Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET

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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 11:55 am

XXIV. Mlle Mance fait le récit de sa guérison à Mme de Bullion,
qui donne une fondations pour les filles de Saint-Joseph.

Mais la personne qui devait prendre le plus de part à cette guérison était sans contredit Mme de Bullion. Aussi, dès le lendemain 3 février, immédiatement après l'assemblée des associés de Montréal, Mlle Mance s'empressa-t-elle d'aller se montrer à cette chère fondatrice, et de lui raconter en détail toutes les circonstances d'un si merveilleux événement (2).

Mme de Bullion, voyant la preuve de ce miracle dans le libre usage que Mlle Mance avait de son bras et de sa main, malgré la dislocation toujours subsistante, éprouva une joie proportionnée à l'affection qu'elle portait à cette sainte fille. Ne pouvant douter que DIEU n'eût opéré ce prodige pour procurer l'établissement des filles de Saint-Joseph à Villemarie, elle remit à Mlle Mance la somme de 22,000 livres, pour leur servir de fondation.

En outre, elle voulut payer tous les frais de son voyage, lui fit quantité de présents, lui donna des ornements d'église et divers bijoux pour qu'ils servissent au culte divin, enfin plusieurs sommes pour les familles de Villemarie les plus nécessiteuses (1).

Ce fut alors qu'arriva sans doute ce que raconte la sœur Morin: que Mme de Bullion, pour n'être pas connue comme fondatrice , remettait des sacs d'argent à Mlle Mance, qui les emportait dans son tablier après ses visites.

« Elle m'a raconté plusieurs fois agréablement, dit-elle, que, se faisant conduire chez Mme de Bullion en chaise à porteur, un soir ses porteurs lui dirent : D'où vient donc, Mademoiselle, que, quand vous venez ici, vous êtes moins pesante que quand vous retournez chez vous ? Assurément cette dame vous aime et vous fait des présents. » Cette observation lui fit craindre d'être volée; et elle jugea qu'il était de la prudence de changer désormais de porteurs, aussi bien que d'heure pour aller chez sa bienfaitrice (2).

______________________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, ibid. etc.
A suivre: xxv. La Compagnie de Montréal s'engage à faire conduire dans cette île…

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 6:08 am

XXV. La Compagnie de Montréal s'engage à
faire conduire dans cette île
les Hospitalières de Saint-Joseph.

Enfin, ayant ainsi reçu, à diverses reprises, les 22,000 livres destinées à la fondation, elle en remit, le 29 mars 1659, 20,000 entre les mains de M. de La Dauversière, comme procureur des filles de Saint-Joseph. Par le contrat qu'ils passèrent ce jour-là devant Marreau, notaire, il fut stipulé : que les associés de Montréal feraient passer sans délai, de France à Villemarie, trois hospitalières et une sœur domestique, tirées des communautés de Saint-Joseph, et non de quelque autre institut; qu'elles y serviraient les pauvres malades de l'Hôtel-Dieu gratuitement, sans rien prendre pour elles du revenu destiné aux pauvres; que, pour ce dessein, les hospitalières, au moyen des 20,000 livres fournies des deniers de la personne fondatrice, seraient obligées d'acquérir une rente de 1,000 livres à leur profit et au profit de celles de leur institut qui leur succéderaient au même Hôtel-Dieu : et qu'elles remettraient des copies de leurs contrats d'acquisition, tant à Mlle Mance qu'au secrétaire de la Compagnie de Montréal.

Enfin, il fut aussi convenu que Mlle Mance demeurerait administratrice des biens des pauvres jusqu'à sa mort; et qu'après son décès les seigneurs nommeraient deux administrateurs, et ensuite tous les trois ans un nouvel administrateur pour remplacer le plus ancien qui sortirait de charge (1) .

C'est ainsi que, par la générosité de Mme de Bullion, par le zèle persévérant de Mlle Mance, et par la protection de M. Olier, l'établissement des sœurs de Saint-Joseph à Villemarie fut enfin conclu et définitivement arrêté par la Compagnie de Montréal, selon les vues surnaturelles montrées autrefois à M. de La Dauversière, leur fondateur.

En même temps que cet heureux dénouement avait lieu à Paris, la sœur Bourgeoys réunissait à Troyes les premières filles qui formèrent avec elle le noyau de la congrégation de Notre-Dame à Villemarie. Ainsi, Mlle Mance, après avoir sauvé plusieurs fois cette colonie, fut encore l'instrument dont DIEU voulut se servir pour y attirer les trois communautés destinées à y répandre l'esprit de la Sainte-Famille.

_____________________________________________

(1) Acte de Marreau, notaire à Paris du 29 mars 1659.

A suivre : chapitre V. M. DE LA DAUVERSIERE DESIGNE TROIS FILLES DE SAINT-JOSEPH POUR VILLEMARIE. — OPPOSITION QU’ON FORME EN FRANCE CONTRE LEUR DEPART. — LEUR TRAVERSEE.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 1:22 pm

CHAPITRE V

M. DE LA DAUVERSIERE DESIGNE TROIS FILLES
DE SAINT-JOSEPH POUR VILLEMARIE.
— OPPOSITION QU’ON FORME EN FRANCE CONTRE LEUR DEPART.
— LEUR TRAVERSEE.


I. M. de La Dauversière désirait que ses filles contractassent
des vœux solennels. — Partage d'opinions entre elles sur ce point.

Dès que le contrat d'établissement des filles de Saint-Joseph pour Villemarie eut été conclu, les associés de Mlle Mance s'empressèrent d'en informer par leurs lettres les hospitalières de la Flèche. Ils leur annoncèrent que, dans le courant de cette année, trois filles tirées de leur communauté ou des autres maisons de l'institut, partiraient pour Montréal (1), et accompliraient enfin les ordres donnés de DIEU depuis si longtemps à M. de La Dauversière. Leur établissement dans ce lieu, retardé depuis plus de vingt ans par les divers obstacles qu'on a exposés jusqu'ici, devait encore en éprouver une multitude d'autres, comme on le verra dans la suite ; et, pour faciliter au lecteur l'intelligence de ce que nous avons à raconter, il est nécessaire de faire connaître ici quel était alors l'état de l'institut des hospitalières de Saint-Joseph, et celui de l'Église du Canada.

En formant sa congrégation, M. de La Dauversière n'y avait prescrit que des vœux simples ; et il était nécessaire qu'avant d'être érigée en religion elle eût donné à l'Église des preuves certaines de sa vocation divine pour le service des malades. La sœur Morin, instruite des sentiments de M. de La Dauversière par les mères de Brésoles, Macé et Maillet, nous apprend qu'il souhaitait en effet, non moins que la mère de La Ferre, de voir passer cette congrégation de l'état de filles séculières en celui de religieuses qui fissent des vœux solennels. Les PP. Meslan, du Beil et Chauveau, qui dirigèrent successivement ces filles, approuvèrent en tout les lumières de M. de La Dauversière, qu'ils croyaient venir de DIEU. « Mais ceux qui leur succédèrent, ajoute la sœur Morin, ne suivirent pas leurs traces, et n'entrèrent pas dans les sentiments des fondateurs touchant l'état religieux ; ce qui causa bien du trouble et de la diversité de sentiments, chacune soutenant celui de son directeur.

