Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux.

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Message  Louis Mer 12 Juil 2023, 5:56 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

LE  PÈRE JEAN SÉGUIN (1833-1902)

Trois mots — un seul — raconteraient la vie entière du Père Séguin: cum esset justus,—il était juste.

Il fut le père des Peaux-de-Lièvres de Good-Hope, le sauveur et le nourricier de leurs âmes, comme saint Joseph le fut de Jésus. Il l’a été par la sainteté de ses 41 ans d’apostolat.

Il fut un saint. Avec les sauvages, ses enfants; avec les Oblats du Nord, ses confrères; avec la population d’Ennezat, près Clermont, sa paroisse natale, nous n’avons qu’à lui conserver ce titre, pour le faire connaître; non sans protester toutefois — et que cette déclaration vaille pour tout ce livre — qu’en fils humblement soumis de la Sainte Eglise nous n’avons jamais eu l’intention de prévenir ses jugements infaillibles, mettant notre bonheur et notre espérance à approuver tout ce qu’Elle approuve et à réprouver tout ce qu’Elle réprouve.

Il ne s’est pas rencontré dans nos pays des neiges, croyons-nous, un ouvrier dont la carrière fut mieux remplie et aussi ignorée que la sienne. C’est qu’il s’effaçait toujours aux regards humains, comme le Juste de la Sainte-Famille, dans l’accomplissement de son devoir. C’est qu’il endura en silence ses souffrances physiques et ses peines morales — celles-ci inexprimables d’ailleurs. Bien habile qui l’amenait à parler de lui-même, de ses épreuves, de ses succès. Cependant l’obéissance l’y contraignit quelquefois, et les industries de certains amis réussirent à surprendre sa vigilance.

Il arriva au fort Good-Hope, le 26 août 1861.

Ses premiers soins furent de radouber la maison du Père Grollier. Bien qu’il n’eût fréquenté jusque-là que ses livres de science et de piété, et qu’il ne ressentît jamais d’inclination pour le travail manuel, il lui suffisait de saisir un outil pour faire un ouvrage de maître. En peu de temps, son sens pratique le rendit charpentier, sculpteur, peintre, horloger, fac-totum.

Son ministère débuta par les Loucheux...

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Message  Louis Jeu 13 Juil 2023, 5:37 am


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

Le Père Séguin,

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Son ministère débuta par les Loucheux.

Il partit pour les bouches du Mackenzie (rivière Peel, fort Mac-Pherson), le Samedi Saint 1862. Il trouva les Indiens attristés d’avoir causé tant de chagrin au Père Grollier, l’année précédente.

Il était là, lorsque Kirby, le ministre, reparut, en route pour le Youkon.

Le Père Séguin le suivit jusqu’au fort Lapierre-House, au milieu des montagnes Rocheuses: voyage de quatre jours dans l’eau jusqu’aux genoux, à travers des marécages continuels, sur les montagnes aussi bien que dans les bas-fonds, avec douze rivières à couper. Kirby et Séguin se tinrent plusieurs fois par la main, « pour rompre le courant ».

En arrivant à Lapierre-House, le 17 juin, écrit le Père Séguin à un maître des novices, j’avais la tête comme une courge et les doigts comme des saucisses, tellement les maringouins avaient mordu... Si vous avez quelques novices qui ont soif de mortifications, vous n’avez qu’à les envoyer par ici. Ils seront je pense, satisfaits. Mais il ne faut pas que ce soit des résolutions d’un jour, car chaque jour amène ses mortifications; et quelquefois elles sont si nombreuses, qu’on ne sait plus par où commencer.

Le Père Séguin dédia à saint Barnabé la mission qu’il inaugurait, et que l’on ne devait pas reprendre, de Lapierre-House.

Du bon nombre de sauvages qui assistèrent d’abord à sa prière, il n’en compta à la fin qu’une quinzaine. Les autres étaient allés, ou retournés — car ils l’avaient vu une fois déjà — au ministre.

Kirby, trouvant cependant insuffisant l’appât du tabac et du thé, annonça aux Indiens que « le Père Grollier avait une femme, que le Père Séguin, là présent, en avait plusieurs, et Mgr Grandin aussi; que Rome avait déclaré l’immaculée conception du Pape », etc.

Kirby poursuivit jusqu’au fort Youkon, et le Père Séguin retourna au fort Good-Hope, près du Père Grollier.

Rentré le 3 août, il repartait le 3 septembre, sur un ordre de Mgr Grandin, qu’apportait le courrier…

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Message  Louis Ven 14 Juil 2023, 6:44 am


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

LE PÈRE JEAN SÉGUIN

Jusqu’au fort Youkon.

Rentré le 3 août, il repartait le 3 septembre, sur un ordre de Mgr Grandin, qu’apportait le courrier. Le prélat l’envoyait au fort Youkon même; et, cette fois, il avait pour compagnon de barge un révérend  métis, célibataire, M. Mac Donald, que l’administration anglicane avait choisi, en réponse à la constante objection des sauvages contre « l’Anglais, homme d’une femme ».

Le 23 septembre, ministre et prêtre étaient au fort Youkon.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 R_p_sz10

Le Père Séguin n’eut qu’à constater que les douze ou treize cents Indiens de la région étaient invinciblement attachés au thé, au tabac et au protestantisme. Le coupable principal, ici, était l’interprète, un certain Houle, apostat et serf du ministre, omnipotent parmi les Peaux-Rouges. Il leur prêchait la liberté de la polygamie et de la dissolution.

Le missionnaire passa tout l’hiver, accablé du mépris des blancs et de l’arrogance des indigènes. (1)

Le 3 juin 1863, il repartit pour Good-Hope, où il arriva après trente-cinq jours d’une marche et d’une navigation extrêmement dures, en s’écriant:

— Mais c’est ici le paradis !

Il ne raconta point son voyage. Il eut cependant à déclarer qu’il s’était heurté le pied avec une telle violence que l’ongle d’un orteil en était parti, car, à la place de cet ongle, et par suite de la nature maligne de la blessure, il poussa une dureté de corne qui dut être sciée deux fois annuellement. Un rhumatisme, contracté dans les montagnes, lui resta aussi, toute sa vie.

En 1864, eut lieu la plantation triomphale de la croix, sur Good-Hope, nous l’avons dit. Il nous faut ajouter que cette croix, de 12 mètres, dont la beauté donna tant de joie au Père Grollier mourant, coûta au Père Séguin, qui la dressait, une effroyable infirmité. Le métis, qui l’aidait à la planter, la laissa un moment peser tout entière sur lui; et l’effort que fit le missionnaire pour la soutenir détermina la rupture d’un viscère, la pire qui soit, et que seule la chirurgie moderne aurait pu guérir. Chacun de ses pas, chacun de ses mouvements, pendant trente-huit ans, en furent douloureusement affectés.

Trente fois, le Père Séguin retourna chez les Loucheux…
____________________________________________________________________________________

(1) L’évangélisation du fort Youkon fut tentée deux autres fois, avec le même insuccès, par le Père Petitot, l’été 1870 (note 1), et par Mgr Clut, avec le Père Lecorre, l’hiver 1872-1873. Cf. chap. VIII.


