Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
« A Québec, ajoute la sœur Morin, les églises furent pleines de monde toute la nuit du lundi au mardi et celle du mardi au mercredi, et les prêtres occupés à confesser. La dévotion ne fut pas si grande à Montréal. Chacun demeura chez soi, et la porte de notre église resta fermée : il n'y en avait point d'autre alors dans toute l'île. Peut-être n'avait-on pas tant de besoin d'aller à confesse : car en ce temps on vivait bien et dans une grande innocence, en tout Montréal. Tout ce fracas ranima la dévotion à saint Joseph, qui s'augmente beaucoup, les fidèles s'adressant à lui dans tous leurs besoins, ainsi qu'à la très-sainte Vierge, qui est reconnue patronne spéciale de sa Villemarie (1). »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, tremblement de terre de 1663.
A suivre : X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust
le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille.
Mais le fruit le plus durable que produisit cet heureux changement, ou du moins auquel il servit de préparation, ce fut l'institution de la confrérie de la Sainte-Famille, qui prit naissance à Villemarie, et se répandit de là dans tout le Canada, où elle subsiste encore aujourd'hui. On a vu que le dessein de DIEU dans l'établissement de la colonie de Montréal était de faire honorer JESUS, Marie et Joseph par trois communautés qui, chacune, devaient être consacrées à l'une de ces trois augustes personnes : le séminaire de Saint-Sulpice, à NOTRE-SEIGNEUR; la Congrégation, à la très-sainte Vierge, et les hospitalières, à saint Joseph.
DIEU, qui change quand il lui plaît les obstacles en moyens de succès, voulut qu'en l'année 1663, où ces trois communautés semblaient être extrêmement chancelantes par les difficultés comme insurmontables que M. de Laval opposait à leur établissement, elles commençassent à accomplir le dessein qu'il avait eu en les fondant, et donnassent naissance à l'institution de la confrérie de la Sainte-Famille. Comme cette confrérie n'aurait pu s'établir sans l'intervention de M. de Laval, DIEU , pour la commencer, voulut se servir du ministère d'un des RR. PP. Jésuites, auxquels ce prélat avait une entière confiance ; ce qui lui fit prendre cette institution à cœur, comme nous le dirons bientôt.
Ce religieux, le P. Chaumonot, ayant été envoyé à Villemarie par M. de Laval, au printemps de cette année 1663, fut reçu au séminaire par M. Souart et M. Galinier, les seuls ecclésiastiques de Saint-Sulpice qui se trouvassent alors dans cette maison (*).
« Les fêtes et les dimanches, rapporte le P. Chaumonot…____________________(*) M. Pérot, dont il a été parlé, n'était point encore à Villemarie. M. Le Maistre et M. Vignal avaient été massacrés par les Iroquois, et les autres se trouvaient expulsés du pays, sans pouvoir y reparaître.
A suivre…
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Louis- Admin
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X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust
le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille. (suite)
« Les fêtes et les dimanches, rapporte le P. Chaumonot dans sa Vie, composée par lui-même, nous officiions tour à tour. J'eus le bien de faire la connaissance de Mme d'Ailleboust dès mon arrivée à Montréal. Elle m'avait été recommandée par le P. Jérôme Lallemant, notre supérieur, qui, ayant été son directeur (lorsqu'elle était) à Québec, voulut que je tinsse sa place auprès d'elle.
« Cette dame, pendant que j'étais à Villemarie, eut la pensée de trouver quelque puissant et efficace moyen de réformer les familles chrétiennes sur le modèle de la sainte famille du Verbe incarné, en instituant une société ou confrérie où l'on fût instruit de la manière dont on pourrait imiter JESUS , Marie et Joseph dans le monde, les hommes imitant saint Joseph, les femmes la très-sainte Vierge, et les enfants l'enfant JESUS.
« Je découvris ce dessein à M. Souart, mon directeur, qui le confirma par son approbation. Mais comme nous ne pouvions y réussir si nous n'avions aussi celle de monseigneur l'évêque, et même des indulgences de notre saint Père le Pape, je proposai à M. Souart, à Mme d'Ailleboust, à la mère supérieure de l'Hôtel-Dieu, à ma sœur Marguerite Bourgeoys, supérieure de la Congrégation, car en cette affaire nous agissions de concert, de recommander une si grande entreprise à saint Ignace, en faisant pour son heureux succès une neuvaine à ce digne fondateur de la Compagnie de JESUS (1). »
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(1) Vie du P. Chaumonot, écrite par lui-même : mss. des hospitalières de Villemarie.
A suivre : XI. Établissement de la confrérie de la Sainte-Famille à Villemarie.
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XI. Établissement de la confrérie de la Sainte-Famille à Villemarie.
Tous ayant applaudi à cette proposition, le P. Chaumonot dressa un acte par lequel ils promirent de faire chacun neuf communions, et de procurer que toutes les personnes qui seraient admises dans l'association de la Sainte-Famille récitassent, immédiatement après leur réception, neuf fois le Gloria Patri — M. Souart, le P. Chaumonot, la supérieure de l'Hôtel-Dieu, qui était alors la sœur Macé (*), la sœur Bourgeoys, Mme d'Ailleboust, Mlle Mance, signèrent cet acte le 31 juillet 1663 (2).
Ainsi la divine Providence voulut que cette dévotion prit naissance à Villemarie par le concours simultané des trois communautés destinées à répandre l'esprit de la Sainte-Famille : le séminaire, l'Hôtel-Dieu et la Congrégation, représentées chacune par les personnes qui en avaient alors la conduite (**).
Bien plus, comme l'établissement de la dévotion envers JESUS, Marie et Joseph en Canada, était la fin principale que DIEU s'était proposée dans la formation de la Compagnie de Montréal, il voulut que cette compagnie y concourût par deux de ses membres des plus dévoués, Mlle Mance et Mme d'Ailleboust, le premier instrument de cette institution. Les colons de Villemarie l'adoptèrent avec d'autant plus d'empressement, que déjà M. de Maisonneuve avait établi parmi eux, comme il est dit dans la Vie de la sœur Bourgeoys, la compagnie appelée de la Sainte-Vierge. Cette compagnie était composée de soixante-trois soldats, dont la ferveur venait de porter récemment le P. Chaumonot à leur faire prendre le cordon de trente nœuds (1), pratique qui a pour fin d'honorer les trente années que JESUS, Marie et Joseph ont passées ensemble._______________________________________(*) Le P. Chaumonot, n'ayant composé sa propre Vie que longtemps après l'institution de la Sainte-Famille, a écrit par erreur que l'acte en fut signé par la sœur Judith de Brésoles, supérieure de l'Hôtel-Dieu. Depuis le 9 avril de cette année 1663, la sœur Macé avait en effet été élue supérieure, et confirmée dans cette charge par M. Souart, en vertu des pouvoirs donnés à cet effet par M. de Laval (1). Aussi, la sœur Bourgeoys, qui rapporte dans ses Mémoires l'origine de la Sainte-Famille, dit que l'acte fui signé par la sœur Macé (2), sans faire mention de la sœur de Brésoles.