M. de La Dauversière et notre digne mère de La Ferre gémissaient beaucoup devant DIEU d'un si grand changement survenu dans les esprits, sans pouvoir y apporter de remède, le moment que le SEIGNEUR avait marqué pour cela n'étant pas encore arrivé. Plusieurs années se passèrent dans cette division de sentiments ; durant ce temps, la mère de La Ferre mourut à Moulins, en odeur de sainteté; et M. de La Dauversière se donna tout entier aux affaires de la colonie de Montréal. » Mais DIEU, qui voulait le sanctifier par la croix, permit que le défaut de vœux solennels, qui en France faisait gémir son fidèle serviteur, fût encore un des motifs dont on se servit en Canada pour mettre opposition à l'établissement de ses filles (1).

_________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : II. M. de Laval, vicaire apostolique, désire que le départ des filles de Saint-Joseph soit différé.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 8:04 pm

II. M. de Laval, vicaire apostolique, désire
que le départ des filles de Saint-Joseph soit différé.

M. de Queylus, avant son départ pour ce pays, avait été proposé par les associés de Montréal et agréé par le clergé de France pour être présenté au Pape comme un sujet très-propre à être évêque de Villemarie, où l'on voulait faire ériger un siège épiscopal (2). Les RR. PP. Jésuites, après avoir d'abord agréé ce choix (3), crurent cependant devoir s'y opposer avant le départ de M. de Queylus (4), et présentèrent à la cour M. de Laval, qui reçut des bulles de vicaire apostolique pour ce pays, sous le titre d'évêque de Pétrée (1). Ce prélat était sur le point de s'embarquer lorsque la Compagnie de Montréal concertait les moyens d'attirer les filles de Saint-Joseph à l'Hôtel-Dieu de Villemarie. Comme les hospitalières de Québec désiraient beaucoup d'en avoir la direction, on écrivit du Canada à M. de Laval, de dissuader celles de Saint-Joseph de partir ; et entre autres motifs on lui marquait que M. de Queylus, l'année précédente, avait appelé à Villemarie celles de Québec, en vue de les y établir dès que la Compagnie de Montréal consentirait les recevoir.

M. de Laval, ayant donc reçu ces avis et étant sur le point de s'embarquer pour le Canada, fut prié par les associés d'assister à leurs assemblées, afin qu'ils pussent lui faire connaître le dessein qu'ils avaient eu jusque alors dans l'œuvre de Montréal, et ce qu'ils se proposaient pour l'avenir. Il voulut bien assister à deux de leurs réunions; et dans l'une et dans l'autre on lui fit part de la résolution que l'on avait prise d'envoyer cette même année des hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie. Mais toutes les fois qu'ils lui parlèrent de ces filles, le prélat, sans les exclure positivement, demanda qu'on différât leur départ jusqu'à l'année suivante, alléguant pour motif de ce délai la crainte de blesser M. de Queylus, qu'il croyait, disait-il, avoir d'autres desseins.

Cette crainte était sans fondement depuis que Mme la duchesse d'Aiguillon avait refusé de fonder les hospitalières de Québec à Villemarie, et que Mme de Bullion, de son côté, venait de donner une fondation pour y établir celles de Saint-Joseph. Aussi les associés, convaincus que M. de Queylus entrerait volontiers dans les vues de M. de Bretonvilliers, son supérieur, et dans celles de la Compagnie, assurèrent toujours M. de Laval que leur confrère n'aurait pas d'autre sentiment que le leur, quand il en serait informé ; surtout lorsqu'il saurait que la Compagnie, à qui seule appartenait le droit de choisir des hospitalières, venait de passer un contrat en faveur de celles de la Flèche. Mais quelques raisons qu'ils pussent alléguer, M. de Laval persista toujours à demander que le départ de ces filles fût différé. Ces instances leur faisant enfin soupçonner qu'il ne voulût, à la faveur de ce délai, ménager les moyens d'attirer à Villemarie les hospitalières de Québec, les associés lui déclarèrent qu'ils n'avaient en vue que celles de la Flèche, et qu'au reste c'était pour elles seulement qu'avait été faite la fondation. Ils le supplièrent donc de trouver bon que ces filles partissent cette même année, l'Hôtel-Dieu de Villemarie étant dans un extrême besoin de ce secours (1).

________________________________________________

(2) Procès-verbal de l’assemblée du clergé, in fº, 1636, 9 août,p. 629, 631, etc.
(3) Ibid. séance du mercredi 10 janv. 1657, p. 1061, nº 3. Mém. De M. d’Alet ; œuvres d’Arnault t. XXXIV, p. 724.
(4) Mémoires de M. d’Alet.
(1) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 339.

A suivre : III. Le cheval de Mlle Mance la jette rudement par terre…

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Message  Louis Mar 25 Sep 2012, 3:45 pm

III. Le cheval de Mlle Mance la jette rudement par terre
sur sa main disloquée, qui n'en éprouve qu'une légère écorchure.

Après ces assemblées, et cette instante prière faite à M. de Laval, Mlle Mance écrivit aux hospitalières de la Flèche, et leur donna rendez-vous à la Rochelle pour l'embarquement. Elle écrivit aussi à M. de La Dauversière, qui devait les y conduire, et se mit elle-même en route, afin d'ordonner tous les préparatifs nécessaires avant leur arrivée. Nous avons vu que, lorsqu'elle débarqua à la Rochelle l'année précédente, son bras était dans un état de si grande irritation, que, ne pouvant supporter le mouvement de la voiture la plus douce sans éprouver des douleurs excessives, elle avait été contrainte de se faire transporter à la Flèche sur un brancard.

Depuis le 2 février, jour de sa guérison, elle était si parfaitement rétablie et avait tant de liberté de son bras et de sa main, qu'elle fut en état de faire à cheval le voyage de Paris à la Rochelle. Mais comme si la vérité de sa guérison n'eût pas été assez authentiquement constatée, malgré tout ce que nous avons raconté déjà, DIEU voulut qu'un accident arrivé dans ce voyage portât la certitude de ce miracle au dernier degré d'évidence dans les esprits même les plus mécréants. Lorsqu'elle était à huit lieues de la Rochelle, le cheval qui la portait, et qui était fort ombrageux, ayant été assailli par des chiens, entra soudain dans une telle frayeur, que, se détournant brusquement de la route, il s'élança par-dessus un fossé, et renversa rudement par terre Mlle Mance en la jetant très-loin.

On eut lieu d'admirer dans cet accident la protection spéciale de celui qui l'avait guérie ; car, bien qu'elle fût tombée sur sa main droite, la même qui avait été disloquée et estropiée, elle n'y eut rien de rompu ni de démis, non plus qu'à son bras, et n'éprouva dans cet accident qu'une légère écorchure (1).

________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre : IV. Cette chute confirme de plus en plus la vérité…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 6:34 am

IV. Cette chute confirme de plus en plus la vérité du miracle opéré par M. Olier.

Néanmoins, le bruit de cette chute s'étant bientôt répandu, une personne trop prévenue contre l'éclat qu'avait produit à Paris la guérison de Mlle Mance par l'attouchement du cœur de M. Olier, en prit occasion de décrier ce miracle. Usant d'une expression nouvelle, aussi indécente que bouffonne, elle écrivit à un Jésuite de la Rochelle : « Enfin le miracle est démiraclé; et la chute arrivée à la demoiselle l'a mise en pareil état que celui où elle était autrefois. »

Ce Jésuite, que ses connaissances anatomiques mettaient à même de juger des ruptures et des dislocations, alla visiter Mlle Mance à la Rochelle pour s'assurer mieux de la vérité. Ne doutant pas que ce qu'on lui avait écrit ne fût incontestable, il lui parla d'abord comme si l'on eût voulu abuser le monde en publiant ainsi une fausse guérison.