Dernière édition par Louis le Ven 14 Juil 2023, 6:49 pm, édité 1 fois (Raison : Liens pour la "plantation triomphale de la croix".)

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Message  Louis Sam 15 Juil 2023, 6:51 am


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

LE PÈRE JEAN SÉGUIN

Chez les Loucheux.

Trente fois, le Père Séguin retourna chez les Loucheux, soit au fort Mac-Pherson (430 kilomètres), soit au fort de la Petite Rivière Rouge Arctique (332 kilomètres).

Pendant trente ans, dit le Père Giroux, il fit chaque année ce voyage de près de 200 lieues, aller et retour, en canot d’écorce ou en barque. Ce n’était pas partie de plaisir, vous pouvez m’en croire. Partant après la débâcle, c’était l’époque des pluies et des vents contraires pour descendre, et en outre les grèves n’étaient guère abordables, étant recouvertes de vase ou de glaçons. Arrivé chez les Loucheux, c’était quinze jours de séance dans une petite cabane où chacun venait exposer son cas, et se faire instruire, cela du matin au soir. La nuit se passait à faire de la fumée pour chasser les maringouins; mais outre que cela ne remplaçait pas un sommeil nécessaire, cette fumée donnait bientôt l’ophtalmie. Alors il fallait abandonner la fumée et se laisser dévorer vivant. Au saint autel, c’était une demi-heure de massacre sanglant du pauvre prêtre, à qui la liturgie ne laisse aucune défense contre les moustiques. Allons, voilà qui n’est pas plaisant.

Pour prouver que je n’exagère pas, je dirai qu’en 1889, dans l’intérieur de la chapelle, à la rivière Rouge Arctique, en quelques instants, j’ai vu tuer, à l’unique châssis de la chapelle, en les écrasant, assez de maringouins pour former une masse grosse comme le poing.

Eh bien, de ces tourments que je connais, comme de la nourriture affreuse qu’on lui servait, je n’entendis jamais le Père Séguin, non seulement se plaindre, mais même parler...

Voyez-le remonter de là à Good-Hope, assis, au moins seize heures par jour, dans un esquif, pendant six à huit jours, rôti par un soleil qui vous incommode d’autant plus que l’hiver a été plus long, assailli de moustiques qui ne vous permettent pas un seul moment d’enlever le voile qui vous couvre la figure, sans parler des pluies, des orages et des accidents, des amabilités et de la paresse des jeunes gens, en voilà assez pour satisfaire toutes les patiences...


A Good-Hope, la conversion des Peaux-de-Lièvres…

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Message  Louis Dim 16 Juil 2023, 12:05 pm


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres
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La conversion des Peaux-de-Lièvres.

Good-Hope, la conversion des Peaux-de-Lièvres fut lente et laborieuse. Si le Père Grollier les défendit contre l’hérésie, si le sacrifice de sa vie leur fit désirer la foi, le travail de les tirer de leur paganisme revint au Père Séguin.

Tandis que le Père Petitot, son compagnon de 1864 à 1878, courait au loin, de la mer Glaciale au Grand Lac de l’Ours, et que le Père Ducot préparait ses voyages au fort Norman, le Père Séguin, petit à petit, patiemment, avec l’esprit de prudence et la charité indulgente qui le caractérisaient, formait à la vie chrétienne les Peaux-de-Lièvres.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 Captur59

De quel bourbier eut-il à les soulever d’abord ?  Il l’écrivit à Mgr Faraud, qui le lui demandait, en 1866:

J’ignore si un jour de salut luira pour notre peuple. Le fait est qu’il se commet à notre porte des actes de barbarie qui font frémir. Je viens de donner la vie éternelle à un enfant que sa mère avait jeté dans l’ordure, aussitôt après sa naissance, afin de s’en débarrasser...

Les pères  emploient ici un affreux remède pour se conserver la vie; je vais vous le faire connaître... C’est en mangeant leurs enfants. Il vient de m’arriver un vieillard, qui s’est nourri ce matin encore d’un morceau de chair humaine, le dernier qui lui restait du corps de ses deux enfants. Il se rendait à ce fort, en compagnie de plusieurs sauvages: il leur a laissé prendre les devants, a dressé sa tente, et a massacré son fils et sa fille, et il s’en est rassasié. Comme je cherchais à lui inspirer l’horreur de ce forfait, il m’a répondu:

— J’ai ouï dire par nos anciens que plusieurs se sont sauvé la vie en mangeant la chair de leurs enfants: pourquoi n’aurais-je pas fait comme eux, puisqu’il y allait de ma vie?    (1)  

Ces malheureux ne savent pas ce qu’est le mariage. Ils prennent une femme et l’abandonnent ensuite. Ici les femmes se glorifient du nombre de leurs maris. On comprend dès lors les difficultés que nous avons à vaincre. Comment prêcher une religion de pureté et d’amour à une peuplade soumise à des habitudes de ce genre, qui ont force de loi par une prescription de plusieurs siècles  ?


L’épreuve, voix sévère de la miséricorde de Dieu, vint plusieurs fois à l’aide du…
___________________________________________________________________________________

(1) La tribu des Peaux-de-Lièvres eut, par sa misère, les plus fréquentes occasions de tomber dans le cannibalisme. Les missionnaires trouvèrent le souvenir encore palpitant des boucheries de 1840-1841, où 90 personnes furent mangées, plusieurs tuées par leurs parents. Deux mégères attendirent, sur une grève du Mackenzie, deux employés de la Compagnie qui devaient passer, avec le courrier. Elles les attirèrent à elles, et, pendant leur sommeil, les égorgèrent pour s’en repaître.

« — On vit, dit Mgr Taché, de malheureuses mères tombées dans le désespoir, saisir leurs petits enfants morts d’inanition, les élever en l’air, en poussant des vociférations affreuses, suivies de ce rire désespéré plus cruel que les pleurs, puis rôtir ces enfants pour en déchirer les membres et les partager avec ceux qu’un reste de forces protégeait encore contre le dernier râle de l’agonie. »

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Message  Louis Lun 17 Juil 2023, 6:55 am


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La conversion des Peaux-de-Lièvres.

SUITE

L’épreuve, voix sévère de la miséricorde de Dieu, vint plusieurs fois à l’aide du missionnaire: ce furent les famines, toujours favorisées, à Good-Hope, par la nuit de l’hiver qui empêche les grandes chasses; ce furent les épidémies périodiques, qui hâtent les funérailles des nations Peaux-Rouges.

En 1874, comme la tribu semblait définitivement conquise, un schisme se déclara. Le Père Séguin mit longtemps à découvrir la cause des agissements étranges du groupe révolté: abstention de la messe, affectation de travailler le dimanche, blasphème, etc...

Je pensais que tu connaissais cela, lui dit enfin une sauvagesse. Quand les barges sont revenues ici du Portage la Loche, les hommes ont dit qu’ils avaient vu un sauvage qui était mort l’année d’avant, et qui se trouvait ressuscité. Ce revenant leur a appris qu’il avait passé l’hiver avec le bon Dieu, et que le bon Dieu l’avait renvoyé sur la terre, pour faire savoir aux autres sauvages que lui, le bon Dieu, était fatigué de l’ouvrage que les prêtres lui donnaient; qu’il n’avait même plus le temps d’allumer sa pipe un petit brin, ni de dormir; que c’était un péché de ne pas travailler le dimanche; que quand les prêtres disaient la messe pendant la nuit, le ciel devenait tout noir et que le bon Dieu n’était pas content...

