Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXRaisons que l'on apporte pour prouver
que l'âme humaine est détruite avec le corps.
Quelques auteurs croient prouver, par les raisons suivantes, que l'âme humaine ne peut subsister après la destruction du corps :
1° Si, comme on l'a démontré [ch. 75], les âmes des hommes se multiplient dans la même proportion que les corps, il s'ensuit que, les corps étant détruits, il ne peut plus y avoir le même nombre d'âmes. Il en résulte donc nécessairement de deux choses l'une: ou que l'âme humaine est complètement anéantie, ou bien qu'il n'en reste qu'une seule; et cette dernière conséquence se rapproche de l'opinion qui n'accorde l'incorruptibilité qu'à ce qui est unique dans tous les hommes, que ce soit l'intellect actif seul, comme le veut Alexandre [d'Aphrodisée], ou l'intellect possible, aussi bien que l'intellect actif, ainsi qu'Averrhoès l'enseigne [De l'âme, III].
2° C'est de la raison formelle que dérive la distinction spécifique…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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De l’âme.LXXXRaisons que l'on apporte pour prouver
que l'âme humaine est détruite avec le corps.
2° C'est de la raison formelle que dérive la distinction spécifique. Or, en supposant que les âmes restent en nombre après la destruction des corps, elles doivent être distinctes entre elles; car, de même que l'identité est une propriété de ce qui est un substantiellement, ainsi la distinction existe entre les êtres qui sont en nombre à raison de leur substance. Or, il ne peut y avoir, pour les âmes qui survivent au corps, d'autre distinction qu'une distinction formelle, puisque, comme toutes les substances intellectuelles [ch. 50], elles ne sont pas composées d'une matière et d'une forme. Donc elles se distinguent les unes des autres par l'espèce. Or, la destruction du corps n'a pas pour effet de faire passer les âmes dans une espèce différente ; car un être ne peut changer d'espèce qu'autant qu'il est soumis à la corruption [ou destruction]. Donc, avant de se séparer des corps, les âmes appartenaient à différentes espèces. Or, c'est la forme qui fait entrer le composé dans son espèce. Donc tous les individus de la race humaine étaient distincts spécifiquement les uns des autres; ce qui est contradictoire. — Il paraît donc impossible que les âmes humaines soient en nombre après les corps.
3° On ne peut admettre, dans l'opinion de l'éternité du monde, que le…
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que l'âme humaine est détruite avec le corps.SUITE
3° On ne peut admettre, dans l'opinion de l'éternité du monde, que le nombre des âmes humaines reste le même après la mort du corps. En effet, l'éternité du monde une fois admise, il s'ensuit que le mouvement est éternel, et, par conséquent, que la production des êtres a eu lieu éternellement. Or, si des êtres ont été produits dès l'éternité, il est mort avant nous une infinité d'hommes. Donc, en supposant qu'après la mort les âmes continuent d'exister en nombre égal, nous devons forcément en conclure qu'il existe actuellement une infinité d'âmes ayant appartenu aux hommes qui sont morts jusqu'ici. Or, il y a en cela une impossibilité, parce que la nature ne comporte pas d'infini actuel. Donc, si le monde est éternel, les âmes ne peuvent être encore en nombre après la mort.
4° Tout ce qui survient dans un être et se sépare de lui sans le corrompre lui est accidentel ; et…
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que l'âme humaine est détruite avec le corps.SUITE
4° Tout ce qui survient dans un être et se sépare de lui sans le corrompre lui est accidentel ; et c'est ainsi que se définit l'accident. Si donc la séparation du corps et de l'âme humaine n'entraîne pas la destruction de cette dernière substance, leur union est purement accidentelle. Donc l'homme, qui est composé d'un corps et d'une âme, n'est un être que par accident. Donc, encore, il n'y a pas d'espèce humaine; car les choses qui ne s'unissent qu'accidentellement ne peuvent constituer une espèce unique : par exemple, l'homme blanc n'est pas une espèce distincte.
5° Il n'existe pas de substance qui soit privée d'une opération, quelle qu'elle soit.…
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que l'âme humaine est détruite avec le corps.SUITE
5° Il n'existe pas de substance qui soit privée d'une opération, quelle qu'elle soit. Or, toutes les opérations de l‘âme finissent avec le corps, et nous le prouvons par induction. — Les vertus [ou principes actifs] de l'âme nutritive opèrent au moyen des qualités du corps et d'un instrument corporel, et le terme de l'opération est le corps lui-même, qui reçoit par l'âme sa perfection, sa nourriture et son accroissement, et duquel provient le sperme générateur. Toutes les opérations des puissances qui appartiennent à l'âme sensitive se réalisent également par le moyen des organes corporels, et quelques-unes sont accompagnées d'un certain changement du corps : telles sont celles que l'on appelle les passions de l'âme, par exemple, l'amour, la joie et autres semblables. Quoique l'opération de connaître ne s'exerce pas au moyen d'un organe corporel, elle a cependant pour objets les images, qui sont, par rapport à elle, ce que sont les couleurs pour la vue.
D'où il suit que, de même que la vue ne saurait voir sans les couleurs, de même aussi l'âme intellectuelle ne peut connaître sans les images. L'âme a besoin également, pour connaître, du secours des facultés qui disposent les images à devenir actuellement intelligibles, savoir la faculté de penser et la mémoire, qui, étant les actes (1) de certains organes corporels, par lesquels elles opèrent, ne peuvent certainement pas durer plus longtemps que le corps.
C'est ce qui fait dire à Aristote que « l'âme ne connaît rien sans image ; » et encore, « qu'elle ne connaît rien sans l'intellect passif, » auquel il donne aussi le nom de faculté de penser, et qu'il regarde comme corruptible (2).
De ce principe il conclut que, « si l'opération intellectuelle de l'homme est altérée, c'est par suite de l'altération de quelque chose qui est à l'intérieur, » c'est-à-dire de l'image ou de l'intellect passif (3). Il ajoute encore « qu'après la mort nous perdons le souvenir des choses que nous avons sues pendant la vie » (4).
— Il est donc évident qu'aucune opération de l'âme ne peut continuer de s'exercer après la mort, et conséquemment, qu'elle ne subsiste plus elle-même, puisque nulle substance ne saurait exister sans avoir une opération quelconque.
