire a été choisi par la sagesse divine pour donner naissance à un nouvel ordre religieux, les manifestations surnaturelles dont nous avons à parler ne doivent avoir rien de suspect, puisqu'il est hors de doute, comme l'enseigne le savant pape Benoît XIV, que DIEU parle familièrement à ses amis par le moyen des révélations et des visions, surtout aux fondateurs d'ordres.
Enfin, le fait seul de l'établissement de Montréal, toujours subsistant depuis plus de deux siècles, justifierait à la lettre les vues surnaturelles de M. de La Dauversière touchant cette colonie, si elles n'étaient déjà confirmées par d'autres vues entièrement semblables données à M. Olier sur le même établissement, ainsi qu'on l'a raconté dans l'introduction à la Vie de la sœur Bourgeoys. Sans répéter donc ici ce qu'on lit dans ce dernier ouvrage, nous nous bornerons à exposer dans celui-ci les moyens dont la Providence se servit pour déterminer M. de La Dauversière à cette entreprise; et nous commencerons d'abord par faire connaître ce grand serviteur de DIEU.
A SUIVRE : II. Extraction de M. de La Dauversière…
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
II. Extraction de M. de La Dauversière; ses qualités; faveurs qu'il reçoit de DIEU.
La noble et ancienne famille Le Royer, après avoir donné des preuves de son attachement à la Religion et de sa valeur dans les guerres des Croisades, avait ensuite servi les ducs de Bretagne jusqu'à la révolution survenue dans cette province par la mort de Charles de Blois, qui fut tué en 1364 à la célèbre bataille d'Auray. Alors une branche de la famille Le Royer passa de la Bretagne, d'où elle était originaire, dans l'Anjou. Elle s'attacha au service des ducs de Vendôme de la maison de Bourbon ; et enfin, par la faveur de Charles de Bourbon, père d'Antoine, roi de Navarre, elle se fixa à la Flèche, dont ces princes étaient seigneurs, et y occupa des emplois importants (1).
Jérôme Le Royer de La Dauversière, dont nous avons à parler, né dans cette ville le 2 mai 1597, y exerçait la charge de receveur des finances ; et René Le Royer de Boistaillé, son frère, celle de juge au siège présidial (2). DIEU , qui destinait M. de La Dauversière à donner naissance à un nouvel institut de religieuses, et à étendre l'Église catholique dans l'Amérique du Nord, voulut être reconnu seul auteur de ces deux grandes œuvres, en choisissant pour les exécuter un instrument qui semblait être tout à fait impropre à de tels desseins : car M. de La Dauversière demeura toujours dans l'état de simple laïque; il se trouvait même engagé dans les liens du mariage, ayant épousé Jeanne de Baugé, dont il eut un grand nombre d'enfants. Enfin il était dépourvu des biens de la fortune, et même des charmes extérieurs de la parole : deux moyens que la prudence humaine eût jugés comme indispensables au succès des deux œuvres dont nous parlons.
Mais, pour le rendre un instrument plus propre à en procurer l'accomplissement, DIEU se plut à le combler des dons les plus précieux de sa grâce. Six mois après qu'il l'eut particulièrement attiré à son service, il l'inonda de tant de faveurs et de consolations, que le guide spirituel de M. de La Dauversière, quoique très-éclairé dans la conduite des âmes, se jugea incapable de le diriger seul, et voulut qu'il communiquât son intérieur à tout ce qu'il y avait à la Flèche de plus expérimenté dans les voies extraordinaires, particulièrement aux Pères de la Compagnie de JESUS. Toutefois, ces grâces n'étant dans la main de DIEU que comme un doux appât pour le lier à son service, furent bientôt suivies de ces épreuves accablantes qu'il envoie aux âmes d'élite pour les vider entièrement d'elles-mêmes, et les rendre capables de ses plus hautes communications.
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(1) Actes de Bireau, notaire à Chinon en Touraine .— Archives des hospitalières de la Flèche.
(2) Registres des baptêmes conservés à l'état civil de la Flèche.
A suivre : III. Épreuves qui disposent M. de La Dauversière à exécuter les ordres de DIEU touchant Montréal.
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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M. de La Dauversière se vit comme plongé dans la nuit la plus profonde, et pendant dix-huit mois il fut en proie à ces tentations de désespoir apparent dont nous voyons tant d'exemples dans la vie des saints, retira, comme fruit de ces épreuves, un don admirable pour conduire lui-même les âmes les plus achevées ; et cette grâce fut même en lui si rare et si singulière, qu'avec deux on trois paroles il produisait des effets merveilleux dans les cœurs.
Un autre fruit plus précieux pour lui-même, ce fut un amour extraordinaire pour la pénitence et les macérations. « Il menait une vie si austère, rapporte M. de Faucamp, que, tout séculier qu'il était, il prenait la discipline tous les jours avec des chaînes de fer, et d'une manière si sanglante, qu'il en avait les épaules comme pourries. Il portait une ceinture qui avait plus de 1200 pointes très-aiguës. Il avait (et je l'ai vu) plus de 2000 pointes dans ses seuls gants de campagne. Enfin, pour se faire souffrir en mille manières, il inventait les macérations les plus inouïes (1). »
Tel était celui que la sagesse de DIEU avait choisi pour l'exécution de ses desseins ; et voici comment elle daigna les lui manifester.
Un jour de la Purification, M. de La Dauversière ayant reçu JESUS-CHRIST dans la sainte communion, et s'étant ensuite consacré à la Sainte-Famille conjointement avec son épouse et ses enfants, DIEU lui commanda d'instituer un nouvel ordre d'hospitalières, qui honorassent saint Joseph comme guide et gouverneur de JESUS-CHRIST pauvre, roi des pauvres et fondateur de la pauvreté évangélique (2).
En même temps il lui ordonna d'établir dans l'ile de Montréal…
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(1) Lettres de M. de Faucamp au R.P. Chaumonot, du 28 avril 1660. – Archives des hospitalières de La Flèche.
(2) Mémoire de M. Le Royer sur la vie de M. Jérôme Le Royer de La Dauversière, son père. – Histoire de la Congrégation de St-Joseph ; manuscrit de la Flèche.
A suivre.
III. Épreuves qui disposent M. de La Dauversière à exécuter les ordres de DIEU touchant Montréal.
M. de La Dauversière se vit comme plongé dans la nuit la plus profonde, et pendant dix-huit mois il fut en proie à ces tentations de désespoir apparent dont nous voyons tant d'exemples dans la vie des saints, retira, comme fruit de ces épreuves, un don admirable pour conduire lui-même les âmes les plus achevées ; et cette grâce fut même en lui si rare et si singulière, qu'avec deux on trois paroles il produisait des effets merveilleux dans les cœurs.
Un autre fruit plus précieux pour lui-même, ce fut un amour extraordinaire pour la pénitence et les macérations. « Il menait une vie si austère, rapporte M. de Faucamp, que, tout séculier qu'il était, il prenait la discipline tous les jours avec des chaînes de fer, et d'une manière si sanglante, qu'il en avait les épaules comme pourries. Il portait une ceinture qui avait plus de 1200 pointes très-aiguës. Il avait (et je l'ai vu) plus de 2000 pointes dans ses seuls gants de campagne. Enfin, pour se faire souffrir en mille manières, il inventait les macérations les plus inouïes (1). »
Tel était celui que la sagesse de DIEU avait choisi pour l'exécution de ses desseins ; et voici comment elle daigna les lui manifester.
Un jour de la Purification, M. de La Dauversière ayant reçu JESUS-CHRIST dans la sainte communion, et s'étant ensuite consacré à la Sainte-Famille conjointement avec son épouse et ses enfants, DIEU lui commanda d'instituer un nouvel ordre d'hospitalières, qui honorassent saint Joseph comme guide et gouverneur de JESUS-CHRIST pauvre, roi des pauvres et fondateur de la pauvreté évangélique (2).
En même temps il lui ordonna d'établir dans l'ile de Montréal…
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(1) Lettres de M. de Faucamp au R.P. Chaumonot, du 28 avril 1660. – Archives des hospitalières de La Flèche.
(2) Mémoire de M. Le Royer sur la vie de M. Jérôme Le Royer de La Dauversière, son père. – Histoire de la Congrégation de St-Joseph ; manuscrit de la Flèche.
