DIVINE GRÂCE - REV. EDMUND J. WIRTH, Ph.D., D.D., D.D.

LA GRÂCE DIVINE - UNE SÉRIE D'INSTRUCTIONS DISPOSÉES SELON LE CATÉCHISME DE BALTIMORE

Une aide aux enseignants et aux prédicateurs

RÉDACTIONS ÉDITÉES PAR
REV. EDMUND J. WIRTH, Ph.D., D.D., D.D.
Professeur au Séminaire St. Bernard, Rochester, N.Y.

NEW YORK, CINCINNATI, CHICAGO
FRÈRES BENZIGER
IMPRIMEURS AU SAINT-SIÈGE APOSTOLIQUE 1903

Nihil Obstat.
REMIGIUS LAFORT,
Censor Librorum.

Imprimatur.

+ JNO. M. FARLEY,
Archbishop of New York.

New York, June 3, 1903.

PRÉFACE

La grâce divine est le fondement du surnaturel.
la vie, la source de tout ce qui est surnaturel
les vertus, l'effusion de l'amour de Dieu
sur Ses créatures ; il constitue l'homme un
fils de Dieu, et lui donne le droit d'avoir l'enfant de Dieu
royaume des cieux. De grâce, nous pouvons dire
ce que Salomon a dit de la sagesse divine, "Tous
de bonnes choses me sont venues avec elle,
et d'innombrables richesses à travers ses mains." 1

Nous ne pouvons jamais comprendre pleinement la
dignité et l'excellence de la grâce divine. La grâce est
la somme et la substance de la " Bonne Nouvelle "
annoncée par Dieu aux hommes. La grâce est le fruit
de la Rédemption ; pour cela le Fils de Dieu s'est fait
homme, pour cela il a souffert et est mort que nous
ayons la grâce, et par elle la Rédemption et le salut.
Tout chrétien, simple ou érudit, jeune ou vieux, doit
connaître ce grand " mystère du Christ qui, dans les
autres générations, n'était pas connu des fils des
hommes, comme il est maintenant révélé en esprit
à ses saints apôtres et prophètes, que les païens
doivent être ses frères, et du même corps, cohéritiers
de sa promesse en Jésus Christ ". 2 Cette
connaissance devient encore plus nécessaire dans les
circonstances dans lesquelles nous vivons. Le
protestantisme est passé d'une exagération de la
grâce à un déni total de celle-ci ; le monde dans
lequel nous vivons est matérialiste et pélagique.

L'idéal proposé aux jeunes en dehors de l'Église
catholique est seulement trop souvent l'homme
qui a du succès dans les affaires, le soi-disant
autodidacte. Le monde va de plus en plus loin
loin du surnaturel ; seulement ce qui fait appel
aux sens est considéré comme réel ; les mots
"miracle" et "mystère" sont pour beaucoup
synonyme de "mythe" et "fable". L'influence de
cet environnement ne peut que produire une
certaine quantité de pélagisme inconscient,
même dans notre propre peuple; d'où la
nécessité d'insister, surtout de nos jours (1903),
sur la dignité, la gratuité et la nécessité de la
grâce divine.

TBC...

1 Sagesse. 7. II.

2 Éph. 3. 4-6.

La doctrine de la grâce est difficile ; la grâce
n'est pas une chose qui relève de l'observation
des sens ; c'est surnaturel. C'est pour cette
raison que beaucoup ont pensé qu'elle ne peut
pas être expliquée avec une quelconque
plénitude aux enfants, mais que la grandeur du
don de Dieu ne doit pas être une raison de le
passer sous silence. Si les pouvoirs naturels de
l'enfant ne s'étendent pas jusqu'à saisir la
sublimité des vérités de Dieu, nous devons nous
rappeler qu'en essayant d'apprendre ces vérités,
la même grâce de Dieu sera là pour les aider par
sa lumière surnaturelle. "Je te confesse, ô Père,
Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as
caché ces choses aux sages et aux prudents, et
que tu les as révélées aux petits.''3 Avec l'aide de
sa lumière, qu'il nie aux orgueilleux et donne aux
humbles, ils comprendront quelque chose de la
miséricorde de Dieu et de sa bonté, transmise aux
hommes par la grâce divine.


TBC...