« Mon Père, vous avez été mal informé, lui dit aussitôt Mlle Mance; tant s'en faut que ma chute diminue l'estime du miracle opéré sur moi, qu'au contraire elle doit l'augmenter davantage encore ; car je devrais m'être disloqué et cassé le bras. Au reste, mon Père, voyez vous-même si le miracle de Paris n'est pas véritable. II subsiste encore; regardez le bras, et portez-en votre jugement.»

Ce bon religieux s'approcha ; il examina l'état du bras et du poignet, et voyant que, malgré la dislocation qui subsistait toujours, Mlle Mance se servait de l'un et de l'autre avec autant de liberté que si elle n'eût jamais eu ni dislocation ni fracture, il dit tout haut :

« Ah ! j'écrirai à celui qui m'a envoyé cette lettre, qu'il faut respecter ceux que DIEU veut honorer. Il a voulu faire connaître son serviteur par ce miracle, il ne faut pas aller contre sa volonté, mais rendre à M. Olier les hommages que DIEU veut que nous lui rendions (1). »

________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Bellemont.
A suivre : V. M. de La Dauversière, avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 12:16 pm

V. M. de La Dauversière,
avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie,
fait prier afin de connaître le choix de DIEU.

Dès qu'on eut appris à la Flèche et dans les autres maisons de l'institut de Saint-Joseph la résolution prise récemment par la Compagnie de Montréal d'envoyer sans délai trois sœurs à l'Hôtel-Dieu de Villemarie, un certain nombre de filles de cette société s'offrirent à M. de La Dauversière pour aller remplir une mission si longtemps et si ardemment désirée.

Mais cet homme très-sage et très-éclairé jugea que DIEU, qui lui avait inspiré le dessein de cet établissement, avait lui-même choisi dans ses décrets éternels celles des filles de Saint-Joseph destinées à lui donner naissance. C'est pourquoi il voulut qu'avant tout on lui adressât de ferventes prières, pour qu'il daignât faire connaître celles qu'il avait choisies.

Cependant, étant persuadé que DIEU demandait que les filles de cet institut embrassassent les vœux solennels de religion quand le temps en serait venu, il regarda dès lors comme non appelées à la mission de Villemarie toutes celles qui témoignaient de l'opposition pour cette sorte d'engagements. De ce nombre fut la mère Pilon, supérieure de l'Hôtel-Dieu de Baugé. Elle désirait vivement d'être envoyée en Canada, et, quoiqu'elle eût jeûné six mois au pain et à l'eau pour obtenir cette mission, qu'elle eut fait d'autres macérations corporelles, prié et fait prier longtemps, M. de La Dauversière refusa absolument d'accéder à sa demande, quelques instances qu'elle lui fit (1).

Après avoir donc ordonné des prières à ses filles, il leur adressa lui-même plusieurs exhortations sur l'établissement de Villemarie, leur en montrant la fin et l'importance, et insistant sur les vertus nécessaires dans celles qui en seraient chargées, telles qu'un dévouement sans bornes, une patience à toute épreuve, une immense confiance en DIEU.

Quoique M. de La Dauversière fût simple laïque, ses directeurs, frappés de la bénédiction que DIEU donnait à ses paroles, l'avaient obligé de faire des conférences spirituelles à la communauté de ses filles, et même de diriger dans les voies intérieures celles qui désiraient de s'adresser à lui. Il était toujours prêt à leur parler de DIEU quand il en était prié, et la sœur Macé, l'une de celles qui furent choisies pour Villemarie, rapportait que dans une circonstance il leur fit jusqu'à trente conférences, si touchantes et si remplies de l'amour divin, que toutes les sœurs en sortaient baignées de larmes.

____________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.


A suivre : VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 6:16 am

VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.

Cette sœur se sentit le cœur gagné pour l'œuvre de Villemarie dès le premier entretien de M. de La Dauversière ; se jugeant cependant indigne d'une telle grâce, elle ne lui en dit rien, quoiqu'il fût son directeur. Pendant qu'il était en prière devant le très-saint Sacrement pour connaître le choix de DIEU , la pensée de la sœur Macé lui vint à l'esprit ; ce qui fut cause qu'il la questionna ensuite sur cette mission. Elle lui avoua ingénument qu'elle en avait un grand désir, mais qu'elle était tout à fait indigne d'y avoir part.

« C'est la meilleure disposition que vous puissiez y apporter, reprit M. de La Dauversière, et je connais visiblement que DIEU vous a choisie, toute chétive que vous êtes, pour aider à son établissement. »

Il connut pareillement les deux autres par les mêmes moyens ; la sœur de Brésoles, dont nous parlerons dans la suite, et la sœur Maillet, qui, aussi, n'osa jamais s'offrir pour Villemarie, son humilité sincère et profonde lui faisant croire qu'elle était inutile à tout bien.

Telles furent les trois sœurs que M. de La Dauversière choisit pour aller exécuter dans l'Ile de Montréal l'ordre que DIEU lui avait donné autrefois.

La sœur Morin, qui les avait particulièrement connues, en parle en ces termes :

« C'étaient trois filles d'une vertu signalée, comme l'exigeait une pareille entreprise, étant d'ailleurs destinées toutes trois à être les fondements de cet édifice, où sa divine majesté doit être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles par un grand nombre de filles, qui, à leur imitation, offriront leur santé et leur vie pour être sacrifiées au service des pauvres malades dans cette île. Enfin, c'étaient trois filles remplies d'un grand courage, de beaucoup de résolution, et capables de soutenir par la patience la plus invincible toutes les oppositions que le démon forma pour empêcher cette œuvre, se servant même des gens de bien pour la traverser (1). »

____________________________________

(1) Histoire des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ des sœurs, et rend subitement la santé à M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 12:01 pm

VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.

Elles éprouvèrent les premières de ces oppositions avant même qu'elles eussent quitté la Flèche, et lorsqu'elles faisaient leurs préparatifs de départ. M. de La Dauversière ayant demandé à l'évêque d'Angers son obédience pour elles, ainsi que pour la sœur Polo, qu'il leur associa en qualité de sœur domestique, ce prélat se montra si opposé à leur dessein, qu'on désespéra presque de l'y faire jamais consentir (2).

Mais une autre épreuve non moins affligeante pour ces saintes filles, ce fut que dans le même temps M. de La Dauversière, leur principal appui, sans le secours duquel elles n'auraient pu effectuer leur départ, vint tout à coup à tomber dans une très-grande maladie, souffrant des douleurs de goutte si excessives, qu'il en poussait des cris continuels, et ne pouvait pas même supporter le drap de lit sur ses pieds. Enfin le mal fit des progrès si rapides et si effrayants, que les médecins per dirent toute espérance de guérison. M. de La Dauversière était dans cette extrémité, lorsque le 23 mai de cette année 1659, il reçut des lettres des associés de Montréal, qui, ne connaissant pas son état, le pressaient avec instance d'aller incontinent à la Rochelle pour donner ordre à l'embarquement.

Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR…

__________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre…

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 6:18 am

VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.
(suite)

… Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR , et lui rappelant la promesse qu'il avait daigné lui faire autrefois dans l'église de Notre-Dame de Paris, lui demande de le revêtir de sa force pour l'accomplissement de l'œuvre qu'il lui a confiée. Chose étonnante, qui montre bien la main de DIEU sur son fidèle serviteur et sur le dessein de Villemarie, deux jours après cette demande, le 25 du même mois, M. de La Dauversière est guéri de tous ses maux (1). Enfin ce jour-là même, l'évêque d’Angers, auparavant si opposé au départ des filles de Saint-Joseph, arrive à la Flèche pour leur donner lui-même en personne son obédience (2). Il était même si parfaitement changé, qu'il prit la part la plus active à la mission de ces filles, disant avec effusion de cœur que dans les desseins de DIEU cette nouvelle maison devait être l'ornement de tout l'institut de Saint-Joseph (3), (qui en effet n'avait été formé qu'en vue de Villemarie).

De son côté, M. de La Dauversière se trouva si parfaitement rétabli le jour même de l'arrivée de l'évêque, qu'il résolut de partir pour la Rochelle avec ses filles dès le lendemain. Le prélat confirma le choix que M. de La Dauversière avait fait des sœurs Macé, de Brésoles et Maillet, et nomma la sœur Macé supérieure du nouvel établissement. Mais celle-ci s'étant jetée à l'instant à ses genoux, lui représenta son incapacité avec tant de larmes, et le conjura avec tant d'instances de ne pas lui imposer ce fardeau, que l'évêque, touché et gagné, désigna pour supérieure, de l'avis de M. de La Dauversière, la sœur de Brésoles, en lui donnant pour assistante la sœur Macé (1). Enfin, deux prêtres de Saint-Sulpice, qui devaient être de l'embarquement pour Villemarie, M. LeMaistre et M. Vignal, s'étant rendus à la Flèche dans le dessein d'accompagner de là les sœurs de Saint-Joseph on Canada, l'évêque chargea M. Le Maistre de leur conduite spirituelle (2).

_________________________________________________

(1) lettre de M. de Fancamp sur la mort de M. de La Dauversière, du 28 avril 1660 ; archives des hospitalières de la Flèche. Histoire du Montréal, ib.
(2) Lettre de M. de Laval, du 2 octobre 1659 ; archives de l’Hôtel-Dieu de Villemarie.
(3) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Circulaire de la sœur Catherine Macé ; archives des hospitalières de la Flèche.Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet s'engagent à demeurer toute leur vie dans l’institut de Saint-Joseph.

_________________
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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 11:25 am

VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet
s'engagent à demeurer toute leur vie
dans l’institut de Saint-Joseph.

Lorsque tout fut ainsi disposé pour leur départ, elles prononcèrent la formule d'engagement que M. de La Dauversière avait prescrite à toutes les filles de Saint-Joseph qui étaient envoyées en mission, et elles la signèrent, selon l'usage. Cet acte avait pour fin de maintenir l'unité d'esprit dans les diverses maisons de l'institut, et aussi de les mettre à même d'embrasser les vœux solennels lorsque les moments marqués par la divine Providence seraient venus. Comme par cet acte les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, s'obligèrent en conscience à vivre toujours dans la dépendance de la maison de la Flèche, nous en rapporterons ici les termes, à cause de la liaison de cet engagement avec ce que nous dirons dans la suite :

« Je proteste, devant DIEU et toute la cour céleste, que je m'efforcerai d'entretenir de ma part, et de procurer que mes sœurs entretiennent la sainte union que nous avons vouée à cette sainte communauté, que je reconnaîtrai toute ma vie pour ma mère, et de laquelle j'observerai les constitutions et les règlements autant que je pourrai, sans consentir jamais qu'il y soit rien innové, sinon du consentement général de toute notre congrégation. Je proteste aussi que je reviendrai en cette maison toutes les fois que je serai rappelée par Mgr l'évêque d'Angers, ou par cette communauté, pour y vivre, comme j'ai fait ci-devant, le reste de mes jours, si la sainte obéissance ne m'envoie ailleurs.

En témoignage de quoi j'ai signé la présente protestation audit Hôtel-Dieu de la Flèche :



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A suivre : IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 6:58 am

IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.

La veille du départ, DIEU permit qu'il se formât de nouvelles oppositions contre leur dessein. En qualité d'agent de la Compagnie de Montréal, M. de La Dauversière avait envoyé jusque alors dans cette île pour en former la colonie, les plus vertueuses filles qu'il avait pu trouver à la Flèche ou dans les environs. Comme elles n'avaient pris cette résolution généreuse que par le mouvement d'une grande ferveur, en vue de contribuer à l'établissement de la religion en Canada, plusieurs étaient parties contre le gré de leurs parents; ce qui avait attiré le blâme des petits et des grands sur M. de La Dauversière, et suscité à la fin contre lui une vraie persécution. Le peuple, toujours trop crédule à la calomnie, se persuadant bientôt qu'il tirait du pays toutes ces vertueuses filles pour les vendre à prix d'argent, en vint jusqu'à lui dire mille paroles injurieuses, et à le regarder comme un ennemi public.

Telle était la disposition des esprits, lorsqu’il résolut de partir le lendemain de sa guérison, avec les quatre sœurs dont nous avons parlé. Le bruit de ce dessein s'étant bientôt répandu hors de l'Hôtel-Dieu, chacun en murmura tout haut dans la ville de la Flèche, et se mit à dire que M. de La Dauversière avait fait amener des filles par force dans le couvent, et qu'il avait dessein de les enlever, cette nuit même, pour les envoyer en Canada. Tous ces discours et d'autres semblables échauffèrent tellement les esprits, déjà si prévenus, qu'il se forma à l'instant une émeute populaire de toute la ville pour empêcher leur départ. Les rues voisines de l'Hôtel-Dieu furent bientôt toutes remplies de monde, et chacun se mit à faire le guet de son côté. Plusieurs s'imaginèrent même ouïr les plaintes des sœurs, et assuraient qu'ils les entendaient crier miséricorde. Enfin, il y en eut qui passèrent toute cette nuit à les attendre, dans l'intention de les délivrer lorsqu'elles viendraient à sortir.

Le retour du jour ne dissipa point les folles alarmes des habitants, et l'émeute recommença comme la veille; en sorte qu'à dix heures du matin, qui fut le moment où les sœurs quittèrent l'Hôtel-Dieu et montèrent à cheval, il y eut tant de mouvement et d'opposition de la part du peuple pour les arrêter, que M. de Saint-André et d'autres cavaliers, qui devaient les accompagner dans leur voyage, furent contraints de mettre l'épée à la main et d'écarter la foule par les impressions de terreur qu'ils surent lui imprimer, sans blesser pourtant personne (1).


_________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.

A suivre : X. Les filles de Saint-Joseph se rendent à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 12:21 pm

X. Les filles de Saint-Joseph se rendent
à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.

Étant enfin sorties de la ville, elles entreprirent avec une grande joie ce voyage, n'ayant d'autre désir que de se sacrifier entièrement pour DIEU (2) dans leur nouvelle mission. Mlle Mance, qui les avait devancées à la Rochelle, informée de leur marche, alla à leur rencontre et les fit descendre de cheval, pour les conduire en carrosse jusqu'à la ville.

