L'APOCALYPSE
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Re: L'APOCALYPSE
Parce que tu as fidèlement observé la parole de ma patience... c’est-à-dire : parce que tu as cherché à imiter l’exemple que j’ai donné sur la croix, quand, bien loin de m’irriter contre eux qui me faisaient endurer de si terribles souffrances, j’ai prié pour eux et j’ai dit : Mon Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font . Parce que tu as, donc, observé cette parole, je te garderai, moi, contre l’heure de la tentation qui doit venir sur l’univers entier, pour éprouver ceux qui habitent la terre. »
Quelle est la tentation dont le Sauveur veut parler ici? Les commentateurs ont songé tantôt à la persécution de Néron, tantôt à l’ensemble de celles qui ensanglantèrent les premiers siècles, tantôt à celle qui doit accompagner le règne de l’Antéchrist. Ces explications peuvent être retenues, et renferment sans aucun doute une part de la vérité : néanmoins, d’une façon plus générale, il faut voir surtout dans ce mot une allusion aux épreuves de toute nature qui ne cessent jamais dans l’Église, et qui accablent spécialement les justes, Dieu le voulant ainsi pour manifester leurs vertus. Aussi n’est-il point dit ici que l’Église de Philadelphie sera préservée de la persécution extérieure, car ce serait la priver d’une source abondante de mérite et de gloire : le Fils de Dieu lui promet seulement un secours particulier pour l’empêcher de défaillir sous cette épreuve.
« Voici que je vais venir bientôt,...
gabrielle- Nombre de messages : 19801
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Re: L'APOCALYPSE
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« Celui-là donc ne sortira plus jamais dehors, »
« Voici que je vais venir bientôt, voici que bientôt je ferai sentir mon assistance à ceux qui combattent, à ceux qui souffrent, à ceux qui méritent. Tiens ferme ce que tu as, persévère dans tes dispositions et tes œuvres actuelles, afin que personne ne reçoive la couronne qui t’est destinée. Ne fais pas comme Judas qui, par son crime et son désespoir, perdit la dignité insigne d’Apôtre du Christ, dont il était revêtu, et dont saint Matthias hérita . » Ni comme le 40 martyr de Sébaste, qui n’eut pas le courage d’endurer jusqu’au bout le supplice de l'étang glacé : il abandonna le combat, mais l’un de ses gardiens, voyant briller au ciel quarante couronnes, alors qu’il n’y avait plus dans la lice que trente-neuf athlètes du Christ, se hâta de prendre la place du déserteur et hérita de la récompense .
« Celui qui aura remporté la victoire, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu. » Cette comparaison vise les saints et les parfaits, à cause de la solide assiette de leur foi et de leur patience ; ils supportent sans fléchir tous les assauts du démon et du monde, et, bien loin de vaciller devant les défauts de leurs frères, ils soutiennent ceux-ci par leurs exhortations et leurs exemples. C’est en ce sens que saint Paul comparaît Jacques, Céphas et Jean à des colonnes , et que Dieu appelait Jérémie une colonne de fer .
« Celui-là donc ne sortira plus jamais dehors, »
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
« Celui-là donc ne sortira plus jamais dehors, » il ne s’écartera plus du droit chemin, il persévérera dans les bonnes œuvres, sans s’en laisser détourner par aucune tentation ni aucune menace. « Et j’écrirai sur lui, d’une façon indélébile, le nom de mon Dieu, ce nom qui était gravé sur la tiare du grand- prêtre ; c’est-à-dire : Je le ferai fils de Dieu par adoption, comme je le suis moi-même par nature. Et j’écrirai aussi le nom de la cité de mon Dieu, de la Jérusalem nouvelle : je le marquerai du titre de citoyen de la Jérusalem céleste, je ferai de lui un homme de paix — car le nom de Jérusalem signifie : Vision de paix — et un homme nouveau, régénéré dans la grâce. J’établirai en lui le règne de la charité, et tous pourront voir ainsi qu’il n’est plus de la terre, qu’il appartient à cette Cité merveilleuse, qui n’est point l’œuvre de l’homme, mais qui descend du ciel, parce que, venue avec le Christ, elle apporte ici-bas les mœurs de la cour céleste, et parce qu’elle tire toute sa vitalité, toute son organisation, toute sa beauté, de mon Dieu.
Et j’écrirai sur lui mon nom nouveau, ce nom de Christ que j’ai pris en venant sur la terre et qui signifie : Oint, Je répandrai sur lui cette huile mystérieuse qui le fera, à mon image, prêtre et roi.
Que celui qu a une oreille, comprenne ce que l'Esprit dit aux Églises. Qu’il s’approche du fleuve de la doctrine de vie, et qu’il y boive ; qu’il applique son esprit, comme Marie, à entendre la voix du Maître, afin que l’œil de son intelligence découvre la vérité cachée sous les figures. »
§ 3. — Lettre à l’Église de Laodicée.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
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Re: L'APOCALYPSE
« Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni chaud..§ 3. — Lettre à l’Église de Laodicée.
Et à l’ange de l’Église de Laodicée, écris. L’esprit que nous allons entendre dans cette lettre est l’esprit de sagesse. Il s’adresse à une âme pleine d’illusions sur elle-même, et enlisée de ce chef dans la tiédeur, ce mortel ennemi de l’avancement spirituel : aussi va-t-Il se montrer particulièrement sévère, rappelant son correspondant à l’humilité, et lui prêchant la nécessité de se connaître soi-même pour s’élever à la vraie sagesse. Néanmoins, il n’oublie pas pour autant les droits de la miséricorde, et il presse le coupable de sollicitations, où se trahit la tendresse de son Cœur et la constance de son Amour.
« Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le principe de la création de Dieu. » Le mot Amen mis ici substantivement exprime la Vérité absolue, infaillible, immuable, celle qui s’identifie avec l’Être, et à laquelle on doit adhérer les yeux fermés, sans discussion ni réserve. Cette Vérité s’est personnifiée en Jésus-Christ Notre-Seigneur, témoin fidèle, parce qu’il accomplit tout ce qu’il promet; témoin véridique parce que ses affirmations ne peuvent être mises en doute, aussi bien quand II parle des réalités divines qu’il est venu annoncer au monde, que quand II accuse les péchés des hommes ou proclame leurs mérites. Il est le principe de la création de Dieu, en ce sens que toutes choses ont été créées par Lui, et que rien n'a été fait sans Lui ; en ce sens surtout, ici, que c’est par Lui que s’opère notre rénovation en Dieu : tous, nous avons commencé, avec saint Paul, par être fils de colère, vivant dans les désirs de la chair, faisant la volonté de la chair, ensevelis dans la mort du péché : mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de la charité excessive avec laquelle II nous a aimés, nous a ressuscités et nous a établis dans les choses célestes avec son Fils Jésus. C’est là un pur don de sa grâce, et nous ne saurons jamais assez nous persuader que nous sommes, non pas le fruit de nos œuvres à nous, mais son ouvrage à Lui, créés à nouveau dans le Christ Jésus .
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
« Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni chaud : tu n’es pas complètement froid, parce que ta foi n’est pas morte ; parce qu’à l’exemple du Pharisien de l’Évangile, qui jeûnait deux fois la semaine, et distribuait aux pauvres la dîme de ses biens, tu restes attaché à certaines pratiques extérieures. Mais tu n'es pas chaud non plus : tu n’as nul souci d’apprendre à aimer Dieu et ton prochain, tu n’a aucun zèle pour le salut des âmes, ni pour ton avancement dans la vertu. Plût au ciel que tu fusses froid, que tu n’eusses point cette observance extérieure, qui te donne le change, et te fait croire que tu es juste ! car alors, il serait facile de te faire comprendre ta misère et de t’amener â te convertir.
— Ou que tu fusses chaud, que tu eusses vraiment la charité, qui te porterait à la pratique du bien et à la recherche de la perfection !
Mais parce que tu es tiède, parce que tu es inerte et languissant dans les voies du bien, je commencerai à te vomir de ma bouche. » Le Seigneur procède comme toujours avec mesure et ménagements. Il re frappe pas le coupable du premier coup : Il le menace simplement, s’il ne change pas de conduite, de commencer à lui retirer sa grâce, ce qui le rejettera progressivement hors de la communion des saints, et comme hors de Dieu. Le mot « vomissement » qui est mis ici pour figurer l’excommunication, est destiné par son outrance même à nous faire comprendre la douleur que Dieu éprouve à user de ce châtiment, et cependant c’est là le seul moyen auquel Il puisse recourir pour éliminer de son corps mystique les éléments réfractaires à toute assimilation. Cette expression marque aussi le dégoût qu’inspirent à Dieu ceux qui prétendent tenir un juste milieu entre son service à Lui, et celui du monde.
Et quelle est la cause de cette tiédeur?
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Et quelle est la cause de cette tiédeur? — C’est la bonne opinion que l’évêque de Laodicée a de lui- même ; il se dit dans le secret de son cœur : « Je suis riche, d’avantages temporels et spirituels; et je me suis enrichi encore, par toutes les bonnes œuvres que j’ai faites; je n’ai besoin ni des enseignements, ni des secours de personne. — Et tu ignores, lui répond Dieu; — mais d’une ignorance coupable, d’une ignorance qui vient de l’aveuglement où te plonge ton orgueil ; — tu ignores que tu es un misérable, et un malheureux né dans le péché, et tout à fait incapable d’en sortir par tes propres forces ; tu es un pauvre, tu n’as de ton propre fond aucun mérite ; un aveugle, parce que tu ne te connais pas toi-même ; et tu es nu, ayant perdu la robe de ton innocence. »
Le texte grec accentue encore la force de ces expressions en ajoutant l’article devant elles : tu ne sais pas que c’est toi le malheureux, le pauvre, etc...
« Je t'engage donc à acheter de moi l'or d’une charité embrasée de ferveur, et sincère, purifiée de toute recherche personnelle, par l’épreuve et la tribulation. Je veux que tu l’achètes de moi, car tu ne le trouveras ni dans les livres, ni dans le commerce des créatures, ni dans l’action extérieure : tu le trouveras seulement en me le demandant dans la prière. Mais bien que ce soit là une libéralité toute gratuite de ma miséricorde, je veux que tu l'achètes par tes efforts, tes bonnes œuvres, tes pénitences. Alors tu deviendras vraiment riche de biens spirituels ; tu te revêtiras des vêtements blancs d’une vie pure, et la confusion de ta nudité, de tes difformités, s’effacera de ma présence.
« Et frotte tes yeux avec un collyre, pour recouvrer la vue. »
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
« Et frotte tes yeux avec un collyre, pour recouvrer la vue. »
Ce merveilleux collyre qui rend ainsi la vue aux aveugles, c’est la Passion du Christ qui ouvre les yeux de l’âme, c’est-à-dire l’intelligence et la volonté, — à la compréhension et à l’amour de ce qui est le véritable bien de l’homme. Bile projette sur toutes choses la lumière de la vérité, elle rend manifeste l’erreur et la folie de ceux qui courent après les satisfactions de la chair ou de l’amour- propre, elle montre le chemin que le Christ a pris pour retourner au ciel, et qu’il faut prendre derrière Lui. De même qu’un collyre, en piquant les yeux, les fait pleurer et par là les provoquer à expulser les impuretés qui les aveuglaient, de même elle pique l’âme — c’est là le sens originel du mot : componction — elle fait naître en elle la douleur des péchés commis, le sentiment de l’ingratitude dont elle a fait montre envers Dieu, et par là-même, l’en purifie. On retrouve le même symbolisme au livre de Tobie, lorsque l’Archange Raphaël ordonne à son jeune protégé de frotter les yeux de son père avec le fiel du poisson, pour lui rendre la vue : le poisson, on le sait, est la figure du Christ, et le fiel représente la partie amère de sa vie, c’est-à-dire sa Passion.
Après cet avertissement sévère
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Après cet avertissement sévère, le divin Maître, unissant comme toujours la justice et la miséricorde, se laisse aller à la tendresse de son Cœur : « Ce sont ceux que j’aime que je châtie, ajoute-t-il : c’est-à- dire : Ne te révolte pas, ne prends pas en mauvaise part mes remontrances. Je ne fais pas comme les serviteurs du monde qui n’ont pour leurs amis que des flatteries, et qui réservent toutes leurs rigueurs pour ceux qui leur déplaisent : moi, au contraire, ce sont ceux que j’aime, que je reprends et que je frappe. Je veux par là les maintenir dans le bon chemin, et leur apprendre à se connaître eux-mêmes. Reçois donc mes paroles avec douceur et soumission Sors de ta torpeur, réponds à mon amour par de l’amour, imite mes saints, et fais pénitence.