A suivre.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17614
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
III. Épreuves qui disposent M. de La Dauversière à
exécuter les ordres de DIEU touchant Montréal. (suite)
En même temps il lui ordonna d'établir dans l'ile de Montréal, en Canada, un Hôtel-Dieu qui fût desservi par les filles de cet institut, pour le soulagement et l'instruction des malades tant français que sauvages ; ajoutant que la Sainte-Famille de Jésus, Marie et Joseph serait particulièrement honorée dans cette ile (*) (1).
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( * )M. Dollier de Casson, clans son Histoire du Montréal, assure que M. de La Dauversière forma le projet de la fondation de Villemarie à l'occasion d'une des relations des RR. PP. Jésuites sur la Nouvelle-France, qu'il lut par hasard, et où il était parlé de l'île de Montréal comme d'un lieu très-propre à un établissement (2). Mais avant que ces Pères en eussent donné la description dans aucune de leurs relations, M. de La Dauversière avait déjà formé le projet d'y établir une colonie. Car il est certain qu'avant l'année 1637, ils n'avaient point encore fait la description de cette Ile. Or, dès l'année 1635 ou 1636, comme on le voit dans les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal (3), publiés en 1643, M. de La Dauversière avait déjà eu la pensée de cet établissement. On ne peut même douter qu'il n'y songeât en 1634. Cette année, il donna commencement à l'institut de Saint-Joseph par la chapelle qu'il fit construire à la Flèche sous le vocable de ce grand saint (4) ; et il est assuré que la formation de cet institut n'a été qu'une, suite du dessein inspiré à M. de La Dauversière d'établir un Hôtel-Dieu à Montréal. C'est ce qui fait dire à la sœur Morin : « Notre fondation de Villemarie, en vue de laquelle notre institut a pris naissance. » Si l'on en croit les hospitalières de la Flèche, dans l'Histoire manuscrite de l'Institution de leur Congrégation, ce serait en 1631, qu'il aurait eu, d'une manière surnaturelle, la première vue de l'établissement de Montréal (5). Enfin, d'après M. de La Dauversière fils, on pourrait fixer la date de ce dessein à l'année 1630 (6). Il est donc certain que lorsque M. de La Dauversière conçut le projet de l'établissement dont nous parlons, aucune relation des PP. Jésuites n'avait donné la description de l'Ile de Montréal.
Au reste, M. Dollier de Casson semble n'être pas d'accord avec lui-même sur ce point, puisqu'il dit ailleurs : « que M. de La Dauversière reçut de DIEU une connaissance claire et distincte de la situation de cette Ile. » Nous pouvons ajouter que M. Olier eut la première vue de sa vocation pour le Canada en 1636, comme on le voit dans ses Mémoires (1), et que vers ce temps il serait parti pour ce pays, si le P. de Condren ne l'en eût empêché (2). Par conséquent il ne put prendre, non plus que M. de La Dauversière, la première idée de ce dessein dans aucune des relations sur la Nouvelle-France.
(2) Histoire de Montréal, de 1640 à 1641.
(3) Page 26.
(4) Requête de MM. Le Royer à l’évêque d’Angers 1634 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(5) Histoire de l’institution, etc. p. 11.
(6) Mémoires de M. de La Dauversière sur son père.
(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. I, p. 96, 97, etc.
(2) Vie de M. Olier, t. I, p. 143.
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(1) Mémoires de M. de La Dauversière fils sur son père. – Histoire de la Congrégation de St-Joseph ; manuscrit de la Flèche. – Montréal en Canada, manuscrit in 4º – Histoire du Canada par M. de Belmont. Vie de M. de Queylus, par Grandet ; manuscrit. Annales de l’Hôtel-Dieu de Villemarie par la sœur Morin ; manuscrit.
A suivre : IV. Combien l’exécution des ordres de DIEU paraît d’abord difficile à M. de La Dauversière et à ses directeurs….
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Louis- Admin
- Nombre de messages : 17614
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
A suivre :IV. Combien l’exécution des ordres de DIEU paraît d’abord
difficile à M. de La Dauversière et à ses directeurs.
Quelle que fût la piété de M. de La Dauversière, un commandement si extraordinaire était bien propre à le jeter dans l'abattement, se voyant dépourvu de ressources pour l'exécuter, engagé dans les liens du mariage, et chargé d'une famille nombreuse. Il s'agissait en effet de former un nouvel institut de filles ; et, pour qu'elles fussent en état de servir les malades à Montréal, il fallait auparavant établir une colonie de Français dans cette île inculte et déserte. D'ailleurs, M. de La Dauversière n'avait eu jusque alors aucune connaissance particulière des sauvages du Canada ; et enfin, l'île de Montréal, où il fallait établir cette colonie, appartenait à M. de Lauson, à qui la Grande Compagnie l'avait cédée. Aussi éprouva-t-il d'abord une répugnance extrême à exécuter un pareil dessein, qu'il jugeait être tout à fait au-dessus de ses forces, contraire à sa condition, et nuisible aux intérêts de sa famille (1). Son confesseur, à qui il en fit part, ne comprit pas non plus comment M. de La Dauversière pourrait former cette colonie (2), ni instituer un nouvel ordre d'hospitalières; et il lui répondit d'abord de se contenter de prier DIEU, et d attendre dans une sainte indifférence qu'il lui plût de manifester sa volonté (3).
Les mêmes ordres lui ayant été réitérés plusieurs fois son confesseur lui fit la même réponse. Néanmoins, M. de La Dauversière se sentait pressé de plus en plus. Il recevait des lumières si vives, des vues si particulières et si circonstanciées sur la situation du Canada et sur celle de l'île de Montréal (4), sans avoir jamais connu les lieux par aucune voie naturelle ; DIEU lui montrait avec tant de netteté les moyens qu' il devait, employer pour l'exécution de cette œuvre, il le pressait si instamment de l'entreprendre, comme un service signalé qu'il demandait de lui (5), qu'à la fin il craignit d'attirer sur lui l'indignation de DIEU s'il s'obstinait davantage. Il s'adressa donc de nouveau à son directeur, qui, touché et convaincu par tous ces récits, lui permit d'en faire part à ses amis, et de commencer l'entreprise. Mais les RR. Pères Jésuites, et tous ceux à qui il en fit part, ne purent goûter le projet d'un nouvel institut d’hospitalières, qu'ils regardaient, de la part d'un laïque, comme un dessein chimérique et extravagant. Ils jugèrent que pour répondre aux ordres de DIEU il devait appeler à la Flèche les hospitalières de Saint-Augustin de Dieppe ou celles de Vannes (1).
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(1) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, 1643, in 4º, p. 26-27.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, p. 33-34.
(3) Histoire de l’Institution de la Congrégation des hospitalières de S. Joseph , p. 10-11.
(4) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, ibid. — Histoire du Montréal par M. Dollier de Casson.— Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(5) Les Véritables Motifs de MM et Dames de Montréal, p. 27.
(1) Histoire de l’Institution de la Congrégation des hospitalières de S. Joseph , p. 11.
V. 1634. Aumônerie de la Flèche. M. de La Dauversière y fait construire une chapelle en l’honneur de S. Joseph.
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Louis- Admin
- Nombre de messages : 17614
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
A suivre :1634. V. Aumônerie de la Flèche. M. de La Dauversière
y fait construire une chapelle en l’honneur de S. Joseph.
Avant de faire aucune invitation à ces filles, il était nécessaire d'avoir une maison où elles pussent se loger et soigner les malades. Il n'existait alors à la Flèche qu'un petit hôpital qui tombait en ruines, appelé l’aumônerie de Sainte-Marguerite , du nom de la sainte à qui la chapelle était dédiée (2). Cet établissement n'avait ni ressources pour faire subsister des hospitalières, ni même de bâtiment pour les recevoir (3). Il ne jouissait alors que de cinquante écus de revenu, et le soin des malades, qu'on y recevait en très-petit nombre, était confié à trois filles servantes, qui même étaient obligées d'aller faire la quête par la ville pour se procurer les choses de première nécessité (4).