Lorsqu'elles y furent arrivées, Mme de Saint-André, leur bonne et fidèle gardienne, qui suivait son mari en Canada, et les avait accompagnées depuis la Flèche, les mena d'abord à l'église et de là à l'auberge où Mlle Mance était logée. Elles y demeurèrent jusqu’à leur embarquement, ne sortant de leur chambre que pour assister à la sainte messe dans l'église la plus voisine, et pour visiter l'hôpital.

Comme l'institut de Saint-Joseph n'était point alors érigé en religion, les prêtres de Saint-Sulpice, craignant qu'elles ne pussent trouver en Canada des sujets pour leur communauté, avaient engagé à se joindre à elles une jeune demoiselle de qualité qu'ils jugeaient propre au service des malades, et qui de son côté désirait ardemment de se consacrer à l'œuvre de Villemarie. C'était Mlle Gauchet, dont nous aurons occasion de parler dans la suite (1). Pour le même motif, Mlle Mance avait amené à la Rochelle Mlle de Belestre, qui désirait aussi beaucoup entrer dans l'institut de Saint-Joseph; et enfin neuf autres personnes destinées pour le service de l'Hôtel-Dieu ou pour elle-même (2).

En attendant le moment de rembarquement, les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, qui désiraient observer à Villemarie toutes les pratiques les plus parfaites usitées dans l'institut de Saint-Joseph, envoyèrent à la Flèche un acte signé de chacune d'elles, le 12 juin de cette année, et qui est un digne témoignage de l'esprit de ferveur qui les animait. Elles s'engagèrent par cet écrit, conformément à ce qui avait été arrêté dans l'assemblée générale de l'institut, tenue au mois de mai précédent, à ne point user de la liberté laissée aux sœurs par les constitutions,

_________________________________

(2) Histoire du Montréal, etc.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Rôle de la recrue de 1659 ; archives du séminaire de Villemarie.
A suivre : XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher les filles de Saint–Joseph de partir.

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 6:07 am

XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher
les filles de Saint-Joseph de partir.

Cependant, quoique arrivées au lieu de l'embarquement, la mère de Brésoles et ses compagnes n'étaient point à la fin de leurs épreuves. Nous avons raconté que M. de Laval, avant son départ pour le Canada, avait demandé aux associés de Montréal que leur voyage fût différé jusqu'à l'année suivante, dans l'espérance peut-être de mettre à leur place celles de l'Hôtel-Dieu de Québec. Ce qui pourrait autoriser cette conjecture, c'est que des personnes chargées en France des affaires de ce prélat s'efforcèrent, à la Rochelle, de les empêcher de partir, les assurant qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les renverrait en France la même année, sans vouloir de leurs services (1).

Mais, quelque décourageante que pût être pour elles la perspective de l'avenir, ces menaces n'ébranlèrent pas leur courage, ni la confiance de M. de La Dauversière, convaincu, au contraire, que le moment marqué dans les desseins de DIEU pour leur établissement à Villemarie était venu. C'était aussi la persuasion des associés de Montréal, entre autres de M. de Fancamp, qui quelque temps auparavant lui avait écrit, ainsi que plusieurs autres, pour le presser de mettre enfin la main à l'œuvre, l'assurant que le temps que le SEIGNEUR avait marqué approchait.

Bien loin donc que la vue de ces obstacles, qu'il regardait comme des efforts impuissants de l'ennemi de tout bien, ralentit l'activité de son zèle à hâter le départ de ces filles, elle ne servit au contraire qu'à l'exciter davantage ; et comme on lui demandait à la Rochelle pourquoi il se pressait si fort de les envoyer en Canada, il répondit : « Si elles n'y vont pas cette année, jamais elles n'y iront (1). » La suite montrera combien ces paroles étaient fondées.

____________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Mémoire de M. de La Dauversière fils sur son père ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
A suivre : XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin. — M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.


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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 12:26 pm

XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin.
— M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.

Mais, lorsqu'on croyait être à la veille du départ, il survint un autre obstacle qu'on n'avait pas prévu, et qui faillit arrêter toute la recrue. On persuada apparemment au capitaine du navire que les chefs de cette entreprise étaient insolvables, et qu'il était de la prudence d'exiger d'eux, avant le départ, le prix du passage des cent dix personnes qu'ils envoyaient à Villemarie, et celui de tous les effets destinés pour eux. Ils étaient cependant dans l'impuissance de répondre à sa demande avant d'arriver en Canada, ayant employé tous leurs fonds à lever des hommes ou à acheter les denrées nécessaires à la colonie. Les hospitalières de Saint-Joseph n'étaient pas non plus en état de le satisfaire. Des 22,000 livres que Mme de Bullion avait données pour leur fondation, 20,000 avaient été remises à M. de La Dauversière pour qu'il les plaçât en rentes, et 2,000 avaient été employées à équiper ces filles, à les approvisionner et à engager deux hommes destinés pour la culture de leurs champs. En sorte qu'il ne leur restait rien qu'elles pussent offrir au maître du vaisseau avant leur départ.

Après environ un mois d'attente pénible et d'incertitude, le capitaine se décida enfin à les embarquer avec toute la recrue, le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul, 29 juin 1659. Pendant ce long délai, la flotte de la Grande Compagnie du Canada partit de ce port. M. de La Dauversière fit toutes les instances possibles à ceux qui la commandaient afin qu'ils attendissent le vaisseau destiné pour Villemarie. Mais voyant qu'ils s'y refusaient absolument, il leur dit ces paroles : DIEU en sera le maître; et la flotte avait fait à peine une lieue en mer que son amiral périt. Enfin, M. de La Dauversière conduisit ses filles dans le navire. Là il les assura que la Providence veillerait toujours sur elles; et voyant que par leur départ il avait accompli l'œuvre sainte que DIEU lui avait confiée, et à laquelle il avait travaillé jusque alors avec tant de zèle, de courage et de dévouement, il récita le cantique du vieillard Siméon : Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum, in pace, et leur donna sa bénédiction (1).

_____________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : XIII. Leur traversée. — La contagion se met sur le navire.

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 6:09 am

XIII. Leur traversée.— La contagion se met sur le navire.

S'il est vrai que la croix soit le caractère distinctif de toutes les œuvres divines, il faut reconnaître que l'établissement des hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie a été manifestement l'ouvrage de DIEU ; car tout ce que nous aurons à en raconter dans cet ouvrage n'est pour ainsi dire qu'une suite non interrompue d'épreuves et de tribulations. Le vaisseau le Saint-André (2), sur lequel ces filles s'étaient embarquées, avait servi pendant deux ans d'hôpital aux troupes de la marine, sans avoir fait depuis de quarantaine, et se trouvait infecté de la peste. A peine fut-il en mer que la contagion se déclara aussitôt, et gagna une partie de la recrue.

Les filles de Saint-Joseph, dévouées par état au service des malades, s'empressèrent d'offrir leurs services dans cette périlleuse occasion. Mais, quelques instances qu'elles fissent, elles ne purent obtenir la faveur qu'elles sollicitaient, ce qui fut peut-être la cause de la mort de huit à dix personnes, que la contagion enleva tout d'abord. Du moins, la défense qu'on leur avait faite d'exposer leur vie ayant enfin été levée, et ces généreuses filles se mettant à exercer leurs fonctions d'hospitalières dans le navire, dès ce moment il n'y mourut plus personne, quoique le nombre des malades fût fort grand.