3 Matt. ii. 25.

Ces instructions sur la grâce divine sont les suivantes
pour aider l'enseignant et l'équipe de l'école
catéchiste dans l'explication de la doctrine de
l’Église sur ce sujet très important. Mon but a été de
donner dans un langage simple comme une exposition
complète de la doctrine de la grâce le plus possible
dans les circonstances. Tous questions non fondées et
sujettes à discussion dans les écoles ont été évitées.
Ces instructions fournissent des explications, des
preuves et des illustrations de la doctrine de l'Église à
l'enseignant, qui peut en choisir en fonction des
besoins et des capacités des élèves. Les élèves des
académies, des lycées pourront sans aucun doute
comprendre presque tout ce qui est contenu dans ces
pages ; pour les plus petits, les points les moins
importants peuvent être négligés. Les instructions sont
organisées selon les questions du Catéchisme de
Baltimore, qui est maintenant d'usage presque général
dans nos écoles catholiques. Quelques instructions ont
été introduites pour lesquelles aucune question ne
correspond dans le catéchisme. La raison en est évidente ;
le lien logique de la doctrine l'exigeait ; ces questions
sont, en outre, d'une importance primordiale, par
exemple la doctrine que Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés, et donne donc à chaque homme la grâce
suffisante ; la doctrine de la nécessité des bonnes œuvres.
L'insertion de ces instructions m'a contraint à réunir dans
plusieurs cas deux questions en une, puisque je voulais
conserver le nombre douze, le nombre de questions dans
le Catéchisme de Baltimore, ainsi que de ne pas dépasser
les proportions du livre. Cela a été fait dans le cas de
questions qui permettraient un traitement plus bref, ou qui
ont été à nouveau abordées dans d'autres parties du
catéchisme.

Les instructions sont basées sur un petit traité allemand,
Nepefny, Das Uebernatuerliche Leben, dont ceci est une
adaptation. Le travail d'adaptation au Catéchisme de
Baltimore a cependant nécessité, dans plusieurs cas, la
rédaction d'instructions entièrement nouvelles, dans
d'autres, la contraction de plusieurs en une seule, ainsi
que de nombreuses autres additions et omissions, de
sorte que ce livre a perdu beaucoup de sa ressemblance
avec l'original.

EDMUND J. WIRTH.

Rochester, N.Y.
Fête de la Pentecôte, 1903.

DIVINE GRÂCE

I


INTRODUCTION

Quels sont les principaux effets de la Rédemption ?
Les principaux effets de la Rédemption sont au
nombre de deux : la satisfaction de la justice de
Dieu par la souffrance et la mort du Christ,
et l'obtention de la grâce pour les hommes.

Toutes les choses ont un but pour lequel elles
existent. Les outils que nous utilisons, les choses
qui poussent sur le terrain, ont tous leur utilité.
Les plantes et les animaux existent pour fournir
de la nourriture et des vêtements à l'homme.
Nous avons des yeux pour voir, les oreilles pour
entendre, les pieds pour marcher, les mains pour
travailler. Toutes les choses ont leur but - l'homme
seul est-il une exception à cette règle ? Non,
certainement pas ; l'homme aussi existe dans un
but. C'est ce que nous dit notre catéchisme à la
toute première page : Dieu m'a fait le connaître,
l'aimer, le servir dans ce monde, et être heureux
avec Lui pour toujours dans l'autre.

C'est dans ce but que nous avons été créés. Il y a
beaucoup de gens qui ont abandonné toute
croyance dans le christianisme et mènent de
mauvaises vies. Ils disent qu'avec la mort tout est
fini, qu'il n'y a ni ciel ni enfer, qu'il n'y a pas de
Dieu. On dit que l'homme n'est rien d'autre qu'un
animal plus développé, qu'il n'y a pas de différence
essentielle entre l'homme et les animaux brutes.
Bien sûr, ils ne le croient pas eux-mêmes ; ils
parlent de cette manière afin de pouvoir plus
facilement donner libre cours à leurs
mauvaises passions, et ainsi vivre comme
des animaux. Comment quelqu'un
dans son cœur pourrait-il croire une telle
absurdité ! Combien l'homme diffère d'un
animal ! Il a l'intelligence qui lui permet de
connaître la vérité - oui, d'accéder à la
connaissance de Dieu Lui-même. Cela l'élève
bien au-dessus de la brute, qui ne sait rien
d'autre que de rechercher sa nourriture et
son plaisir corporel. L'homme a le libre arbitre,
et peut diriger ses propres actions. Il est le
seigneur de la création ; toutes les autres
choses ne sont que son service. Un seul regard
sur son corps nous montre la grande différence
qu'il y a entre lui et les animaux, alors que
l'animal a la tête tournée vers la terre,
l'homme n'y touche qu'avec la plante de son
pied, comme pour indiquer qu'il n'est pas fait
pour la terre, mais que son destin est plus élevé.
L'homme n'est pas pour la terre, mais la terre
est pour l'homme. Il est fait à l'image et à la
ressemblance de Dieu, et son destin est bien
plus élevé que celui des animaux. L'homme est
fait pour le paradis.

