Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XVII.II n'y a pour tous les êtres qu'une seule fin, qui est Dieu.SUITE
4º Toutes les fois que plusieurs fins sont coordonnées entre elles, la fin dernière doit être la fin de toutes celles qui la précèdent : par exemple, on compose un médicament pour un malade; on le lui administre pour le purger; on le purge pour l'affaiblir; on l'affaiblit pour le guérir; l'affaiblissement produit, la purgation et tout ce qui aura précédé n'auront donc pas d'autre fin que la guérison du malade. Or, tous les êtres, en proportion des divers degrés de bonté qu'ils renferment, sont subordonnés à un souverain bien unique, de qui toute bonté procède, comme de sa cause ; et parce que le bien constitue une fin, tous les êtres sont subordonnés à Dieu, de même que les fins précédentes [ou intermédiaires] le sont à la fin dernière. Donc Dieu est nécessairement la fin universelle des êtres.
5º Le bien particulier se rapporte au bien universel comme à sa fin; car la partie n'existe que pour le tout, et c'est pour cette raison que le bien d'une nation l'emporte sur le bien de l'individu. Or, le souverain bien, qui est Dieu, est le bien universel, puisque c'est de lui que dépend le bien de tous les êtres, et le bien qui rend bonne chaque chose est son bien particulier et celui des autres choses qui dépendent d'elle. Donc tous les êtres se rapportent, comme à leur fin, à un seul bien, qui est Dieu.
6º L'ordre respectif des agents détermine l'ordre respectif des fins...
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XVII.II n'y a pour tous les êtres qu'une seule fin, qui est Dieu.SUITE
6º L'ordre respectif des agents détermine l'ordre respectif des fins; car comme c'est l'agent supérieur qui met en mouvement tous les agents secondaires, la fin propre à chacun des agents secondaires est nécessairement subordonnée à la fin de l'agent supérieur, puisque tout ce qu'il fait, il le fait en vue de sa fin. L'agent supérieur réalise les actions de tous les agents inférieurs, en ce sens qu'il les détermine, par une sorte de mouvement, à se livrer à leurs actions particulières, et, par conséquent, à rechercher la fin qui leur convient; d'où il résulte que le premier agent fait rapporter à sa fin propre toutes les actions des agents secondaires.
Or, le premier agent qui a fait toutes choses est Dieu [liv. II, ch. 15], et sa volonté n'a pas d'autre fin que sa bonté, qui est lui-même [liv. I ch. 74 et 38]. Donc tout ce qui a été fait est coordonné par rapport à Dieu, qui en est la fin, par Dieu lui-même immédiatement, ou bien au moyen des causes secondes.
Or, il en est ainsi pour tous les êtres, puisque rien ne peut exister que ce qui a reçu de lui son être [liv. II ch. 6 et 15] . Donc tout se rapporte à Dieu, comme à sa fin.
7º La fin dernière de tout agent, en tant qu'il fait une chose, est…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XVIII. Comment Dieu est la fin de tous les êtres. …Dieu fin universelle.XVII.II n'y a pour tous les êtres qu'une seule fin, qui est Dieu.SUITE
7º La fin dernière de tout agent, en tant qu'il fait une chose, est lui-même ; car nous usons par nous-mêmes des choses que nous avons faites, et lorsqu'un homme fait quoi que ce soit pour un autre, c'est que cela tourne à son bien, à son avantage, à, son plaisir ou à son honneur. Or, Dieu est la cause efficiente de tous les êtres : il produit les uns immédiatement et les autres médiatement, c'est-à-dire, comme nous l'avons fait voir, au moyen des autres causes. Donc il est lui-même la fin de tout ce qui existe.
8º La fin est la première de toutes les causes, et c'est par elle que les autres causes deviennent des causes actuelles ; car l'agent n'agit que pour une fin [ch. 2], et c'est l'agent qui met actuellement la matière en possession de la forme. C'est pourquoi la matière est en acte la matière de tel être, et pareillement la forme est la forme de telle substance en vertu de l'action de l'agent, et par conséquent en vertu de la fin. La seconde fin est aussi la cause qui fait rechercher la cause précédente comme une fin ; car nul être ne se porte vers une fin prochaine, si ce n'est pour atteindre la fin dernière. Donc la fin dernière est la cause première et universelle. Or, cette qualité de cause première et universelle appartient nécessairement au premier être, c'est-à-dire à Dieu [liv. I, ch. 13], et [liv.II, ch. 15]. Donc Dieu est la fin dernière fin tous les êtres.
L'Écriture énonce ainsi cette vérité : Dieu a fait toutes choses pour lui-même [Prov., XVI, 4]. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier [Apoc.,XXII, 13].
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XVIII.Comment Dieu est la fin de tous les êtres.
Il nous reste donc à examiner comment Dieu est la fin universelle des êtres, et c'est ce qui ressort avec évidence des démonstrations précédentes. En effet :
1° Dieu est la fin dernière de tous les êtres, de telle manière cependant qu'il est le premier de tous quant à l'existence. Or, il est une fin qui, tout en obtenant la priorité comme cause, parce qu'elle est dans l'intention, est postérieure pour l'existence. C'est ce qui a lieu toutes les fois que par son action l'agent constitue sa fin ; ainsi, le médecin rétablit la santé du malade au moyen de l'action à laquelle il le soumet, et c'est là sa fin. Il est une autre fin qui a tout à la fois la priorité comme cause et sous le rapport de l'existence. On regarde comme une fin ce qu'un être cherche à acquérir lorsqu'il agit ou se met en mouvement: par exemple, le feu se meut pour s'élever en haut, et un roi livre une bataille pour s'emparer d'une ville. Donc Dieu est la fin des êtres, en ce sens que chacun d'eux doit le posséder de la manière qui lui convient.