Les sœurs de Brésoles et Maillet déployèrent un zèle infatigable à les servir, sans prendre d'autre préservatif contre la contagion que leur confiance en DIEU, qui les portait à exposer généreusement leur vie pour sauver celle de leurs frères. Mais la sœur Macé fut elle-même atteinte de la maladie ; elle ne put sortir de sa chambre que vers la fin de la traversée, où elle commença à se porter mieux; et M. Lemaistre lui donna alors le soin de quelques personnes de qualité qui étaient aussi malades. Les sœurs de Brésoles et Maillet éprouvèrent cependant quelques atteintes du mal, ainsi que la sœur Bourgeoys, sans cesser néanmoins de servir les malades.

Les sœurs Chatel, Crolo et Raisin, qui suivaient la sœur Bourgeoys pour jeter avec elle les fondements de l'institut de la congrégation, en ressentirent toute la violence, et principalement Mlle Mance, qui fut réduite à l'extrémité.

Cette maladie pestilentielle ne fut pas la seule épreuve qu'on eut à souffrir dans cette traversée, qui dura plus de deux mois. Le navire essuya durant ce temps les plus furieuses tempêtes, qui le mirent en danger évident de périr; jusque-là, que plusieurs fois tous les passagers, se croyant perdus sans ressource, se mirent en état de paraître devant DIEU par la réception du sacrement de pénitence. Enfin, après une navigation remplie de tant de périls et d'accidents fâcheux selon la nature, l'équipage arriva presque tout malade à Québec, le jour de la Nativité, 8 septembre de cette année 1659 (1).

_______________________________________

(2) Archives des hospitalières de Villemarie, acte de possession de l’hôtel donné par M. de Maisonneuve, le 20 novembre 1659.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : DEUXIEME PARTIE. DEPUIS L’ARRIVEE DES FILLES DE SAINT-JOSEPH EN CANADA, JUSQU'A L’ERECTION DE LEUR INSTITUT EN RELIGION.

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 3:59 pm

DEUXIÈME PARTIE

DEPUIS
L’ARRIVÉE DES FILLES DE SAINT- JOSPEH EN CANADA,
JUSQU’À
L’ÉRECTION DE LEUR INSTITUT EN RELIGION.


CHAPITRE PREMIER

OPPOSITIONS FORMEES A QUEBEC
CONTRE LE DESSIN DES FILLES DE SAINT-JOSEPH
DE S’ETABLIR A VILLEMARIE.


I. Pourquoi la Compagnie n’avait pas cru devoir déférer
à M. de Laval touchant le délai du départ des hospitalières.

On vient de dire, dans le chapitre précédent, que des personnes chargées en France des affaires de M. de Laval avaient déclaré aux hospitalières de Saint-Joseph, lorsqu'elles étaient arrivées à la Rochelle, que, si elles s'embarquaient pour Villemarie, on les obligerait de repasser la mer dans le courant de la même année.

Aussi, en arrivant à Québec, au lieu du repos dont elles avaient besoin après une traversée si orageuse, elles s'attendaient à rencontrer les plus fortes oppositions contre leur établissement ; et elles ne furent pas trompées dans cette attente. Mais, loin de se laisser abattre par tous les assauts qu'elles eurent à soutenir, elles n'en devinrent que plus résolues à sacrifier à DIEU leur repos, leur santé et leur vie. C'est qu'elles considéraient toutes ces oppositions comme autant d'épreuves par où DIEU voulait les faire passer pour purifier leur dévouement, et les rendre dignes de servir d'instruments à l'accomplissement de son œuvre. Cette conduite de DIEU sur elles explique comment M. de Laval, ce prélat si pieux, et comment les RR. PP. Jésuites, si zélés pour le bien de la religion, purent se montrer cependant si opposés à leur établissement à Villemarie (1).

Il est vrai qu'elles étaient parties de France, quoique M. de Laval eût demandé à la Compagnie de Montréal de différer leur départ jusqu'à l'année suivante. Mais comme il n'avait allégué d'autre raison de ce délai que la crainte de déplaire à l'un des associés, M. de Queylus (2), la Compagnie n'avait pas jugé à propos de s'arrêter à cette crainte, qu'elle savait être sans fondement, et elle n'avait pas cru manquer par là au respect dû au vicaire apostolique. Elle était convaincue d'ailleurs que le délai demandé par M. de Laval n'était qu'un moyen pour exclure les hospitalières de la Flèche, et pour leur substituer celles de Québec, qui avaient déjà deux de leurs sœurs à l'Hôtel-Dieu de Villemarie.

Ayant fait un compromis avec les filles de Saint-Joseph (1) depuis trois ans…

________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre…


Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 5:46 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 5:45 am

I. Pourquoi la Compagnie n’avait pas cru devoir déférer
à M. de Laval touchant le délai du départ des hospitalières.
(suite)

Ayant fait un compromis avec les filles de Saint-Joseph (1) depuis trois ans, c'est-à-dire avant que M. de Laval eût été nommé vicaire apostolique pour le Canada; voyant que ces filles avaient une fondation assurée qui ne pouvait servir que pour elles seules, d'après les clauses mêmes du contrat, et qu'enfin l'Hôtel-Dieu de Villemarie ne pouvait se passer plus longtemps d'hospitalières: la Compagnie avait pensé qu'il était de son devoir de s'opposer au projet de ce prélat , en effectuant sans délai le départ des filles de Saint-Joseph.

Ce projet tendait en effet à faire perdre à l'Hôtel-Dieu de Villemarie sa fondation pour des hospitalières, à priver la Compagnie du droit qu'elle avait d'y mettre telles filles qu'il lui plairait, et enfin à anéantir le dessein de DIEU sur la colonie de Montréal, pour l'accomplissement duquel les associés avaient travaillé jusque alors.

Car, comme on l'a dit déjà, ce dessein avait pour objet de faire honorer en Canada la Sainte-Famille, JESUS, Marie et Joseph; et le projet dont nous parlons tendait à écarter celle de ces communautés qui devait y retracer les vertus de ce glorieux patriarche, et en vue de laquelle M. de La Dauversière avait même reçu ordre de travailler à l’établissement de Montréal.

Mais, quelque bon droit qu'eussent les filles de Saint-Joseph d'aller se mettre en possession de l'Hôtel-Dieu, elles se virent, dès leur arrivée à Québec, comme à la veille d'être obligées de repasser en France.

_______________________________

(1) Acte de Chaussière, notaire à Paris, du 31 mars 1656.

A suivre : II. Arrivée des filles de Saint–Joseph à Québec.


Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 2:53 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 12:58 pm

II. Arrivée des filles de Saint–Joseph à Québec.
Immédiatement après leur débarquement, elles se rendirent à l'église paroissiale pour adorer le très-saint Sacrement, et pour renouveler à NOTRE-SEIGNEUR le sacrifice de leur vie. De là elles allèrent rendre leurs hommages à M. de Laval (1), qui les avait devancées à Québec depuis environ trois mois, et lui présentèrent une requête pour lui demander son approbation. Dans cet écrit, après avoir rappelé que la Compagnie de Montréal les avait choisies pour desservir l'Hôtel-Dieu de cette île, et qu'une personne de piété venait de leur donner un fonds suffisant pour y subsister sans être à charge aux pauvres, elles disaient au prélat, qu'elles avaient été envoyées en Canada, sous son bon plaisir, par l'évêque d'Angers, et le priaient enfin de vouloir bien autoriser leur établissement à Villemarie (2).