(1) Archives des hospitalières de Villemarie, acte du 9 avril 1663.
(2) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
(**) Ces détails doivent servir de correctifs au narré apocryphe sur l'origine de la confrérie de la Sainte-Famille, qu'on lit dans l'ouvrage intitulé : La solide Dévotion à la Sainte-Famille, Montréal, 1787; in-12, pag. 54 et suiv. — Montréal, 1841 ; in-24, pag. 60 et suiv._______________________________________(2) Vie du P. Chaumonot, etc.
(1) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois.
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XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois.
Mais un événement qui accrédita l’institution de la confrérie de la Sainte-Famille dans tout le Canada, et bien propre en effet à faire une vive impression sur tous les esprits, ce fut la délivrance miraculeuse d'un fervent Montréaliste pris par les Iroquois. Nous la rapporterons ici pour l'édification de nos lecteurs.
Une troupe de quarante Iroquois, partie Agnieronnons et partie Onneiochronnons, s'étant approchés des champs où quelques laboureurs travaillaient, fondirent à l'improviste sur eux en poussant de grands cris, selon leur coutume, et, après avoir fait une furieuse décharge, se précipitèrent sur deux de ces travailleurs, qu'ils garrottèrent aussitôt, et qu'ils firent marcher avec eux pour les brûler dans leur pays. — « L'un de ces Français, rapporte le P. Jérôme Lallemant, s'était associé depuis peu avec plusieurs autres familles des plus dévotes et des plus exemplaires de Montréal, pour se mettre tous ensemble sous la protection particulière de la sainte famille de JESUS , Marie, Joseph. Ce bonhomme ne fut pas plutôt saisi, qu'élevant les mains au ciel, il fit une prière fervente et pleine de foi, qu'il adressa à la sainte Vierge, laquelle il conjurait de ne pas permettre qu'un des enfants de sa famille fût maltraité (1). »
Cette prière achevée, il se trouva rempli…
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant, p. 64 et suiv.
A suivre…
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XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois. (suite)
Cette prière achevée, il se trouva rempli d'une parfaite confiance au secours de sa protectrice, et se mit à suivre ses bourreaux aussi volontiers que s'il eût été dans la compagnie de ses concitoyens. Le soir, lorsqu'on l'étendait sur la terre, et qu'on le liait à des pieux par les pieds, les bras et le cou, pour l'empêcher de s'enfuir durant la nuit, il se couchait sur ce chevalet comme il eût fait sur un lit ; et présentant aux sauvages ses mains et ses pieds pour être garrottés, il leur disait : « Les voilà, liez, serrez; JESUS-CHRIST en a souffert pour moi bien davantage quand on l'étendait sur la croix ; je suis content de vous obéir, et d'imiter ainsi l'obéissance que mon bon maître a rendue à ses bourreaux. »
Quoiqu'on fit à Villemarie de longues prières pour lui, et que lui-même, par un effet de sa grande confiance au secours de Marie, regardât sa délivrance comme assurée, il ne voyait cependant aucun moyen humain de s'échapper des mains des Iroquois. Ils le tenaient toujours également serré, et faisaient nuit et jour autour de lui une garde continuelle. Cependant ces barbares, pour jouir plus tôt (du) plaisir cruel de leur victoire, en brûlant les deux captifs à petit feu dans leur pays, se séparèrent en deux bandes, qui se dirigèrent sur leur village respectif par le plus court chemin, et chacune emmena avec elle l'un des deux prisonniers. Celui dont nous parlons échut aux Agnieronnons, qui, étant en bien plus grand nombre que les autres, lui laissaient moins d'espérance de s'échapper. Aussi n'y pensait-il pas, voyant que la chose était entièrement impossible, quoique pourtant il se confiât toujours à l'assistance de sa puissante protectrice. Sa confiance ne fut pas trompée (1).
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant, ibid.
A suivre : XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse.
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XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse.
Pour procurer sa délivrance, DIEU avait inspiré à quarante Algonquins chrétiens de la mission de Sillery le dessein d'aller tenter quelque coup contre les Iroquois. Après avoir suivi la rivière de Richelieu, et être arrivés au lac Champlain, à peine s'étaient-ils mis en embuscade, qu'ils aperçoivent les Agnieronnons. Ils les suivent des yeux, remarquent leur gîte, et prennent la résolution d'aller tomber sur eux à l'improviste pendant la nuit.
A la faveur des ténèbres, ils approchent à la sourdine, et environnent le lieu où les ennemis sont endormis, avec leur prisonnier au milieu d'eux, lié et garrotté comme de coutume. Mais, quelque précaution qu'ils prennent pour ne faire aucun bruit, l'un des chefs iroquois, nommé Garistatfia, ou le Fer, fort renommé pour son courage et ses exploits, s'éveille soudain, donne l'alarme à tous les siens, qui à l'instant prennent leurs armes, et sont aussitôt, prêts à combattre que les assaillants.
Au même instant, les Algonquins, sans perdre de temps, font brusquement sur eux une seule décharge de fusils; puis se précipitant en furieux, l'épée et la hache à la main, frappent à droite et à gauche et font couler le sang de tout côté. Au milieu de ce carnage, le chef des Algonquins, nommé Gahronho, reconnaît dans la mêlée le fameux le Fer, le saisit par sa grande chevelure et veut l'obliger de se rendre. L'autre résiste orgueilleusement, et saisit à son tour son adversaire par les cheveux ; mais comme il était prêt à lui porter le coup de la mort, il est prévenu par l'Algonquin, qui lui décharge sa hache sur la tête si rudement, que l'Iroquois tombe à terre, et sa mort fait prendre la fuite à tous ceux de sa nation (1).
Pendant cette scène d'horreurs…
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant
A suivre…
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XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse. (suite)
Pendant cette scène d'horreurs, le confrère de la Sainte-Famille, étendu par terre, les pieds et les mains liés, n'attendait plus que le coup de la mort; et il allait le recevoir de la main d'un des Algonquins, qui frappait en aveugle sur tout ce qu'il rencontrait, lorsqu'il s'écrie : Je suis Français. A ces mots, on s'arrête, on se hâte de le délivrer, et à peine voit-il ses liens rompus, que, se jetant à deux genoux sur la terre, trempée du sang ennemi, il rend à sa puissante libératrice ses justes actions de grâces. La protection du Ciel ne parut pas avec moins d'éclat sur les Algonquins. Quoiqu'ils eussent tué dix Iroquois et fait trois prisonniers, ils ne perdirent pas un seul homme; et, ce qui est plus extraordinaire encore, aucun d'eux ne reçut la moindre blessure dans ce furieux combat.