C'était cependant cette pauvre maison qui devait être le berceau du nouvel institut, et DIEU, pour préparer de loin l'accomplissement de ses desseins, avait voulu que les administrateurs de l'aumônerie de Sainte-Marguerite fussent alors M. de La Dauversière lui-même et son frère, M. de Boistaillé. M. de La Dauversière songea d'abord à mettre en crédit dans ce lieu le culte envers saint Joseph, qui devait y être particulièrement honoré. Il résolut donc de commencer par faire démolir la petite chapelle de Sainte-Marguerite, qui tombait en ruines, afin d'en faire construire une nouvelle, qui fût dédiée à ce glorieux saint (1); et de concert avec M. de Boistaillé il se mit à quêter par la ville pour se procurer les fonds nécessaires (2). Cette chapelle était destinée à faire honorer saint Joseph comme chef de la Sainte-Famille, et sous le titre spécial de guide et de gouverneur de l'enfant JESUS pauvre, roi des pauvres et fondateur de la pauvreté évangélique. Chacun demeura frappé de ce que la première aumône donnée à M. de La Dauversière lui fut faite par un enfant pauvre, qui lui remit deux deniers; et la seconde par une pauvre femme, qui lui donna un denier pour chapelle (3). Cette circonstance, qui parut mystérieuse, fut ménagée sans doute par un dessein particulier de la divine providence ; et nous regardons comme une opinion très-pieuse de penser que l'enfant JESUS sous l'image de ce petit pauvre, ainsi qu'il a daigné apparaître à de saintes âmes (4), et la très-sainte Vierge sous l'extérieur d'une pauvre femme, voulurent contribuer à cet édifice, destiné à accroître en France le culte du glorieux saint Joseph, leur chef.
Au reste, cette offrande de trois deniers toucha si efficacement plusieurs personnes de condition, qu'elles s'empressèrent de fournir tout ce qui était nécessaire à la construction de la chapelle ; et qu'enfin le conseil de ville de la Flèche, pour prendre part lui-même à un si pieux dessein, résolut, par délibération du 28 juin de cette année 1634, de faire rebâtir l'hôpital (1).
En conséquence, M. de La Dauversière et son frère adressèrent une requête à l'évêque d'Angers, M. Claude de Rueil, pour lui de- mander l'autorisation de démolir la chapelle de Sainte-Marguerite, et de la remplacer par une nouvelle , qui serait dédiée sous le vocable de saint Joseph. Le prélat le leur permit volontiers, par des lettres du 2 juillet 1634 ; à condition seulement que dans la nouvelle chapelle on érigerait un autel en l'honneur de sainte Marguerite. Les ouvriers mirent incontinent la main à l'œuvre, et la chapelle fut bâtie (2).
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(2) Décret d’érection de la Communauté des Filles de S. Joseph, du 19 octobre 1643 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(3) La Vie de Mme de Meleun , in 8º, par Joseph Grandet, 1687, p. 133.
(4) Mémoires et remarques pour servir de réponse , etc… ; manuscrits de Laflèche.
(1) Mémoires de M. de La Dauversière fils sur son père.
(2) Requête de MM. Le Royer à l’évêque d’Angers 1634 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(3) Mémoires et remarques pour servir pour servir à l’histoire de l’Institut St. Joseph, manuscrits de Laflèche.
(4) Vie de la mère Agnès de JESUS, par M. de Lantages.
(1) Requête de MM. Le Royer à l’évêque d’Angers 1634 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(2) Requête, ibid.
VI. 1636. M. de La Dauversière forme à la Flèche la confrérie de la Sainte-Famille, qu’il met sous la protection spéciale de Saint Joseph.
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Louis- Admin
- Nombre de messages : 17614
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
Merci Louis... sujet très intéressant.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VI. 1636. M. de La Dauversière forme à la Flèche la confrérie
de la Sainte-Famille, qu’il met sous la protection spéciale de Saint Joseph.
Comme le dessein de M. de La Dauversière était de répandre la dévotion envers saint Joseph, et qu'il voyait avec une extrême satisfaction que déjà elle s'était communiquée aux personnes pieuses de la Flèche, et même à tous les habitants en général, il forma le projet de faire ériger canoniquement en l'honneur de ce saint une confrérie qui tint ses réunions dans la nouvelle chapelle.
De concert avec son frère et avec tous les habitants de la ville, il adressa à l'évêque une nouvelle requête à ce sujet. Ils lui exposaient : qu'ils avaient fait construire une chapelle sous l'invocation de saint Joseph, afin que par ce monument public eux et toute la ville se missent sous la protection de ce grand saint; qu'ayant dessein de lui rendre un culte particulier, ils le priaient d'ériger une confrérie sous le nom du glorieux saint Joseph, pour qu'ils vénérassent à perpétuité la sainte famille de JESUS- CHRIST, dont ce grand saint a été le chef. En sorte, ajoutaient-ils, qu'ils pussent honorer ensemble JESUS, Marie, Joseph, non pas d'un culte égal, mais différent et selon la dignité de chacun, afin de parvenir par ce moyen à une parfaite adoration et glorification de la sainte Trinité.
L'évêque accueillit avec joie une requête si édifiante : il rendit son décret d'érection le 17 février 1636, et donna à de la confrérie de Saint-Joseph de la Flèche des statuts particuliers, compris en 19 articles (1)
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(1) Décret d’érection de la confrérie de Saint-Joseph, établie à la Flèche, du 17 février 1636 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
A suivre :
VII. Vocation de Mlle de La Ferre et de ses deux compagnes. M. de La Dauversière les emploie par essai au service de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
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A suivre : VIII. 1639. Par obéissance à ses directeurs, M. de La Dauversière offre, mais en vain, l’Hôtel-Dieu aux hospitalières de Dieppe.VII. Vocation de Mlle de La Ferre et de ses deux compagnes.
M. de La Dauversière les emploie par essai au service de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
Cette même année, pendant qu'on s'occupait de la reconstruction de l'Hôtel-Dieu, deux vertueuses demoiselles se sentirent pressées de s'offrir à M. de La Dauversière pour y soigner les malades et se consacrer à leur service. La première, MlleMarie de La Ferre, d'une noble famille du Poitou, était appelée, sans le savoir encore, à jeter avec M. de La Dauversière les fondements de l'institut des sœurs de Saint-Joseph, dont elle devait être la première supérieure. Pour la préparer de loin à cette œuvre, DIEU l'avait prévenue de grâces singulières, auxquelles elle avait fidèlement répondu par une charité sans bornes envers les pauvres, et un zèle sage et ardent pour le salut du prochain. Attirée intérieurement à vivre en communauté, et ignorant les desseins de DIEU sur elle, un jour qu'elle demandait à DIEU par quel moyen elle pourrait lui témoigner son amour, elle avait cru être transportée en esprit dans une salle très-spacieuse où étaient quantité de lits rangés les uns à la suite des autres ; et il lui avait été dit en même temps que ce serait par la pratique de la charité envers le prochain qu'elle témoignerait à DIEU son amour. Elle fit part de cette vue à M. de La Dauversière, qui, éclairé de son côté des desseins de DIEU sur Mlle de La Ferre, lui dit avec assurance : « Mademoiselle, DIEU veut se servir de nous pour l'établissement d'une nouvelle congrégation, dédiée à la Sainte-Famille JESUS , Marie, Joseph, sous le nom de ce glorieux saint ; et qui fasse vœu de servir les pauvres. Il faut que nous travaillions l'un et l'autre à cette œuvre ( 1 ). »
Telle fut la digne coopératrice que DIEU donna à M. de La Dauversière pour l'aider dans l’établissement de son institut. Elle était alors âgée de 44 ans (2).
Une autre demoiselle de vertu, MllleFourreau, fille d'un magistrat de la Flèche, liée d'une étroite et sainte amitié avec Mlle de La Ferre, s'offrit également à M. de La Dauversière, ainsi que Mlle Anne de L'Épicier, fille d'honneur de Mme la princesse de Condé. Quoique M. de La Dauversière connût par des voies surnaturelles que toutes trois étaient destinées à être les pierres fondamentales de sa congrégation, il leur conseilla cependant de s'éprouver quelque temps avant d'embrasser le genre de vie auquel elles se sentaient attirées , et dans cette vue il leur proposa de se retirer dans une chambre de l'hôpital de la Flèche, où elles seraient à portée d'exercer leur zèle par manière de simple essai. Elles y entrèrent en effet, le jour de la sainte Trinité de cette année 1636, et se joignirent aux trois pauvres servantes qui soignaient les malades : Catherine Lebouc, Julienne Alory et Catherine Coherges (l), qui dans la suite embrassèrent l'institut en qualité de sœurs converses.