2° Dieu est tout ensemble la fin dernière des choses et le premier agent [ch.17]. Or, la fin qui se trouve constituée par l'action de l'agent ne saurait être le premier agent, mais elle est bien plutôt un effet produit par cet agent. Donc Dieu ne peut être la fin des choses de la même manière qu'un être qui reçoit sa constitution de l'agent, mais seulement comme un être préexistant que l'agent doit posséder.
3º S'il arrive que l'agent fasse son action en vue d'une chose qui existe tout d'abord, et que cette…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XVIII.Comment Dieu est la fin de tous les êtres.SUITE
3º S'il arrive que l'agent fasse son action en vue d'une chose qui existe tout d'abord, et que cette action produise quelque effet, la chose qui détermine l'agent à agir acquiert nécessairement en vertu de son action ce qu'elle n'avait pas auparavant. C'est ainsi que les soldats combattent pour leur chef, qui par là remporte la victoire. Or, parce que Dieu est lui-même sa bonté absolument parfaite [liv. I ch. 38 à 41], aucun être ne peut lui faire acquérir quoi que ce soit. Donc Dieu est la fin des choses, non comme s'il était constitué ou produit par les autres êtres, ni comme s'il recevait d'eux quelque chose, mais uniquement parce que ces êtres cherchent à le posséder.
4º L'effet doit tendre vers sa fin de la même manière que l'agent agit en vue d'une fin. Or, Dieu, qui est le premier agent pour tout ce qui existe, n'agit pas comme devant acquérir quelque chose par son action, mais comme devant au contraire communiquer quelque chose, parce qu'il n'est en puissance pour rien recevoir, mais il est parfaitement en acte et cet acte lui donne le pouvoir d'agir avec libéralité. Donc les êtres sont coordonnés avec Dieu, non comme avec une fin qui reçoit d'eux quelque chose, mais pour arriver par lui à le posséder lui-même de la manière propre à chacun, puisqu'il est lui-même leur fin.
Chap. XIX. Tous les êtres s'efforcent de ressembler à Dieu…
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Chap. XX. Tous les êtres s'efforcent de ressembler à Dieu …Dieu fin universelle.XIX.Tous les êtres s'efforcent de ressembler à Dieu.
Par là même que les créatures parviennent à posséder [dans une certaine mesure] la divine bonté, elles deviennent semblables à Dieu.
1º Donc si tous les êtres se portent vers Dieu comme vers leur fin dernière, il s'ensuit que leur fin dernière est de ressembler à Dieu.
2º L'agent est une fin pour l'effet, parce que l'effet recherche la ressemblance de l'agent; et c'est pour cette raison que la forme du sujet produit est la fin de l'a production. Or, Dieu est de telle sorte la fin des choses, qu'il en est aussi le premier agent. Donc tous les êtres tendent, comme à leur fin dernière, à ressembler à Dieu.
3º Tous les êtres nous montrent clairement qu'ils recherchent l'existence en vertu de leur nature; c'est pourquoi ceux qui sont sujets à la destruction résistent naturellement aux principes destructeurs et font effort pour se mettre dans une condition telle qu'ils puissent s'y conserver : le feu, par exemple, s'élève en haut; la terre reste en bas. Or, tous les êtres ont l'existence parce qu'ils ressemblent à Dieu, qui est l'être subsistant lui-même, puisque [en dehors de lui] rien n'existe que ce qui participe à l'être. Donc tous les êtres tendent, comme à leur fin dernière, à devenir semblables à Dieu.
4° Toutes les créatures sont en quelque sorte des images du premier agent, qui est Dieu; car l'agent produit un être qui lui ressemble. Or une image n'est parfaite qu'autant qu'elle représente son modèle par la ressemblance qu'elle a avec lui ; et c'est dans ce but que l'on fait une image. Donc tous les êtres existent pour acquérir la ressemblance divine, qui est leur fin dernière.
5º Aucun être ne se meut ou n'agit qu'en vue d'un bien, qu'il recherche comme une fin [ch. 3]. Or, participer au bien, c'est ressembler à la bonté première, c'est-à-dire à Dieu. Donc le mouvement et l'action de tous les êtres ont pour terme la ressemblance divine, comme leur fin dernière.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XX.De quelle manière les créatures imitent la divine bonté.
Nous en avons dit assez pour prouver que la fin dernière de tous les êtres consiste dans leur ressemblance avec Dieu. Or, le bien a le caractère propre de la fin. Donc les créatures recherchent la propre ressemblance de Dieu, en tant qu'il est bon. Les créatures cependant n'arrivent pas à posséder la bonté de la même manière qu'elle est en Dieu, quoique chacune d'elles imite la bonté divine autant qu'elle en est capable. En effet :
1º La bonté divine est simple et comme renfermée tout entière dans l'unité; car l'être divin possède toute la plénitude de la perfection [liv.I, ch. 28], C'est pourquoi, comme le degré de bonté se mesure sur le degré de la perfection, l'être même de Dieu est sa bonté parfaite; car pour lui, exister, vivre, être sage, heureux, et en général avoir tous les attributs compris dans la perfection et la bonté, c'est une seule et même chose, puisque la bonté divine s'identifie avec l'être divin.