Si cet effort te paraît au-dessus de tes forces, ne te décourage pas ; je suis là pour t’aider. Voici que je me tiens à la porte de ton cœur, sollicitant ton libre arbitre, — c’est là en effet la seule porte par laquelle le Christ pénètre en notre âme — et je frappe : je cherche à provoquer en toi des sentiments de componction, tantôt par des inspirations intérieures ; tantôt en me servant des circonstances extérieures, pour que tu m’ouvres. Je voudrais entrer et m’asseoir à ta table ; à cette table intérieure où ton esprit se repaît solitairement de vaine gloire ; Je voudrais y prendre place avec toi, et nous partagerions ensemble ce que chacun aurait apporté : tu me donnerais tes œuvres, et moi je donnerais ma gloire. Si quelqu’un donc entend ma voix, et ouvre la porte de son cœur par sa foi, par l’acquiescement de sa volonté, j’entrerai en lui, avec ma grâce et mes consolations ; je pénétrerai jusqu’au fond de lui-même, je le transformerai, et Je souperai avec lui et lui avec Moi : je lui ferai goûter les douceurs de mon amour, en attendant qu’il vienne à son tour souper chez Moi, dans mon Paradis. » Remarquons que l’auteur dit « souper » et non pas « dîner » parce qu’après le souper, la journée est finie : il n’y a plus à retourner au travail, et l’entretien intime peut se prolonger aussi longtemps que les amis le désirent.
« Celui qui remportera la victoire sur les ennemis de son salut, sur le démon, sur la chair, et sur le monde, Je lui donnerai de s’asseoir avec Moi sur mon trône, comme Je l’ai promis à mes douze apôtres. Mais ces places ne se conquièrent que de haute lutte ; et Moi-même, ce n’est qu’après avoir combattu et vaincu, après m’être fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix, que J’ai pris place avec mon Père sur mon trône.
Que celui qui a l’oreille de son cœur attentive entende ce que l'Esprit dit aux Églises.
Deuxième Vision
LA COUR CELESTE
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Deuxième Vision LA COUR CELESTE
PREMIERE PARTIE
LE TRONE DE DIEU
Chapitre IV. — 1. Après cela je vis : et voici qu’une porte était ouverte dans le ciel : et la première voix que j’avais entendue, semblable au son d’une trompette, qui me parlait, [se fît entendre à nouveau], disant : Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver après cela.
— 2. Et aussitôt je fus [ravi] en esprit : et voici qu’un trône était disposé dans le ciel, et sur le trône [quelqu’un était] assis.
— 3. Et celui qui était assis était semblable à l’éclat de la pierre de jaspe et de la cornaline : et il y avait à l’entour du trône un arc-en-ciel semblable à une vision d'émeraude.
— 4. Et à l’entour du trône [il y avait] vingt-quatre sièges : et, sur les sièges, vingt-quatre vieillards assis, enveloppés de vêtements blancs et [portant] sur leurs têtes des couronnes d’or.
— 5. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres : et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu.
— 6. Et devant le trône, il y avait comme une mer de verre, semblable à du cristal : et au milieu du trône, et à l’entour du trône, [il y avait] quatre animaux, pleins d’yeux par devant et par derrière.
— 7. Et le premier animal était semblable à un lion, et le deuxième animal était semblable à un veau, et le troisième animal avait une face comme celle d’un homme, et le quatrième animal était semblable à un aigle qui vole.
— 8. Et les quatre animaux avaient chacun six ailes : et tout autour, et à l’intérieur, ils sont pleins d’yeux : et ils. n’avaient de repos ni le jour ni la nuit, disant : Saint, saint, saint [est] le Seigneur, le Dieu tout-puissant, qui était, et qui est, et qui doit venir.
— 9. Et tandis que ces animaux rendaient gloire, honneur et bénédiction à celui qui vit dans les siècles des siècles,
—10. les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui était sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils mettaient leurs couronnes devant le trône, disant :
— 11. Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance : car c’est vous qui avez créé toutes choses : et c’est de par votre volonté qu’elles étaient et qu’elles ont été créées.
à suivre
§ 1. — Où Dieu est comparé à une pierre précieuse.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
§ 1. — Où Dieu est comparé à une pierre précieuse. APRÈS avoir invité ses auditeurs à réformer leur conduite, pour se mettre en état de pénétrer les secrets de Dieu, saint Jean commence à leur révéler les mystères auxquels il fut initié dans son extase de Patmos. Voici, leur dit-il, qu'une porte était ouverte dans le ciel. Cette porte représente la Passion de Jésus-Christ , par elle, et par elle seule, les hommes peuvent à nouveau franchir l’enceinte du royaume des cieux, dont le péché d’Adam les avait exclus. Mais cette divine Passion se trouve être en même temps la clef des Écritures ; c’est elle qui donne leur sens véritable aux figures comme aux prophéties de l’Ancien Testament, et qui seule les rend intelligibles pour nous. Voilà pourquoi, le soir même de sa sortie du tombeau, Notre-Seigneur se mit à expliquer aux disciples d’Emmaüs les livres de Moïse et ceux des Prophètes . Et lorsque, quelques heures plus tard, il apparut aux fidèles réunis dans le Cénacle, l’un de ses premiers soins fut de leur ouvrir l'esprit, nous dit saint Luc, afin qu'ils comprissent les Écritures. Il n’y a donc point de contradiction à admettre avec certains commentateurs que la porte ouverte aperçue par saint Jean désigne, en même temps que la Passion du Sauveur, le sens spirituel des Livres Saints, au travers duquel il est possible à l’esprit humain d’entrevoir quelque chose des réalités célestes.
Tandis que ce spectacle s’offrait à lui...