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(1) Ces facultés sont les actes de certains organes, en ce sens, qu'elles mettent ces organes en état d'exercer les fonctions qui leur sont attribuées. — (2) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — (3) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — Voyez aussi la note 5 du ch. 79. [N.D.L.R. Cette note 5 est aussi libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — (4) Voyez le second paragraphe de la note 2 qui précède.
LXXXI. Réponses aux objections précédentes.
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De l’âme.LXXXIRéponses aux objections précédentes.
Comme il a été démontré [ch. 79] que la conclusion qui ressort de tous ces arguments est fausse, nous allons essayer de leur opposer une réponse.
1° La première observation à faire, c'est que toutes les fois que des êtres sont disposés l'un pour l'autre et proportionnés entre eux, ils se multiplient ou restent dans l'unité, chacun en vertu de sa cause. Si donc l'être de l'un dépend de l'autre, c'est ce dernier qui déterminera également l'unité ou le nombre, à moins que cette détermination ne soit faite par une autre cause extrinsèque. Or, il y a nécessairement une certaine proportion et une sorte d'aptitude naturelle entre la forme et la matière, puisque l'acte propre se réalise dans la propre matière; d'où il suit que la matière et la forme se multiplient conjointement ou se réduisent ensemble à l'unité. Donc, en supposant que l'être de la forme dépende de la matière, c'est aussi de la matière que dépendra le nombre ou l'unité de la forme.
Dans le cas contraire, la forme, il est vrai, se multipliera nécessairement en raison du nombre qu'atteindra la matière, c'est-à-dire conjointement et dans une exacte proportion, mais non cependant de telle sorte que l'unité ou le nombre de la forme dépende réellement de la matière. Or, nous avons prouvé [ch. 68] que l'âme humaine est une forme qui, sous le rapport de l'être, est complètement indépendante de la matière.
Nous en concluons donc que le nombre des âmes s'accroît avec celui des corps, sans que, pour cela, la multiplication des corps soit cause de la multiplicité des âmes; et, par conséquent, que la destruction des corps n'a pas pour effet de supprimer la pluralité des âmes, ainsi qu'on le prétend dans le premier argument.
2° On voit aisément, d'après cela, comment il faut répondre à la seconde raison…
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De l’âme.LXXXIRéponses aux objections précédentes.SUITE
2° On voit aisément, d'après cela, comment il faut répondre à la seconde raison. La distinction spécifique ne se tire pas indifféremment de toute diversité dans les formes, mais seulement de celle qui affecte les principes formels, ou, en d'autres termes, repose sur une raison [ou nature] diverse de la forme; il est certain, par exemple, que la forme de ce feu est essentiellement distincte de cette autre, et cependant ce n'est pas un feu différent, et sa forme n'appartient pas à une autre espèce (1).
La multiplicité des âmes qui sont séparées des corps est donc une conséquence de la diversité des formes qui repose sur la substance, puisque la substance de telle âme est distincte de la substance de telle autre. Toutefois cette diversité ne prend pas sa source dans la diversité des principes essentiels de l'âme elle-même, mais dans les proportions diverses [ou rapports] qui existent entre les âmes et les corps ; car telle âme est proportionnée à tel corps déterminé, celle-là est pour un autre, et ainsi du reste.
Même après la destruction des corps, les âmes conservent ces proportions, aussi bien que leur substance, comme ayant un être propre indépendant du corps. Les âmes, en effet, sont, par leurs substances mêmes, les formes des corps; car s'il en était autrement, leur union avec le corps serait accidentelle, et, par conséquent, l'être résultant de l'union de ces deux substances ne serait pas un essentiellement, mais par accident. Parce que les âmes sont des formes, elles doivent être proportionnées aux corps. D'où nous concluons que ces proportions demeurent, même dans les âmes séparées, qui, par conséquent, sont toujours en nombre.
3° Parmi les philosophes qui admettent l'éternité du monde, il en…
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(1) La pensée de saint Thomas est qu'il ne faut pas confondre la distinction des espèces avec la distinction des êtres, en qui les formes s'individualisent; car, dans ce cas, il y aurait autant d'espèces que d'individus. Ainsi, Pierre et Paul sont parfaitement distincts l'un de l'autre et ils ont chacun leur forme propre; cependant ils sont compris dans la même espèce. On peut encore ajouter que la distinction des espèces ne repose pas sur des différences accidentelles, mais sur celles qui changent la nature ou l'essence des êtres. Par exemple, l'homme blanc et l'homme noir n'appartiennent pas à deux espèces distinctes, mais à une seule, parce que la couleur n'est qu'un accident qui ne touche en rien à l'essence. Au contraire, l'homme et le cheval ne peuvent être rangés dans la même, espèce, parce que dans l'essence du premier il entre une âme raisonnable, tandis que le second n'a qu'une âme sensitive.
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3° Parmi les philosophes qui admettent l'éternité du monde, il en est qui sont arrivés, en s'appuyant sur le raisonnement qui a été fait en troisième lieu, à professer différentes opinions qui n'ont entre elles rien de commun.
— Quelques-uns ont accepté sans restriction la conclusion qu'on en tire, savoir : que les âmes humaines cessent entièrement d'exister en même temps que les corps.
— Plusieurs (2) ont pensé qu'il reste de toutes les âmes quelque chose d'unique et de séparé qui leur est commun à toutes : c'est l'intellect actif seul, ou bien encore avec lui, l'intellect possible, suivant les systèmes.
— D'autres enseignent bien que les âmes survivent aux corps, sans que leur nombre diminue; mais, de peur qu'on ne les force d'admettre que ce nombre est infini, ils ajoutent que les mêmes âmes s'unissent à d'autres corps après un laps de temps déterminé. C'est l'opinion des disciples de Platon, et nous l'examinerons plus loin [ch. 83] (3).
— Il en est encore qui, pour éviter ces écarts, ont déclaré qu'ils ne voyaient aucune difficulté à ce qu'il existe actuellement une infinité d'âmes séparées, parce que l'infini actuel, dans les choses qui ne sont pas coordonnées ensemble, n'est tel que par accident, et pour eux, il n'y a pas en cela de contradiction. Tel est le sentiment d'Avicenne et d'Algazel (4).