2º Une seconde différence consiste en ce que l'être divin est la substance même de Dieu existant, et cela est impossible dans les créatures; car nous avons démontré que nulle substance créée n'est à elle-même son être [liv. II, ch.53]. C'est pourquoi toutes les choses qui existent étant considérées comme bonnes, s'il ne s'en trouve point qui soit à elle-même son être, aucune pareillement n'est sa propre bonté, mais chacune est bonne, parce qu'elle participe à la bonté [essentielle], de même qu'elle a la qualité d'être parce qu'elle participe à l'être de Dieu.
3º Toutes les créatures ne sont pas bonnes au même degré; car la substance de certains êtres est tout ensemble une forme et un acte, dans le cas où, en prenant la substance telle qu'elle est, il lui convient [absolument] d'exister en acte et d'être bonne. D'autres ont une substance composée d'une matière et d'une forme; et il convient à cette substance d'exister en acte et d'être bonne, mais seulement dans une de ses parties, qui est la forme. Donc la substance divine est elle-même sa bonté; une substance simple participe à la bonté [absolue] en tant qu'elle est un être; et la substance composée n'y participe que dans une partie de son être.
Il faut encore établir entre les substances du troisième degré une…
Dernière édition par Louis le Mer 03 Jan 2024, 5:33 am, édité 1 fois (Raison : Corriger le lien du liv. II, ch. 53.)
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XX.De quelle manière les créatures imitent la divine bonté.SUITE
Il faut encore établir entre les substances du troisième degré une autre distinction qui porte également sur l'être. La forme de quelques êtres composés d'une matière et d'une forme réalise complètement la puissance [passive] de la matière, de telle sorte que cette matière ne conserve pas la puissance de recevoir une autre forme, et, par conséquent, que nulle autre matière n'est en puissance pour cette forme. Tels sont les corps célestes, qui absorbent en eux la totalité de leur matière.
Il en est d'autres dont la forme ne réalise pas toute la puissance de la matière ; et alors la matière reste en puissance pour une autre forme, tandis qu'une partie de la matière conserve sa puissance relativement à la même forme. Nous en avons une preuve dans les éléments et les corps qui en sont composés. Mais parce que par privation on entend la négation dans une substance d'une chose qu'elle peut recevoir en elle, il est évident que cette forme qui ne réalise pas toute la puissance de la matière se trouve accompagnée de la privation d'une autre forme, et que cette dernière ne saurait s'adjoindre à une substance dont la forme réalise complètement la puissance de la matière, ni à celle qui est essentiellement une forme, ni, à plus forte raison, à celle dont l'essence s'identifie avec son être.
Comme le mouvement [ou le changement] est évidemment impossible là où il n'y a pas de puissance pour un état différent, puisque le mouvement est l'acte d'un être qui existe en puissance; comme encore il est prouvé que le mal est simplement la privation du bien [ch. 7], il en résulte clairement que, dans ce dernier ordre de substances, le bien est muable et mélangé avec le mal contraire; ce qui répugne dans les deux ordres supérieurs.
Donc cette substance, dont nous venons de parler en dernier lieu, est au dernier degré de la bonté aussi bien que de l'être.
On distingue même certains degrés de bonté entre les parties de cette substance composée d'une matière et d'une forme…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XX.De quelle manière les créatures imitent la divine bonté.SUITE
On distingue même certains degrés de bonté entre les parties de cette substance composée d'une matière et d'une forme. En effet, de ce principe que la matière considérée en elle-même est un être en puissance, que la forme est son acte, et que la substance composée existe en acte par la forme, il faut conclure que la forme est bonne en elle-même. La substance est bonne parce qu'elle possède actuellement sa forme, et la bonté de la matière consiste en ce qu'elle est en puissance pour la forme.
Quoique chacun des êtres soit bon en sa qualité d'être, il ne s'ensuit pas que la matière, qui est seulement un être en puissance, ne soit bonne qu'en puissance.
L'être, en effet, est quelque chose d'absolu, et le bien consiste dans un certain ordre [ou dans une relation]; car on n'envisage pas une chose comme bonne uniquement parce qu'elle est une fin, ou bien qu'elle a atteint sa fin; mais lors même qu'elle n'est pas encore arrivée à sa fin, il lui suffit, pour être bonne, d'être coordonnée avec une fin.
On ne peut donc pas donner absolument le nom d'être à la matière pour cela seul qu'elle est un être en puissance, ce qui constitue pour elle un rapport avec l'être (1); cependant, en raison de ce même rapport, on peut la considérer comme bonne absolument; et cela nous fait voir que le bien est en un sens plus étendu que l'être.
Saint Denys exprime cette pensée en disant que le bien s'étend à ce qui existe et à ce qui n'existe pas encore (2) ; car cela même qui n'existe pas, et nous voulons parler de la matière en tant qu'elle est soumise à la privation, recherche le bien, c'est-à-dire l'être; ce qui prouve qu'elle est bonne elle-même, puisque rien ne désire le bien que ce qui est bon.
