Traité de l'immutabilité.
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Re: Traité de l'immutabilité.
§ LIX. Si la suprématie des conciles sur les Papes avait été définie par le concile de Constance, on devrait l'entendre des Papes douteux.§ LVIII.SUITE
Que Tamburini paraisse dans la lice et vienne nous dire que quand une décision, vient à être obscurcie, on peut, sans être taxé d'hérésie, soutenir la proposition contradictoire; principe subversif et erroné, dont je montrerai les funestes conséquences dans les deux dissertations placées à la suite de ce traité. Y a-t-il eu ici une acceptation, un assentiment public et notoire de l'Eglise ?
Mais, si cette acceptation n'a été manifestée ni dans le concile même, ni immédiatement après cette prétendue décision, ni dans la suite des temps jusqu'à nous; si même l'assentiment a été plutôt favorable à ce qu'on appelle les sentiments de Rome, quand donc a-t-on commencé, ou quand commencera-t-on à la connaître ?
Je lui accorderais même presque que ces deux sessions, la IVe et Ve, aient été généralement reçues ; quel avantage en retireraient les novateurs ? S'ensuivrait-il que la supériorité des conciles œcuméniques soit un dogme décidé et généralement professé ? Non certainement; mais seulement que la doctrine établie dans ces sessions ne regarde que le cas particulier pour lequel elle fut définie, et qu'elle ne doit pas être étendue à tous les conciles ni à tous les Papes, en établissant en thèse générale la suprématie des conciles.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Traité de l'immutabilité.
Que si néanmoins les adversaires s'obstinent à soutenir que ces deux sessions doiventLe TraitéSUITE§ LIX.Si la suprématie des conciles sur les Papes avait été définie par
le concile de Constance, on devrait l'entendre des Papes douteux.
Quel est donc ce cas particulier ? Celui d'un Pape douteux. Voilà le moyen de concilier entre eux les actes du concile de Constance. Dans ces actes , le concile se montre incertain et flottant quand il s'agit d'examiner le fait, c'est-à-dire de savoir si ces Papes, et particulièrement Grégoire, pouvaient prudemment être considérés comme des Papes douteux ; mais au moins ne fait-il rien qui soit opposé à son autorité sur eux dans cette hypothèse : au lieu que, dans l'hypothèse de la suprématie absolue du concile, ces actes présentent des contradictions frappantes avec cette autorité absolue des conciles sur tous les Papes.
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Re: Traité de l'immutabilité.
§ LX. L'Histoire du concile de Constance est plutôt contraire que favorable aux adversaires.§ LIX.SUITE
Que si néanmoins les adversaires s'obstinent à soutenir que ces deux sessions doivent s'entendre généralement de tous les conciles et de tous les Papes, qu'ils soient prêts à concilier entre eux les actes de Constance; c'est-à-dire qu'ils prouvent, mais sans équivoque sans subterfuge, que, malgré la conduite des Pères, malgré tant de Papes, d'Evêques, de théologiens, qui ne nient pas, qui affirment même qu'on peut et qu'on doit n'appliquer ces deux sessions qu'au cas d'un Pape douteux, malgré les circonstances qui viennent à l'appui de cette interprétation, malgré les expressions employées par le concile admettant, pour plus grande assurance, les procédés monarchiques de Grégoire; qu'ils prouvent, dis-je, que, malgré tout cela, il n'est pas moins certain que le sens de ces décrets est absolu et général, qu'on ne doit pas les restreindre au cas du schisme , et que ce fut précisément ainsi que les Pères l'entendirent; car si les décrets sont susceptibles d'interprétation, c'est-à-dire s'il est permis de les limiter ainsi, il faut encore se rappeler qu'il s'agit ici d'un point essentiel, et d'après les règles de Tambourini, on ne pourrait considérer la question comme terminée dans le sens des adversaires; il serait encore nécessaire et impossible tout à la fois de démontrer que les Pères, d'accord sur les paroles, l'aient été aussi de sentiments, et cependant Tamburini l'exige pour une décision dogmatique (Continuaz. dell' Appellante, p. 23 et suiv.).
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§ LXI. Les adversaires attribuent aux catholiques une fausse idée de la monarchie des Papes.Le TraitéSUITE§ LX.L'Histoire du concile de Constance est plutôt contraire que favorable aux adversaires.