Bêtise humaine ! Que de formes a-t-elle su revêtir, depuis « l’aurore du monde, où elle fut inventée », jusqu’à nos Peaux-de-Lièvres !

Heureusement que cette fois le courant de bon sens, créé par la religion, éteignit bientôt l’exaltation des illuminés, et qu’ils revinrent à la simplicité de la foi.

Ce fut le dernier fléchissement du côté du paganisme…

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Message  Louis Mar 18 Juil 2023, 6:23 am


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La conversion des Peaux-de-Lièvres.

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Ce fut le dernier fléchissement du côté du paganisme.

Quelques années après, lorsque le Père Ducot arriva, il était ravi de voir « tous les sauvages assister à la messe quotidienne, et prier comme des religieux ».

En 1894, la ferveur se maintenait. Le Père Séguin le reconnaissait lui-même:

Jusqu’à présent (7 février), nous avons eu un hiver bien rigoureux. Le thermomètre centigrade s’est tenu en dessous de 50 degrés de froid, pendant une semaine; durant deux jours, il est descendu à 56 degrés. Malgré ce froid intense, les sauvages campés autour n’ont pas discontinué de venir chaque jour à la messe, et d’assister, le soir, à l’exercice du mois de la Sainte-Enfance.

Quel dommage pour  le Père Séguin, comme tant d’autres prêtres de l’époque, ait eu à respirer, dans sa jeunesse, les dernières émanations de l’atmosphère janséniste, qui glaça l’Europe, au siècle passé ! Son respect de la sainte Eucharistie, ainsi entendu, lui faisait considérer comme la récompense seulement de la vertu le sacrement de force qui est premièrement le moyen de l’acquérir. Il tremblait d’ouvrir le tabernacle à ses enfants, avant leur mariage. Rien ne put le décider à plus de libéralité. Dieu n’avait pas encore suscité Pie X.

Cependant les longues nuits de Good-Hope, les veillées aux lueurs de l’âtre ou à la chandelle de suif, les miroitements du soleil sur la neige du printemps achevèrent l’action funeste de la « fumée aux maringouins », sur les yeux du missionnaire: il devint presque aveugle.

En 1901, ses supérieurs lui proposèrent d’aller en France consulter les docteurs.

Les Peaux-de-Lièvres l’accompagnèrent au bateau, avec les démonstrations de douleur que saint Paul reçut de ses néophytes d’Éphèse. Il leur promit de revenir aussitôt que l’opération serait faite et de mourir parmi eux, comme le Père Grollier.

Les médecins ne devaient pas le guérir. Il s’adressa au Sacré-Cœur de Paray-le-Monial, à…

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Message  Louis Mer 19 Juil 2023, 5:22 am


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

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La conversion des Peaux-de-Lièvres.

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Les médecins ne devaient pas le guérir. Il s’adressa au Sacré-Cœur de Paray-le-Monial, à Notre-Dame de Lourdes. Mais sa couronne était achevée. Il s’endormit du sommeil du juste, le 11 décembre 1902, près de sa sœur bien-aimée et d’une filleule dévouée, toutes deux bienfaitrices de ses missions. Il était né le 27 novembre 1833.

Cette année de souffrance et d’exil, loin de son « chez nous » — Good-Hope, voulait-il dire — fut une prédication pour Ennezat et pour le clergé de la région qui le visitait. Ne pouvant plus prêcher en peau-de-lièvre, il redoublait ses deux autres fonctions de missionnaire: prier et se mortifier.

Mlle Séguin lui avait préparé un lit bien doux. Il n’y reposait pas.

— Pourquoi ? lui demanda-t-elle.

— C’est ta plume qui me rend malade, répondit-il. N’as-tu donc pas dans le grenier quelques morceaux de bois? Si j’avais mes bois de l’Amérique et mes neiges !

Il célébra la messe, toujours la même par privilège, jusqu’au 3 novembre. Une longue préparation était chaque fois donnée, comme à Good-Hope, à l’auguste sacrifice. Parfois la garde-malade le trouvait levé, à trois heures: il se préparait à la sainte-messe qu’il devait dire à six heures.

— Mais, frère, je t’en prie, couche-toi donc !

— Allons, tu n’y entends rien, toi. Tu ne sais pas toutes les grâces que le bon Dieu veut m’accorder, surtout au saint sacrifice !

Un matin qu’il avait prolongé beaucoup au delà d’une heure son action de grâces, comme la sœur allait l’avertir que son déjeuner l’attendait:

— Oh ! laisse-moi donc encore ! C’est si bon d’être avec son Ami !

Lorsque, le matin du 11 décembre…

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Message  Louis Jeu 20 Juil 2023, 6:47 am


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CHAPITRE XV: Peaux-de-Lièvres

LE PÈRE JEAN SÉGUIN

« Le saint est mort ! »

Lorsque, le matin du 11 décembre, les glas tombèrent sur Ennezat, de toutes les lèvres en même temps s’échappa l’exclamation:

— Le saint est mort ! Le saint est mort !

En revenant du cimetière, le samedi, veille de la solennité de l’Immaculée Conception, comme le carillon des premières vêpres chantait, les bons fidèles se disaient:

— C’est l’entrée du saint au ciel. La Sainte Vierge vient le chercher.

Les Peaux-de-Lièvres firent écho à Ennezat, par leurs témoignages de deuil et de vénération. Ils pleurèrent leur missionnaire si aimé et firent chanter de nombreuses messes pour lui. Ils continuent à vivre de son souvenir et de ses enseignements.

***

Le Père Houssais, compagnon du Père Séguin depuis 1895, reçut son héritage. Il eut l’honneur de former, à son tour, de 1907 à 1912, deux missionnaires, trouvés dignes du martyre: les Pères Rouvière et Le Roux.

Le Père Giroux, aidé du Père Robin, dirigea, de 1916 à 1919, la mission modèle de Notre-Dame de Bonne-Espérance. Le Père Robin la garde seul aujourd’hui.

Le 1er octobre 1918, les Peaux-de-Lièvres déposaient, à côté du Père Grollier, un autre saint, apôtre inconnu dont nous espérons esquisser un jour la vie: le Frère Kearney. Il était arrivé, en 1861, à la mission de Notre-Dame de Bonne-Espérance, qu’il ne devait plus quitter.

Chapitre XVI. Les Loucheux…


Dernière édition par Louis le Lun 28 Aoû 2023, 6:00 am, édité 3 fois (Raison : Insertion du lien.)

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Message  Louis Ven 21 Juil 2023, 6:29 am



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CHAPITRE XVI

LES LOUCHEUX

Batailles et réconciliation. — Bas-Bretons de l’Extrême-Nord. — « Quels braves gens! » Les Pères Constant Giroux et Camille Lefebvre. Du fort Mac-Pherson à la Petite Rivière Rouge Arctique. Un poitrinaire sous la bise glaciale. Le Père Lefebvre en détresse. La MÈRE DES LOUCHEUX. La langue et l’âme françaises à l’océan Polaire.