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Tandis que ce spectacle s’offrait à lui, saint Jean entendit à nouveau la voix qui avait déjà retenti à ses oreilles lors de la première vision, et qui lui disait : Monte ici. Monte, c’est-à-dire, élève-toi à l’intelligence des choses divines — il ne s’agit pas d’un mouvement du corps, mais d’une ascension de l’esprit ; — sépare-toi des choses de la terre, tourne- toi vers la vie contemplative, et je te montrerai ce qui doit arriver bientôt, entendez : les tribulations que l'Église aura à subir jusqu’à la fin du monde, mais aussi les consolations qu’elle recevra, et les progrès qu’elle ne cessera de réaliser, — Le mot bientôt embrasse toute la durée du temps qui s’écoulera jusqu’à la fin du monde, et en souligne la brièveté, si on le compare à l’éternité qui doit suivre.
Aussitôt, continue l’Apôtre
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Aussitôt, continue l’Apôtre, je fus ravi en esprit et voici qu'un trône était dressé dans le ciel, et sur le trône quelqu'un était assis. Et celui qui était assis jetait un éclat semblable à l’éclat de la pierre de jaspe et de la cornaline. Au sens anagogique, saint Jean veut, par cette image éblouissante, désigner Dieu lui-même. Comme Dieu n’a point de figure ni de forme corporelle, il ne le compare pas à un homme ou à quelque autre créature; mais il dit, en termes merveilleusement expressifs, qu’il était semblable à l'éclat qui jaillirait d’une gigantesque pierre précieuse, présentant à la fois le ton du jaspe et celui de la cornaline . Le jaspe est vert, la cornaline est rouge. En attribuant à Dieu la couleur verte, l’auteur nous donne à entendre qu’il est le Vivant par excellence, car c’est là, dans la nature, le signe de la vie : lorsque la terre renaît, au sortir de l’hiver, elle le montre en se parant dans les prés, dans les champs, dans les bois, de toute la gamme des tons verts. Or Dieu est la Vie d’où procède toute vie.
Toute vie, tout mouvement vital, écrit saint Denis, émanent de ce foyer placé par-delà toute vie et tout principe de vie... C’est de cette vie originelle que les animaux et les plantes reçoivent leur vie et leur développement. Toute vie, qu’elle soit purement intellectuelle (comme celle des anges), raisonnable (comme celle de l’homme), animale, végétative; tout principe de vie, toute chose vivante enfin, empruntent leur vie et leur activité à cette vie suréminente, et préexistent en sa simplicité féconde. elle est la vie suprême, primitive, la cause puissante qui produit, perfectionne et distingue tous germes de vie. Et à cause de ses nombreux et vivants effets, on peut la nommer vie multiple et universelle, et la considérer, et la louer en chaque vie particulière; car rien ne lui manque; elle possède, au contraire, la plénitude de la vie ; elle vit par elle-même et d’une vie transcendante, et elle a une sublime force de vivifier, et elle possède tout ce que l’homme peut dire de glorieux touchant cette Inexprimable vie (2).
Cette vérité, les philosophes païens l’avaient en partie découverte. Aristote, par exemple, a écrit ; l’acte de l’intelligence est une vie. Or Dieu est cet acte même à l’état pur. Il est donc sa propre vie : cet acte subsistant en soi, telle est sa vie éternelle et souveraine. C'est pourquoi l’on dit qu’il est un vivant éternel et parfait; parce que la vie qui dure éternellement existe en Dieu, car il est cela : la vie même (1).
Cependant, ces sages n’étaient arrivés qu’à une notion bien incomplète de Dieu ; ils ne connaissaient pas la grande vérité révélée par le Verbe, le Deus caritas est, de saint Jean. Ils n’avaient pas compris que Dieu est charité. C’est pourquoi l’auteur a mêlé ici l’éclat de la cornaline à celui du jaspe : la cornaline est rouge, et à ce titre elle symbolise la charité. Il veut ainsi nous donner à entendre que Dieu est non, seulement la Vie par excellence, mais qu’il est aussi, et essentiellement, l’Amour.
2 De divinis nominibus, ch. VI.
1 Métaphys., I. XII, ch. IX.
Au sens allégorique,
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Au sens allégorique,celui qui est assis sur le trône est le Christ. Notre-Seigneur est assimilé à une pierre précieuse, c’est-à-dire à une pierre brillante et très dure, à cause de l’éclat que jetait sa divinité, à cause aussi de la fermeté invincible qui lui permit de supporter sans faiblir les affreuses tortures de sa Passion. C’est en Son nom et en ce sens que le prophète Isaïe avait dit : J'ai posé mon visage comme une pierre très dure
Cette pierre est à la fois verte et rouge. Le vert symbolise ici la vie divine, toujours florissante en Lui, tandis que le rouge évoque le souvenir de ce sang dont il fut couvert des pieds à la tête à l’heure de sa Passion, et dont la vue arrachait aux Anges ce cri d’étonnement : Pourquoi votre vêtement est-il rouge, comme celui des vendangeurs, quand ils foulent le pressoir? . Les deux couleurs brillent simultanément dans la même pierre, comme les deux natures, la divine et l’humaine, dans l’unique personne de Jésus-Christ.
Et un arc-en-ciel environnait le trône, semblable à une vision d'émeraude. L’arc-en-ciel, qui fut donné aux hommes après le déluge comme un signe de paix, est le symbole de la miséricorde de Dieu, qui enveloppe l’Église, figurée par le trône. Les sept couleurs dont il est formé et qui procèdent de la lumière blanche du soleil, sont une gracieuse image des sept sacrements, qui décomposent en des nuances diverses le rayon du Soleil de justice, la vertu rédemptrice du Christ.
L’auteur ajoute que cet arc-en-ciel était semblable à une vision d'émeraude, ce qui peut paraître, au premier abord, bien étrange. Voici ce qu’il veut dire : l’émeraude passait chez les anciens pour être la plus belle de toutes les pierres vertes. Son éclat a quelque chose de doux et de chaud à la fois, de pénétrant et d’apaisant, qui enchante le regard. C’est pour cela que Néron aimait, dit-on, à observer les spectacles qui l’intéressaient au travers d’une émeraude . En disant que l’arc-en-ciel était semblable à une vision d'émeraude, saint Jean laisse entendre que rien n’est aussi doux et aussi reposant à considérer, pour les yeux de notre âme, que la miséricorde de Dieu se manifestant à nous par l’œuvre rédemptrice du Christ.