La bonté de la créature est encore inférieure à la bonté divine sous un autre rapport…
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(1) Ce rapport consiste en ce qu'elle est capable de recevoir une existence actuelle par l'application de la forme, puisque c'est la forme qui la fait passer de la puissance à l'acte. — (2) Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XX.De quelle manière les créatures imitent la divine bonté.SUITE
La bonté de la créature est encore inférieure à la bonté divine sous un autre rapport. Ainsi que nous venons de l'observer, Dieu renferme dans son être même la bonté portée à sa plus haute perfection, tandis que la perfection qui convient à la créature n'est pas concentrée dans un seul être, mais dans un grand nombre; car ce qui se réduit à l'unité dans l'être le plus élevé devient multiple en passant dans les êtres inférieurs. C'est pour cela que nous qualifions Dieu de puissant, de sage, d'actif, en le considérant sous le même rapport. S'il s'agit, au contraire, de la créature, ces qualités ne lui conviennent que sous des rapports différents, et sa bonté demande, pour être parfaite, que la multiplicité s'augmente en elle à mesure qu'elle s'éloigne davantage de la première bonté.
Lorsqu'elle est dans l'impossibilité d'acquérir dans toute sa perfection la bonté qui lui convient, elle la possède d'une manière incomplète et seulement dans quelques-unes de ses parties. Il résulte de là que, quoique le premier et le souverain bien soit absolument simple, et que les autres substances se rapprochent autant de lui par leur bonté que par leur simplicité, il existe cependant de viles substances qui sont plus simples que d'autres substances supérieures. Tels sont, relativement aux hommes et aux animaux, les éléments constitutifs de ces êtres ; car ils sont incapables d'arriver au degré de connaissance et d'intelligence propre aux animaux et aux hommes.
Il est donc évident…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XXI. Les créatures tendent à ressembler à Dieu comme causes.Dieu fin universelle.XX.De quelle manière les créatures imitent la divine bonté.SUITE
Il est donc évident, par tout ce qui précède, que, bien que Dieu jouisse de sa bonté parfaite et entière, à raison de la simplicité de son être, les créatures ne parviennent cependant pas à posséder parfaitement leur bonté par leur être seul, mais au moyen de plusieurs choses. De ce que chacune d'elles est bonne en tant qu'elle existe, on ne peut donc pas la considérer comme absolument bonne, si certaines qualités requises pour sa bonté lui font défaut. Supposons, par exemple, un homme ayant perdu la vertu et adonné au vice : il est bon sous un rapport, c'est-à-dire comme être et comme homme; cependant, pris absolument, il n'est pas bon, mais il est bien plutôt mauvais. Donc on ne doit pas dire de toute créature que pour elle c'est une même chose d'exister et d'être bonne absolument, quoique toutes soient bonnes en tant qu'elles existent; mais pour Dieu il faut dire sans restriction que son être s'identifie avec sa bonté absolue.
S'il est vrai, d'abord, que tous les êtres recherchent, comme étant leur fin, la ressemblance de la divine bonté; ensuite, qu'un être devient semblable à la bonté divine par tout ce qui concourt à réaliser sa propre bonté; enfin que la bonté d'une chose ne consiste pas seulement dans son être, mais dans la réunion de tous les attributs requis pour sa perfection, ainsi que nous l'avons prouvé, il est évident que les créatures sont coordonnées avec Dieu comme avec leur fin, non seulement en raison de leur être substantiel, mais encore par tout ce qui s'ajoute à cet être pour le perfectionner, et aussi par son opération propre; et tout cela entre dans la perfection de la chose elle-même.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXI.Les créatures tendent à ressembler à Dieu comme causes.
Nous voyons maintenant très clairement que les créatures s'efforcent d'arriver à la ressemblance divine, même en ce qu'elles sont causes d'autres êtres. En effet :
1º C'est par son opération qu'un être créé cherche à atteindre à cette ressemblance. Or, c'est aussi par son opération qu'il devient la cause d'un autre. Donc les créatures tendent à ressembler à Dieu en devenant les causes d'autres êtres.
2º Ainsi que nous l'avons observé [ch. 20], toute chose cherche à ressembler à Dieu parce qu'il est bon. Or, c'est en puisant dans sa bonté que Dieu donne l'existence aux êtres distincts de lui; car l'agent quel qu'il soit n'agit qu'autant qu'il est parfaitement en acte. Donc on peut dire de tous les êtres en général qu'ils aspirent à ressembler à Dieu en devenant causes d'autres êtres.
3º Toute relation avec le bien est elle-même un bien [ch. 20] ; et par là même qu'un être est la cause d'un autre, il est en rapport avec le bien. Or, le bien seul est connu et produit essentiellement, et le mal ne l'est que par accident [ch. 13]. Donc devenir la cause d'autres êtres c'est un bien. Or, en se portant vers un bien quel qu'il soit, un être s'efforce toujours de ressembler à Dieu, puisque tout bien créé n'est tel que parce qu'il participe à la bonté divine. Donc les êtres cherchent à ressembler à Dieu en devenant causes d'autres êtres.