Batailles et réconciliation.

Les Loucheux, ainsi dénommés par les Coureurs-des-bois, à cause d’un certain strabisme qui affectait, dit-on, la vue de plusieurs, sont les plus reculés de la nation Dénée, vers le Nord.

Les types à la vaste encolure, au front arqué, au regard assuré, que conserve la tribu jusque dans sa déchéance générale, disent assez combien redoutables durent être jadis ces Peaux-Rouges. Les Esquimaux, leurs voisins, en témoignent aussi, au souvenir des dépouilles sanglantes par lesquelles ils payèrent plus d’une fois leurs propres férocités, à l’égard des Loucheux. Peu de mois avant l’arrivée du missionnaire, pour ne mentionner que ce fait, comme les chasseurs Loucheux étaient partis, les Esquimaux s’introduisirent dans leur camp, massacrèrent les femmes et les enfants et brûlèrent le village. Les chasseurs se lancèrent à la poursuite des bandits. Rencontrant un groupe d’Esquimaux à la Pointe-Séparation, ils les tuèrent et étendirent leurs cadavres éventrés le long du rivage, sous un poteau où ils écrivirent: « Que les Esquimaux qui passeront apprennent ainsi le sort qui les attend. »

Les deux races étaient encore en guerre, lorsque le Père Grollier parut au milieu d’elles, armé de la Croix. Il leur présenta le signe divin de la réconciliation, et depuis elles vécurent en paix.

Les Loucheux se distribuent sur les deux versants des montagnes Rocheuses, le grand nombre peuplant le territoire du Youkon, les autres le bas Mackenzie.

Nous savons les douloureuses déceptions trouvées au Youkon par les missionnaires de 1862, de 1870 et de 1872 (1) .

Les Loucheux du bas Mackenzie, les seuls qui nous occuperont, se réunissent, pour la traite de leurs fourrures, les uns au fort Mac-Pherson, les autres à la Petite Rivière Rouge Arctique.

Le fort Mac-Pherson, situé à 430 kilomètres de navigation du fort Good-Hope, et la Rivière Rouge Arctique à 332 kilomètres, sont perdus en pleine région polaire, sous la nuit sans midi de l’hiver, et sous le jour sans minuit de l’été.  L’aquilon arrive intact à ces parages; car ni une montagne, ni une forêt ne l’a brisé, depuis l’océan Glacial.

Le fort Mac-Pherson fut longtemps le seul à grouper nos Loucheux. Il est placé sur la rive gauche de la rivière Peel — vulgairement rivière Plumée,— à 48 kilomètres de la Pointe-Séparation, laquelle marque le confluent de la rivière Peel et du Mackenzie, à la tête même du delta du fleuve.

Quant à la Rivière Rouge Arctique, elle se jette sur la gauche du Mackenzie également, à 50 kilomètres en amont du delta. Aux crues très hautes, le fleuve la force à rebrousser chemin vers les montagnes Rocheuses. Presque en tous temps, ce confluent de la Rivière Rouge Arctique et du Mackenzie entretient une pêche suffisante, et invite les Indiens à établir sur ses bords leurs quartiers d’approvisionnement.

Cordialité dans l’accueil, gaieté retentissante, obstination en toute entreprise:…
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(1) V. chap.VIII et XV.

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Message  Louis Sam 22 Juil 2023, 6:37 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Bas-Bretons de l’Extrême-Nord.

Cordialité dans l’accueil, gaieté retentissante, obstination en toute entreprise: ainsi pourrait-on caractériser les Loucheux. La foi de ces « Bas Bretons de l’Extrême-Nord » a triomphé de toutes les superstitions, et reste lumineuse, impulsive, indéracinable.

« — Quels braves gens…

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Message  Louis Dim 23 Juil 2023, 5:44 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

« Quels braves gens ! »  

« — Quels braves gens, s’écriait Mgr Grouard, les rencontrant pour la première fois, en 1890 ! Je n’ai jamais vu tant de foi, de piété et d’entrain que chez eux ! »

Pendant la famine 1888-1889, qui épargna les régions polaires moins  que le reste du vicariat d’Athabaska-Mackenzie, deux familles Loucheuses, jeûnant depuis des semaines, parvinrent à se traîner jusqu’à la mission Notre-Dame de Bonne-Espérance:

«— Hélas ! pauvres enfants, leur dirent les missionnaires, que venez-vous faire ici ? Vous savez bien que nous n’avons rien pour vous secourir !

«—C’est vrai, nous le savions, répliqua celui qui avait encore la force de parler; mais nous n’avions rien non plus là-bas. Alors nous sommes venus pour entendre encore une messe. Après cela, nous pourrons mourir; nous serons contents ».

Aux prises avec une autre famine, un camp de Loucheux se vit réduit par la vilenie des commis-traiteurs à choisir entre la mort et l’apostasie:

— Faites-vous protestants, leur disait-on, et vous aurez des vivres, du plomb, de la poudre, des vêtements.

— Gardez vos biens, répondirent les Indiens. Nous mourrons de faim, s’il le faut; mais nous resterons catholiques !

Le missionnaire ne résidait pas encore parmi eux, à cette époque.

Telle qu’elle est aujourd’hui, la mission Loucheuse peut être proposée comme le modèle de la chrétienté, qui n’a de cœur que pour aimer Dieu et ses prêtres.

Mais, sans parler de la langue, le plus difficile des dialectes dénés, sans insister sur les rigueurs extrêmes du climat, combien il en coûta pour faire naître et pour sauvegarder la foi de ces Loucheux !

Le Père Grollier, arrivé au fort Mac-Pherson, en septembre 1860…

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Message  Louis Lun 24 Juil 2023, 6:56 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

« Quels braves gens ! »  

SUITE

Le Père Grollier, arrivé au fort Mac-Pherson, en septembre 1860, le jour de la fête du Saint Nom de Marie, donne ce divin vocable, « gage de toutes les grâces », à sa nouvelle mission. Ayant baptisé soixante-cinq Loucheux et quatre Esquimaux, il retourne à Good-Hope, tout heureux; mais pour revenir, l’année suivante, presque mourant, et ne trouver que les ruines accumulées par le ministre.

Au Père Séguin de reprendre le combat. De 1862 à 1890, chaque année, soit en canot d’écorce, soit à pied, il refait cette course de 200 lieues, de Good-Hope aux Loucheux et des Loucheux à Good-Hope (1). En 1868, à sa septième tournée apostolique, il trouve sa mission du fort Mac-Pherson si accablée de nouveau sous les coups du ministre établi sur les lieux et de la femme Loucheuse du commis, qu’il décide de diviser le champ de bataille, et qu’il place une chapelle au confluent de la Rivière Rouge Arctique et du Mackenzie, où il espère retenir les Indiens de bonne volonté, loin de l’atmosphère néfaste de Mac-Pherson.