C'est donc un concile qui est plutôt réellement favorable qu'opposé à la puissance monarchique des Papes, et dont les décrets ne le condamnent pas ouvertement ni définitivement ; c'est une décision qui n'est pas claire ni précise en elle-même, qui l'est bien moins encore si l'on fait attention à l'incertitude que les juges montrèrent dans leur conduite, une décision que l'on peut toujours combattre dans les écoles sans hérésie, qui fut attaquée dès le principe, et qui est maintenant oubliée; c'est, dis-je, un tel concile et une telle décision, qui sont les seules armes avec lesquelles nos adversaires espèrent d'anéantir la souveraine autorité des Papes; mais ces armes même ne servent réellement qu'à la mieux protéger encore contre leurs attaques.
On ne saurait en effet donner une plus éclatante preuve de la divine institution de la monarchie ecclésiastique, que de rappeler l'impuissance des assauts par lesquels on a voulu, surtout à l'époque du concile de Constance, la renverser, et de la montrer se relevant toujours avec plus d'éclat pour le gouvernement unique, immuable , visible et perpétuel de l'Eglise.
Et qu'on ne dise pas que, au moins dans ces circonstances, elle n'était pas visible; car autre chose est de douter quel est, entre plusieurs prétendants, le monarque légitime, et autre chose d'ignorer si la forme du gouvernement est monarchique : or cette forme se révèle dans le concile même par de nombreux témoignages.
Voudrait-on que Dieu eût paré même à toute incertitude sur le vrai monarque ? Il l'aurait fait sans doute, si la monarchie excluait toute espèce d'interrègne, et s'il n'avait pas donné à son Eglise les pouvoirs nécessaires dans ces circonstances : rien ne nous empêche de le croire.
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Re: Traité de l'immutabilité.
Le même raisonnement détruit toutes les autres objections qu'on pourrait nous opposerLe TraitéSUITE§ LXI.Les adversaires attribuent aux catholiques une fausse idée de la monarchie des Papes.
Chacun voit maintenant que nous avons par ce moyen enlevé à nos adversaires la ressource de ces monuments de la vénérable antiquité qu'ils aiment tant. En effet, si la monarchie ne constituait pas le gouvernement de l'Eglise tel que Jésus-Christ l'a établi, il s'ensuivrait que, sous les Papes dont nous venons d'examiner la conduite et qui agirent tous en vrais monarques, sa forme primitive aurait éprouvé un changement essentiel, ou au moins qu'elle n'aurait pas conservé cette souveraineté visible sans laquelle, de l'aveu même de Tamburini, il ne peut y avoir d'Eglise; or elle ne peut jamais manquer ; il peut donc y avoir des faits difficiles à expliquer; mais on ne saurait en trouver qui soient absolument contraires, c'est-à-dire qui prouvent que l'Eglise ait jamais été, dans son état naturel, sous le gouvernement d'une aristocratie indépendante et souveraine.
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Re: Traité de l'immutabilité.
§ LXII. La monarchie papale n'est pas despotique.§ LXI.SUITE
Le même raisonnement détruit toutes les autres objections qu'on pourrait nous opposer; ainsi ils nous parlent de la puissance légitime des Evêques, qu'ils prétendent incompatible avec la monarchie des Pontifes romains ; mais par-là ils accusent l'Eglise d'infidélité à garder et à exercer ses droits essentiels, et nous la présentent comme s'étant détruite elle-même.
Toutefois, et, afin de mieux dévoiler encore les vains artifices par lesquels ils voudraient anéantir dans l'Eglise toute autorité souveraine, je veux bien les suivre dans tous leurs rêves; je leur prouverai que le monarque, le dominateur suprême n'est pas et n'a jamais été un despote, un interprète arbitraire, le destructeur des lois de l'Eglise, comme ils ont la perfidie de le présenter pour le rendre odieux, et concluant de là que, si le Pape était un monarque, ce serait le seul Evêque, l'Evêque universel, supérieur à toutes les lois canoniques , et que les autres Evêques ne seraient que ses vicaires et ses lieutenants.
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Le TraitéSUITE§ LXII.La monarchie papale n'est pas despotique.