4º La tendance que montre l'effet pour ressembler à l'agent et celle de l'agent…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXI.Les créatures tendent à ressembler à Dieu comme causes.SUITE
4º La tendance que montre l'effet pour ressembler à l'agent et celle de l'agent à s'assimiler son effet partent du même principe. Donc l'effet recherche la fin vers laquelle il est poussé par l'agent. Or, l'agent tend à s'assimiler le sujet de l'action, non-seulement sous le rapport de l'être, mais encore sous celui de la causalité ; car l'effet naturel reçoit de l'agent les principes qui le rendent cause d'autres êtres, aussi bien que ceux qui font de lui un être subsistant : l'animal, en effet, reçoit simultanément au moment de sa génération, de l'être qui l'engendre, la vertu nutritive et la faculté d'engendrer lui-même.
L'effet tend donc, comme nous venons de le montrer, à ressembler à l'agent, non-seulement parce qu'il appartient à la même espèce, mais encore en devenant la cause d'autres effets. Or, les êtres recherchent la ressemblance divine de la même manière que l'effet recherche celle de Dieu. Donc les créatures s'efforcent naturellement de s'assimiler à Dieu en ce qu'elles sont causes d'autres êtres.
5º La perfection d'un être est portée au plus haut degré lorsqu'il est capable de produire un autre…
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Chap. XXII. Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.Dieu fin universelle.XXI.Les créatures tendent à ressembler à Dieu comme causes.SUITE
5º La perfection d'un être est portée au plus haut degré lorsqu'il est capable de produire un autre être semblable à lui : une chose, par exemple, est parfaitement lumineuse lorsqu'elle peut en éclairer d'autres. Or, tout ce qui fait effort pour arriver à sa perfection recherche par là même la ressemblance divine. Donc un être cherche à ressembler à Dieu lorsqu'il tend à devenir la cause d'autres êtres. Et, parce que la cause est supérieure à l'effet en sa qualité de cause, la plus grande perfection que puisse atteindre un être consiste évidemment en ce qu'il cherche, pour ressembler à Dieu, à devenir la cause d'autres êtres.
6º Nous avons déjà observé qu'une chose ne peut être la cause d'une autre qu'autant qu'elle est tout d'abord parfaite en elle-même. Donc sa dernière perfection c'est d'être la cause d'autres choses. Donc, puisque la créature tend à ressembler à Dieu en plusieurs manières, il lui reste, en dernier lieu, à rechercher la ressemblance divine, en ce qu'elle deviendra la cause d'autres êtres.
Saint Denys professe la même doctrine en disant que ce qui rend un être plus divin (1), c'est de devenir le coopérateur de Dieu, suivant cette parole de l'Apôtre : Nous sommes les coadjuteurs de Dieu [1 Cor., III, 9] (2).
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(1) C'est-à-dire ce qui rapproche le plus un être de Dieu er lui donne une plus grande ressemblance avec lui. — (2) Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.
Il est facile de prouver, par tout ce qui précède, que la dernière chose qui met un être dans le rapport voulu avec sa fin, c'est son opération; mais cela a lieu de diverses manières, en raison de la différence des opérations.
Un être peut opérer comme moteur d'un autre être : échauffer, diviser, sont des opérations de ce genre. Une autre opération consiste à recevoir le mouvement : par exemple, être échauffé, être divisé. Une troisième opération perfectionne l'être qui opère et qui est en acte, sans avoir pour fin de le transformer: la première de ces conditions (1) établit une différence entre cette opération et l'état passif et le mouvement; la seconde (2) la distingue de l'action qui modifie la matière extérieure. Les opérations telles que connaître, sentir, vouloir, ont ce caractère.
Nous tirons de là cette conséquence évidente que les êtres qui sont seulement mus, et ne font qu'opérer sans mouvoir eux-mêmes ni rien produire, tendent à ressembler à Dieu en ce qu'ils se perfectionnent en eux-mêmes; ceux qui produisent quelque chose et donnent le mouvement, en tant que tels, recherchent la divine ressemblance en devenant causes d'autres êtres; enfin, ceux qui meuvent parce qu'ils sont mus tendent au même but en ces deux sens à la fois.
Parce que les mouvements imprimés aux corps inférieurs sont naturels, nous considérons ces corps seulement comme des mobiles et non comme des moteurs, si ce n'est par accident : ainsi il arrive quelquefois qu'une pierre lancée de haut en bas déplace un objet qu'elle rencontre, et il en est de même du changement et des autres mouvements. Le mouvement de ces êtres a donc pour fin la ressemblance divine, en ce qu'il les perfectionne en eux-mêmes, c'est-à-dire qu'il leur donne une forme et un lieu propres.