Le missionnaire continua néanmoins ses visites aux Loucheux de la rivière Peel, jusqu’en 1873, date où ces malheureux eurent l’audace de lui représenter eux-mêmes que ses efforts pour gagner leurs âmes seraient désormais inutiles, attendu que leur nouveau ministre, M..., venait d’épouser une jeune Loucheuse qu’un naïf sauvage lui avait confiée, et que cette femme rusée, fougueuse, infatigable parleuse, de cœur généreux d’ailleurs, était la parente estimée de tous les Indiens de l’endroit. Le Père Séguin dut alors borner son ministère passager au camp de la Rivière Rouge Arctique, tout en soupirant après un Oblat qui pût demeurer parmi tous les Loucheux et assurer leur salut.

Cet Oblat, ce missionnaire, fut enfin trouvé par Mgr Faraud…
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(1) V. chap. XV.

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Message  Louis Mar 25 Juil 2023, 5:52 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Les Pères Constant Giroux et Camille Lefebvre.

Cet Oblat, ce missionnaire, fut enfin trouvé par Mgr Faraud. C’était le Père Constant Giroux.

Débarqué au fort Good-Hope, en juillet 1888, le Père Giroux prit contact avec les Loucheux au printemps 1889. Le 28 avril 1890, instruit de leur langue et rompu à la vie polaire, il arriva, pour y résider définitivement, au fort Mac-Pherson.

Il défricha aussitôt l’emplacement de la mission; puis, assisté d’un sauvage, il se mit à équarrir le bois nécessaire pour une maison de six mètres sur cinq. A la débâcle, il amassa deux radeaux de troncs d’arbres; et, le 21 juin, lorsque le Père Lefebvre, conduit par Mgr Grouard, toucha Mac-Pherson, en route pour la mission esquimaude qu’il venait explorer, les visiteurs trouvèrent les fondations de la maison déjà jetées.

Deux fois, le Père Camille Lefebvre repassa au fort Mac-Pherson, venant du fort Good-Hope afin d’évangéliser les Esquimaux. En 1892, il s’arrêta sous le toit du Père Giroux, et devint son socius, son compagnon de solitude.

De cette résidence, tous deux portèrent la vérité du salut jusque dans l’océan Glacial. C’est ainsi que deux fils de la Province de Québec eurent, et retiennent encore, l’honneur d’avoir annoncé l’Evangile à la latitude  la plus septentrionale de l’apostolat catholique.  

Les Pères Giroux et Lefebvre luttèrent ensemble, six années durant, contre le froid (1), contre la faim, contre la pauvreté, contre l’isolement, contre les agressions de l’hérésie, contre la corruption apportée par des Blancs, indignes de leur race.

Jusqu’en 1896, ils occupèrent le fort Mac-Pherson, espérant…
______________________________________________________________________________________

(1) Il fait si froid, à la rivière Peel, qu’en tout janvier et décembre 1892, par exemple, le thermomètre centigrade se tint constamment entre 40° et 53° au-dessous de zéro. Plus loin que le fort Good-Hope, on ne songe plus à récolter un légume. Le sol y est à jamais gelé; et la chaleur même de l’été, souvent torride (elle dépasse parfois, à l’ombre, la température du sang humain), n’y portera point remède. Cet été d’équateur, trop court pour amollir la terre et laisser mûrir les plantes, ne semble bon qu’à faire éclore ces peuplades incroyablement denses de maringouins, dont parlait le Père Giroux, au sujet du Père Séguin, son prédécesseur dans la région polaire.

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Message  Louis Mer 26 Juil 2023, 6:23 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Les Pères Constant Giroux et Camille Lefebvre.

SUITE

Jusqu’en 1896, ils occupèrent le fort Mac-Pherson, espérant toujours ressaisir les brebis perdues. Alors survint une recrudescence d’opposition à leur zèle, qui leur fit prendre la détermination d’abandonner la rivière Peel et de transporter tout l’avoir de la mission du Saint Nom de Marie à la Rivière Rouge Arctique, parmi les Loucheux fidèles. Ils savaient d’ailleurs qu’ils seraient suivis par les quelques bons Indiens du fort Mac-Pherson.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 Page_410

Il nous est difficile de comprendre l’intensité du sacrifice que s’imposaient, par cette décision, les missionnaires. Il faudrait avoir assisté, jour par jour, aux travaux qu’ils avaient accomplis pour construire leur abri du fort Mac-Pherson et préparer une maison-chapelle plus digne de Dieu. Afin de monter une scierie, que le vent devait mouvoir, ils avaient peiné de la hache, de la scie et du marteau pendant des mois; mais, au moment de fonctionner, la scierie elle-même avait fait défaut. Non découragés, ils avaient demandé à la rivière Peel sa force motrice: comme ils finissaient d’élever une digue, fruit d’un labeur de quatre mois, ils virent la rivière se gonfler soudain et défoncer aussitôt l’écluse. Quelques minutes plus tôt ou plus tard, l’inondation eût trouvé le Père Giroux sur la digue, et l’eût emporté avec les débris vers l’océan. Les deux missionnaires se mirent alors à scier de long; et, malgré tous les déboires, les planches de la maison-chapelle étaient apprêtées, lorsqu’il fallut partir.

Par le chemin d’hiver, qui mesure environ 70 kilomètres, ils transportèrent tout ce qu’ils purent de leurs effets. Ils eurent même, dans ces trente à quarante voyages de halage, à se priver de toute aide étrangère, de peur de donner l’éveil au commerçant du fort, et de s’attirer de sa part des entraves peut-être insurmontables.

L’adieu ouvert fut donné  adieu au fort Mac-Pherson, le 7 avril 1896…

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Message  Louis Jeu 27 Juil 2023, 6:46 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Du fort Mac-Pherson à la Petite Rivière Rouge Arctique.

Ils dirent ouvertement adieu au fort Mac-Pherson, le 7 avril 1896.

Aussitôt leur tente fixée à la Petite Rivière Rouge Arctique, les deux pionniers, sans négliger les nécessités du saint ministère, se dévouèrent à la tâche de construire la mission. Ne s’accordant d’autre repos que celui des dimanches, ils partaient de grand matin, après leur déjeuner, s’enfonçaient dans les maigres forêts, sapaient des arbres, les traînaient en s’y attelant, les équarrissaient, et ne rentraient qu’à la fin du jour, pour prendre à la fois leurs dîner et souper. Quelques lièvres, trouvés dans les collets tendus, et un pain gluant, fait avec des œufs de poisson, composaient l’ordinaire. De pain de froment, ils ne goûtèrent que deux fois, cette année-là.

La maison-chapelle, à peu près finie, fut inaugurée par la messe de minuit du 25 décembre 1896:  « Ce ne sera pas plus beau dans la grande maison de Celui qui a fait la terre », s’écriaient tous les Loucheux.

Deux ans de vie commune et laborieuse suivirent encore ce Noël.

Le 21 avril 1898, le Père Lefebvre, sur l’ordre de Mgr Grouard, embrassait son cher compagnon et prenait la route de Dawson, viâ les montagnes Rocheuses, à titre de missionnaire des mineurs du Klondyke, au Youkon  (1)

Le Père Giroux garda la mission du Saint Nom de Marie, en compagnie du Frère Louis Beaudet, jusqu’en 1902; et seul, de 1902 à 1904 (2).