§ 2. — Les assistants du trône.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
§ 2. — Les assistants du trône.
Et tout autour du trône, il y avait vingt-quatre sièges. Et sur les sièges vingt-quatre vieillards assis. Ces vieillards représentent l’ensemble des saints qui assisteront le Christ au Jugement dernier. Notre-Seigneur, en effet, a promis à ses Apôtres de les faire asseoir ce jour-là sur douze sièges autour de Lui. Mais ce nombre ne saurait, de toute évidence, être pris à la lettre : car alors, selon la remarque de saint Augustin, il n’y aurait point de place même pour saint Paul, qui n’est pas compté dans le collège des Douze . Les paroles du Divin Maître indiquent d’ailleurs clairement que tous ceux qui auront suivi le Christ, à l’imitation des Apôtres, auront part à ce privilège et viendront au Jugement, non pas en accusés, mais au titre d’assesseurs. Si saint Jean a doublé le nombre donné par l’Évangile, c’est pour nous faire entendre que les justes de l’Ancien Testament ne seront pas exclus de cette faveur, et qu’ils siégeront auprès du Souverain Juge avec les douze Prophètes, comme les Saints du Nouveau avec les douze Apôtres.
Ces hommes sont appelés vieillards, parce que les Saints sont remplis de prudence et de sagesse ; ils sont assis, parce qu’ils jouissent du repos et de la stabilité éternelle ; leurs vêtements blancs marquent l’innocence dont ils sont ornés, et les couronnes d’or qu’ils portent sur leurs têtes sont la récompense qu’ils ont reçue du Christ pour leurs labeurs et leurs combats.
L’auteur décrit ensuite l’appareil terrifiant de ce etc
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
L’auteur décrit ensuite l’appareil terrifiant de ce trône, dont il sortait, dit-il, des éclairs, des voix et des tonnerres. Que faut-il entendre par là? Le trône, nous venons de le dire, est la figure de l’Église, au milieu de laquelle Dieu siège sur la terre. Les éclairs sont les miracles par lesquels cette Église ne cesse de proclamer au monde son caractère divin. De même qu’il est impossible, à moins d’être aveugle, de ne pas voir l’éclair qui fend brusquement l’ombre de la nuit, de même il n’est pas possible, à moins d’être muré dans ses préjugés, de ne pas apercevoir le caractère transcendant de l’Église et l’éclat lumineux qu’elle projette au milieu des ténèbres du monde présent. Les voix sont les appels qu’elle fait entendre sans cesse par ses Pontifes, ses Docteurs, ses saints, ses prédicateurs, pour inviter les hommes à suivre le Christ. Les tonnerres sont les avertissements qu’elle donne aux pécheurs, et les anathèmes qu’elle prononce intrépidement, sans craindre aucune puissance humaine, contre tous ceux qui mettent en péril le salut des âmes. Quant aux sept lampes qui brillent devant le trône, saint Jean en explique lui-même le symbolisme, en disant que ce sont les sept esprits de Dieu, c’est-à-dire les sept dons du Saint-Esprit, qui illuminent l’Église, et il ajoute qu’elles sont ardentes, parce que ces dons ont pour effet, non seulement de donner la lumière aux âmes, mais encore de les embraser du feu de l’amour.
En présence du trône, continue le narrateur, il y avait comme une mer de verre, semblable à du cristal, et, tout autour du trône, quatre animaux remplis d’yeux par devant et par derrière.
Au sens allégorique, la mer de verre représente le sacrement de baptême, et, par extension, les âmes purifiées dans ce sacrement. Le baptême est comparé à une mer parce qu’il détruit la masse de nos péchés, sans en laisser subsister un seul, comme la mer Rouge engloutit jusqu’au dernier soldat l’armée du Pharaon. Il est dit : de verre, parce qu’il rend l’âme transparente, permettant ainsi à la lumière divine de l’atteindre et de la pénétrer; et il est dit encore : semblable à du cristal, pour la pureté et la limpidité qu’il lui donne. Les âmes ainsi lavées dans le sang du Christ sont en présence du trône, parce qu’elles sont l’objet constant de la sollicitude de l’Église, qui ne perd pas de vue un instant les intérêts de leur salut.
Les quatre animaux...
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Les quatre animaux désignent les quatre Évangélistes, et, avec eux, l’ensemble des Saints, qui sont tous, d’une certaine façon, des « Évangélistes », parce qu’ils se sont tous employés à faire connaître Jésus-Christ et sa doctrine. La position qu’occupent ces animaux, à la fois au milieu et autour du trône, est extraordinaire : il est tout à fait vain de se creuser la tête pour chercher à la traduire sur le papier, comme s’y évertuent certains commentateurs.
Nous l’avons déjà dit, saint Jean se sert volontairement d’images irréalisables, pour que, dépassant le sens littéral des paroles, nous en cherchions la signification mystérieuse. Les quatre Évangélistes sont à la fois au milieu du trône, c’est-à-dire de l’Église, comme des flambeaux pour l’éclairer ; et tout autour, comme une muraille pour la défendre. Ils sont remplis d'yeux par devant et par derrière, parce qu’ils lui apprennent à regarder avec soin à la fois le passé et l’avenir, pour régler sa conduite. Ils ressemblent le premier à un lion, le second à un bœuf, le troisième à un homme, le dernier à un aigle. Le lion est attribué ordinairement à saint Marc, pour avoir mis en valeur, plus que les autres, la victoire remportée par Jésus sur ses ennemis et sur la mort. Le boeuf, figure du sacrifice, convient à saint Luc, qui a insisté particulièrement sur les souffrances du Sauveur; l'homme, à saint Mathieu, pour avoir dressé la généalogie humaine du Christ ; et l'aigle, à saint Jean, qui a révélé les plus hauts mystères sur sa divinité. Ces attributions toutefois n’ont rien d’absolu ni d’exclusif : de même que chacun des quatre Évangiles contient en soi la doctrine des trois autres, de même on peut dire ici que chacun des quatre animaux possède à la fois sa forme propre, et celle des trois autres (1). C’est ce qui apparaît clairement si l’on rapproche ce passage de celui où le prophète Ézéchiel décrit les quatre animaux fantastiques qui lui furent montrés, et dont chacun rappelait tout ensemble le visage de l’homme, la face du lion, celle du bœuf et celle de l’aigle .