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(1) Annales ou histoires des hospitalières de Saint-Joseph ; Saumur, 1829, in 8º, p. 43.
(2) Registres de l’entrée des filles de l’Hôtel-Dieu de la Flèche ; archives de cette maison.
(1) Mémoires et remarques, etc. ; manuscrits de l’Hôtel-Dieu de Laflèche.
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VIII. 1639. Par obéissance à ses directeurs, M. de La Dauversière offre,
mais en vain, l’Hôtel-Dieu aux hospitalières de Dieppe.
Cependant l'hôpital que la ville avait entrepris de reconstruire fut agrandi de la moitié. M. Pierre Chevrier baron de Fancamp, gentilhomme riche, qui s'était retiré auprès de M. de La Dauversière pour apprendre sous sa conduite à servir DIEU (2), contribua généreusement aux frais de ces bâtisses. On releva aussi ou en répara les anciens bâtiments, et avec tant de soin, qu'ils semblaient avoir été nouvellement construits (1) ; et enfin ou assura à l'Hôtel-Dieu quelques nouveaux revenus pour le faire subsister.
Mais, lorsqu'il fut question de pourvoir à la conduite intérieure de cette maison, le directeur de M. de La Dauversière et les autres personnes de qui il prenait conseil, toujours persuadés qu'un simple laïque engagé dans le monde serait tout à fait impropre à être l'instituteur d'une nouvelle communauté de filles, furent d'avis d'appeler à la Flèche des religieuses hospitalières de Dieppe, qui suivaient la règle de Saint-Augustin. Ce projet était entièrement contraire à l'ordre que M. de La Dauversière avait reçu d'établir un nouvel institut en l'honneur de saint Joseph. Néanmoins, accoutumé qu'il était à ne pas prendre pour règle les lumières qu'il recevait de DIEU, avant qu'elles n'eussent été approuvées par ses supérieurs, il se soumit aveuglément à leur décision, et en sa qualité d'administrateur il traita avec les religieuses de Dieppe pour qu'elles prissent la conduite de l'Hôtel-Dieu. Elles goûtèrent fort cette proposition, et de son côté M. de La Dauversière pria l'évêque d'Angers d'autoriser leur établissement à la Flèche ; ce que ce prélat fit aussitôt par une ordonnance du 16 août 1639 (2).
Mais, au moment où le projet allait être exécuté, il survint des obstacles insurmontables de la part des religieuses elles-mêmes, qui se virent dans l’impuissance de donner les sujets qu’on attendait. L’établissement de l’Hôtel-Dieu de Québec, dont elles se chargèrent, et où elles envoyèrent des religieuses (1) cette même année 1639, fut apparemment le motif qui les empêcha de prendre aussi celui de la Flèche. On insista cependant pour en obtenir quelques-unes, et, malgré les efforts que l’on fit, on ne put y réussir (2).
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(2) Histoire du Montréal par M. Dollier de Casson, de 1640 à 1641.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu de Villemarie par la sœur Morin.
(2) Requête de M. de La Dauversière à l’évêque d’Angers, du 28 mars 1642; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(1) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 206 et 208.
(2) Mémoires de M. de La Dauversière fils sur son père. — La Vie de Mme de Meleun , in 8º,, 1687, p. 133. — Histoire de l’Institution de la Congrégation des hospitalières de S. Joseph , ibid.
A suivre : IX. Mlle de La Ferre et ses compagnes acceptent la direction de l’Hôtel-Dieu de la Flèche, que la ville leur offre.
Dernière édition par Louis le Dim 22 Juil 2012, 7:26 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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IX. Mlle de La Ferre et ses compagnes acceptent la direction
de l’Hôtel-Dieu de la Flèche, que la ville leur offre.
Cette circonstance avait été ménagée par la divine providence pour l’accomplissement de ses desseins sur la future communauté de Saint-Joseph. Comme Mlle de La Ferre et ses compagnes faisaient paraître depuis trois ans une rare intelligence et une charité sans bornes dans les soins qu’elles donnaient aux malades, et que d’ailleurs leur sagesse et leur vertu étaient pour toute la ville un grand sujet d’édification, ceux qui avaient désiré le plus ardemment des religieuses augustines pour l’Hôtel-Dieu souhaitèrent d’en voir donner la conduite aux trois demoiselles dont nous parlons. Ils en firent la proposition aux deux administrateurs et à ces demoiselles elles-mêmes. Elles répondirent : qu’elles consacreraient volontiers leur vie au service des pauvres dans cette maison, pour le pur amour de DIEU, pourvu toutefois qu’on leur permit d’y vivre en communauté régulière, sous de certaines règles, à l’instar des statuts de communautés religieuses, sans cependant faire profession de l’état religieux (1).
Le gouverneur de la Flèche, le maire, les échevins et le conseil de ville, ayant délibéré entre eux sur cette proposition, jugèrent qu’elle serait plus facile dans son exécution que la précédente, plus certaine dans ses résultats, comme l’expérience des trois années l’avait montré, enfin d’une plus grande édification pour le public. C’est pourquoi, par acte du 23 décembre de cette année 1639, ils donnèrent leur consentement pour la réception et l’établissement de ces demoiselles dans l’Hôtel-Dieu de la Flèche, et chargèrent M. de La Dauversière et son frère d’agir auprès de l’évêque d’Angers pour qu’il daignât approuver le dessein de ces filles, et leur donnât lui-même la conduite de l’Hôtel-Dieu (2).
M. de La Dauversière s’adressa alors à plusieurs personnes éclairées dans les voies de DIEU, et, selon toutes les apparences, aux RR. PP. Jésuites de la Flèche, pour rédiger par leur conseil un corps de constitutions, conformément aux lumières qu’il avait reçues de DIEU sur son institut. Ces constitutions, qui prescrivent des vœux simples, furent approuvées par le corps de la ville de la Flèche, le 23 août 1642 ; et enfin l’évêque d’Angers les confirma de son autorité, en en ordonna l’observation, par son décret d’érection de la communauté des filles hospitalières de Saint-Joseph, au mois d'octobre de l'année suivante (1).
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(1)Décret d’érection de la Communauté des Filles de S. Joseph, du 19 octobre 1643 ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(2) Requête de M. de La Dauversière à l’évêque d’Angers, du 28 mars 1642; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(1)Décret d’érection de la Communauté des Filles de S. Joseph, ibid.
A suivre : X. M. de La Dauversière, de l’avis du P. Chauveau, se rend à Paris pour essayer de donner commencement à l’œuvre de Montréal.
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X. M. de La Dauversière, de l’avis du P. Chauveau, se rend à Paris
pour essayer de donner commencement à l’œuvre de Montréal.
Mais, avant cette approbation, et dès que Mlle de La Ferre et ses compagnes eurent été agréées par la ville de la Flèche pour la conduite de l'Hôtel-Dieu, M. de La Dauversière s'employa plus efficacement que jamais à accomplir les ordres que DIEU lui avait don nés touchant l'établissement d'une colonie française dans l'île de Montréal. Ses directeurs, comme on l'a dit n'avaient pas d'abord approuvé ce dessein (2), qui, en effet, semblait devoir être traité de pieuse chimère (3).
Bientôt ils furent frappés eux-mêmes de tout ce que M. de La Dauversière leur rapportait sur ce sujet, et notamment sur la situation de l'Ile de Montréal, qu'il connaissait beaucoup mieux que ne pouvaient le faire ceux qui avaient voyagé dans ce pays. Il n'en dépeignait pas seulement l'extérieur, c'est-à-dire toutes les côtes, avec une exacte vérité, mais encore l'intérieur, la qualité du terrain, et même la largeur inégale de l'ile dans ses divers points.