Il serait difficile de représenter la vive allégresse des colons de Villemarie au retour de leur concitoyen, surtout lorsqu'ils lui entendirent raconter les circonstances de sa délivrance, bien propres à ranimer dans tous les cœurs la confiance en Marie.
« Il n'a pas été méconnaissant de ce bienfait, dit le P. Jérôme Lallemant, ne pouvant entendre parler de la sainte Vierge sans fondre en larmes, et publiant sans cesse les merveilles qu'elle a opérées pour sa délivrance, car il devait périr dans cette attaque par la grêle de balles qui sifflaient à ses oreilles et qui jetaient par terre tous ceux qui étaient autour de lui (1). »
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(1) Relation de 1662 et 1663, p. 75 et suiv.
A suivre : XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
Mais le fruit le plus durable et le plus étendu que produisit cette délivrance, ce fut d'accréditer dans tout le Canada la dévotion envers la Sainte-Famille, et de préparer les voies à l'établissement de cette confrérie, qui se répandit bientôt partout. Le P. Chaumonot, rappelé à Québec, en ayant parlé avec éloge à M. de Laval, ce prélat fut d'avis de l'établir dans sa propre Église, d'abord par manière d'essai; et comme la ferveur était moins grande apparemment à Québec qu'à Villemarie, on ne composa cette confrérie que de dames pieuses, qu'on réunit de quinze en quinze jours, vers la fin de l'année 1663 (1).
DIEU versa sur ces commencements de si abondantes bénédictions, qu'en moins de huit mois un grand nombre de femmes de toute condition se présentèrent pour être admises dans la confrérie de la Sainte-Famille. M. de Laval, jugeant que personne n'en possédait mieux l'esprit et n'était plus propre à le communiquer que Mme d'Ailleboust, fut d'avis de l'appeler à Québec pour la mettre à la tête de cette nouvelle association (2).
Le P. Chaumonot, qui avait été son confesseur dans le séjour qu'il venait de faire à Villemarie, crut même que DIEU demandait qu'elle allât se fixer à Québec, afin d'assurer le succès de cette œuvre.1664.Mme d'Ailleboust prit donc ce parti par obéissance, en 1664, et travailla beaucoup, pendant trois ou quatre ans, à jeter dans les cœurs des dames de Québec les fondements de cette dévotion. M. de Laval approuva les règlements de la Sainte-Famille au mois de mars de l'année suivante 1665, et peu de temps après il fit publier des indulgences que le souverain pontife avait accordées pour l'accréditer de plus en plus (1).
DIEU avait inspiré à Mme d'Ailleboust le dessein de cette confrérie…
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(1) Vie du P. Chaumonot, ms. des hospitalières de Villemarie.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, tremblement de terre de 1663.
(1) Mémoires sur M. de Laval, par M. de La Tour, in-12.
A suivre…
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
(suite)
DIEU avait inspiré à Mme d'Ailleboust le dessein de cette confrérie, pour que l'on y fût instruit de la manière dont on pourrait imiter JESUS , Marie el Joseph dans le monde (2).
Conformément à ces vues, le prélat fit imprimer un petit écrit qui marquait aux personnes de cette confrérie les vertus à l'acquisition desquelles elles devaient s'appliquer, les maximes du monde qu'elles devaient fuir, et y joignit même, sous le titre de Catéchisme de la Sainte-Famille, une instruction par demandes et par réponses, qui fait connaître les vertus de JESUS , Marie, Joseph, afin d'exciter le lecteur à les imiter (3).
Il répandit aussi des pieuses estampes (4), et fit composer un Office propre de la Sainte- Famille avec Octave, dont il fixa la fête solennelle au troisième dimanche après Pâques.
Enfin, pour donner tout l'éclat qu'il pouvait à cette dévotion, voyant que l'église paroissiale de Québec était dédiée à la Conception Immaculée, il changea ce titre en celui de la Sainte-Famille, et transféra celui de la Conception à une chapelle de la même église dans laquelle la confrérie avait d'abord été établie (5).
Ainsi la divine Providence, dont le propre est de procurer avec force et douceur l'accomplissement de ses desseins , se servit des trois communautés de Villemarie, malgré les préventions qu'on avait conçues contre elles, pour répandre l'esprit de cette dévotion dans le Canada, et voulut même que la Compagnie des associés de Montréal, chargée premièrement d'une si sainte mission, portât par Mme d'Ailleboust, l'un de ses membres, cet esprit à Québec, afin que de là il se communiquât à toutes les paroisses du diocèse, et même jusqu'aux missions sauvages, où la confrérie subsiste encore aujourd'hui, au grand avantage des familles et à l'honneur de la religion (*).
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(2) Vie du P. Chaumonot, ms. des hospitalières de Villemarie.
(3) La solide dévotion à la Sainte-Famille, avec un catéchisme, etc. Paris, 1675, in-12.
(4) In folio, chez Mariette, à Paris, rue St-Jacques. — In-4º, chez Chiquet, rue St-Jacques, à Paris.
(5) Mémoires sur M. de Laval, par M. de La Tour, in-12., p. 174 et 175.
A suivre : le (*)…
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
(suite)
(*) Cette confrérie, d'abord composée d'hommes aussi bien que de dames à Villemarie, se trouva bientôt en désaccord avec toutes les autres confréries de la Sainte-Famille qu'on établit en Canada, et même avec les règlements qu'on leur prescrivit ; et c'est sans doute ce qui fut cause qu'elle s'éteignit insensiblement. Peut-être la laissa-t-on s'éteindre d'elle-même, pour ne pas provoquer les plaintes injustes de certains esprits trop prévenus contre la confrérie de Québec, qu'ils voulaient faire passer pour une société hostile à la paix des familles (1).
Quoi qu'il en soit, la confrérie fut rétablie à Villemarie pour les dames seulement, par le zèle de M. Remy, prêtre de Saint-Sulpice, trois ou quatre ans avant qu'il fût envoyé à la Chine en qualité de curé (2).
Vers ce temps, on établit pour les hommes une congrégation dédiée à la très sainte Vierge, dont les membres se réunissaient au séminaire les jours de dimanche, et y psalmodiaient le petit Office. Mais cette congrégation ayant ensuite été le prétexte de quelques murmures, on y substitua la confrérie de la Sainte-Famille pour les hommes.