Mais avant d’être ceux des Évangélistes, ces attributs sont ceux du Christ lui-même, qui est né comme un homme véritable, qui a combattu comme un lion, qui s’est laissé offrir en victime comme un bœuf, et qui est monté au plus haut des cieux comme un aigle. A son tour, chaque chrétien doit chercher à se les approprier : il sera homme en obéissant à sa raison, plutôt qu’à ses passions, et en se montrant « humain » à l’égard de ses semblables ; lion, eu attaquant résolument les ennemis de son salut ; bœuf, en acceptant l’immolation; aigle, en vivant dans les cieux plus que sur la terre, par la constance de son oraison.
(1) Cette considération fera comprendre pourquoi l’on trouve parfois des variantes dans l’application des quatre animaux aux différents Évangélistes : c’est ainsi, par exemple, que saint Augustin et saint Bède attribuent le lion à saint Matthieu, l’homme à saint Maie. Mais la répartition faite ci-dessus est de beaucoup la plus commune.
§ 3. — Liturgie céleste.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
§ 3. — Liturgie céleste.
Et chacun des quatre animaux avait six ailes.
Les ailes, qui élèvent l’oiseau au-dessus de terre, sont la figure des vertus, qui soulèvent l’âme au- dessus des contingences du monde présent. Le nombre six est celui des degrés successifs qu’il faut franchir pour atteindre à la possession de la paix. Personne, peut-être, n’en a mieux exprimé le symbolisme que saint Bonaventure, dans le merveilleux traité qui s’intitule : Itinéraire de l’âme à Dieu.
De même, dit-il, que Dieu a consacré six jours à la création de l’univers et s’est reposé le septième, de même il faut que le monde inférieur soit conduit au parfait repos de la contemplation en passant par six degrés successifs d’illumination. Cet ordre était figuré par Tes six degrés qui conduisaient au trône de Salomon. De même, les Séraphins que vit Isaïe avaient six ailes ; de même encore, Dieu n’ap- pela Moïse du milieu de la nuée qu’après six jours ; et ce fut également six jours après les avoir avertis, que Jésus- Christ conduisit ses disciples sur la montagne, où il fut transfiguré en leur présence. Selon ces six degrés d’élévation à Dieu, notre âme possède donc six degrés ou puissances pour monter des choses les plus basses aux plus élevées, des choses extérieures aux intérieures, des choses temporelles à celles de l’éternité. Ce sont : les sens, l’imagination, la raison, l'intellect, l’intelligence, le sommet de l’esprit... Celui donc qui veut s’élever à Dieu doit, après avoir renoncé au péché, qui défigure sa nature, exercer les puissances dont nous venons de parler, à acquérir par la prière, la grâce qui réforme ; par une vie sainte, la justice qui purifie ; par la méditation, la science qui illumine ; et par la contemplation. la sagesse qui rend, parfait (1).
En disant que chacun des animaux avait six ailes l'auteur donne à entendre que dans chaque Évangile ou même dans les œuvres de chaque Saint, on trouve tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour s’élever à la plus haute vertu. C’est la pensée qu’exprime saint Benoît à la fin de sa Règle, quand il dit : Quelle est la page, ou quelle est la parole d’autorité divine, dans l’Ancien ou le Nouveau Testament, qui ne soit une règle très droite pour la vie humaine ? Ou quel est le livre des saints Pères orthodoxes qui ne nous enseigne à parvenir d’une course droite, jusqu’à notre Créateur ? (2).
(1) Op. cit., c. 1
(2) Ch. LXXIII.
Les animaux sont pleins d'yeux au dehors et au dedans,
Dernière édition par gabrielle le Jeu 19 Oct 2023, 11:32 am, édité 1 fois (Raison : Deux animaux de trop dans le titre...S'cusez)
gabrielle- Nombre de messages : 19801
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Re: L'APOCALYPSE
Les animaux sont pleins d'yeux au dehors et au dedans, parce que les Saints s’observent avec une très grande attention, tant pour leurs actions extérieures, que pour leurs pensées. Ils ne prennent de repos ni jour ni nuit, parce que leur vie est une louange continue à l’adresse de leur Créateur. Tout ce qu’ils font, et même le repos qu’ils s’accordent la nuit, ils l’ordonnent à la gloire de Dieu, pénétrés qu’ils sont du désir d’accomplir sa Volonté, et de Lui plaire en toutes choses. C’est pourquoi l’Épouse du Cantique disait : Je dors, mais mon cœur veille, montrant par là que, même durant le temps du sommeil, elle ne cessait de chercher Dieu. Au sens mystique, la nuit représente les épreuves et les souffrances, par opposition au jour, qui symbolise la prospérité. Les Saints, donc, ne cessent de louer Dieu ni le jour ni la nuit, parce qu’ils chantent sa gloire dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Avec Job, ils lui rendent grâces de tout ce qui leur arrive, des maux comme des biens. Ils proclament son infinie perfection, sa bonté souveraine, en redisant le cantique des Séraphins, entendu déjà par Isaïe : Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, qui était de toute éternité, qui demeure toujours égal à Lui-même, et qui viendra juger les vivants et les morts.