Depuis 1905, le Père Lécuyer s’occupe de la tribu des Loucheux…
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(1)  Il demeura à Dawson jusqu’en 1907. Depuis lors, il remplit les fonctions de procureur vicarial du Mackenzie. Chaque année, il refait le voyage de Montréal, où il achète les effets des missions, à la petite Rivière Rouge Arctique, où il achève de les distribuer. A lui la perpétuelle inquiétude de «  joindre les bouts ensemble ».

(2)  Rentré à Good-Hope pour l’hiver, il retourna à la mission du Saint-Nom de Marie, en 1905, pour y installer le Père Lécuyer. De là, il s’en fut au fort Providence, comme supérieur de la mission, jusqu’en 1915. De la Providence, il retourna à Good-Hope. En 1919, réduit par la fatigue, il dut être rapatrié dans la province de Québec. Il a certes bien mérité du Mackenzie, en ses trente ans de missions polaires.


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Message  Louis Ven 28 Juil 2023, 6:35 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Un poitrinaire sous la bise glaciale.

Depuis 1905, le Père Lécuyer s’occupe de la tribu des Loucheux. A l’étonnement de ceux qui le virent partir du scolasticat de Liège pour si loin, tout pâle, les poumons gravement lésés, il pourrait répondre aujourd’hui (1922), en montrant la joyeuse couleur de ses joues, que l’ardeur apostolique et la bise de l’océan Glacial sont de fameuses gardiennes de la belle humeur et de la santé.

De la mission du Saint Nom de Marie, soit qu’elle fût au fort Mac-Pherson, soit qu’elle fût à la Rivière Rouge Arctique, les missionnaires se sont élancés à la recherche des portions disséminées de leur bercail.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 Captu154

Le Père Lefebvre alla deux fois chez les Esquimaux de l’Ile Richard…

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Message  Louis Sam 29 Juil 2023, 5:56 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Le Père Lefebvre en détresse.

Le Père Lefebvre alla deux fois chez les Esquimaux de l’Ile Richard, à l’extrême embouchure orientale du Mackenzie, et trois fois chez ceux de l’Ile Herschell, à quatre jours de barque dans l’océan Glacial même. C’est comme par miracle qu’il revint du premier de ses voyages à l’Ile Richard.

Les Esquimaux avaient promis de le reconduire au fort Mac-Pherson; mais, le temps venu, personne ne voulut partir. Le père remonta 50 kilomètres du delta du Mackenzie, dans l’espoir de rencontrer un camp de pêcheurs Loucheux. Au lieu de ces bons Indiens, il ne trouva que quelques familles esquimaudes. L’une d’elles accepta de le transporter, moyennant une très forte rétribution. C’était le 19 août. Le 24 seulement il plut à l’Esquimau de commencer la route. En deux jours de rame, il fit une dizaine de lieues. Voyant alors le missionnaire à sa merci, il lui déclara, menaçant, qu’il n’irait pas plus loin, au prix convenu. Le père, incapable de se plier à ses exactions, et comprenant d’ailleurs qu’il avait tout à redouter de ce fourbe sauvage, se chargea du reste de ses provisions, et entreprit, à pied, sur l’horrible plage du delta, un trajet de 240 kilomètres. Il ne pouvait compter, en cette saison et en ces lieux, sur aucun secours humain:

La grève, dit-il, était remplie de saules épais à travers lesquels je devais me frayer une route. Si je m’en éloignais, c’était pour monter des côtes à pic et élevées comme des montagnes et pour descendre aussitôt dans de larges et profonds ravins, ayant, en les traversant, de l’eau jusqu’à mi-jambes. Le soir arrivé, j’étais harassé. Mon paqueton qui pesait une trentaine de livres, semblait en peser plus de cent ! Mais la Providence veillait sur son missionnaire...

La Providence veillait en effet, car le lendemain il n’avait pas marché une demi-heure qu’il aperçut, dans une sapinière, deux tentes Loucheuses:

Je n’en croyais pas mes yeux, continue-t-il. Jugez de ma joie. Encore quelques minutes et j’y arrivai. Les chiens plus que moi donnèrent le signal du réveil. Quelle ne fut pas la surprise de ces braves gens en apercevant, au sortir de leurs tentes, un prêtre ! Leur joie était telle qu’ils ne cessaient de me dire merci.

Avec de tels amis, le reste du voyage fut un plaisir…

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Message  Louis Dim 30 Juil 2023, 5:43 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

Le Père Lefebvre en détresse.

SUITE

Avec de tels amis, le reste du voyage fut un plaisir.

Le Père Giroux lui-même se rendit une fois jusqu’à l’Ile Herschell; mais ses campagnes ordinaires avaient pour rayons les 350 kilomètres à la ronde que fréquentaient les Loucheux. Ses raquettes et son canot croisèrent en tous sens le domaine errant de ses bons enfants. Regagna-t-il une seule fois sa cabane, sans rapporter de sa course un cœur brisé par des spectacles de souffrance ?  Les consolations d’avoir vu la résignation sublime de ses chrétiens l’emportaient toutefois sur sa tristesse.

Son noviciat des horreurs du Nord commença de bonne heure. A peine avait-il atteint la terre de son apostolat, en 1889, qu’il écrivait:
.
..Nous apprenons qu’un chasseur jeûnait au lac d’Auray (non loin de Good-Hope). Nous n’aurions pu, malheureusement, rien faire pour lui. La mission épuisait ses dernières ressources. Dans le courant d’avril, le pauvre sauvage succomba, et sa femme vint s’installer, avec ses enfants, sur le bord d’un chemin, espérant que quelque traîneau passerait par là et lui porterait secours...

Ses deux garçons moururent les premiers. On a pu s’en convaincre par la sépulture que les mains maternelles leur firent sous la neige, à l’extérieur de la loge. Les deux grandes filles succombèrent après eux, car la mère n’eut plus la force de sortir leurs cadavres et de leur rendre le même triste devoir. Elle dut prendre alors dans ses bras sa dernière petite fille âgée seulement de quelques mois, et, la pressant sur son sein, la mettre à la source de la vie, si forte sit spes ! Mais non, il n’y avait plus d’espoir...

Toutefois, cet être fragile et délicat survécut à toute la famille, car, par sa position, on reconnut que l’enfant avait fait des efforts pour s’arracher des bras de sa mère...


Parmi les morts qu’il eut à déplorer dans sa chrétienté Loucheuse, le Père Giroux n’en vit…


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Message  Louis Lun 31 Juil 2023, 6:42 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

La MÈRE DES LOUCHEUX

Parmi les morts qu’il eut à déplorer dans sa chrétienté Loucheuse, le Père Giroux n’en vit peut-être de plus tristement touchante que celle de la vieille Cécile, célèbre sauvagesse-apôtre, qui avait été le précurseur, puis l’auxiliaire du prêtre, dans sa tribu.

Elle était digne de la qualification de Mère des Loucheux, qu’aimait à lui donner Madame Gaudet  (1).    

Mère et grand’mère de beaucoup, Cécile le fut, au vrai, selon la nature. Elle devint la mère de tous dans la foi et dans l’abolition du paganisme.