Quoique Aristote se soit positivement prononcé pour l'éternité du monde, il ne nous dit pas clairement dans ses écrits comment il juge ces opinions. Cependant la dernière n'est pas en opposition avec les principes posés par lui en divers endroits; car il prouve, à la vérité, qu'il n'y a pas d'infini actuel dans les corps naturels (5), mais sans chercher à établir qu'il en est de même pour les substances immatérielles. Cette question, toutefois, n'a rien d'embarrassant pour ceux qui, soumis aux enseignements de la foi catholique, rejettent l'éternité du monde.
4.° De ce que l'âme subsiste après la destruction du corps, il ne s'ensuit pas nécessairement…
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(2) De ce nombre sont Averrhoès et Alexandre d'Aphrodisée. — Voyez la note 1 du ch. 62 : => Alexandre d'Aphrodisée, surnommé par les Grecs le Commentateur, vivait à la fin du IIe siècle et au commencement du IIIe. Parmi ses nombreux ouvrages, on cite un Commentaire sur le livre des Météores d'Aristote; un Traité de l'âme et du destin, un Traité des figures, des sens et des paroles. Son Traité de l'âme a été plusieurs fois traduit en latin.
(3) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
(4) Gazali (Abou-Hamed-Mohammed), plus connu sous le nom d'Algazali et Algazeli, philosophe musulman, né dans la ville de Thous, en Khorasan, l'an 450 de l'hégire (1058-59 de J.-C). La réputation de ce philosopha lui fit confier la direction du collège de Bagdad. Après quelques années, il abandonna ce poste et embrassa la vie religieuse. Il voyagea en Syrie, en Palestine, en Égypte, et se retira ensuite dans sa ville natale pour étudier et écrire. Il mourut l'an 505 de l'hégire (1111 de J.-C). Il composa un traité des sciences religieuses et d'autres ouvrages manuscrits. On lui reproche d'avoir soutenu, en philosophie, des principes erronés, et l'opinion que lui prête saint Thomas en est une preuve. On a publié à Cologne, en 1506, un in-4º intitulé : Philosophia et logica Algazeli. Averrhoès écrivit contre lui un livre qui a été traduit en latin sous ce titre : Destruciio destructionum philosophie Algazeli.
(5) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — Aristote examine fort au long cette question dans le troisième livre de sa Physique, depuis le chapitre 4 jusqu'à la fin. Il raisonne à peu près de la même manière dans le traité Du ciel, livre I, ch. 7.
Dernière édition par Louis le Jeu 20 Juil 2023, 7:24 am, édité 1 fois (Raison : Insertion du lien du chap. 83.)
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4° De ce que l'âme subsiste après la destruction du corps, il ne s'ensuit pas nécessairement, comme on le voudrait dans le quatrième argument, que leur union est simplement accidentelle.
On définit l'accident : une qualité qui peut indifféremment être ou n'être pas dans le sujet composé d'une matière et d'une forme, sans qu'il en résulte pour lui une altération essentielle ; et si l'on transporte cette définition aux principes qui entrent dans la composition du sujet, elle est fausse.
Aristote prouve, en effet, que la matière première (6) n'a pas été produite par voie de génération et n'est pas sujette à la corruption (7). C'est pourquoi, si l'on en retranche la forme, son essence demeure toujours ; et cependant la forme ne lui est pas unie accidentellement, mais essentiellement, puisque, par suite de cette union, elle n'ont toutes deux qu'un même être. Or, il en est de même de l'âme, qui est unie au corps de telle manière, que leur être est identique [ch. 68]. Par conséquent, bien qu'elle survive au corps, son union avec lui n'en est pas moins substantielle et non accidentelle. Si la matière première est encore en acte après avoir été dépouillée de sa forme, c'est seulement en vertu de l'acte d'une autre forme; mais l'âme humaine conserve le même acte, et c'est pour cela qu'elle est tout à la fois une forme et un acte, tandis que la matière première n'est un être qu'en puissance.
5° La cinquième raison, qui consiste à dire que l'âme, en se…
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(6) Voyez la note 2 du ch. 79 : => La matière première est l'ensemble des différents corps simples ou élémentaires, dont les combinaisons diverses produisent les êtres sensibles de tout genre et de toute espèce. Tout corps étant composé de parties, et ces parties étant matérielles, il est corruptible dans sa forme, c'est-à-dire que la forme sous laquelle il existe actuellement peut être détruite ; mais la matière ou les éléments qui entrent dans sa composition ne sont pas pour cela altérés, et ils concourront, chacun pour sa part, à réaliser une forme nouvelle, puisque la matière ne peut subsister sans la forme. Les végétaux peuvent nous servir d'exemple. Lorsqu'ils tombent en pourriture et se décomposent, d'autres prennent dans leurs débris les sucs qui leur conviennent, et se les assimilent jusqu'à ce qu'ils éprouvent, à leur tour, le même sort : Omne enim quod transmutatur aliquid est, et ab aliquo in aliquod transmutatur (Arist. Metaphys. XII, c. 3). Il est donc vrai que la matière première est incorruptible dans sa substance et corruptible dans sa forme.
— (7) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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5º La cinquième raison, qui consiste à dire que l'âme, en se séparant du corps, devient incapable d'aucune opération, est absolument fausse; car elle conserve toujours les opérations indépendantes des organes corporels, telles que celles de connaître et de vouloir. Quant aux opérations qui s'exercent par le moyen de ces organes, comme elles appartiennent à l'âme nutritive et à l'âme sensitive, elles cessent complètement.
Nous devons pourtant observer que l'âme ne connaît plus, après sa séparation du corps, de la même manière que pendant leur union, parce que son mode d'existence est changé, et tout agent agit conformément à sa manière d'être. Quoique l'être de l'âme humaine soit absolu et indépendant du corps tandis que les deux substances sont unies, le corps est cependant, en quelque sorte, le suppôt de l'âme et le sujet qui la reçoit. Par conséquent, bien que son opération propre, qui est celle de connaître, ne dépende pas du corps, comme celles qui s'exercent par un organe corporel, son objet propre, c'est-à-dire l'image, est réellement dans le corps. C'est pourquoi, tant que l'âme demeure dans le corps, elle ne peut connaître sans image, ni même se rappeler les choses passées autrement que par la faculté de penser et par la mémoire, dont la fonction est de préparer les images [ch. 73] ; d'où il résulte que l'opération de connaître [en ce qui concerne ce mode spécial], et aussi l'acte de la mémoire, se trouvent supprimés par le fait de la destruction du corps.