Et tandis que les animaux, c’est-à-dire la multitude des Saints, rendaient ainsi gloire à Dieu, les vingt-quatre vieillards, figurant les Docteurs des deux Testaments, se prosternaient en signe d’humilité; et, adorant Celui qui siégeait sur le trône, ils mettaient à ses pieds leurs couronnes, c’est-à-dire les mérites de leurs œuvres, disant : « Ce n’est point à nous qu’en revient la gloire ; mais c'est à Vous seul, Seigneur notre Dieu... » Remarquez qu’ils disent : notre Dieu. Bien que Dieu soit le Maître de toutes les créatures, il l’est à un titre particulier de ceux qui se sont livrés à Lui par le renoncement, et qui font de Lui l’unique objet de leur amour, " C'est à Vous seul, donc chantaient-ils, qu'il est juste d'attribuer la gloire, l'honneur et la puissance, car c'est Vous qui avez créé toutes choses. C'est de par votre volonté qu'elles ont existé, dans Votre intelligence, avant que d’être réalisées en acte — comme l’ouvrage existe dans la pensée de l’artisan avant d’être mis au jour dans la matière. C’est donc librement, volontairement, sans être pressé par aucune nécessité, que Vous les avez conçues, et c’est volontairement encore que Vous les avez créées, c’est-à-dire : que Vous les avez fait passer de cet être idéal à leur existence matérielle. Ainsi il est juste que tout ce qu’il y a de beau et de bon sur la terre Vous soit attribué et tourne à Votre gloire, puisque toutes choses sont sorties de Vous, et que Vous êtes à la fois le Principe et la Fin de tout ce qui existe. »
DEUXIEME PARTIE
LE LIVRE SCELLE
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
DEUXIEME PARTIE
UE LIVRE SCELLE
Chapitre V. — 1. Et je vis, dans la (main) droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit au dedans et au dehors, scellé de sept sceaux.
— 2. Et je vis un Ange puissant, annonçant d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et de briser ses sceaux ? — 3. Et personne ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le comprendre.
— 4. Et moi, je pleurais beaucoup, de ce que personne n’avait été trouvé digne d’ouvrir le livre, ni de le considérer.
— 5. Et l’un des vieillards me dit : Ne pleure point : voici venir en vainqueur le lion de Juda, la racine de David, pour ouvrir le livre et briser ses sept sceaux.
«— 6. Et je vis : voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, il y avait un agneau qui se tenait debout, comme tué, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés sur la terre.
— 7. Et il vint, et il reçut le livre de la (main) droite de celui qui était assis sur le trône,
— 8. Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’agneau, ayant chacun des cithares et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints :
— 9. et ils chantaient un cantique nouveau, disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir le livre et d’ouvrir ses sceaux : parce que vous avez été mis à mort, et vous nous avez rachetés à Dieu, par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation :
— 10. et vous avez fait de nous un royaume, et des prêtres pour notre Dieu : et nous régnerons sur la terre.
— 11. Et je vis, et j’entendis la voix d'une multitude d’anges autour du trône, et des animaux et des vieillards : et leur nombre était des myriades de myriades,
— 12. qui disaient à haute voix : Il est digne, l’ Agneau qui a été tué, de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.
— 13. Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, et sous la terre, celles qui sont dans la mer et celles qui y demeurent : toutes, je les entendis qui disaient : A Celui qui est assis sur le trône, et à l’ Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance à travers les siècles des siècles.
— 14. Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent la face (contre terre), et ils adorèrent Celui qui vit à travers les siècles des siècles.
§ 1. — Apparition du livre.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
.§ 1. — Apparition du livre.
LE livre qui figure au premier plan de cette description représente d’abord, au sens littéral, la prophétie que saint Jean va détailler dans les scènes suivantes, et dont les sept sceaux seront successivement énumérés. Mais il symbolise aussi, dans une acception plus large, la Bible, le « livre » par excellence, dont Dieu même est l’auteur ; livre écrit au dehors, parce que tout le monde peut en déchiffrer la signification littérale; livre écrit au dedans, parce que les yeux des profanes n’en peuvent discerner le sens mystique. Les sept sceaux, qui enferment l’intelligence à tout esprit non initié, sont les sept mystères fondamentaux dont est jalonnée la mission rédemptrice du Christ, et que nous trouvons énumérés au Credo : la conception miraculeuse du Sauveur, sa naissance, sa passion, sa descente aux enfers, sa résurrection, son ascension, son avènement au dernier jour, pour juger les vivants et les morts. Nul ne peut comprendre le sens véritable de l’Écriture, si la foi n’a fait sauter pour lui ces scellés, apposés par Dieu sur le décret de notre rédemption, et qui rendent celui-ci impénétrable aux efforts de la raison humaine laissée à elle-même
Au sens allégorique ...
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Au sens allégorique, le « livre » désigne la sainte Humanité de Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui renferme en soi tous les trésors de la sagesse et de la science divine. Est-il un ouvrage, en effet, qui soit plus éloquent, plus apte à nous faire connaître Dieu tel qu’il est, que le Sauveur en croix? Saint Thomas d’Aquin, dont l’érudition était prodigieuse, disait avoir appris plus de choses dans là contemplation de son Crucifix que dans tous les traités qu’il avait pu lire. Ce livre est écrit au dehors : tous ceux qui l’aperçoivent n’ont aucune peine, s’ils veulent bien le considérer un instant, à déchiffrer le mot Amour, écrit en grosses lettres dans les plaies des pieds et des mains, dans la tête tendrement inclinée, dans la blessure ouverte du côté. Mais ce sera bien autre chose pour ceux qui, illuminés de sa grâce et conduits par l’Esprit septiforme, pourront lire au dedans, et pénétrer les secrets de son Cœur.
Et je vis, continue l’Apôtre,
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Et je vis, continue l’Apôtre, un Ange puissant, lequel proclamait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre et de briser ses sceaux? — Cet Ange, que certains auteurs ont voulu identifier avec saint Gabriel, à cause du titre d’Angelum fortem, que la liturgie attribue à ce dernier, représente en réalité l’ensemble des Docteurs de l’ancienne Loi. Ceux-ci sont dits forts, parce qu’ils supportèrent courageusement la longue attente du Messie, unanimes à appeler son avènement de tous leurs vœux.
« Qui donc, demandaient-ils, est digne d’ouvrir le livre, c’est-à-dire de le rendre intelligible? Qui est digne de réaliser les promesses mystérieuses de la Loi? Qui sera en mesure d’offrir à Dieu la victime pure, la victime sainte, la victime sans tache que les Prophètes ont annoncée, que les Patriarches ont immolée en figure dans leurs sacrifices, et qui, seule, pourra assurer le salut du genre humain? »
Remarquons que l’auteur dit : ouvrir le livre, et briser les sceaux, ce qui est contraire à l’ordre naturel : car il faut de toute évidence briser les sceaux d’abord, pour ouvrir le livre ensuite. Mais l’Écriture excelle à multiplier ainsi les invraisemblances apparentes, pour nous forcer à monter vers le sens spirituel qu’elle cache sous la lettre.