M. Tronson en écrivait en ces termes à M. Dollier de Casson, le 2 mai 1686 : « Je ne puis qu'approuver votre conduite touchant la congrégation que vous avez laissée tomber. Je prierai DIEU de bénir votre confrérie de la Sainte-Famille. M. de Lacolombière est bien propre pour la commencer. Il faut toujours faire, sans se mettre en peine de répondre à ceux qui n'approuvent pas cette confrérie (1).
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(1) Archives du royaume, ms. K, 1286, p. 43 et suiv.
(2) Registre de la confrérie des dames de la Sainte-Famille établie à Montréal, ms. p. 2. — Solide dévotion à la sainte-Famille, Montréal, 1787, in-12, p.54, 55, 56.— Le même, Montréal, 1841, in-24, p. 60 et suiv.
(1) Lettres de M. Tronson ; lett. à M. Dollier, 2 mai 1686.
A suivre : XV. M. de Laval permet de recevoir la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
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XV. M. de Laval permet de recevoir
la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
Après l'établissement de cette confrérie, M. de Laval, qui avait refusé, comme on l'a vu, de consentir à la réception de la sœur Morin dans l'institut des hospitalières de Saint-Joseph, changea tout d'un coup d'avis sans en avoir été sollicité par personne, changement que ces filles attribuèrent à la puissance de leur glorieux patron. Le prélat en écrivit de lui-même à M. Souart. Il l'autorisa non-seulement à lui donner l'habit, mais encore à faire cette cérémonie en public, ce qu'il n'avait pas jugé convenable auparavant, disant que des vœux simples que faisaient encore ces filles devraient être prononcés en secret (1).
« Je ne vois rien dans la bonne sœur Morin, marquait-il dans sa lettre à M. Souart, qui empêche qu'elle ne se donne entièrement à NOTRE-SEIGNEUR par une sainte union et association avec lui. Vous pouvez donc recevoir ses vœux en notre nom, entre vos mains, sur le pouvoir que nous vous en donnons. Je ne manquerai pas de demander à toute la Sainte-Famille de recevoir le sacrifice parfait et entier de son cœur. Je le crois bien disposé pour cela. Qu'elle se souvienne de demander à NOTRE-SEIGNEUR et à sa très-sainte famille qu'il me fasse miséricorde (1). »
Cette lettre, datée du 5 novembre de cette année 1664, avait été remise à un sauvage de la nation des Loups, qui n'arriva à Villemarie et ne la remit à M. Souart que quelques jours avant la fête de saint Joseph. On ne s'attendait à rien moins qu'à recevoir une si heureuse nouvelle. Aussi la joie fut-elle proportionnée à la surprise qu'elle causa.
Comme le temps de noviciat de la sœur Morin devait finir le jour même de saint Joseph…
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Lettre autographe de M. de Laval du 5 novembre 1664, archives des hospitalières de Villemarie.
A suivre…
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XV. M. de Laval permet de recevoir
la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
(suite)
Comme le temps de noviciat de la sœur Morin devait finir le jour même de saint Joseph, patron du Canada, et que la solennité de la fête, non moins que les offices de la paroisse, qu'on célébrait alors à l'église de l'Hôtel-Dieu, ne permettait pas de faire la cérémonie de réception ce jour-là, elle fut fixée au lendemain, 20 mars, fête de saint Joachim.
On y déploya toute la pompe que l'on put relativement au temps et au lieu. La mère Macé et ses deux compagnes, n'ayant pas assez de voix pour fournir au chant usité dans cette cérémonie, prièrent les sœurs de la Congrégation de le faire en leur place, et furent dignement suppléées par la sœur Bourgeoys, la sœur Raisin et la sœur Hioux. M. Souart, dans le discours qu'il fit, exprima à DIEU sa vive reconnaissance et celle des filles de Saint-Joseph, et toutes les personnes qui s'intéressaient à elles éprouvèrent aussi une vive satisfaction de cette cérémonie, parce qu'elle était comme un acte authentique de leur établissement, qui leur avait été contesté jusque alors (1).
En effet, depuis ce jour on n'éleva plus de difficultés sur l'existence canonique de leur communauté, sans cesser pourtant de leur conseiller de s'unir aux hospitalières de Québec, pour la soutenir par ce moyen et la mettre en crédit. On leur représentait que, leur communauté n'étant liée que par des vœux simples, et n'étant point une communauté religieuse, les filles de qualité ne demanderaient pas à y entrer, et quand elles voudraient y être reçues, leurs parents ne manqueraient pas d'y mettre obstacle. Elles furent sollicitées de mille manières par les premières personnes de Québec, qui employèrent tous les moyens, à l'exception de la violence, et usèrent des dernières ressources de leur zèle pour les amener à cette fusion, employant tantôt les promesses les plus obligeantes, tantôt la menace de les renvoyer en France, ou de les laisser s'éteindre dans leur établissement, en les empêchant d'y recevoir de nouveaux membres.
Enfin elles ajoutaient que la sœur Morin mourrait bientôt d'ennui dans cette maison, n'y ayant pas d'apparence qu'une jeune personne pût jamais vivre contente dans la compagnie de trois hospitalières sérieuses et âgées (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : 1666. XVI. Vocation de la sœur Denis.
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1666. XVI. Vocation de la sœur Denis.
Cependant, malgré tout ce qu'on pouvait dire pour décréditer cette communauté, la Providence y attira bientôt une nouvelle prétendante pleine de dévouement et de vertu, Mlle Catherine Denis. Il est même à remarquer que les filles de Saint-Joseph, dont on prétendait que la communauté ne trouverait point de sujets pour se maintenir, et que, sous ce prétexte, on cherchait à incorporer à celle de Québec, reçurent dans ce même temps, et de Québec même, leurs deux premières professes canadiennes: car la sœur Denis, quoique née à Tours, était domiciliée à Québec depuis son enfance, aussi bien que la sœur Morin. Ses parents, également recommandables pour leur noblesse et pour leurs vertus, l'avaient amenée dès le bas âge en Canada, lorsqu'ils y étaient venus pour se vouer à l'œuvre de la conversion des sauvages ; et plusieurs d'entre eux avaient eu le bonheur d'être massacrés par ces barbares, entre autres l'un de ses frères, qui périt entre leurs mains par le supplice du feu.
Ces exemples domestiques avaient inspiré dès l'enfance à la jeune Catherine un grand désir de donner à DIEU des témoignages de son amour. Elle éprouvait aussi une vive confiance en la Mère de DIEU, et n'avait pas de plus douce satisfaction que de réciter le chapelet ou d'autres prières en son honneur. Sans savoir encore en quoi consistait la vie religieuse, elle avait formé le projet de se consacrer entièrement à DIEU pour vivre séparée du monde ; et en attendant qu'il lui eût fait connaître le genre de vie qu'elle devait embrasser, elle s'était vouée à lui par le vœu de chasteté.