Enfin, un jour étant allé trouver le Père Chauveau, directeur du collège de la Flèche, son directeur, et lui ayant parlé du projet d'établir une colonie dans cette île comme d'une œuvre à laquelle il lui semblait que DIEU voulait absolument qu'il s'employât tout entier, il pria ce religieux de lui dire nettement s'il jugeait que ce dessein fût de DIEU. « N'en doutez pas, Monsieur, lui répondit-il, et employez-vous-y tout de bon ». Il l'engagea même à s'en ouvrir à M. de Fancamp. Celui-ci n'eut pas plutôt entendu ce récit, et la réponse du Père Chauveau, qu'il s'offrit à M. de La Dauversière pour être associé au même dessein ( 1 ); et en ayant ensuite conféré tous deux avec ce Père, il fut convenu entre eux que M de La Dauversière ferait un voyage à Paris (2) pour consulter sur cette grande entreprise, et chercher les moyens de l'exécuter (3).
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(2) Mémoires de M. de La Dauversière sur son père.
(3) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, in-12 p. 33.
(1) Histoire du Montréal par M. Dollier de Casson, de 1640 à 1641.
(2) Vie de M. de Queylus, par Grandet ; manuscrit.
(3) Histoire de l’Institution des hospitalières de S.-Joseph ; manuscrits de l’Hôtel-Dieu de Laflèche.
A suivre : XI. La Sainte-Famille lui apparaît dans l’église de Notre-Dame et l’assure de sa protection.
Dernière édition par Louis le Dim 22 Juil 2012, 7:25 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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A suivre : XII. Rencontre miraculeuse de M. de La Dauversière et de M. Olier, éclairés l'un et l'autre sur l'œuvre de Montréal.XI. La Sainte-Famille lui apparaît
dans l’église de Notre-Dame et l’assure de sa protection.
Arrivé à Paris, et avant d’avoir parlé à personne du sujet de son voyage, il se rendit à l'église de Notre- Dame pour s'offrir à la Mère de DIEU et mettre l'entreprise sous sa protection. On a raconté dans la Vie de la sœur Bourgeoys que par l'établissement de Montréal, Dieu se proposait de faire honorer en Canada les trois personnes de la Sainte-Famille, Jésus, Marie et Joseph , et que M. de La Dauversière avait été choisi pour être l'instrument extérieur de la fondation
de cette colonie (4).
Mais cette œuvre devant être éprouvée par des contradictions de tous les genres, il était digne de la sagesse divine de fortifier d'avance celui qu'elle destinait à l'exécuter, de peur que la vue de tant d'obstacles ne lui fit abandonner l'entreprise. C'est pourquoi, DIEU, toujours attentif à proportionner les moyens aux fins qu’il se propose, favorisa alors M. de La Dauversière d’une vision dans laquelle la Sainte-Famille elle-même lui apparut et l’assura de sa protection. Nous croirions manquer à l’intégrité de l’histoire si nous ne rapportions ici cette faveur. Quelque invraisemblable qu’elle eût pu paraître avant la fondation de Montréal, elle ne saurait être raisonnablement contestée aujourd’hui, puisque depuis près de deux siècles l’événement en a justifié de point en point la vérité, et qu’enfin M. de La Dauversière, cet homme si sincère, si sage et si craignant DIEU, nous en a fait connaître toutes les circonstances. Il est même à remarquer qu’il les raconta dans un entretien spirituel qu’il adressait à ses filles pour les animer à la confiance ; et son témoignage, au jugement de tous les hommes sensés et chrétiens, doit mettre le dernier sceau à la certitude de cette vision.
S’étant donc rendu dans l’église de Notre-Dame, et y ayant reçu la sainte communion avec sa ferveur accoutumée, pendant qu’il faisait son action de grâces, étant seul auprès de la statue de Marie, et profondément recueilli en DIEU , il fut ravi hors de lui-même, et vit distinctement la Sainte-Famille, JESUS , Marie, Joseph. Comme il contemplait ces augustes personnages, il entendit NOTRE-SEIGNEUR dire par trois fois à la très-sainte Vierge ces paroles: Où pourrai-je trouver un serviteur fidèle ? et vit que cette divine mère, le prenant lui-même par la main, le présentait à son divin fils, en lui disant : Voici, Seigneur, ce serviteur fidèle. Qu'alors NOTRE-SEIGNEUR le reçut avec bonté, et lui dit : « Vous serez donc désormais mon serviteur fidèle ; je vous revêtirai de force et de sagesse ; vous aurez pour guide votre ange gardien. Travaillez fortement à mon œuvre ; ma grâce vous suffit, et ne vous manquera point. » Après quoi le Sauveur lui mit à la main un anneau où étaient gravés les noms de Jésus, Marie, Joseph, en lui recommandant d'en donner un semblable à toutes les filles qui se consacreraient à la Sainte-Famille, dans la congrégation qu'il allait établir (1). Enfin, dans cette vision, M. de La Dauversière, que DIEU avait déjà éclairé si parfaitement sur la situation et la nature de l'île de Montréal, connut distinctement toutes les personnes qui devaient concourir avec lui à cette grande entreprise (2).
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(4) Vie de la Sœur Bourgeoys, introduction, p. XXXII et suiv..
(1) Histoire de l’Institution des hospitalières de S. Joseph , p. 29 et 30 ; manuscrits.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin ; manuscrits.
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XII. Rencontre miraculeuse de M. de La Dauversière et de M. Olier,
éclairés l'un et l'autre sur l'œuvre de Montréal.
Ce qui suivit bientôt fut une confirmation et une preuve manifeste de la vérité de cette apparition. M. de La Dauversière étant allé à Meudon pour parler au garde des sceaux, qui s'y trouvait alors, dans le même temps M. Olier s'y rendit pour quelque affaire, et la Providence voulut qu'ils se rencontrassent dans la galerie de l'ancien château. Alors ces deux grands serviteurs de DIEU, qui ne se connaissaient par aucune voie naturelle, qui ne s'étaient jamais vus et n'avaient point ouï parler l'un de l'autre, poussés par une sorte d'inspiration, coururent s'embrasser comme deux amis qui se retrouveraient après une longue séparation. « Ils se jetèrent au cou l'un de l'autre, dit M. de Bretonvilliers, avec des tendresses et une cordialité si grandes, qu'il leur semblait n'être qu'un même cœur. » Ils se saluèrent mutuellement par leur nom, ainsi que nous le lisons de saint Paul et de saint Antoine. M. Olier félicita M. de La Dauversière du sujet de son voyage, et lui mettant entre les mains un rouleau d'environ 100 louis d'or, lui dit ces paroles : « Monsieur, je veux être de la partie. Je sais votre dessein, je vais le recommander à DIEU au saint autel.» Il célébra ensuite la sainte messe, où communia M. de La Dauversière ; et après leur action de grâces ils se retirèrent dans le parc du château, où ils s'entretinrent durant trois heures des desseins qu'ils avaient formés l'un et l'autre pour procurer la gloire de DIEU dans l'île de Montréal. Ils parlèrent de cette île comme s'ils y eussent demeuré plusieurs années ; car tous deux avaient reçu de DIEU les mêmes vues, et se proposaient d'employer les mêmes moyens. Cette rencontre si extraordinaire, et la conformité non moins frappante de leur projet, ne leur permettant pas de douter que DIEU ne les eût effectivement choisis pour réaliser de concert cette entreprise, ils se lièrent dès ce moment d'une très-étroite amitié, et entretinrent entre eux un commerce de lettres (1). M. Olier était peut-être allé trouver le chancelier à Meudon pour le prier de faire agréer au roi le refus qu'il fit, sur ces entrefaites, de la coadjutorerie de Châlons-sur-Marne. C'était en 1639. De retour alors de ses missions d'Auvergne, M. Olier était au comble de l'estime à la ville et à la cour : jusque-là, que, sur la demande du cardinal de Richelieu, ministre d'État, Louis XIII l'avait nommé à ce siège comme l'ecclésiastique du royaume le plus digne de le remplir. M. de La Dauversière, éclairé de DIEU sur la vocation de son ami, le confirma dans le refus qu'il fit de l'épiscopat (2), et l'assura qu'il était destiné à former une compagnie d'ecclésiastiques qui devait se dévouer à l'établissement de Villemarie.