Les corps célestes, au contraire, sont…
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(1) C'est-à-dire que l'être qui opère est en acte. — (2) C'est-à-dire que la fin de cette opération n'est pas de transformer le sujet.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.SUITE
Les corps célestes, au contraire, sont simultanément moteurs et mobiles. C'est ce qui fait que la fin de leur mouvement est la ressemblance avec Dieu sous le double rapport que nous avons indiqué : d'abord en raison de leur propre perfection, puisque par là le corps céleste occupe un certain lieu où il n'était pas auparavant. Quoique ce corps [par suite du changement en question] se trouve en puissance pour le lieu dans lequel il était tout d'abord en acte, cela ne l'empêche pas d'arriver à sa perfection; car la matière première est dans les mêmes conditions : elle tend à sa perfection lorsqu'elle entre en possession actuelle d'une forme qu'elle n'avait auparavant qu'en puissance, bien qu'elle perde celle qu'elle avait auparavant en acte ; et la matière reçoit ainsi successivement toutes les formes auxquelles s'étend sa puissance, afin que cette puissance, arrive tout entière à l'acte successivement; ce qui ne peut se réaliser simultanément. C'est pourquoi, lorsqu'un corps céleste est en puissance pour un lieu, de même que la matière première pour une forme, il acquiert sa propre perfection par cela même que sa puissance pour le lieu passe successivement à l'acte ; car un tel effet ne saurait se produire dans un seul instant.
La fin du mouvement des corps célestes considérés comme moteurs est de les faire ressembler à Dieu en les rendant causes d'autres êtres. Or, ils sont causes d'autres êtres en ce que leurs influences déterminent la génération, la corruption et les autres mouvements [ou changements] qui surviennent dans ce monde inférieur. Donc, en tant que les mouvements des corps célestes produisent le mouvement, ils sont coordonnés en vue de la génération et de la corruption auxquelles les corps inférieurs sont assujettis.
Quoique les corps inférieurs soient…
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Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.SUITE
Quoique les corps inférieurs soient moins nobles que les corps célestes, il ne répugne nullement que ceux-ci communiquent leur mouvement dans le but de réaliser la génération de ceux-là, bien que la fin doive nécessairement l'emporter sur le moyen; car l'action du principe générateur a pour terme l'action de l'être engendré, et cependant l'être engendré ne surpasse pas en noblesse le principe générateur, mais lorsque l'agent est univoque (3), il appartient à la même espèce. En effet, le principe générateur a en vue la forme de l'être engendré, qui est la fin de la génération, non comme une fin dernière, mais comme un trait de ressemblance avec l'être divin, ressemblance qui consiste dans la conservation de l'espèce et dans la communication de sa bonté ; et il atteint ce but en transmettant à d'autres êtres la forme propre à son espèce, et en devenant la cause de leur existence.
Il en est de même des corps célestes. Quoiqu'ils soient d'une nature plus excellente que les corps inférieurs, leur fin dernière n'est pas de déterminer par leurs mouvements la génération de ces êtres et de faire passer leurs formes à l'état d'acte; mais cette opération est pour eux un moyen d'arriver à leur fin dernière, c'est-à-dire à la ressemblance divine, qui consiste en ce qu'ils sont causes d'autres êtres.
C'est ici le lieu d'observer que chaque être participe, dans une égale proportion, à la ressemblance de la divine bonté…
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(3) L'agent ou la cause est univoque lorsque l'effet appartient à la même espèce. L'homme, par exemple, produit un homme, et dans ce cas le principe et le terme de l'action sont univoques.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.SUITE
C'est ici le lieu d'observer que chaque être participe, dans une égale proportion, à la ressemblance de la divine bonté, qui fait l'objet de sa volonté, et à la ressemblance de la volonté divine, principe de l'existence et de la conservation des choses. Or, cette participation à la ressemblance de la bonté divine est plus simple et plus universelle dans les êtres supérieurs, et dans les êtres inférieurs elle se partage et se divise davantage; c'est pourquoi on ne considère pas la ressemblance qui existe entre les corps célestes et les corps terrestres comme une égalité parfaite, mais comme le rapport qui rattache l'un à l'autre l'agent universel et l'effet particulier. De même donc que dans ce monde inférieur l'intention de l'agent particulier se restreint au bien de telle ou telle espèce, de même l'intention du corps céleste s'étend au bien général de la substance corporelle, qui se conserve, se multiplie et s'accroît au moyen de la génération.
Or, puisque, d'après le principe précédemment posé, tout mobile, en tant qu'il est mû, recherche la ressemblance divine pour se perfectionner en lui-même, et que rien n'est parfait que ce qui arrive à l'acte, tout être existant en puissance ne peut avoir d'autre tendance que d'arriver à l'acte au moyen du mouvement. Donc la matière, en suivant son appétit naturel, se porte de préférence vers tel acte, s'il est plus éloigné et plus parfait. Par conséquent, cet appétit naturel, en vertu duquel la matière recherche la forme, doit tendre, comme à la fin dernière de la génération, à l'acte le plus éloigné et le plus parfait auquel la matière peut atteindre.
Il y a plusieurs degrés dans les actes des formes…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.SUITE
Il y a plusieurs degrés dans les actes des formes. La matière première est tout d'abord en puissance pour la forme élémentaire; réduite à la forme élémentaire, elle est en puissance pour la forme mixte, parce que les éléments sont la matière de l'être résultant d'un mélange; considérée comme forme mixte, elle est en puissance pour la forme de l'âme végétative; car cette âme est la forme des corps de cette nature; de même, l'âme végétative est sensitive en puissance, et l'âme sensitive est intellectuelle de la même manière.
Cela est prouvé par les progrès de la génération: son produit commence par être un fœtus, qui vit à la façon des plantes; à cette vie succède celle de l'animal, et en troisième lieu la vie propre de l'homme (4). Dans l'ordre des êtres produits par voie de génération et sujets à la corruption, il n'y a pas d'autre forme plus éloignée et plus noble que cette dernière.