TBC...

That our destiny or last end is not in this
world we know also from the intense desire of
happiness which we experience in our hearts
and which the things of this world cannot
satisfy. As St. Augustine says, "Our heart is
unquiet until it rests in God." 1 If man were
made for this world, the things of this world
would satisfy him ; but this is not the case.
" The eye is not filled with seeing, neither is
the ear filled with hearing." 2 The things of
this world may seem to satisfy us for a time, but
soon we tire of them and seek new pleasures.
If worldly possessions and the pleasures of
earth could make us happy, then at least
Solomon should have been happy; for he
possessed accomplishments of mind and
body, wealth and wisdom, he tasted all
pleasure. And yet at the end of his life he
exclaimed with bitterness of soul, "Vanity
of vanities, and all is vanity" 3; i.e. all the
goods of this world are nothing but empty
shadows, devoid of any real value.

We will, therefore, not listen to the foolish
talk of those who debase the dignity of man
and try to reduce him to the level of the
beast, in order to abuse him for their shameful
and sinful schemes. We will maintain
our dignity, and as men and Christians
remain faithful to the teaching of our cate
chism, which tells us that we are created
for the happiness of heaven. We will not
be deceived by men without faith; we will
not be robbed of our Christian inheritance ;
we will not be as foolish as was Esau, who
sold his inheritance for a mess of pottage.

TBC....

1 Conf. 1. 1.
2 Eccles. 1. 8.
3 Eccles. 1. 2.

Traduction approximative:

Que notre destin ou notre dernière fin n'est pas
dans ce monde, nous le savons aussi par l'intense
désir de bonheur que nous éprouvons dans nos
cœurs et que les choses de ce monde ne peuvent
satisfaire. Comme dit saint Augustin : "Notre cœur
est inquiet jusqu'à ce qu'il repose en Dieu." 1 Si
l'homme était fait pour ce monde, les choses de ce
monde le satisferaient ; mais ce n'est pas le cas. "
L'œil n'est pas rempli de vue, ni l'oreille remplie
d'ouïe." 2 Les choses de ce monde
peuvent sembler nous satisfaire pendant un certain
temps, mais bientôt nous nous en lasserons et
chercherons de nouveaux plaisirs. Si les
possessions du monde et les plaisirs de la terre
pouvaient nous rendre heureux, alors au moins
Salomon aurait dû être heureux ; car il possédait
les accomplissements de l'esprit et du corps, la
richesse et la sagesse, il goûtait tout plaisir. Et
pourtant, à la fin de sa vie, il s'écria avec
amertume d'âme : "Vanité des vanités, et tout
est vanité" 3 ; c'est-à-dire que
tous les biens de ce monde ne sont que des
ombres vides, dépourvues de toute valeur réelle.

Nous n'écouterons donc pas le discours insensé
de ceux qui avilissent la dignité de l'homme et
tentent de le réduire au niveau de la bête, afin
de l'abuser pour leurs projets honteux et
pécheresse. Nous conserverons notre dignité, et
en tant qu'hommes et chrétiens, nous resterons
fidèles à l'enseignement de notre charisme, qui
nous dit que nous sommes créés pour le bonheur
du ciel. Nous ne serons pas trompés par des
hommes sans foi ; nous ne serons pas dépouillés
de notre héritage chrétien ; nous ne serons pas
aussi insensés que l'était Ésaü, qui a vendu son
héritage pour un gâchis de potage.

TBC...