Lorsque les filles de Saint-Joseph arrivèrent à Québec, en 1659, Mlle Denis, alors âgée de dix-neuf ans, éprouva une vive satisfaction d'apprendre qu'elles allaient établir une nouvelle communauté à Villemarie; et ne sachant pas qu'elle dût un jour en faire partie, elle demanda à entrer chez les hospitalières de Québec, où elle postula pendant plusieurs années. Mais DIEU, qui l'appelait à l'institut de Saint-Joseph, permit que son entrée à Québec rencontrât un obstacle insurmontable dans l'impuissance où se trouvait M. Denis, son père, conseiller au conseil souverain de Québec, de fournir au monastère la dot que les hospitalières exigeaient.
A suivre : XVII. M. Souart procure à la sœur Denis l’entrée à la communauté de Saint-Joseph.
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XVII. M. Souart procure à la sœur Denis
l’entrée à la communauté de Saint-Joseph.
M. Souart, toujours désireux d'accroître la communauté de Saint-Joseph, et assuré d'ailleurs, par la connaissance qu'il avait des dispositions intérieures de Mlle Denis, de sa vocation à la vie religieuse, offrit de payer lui-même sa dot, si elle consentait, à être hospitalière à Villemarie (*). Elle accepta cette proposition avec reconnaissance, et ayant obtenu sans peine le consentement de ses parents, elle quitta Québec, au milieu du mois de novembre 1666, et s'embarqua avec M. Pérot, curé de Villemarie, qui la conduisit ainsi que la sœur Marie Raisin. Celle-ci, venue en Canada avec la sœur Bourgeoys, en 1659, était ensuite entrée chez les Ursulines de Québec pour s'y faire religieuse ; mais, reconnaissant que DIEU ne demandait pas d'elle ce changement, elle allait se réunir à ses compagnes, poursuivre sa première vocation. Elles arrivèrent à Villemarie le jour de la Présentation, 21 novembre, après avoir enduré dans le voyage les rigueurs d'un froid très-piquant. Le même jour, Mlle Denis fut reçue à l'Hôtel-Dieu (1 ), et le 1er décembre suivant, M. Souart, conformément à sa promesse, donna aux hospitalières de Saint-Joseph la somme de 2,920 livres, pour servir de dot à la prétendante. Quoiqu'il n'eût jamais douté de sa vocation, il mit dans le contrat cette restriction : s'il plaît à Dieu de lui faire la grâce de persévérer (2).
Elle y persévéra en effet, fut reçue à la profession par M. Souart, le 24 novembre de l'année suivante (3), et se rendit très-utile à la communauté. Elle exerça presque toujours la charge d'assistante, de maîtresse des novices, de dépositaire, et répandit constamment la bonne odeur des plus excellentes vertus jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans, où elle termina sa sainte vie, le 6 septembre 1730, avec la réputation d'une âme singulièrement privilégiée, qui avait conservé jusqu'au dernier soupir son innocence baptismale (4).
L'entrée de la sœur Denis fut un grand sujet de joie pour toute la maison, surtout pour la sœur Morin, qui trouva en elle une compagne de même pays et de même âge, et une aide infatigable pour les travaux de l'Hôtel-Dieu, de jour en jour plus accablants. Mais le temps des épreuves des filles de Saint-Joseph n'était pas encore passé.
Si DIEU leur donna ces deux jeunes sœurs, c'était pour qu'elles pussent suffire au service des malades, qu'il leur eût été impossible de soutenir sans ce renfort. Depuis l'entrée de la sœur Denis, elles restèrent quatorze ans sans recevoir aucune autre novice canadienne; et cette longue et dure attente contribua puissamment à les exercer à la patience et à la confiance en DIEU , comme il sera dit au chapitre suivant._____________________________(*) Catherine Denis avait une sœur nommée Gabrielle, du nom de M. de Queylus. Elle embrassa l'institut des hospitalières de Québec, et prit le nom de l'Annonciation. Son père ne pouvant fournir une dot pour elle, on appliqua à Gabrielle la fondation de M. de Queylus. C'était un fonds de 6000 livres qu'il avait donné en l'honneur du Verbe incarné, afin qu'il y eût toujours dans cette maison une religieuse qui lui fût redevable de son bonheur. Cette somme fut ensuite employée à l'acquisition d'un fief noble qui avait appartenu à M. de Repentigny (1).
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, pag. 203._____________________________(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Archives des hospitalières de Villemarie, acte du 1er décembre 1666.
(3) Ibid., acte du 24novembre 1667.
(4) Annales des hospitalières de Villemarie. — Circulaire de la sœur Denis.
A suivre: Chapitre IV. DANGERS CONTINUELS OU SONT LES FILLES DE SAINT-JOSEPH DE TOMBER ENTRE LES MAINS DES IROQUOIS...
Dernière édition par Louis le Ven 09 Nov 2012, 3:54 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
CHAPITRE IV
DANGERS CONTINUELS OU SONT LES FILLES DE SAINT-JOSEPH
DE TOMBER ENTRE LES MAINS DES IROQUOIS. — ARRIVEE DES TROUPES. — LETTRES PATENTES DU ROI.
DANGERS CONTINUELS OU SONT LES FILLES DE SAINT-JOSEPH
DE TOMBER ENTRE LES MAINS DES IROQUOIS. — ARRIVEE DES TROUPES. — LETTRES PATENTES DU ROI.
De 1660 à 1666. I. Attaques des Iroquois.
— Mort de MM. Lemaistre et Vignal. — M. Souart leur succède.
Aux privations que les filles de Saint-Joseph eurent à endurer après la perte de leur fondation, aux oppositions qu'elles rencontrèrent dans l'établissement canonique de leur communauté, aux difficultés qu'elles éprouvaient à trouver des novices dans le pays, à toutes ces croix, déjà si accablantes pour la nature, se joignaient encore les alarmes continuelles que leur causait la cruauté des Iroquois. Ces barbares se cachaient tout autour des habitations pour surprendre les colons; ils massacrèrent M. Le Maistre, premier directeur des filles de Saint-Joseph, et peu après ils firent périr de la manière la plus cruelle M. Vignal, qui lui avait succédé. Après la perte de M. Vignal, elles avaient choisi M. Souart pour confesseur; et quelque temps après il fut chargé encore de leur supériorité par M. de Laval, emplois qu'il exerça pendant environ vingt-cinq ans avec tout le zèle, le dévouement et la sollicitude qu'on pouvait attendre de sa charité ardente et généreuse (1).