Lorsque l'âme est séparée, son être lui appartient à elle seule, sans que le corps y participe; et conséquemment, elle n'a plus besoin, pour réaliser son opération, qui est l'acte de connaître, d'objets existants dans les organes corporels, c'est-à-dire des images; mais elle connaît alors par elle-même de la manière propre aux substances qui sont le plus complètement séparées des corps à raison de leur être, et dont nous nous occuperons plus loin [ch. 91 à 101]; et même il pourra se faire que l'âme reçoive de ces substances, comme lui étant supérieures, une influence plus abondante, qui aura pour effet de perfectionner sa connaissance.
Il se passe quelque chose de semblable, même pendant la vie présente. Nous voyons, en effet…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Il se passe quelque chose de semblable, même pendant la vie présente. Nous voyons, en effet, que si l'âme est gênée dans ses opérations par des préoccupations [trop vives] ayant pour objet le corps où elle réside, elle perd la vigueur nécessaire pour s'élever à la connaissance des choses les plus sublimes. C'est pourquoi la vertu de tempérance, qui détourne l'âme des voluptés sensuelles, est celle qui développe le plus dans l'homme la faculté de connaître.
Ceux-là mêmes qui sont plongés dans le sommeil, alors qu'ils ne font plus aucun usage des sens, et que les humeurs et les vapeurs sont dans un repos complet, impressionnés par des êtres supérieurs, aperçoivent dans l'avenir des choses que l'homme ne saurait découvrir par tous les raisonnements possibles. C'est ce que l'on remarque surtout chez les personnes tombées en syncope ou ravies en extase, et cela va d'autant plus loin qu'elles sont plus affranchies des sens. II doit en être ainsi; car l'âme humaine étant, comme nous l'avons démontré [ch. 68], sur les confins des corps et des substances incorporelles, et comme à l'horizon qui sépare l'éternité du temps, à mesure qu'elle s'éloigne des êtres placés au plus bas degré de l'échelle, elle se rapproche de ceux qui occupent le sommet. Lors donc qu'elle sera entièrement détachée du corps, elle deviendra parfaitement semblable aux substances séparées, quant à la manière de connaître, et leur influence sur elle se fera sentir davantage ( 8 ).
Ainsi donc, quoique notre opération intellectuelle, considérée…
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( 8 ) Cette réponse, faite par saint Thomas à la cinquième objection, n'est-elle pas la meilleure explication physiologique, psychologique, et surtout chrétienne, que l'on puisse donner de certains faits longtemps contestés par un grand nombre de savants, et aujourd’hui prouvés avec la dernière évidence ? Nous voulons parler du sommeil dit magnétique, de la possession et de l'extase, et, par induction, la même explication pourrait fort bien s'appliquer à d'autres phénomènes non moins prodigieux observés dans des êtres inanimés.
— Dans ces différents états, il survient un changement très sensible dans l'individu. Certaines fonctions organiques sont souvent complètement ou à peu près suspendues ; quelquefois même le sujet tombe dans une insensibilité dont rien ne peut le faire sortir. L'intelligence se développe alors à un degré tout-à-fait extraordinaire. Des personnes de moyens intellectuels très bornés et, de plus, absolument ignorantes, ont la perception d'objets éloignés et inaccessibles à leurs regards, parlent des langues qu'elles n'ont jamais apprises, devinent les pensées d'autrui, pénètrent dans l'avenir et s'élèvent à la connaissance des choses les plus sublimes.
— Comment cela peut-il se faire ? Serait-il logique d'attribuer des effets de cette nature à certains fluides impondérables qui, essentiellement matériels, sont par là même nécessairement inintelligents?
— A toutes les explications contradictoires essayées jusqu'ici, nous préférons celle de saint Thomas, parce qu'elle a l'avantage d'être parfaitement conforme à la doctrine de l'Église. Nous disons avec lui : " Plus l'âme est asservie au corps, et plus l'intelligence s'appesantit. Si, au contraire, l'homme arrive, n'importe par quel moyen, à ne plus faire aucun usage de ses sens, alors, sous l'influence d'êtres d'un ordre supérieur, il aperçoit dans l'avenir des choses qu'il ne saurait découvrir par tous les raisonnements; et cela va d'autant plus loin, qu'il est plus affranchi des sens. Du reste, en thèse générale, à mesure que l'âme s'éloigne des êtres les plus infimes, elle se rapproche des plus sublimes. »
— Quels sont ces êtres d'un ordre supérieur qui ont le pouvoir d'influencer l'homme à ce point ? Ce sont évidemment de purs esprits ou, pour parler comme le Docteur angélique, des substances séparées, puisque l'âme humaine est placée sur les confins des corps et des substances immatérielles. L'Église nous enseigne qu'il y en a de deux sortes : des bons et des mauvais, et que, dans certains cas, l'homme est soumis à leur puissance. Tous les faits ci-dessus indiqués sont donc surnaturels ou, si l'on veut, extra-naturels; et pour arriver à connaître, dans chaque cas particulier, le caractère propre de l'agent mystérieux, il est nécessaire de suivre exactement et scrupuleusement les règles posées par l'Église pour le discernement des esprits.
— M. de Mirville arrive à cette conclusion dans un ouvrage très sérieux, intitulé : Des esprits et de leurs manifestations fluidiques, dans lequel il examine ces phénomènes et d'autres analogues qui méritent d'attirer l'attention. Son but est de démontrer, comme il le dit lui même, « l'intervention très fréquente, dans une foule de cas physiologiques, psychologiques, historiques et physiques, d'agents mystérieux, » auxquels il donne le nom de forces intelligentes, et qui ne sont autres que des esprits.
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Ainsi donc, quoique notre opération intellectuelle, considérée suivant qu'elle se produit pendant la vie présente, se trouve détruite par suite de la destruction du corps, elle sera remplacée par une autre manière de connaître beaucoup plus excellente.
Quant à la réminiscence, comme cet acte s'exerce au moyen d'un organe corporel, ainsi qu'Aristote le prouve (9), elle ne pourra plus exister dans l'âme après le corps, à moins que, par une sorte d'équivoque, on ne veuille désigner par ce mot la connaissance des choses que l'âme a sues dans le passé ; car l'âme, après sa séparation, doit continuer de connaître ce qu'elle a su pendant la vie présente, puisque les espèces intelligibles sont reçues d'une manière indélébile dans l'intellect possible [ch. 74].