Sans répondre d'abord à leur requête, M. de Laval les reçut avec bonté, les congratula de leur courage, leur dit des paroles très-obligeantes ; puis les engagea à visiter M. d'Argenson, gouverneur du Canada, ensuite les religieuses hospitalières, et leur ordonna enfin d'aller prendre leur logement chez les Ursulines, qui s'étaient empressées de lui demander cette faveur.

Mais elles s'aperçurent bientôt que toutes ces démonstrations de bienveillance avaient pour fin de les détacher de leur institut, pour les incorporer à la communauté des hospitalières de Québec ; et rien ne fut épargné pour les amener à cette fusion, vivement désirée par ces dernières (1).

________________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) requête présentée à M. de Laval au mois de septemb. 1659 ; archives des hospitalières de Villemarie.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : III. On les presse en vain de s'agréger à l'institut des hospitalières de Québec.

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 6:24 am

III. On les presse en vain de s'agréger
à l'institut des hospitalières de Québec.

La sœur Morin, dans ses Annales, parle ainsi des instances qu'on leur fit dès leur arrivée :

« Elles furent beaucoup pressées et sollicitées par Mgr l'évêque de Pétrée et par les RR. PP. Jésuites, de quitter leur institut, afin de s'unir aux hospitalières de Saint-Augustin de Québec, ou de retourner en France. Ils firent tout leur possible pour les engager à prendre l'un de ces deux partis, pensant rendre gloire à DIEU en les pressant de la sorte. »

Mais elles n'auraient pu embrasser l'institut des hospitalières de Québec sans violer la protestation solennelle qu'elles avaient faite et signée avant leur départ de la Flèche, de regarder, jusqu'à la fin de leur vie, la communauté de ce lieu comme leur maison-mère, et d'observer invariablement les constitutions de l'institut de Saint-Joseph.

Enfin, après tout ce qui avait eu lieu avant leur départ, elles ne pouvaient sagement se déterminer à repasser en France, à moins que M. de Laval ne les y contraignît. C'est pourquoi elles ne se rendirent point à ces propositions, rapporte la sœur Morin.

« La mère Judith de Brésoles, leur supérieure, qui était vraiment une Judith en courage et en fidélité…

A suivre…

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 1:50 pm

III. On les presse en vain de s'agréger
à l'institut des hospitalières de Québec.
(suite)

… « La mère Judith de Brésoles, leur supérieure, qui était vraiment une Judith en courage et en fidélité, ajoute-t-elle, sachant que ses compagnes étaient intrépides dans leur dessein, répondit pour elles qu'elles ne feraient ni l'un ni l'autre. Elles demeurèrent fermes dans leur vocation, et s'exposèrent de bon cœur à toutes les croix qu'elles prévirent bien que leur fermeté leur attirerait. »

Ce fut sans doute après ce refus qu'arriva ce qu'on lit dans l'Histoire de l'Institution des filles de Saint-Joseph : que M. de Laval ordonna à M. Souart, prêtre de Saint-Sulpice, venu à Québec pour les conduire à Villemarie, de leur dire, au contraire, qu'elles pensassent à s'en retourner sur le même vaisseau qui les avait amenées en Canada (1).

Si ce prélat le chargea d'une commission si pénible, il faut croire qu'elle n'eut pour objet qu'une simple insinuation. La sœur Morin assure en effet « que M. de Laval, grand serviteur de DIEU et homme tout apostolique, ne fit jamais violence au sentiment des filles de Saint-Joseph, se contentant de leur dire qu'elles lui ferait un grand plaisir en s'agrégeant à l'autre institut (1). »

___________________________________

(1) Histoire de l’Institution, etc., t. II, p. 70 ;archives des hospitalières de la Flèche.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : IV. M. de Laval renonce au projet de donner l'Hôtel-Dieu de Villemarie aux hospitalières de Québec.

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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 5:37 am

IV. M. de Laval renonce au projet de donner
l'Hôtel-Dieu de Villemarie aux hospitalières de Québec.

Il le désirait d'autant plus vivement, que, sans cette fusion, il se voyait dans la nécessité de rappeler les deux religieuses de Québec, qui se trouvaient à l'Hôtel-Dieu de Villemarie depuis l'année précédente, n'ayant pas de quoi les y faire subsister. Car cette maison, par le contrat même de sa fondation, devait être desservie gratuitement, et non aux dépens des pauvres; et d'ailleurs la fondation faite en faveur des hospitalières qui la desserviraient, n'était destinée, comme on l'a dit, qu'aux hospitalières de Saint-Joseph. De plus, les associés de Montréal avaient déclaré à M. de Laval qu'ils retireraient leurs aumônes si on prétendait donner la conduite de leur Hôtel-Dieu à d'autres hospitalières que celles qu'ils avaient choisies (2).

Comme donc les filles de Saint-Joseph refusaient toujours de changer d'institut, quelques personnes qui désiraient passionnément de les éloigner du pays proposèrent à M. de Laval d'appliquer à l'Hôtel-Dieu de Ville-Marie une partie de la fondation que Mme la duchesse d'Aiguillon avait faite en faveur de celui de Québec, afin de faire subsister les religieuses de Saint-Augustin dans le premier sans avoir recours à la Compagnie de Montréal.

Mais, outre qu'une pareille entreprise sur les droits des seigneurs aurait été irrégulière et entachée de nullité, la fondation de Mme d'Aiguillon était trop peu considérable pour suffire aux deux établissements.

C'est pourquoi M. de Laval aima mieux conserver la communauté de Québec, en lui laissant son revenu, que de le partager entre deux maisons, qui n'auraient pu se soutenir ni l'une ni l'autre (1). Il paraît qu'on fît alors de nouveaux efforts pour obliger les sœurs de Saint-Joseph à repasser en France. M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, sans entrer dans le détail des difficultés qu'elles eurent à essuyer pour s'établir dans cette île, dit : « qu'elles ne l'eussent peut-être jamais fait, si M. de Laval ne leur eût été favorable pour dissiper l'orage qui avait causé contre elles cette grande tempête ; de quoi, ajoute-t-il, le Montréal lui fut bien obligé, parce qu'il contribua ainsi à lui donner ces bonnes filles (2). »

_______________________________

(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 117.
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 118.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre : v. M. de Laval permet aux filles de Saint–Joseph d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie.

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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 12:00 pm

V. M. de Laval permet aux filles de Saint–Joseph
d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie.

Enfin, après qu'elles eurent été près d'un mois dans cet état d'incertitude sur leur avenir, le prélat se résolut, le 2 octobre 1659, à leur donner par écrit l'autorisation d'exercer leurs fonctions à Villemarie. Conformément au choix de l'évêque d'Angers et aux désirs des sœurs Macé et Maillet, il confirma la mère de Brésoles dans la place de supérieure; mais il leur ôta pour supérieur M. Lemaistre, qu'il jugea peut-être trop porté à les fortifier dans le dessein de demeurer attachées à leur institut, et leur donna en sa place un autre prêtre de Saint-Sulpice, M. Vignal, qu'il chargea de les conduire à Villemarie (1).

Toutefois, en leur donnant ces lettres d'autorisation, il leur déclara qu'elles ne devaient pas espérer d'être un jour établies en communauté selon les formes canoniques, ni de recevoir pour novices des filles du pays, qui assurément ne voudraient pas s'exposer aux peines et aux contradictions auxquelles elles devaient s'attendre (*).