Depuis l'année 1660 jusqu'en 1666, la guerre des Iroquois contre les colons étant plus allumée que jamais, l'Hôtel-Dieu fut toujours rempli de malades. Le plus souvent ils avaient des plaies considérables et étaient presque tous blessés à la tête ; car c'était là surtout que les Iroquois s'efforçaient de porter leurs coups.
« Le soin de nos malades, dit la sœur Morin, nous obligeait à des veilles continuelles, ce qui, avec les travaux du jour, les offices du ménage et l'observance de la règle, qui était gardée ponctuellement, devenait accablant pour nous, à cause de notre petit nombre.»
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : II. Alarmes des filles de Saint-Joseph dans les combats journaliers.
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II. Alarmes des filles de Saint-Joseph dans les combats journaliers.
« Mais, quelque pénible que fût ce service, j'ose dire qu'il n'était rien ou peu de chose comparé aux frayeurs continuelles ou nous étions d'être prises par les Iroquois. Nous avions tous les jours sous nos yeux l’affreux spectacle des traitements cruels qu’ils faisaient souffrir à nos voisins et à nos amis qui venaient de tomber dans leurs mains. Tout cela imprimait tant de terreur de ces barbares, qu’il faut s’être trouvé dans cette extrémité pour s’en former une juste idée. Pour moi, je crois que la mort aurait été plus douce de beaucoup qu’une vie mélangée et traversée de tant d’alarmes pour nous-mêmes, et de compassion pour nos pauvres frères que nous voyions traités si cruellement. » (1)
«Toutes les fois que quelques-uns des nôtres étaient attaqués, on sonnait aussitôt le tocsin pour inviter les habitants à aller les secourir, et pour avertir ceux qui travaillaient en des lieux dangereux de se retirer promptement, ce que chacun faisait au premier signal de la cloche. Ma sœur de Brésoles et moi montions au clocher, afin de ne pas employer un homme qui allait courir sur l'ennemi. De ce lieu élevé nous voyions quelquefois le combat, qui était fort proche, ce qui nous causait beaucoup de frayeur, et nous faisait redescendre au plus tôt toutes tremblantes, croyant être arrivées à notre dernière heure.
« Quand on sonnait le tocsin, ma sœur Maillet tombait aussitôt en faiblesse par l'excès de la peur ; et ma sœur Macé, tout le temps que durait l'alarme, demeurait sans parole et dans un état à faire pitié. L'une et l'autre allaient alors se mettre dans un coin du jubé devant le très-saint Sacrement, pour se préparer à la mort, ou se retiraient dans leurs cellules. Dès que j'avais appris que les Iroquois s'étaient retirés et qu'ils ne paraissaient plus, j'allais le leur dire, ce qui les consolait et semblait leur redonner la vie.
« Ma sœur de Brésoles était plus forte et plus courageuse ; la frayeur, dont elle ne pouvait se défendre, ne l'empêchait pas de servir ses malades, ni de recevoir ceux qu'on apportait blessés ou morts dans de telles occurrences (1). Quand les ennemis étaient plus éloignés et nos gens plus forts, c'était une grande satisfaction pour nous de monter alors au clocher, et de voir tous les hommes courir au secours de leurs frères, et exposer si généreusement leur vie pour les sauver. »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : III. Empressement des Montréalistes à se défendre les uns les autres.
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III. Empressement des Montréalistes à se défendre les uns les autres.
Le motif qui inspirait aux Montréalistes un dévouement si héroïque et un courge si intrépide, malgré leur petit nombre, c'était l'assurance de mourir martyrs en sacrifiant ainsi leur propre vie pour procurer l'établissement de la religion dans ce pays. L'un d'eux, M. Lambert Closse, major de Montréal, homme fort intrépide, et dont la vie offre des traits d'une valeur incomparable, s'exposait avec une extrême facilité pour la défense de la colonie.
Un jour, quelques personnes crurent devoir lui représenter qu'en s'exposant à tant de périls il se ferait tuer infailliblement. Il leur fit cette belle réponse : « Messieurs, je ne suis venu à Villemarie qu'afin d'y mourir pour DIEU, en le servant dans la profession des armes ; et si je savais que je ne dusse pas y périr, je quitterais le pays pour aller servir contre le Turc, afin de n'être pas privé de cette gloire (1). » Il la reçut en effet selon ses désirs, le 6 février 1662 (2), en défendant avec son zèle ordinaire les colons que les Iroquois avaient attaqués (3). La sœur Morin, parlant de cet empressement des Montréalistes à voler au secours de leurs concitoyens, ajoute : « Les femmes elles-mêmes, comme des Amazones, y couraient armées aussi bien que les hommes, et c'est ce que j'ai vu plusieurs fois (4). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1661 à 1662.
(2) Registre de la paroisse de Villemarie ; sépultures, 6 février 1662.
(3) Histoire du Montréal, ibid.
(4) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : IV. Trait de courage de Mme Duclos…
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IV. Trait de courage de M me Duclos.
— Les prêtres de Saint-Sulpice assistent les mourants.
Au mois de février 1661, et avant que la sœur Morin fût venue à Villemarie, une femme connue pour sa vertu et sa piété, Mme Duclos, se porta à une action audacieuse comparable à tout ce qu'on lit de plus extraordinaire en fait de courage dans l'histoire des Grecs et des Romains. Voyant que plusieurs Montréalistes sans armes étaient attaqués, et qu'il n'y avait aucun homme chez elle qui pût les secourir, elle prend sur ses épaules une charge de fusils, et, sans craindre une nuée d'Iroquois qu'elle voit répandus de toutes parts jusqu'à sa maison, court hardiment au-devant des Français, poursuivis de si près, qu'ils avaient l'ennemi presque sur le dos ; et étant arrivée à eux, leur remet ces armes. Un secours si inopiné releva leur courage, les mit en état de se défendre, et retint les Iroquois.
«Cette Amazone, dit M. Dollier de Casson, mérite de justes louanges d'avoir été si généreuse à secourir les siens, et à leur donner un moyen si nécessaire en attendant une plus grande assistance. » Ils la reçurent en effet de leurs concitoyens accourus à leur secours (1).
« MM. les prêtres du séminaire, rapporte la sœur Morin, ne manquaient pas dans les occasions de courir un ou deux au champ de bataille pour confesser les moribonds. Ceux-ci ne conservaient le plus souvent de vie qu'autant qu'il leur en fallait pour être en état de recevoir les sacrements, et expiraient sur la place aussitôt après. Ces Messieurs exposaient ainsi leur vie toutes les fois que le service du prochain le demandait, sans prendre aucune arme pour se défendre : ce qu'on doit regarder comme un zèle excellent et une charité très-sublime (1). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1661 à 1662.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : V. DIEU préserve les hospitalières des embûches des Iroquois.