Lorsqu'il s'agit des autres opérations de l'âme, telles qu'aimer, se délecter et autres semblables, il faut éviter toute équivoque; car on les considère, tantôt comme des passions de l'âme, et alors ce sont des actes de l'appétit sensitif qui se passent dans la partie concupiscible ou dans l'irascible, et sont accompagnés d'une certaine modification du corps; d'où il suit que ces actes n'ont plus lieu dans l'âme après la mort, comme le Philosophe le démontre (10); tantôt, au contraire, on les prend pour un acte simple de la volonté qui est exempt de passion, et Aristote dit en ce sens queAristote a écrit: Dieu se délecte dans son opération unique et simple » (11)
Il ajoute encore que la délectation souveraine se trouve dans les contemplations de la sagesse (12), et ailleurs il établit une distinction entre la dilection et l'amour, qui est une passion (13).
Puis donc que la volonté, de même que l'intelligence, est une puissance qui agit sans organe corporel, il est clair que les opérations de ce genre, considérées comme des actes de la volonté, se produisent encore dans l'âme après sa séparation.
Donc on ne peut conclure des raisons données plus haut que l'âme humaine est soumise à la mort.
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(9), (10), (11), (12), (13): Ces notes sont libellées en latin; sur demande, nous les publierons. Bien à vous.
LXXXII Les âmes des brutes ne sont pas immortelles.…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.
Il est évident, par tout ce qui précède, que les âmes des brutes ne sont pas immortelles. En effet :
1° Nous avons déjà prouvé [ch. 57 et 68] que nulle opération ayant son principe dans la partie sensitive ne peut s'exercer indépendamment du corps. Or, il ne se produit dans les âmes des brutes aucune opération supérieure aux opérations de la partie sensitive ; car elles sont dépourvues d'intelligence et incapables de raisonnement. Nous en avons la preuve en ce que tous les animaux de la même espèce opèrent de la même manière, comme obéissant à la nature qui les dirige, et agissant sans dessein prémédité; par exemple, toutes les hirondelles font des nids semblables, et toutes les araignées construisent leur toile sur un modèle invariable.
Donc aucune des opérations émanant de l'âme des brutes ne peut s'effectuer sans le corps. Donc, puisque toute substance a son opération propre, l'âme des brutes ne peut avoir un être indépendant du corps. Donc elle périt avec le corps.
2° Toute forme séparée de la matière est connue actuellement…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITE
2° Toute forme séparée de la matière est connue actuellement; car c'est par l'abstraction que l'intellect actif rend les espèces intelligibles en acte, ainsi que nous l'avons démontré [ch. 77]. Or, si l'âme de la brute survit à la destruction du corps, elle deviendra une forme séparée de la matière. Donc elle sera également une forme actuellement connue. Or, selon la doctrine d'Aristote, lorsqu'il s'agit des êtres séparés de la matière, le sujet qui connaît et l'objet connu sont une même chose (1). Donc cette âme de la brute, qui survivra au corps, sera intelligente; ce qui est contradictoire.
3º L'être, quel qu'il soit, qui est capable d'atteindre à un certain degré de perfection, a le désir naturel de cette perfection; car le bien est ce que tous les êtres recherchent, de telle manière cependant que chacun d'eux désire son bien particulier. Or, rien ne nous indique que les brutes tendent à une existence sans fin, autrement qu'en perpétuant leur espèce; et cette sorte de perpétuité résulte du penchant qui les porte à se reproduire, penchant qui leur est commun avec les plantes et les êtres inanimés. Mais ils sont dépourvus de ce désir dont le terme est l'animal, considéré comme tel, et qui naît de l'appréhension [intellectuelle]; car l'âme sensitive ne saisissant d'autre objet que celui qui est présent et actuel, l'être perpétuel se trouve hors de sa portée. Donc elle ne dirige pas l'appétit animal vers ce but. Donc l'âme des brutes est incapable d'exister éternellement.
4º Puisque, selon la remarque du Philosophe…
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(1) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Jeu 13 Juil 2023, 6:01 am, édité 1 fois (Raison : Pour enlever, en en-tête la date du 12 juillet.)
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITE
4º Puisque, selon la remarque du Philosophe, le plaisir qui résulte d'une opération la rend plus parfaite (2), l'opération de chaque chose se rapporte, comme à sa fin, à l'objet où elle trouve son plaisir. Or, les animaux sans raison ne goûtent de délectations que celles qui ont trait à la conservation du corps; car ils n'en trouvent aucune dans les sens, les odeurs et les formes extérieures, à moins que ces choses ne soient pour eux des signes indicatifs des aliments ou des jouissances sensuelles, qui seuls leur procurent quelque plaisir. Toute opération émanée d'eux n'a donc d'autre but que la conservation de l'être corporel. Donc il n'y a pas d''être possible pour eux sans le corps.
Ce sentiment est en conformité parfaite avec la doctrine catholique. L'Écriture dit, en parlant des brutes : L'âme [ou la vie] de la chair est dans le sang [Levit. XVII, 11]; ce qui signifie que l'être de l'animal dépend de la consistance du sang. — Nous lisons aussi dans le livre des Dogmes ecclésiastiques : « Nous croyons que l'homme seul a une âme substantielle [c'est-à-dire qui a le principe de la vie en elle-même], et que les âmes des brutes meurent avec le corps. » Aristote enseigne aussi qu'il y a la même distinction entre la partie intellectuelle de l'âme et les autres parties qu'entre l'incorruptible et le corruptible (3).
Nous détruisons, par cela même, l'opinion de Platon, qui accorde l'immortalité, même aux âmes des brutes (4).