Cette déclaration avait pour motif de les faire insensiblement consentir à s'agréger aux hospitalières de Québec, si elles ne voulaient voir leur propre communauté s'éteindre (1).

M. de Laval leur permettant donc d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie, ordonna en même temps aux deux hospitalières de Québec, les sœurs de la Nativité et de Saint-Paul, qui y séjournaient depuis un an, de revenir; et il leur envoya M. de Saint-Sauveur, chapelain de leur communauté, pour les accompagner dans le voyage (2).


(*) La sœur Morin, assez mal instruite de ce qu'elle avait entendu raconter dans sa jeunesse sur M. de Queylus, qui avait déjà quitté Villemarie avant qu'elle y résidât elle-même, assure que M. de Laval, en refusant d'approuver l'établissement des filles de Saint-Joseph, leur alléguait pour motif la parole qu'il aurait donnée à M. de Queylus de ne les point établir canoniquement; et elle ajoute que, par amitié pour cet ecclésiastique, il persista pendant bien des années dans cette disposition. Mais ce serait faire injure à ce prélat, que de supposer en lui, dans une affaire de cette importance, un motif si humain, si opposé à son caractère bien connu, et même si frivole, puisque la Compagnie de Montréal, de qui seule dépendait cette affaire, ne voulait établir à l'Hôtel-Dieu que les sœurs de Saint-Joseph. II est certain, d'ailleurs, que lorsque ces filles arrivèrent en Canada, bien loin que M. de Laval eût pour M. de Queylus une amitié si aveugle, il l'expulsa au contraire de ce pays, sans vouloir souffrir qu'il y reparut, et que, quelques années plus tard, M. de Queylus s'y étant présenté avec une commission du Saint-Siège Apostolique, il crut pouvoir fulminer contre lui les anathèmes de l'Eglise, et l'obligea de repasser en France (1).

_ _ _ _ _ _

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, t. i , p. 138, 160, etc.

_____________________________

(1) Lettre de M. de Laval du 2 octobre 1659 ; archives des hospitalières de Villemarie.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 118-119.
A suivre : VI. Les hospitalières de Saint-Joseph montent à Villemarie, et celles de Saint-Augustin reviennent à Québec.

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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 6:35 am

VI. Les hospitalières de Saint-Joseph montent à Villemarie,
et celles de Saint-Augustin reviennent à Québec.

Durant ces débats, Mlle Mance, qui était fort malade en arrivant à Québec, se faisait traiter dans une maison de la basse ville. Voyant qu'elle n'était point encore rétablie lorsque les filles de Saint-Joseph eurent la liberté d'aller à Villemarie, et prévoyant que sa convalescence se prolongerait encore, elle leur conseilla de partir sans délai, et de la laisser avec les demoiselles qu'elle avait amenées de France, et qui étaient aussi malades des suites de la contagion.

Elles quittèrent donc Québec, et se mirent en chaloupe sur le fleuve Saint-Laurent, avec M. Vignal, leur nouveau confesseur. Mais, pour qu'il n'y eût aucun genre de contradiction qu'elles n'éprouvassent avant de s'établir, DIEU permit qu'un vent contraire ralentît tellement leur navigation, qu'elles restèrent quinze ou seize jours sur le fleuve. Elles eurent cependant la consolation de communier le jour de la fête de saint Bruno, 6 octobre, comme aussi de rencontrer la barque qui portait les deux religieuses de Québec, accompagnées par M. de Saint-Sauveur et M. Souart.

Mais la barque ayant le vent en poupe, et allant avec une grande vitesse, elle ne put s'approcher de la chaloupe plus près que de dix à quinze pas, ce qui fut cause que les compliments que ces bonnes filles se firent les unes aux autres, et les témoignages de charité qu'elles se donnèrent mutuellement, dans une rencontre si rapide, furent très-laconiques. M. Souart, qui l'année précédente était allé chercher les deux hospitalières de Québec, les ramena ainsi dans leur couvent, pendant que M. Vignal de son côté conduisait heureusement les filles de Saint-Joseph à Villemarie (1).

_______________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : VII. Leur arrivée à Villemarie. — Accueil qu'on leur fait.


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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 12:25 pm

VII. Leur arrivée à Villemarie. — Accueil qu'on leur fait.

Cette ville naissante comptait alors cent soixante hommes, dont cinquante chefs de famille, sans comprendre pourtant les nouveaux colons, au nombre de plus de cent personnes, venus avec les filles de Saint-Joseph. Elle se composait d'environ quarante maisons, presque toutes situées de manière à se défendre mutuellement contre les insultes des Iroquois. Outre le fort qui la protégeait, elle était mise à couvert, du côté appelé le coteau Saint-Louis, par une redoute qu'on venait de construire avec un moulin, sur une petite éminence fort avantageuse pour la sûreté publique (1). Tel était l'état de Villemarie à l'arrivée des filles de Saint-Joseph.

Après qu'elles eurent mis pied à terre, elles allèrent adorer NOTRE-SEIGNEUR à l'église, située dans le bâtiment même de l'Hôtel-Dieu; et comme le logement qui leur était destiné n'était point encore achevé, en attendant elles s'établirent dans celui que Mlle Mance avait occupé. La nouvelle de leur arrivée fit naître dans tout le pays une sincère et vive allégresse. Tous ces pieux colons, pénétrés de respect pour la vertu de ces saintes filles, et de reconnaissance pour le dévouement généreux qu'elles leur témoignaient en venant ainsi se vouer à leur soulagement, s'empressèrent chacun de les visiter. Ils exprimèrent, à leur façon simple, leur vive satisfaction par des compliments d'autant plus sincères que l'art y avait moins de part, et qu'ils n'étaient qu'une expression naïve des sentiments de gratitude et d'affection dont leurs cœurs étaient remplis. Elles les visitèrent à leur tour, accompagnées de M. Vignal et de quelques autres personnes de confiance, comme M. de Laval le leur avait conseillé pour la satisfaction de ce bon peuple, qu'il prévoyait bien devoir en être consolé et édifié. Tous leur donnèrent mille témoignages d'estime et de charité, leur firent la plus honorable réception qu'ils purent, leur offrant même, dans leur simplicité, ce qu'ils avaient de meilleur, comme du lait, des citrouilles cuites dans la cendre, du blé d'Inde grillé, et les pressant fort de manger, ce qu'elles refusèrent partout.

Après deux jours employés à parcourir ainsi toutes les maisons, elles choisirent pour le lieu de leur clôture un petit appartement, où elles mirent leurs lits et ce qu'elles avaient apporté de meubles et d'ustensiles, qui n'était pas considérable, et commencèrent enfin à exercer leurs fonctions d'hospitalières, à la grande satisfaction de tout le pays (1).

A leur arrivée, M. Vignal les avait mises en possession légale de l'Hôtel-Dieu et de tous les bâtiments qui en dépendaient. Le 20 du mois de novembre suivant, M. de Maisonneuve, en sa qualité de gouverneur, leur donna, de cette prise de possession, un acte par écrit, daté du fort de Villemarie, où il faisait sa résidence (1).

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(1) Emplois de Pierre Devoyer, vicomte d’Argenson ; mss. de la bibliothèque du Louvre, in-fol. nº 32, fol. 72.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Archives des hospitalières de Villemarie, acte de M. de Maisonneuve, du 20 novembre 1659.
A suivre : VIII. Mlle Mance fait achever le logement destiné aux filles de Saint-Joseph.

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