L'âme humaine est donc le terme de la génération complète, et la matière tend à arriver à ce terme qui est sa forme dernière. Donc les éléments existent pour les corps mixtes, et ceux-ci pour les corps vivants. Parmi ces derniers, les plantes existent pour les animaux ; les animaux pour l'homme, et l'homme est la fin de la génération tout entière.
Comme la même chose est produite et conserve son être suivant l'ordre que nous venons d'indiquer pour la génération des êtres, leur conservation est également soumise à un certain ordre. Aussi voyons-nous que les corps mixtes s'entretiennent au moyen des qualités qui leur conviennent dans les éléments; les plantes trouvent leur nourriture dans les corps mixtes ; les animaux dans les plantes, et quelques-uns d'entre eux, qui sont plus parfaits et plus forts, se nourrissent d'autres moins parfaits et plus faibles. Quant à l'homme, il convertit à son usage les êtres de tout genre : les uns servent à le nourrir, et d'autres lui fournissent le vêtement.
Voilà ce qui fait que la nature le met nu au monde, parce…
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(4) Saint Thomas, en s'exprimant ainsi, ne veut pas dire que la matière première, au moyen de ces transformations successives, peut devenir la substance même de l'âme. Il applique ici ce principe posé et prouvé dans le chapitre 68 du livre II, que l'âme est la forme du corps, dont elle est parfaitement distincte comme substance. La matière, en passant par les états ou formes intermédiaires d'élément simple et de corps mixte ou composé d'éléments divers, devient capable de recevoir d'autres formes plus parfaites, qui sont: l'âme végétative, ou la vie des plantes; c'est le premier et le plus faible degré de la vie; ensuite l'âme sensitive, ou la vie des animaux, qui est déjà plus complète ; enfin l'âme ou la vie intellectuelle propre à l'homme. Cette forme est le dernier degré de perfection auquel la matière peut s'élever, parce qu'il n'y au-dessus de l'homme que de pures intelligences, ou, selon l'expression de saint Thomas, des substances séparées.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Dieu fin universelle.XXII.Comment les êtres sont différemment coordonnés avec leurs fins.SUITE
Voilà ce qui fait que la nature le met nu au monde, parce qu'il peut trouver de quoi se vêtir, de même qu'à l'exception du lait elle ne lui prépare aucun des aliments convenables, afin de l'obliger à chercher sa nourriture parmi ce qui l'entoure. L'homme emploie encore comme véhicules certains êtres; car comme il le cède à beaucoup d'animaux pour la célérité des mouvements et la force nécessaire pour supporter les travaux pénibles, ces animaux sont en quelque sorte destinés à devenir ses aides. Bien plus encore, il tire parti de toutes les choses sensibles pour perfectionner sa connaissance intellectuelle. C'est pourquoi le Psalmiste dit à Dieu en parlant de l'homme : Vous avez tout mis sous ses pieds [Ps. VIII, 8]. Nous lisons aussi dans la Politique d'Aristote que l'homme est naturellement le maître des autres animaux (5).
Si donc il est vrai que le mouvement du ciel ait lieu en vue de la génération des êtres, et que l'homme soit le terme de la génération tout entière et comme la fin dernière de ce genre, il est évident que dans l'ordre des êtres produits par voie de génération et susceptibles d'être mus, la fin [prochaine] du mouvement du ciel se rattache à l'existence de l'homme comme à sa dernière fin. L'Écriture nous rappelle cette vérité en disant que Dieu a fait les corps célestes pour servir à toutes les nations (6).
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(5), (6) Ces notes sont libellées en latin. Sur demande, nous les publierons. Bien à vous.
Chap. XXIII. Le ciel est mû par une substance intellectuelle...
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Dieu fin universelle.XXIII.Le ciel est mû par une substance intellectuelle.
Les conclusions précédentes étant admises, nous pouvons établir maintenant que le premier auteur des mouvements du ciel est un être intelligent. En effet :
1º Jamais l'être qui agit conformément à son espèce propre ne cherche à réaliser une forme supérieure à la sienne; car tout agent tend à produire un être qui lui ressemble. Or, selon qu'il agit au moyen du mouvement qui lui est propre, le corps céleste tend à réaliser la forme dernière (1), c'est-à-dire l'intelligence humaine, qui est de toutes les formes la plus noble, ainsi que nous l'avons prouvé [ch. 22]. Donc le corps céleste n'agit pas conformément à son espèce propre et en qualité d'agent principal pour produire la génération des êtres, mais son action est déterminée par l'espèce d'un agent intellectuel supérieur, qui est l'agent principal et dont le corps céleste n'est que l'instrument. Or, l'action du ciel par laquelle il produit la génération des êtres consiste dans le mouvement qu'il reçoit. Donc le moteur du corps céleste est une substance intellectuelle.
2° Nous avons démontré…
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(1) Dont la matière est susceptible.
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Dieu fin universelle.XXIII.Le ciel est mû par une substance intellectuelle.SUITE
2° Nous avons démontré [liv. I, ch. 13] qu'il n'y a pas de mouvement sans moteur. Donc il existe un moteur du corps céleste.