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(1) Vie de M. Olier , t. II, p. 432, 433.
(2) Vie de M. Olier, t. I, p. 214.
A suivre : 1640. XIII. Ils envoient vingt tonneaux de vivres pour Montréal. — M. Olier forme la société de ce nom.
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1640. XIII. Ils envoient vingt tonneaux de vivres pour Montréal.
— M. Olier forme la société de ce nom.
Après sa rencontre avec M. de La Dauversière, qu'il regarda depuis comme miraculeuse, il jugea que le moment était venu d'exécuter enfin le dessein que DIEU lui avait inspiré depuis plusieurs années, de travailler à la même œuvre. Il ne possédait pas un pouce de terre dans l'île de Montréal, non plus que M. de La Dauversière, ni M. de Fancamp. Néanmoins, par un effet de la ferme assurance qu'ils avaient du succès de cette entreprise, ils envoyèrent de concert, dès le printemps de l'année 1640, au Père Lejeune, résidant à Québec, vingt tonneaux de denrées, d'outils et d'autres objets, afin qu'il voulût bien les leur faire conserver pour la recrue qu'ils se proposaient d'envoyer à Montréal l'année suivante (1).
Mais, considérant qu'ils ne pouvaient seuls soutenir la dépense d'une telle entreprise, M. Olier songea à y intéresser plusieurs de ses amis dont le zèle et la générosité lui étaient connus. Il forma donc alors le noyau de l'association appelée depuis : Société de Notre-Dame de Montréal, et que nous verrons bientôt composée des personnes de Paris les plus qualifiées et les plus opulentes. Le premier qu'il s'adjoignit fut le baron de Renty (2), non moins remarquable pour ses belles qualités selon le monde que pour son éminente piété, son zèle vraiment apostolique, et son immense charité. Il fut favorisé lui-même de lumières surnaturelles sur le dessein de Montréal (3) ; et, dès qu'il eut connu M. de La Dauversière, il s'unit à lui d'une très-étroite amitié, et ne lui donna plus que le nom de frère. Quoique la société ne fût composée encore que de six membres, en y comprenant même M. de La Dauversière, M. Olier, et M. de Fancamp, elle résolut de faire à ses frais un premier embarquement au printemps de l'année suivante 1641.
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(3) (?) Mémoires autographes de M. Olier, t. I p. 97.
(1) Histoire du Montréal par M. Dollier de Casson, de 1640 à 1641. — 1er établissement de la foi dans la Nouvelle-France, par le P. Leclercq , Récollet, t. I, p. 49.
(2) Mémoires de M. Tronson touchant l’établissement de Saint-Sulpice à Montréal ; archives du séminaire de Paris.
(3) Vie de M. de Renty, par le P. de saint-J(u)re. Paris, 1664, in 12, 3e partie, c. 2, section 9e, p. 218. — Mémoires de M. Le Royer sur M. de La Dauversière, son père : archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
A suivre : XIV. Ils acquièrent de M. de Lauson la propriété de l'Ile de Montréal.
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XIV. Ils acquièrent de M. de Lauson la propriété de l'Ile de Montréal.
Mais avant tout, ils songèrent à acquérir la propriété de l'île de Montréal. Elle avait alors pour maître, comme nous l'avons dit, M. Jean de Lauson, intendant du Dauphiné, qui ne l'avait reçue que sous la condition expresse d'y établir une colonie. M. de Lauson ayant négligé jusque alors d'y faire passer des colons, et d'y entreprendre aucun défrichement; la prudence ne permettait pas aux associés d'envoyer à grands frais, dans la même île, une recrue d'ouvriers avant d'en avoir assuré la possession à leur compagnie. Il eût été à craindre en effet que les dépenses qu'ils se proposaient de faire pour cet objet, ne tournassent à l'avantage personnel du propriétaire, et ne missent par là un obstacle insurmontable à leur dessein. C'est pourquoi, conformément à la résolution qu'ils avaient prise de se cacher aux yeux du monde, et de faire (leur) œuvre en secret, ils obligèrent M. de La Dauversière et M. de Fancamp à aller trouver M. de Lauson en Dauphiné pour lui demander la concession de cette île (1).
M. de Lauson, dont les vues n'étaient pas aussi pures ni aussi désintéressées que celles de la compagnie, et qui même n'avait demandé la propriété de l’île de Montréal que dans l'espérance d'en retirer un jour de grands avantages pour sa famille, ne put écouter paisiblement une proposition qu'il jugeait si contraire à ses intérêts ; et à toutes les instances de M. de La Dauversière il ne répondit que par des rebuts (1).
Le mauvais succès de cette première négociation, au lieu de ralentir le zèle des associés, sembla n'avoir servi qu'à le rendre plus ardent. Ils arrêtèrent entre eux que M. de la Dauversière ferait un second voyage en Dauphiné; que M. de Fancamp, qui ne pouvait se joindre à lui cette fois, lui donnerait une procuration pour accepter la donation de l'île au nom des deux, ce qu'il fit le 12 juillet de l'an 1640 (2) ; et qu'enfin le P. Charles Lallemant, Jésuite, accompagnerait M. de La Dauversière, pour presser lui-même M. de Lauson (3). Ce voyage eut tout le succès qu'on s'en était promis : car M. de Lauson, par acte du 7 août, passé à Vienne en Dauphiné, céda purement et simplement à M. de Fancamp et à M. de La Dauversière l'île de Montréal aux mêmes conditions qu'il l'avait reçue (4). Un changement si extraordinaire remplit M. de La Dauversière de reconnaissance envers la bonté divine, et tous ses associés ne purent s'empêcher d'en remercier DIEU avec lui. Aussi, dans l'écrit qu'ils publièrent en 1643 sous le nom des Véritables Motifs de la société de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal, signalaient-ils ce dénouement comme l'une des marques visibles des bénédictions que DIEU se plaisait à donner à leur dessein. Ils faisaient remarquer que M. de Lauson, contre sa première inclination, contre son propre intérêt, et malgré les refus et les rebuts par lesquels il avait répondu à la demande, céda la propriété de Montréal sans que lui - même ni ceux qu'il substituait à sa place sussent bien ce qu'ils faisaient (1).
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(1) Mémoires de M. Tronson touchant l’établissement de Saint-Sulpice à Montréal — Montréal en Canada, etc. , p. 1 ; manuscrit in-4º de l’Hôtel-Dieu de Laflèche.
(1) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, 1643, in 4º, p. 27.
(2) Actes de Pierre de Lafousse, notaire à la Flèche, 12 juillet 1640; archives de la marine, Canada, t..1.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1640 à 1641. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(4) Acte de Courdon , notaire à Vienne, du 7 août 1640; archives du séminaire de Montréal. — Archives de la marine, Canada, t.I.
(1) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal , 1643, in 4º, p. 27.
A suivre : XV. Tentations de découragement qu'éprouve M. de La Dauversière touchant l'œuvre de Montréal.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XV. Tentations de découragement
qu'éprouve M. de La Dauversière touchant l'œuvre de Montréal.
Mais à peine la compagnie se voyait-elle en état, par cette cession, d'exécuter ses pieux desseins pour Montréal, que M. Olier tomba dans l'état de peines étranges que l'on voit décrit dans sa Vie (2); et que M. de La Dauversière, qui devait être l'agent et l'instrument de l'entreprise, fut alors en proie aux plus violentes tentations de découragement.
On eût dit que l'ennemi de tout bien voulût faire le dernier effort pour le détourner d'un dessein qui devait procurer à DIEU tant de gloire. M. de La Dauversière était fréquemment agité de ces pensées et d'autres semblables: Pourquoi, au lieu de se contenter du bien qu'il pouvait faire dans son pays, et de jouir du repos qu'il trouvait au sein de sa famille, allait-il se charger d'une entreprise qui ne passerait aux yeux du monde que pour une témérité et une folie? Qui l'obligeait de se mêler d'une telle œuvre, étant sans appui, sans expérience, sans moyens pour l'exécuter, et même sans apparence d'en avoir jamais ? Ce qu'il prétendait faire d'une femme et de six enfants, dont il se voyait chargé? Toutes les lumières qu'il avait reçues sur ce dessein, les prières et les bonnes œuvres qu'il avait faites, les assurances que DIEU lui avait données de le bénir, tous ces souvenirs étaient comme effacés de sa mémoire. Il n'éprouvait plus que dégoûts, amertumes, ténèbres intérieures, peines accablantes. Il n'avait de liberté d'esprit que pour se représenter les croix inséparables de cette œuvre, les contradictions sans nombre, les périls par terre et par mer, la dépense presque infinie, qui l'épouvantaient; enfin mille autres difficultés, dont la moindre eût dû lui faire lâcher pied, si DIEU ne l'eût fortifié intérieurement, et ne l'eût encouragé à se confier en son assistance (1).