Née on ne sait quand, instruite par Madame Gaudet, bien avant 1860, elle désirait depuis longtemps et travaillait à faire désirer l’arrivée du missionnaire, lorsque le Père Grollier la baptisa. Chefferesse reconnue, telle la bonne femme Houle du fort des Liards, elle eut pour sujets les Loucheux du Mackenzie — ainsi désignait-on les Indiens du confluent de la Rivière Rouge Arctique et du fleuve Mackenzie pour les distinguer de ceux de la rivière Peel (fort Mac-Pherson).

Enorme de carrure, d’un port altier, franche de figure, orateur au verbe cinglant, elle entraînait à la conviction et à l’action, tant par la menace de son poing que par le procédé de l’affirmation, secret et force de l’éloquence, qu’elle maniait irrésistiblement. Tout pliait devant ses discours. Avant qu’elle eût enseigné la langue loucheuse au Père Séguin, elle traduisait à l’assemblée les sermons qu’il prononçait en peau-de-lièvre. Possédant par cœur le catéchisme que le missionnaire lui avait composé, et appuyée sur cette doctrine, elle prêchait d’elle-même; elle tranchait les cas de conscience. « Cécile l’a dit ! » était le Roma locuta est de toutes les discussions et finissait toutes les causes. Très âgée, elle apprend qu’un de ses petits-fils, gaillard superbe et chef du fort Mac-Pherson, incline à se laisser séduire par le ministre. Elle va à lui:

— Comment, toi, un de mes enfants, tu abandonnerais la foi catholique ! Entends-le bien:  tant que Cécile sera capable de tenir un bâton, pas un de ses Loucheux ne deviendra apostat !

En même temps, elle lui assène trois coups de gourdin sur la tête. Le chef crie grâce, et promet d’être sage.

A la fin, devenue aveugle de vieillesse et presque paralysée, il y avait une dizaine d’années…
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(1)  Madame Gaudet, d’origine française, quoique née au Mackenzie, était la femme de M. Gaudet, Canadien-français de Montréal, venu lui-même, très jeune, dans le pays, et chargé pendant plus d’un demi-siècle du poste-de-traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, au fort Good-Hope. De ce gentilhomme, de sa compagne encore plus, de leurs enfants distingués aussi, les missionnaires du bas-Mackenzie reçurent un puissant appui. Mme Gaudet, l’insigne bienfaitrice, mourut en prédestinée, à Good-Hope, l’année 1914. D’avoir discerné et préparé Cécile pour l’apostolat, de l’avoir ensuite soutenue par ses exemples, par ses conseils, par ses secours temporels, ne furent pas les moindres de ses bonnes œuvres.

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Message  Louis Mar 01 Aoû 2023, 5:43 am


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CHAPITRE XVI: Les Loucheux.

La MÈRE DES LOUCHEUX

SUITE

A la fin, devenue aveugle de vieillesse et presque paralysée, il y avait une dizaine d’années qu’elle ne vivait plus que de charité, lorsqu’une disette générale dispersa les Loucheux dans les bois. Il ne resta avec Cécile que Marguerite, sa sœur, aveugle elle-même, mais qui, pouvant encore marcher, allait à tâtons ramasser des branches pour le foyer. Puis Marguerite mourut, et Cécile se trouva seule. Le Père Giroux lui portait souvent la sainte communion, et il lui envoyait tous les secours en son pouvoir.

Un matin de septembre 1892, on la trouva morte dans sa loge. Son corps était roidi, dans des haillons qu’un Benoît Labre n’aurait pu porter. L’une des mains étreignait encore le chapelet que la pieuse centenaire avait usé, à force de l’égrener, jour et nuit, depuis toujours. La bonté envers tous, l’amour de Dieu résigné dans la souffrance avaient été les grandes vertus de Cécile, et l’empreinte en demeurait glacée sur ses traits, dans un demi-sourire.

A côté de la défunte, remuait, grise de vermine, une chemise de flanelle, dont elle s’était débarrassée, n’en pouvant plus d’être dévorée. Cette chemise était celle de Mgr Clut. L’évêque missionnaire, à son dernier passage, s’en était dépouillé lui-même pour la donner à Cécile, qu’il avait vue dénuée de tout.

« Ainsi mourut, dit le Père Giroux, cette chrétienne qui avait tant fait et tant souffert pour la foi, belle âme pure sur laquelle on ne pouvait trouver l’ombre d’une faute. »

Ravagés par les famines, les grippes, le typhus, les maux infects de Blancs immondes, les Loucheux du Mackenzie se comptent aujourd’hui à moins de 150. Mais ils finissent dans la ferveur de la foi.

Chapitre XVII: LES CRIS…

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Message  Louis Mer 02 Aoû 2023, 5:51 am


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Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 Captur63

CHAPITRE XVII

LES CRIS

Missions Crises et leurs missionnaires. — Caractère des Cris. — Le SCALP. — Les WINDIGOS.— Cris des prairies et Cris des bois. — Quels chrétiens devinrent les Cris.

Missions crises et leurs missionnaires.

Ce chapitre n’a d’autre dessein que de faire entrevoir la perspective que le présent ouvrage, consacré surtout aux Dénés et aux Esquimaux, doit, avec regret, laisser inexplorée. Puisse un livre plus grand et plus beau sauver un jour de l’oubli les années d’apostolat remplies par quelques prêtres séculiers d’abord, par des légions d’Oblats de Marie Immaculée ensuite, et par les religieuses, leurs auxiliaires, dans les tribus de la nation sauvage la plus populeuse, la plus répandue, et, à certains égards, la plus attachante du Nord-Ouest: la nation des Cris.

Les Cris ne pénétrèrent pas dans le district du Mackenzie; mais il formèrent la population principale des régions de l’Athabaska et de la rivière la Paix. Nous les avons vus déjà, mêlés aux Montagnais du lac Athabaska, et débordant les Castors des forts Vermillon et Dunvégan. Du fort Mac-Murray au lac la Biche, et de la rivière Athabaska à la Colombie Britannique, ils étaient, à l’époque de la création du vicariat d’Athabaska-Mackenzie, les maîtres du pays, laissant vivre à leurs côtés une poignée d’Iroquois, venus avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, et un tronçon émigré d’une tribu Assiniboine.

La mission Saint-Bernard du Petit Lac des Esclaves marquerait à peu près le quartier central des Cris de l’Athabaska. (1)

De cette mission Crise de Saint-Bernard (ville de Grouard aujourd’hui), comme de la…
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(1) Le Petit Lac des Esclaves — petit, par comparaison avec le Grand Lac des Esclaves — mesure 120 kilomètres de longueur sur 12 à 16 de largeur. Placé entre les 55º et 56° degrés de latitude, à mi-distance des rivières la Paix et Athabaska, il se déverse dans celle-ci par la petite rivière des Esclaves. Plusieurs missions prospèrent maintenant sur ses bords. La première en date, comme en importance, est la mission Saint-Bernard.

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Message  Louis Jeu 03 Aoû 2023, 5:22 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVII: Les Cris.

Missions crises et leurs missionnaires.