1 Conf. 1. 1.
2 Eccles. 1. 8.
3 Eccles. 1. 2.

Le ciel est la fin de notre pèlerinage ici sur terre. Quel destin sublime ! Nous devons être éternellement heureux ! Nous sommes faits pour le ciel, le lieu du bonheur parfait avec Dieu ! Le bonheur du ciel dépasse tout ce que nous pouvons imaginer ou penser. "L'œil n'a pas vu, ni l'oreille entendue, ni pénétré dans le cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment." 1 " Nous voyons maintenant, à travers un verre, d'une manière obscure ; mais alors face à face." 2 Quelle joie et quel bonheur de voir Dieu face à face, de le voir tel qu'il est dans toute sa beauté ! Quelle joie et quel bonheur d'être toujours avec Dieu et Sa Sainte Mère en compagnie de tous les anges et saints de Dieu !

C'est le bonheur pour lequel Dieu a créé l'homme ; c'est le bonheur que l'homme devait certainement atteindre ; mais par le péché d'Adam un obstacle a été mis sur le chemin. Dieu créa l'homme, et pour éprouver sa fidélité, Il lui donna l'ordre de ne pas manger du fruit d'un certain arbre dans le jardin du Paradis. S'il restait fidèle, il devait être préservé de la mort, et après un temps pour être emmené au ciel, il devait être heureux pour toujours avec Dieu. Nous savons de notre histoire biblique ce qui s'est passé : le diable en forme de serpent a tenté Ève, lui promettant que s'ils mangeaient du fruit interdit, ils devraient devenir comme Dieu, connaissant le bien et le mal. Ève s'est laissée séduire et a pris du fruit et l'a mangé et l'a aussi donné à Adam, et lui, lui aussi, en a mangé.  Par cet acte de désobéissance à la loi de Dieu, nos premiers parents perdirent tous les dons surnaturels que Dieu leur avait accordés, et ils furent chassés du Paradis. Ils ont perdu le don de l'immortalité et ont été soumis à la mort ; ils ont perdu le ciel, qui leur avait été promis à condition qu'ils demeurent obéissants. Le châtiment était la mort du corps et la mort de l'âme. Ils avaient offensé Dieu en transgressant un commandement que Dieu leur avait donné. Dieu avait voulu que l'état d'amitié avec Lui dans lequel ils avaient été créés, et le bonheur du ciel qui allait suivre, devaient être transmis par eux à leurs descendants. Quand ils ont perdu ces dons que Dieu leur avait accordés, ils les ont perdus non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour leurs descendants. Ils ne pouvaient pas transmettre ce qu'ils avaient perdu. Par le péché d'Adam et Ève nous sommes nés, non pas amis de Dieu, comme nous aurions dû l'être s'ils n'avaient pas péché, mais nous sommes nés Ses ennemis ; nous sommes nés dans le péché. Ce péché est appelé péché originel. La condition de l'homme est donc bien pire après la chute qu'elle ne l'était avant la chute. Nous n'avons pas le don de l'immortalité, nous ne sommes pas nés dans l'amitié de Dieu ; et avec la perte du droit à l'héritage du ciel, notre compréhension s'obscurcit, et il reste en nous une forte tendance au mal.

TBC...

1 1 Cor. 2. 9.
2 1 Cor. 12. 13.

Le péché est une offense à Dieu. Justice exige
qu'une certaine réparation soit accordée pour
cette offense. Quand on considère la
grandeur de l'offense, nous voyons que l'homme
n'a pas pu réparer la blessure. L'offense était
contre Dieu ; Celui qui est infini dans toutes les
perfections fut insulté par celui qu'Il avait fait
de rien. De même que c'est une plus grande
faute d'insulter quelqu'un qui est bien au-dessus
de nous que d'insulter quelqu'un qui est notre
égal ou même au-dessous de nous, de même
c'était un crime incommensurablement grand
d'insulter Dieu, qui est infiniment au-dessus des
hommes ; de même c'est une plus grande faute
que d'insulter une personne qui ne nous a fait
que du bien que de ne nous faire que de la
bienveillance, qu'il ne nous faut faire de la peine
à un étranger ; Dieu n'avait pas
seulement été un ami et un bienfaiteur, mais Il
avait donné à l'homme tout ce que l'homme
était et possédait. Nous voyons de la
grandeur de la culpabilité du péché que
l'homme était incapable de réparer l'offense
commise contre Dieu. Dieu a eu pitié de
l'œuvre de Sa main, et a envoyé Son Fils
unique pour nous racheter, et ainsi nous
réintégrer dans Son amitié. C'est son amour
qui l'a poussé à le faire, car il a "tant aimé le
monde qu'il a donné son Fils unique" 1 pour le
racheter.  Le Fils de Dieu, étant vrai Dieu comme
le Père est Dieu, pourrait faire une ample
satisfaction pour les péchés du monde. C'est ce
qu'il a fait par sa passion et sa mort. D'où
notre catéchisme donne, comme premier effet
de la Rédemption, la satisfaction de la justice
de Dieu par la Passion et la mort du Christ.