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(2) Vie de M. Olier , t. I, p. 251 et suiv.
(1) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal , 1643, in 4º, p. 27, 28 .
A suivre : XVI. M. de Maisonneuve; ses qualités; il désire consacrer ses services à quelque entreprise de religion.
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XVI. M. de Maisonneuve; ses qualités;
il désire consacrer ses services à quelque entreprise de religion.
Ce qui ne contribua pas peu à relever son courage, ce fut la rencontre qu'il fit alors de l'homme que la Providence avait destiné pour être à la tête de la nouvelle colonie : c'était Paul de Chaumedey, sieur de Maisonneuve, gentilhomme champenois, exercé de longue main au métier des armes, et doué de toutes les qualités les plus propres à former un gouverneur de place accompli. Dès l'âge de 13 ans il avait donné les premières preuves de son courage, dans la guerre de Hollande; et il avait su conserver son cœur pur parmi les hérétiques et les libertins au milieu desquels il vivait. Dans une profession aussi dissipante que l'est celle des armes, la crainte de DIEU le tint toujours éloigné des compagnies qui auraient pu être funestes à sa vertu ; et il apprit à pincer du luth, afin de pouvoir demeurer seul lorsqu'il ne trouvait pas de société qui pût lui être profitable.
Enfin, le désir de demeurer toujours fidèle à DIEU, et de fuir les écueils si nombreux qu'un jeune militaire rencontre dans le monde, lui inspira la pensée d'aller servir DIEU , dans sa profession, en quelque pays très-éloigné où il fût à l'abri de toutes les occasions de péché. Un jour, étant à Paris chez un avocat de ses amis, tout occupé de ces pensées, il met la main sur un livre qu'il trouve là par hasard. C'était une des relations du Canada, que les Pères Jésuites publiaient tous les ans. Il y voit qu'il était parlé du Père Lallemant, revenu depuis quelque temps à Paris. Il pense eu lui-même qu'il trouverait peut-être en Canada quelque emploi où il pût s'occuper selon sa profession, et servir DIEU dans une entière séparation du monde.
Là-dessus il va se présenter à ce Père, et lui ouvre entièrement son cœur (1).
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1640 à 1641.
A suivre : XVII. M. de Maisonneuve …
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XVII. M. de Maisonneuve s’offre à la compagnie de Montréal,
qui accepte avec reconnaissance ses services.
Dans le même temps les associés de Montréal, résolus d'envoyer dans ce pays une recrue d’hommes tous exercés au métier des armes, et en état de faire face aux Iroquois étaient surtout en peine de trouver un chef vertueux brave, prudent et expérimenté pour le mettre à leur tête; et ils avaient souvent demandé à DIEU de susciter lui-même un homme selon son cœur qui assurât le succès de cette entreprise (1).
M. de La Dauversière étant allé trouver le Père Charles Lallemant, et lui ayant fait part de leur embarras: « Je connais un gentilhomme champenois, lui répondit ce Père, qui pourrait peut-être bien convenir à votre dessein; » et il lui nomme M. de Maisonneuve, dont il lui dépeint toutes les bonnes qualités. Comprenant le désir ardent qu'il avait de le connaître, il lui indiqua l'auberge où logeait M. de Maisonneuve, afin qu'il pût le sonder avant de lui faire aucune proposition. Dans cette vue, M. de La Dauversière va se loger dans la même auberge, comme s'il n'eût eu d'autre dessein que d'y avoir un gîte et d'y prendre ses repas. Sachant que M. de Maisonneuve était là présent dans la compagnie, il se met à parler de l'affaire de Montréal, qui était sur le tapis, afin de lui donner lieu d'entrer lui-même en conversation sur cette matière. Ce moyen eut tout le succès qu'il en attendait. M. de Maisonneuve ne se contente pas de lui adresser plus de questions que ne lui en font tous les autres ensemble : il va le trouver ensuite en particulier, lui fait part du désir qu'il a de s'éloigner des occasions de dissipation, pour servir DIEU plus parfaitement, et s'offre à lui s'il le juge utile à ce dessein. « Je n'ai, ajouta-t-il, aucune vue d'intérêt : je puis par mon revenu me suffire à moi-même ; et j'emploierai de grand cœur ma bourse et ma vie dans cette noble entreprise, sans ambitionner d'autre honneur que d'y servir DIEU et le roi dans la profession des armes. » Il serait difficile d'exprimer la joie et la reconnaissance dont fut pénétré M. de La Dauversière en entendant ce discours. Il reçut M. de Maisonneuve comme un présent que la divine providence faisait à la compagnie, et comme un gage assuré du succès de cette œuvre (1).
Les associés ne rendirent pas de moins vives actions de grâces à DIEU, qui venait ainsi à leur aide dans leur plus pressant besoin ; et leur satisfaction sembla n'avoir plus de bornes lorsqu'ils eurent connu par eux-mêmes la vertu, le caractère, le mérite et toutes les belles qualités de M. de Maisonneuve.
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(1] Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal , p. 29.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : XVIII. Levée d’une première recrue pour Montréal.
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A suivre :XVIII. Levée d’une première recrue pour Montréal.
Un bienfait de la Providence si inespéré leur montrant visiblement que DIEU était vraiment l'auteur de leur entreprise, ils ne songèrent plus qu'à faire une levée d'hommes forts et vigoureux, pour les envoyer en Canada, au printemps de l'année suivante, 1641. Leur générosité en contribuant à ce premier embarquement aurait pu prouver d'ailleurs que le dessein de Montréal leur était inspiré d'en haut. Il n'y avait encore dans la compagnie que six personnes qui fournissent à cette dépense. Elles y contribuaient en secret, avec engagement de ne jamais rien retirer pour elles-mêmes de cette entreprise : et cependant elles employèrent à ce premier embarquement la somme de 25.000 écus (1) ; et même 50,000, si l'on en croit la mère Juchereau dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec (2).
Le printemps étant venu, les associés prièrent M. de La Dauversière et M. de Fancamp de se rendre à la Rochelle, d'où la plus grande partie de la recrue devait partir, et d'aider M. de Maisonneuve dans les préparatifs de l'embarquement. Le roi, qui confirma la cession de l'Ile de Montréal, faite par M. de Lauson aux associés (3), leur donna le pouvoir de nommer les gouverneurs de la nouvelle colonie, et d'y avoir du canon et d'autres munitions de guerre pour sa sûreté. Ils établirent donc pour gouverneur M. de Maisonneuve, et le chargèrent encore, ainsi que M. de La Dauversière et M. de Fancamp, de grossir sa recrue de tout ce qu'il pourrait trouver à la Rochelle d'hommes propres à leur dessein.
Comme on s'attendait à avoir les Iroquois à combattre dès qu'on serait arrivé à Montréal, on eut soin, afin de ne pas charger l'établissement de personnes inutiles, de ne choisir pour cette première recrue que des célibataires habiles en divers métiers, et tous propres à porter les armes. Enfin, outre cette levée de soldats, les associés se pourvurent à grands frais de denrées, d'outils et de toutes les autres choses nécessaires à un tel établissement (1).
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(1) Histoire de Montréal, ibid.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu, p. 34.
(3) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal , p. 27.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid.
XIX. Jeanne-Mance.
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XIX. Jeanne-Mance.