SUITE

De cette mission Crise de Saint-Bernard (ville de Grouard aujourd’hui), comme de la mission Castor-Crise de Dunvégan, son aînée, les Oblats allèrent fonder tour à tour les autres missions, toujours subsistantes: Saint-Antoine et Saint-Bruno du Petit Lac des Esclaves, Saint-François-Xavier du lac Esturgeon, Saint-Martin du lac Wabaska, Saint-Augustin de la rivière la Paix, Saint-Joseph de la rivière des Esprits, Saint-Vincent-Ferrier de la Grande-Prairie, Saint-Emile de Pouce-Coupé.

A tous ces postes, se sont dévoués les Pères Lacombe (1),  Rémas et Tissier, les pionniers; les Pères Le Serrec et Dupin, les fondateurs; le Père Husson, le bâtisseur; le Père Desmarais, « l’homme que jamais un obstacle n’arrêta », et qui, durant plusieurs années de noire misère, se constitua le maître d’école, à Saint-Bernard, tenant en échec l’opulent instituteur protestant, et sauvant ainsi des générations de Cris, de Métis et de Blancs; le Père Constant Falher, le voyageur et le maître en langue crise (2); le Père Henri Giroux, l’indomptable colonisateur; et les autres, qui souvent cumulèrent ces charges, comme les Pères Collignon, Le Treste, Dupé, Calais, Laferrière, Croisé, Girard, Pétour, Josse, Habay, Alac, Batie, Floc’h, Rault, Hautin, Jaslier, Dréau, Serrand...

Or, ces missions, ces missionnaires, que nous venons de citer, parce qu’ils…
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(1)  Il faut lire les deux Vies du Père Lacombe; l’une en anglais. The Black-Robe Voyageur, par Miss C. Hughes, Brigs publisher, Toronto: l’autre Le Père Lacombe, L’homme au Bon Cœur (son nom Pied-Noir), par une Sœur de la Providence, Le Devoir, Montréal.

(2) La langue Crise, très riche en formes et nuances, est sonore, douce, mélodieuse. C’est l’italien de l’Amérique du Nord. Son alphabet ne comporte pas plus de 15 lettres. Les voyelles dominent dans la construction des mots. Les groupes de consonnes y sont rares. Plusieurs de nos consonnes, telles que b, f, j, l, r, v, x et z, y sont inconnues et imprononçables. Langue très riche de formes et de nuances.

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Message  Louis Ven 04 Aoû 2023, 6:34 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVII: Les Cris.

Missions crises et leurs missionnaires.

SUITE

Or, ces missions, ces missionnaires, que nous venons de citer, parce qu’ils font partie intégrante du vicariat d’Athabaska, ne sont que le petit nombre, en regard des missions et des missionnaires Cris de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Keewatin (2).  

La différence entre les Cris et les Dénés est profonde…
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(2) Mission Crises principales de l’Alberta-Saskatchewan (diocèses d’Edmonton, Calgary, Régina, Prince-Albert, Saint-Boniface): Saint-Albert, Lac Sainte-Anne, Rivière-qui-Barre, Hobbéma, Stoney Plain, Lac la Biche, Lac Froid, Lac d’Ognon, Lac la Selle, Lac Bon Poisson, Lac Castor, Batoche, Fish Creek, Lac Canard, Battleford, Cut Knife, Delmas, Lac Maskeg, Flett’s Spring, Lac Vert, Qu’Apelle.

Missionnaires qui s’occupèrent de ces missions: Albert Lacombe, Mgr Grandin, Pères Végreville, Julien Moulin, André, Bourgine, Hugonard, Fourmond, Gasté, Maisonneuve, Tissot, Rapet, Paquette, Légeard, Brunet, Saint-Germain, Rémas, Chapelière, Jouan, Hert, Decorby, Fafard et Marchand (les deux martyrs du Jeudi Saint, 1885, au Lac la Grenouille), Henri Grandin, Mérer, Leduc, Ladet, Lemarchand, Tissier, Van Tighem, Boulenc, Laurent Legoff, Victor Legoff, Dauphin, Lestanc, Blanchet, Thérien Adéodat, Bigonesse, Comiré, Doucet, Riou, Gabillon, Delmas, Adolphe Watelle, Simonin Xavier, Simonin Gustave, Teston, Lajeunesse, Nordman, Portier, Beaudry, Cunningham, Poulenard Joanny, Leclainche, Daridon, Balter, Simard Louis, Dubois, Damase, Pierre Moulin, Lizée, Le Bré, Culerier, Cozanet, Marchand, Victorien, Philippot, Ernest Lacombe, Angin, Tessier, Waddel, Beys, etc.

Missions Crises du Vicariat du Keewatin (Mgr Charlebois): Le Pas, Cumberland, Lac Pélican, Ile à la Crosse, Grand Portage, Lac Laplonge, Lac Canot, Norway-House, Cross-Lake.

Missionnaires: S. G. Mgr Charlebois Ovide, Pères Lecocq, Bonnald, Rapet, Pénard, Ancel, Rossignol, Thomas Julien, Boissin, Renaud, Guilloux, Pinget, Guy, Bellemare, Ducharme, Dubeau, Lajeunesse.

Tous les missionnaires énumérés en cette note, ainsi que tous ceux de ce livre, à moins qu’il ne soit fait une distinction expresse, sont des Oblats de Marie Immaculée.

Evidemment nous ne touchons pas ici aux missions des Sauteux, Pieds-Noirs, Piégans, Gens du Sang, Sioux, qui occupèrent et occupent encore tant d’autres missionnaires Oblats du Nord-Ouest.

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Message  Louis Sam 05 Aoû 2023, 6:11 am


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE XVII: Les Cris.

Caractère des Cris.

La différence entre les Cris et les Dénés est profonde.

La nature passionnée du Cris peut le porter des extrêmes de la fureur aux extrêmes de la douceur, de la sorcellerie satanique au culte très pur du vrai Dieu. Moins enfant que le Montagnais, moins inconstant, plus lent à la conviction, il s’enracine, cette conviction une fois faite, dans une religion raisonnée et une logique de conduite qui rarement se démentira elle-même.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 15 Page_411

Le facies du Cris, moins bouffi que celui du Déné, mieux découpé, tout frappé à l’effigie indienne, est fait de fierté, de hauteur, de mépris, de stoïcisme. Emplumé à la mode antique, il devient une réelle beauté. Autant les Dénés sont timides, fuyards devant leur imaginaire ennemi, autant les Cris sont hardis, provocateurs, amateurs de l’escarmouche, audacieux dans le combat. Incontestable supériorité d’une race qui s’impose, en présence de sa voisine.

Dans les écoles-pensionnats, qui réunissent les deux races, la dernière pénitence que l’on puisse infliger à un petit Cris c’est de l’asseoir à côté d’une petite Montagnaise. Impossible de jeter plus de honte sur une jeune Crise que de lui dire: « On te mariera à un Montagnais ! » La large et belle place de l’Ouest américain qu’occupèrent les Cris ne raconte-t-elle pas, du reste, avec quelle puissance ils maintinrent, au nord et au sud de leurs tribus, les autres nations indiennes ?

C’est dans les guerres, dont nos premiers missionnaires virent les derniers…

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