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A suivre : VI. La mère de Brésoles court le danger de perdre la vie.V. DIEU préserve les hospitalières des embûches des Iroquois.
Les filles de Saint-Joseph, quoique hospitalières à l'Hôtel-Dieu, n'étaient pas plus en sûreté que le reste des citoyens de Villemarie. La ville n'étant point encore environnée d'une palissade qui la mît à l'abri des insultes des Iroquois, ces barbares avaient toute liberté de s'approcher des maisons, et plusieurs fois ils exercèrent leurs cruautés sur ceux qu'ils y trouvèrent sans défense. L'Hôtel-Dieu n'en avait aucune à leur opposer, sinon un seul domestique incapable de les repousser, d'ailleurs sans armes, et à qui les hospitalières n'auraient pu en fournir.
Mlle Mance, leur plus proche voisine, et dont la maison était contiguë à la leur, était dans l'impuissance absolue de les secourir, n'ayant que des filles avec elle, et un seul homme, son cuisinier, qui était un vieillard.
Si les Iroquois ne se portèrent à aucun excès à l'égard de ces filles, ce fut par une assistance manifeste de Dieu, qui veillait à leur conservation. Il est certain que de leur part ils firent diverses tentatives pour s'emparer d'elles. Plusieurs passèrent quelquefois la nuit dans la cour de l'Hôtel-Dieu cachés dans de grandes herbes appelées moutardes, pour saisir celles d'entre ces filles qui viendraient à sortir. Ils couchèrent aussi dans la cour et près des croisées de Mlle Mance, ainsi que dans celle des sœurs de la Congrégation.
Quoique les hospitalières eussent de fréquentes occasions de sortir la nuit dans leur cour pour le service des malades, DIEU ne permit jamais qu'elles se trouvassent dans cette nécessité quand les sauvages y étaient cachés pour les surprendre. Il leur eût été facile de mettre le feu à l'Hôtel-Dieu, dont les bâtiments n'étaient alors que de bois; « mais DIEU, dit la sœur Morin, leur ôtait la connaissance du mal qu'ils auraient pu nous faire; très-assurément sa providence nous gardait, et sa puissance nous défendait (1). »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
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A suivre : VII .Condescendance des hospitalières envers les Iroquois pour les gagner à DIEU.VI. La mère de Brésoles court le danger de perdre la vie.
En rappelant ici les occasions où les filles de Saint-Joseph furent préservées de la cruauté des Iroquois, nous ne devons pas omettre le danger auquel elles se trouvaient fréquemment exposées en recevant dans leur maison ceux de ces barbares qui avaient été pris et blessés dans les combats. Quelquefois il s'en trouvait à l'Hôtel-Dieu jusqu'à trois ou quatre. Ils auraient été assez forts, surtout dans leur convalescence, pour se porter aux derniers excès de cruauté contre les hospitalières, qui n'auraient pu se défendre, ni être assez promptement secourues. Il est vrai qu'en certaines circonstances M. de Maisonneuve mettait dans les salles un soldat en sentinelle qui gardait ces filles nuit et jour; mais le plus souvent il n'en envoyait point, et d'ailleurs un seul homme n'aurait pas toujours été en état de résister à trois ou quatre de ces sauvages, s'ils avaient tenté quelque coup de leur façon.
Au reste, ce danger n'était pas aussi invraisemblable qu'on pourrait le penser. « Je suis témoin, rapporte la sœur Morin, qu'un jour l'un d'eux s'étant jeté sur la sœur de Brésoles, et cela en plein jour, s'efforça de l'étouffer entre une porte et une armoire, où elle se trouvait si fortement pressée qu'elle en perdait la respiration. Étant venue à passer par hasard dans ce lieu, qui était assez écarté, je courus promptement pour appeler les malades. A l'instant plusieurs d'entre eux, oubliant leurs propres maux, se jettent hors de leurs lits et volent avec une ardeur incroyable au secours de la sœur de Brésoles, pour la conservation de laquelle ils auraient volontiers donné leur vie. Ils se mettent à frapper assez rudement le sauvage, en lui reprochant son ingratitude et sa cruauté. »
Mais celui-ci, adroit et rusé, comme s'il n'eût fait que rire des coups qu'on lui donnait, repartit qu'il avait voulu seulement faire peur à la sœur de Brésoles; qu'assurément son intention n'était pas et ne pouvait pas être de rendre le mal pour le bien à celle qui lui donnait des médecines, qui pansait ses plaies pour les guérir, qui faisait son lit afin qu'il dormît à son aise, qui lui donnait tous les jours de la bonne sagamité, de qui enfin il recevait mille bons offices. C'était le propre de ces barbares d'avoir recours à de pareils moyens de défense quand ils étaient surpris dans leurs mauvais desseins. On fit semblant de le croire, pour ne pas irriter son esprit (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VII. Condescendance des hospitalières envers les Iroquois pour les gagner à DIEU.
Car on usait envers eux d'une douceur extrême, on les comblait de soins et de bienfaits, dans l'espérance de les amener à demander le baptême, ce que faisaient en effet tous ceux qui mouraient à l'Hôtel-Dieu. La sœur Maillet en pleurait de joie, et invitait toutes les personnes de sa connaissance à en rendre à DIEU des actions de grâces. Elle semblait se surpasser elle-même par les soins et les peines qu'elle prenait pour le soulagement des sauvages, afin qu'après avoir gagné leur confiance elle pût les disposer plus aisément à la grâce du salut. Elle en usait de même à l'égard des autres malades, et les prêchait avec zèle pour les mettre en état de recevoir avec fruit les sacrements et de paraître devant DIEU.
Cette charitable condescendance des hospitalières paraissait encore lorsque M. de Maisonneuve ou d'autres personnes de qualité donnaient quelque festin solennel à ces barbares. La cour de l'Hôtel-Dieu était ordinairement le lieu où on l'apprêtait. L'on y apportait cinq ou six grandes chaudières de la capacité de huit à dix seaux chacune, qu'on mettait sur des trépieds et qu'on emplissait d'eau avec du blé d'Inde en grain. C'était ce qui composait la sagamité des sauvages ; et pour l'assaisonner on y mettait les chiens les plus gras, qu'on faisait griller auparavant sur des charbons pour en ôter le poil. C'était aussi ce qu'on pratiquait à l'égard des chats, des ours, des castors et des autres bêtes sauvages, avant de les mettre dans les chaudières. Tout cela bouillait ensemble la moitié d'un jour, puis on y ajoutait des prunes et des raisins, qu'on faisait encore cuire environ deux heures, et enfin on procédait à la distribution. Les principaux chefs approchaient d'abord, et ensuite les esclaves. Les femmes apportaient des gamelles de bois, et les chefs y mettaient la portion de ceux à qui ils voulaient donner un témoignage d'honneur et d'amitié, et la leur envoyaient. De ce nombre, et au premier rang, se trouvaient toujours les filles de Saint-Joseph, et quelque répugnance que pût leur inspirer leur une si dégoûtante cuisine, elles savaient se faire assez de violence pour en goûter en présence des sauvages, qui se seraient regardés comme méprisés si elles avaient refusé d'y toucher. C'était par ces actes de condescendance chrétienne, et en se faisant tout à tous, qu'elles tâchaient de gagner à Jésus-Christ tous ceux qu'elles recevaient dans leur maison (1).