Il semble cependant que l'on peut établir de la manière suivante que les âmes des brutes sont immortelles : …
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(2), (3) Ces notes sont libellées en latin; sur demande, nous les publierons. Bien à vous. — (4) Voyez la note suivante.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITE
Il semble cependant que l'on peut établir de la manière suivante que les âmes des brutes sont immortelles :
1° L'être qui opère par lui-même et séparément subsiste également par lui-même. Or, il y a dans l'âme sensitive des brutes une opération qui subsiste par elle-même et à laquelle le corps ne prend aucune part, puisqu'elle se meut; car une nature qui est cause du mouvement se compose de deux choses, dont l'une est le principe et l'autre le sujet du mouvement; et par conséquent, puisque le corps est mû, l'âme seule est le principe moteur. Donc elle subsiste par elle-même. Donc elle ne peut être accidentellement détruite par suite de la destruction du corps; car ces êtres seuls sont détruits par accident, qui n'ont pas de subsistance propre. Elle n'est pas davantage susceptible d'une destruction essentielle, puisqu'elle n'est pas composée de principes contraires. Donc elle est absolument indestructible.
2° Nous revenons ainsi à la raison donnée par Platon, que toute âme est immortelle, parce que l'âme est une substance qui se meut elle-même (5). Or, tout être qui se meut lui-même est nécessairement immortel ; car la mort du corps n'est que l'éloignement de son moteur, et nul être ne peut se séparer de lui-même. D'où il conclut que celui qui est à lui-même son moteur ne peut mourir. Il suit donc de là que toute âme motrice, même celle des brutes, est immortelle. — Nous disons que cette raison revient à la précédente, parce que, comme dans l'opinion de Platon, aucun être ne meut sans être mû; celui qui se meut lui-même est essentiellement un moteur, et, par conséquent, il a une opération propre. Platon prétend que l'âme sensitive a une opération propre, non-seulement lorsqu'elle imprime le mouvement, mais encore tandis que la sensation se produit. La raison qu'il en donne, c'est que la sensation est une sorte de mouvement de l'âme même qui sent : ainsi mue, elle meut à son tour le corps pour le faire sentir. C'est pourquoi il définit le sentiment : un mouvement de l'âme réalisé par le moyen du corps.
Il n'y a certainement rien de vrai en cela. Car :…
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(5) Cette note est libellée en latin; sur demande, nous la publierons. Bien à vous. — Ce raisonnement est développé dans la suite du même livre, et aucune distinction n'est faite entre les âmes des hommes et celles des brutes.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITEIl n'y a certainement rien de vrai en cela. Car :…SUITE
1° Sentir ce n'est pas mouvoir, mais plutôt être mû, puisque l'animal, après avoir eu la puissance de sentir, éprouve une sensation actuelle causée par des objets sensibles qui modifient les sens. On n'est pas en droit de dire que le sens est affecté par l'objet sensible de la même manière que l'intelligence par l'espèce intelligible; en sorte que sentir et connaître seraient également deux opérations de l'âme, indépendantes de tout instrument corporel. Car l'intelligence saisit les choses, en faisant abstraction de la matière et des conditions matérielles qui sont les principes de l'individualité ; et les sens n'ont pas cette faculté: on en sera convaincu en considérant que l'objet des sens est le particulier [ou l'individu], et que l'universel est celui de l'intelligence. Il est évident par là que les sens ne sont affectés que par des objets qui consistent dans une matière, et que ces mêmes objets, au contraire, n'affectent l'intelligence qu'autant qu'ils sont abstraits de la matière. L'intelligence n'est donc impressionnée par aucune matière corporelle, tandis que les sens ne sauraient l'être sans matière.
2° Des sens divers sont destinés à percevoir les diverses formes sensibles : par exemple, la vue saisit les couleurs, et l'ouïe les sens. Cette diversité résulte manifestement des dispositions diverses des organes; car l'organe de la vue doit être en puissance pour toutes les couleurs, et celui de l'ouïe pour tous les sons. Or, si cette perception avait lieu sans le secours d'un organe corporel, la même puissance aurait la faculté de recevoir toutes les formes sensibles, puisque toute vertu immatérielle est, pour ce qui la concerne, également bien disposée relativement à toutes les qualités de ce genre; et c'est pour celte raison que l'intelligence, qui ne fait aucun usage des organes corporels, connaît tout ce qui tombe sous les sens. Donc la sensation est impossible sans un organe corporel.
3° L'excellence des objets sensibles altère les sens…
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De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITEIl n'y a certainement rien de vrai en cela. Car :…SUITE
3° L'excellence des objets sensibles altère les sens et ne produit aucun effet semblable dans l'intelligence, puisque l'esprit qui arrive à connaître les plus éminents des êtres intelligibles n'est pas moins apte, mais, au contraire, mieux disposé à connaître ceux d'un ordre inférieur (6). Donc l'affection qui émane de la forme sensible pour les sens, et de l'espèce intelligible pour l'intelligence, n'appartient pas au même genre; mais l'impression reçue dans l'intelligence est indépendante de tout organe corporel, et elle s'exerce, par le moyen d'un organe corporel, sur les sens, dont l'harmonie [ou l'équilibre] est rompue par l'excellence de l'objet sensible.
Lorsque Platon affirme comme certain que l'âme est une substance qui se meut elle-même, il s'appuie sur ce qui a lieu pour les corps. Nul corps, en effet, ne meut s'il n'est mû lui-même; d'où Platon conclut que tout moteur est en mouvement. Et parce qu'il ne peut y avoir, jusqu'à l'infini, une distinction réelle entre le mobile et son moteur, il est amené à dire que, dans chaque ordre d'êtres, le premier moteur se meut lui-même, et par conséquent, que l'âme, qui est le premier principe du mouvement des animaux, est une substance qui se meut elle: même.
Deux raisons démontrent parfaitement la fausseté de cette conclusion.
— D'abord, nous avons prouvé [liv. I, ch.13] que tout ce qui est mû essentiellement est un corps; d'où il suit que l'âme n'étant pas un corps, elle ne peut être en mouvement que par accident.
— En second lieu, comme le moteur, en sa qualité de moteur, est en acte, tandis que le mobile, en tant que tel, est en puissance, puisque rien ne peut être, sous le même rapport, en acte et en puissance, jamais il ne pourra se faire que le même être soit à la fois, et sous le même rapport, moteur et mobile; mais lorsqu'on affirme qu'une chose se meut elle-même, l'une de ses parties est nécessairement le moteur et l'autre le mobile, et c'est en ce sens que nous disons de l'animal qu'il se meut lui-même, parce que l'âme imprime et le corps reçoit le mouvement.
— Il faut pourtant observer que Platon, en se servant du terme de mouvement, qui ne s'applique rigoureusement qu'aux seuls corps, ne considère pas l'âme comme une nature corporelle; car il ne veut pas parler, dans ce cas, du mouvement proprement dit, mais sous ce nom il comprend en général toute espèce d'opération.