Le Christ, en effet,
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Le Christ, en effet, a ouvert le livre d’abord, quand il a accompli en sa personne les prophéties de l’ancienne Loi ; il a brisé les sceaux ensuite, quand il a donné l’intelligence de ces mystères à ses disciples, en leur envoyant le Saint-Esprit. Cependant, à la question angoissée de l’humanité, qui attendait son libérateur, personne ne pouvait répondre avant qu’il ne fut venu Lui-même, ni parmi les Anges, ni parmi les vivants, ni parmi les morts, parmi les Patriarches et les Prophètes descendus dans les limbes ; personne, pas même saint Jean- Baptiste, le plus grand des prophètes ; pas même la Sainte-Vierge, la plus sage de toutes les créatures, qui restera en suspens devant l’annonce de l’Incarnation, ne voyant pas comment cela pourra se faire, puisqu'elle ne connaît point d'homme . Personne, comme l’avait déclaré le prophète Isaïe, ne saura expliquer sa génération et découvrir les chemins secrets par lesquels Dieu avait résolu d’opérer le salut du monde ! Personne ne pouvait comprendre comment Dieu qui est un Esprit, et un esprit sans limites, arriverait à s’enfermer tout entier dans le sein d’une Vierge.
Et devant ce mystère inexorablement scellé, devant ces délais qui se prolongeaient sans que se réalisât jamais l’espérance du genre humain, saint Jean se mit à fondre en larmes. Je pleurais abondamment, dit-il. Il parle à la première personne, parce que son cœur plein de charité le fait communier, immédiatement et profondément, à toutes les souffrances dont il est le témoin. Pour lui, il connaissait le secret du livre et la clef de son langage mystérieux ; il avait vu le Sauveur mort, il l’avait vu ressuscité ; il avait reçu, dans sa plénitude, au jour de la Pentecôte, l’effusion de l’Esprit. Mais, emporté par son extase, saint Jean s’oublie lui-même ; il s’incorpore à cette multitude d’hommes qui vécurent et moururent avant que le Messie ne fût venu; il s’associe à ces rois et ces prophètes de l’Ancien Testament, qui désirèrent si vivement de voir ce que virent les Apôtres, et qui ne le virent point ; il pleure avec David, qui faisait de ses larmes comme son pain quotidien, gémissant le jour et la nuit de ce qu’il ne voyait point son Dieu .
Devant cette douleur,
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
Devant cette douleur, les vieillards se laissèrent toucher, et l’un d’eux, prenant la parole au nom de tous, vint redire à saint Jean la promesse que, tour à tour, chacun des Prophètes, sous une forme différente, avait apportée à l’humanité : Ne pleure point. Voici venir en vainqueur le lion de Juda, pour ouvrir le livre et en briser les sceaux. Le lion est le symbole du courage : entre autres marques de son intrépidité, il donne celle-ci, que, lorsqu’il a choisi sa proie, il bondit sur elle et l’emporte sans se laisser effrayer ni arrêter par rien. C’est ainsi qu’en agira le Christ avec l’humanité : il veut la ravir au démon, il veut l’entraîner au ciel avec Lui, et rien ne pourra briser son élan. Isaïe déjà s’était servi de cette image, lorsqu’il avait dit : De même que le lion et le petit du lion, quand il saute en rugissant sur sa proie, et que la multitude des pasteurs se précipite au-devant de lui, ne se laisse point effrayer par leurs cris, ni intimider par leur nombre, ainsi descendra le Seigneur des armées, pour combattre sur la montagne de Sion et sur sa colline .
§ 2. — Apparition de l'Agneau.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'APOCALYPSE
§ 2. — Apparition de l' Agneau.
Tandis que le vieillard annonçait à saint Jean la prochaine arrivée du héros, qui allait naître dans la tribu de Juda et la famille de David, l’Apôtre, levant les yeux, aperçut un agneau, debout au milieu du groupe qui entourait le trône. Dans cet innocent animal, nous n’avons aucune peine à reconnaître le Christ, plein de douceur et de mansuétude, debout au milieu de son Église. Mais ici encore, quelle apparente inconséquence présente le récit inspiré : on nous annonce un lion, et c’est un agneau qui paraît ! On nous promet pour Sauveur le fauve intrépide qui fait trembler tous les autres, et nous voyons arriver une petit bête sans défense, destinée à finir sur l’étal d’un boucher ! Pourquoi cela? Pourquoi ces incohérences, sinon toujours pour nous faire réfléchir, et nous conduire à des vérités plus profondes? Sinon pour nous donner à entendre ici que le Christ, le lion de Juda, a vaincu ses ennemis, non point par la force et la violence, mais par la patience et la douceur ! Les Juifs attendaient un Messie conquérant, un monarque dont la gloire éclipserait celle de David et de Salomon : et Dieu envoya le fils d’un charpentier, qui se fit condamner à mort et mourut sur un gibet. Trop souvent, comme eux, c’est au génie, à la puissance, à la fortune, que nous demandons le triomphe du christianisme : et nous oublions l'Agneau qui se tient debout, comme tué... Remarquons que l’antinomie continue entre ces deux expressions, car il n’est pas ordinaire à ceux qui sont tués de se tenir debout. Mais si l’Agneau est vu debout, c’est pour que nous sachions qu’il travaille et qu’il combat; et il est debout comme tué, pour nous donner à entendre que c’est par sa mort qu’il a remporté la victoire.
En disant qu’il est : comme tué, et non pas : tué, l’auteur ne veut pas insinuer que la mort du Christ n’ait été qu’une mort apparente. Notre Sauveur est bien réellement mort sur la croix, c’est là un des articles fondamentaux de la foi catholique. Mais il est dit comme tué, parce que, dans sa mort même, il resta maître de la mort : celle-ci ne put le retenir dans son étreinte. Il se livra à elle quand il voulut, mais il lui échappa aussi quand il voulut. Personne, avait-il dit à ses Apôtres, ne peut m'ôter la vie : c'est moi qui la dépose de moi-même, et j'ai le pouvoir de la déposer, et j'ai le pouvoir de la reprendre à nouveau .
L’Agneau avait sept cornes et sept yeux.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
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