« Depuis l'arrivée des hospitalières à Villemarie en 1659, écrivait M. Dollier de Casson, treize ans après, DIEU a donné une grande bénédiction à leurs travaux. Plusieurs Iroquois et quantité d'autres sauvages ont été convertis à l'Hôtel-Dieu, tant par le ministère de ces filles que par l'assistance des ecclésiastiques du lieu, et y sont morts ensuite en donnant des apparences quasi visibles de leur prédestination. Grand nombre de huguenots y ont eu ce même bonheur. Dans un seul hiver il y en a eu jusqu'à cinq qui sont morts catholiques. Enfin, ces saintes filles ont rendu et rendent encore de si bons services, que le public se loue tous les jours de la grâce que le Ciel lui a faite de les lui avoir amenées pour sa consolation (2). »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
A suivre : VIII. Les Iroquois tuent deux engagés de l’Hôtel-Dieu.
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
.Louis a écrit:VII. Condescendance des hospitalières envers les Iroquois pour les gagner à DIEU.
.. « Depuis l'arrivée des hospitalières à Villemarie en 1659, écrivait M. Dollier de Casson, treize ans après, DIEU a donné une grande bénédiction à leurs travaux. Plusieurs Iroquois et quantité d'autres sauvages ont été convertis à l'Hôtel-Dieu, tant par le ministère de ces filles que par l'assistance des ecclésiastiques du lieu, et y sont morts ensuite en donnant des apparences quasi visibles de leur prédestination. Grand nombre de huguenots y ont eu ce même bonheur. Dans un seul hiver il y en a eu jusqu'à cinq qui sont morts catholiques. Enfin, ces saintes filles ont rendu et rendent encore de si bons services, que le public se loue tous les jours de la grâce que le Ciel lui a faite de les lui avoir amenées pour sa consolation (2). »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
A suivre : VIII. Les Iroquois tuent deux engagés de l’Hôtel-Dieu.
Comme ça, comme le prétendent Ratzi et tous les modernos, toutes les religions sont bonnes ?
Demandez-le donc à tous ces Iroquois, ces sauvages et ces huguenots !
Vous pourriez être surpris de leur réponse !!
.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VIII. Les Iroquois tuent deux engagés de l’Hôtel-Dieu.
Malgré la grande douceur et la charité qu'elles témoignaient à tous les sauvages, et spécialement aux Iroquois, elles ne laissèrent pas d'éprouver la cruauté de ces derniers dans la personne des serviteurs qu'elles employaient à défricher leurs terres de Saint-Joseph. Depuis que Jouaneaux s'était donné à leur service, elles lui avaient associé quatre hommes qui travaillaient sous sa conduite, afin de mettre plus promptement ces terres en valeur. C'étaient les nommés Rolin Basile, Guillaume Jérôme, Jacques Petit, et un autre, surnommé Montor, qui avait été soldat (1).
Le 24 avril 1665, pendant que ces hommes étaient appliqués à leur ouvrage et que Jouaneaux leur apprêtait à dîner, des Iroquois cachés dans les bois voisins fondirent sur eux en faisant une décharge de fusils, qui porta l'alarme dans tous les alentours. Incontinent on sonna le tocsin à Villemarie, en disant que les ennemis étaient à Saint-Joseph, qu'ils avaient pris et tué Jouaneaux et les autres, et pillé la maison.
« Lorsque nous apprîmes cette affligeante nouvelle, dit la sœur Morin…
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(1) Registre de la paroisse de Villemarie, sépultures, 24 avril 1665 ; 26 avril.
A suivre…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VIII. Les Iroquois tuent deux engagés de l’Hôtel-Dieu. (suite)
« Lorsque nous apprîmes cette affligeante nouvelle, dit la sœur Morin, je n'eus point d'envie de monter au clocher. DIEU seul sait les convulsions intérieures que souffrirent nos mères, surtout la sœur Macé, alors dépositaire de la communauté, qui était inconsolable de la mort de ces pauvres hommes. Le pillage de la maison n'était rien pour nos mères, la mort du bonhomme Jouaneaux les touchait plus que tout le reste, tant par reconnaissance du bien qu'il leur avait déjà fait en prenant soin de leurs travaux, et de celui qu'il avait dessein de leur faire encore que par la considération de sa vertu et de ses bonnes qualités. Cet homme d'ailleurs leur avait été beaucoup recommandé par ses parents à leur départ de la Flèche (1). »
Les Montréalistes ayant donc pris les armes, les Iroquois, dès qu'ils les virent arriver, se retirèrent, emmenant prisonniers Jacques Petit et Montor, et laissant sur la place Rolin Basile, qu'ils avaient tué, et Guillaume Jérôme, qui était blessé mortellement. Jouaneaux s'était heureusement trouvé dans la maison lorsque les Iroquois tombèrent sur les autres, et il avait eu assez de présence d'esprit pour n'en pas sortir, ce qui lui sauva la vie. Ainsi renfermé, il s'était mis en devoir de se défendre, montrant les armes aux Iroquois, qui, par un effet de la protection de Dieu sur lui, n'osèrent pas l'attaquer. Lorsqu'il vit les Montréalistes arriver et les barbares s'enfuir, il sortit de sa retraite, et alla promptement à l'Hôtel-Dieu annoncer lui-même aux filles de Saint-Joseph qu'il était plein de vie. Elles le reçurent avec une joie égale à l'affliction que leur avait causée la fausse nouvelle de sa mort, et son retour fut une sorte de consolation pour elles après un tel désastre : ce qui ne les empêcha pas de répandre des larmes de tendre compassion sur la mort de Rolin Basile, qui fut enterré le même jour (1); sur celle de Guillaume Jérôme, qu'elles eurent la douleur de voir mourir de ses blessures, et qui fut inhumé le 26 (2) ; et enfin sur la captivité des deux autres.
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Registre de la paroisse de Villemarie, sépultures, 24 avril 1665.
(2) Ibid. , 26 avril 1665.
A suivre : IX. Zèle courageux de Jouaneaux…
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