Et, de fait, sur quelles raisons appuie-t-on la monarchie du Pape ? Précisément sur celles qui l'assujettissent en même temps à un grand nombre de lois. Or, voici celles qu'on en donne:
1º Dieu l'a chargé d'arrêter et de corriger les abus, et en même temps de punir les prévarications de ses coopérateurs dans l'épiscopat ; il lui a donné le pouvoir de déposer les contumaces, ainsi que saint Bernard l'atteste dans sa lettre à Eugène : « Ne pouvez-vous pas, s'il y a lieu, fermer le ciel à un Evêque, le déposer même de l'épiscopat et le livrer à Satan (1) ? »
Natalis Alexander nous rapporte que cela arriva à Antime, évêque de Constantinople, que le pape saint Agapet déposa et remplaça par Menna;
« Le Pontife romain ne pouvait exercer sa primauté avec plus d'éclat, qu'en dépouillant de toute autorité l'hérétique patriarche de Constantinople et en créant un autre Evêque à sa place, et cela sans convoquer un concile (2). »
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Les notes (1) et (2) sont libellées en latin. Sur demande, nous les publierons. Bien à vous.
2º Jésus-Christ l'a établi le protecteur universel et légitime des droits des autres
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Re: Traité de l'immutabilité.
5º Enfin le Pape porte le titre et le caractère d'un vrai monarque, parce que que le soin de tout le troupeau de Jésus-Christ lui est confié .§ LXII.SUITE
2º Jésus-Christ l'a établi le protecteur universel et légitime des droits des autres, ainsi que saint Athanase le rappelait au Pape Félix : « Dieu ne vous a élevé, vous et vos prédécesseurs, à la dignité la plus éminente que pour que vous veniez à notre secours (1). »
3º Il est le chef et le père de tous les Evéques même réunis en concile; ce sont les noms que lui donne le concile de Chalcédoine dans la lettre à saint Léon : Summitas tua filiis quod deest adimpleat.
4º Il a le droit de proposer, d'établir et d'autoriser la règle de la vraie croyance, c'est-à-dire, comme le dit saint Thomas, « c'est à lui qu'il appartient de publier le Symbole; » ad ipsum pertinet editio Symboli; il est le seul avec qui il faut recueillir, sous peine de dissiper; avec qui il faut être d'accord, si l'on ne veut se mettre ouvertement à la suite de l'Antéchrist, selon les paroles de saint Jérôme écrivant à saint Damase : Quicumque tecum non colligit spargit ; qui tecum non est Antichristi est.
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La note (1) est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Traité de l'immutabilité.
Telle est l'idée que se forment de la monarchie du Pape ses sages défenseurs§ LXII.SUITE
5º Enfin le Pape porte le titre et le caractère d'un vrai monarque, parce que le soin de tout le troupeau de Jésus-Christ lui est confié. Or tous ces titres qui nous montrent dans le Chef de l'Eglise un monarque renferment autant de devoirs qui lui sont imposés. Ils prouvent clairement que le Pape est fait pour l'Eglise, et non l'Eglise pour le Pape : et de là résultent pour lui d'innombrables obligations, auxquelles le Pape ne peut se soustraire ; obligations aussi multipliées que le sont les besoins de toute l'Eglise, au bien de laquelle il doit veiller sans cesse, comme les souverains y sont tenus envers les sociétés civiles.La Bruyère a écrit: « Si c'est trop de se trouver chargé d'une seule famille, dit La Bruyère, si c'est assez d'avoir à répondre de soi seul, quel poids, quel accablement que celui que donne tout un royaume !... Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau, qui, répandu sur une colline vers le déclin d'un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe tendre et menue qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger soigneux et attentif est debout près de ses brebis ; il ne les perd pas de vue , il les suit, il les conduit, il les change de pâturage ; si elles se dispersent, si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend. L'aurore le trouve déjà en pleine campagne, d'où il ne se retire qu'avec le soleil. Quels soins ! quelle vigilance ! quelle servitude ! quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger ou des brebis ! Le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? Image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, s'il est bon prince (Caractères de La Bruyère, c 10.). »
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Re: Traité de l'immutabilité.
§ LXIII. L'abus ne détruit pas le droit dans la monarchie papale.§ LXII.SUITE
Telle est l'idée que se forment de la monarchie du Pape ses sages défenseurs; telle est l'idée que les Papes ont d'eux-mêmes, qui pour cela se sont appelés les «Serviteurs des serviteurs de Dieu,» servi servorum Dei.
Qu'on lise la belle et victorieuse réfutation qu'un illustre anonyme (le cardinal Gerdil) a faite de deux libelles écrits contre le bref Super soliditate, où Eybel est condamné ; on y verra présentée dans son vrai jour la monarchie que Jésus-Christ a établie. Il montre bien que ce n'est pas une autorité arbitraire et despotique, et que le Pape, quoique monarque, a lui-même des lois fondamentales, lois qui découlent du plan de l'institution divine, tracées par l'Eglise, et sanctionnées par le consentement des prédécesseurs du Pape.
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