— Donc ce moteur est complètement distinct de lui, ou bien il est uni avec lui, de telle sorte que cet être composé du ciel et de son moteur se meut lui-même, en tant qu'une de ses parties est le moteur et l'autre le mobile.
— Si l'on s'arrête à cette dernière conséquence, comme tout être qui se meut lui-même est vivant et animé, nous en concluons que le ciel est animé et qu'il n'a pas d'autre âme qu'une âme intelligente. En effet, il n'a pas une âme nutritive, puisqu'il est étranger à la génération et à la corruption ; ni une âme sensitive, puisqu'il est dépourvu des divers organes propres aux animaux. Donc il est mû par une âme intelligente.
— Si, au contraire, il reçoit le mouvement d'un moteur extrinsèque, ce moteur est un corps ou un être incorporel. Si c'est un corps, il ne peut mouvoir sans être mû [liv.I, ch. 13].
Donc il aura lui-même son moteur, et comme on ne peut étendre jusqu'à l'infini la série des corps, nous arriverons nécessairement à un premier moteur non corporel. D'un autre côté, un être qui est complètement séparé des corps est par là même intellectuel [liv. I, ch. 44].
Donc le mouvement du ciel, qui est le premier de tous les corps, a pour auteur une substance intellectuelle.
3º Selon Aristote, tous les corps…
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(1) Dont la matière est susceptible.
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Dieu fin universelle.XXIII.Le ciel est mû par une substance intellectuelle.SUITE
3º Selon Aristote, tous les corps, pesants ou légers, sont mus par l'être qui les produit ou éloigne d'eux un obstacle (2) ; car il est impossible que la forme soit en eux le moteur, et la matière le mobile, puisque les corps seuls sont susceptibles d'être mus. Or, les corps célestes sont aussi simples que les corps élémentaires, qui sont composés seulement d'une matière et d'une forme.
Si donc ils sont mus à la manière des corps pesants et légers, ils doivent avoir pour moteur un être qui les produit essentiellement et qui éloigne d'eux accidentellement un obstacle. Or, cela répugne; car ces corps ne sauraient être produits par voie de génération, puisqu'ils ne sont pas composés de principes contraires, et rien ne peut faire obstacle à leurs mouvements.
Donc les moteurs de ces corps les mettent en mouvement par une appréhension qui, n'étant pas sensitive, selon ce que nous avons dit, est, par conséquent, intellectuelle.
4º En supposant que la nature…
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(2) Cette note est libellés en latin. Sur demande, nous les publierons. Bien à vous.
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Dieu fin universelle.XXIII.Le ciel est mû par une substance intellectuelle.SUITE
4º En supposant que la nature soit l'unique principe du mouvement céleste, sans aucune appréhension, le principe du mouvement du ciel sera nécessairement, aussi bien que pour les éléments, la forme du corps céleste. En effet, quoique les formes simples soient dépourvues de la puissance motrice, elles sont cependant les principes du mouvement; car les mouvements naturels, de même que toutes les autres propriétés qui sont dans la nature d'un être, ont lieu par suite de la réalisation de ces formes (3).
Or, le mouvement du ciel ne peut résulter de la forme du corps céleste comme de son principe actif; car la forme est le principe du mouvement local, en ce sens que tel corps doit, à raison de sa forme, occuper un lieu vers lequel il est mû en vertu de cette même forme ; et parce que le principe générateur le met en possession de ce lieu, nous le considérons comme un moteur : c'est ainsi qu'en vertu de sa forme le feu demande à s'élever en haut. Or, la nature du corps céleste n'exige point qu'il soit dans un lieu plutôt que dans un autre.
Donc la nature n’est pas l’unique principe du mouvement céleste. Donc le principe de ce mouvement est l'appréhension [intellectuelle] du moteur.
5º La nature n'a jamais qu'un seul but; c'est pourquoi ses productions conservent toujours le…
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(3) Il est évident, en effet, que si un être était dépourvu de sa forme, c'est-à-dire s'il était simplement possible, puisque c'est en vertu de sa forme qu'il existe réellement, il ne pourrait être soumis ni au mouvement local, ni à tout autre changement.
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Dieu fin universelle.XXIII.Le ciel est mû par une substance intellectuelle.SUITE
5º La nature n'a jamais qu'un seul but; c'est pourquoi ses productions conservent toujours le même mode d'existence, si rien ne les en empêche ; et cela n'arrive que rarement. Donc la nature ne peut rechercher comme une fin ce qui renferme essentiellement une altération de la forme. Or, le mouvement se trouve, en vertu de son essence, placé dans cette condition ; car le mobile, considéré comme tel, diffère actuellement de ce qu'il était auparavant.
Il répugne donc à la nature de rechercher le mouvement pour lui-même. Donc son but est d'arriver par le mouvement au repos, qui est au mouvement ce qu'est l'unité pour le nombre. En effet, l'être qui reste en repos est présentement ce qu'il était dans le passé ; et si le mouvement du ciel n'avait que la nature pour principe, il se produirait seulement pour arriver au repos ; et nous voyons tout le contraire, puisqu'il se continue sans cesse. Donc il ne faut pas attribuer le mouvement du ciel à la nature, comme à son principe actif, mais plutôt à quelque substance douée d'intelligence.
6º Toutes les fois que la nature…
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