Aristote lui-même nous dit que les deux opérations de sentir et de connaître sont en quelque sorte des mouvements (7). Le mouvement ainsi envisagé n'est pas l'acte de l'être existant en puissance, mais l'acte de l'être parfait. C'est pourquoi, en disant que l'âme se meut elle-même, il entend qu'elle agit d'elle-même et sans le secours du corps, contrairement à ce qui a lieu pour les autres formes, qui ont besoin d'une matière pour agir: le calorique, par exemple, n'échauffe pas tandis qu'il est seul, mais il produit cet effet dans un sujet. Il partait de là pour arriver à cette conclusion, que toute âme motrice est immortelle, parce que l'être qui opère par lui-même est également capable d'avoir une existence propre.
Nous avons déjà prouvé que l'opération propre aux âmes des brutes…
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(6), (7) Ces notes sont libellées en latin; sur demande, nous les publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIILes âmes des brutes ne sont pas immortelles.SUITE
Nous avons déjà prouvé que l'opération propre aux âmes des brutes, c'est-à-dire l'opération de sentir, ne peut s'exercer indépendamment du corps. Cette vérité paraît plus manifeste encore lorsqu'il s'agit d'une autre opération que nous appelons l'appétit; car tous les faits qui ont pour principe l'appétit résidant dans la partie sensitive ne se produisent certainement pas sans qu'il survienne quelque changement dans le corps, et c'est ce qui leur fait donner le nom de passions de l'âme.
Il résulte de tout cela que l'acte même de mouvoir n'est pas une opération de l'âme sensitive indépendante de tout organe corporel. L'âme de la brute, en effet, ne saurait mouvoir autrement que par le sentiment et l'appétit; car la vertu [ou puissance active] à laquelle nous attribuons la faculté d'effectuer le mouvement fait, par son action, que les membres obéissent aux ordres de l'appétit; d'où il suit que ce sont des vertus qui disposent davantage le corps à être mû, plutôt que des vertus motrices.
— Il est donc évident que nulle opération de l'âme des brutes ne peut se réaliser sans le corps; et nous en tirons cette conséquence nécessaire, que l'âme de la brute périt avec le corps.
LXXXIII. Raisons qui semblent prouver que l'âme humaine n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.
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De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.
Parce qu'il est constant que l'existence des mêmes choses qui commencent a aussi un terme, on pourra croire que l'âme ne devant pas finir, elle n'a pas eu non plus de commencement, mais qu'elle a toujours été. Les raisons qui paraissent le prouver sont celles-ci :
1° Ce qui ne doit pas cesser d'être a la vertu d'exister toujours. Or, jamais il ne sera vrai de dire de ce qui a la vertu d'exister toujours, que cela n'est pas, parce que la durée de l'être s'étend aussi loin que la vertu d'exister; et, au contraire, il y a un instant où l'on dit vrai en affirmant que ce que qui a commencé d'exister n'est pas. Donc ce qui ne doit jamais cesser d'être ne commencera d'exister à aucun instant.
2° La vérité des êtres intelligibles est indestructible…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.
2° La vérité des êtres intelligibles est indestructible ; par conséquent, en ce qui la concerne, elle est éternelle; car elle est nécessaire. Or, toute chose nécessaire est éternelle, puisque, par là même qu'elle est nécessaire, sa non-existence est impossible. La vérité de l'être intelligible étant indestructible, il est évident que l'être de l'âme est également indestructible. Donc, pour la même raison, l'éternité de cette vérité prouve aussi l'éternité de l'âme.
3° C'est une imperfection pour un être que de rester privé de plusieurs de ses parties principales…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.
3° C'est une imperfection pour un être que de rester privé de plusieurs de ses parties principales. Or, il est clair que les principales parties de l'univers sont les substances intellectuelles, parmi lesquelles il faut compter les âmes humaines [ch. 46]. Donc, si des âmes sont créées tous les jours en nombre égal à celui des hommes qui naissent à chaque instant, l'univers reçoit l'accroissement de plusieurs de ses parties principales, et d'autres lui font encore défaut. Donc l'univers est imparfait; ce qui est contradictoire.
4° Il en est même qui invoquent à leur appui l'autorité de la Sainte-Écriture…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.SUITE
4° Il en est même qui invoquent à leur appui l'autorité de la Sainte-Écriture. Il est dit : Dieu termina le septième jour l'ouvrage qu'il avait fait; et le septième jour il se reposa après avoir exécuté tous ses ouvrages [Gen. II 2, (1). Or, il n'en serait pas ainsi s'il continuait toujours à créer de nouvelles âmes. Donc les âmes humaines ne commencent pas d'exister, mais leur être est aussi ancien que celui du monde.
Pour ces raisons et d'autres semblables, certains philosophes, partisans de l'éternité du monde, ont enseigné que l'âme humaine étant indestructible, elle a éternellement existé.
Ceux d'entre eux qui admettent que les âmes humaines sont immortelles, de telle sorte que leur nombre ne diminue point, et les Platoniciens sont dans ce cas, ceux-là croient qu'elles existent de toute éternité et qu'elles sont tour-à-tour unies à des corps et séparées de ces corps, et que ces changements d'état arrivent après des périodes déterminées (2).
Ceux qui n'accordent l'immortalité qu'à un principe unique de l'âme humaine, qui survit à tous les hommes, prétendent que ce principe unique est éternel, que ce soit l'intellect actif seul, d'après le sentiment d'Alexandre [d'Aphrodisée], ou avec lui l'intellect possible, comme Averrhoès le pense (3). Aristote paraît être de cet avis; car, en parlant de l'intelligence, il dit qu'elle est non-seulement incorruptible [ou indestructible], mais encore éternelle (4).
Des catholiques, imbus des doctrines platoniciennes, ont adopté un moyen terme. Parce que, suivant les enseignements de la foi, aucun être n'est éternel, excepté Dieu, ils ont rejeté l'éternité des âmes; mais ils pensent qu'elles ont toutes été créées en même temps que le monde, ou plutôt avant le monde visible, et que cependant leur union avec les corps est postérieure. Origène est le premier partisan de cette opinion que l'on rencontre parmi ceux qui professent la doctrine chrétienne, et plusieurs l'ont embrassée après lui; des hérétiques de nos jours l'ont retenue, et les Manichéens affirment encore, avec Platon, que ces âmes sont éternelles et passent d'un corps dans un autre.