Mais à la veille du départ ils s'aperçurent qu'il leur manquait un secours absolument indispensable, et que tout leur argent ne pouvait leur procurer: c'était une femme sage et intelligente, d'un courage héroïque et d'une résolution mâle, qui les suivit en ce pays barbare pour prendre soin des denrées et des marchandises nécessaires à la subsistance de la colonie, et pour servir en même temps d'hospitalière aux malades et aux blessés. Car les hospitalières de Saint-Joseph, dont M. de La Dauversière avait commencé l'établissement à la Flèche, n'étaient point encore érigées en communauté par l'autorité épiscopale ; et d'ailleurs leur petit nombre les rendait toutes nécessaires, soit à la nouvelle congrégation qu'elles formaient, soit à l'Hôtel-Dieu, dont elles avaient pris la conduite.
Mais la bonté divine, qui disposait si favorablement les esprits en faveur du dessein de Montréal, avait pourvu à ce pressant besoin de la colonie à l'insu même des associés; et, ce qui les remplit d'admiration, elle amena comme à point nommé, du fond de la Champagne, au lieu de rembarquement, la personne qui leur était nécessaire, dans le temps qu'ils en sentaient plus vivement le besoin (1) et qu'ils ne voyaient aucun moyen humain de la trouver. Ce fut Mlle Jeanne Mance, dont nous allons raconter la vocation dans le chapitre suivant.
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(1) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, p. 29 et 30.— Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : PREMIÈRE PARTIE. Depuis la naissance de Mademoiselle Mance jusqu’à l’arrivée des filles de Saint-Joseph en Canada.
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PREMIÈRE PARTIE
DEPUIS LA NAISSANCE DE MADEMOISELLE MANCE
JUSQU’A L’ARRIVEE
DES FILLES DE SAINT-JOSEPH EN CANADA.
CHAPITRE PREMIER
VOCATION DE MLLE MANCE ;
ELLE EST ASSOCIEE A LA COMPAGNIE DE MONTREAL
ET S’EMBARQUE POUR LE CANADA.
I.Famille de Mlle Mance; son enfance.
Mlle Jeanne Mance, l’un des principaux instruments dont DIEU voulut se servir pour l’établissement et la conservation de la colonie de Montréal, était née vers l’an 1606 (1), à Nogent-le-Roi, à quatre lieues de Langres en Bassigny (*) (1). Sa famille, qui fut une des plus honorables de Nogent, a fourni une suite remarquable de magistrats et d'hommes d'épée, dont plusieurs ont été anoblis par le souverain. Pierre Mance, son père, l'un de ses frères, deux de ses neveux et d'autres de ses parents, occupèrent successivement à Nogent la charge de procureur du roi, qui semblait être devenue comme héréditaire dans cette famille (2). Parmi ses frères, qui étaient au nombre de six, aussi bien que ses sœurs, l'un d'eux, Pierre Mance, archidiacre de Troyes et auparavant professeur au collège de Cambrai à Paris, se rendit célèbre dans cette université par sa profonde érudition (3).
Mais de tous les membres de cette famille il n'y en eut aucun qui lui acquit une gloire plus solide et plus durable que MlleJeanne Mance, dont nous allons parler. DIEU , qui la destinait à de grands desseins, comme la suite de cet ouvrage le montrera, l’avait prévenue de grâces singulières dès sa plus tendre enfance. Dans un âge où à peine la raison commence à poindre dans la plupart des enfants, celle-ci, en qui la sagesse avait devancé les années, était déjà un modèle de piété et de vertu. Sans voir pu connaître encore le monde, elle ne sentait pour lui que de l’éloignement et du dégoût ; et son unique désir était de se consacrer à DIEU , sans partage. Des sentiments si rares dans un enfant ne pouvaient être que l’ouvrage du Saint-Esprit ; et ce fut sans doute ce divin Esprit, son unique maître dans la science des saints, qui lui inspira et lui fit exécuter dès l’âge de six à sept ans la résolution étonnante de se consacrer à DIEU , par le vœu de chasteté perpétuelle. « C’est elle-même, dit la sœur Morin, qui m’a rapporté bien des fois cette particularité de son enfance (1). »
Ce seul trait peut donner une juste idée, et des faveurs de DIEU pour cette âme de prédilection, et de sa fidélité à y correspondre. Cependant la piété dont elle faisait profession n’avait aucun des défauts trop ordinaires aux personnes dévotes. La grande rectitude de son esprit, l’élévation et la noblesse de ses sentiments, et par-dessus tout la sagesse divine qui la dirigeait, lui apprirent dès l’enfance à être toute à DIEU sans blesser en rien la bienséance du monde : en sorte que son père, qui avait pour elle une affection très-tendre, ne le gêna jamais dans ses dévotions.
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(1) Registre des sépultures de Villemarie, 19 juin 1673.
(1) Suite des personnes illustres du clergé du diocèse de Langres, par Jean-Baptiste Charlet, p. 142 ; ms.
(2) Généalogie manuscrite de la famille Mance de Nogent-le-Roi.
(3) Langres savante : Recueils des savants et de ceux qui ont excellé dans la science du diocèse de Langres, par Charlet, p. 69 ; ms.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie.
(*) La proximité où se trouve Nogent par rapport à Langres a fait dire sans doute à la sœur Morin (4), à M. de la Tour (5), et à d'autres qui ont écrit depuis : que Langres était la patrie de Mlle Mance. La sœur Juchereau, dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, assure de plus qu'elle était fille d'un notaire de Langres (6). Elle aura confondu apparemment le père de Mlle Mance avec un de ses beaux-frères, notaire à Nogent, qui avait épousé Claudette Mance (7), et qui pouvait être chargé des affaires d'intérêt de Mlle Jeanne Mance, sa belle-sœur. Du moins, il n'y a jamais eu à Langres de notaire du nom de Mance.
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(4) Annales des hospitalières de Villemarie.
(5) Mémoires sur M. de Laval, 12º, p. 129.
(6) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 35.
(7) Généalogie de la famille Mance.
A suivre : II. 1640. Occasion de la vocation de Mlle Mance pour le Canada..
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II. 1640. Occasion de la vocation de Mlle Mance pour le Canada.
Son père étant venu à mourir, MlleMance se trouva par là maîtresse de ses actions; car elle avait déjà perdu sa mère depuis plusieurs années. Elle ne mit plus alors de bornes à sa ferveur, et se voua à toutes les pratiques de la vie parfaite, à laquelle elle s'était sentie appelée de tout temps (1), sans éprouver pourtant aucun attrait pour vivre dans le cloître, non plus que pour aller servir DIEU dans les pays barbares : ce que d'ailleurs ses infirmités habituelles et la délicatesse de sa santé semblaient devoir lui interdire également.
Voici cependant comment DIEU daigna lui manifester ses desseins sur elle. Vers la mi-avril de l'année 1640, Mlle Mance, étant à Langres, eut occasion de s'entretenir avec un chanoine de cette ville, qui lui parla avec une estime singulière du zèle et du dévouement que deux dames de qualité faisaient paraître alors pour la Nouvelle-France. C'étaient Mme de La Peltrie, qui venait de conduire des Ursulines à Québec, et Mme la duchesse d'Aiguillon, par les libéralités de laquelle des hospitalières de Dieppe s'y étaient établies récemment. Il bénit DIEU de ce qu'il était enfin servi dans ce pays par les femmes aussi bien que par les hommes, ajoutant que, selon toutes les apparences, il voulait y être particulièrement honoré.
Ces paroles, inspirées sans doute par l'esprit de DIEU , furent pour MlleMance comme un trait de lumière, qui lui découvrit à elle-même sa vocation. A mesure qu'elle entendait parler cet ecclésiastique, elle sentait son cœur attiré à l'œuvre de la Nouvelle-France, comme malgré elle, par des mouvements de grâce, les plus forts et les plus entraînants qu'elle eût jamais éprouvés. Etonnée, après cette conversation, de se voir comme dominée par un attrait si puissant et si nouveau pour elle, elle se met à rechercher tous les motifs et les prétextes dont elle peut se servir pour le combattre, surtout la faiblesse de sa complexion et ses maladies précédentes. Enfin elle n'oublie rien pour tâcher de se convaincre elle-même que DIEU ne peut pas l'appeler à passer dans ce pays. Mais, plus elle diffère de se rendre, plus aussi elle est poursuivie par la crainte d'être infidèle à la grâce.
Dans cet état d'agitation et de trouble…
(1) Annales des hospitalières. Ibid.
A suivre.
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