Il est facile de démontrer que ces opinions n’ont pas pour elles la vérité…
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(1) Il faut entendre ce passage de la Genèse en ce sens, que le septième jour l'œuvre de la création se trouva terminée, puisque la formation de l'homme, qui en fut le couronnement, eut lieu le sixième jour, et le septième Dieu se reposa. Ce n'est pas à dire qu'il fût sorti de son repos éternel, ou qu'à la suite de la création il éprouvât de la fatigue ; car il est parfaitement immuable : un acte de sa volonté lui suffit pour tirer du néant la création tout entière, et sa volonté n'est autre que lui-même, comme saint Thomas l'a démontré [liv. I,ch.72], puisqu'il n'y a aucune distinction réelle entre ses opérations et son essence ou sa substance. — (2), (4) Ces notes sont libellées en latin; sur demande, nous les publierons. Bien à vous. — (3) Voyez l'exposé de ces opinions dans le [ch. 81, 3°].
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De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.SUITE
Il est facile de démontrer que ces opinions n’ont pas pour elles la vérité.
Nous avons déjà établi qu'il n'y a pas un seul intellect possible ou actif pour tous les hommes [ch. 73 et 76].
Il nous reste donc à combattre ceux qui, tout en admettant la pluralité des âmes humaines, veulent cependant qu'elles aient existé avant les corps, que ce soit de toute éternité ou seulement depuis la création du monde.
Voici les raisons qui nous font condamner ce sentiment.
1º Nous avons prouvé que l'âme est unie au corps comme sa forme et son acte [ch. 56 et 57]. Or, bien que l'acte précède naturellement [suivant l'ordre rationnel] la puissance, cependant il lui est postérieur, quant au temps, dans le même être; car ce qui est produit passe de la puissance à l'acte (5). Donc le sperme, qui n'est vivant qu'en puissance, a existé avant l'âme, qui est l'acte de la vie.
2° Il est naturel que la forme soit unie à sa propre matière ; autrement l'être composé de la forme et de la matière serait eu dehors de la nature. Or, chaque chose reçoit ce qui lui convient en vertu de sa nature avant ce qui ne lui convient qu'en dehors de la nature; car un attribut qui est en dehors de la nature est un simple accident, tandis que celui qui est dans la nature est un attribut essentiel; et l'accidentel vient toujours après l'essentiel. Donc, il convient plutôt à l'âme d'être unie an corps que d'en être séparée. Donc elle n'a pas été créée avant le corps auquel elle est unie.
3° Une partie séparée de son tout est imparfaite. Or, l'âme, en tant que forme, est une partie de l'espèce humaine [ch. 47]. Donc, si elle existe par elle-même indépendamment du corps, elle est imparfaite. Et pourtant, dans l'ordre de la nature, le parfait est avant l'imparfait. Donc l'ordre de la nature ne souffre pas que l'âme ait été créée sans corps, avant d'être unie à un corps.
4° Si les âmes sont créées séparément des corps, nous devons rechercher comment elles ont été…
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(5) L'acte précède naturellement la puissance, c'est-à-dire que la puissance ou la possibilité d'exister suppose toujours un être naturel qui réduira cette puissance à l'acte, puisque rien n'est cause de soi-même et que tout ce qui est ne possède l'existence que par participation. Cependant, si l'on considère l'ordre de la production des choses, ou la transition du non-étre à l'être, la puissance est antérieure à l'acte, parce que, pour exister réellement, un être doit avoir d'abord le puissance d'exister, et l'instant où il reçoit l'existence est simplement la réalisation de cette possibilité. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de la créature; car il n'y a en Dieu aucune puissance passive [liv. I, ch.18] : il est nécessairement et essentiellement [liv. ibid. , ch.22], et son être c'est lui-même.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De l’âme.LXXXIIIRaisons qui semblent prouver que l'âme humaine
n'est pas créée avec le corps, mais a éternellement existé.SUITE
4° Si les âmes sont créées séparément des corps, nous devons rechercher comment elles ont été unies à ces corps, et nous disons que cette union est forcée ou naturelle,
— Si elle est forcée, comme tout ce qui est tel contrarie la nature, l'union de l'âme et du corps est en dehors de l'ordre naturel, et par conséquent, l'homme, qui est un composé de ces deux substances, est un être qui n'est pas conforme à la nature ; ce qui est manifestement faux. De plus, les substances intellectuelles sont d'un ordre plus élevé que les corps célestes. Or, il n'y a dans les corps célestes rien de forcé ni de contraire à la nature. Donc, à plus forte raison, il doit en être de même des substances intellectuelles.
— Si l'union des âmes avec les corps est naturelle, à l'instant de leur création, ces âmes ont dû naturellement désirer d'être unies à des corps. Or, un appétit naturel passe immédiatement à l'acte, à moins qu'il ne rencontre quelque obstacle, et nous en avons la preuve dans le mouvement des objets pesants ou légers; car la nature opère toujours uniformément. Donc, à l'instant même ou elles furent créées, ces âmes eussent été unies à des corps, si quelque chose ne s'y fût opposé. Or, tout ce qui empêche un appétit naturel d'obtenir son effet exerce une sorte de violence. Donc c'est par force que ces âmes ont été pendant quelque temps séparées des corps ; ce qui répugne, d'abord parce qu'il ne peut y avoir dans ces substances rien de forcé, comme nous l'avons prouvé ; ensuite, parce que ce qui est forcé et contraire à la nature n'étant qu'accidentel, cela ne peut être antérieur à ce qui existe en vertu de la nature, ni affecter l'espèce tout entière. En outre, comme chaque être désire naturellement sa perfection, c'est à la matière qu'il convient de rechercher sa forme, et non réciproquement. Or, l'âme est pour le corps ce qu'est la forme pour la matière [ch. 57, 65 et 68]. Donc l'union de l'âme avec le corps n'est pas le résultat d'un désir de l'âme, mais plutôt d'un appétit du corps.
Si l'on prétend qu'il est également naturel à l'âme d'être unie à un corps et d'être séparée de ce corps à des époques diverses, nous ne pouvons admettre qu'il en soit ainsi…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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