1 Jean 3. 16.

TBC...

La deuxième personne de la Très Sainte Trinité est
devenu homme, a souffert et est mort, non
seulement pour satisfaire la justice de Dieu, mais
aussi pour gagner grâce pour l'homme. Le Christ
est mort non seulement pour faire la réparation de
l'insulte offerte à Dieu par le péché, mais aussi
d'élever à nouveau l'homme à l'état d'homme
d'amitié avec Dieu, pour lui rouvrir le ciel.  Par le
péché le ciel, pour lequel l'homme avait été créé
lui était fermé ; le Christ est venu pour obtenir
pour l'homme ce qui était nécessaire pour qu'il
puisse à nouveau être fait digne de ce bonheur
inexprimable qui vient de la possession de Dieu
Lui-même pour l'éternité. Grâce aux mérites de
la la souffrance et la mort de Jésus-Christ, nous
sommes de nouveau appelé à l'héritage du
royaume du paradis.

Que devons-nous faire pour atteindre le ciel ?
est pour nous la question primordiale. Dieu veut
que nous atteignions le ciel parce qu'Il est notre
Père ; Il a fait des cieux pour nous et veut que
nous, Ses enfants, soyons avec Lui pour l'éternité.
Quand nous avons perdu notre droit au ciel par
le péché, le Fils unique de Dieu est devenu
l'homme et l'a retrouvé pour nous. Si Dieu veut
que nous obtenions la possession du ciel, nous
pouvons l'obtenir. Pourtant, le ciel ne doit pas nous
être donné sans que nous fassions quelque chose
pour le mériter. Le ciel doit être une récompense.
Saint Paul compare le ciel à une couronne qui est
donnée au vainqueur d'une course. 1 Notre-Seigneur
dit : " Le royaume des cieux souffre la violence, et les
violents l'emportent ". 2

TBC...

1 1 Cor. 9. 24.
2  Matt. 11. 12.

Il y a alors quelque chose à faire de notre part
pour que nous puissions recevoir la
récompense du bonheur éternel. Qu'est-ce que
c'est ? Pour être sauvés, nous devons croire en
Dieu et garder Ses commandements. Nous
devons d'abord croire en Lui ; nous devons croire
tout ce qu'Il a fait connaître et proposé pour notre
foi par l'intermédiaire de la sainte Église
catholique. C'est la première condition. "Sans foi,
il est impossible de plaire à Dieu."  1 "Celui qui ne
croit pas sera condamné." 2
Celui qui refuse de croire les vérités que Dieu Lui-
même a révélées insulte Dieu. Une telle personne
n'ira pas au ciel, mais sera punie pour toujours en
enfer. Nous croirons donc toujours tout
ce que Dieu nous a révélé et nous enseigne à
travers Sa sainte Église, car Dieu est toute vérité
et ne peut nous tromper ; Il est omniscient et ne
peut se tromper. Nous serons donc toujours de
bons et fidèles chrétiens, accrochés à la foi de la
sainte Église catholique. Dans cette foi nous
vivrons, et dans cette foi nous espérons mourir.

TBC...

1 Heb. 11. 6.
2 Marc 16. 16.

La deuxième condition que nous devons remplir
pour être sauvés est de garder les
commandements de Dieu. "Si tu veux entrer
dans la vie, garde les commandements." 1 Si
nous voulons aller au ciel, il ne suffit pas de croire ;
nous devons aussi garder les commandements
que Dieu a faits pour nous. Nous ne pouvons pas
raisonnablement nous attendre à ce que Dieu
nous rende éternellement heureux, simplement
parce que nous croyons ce qu'Il dit, si nous
refusons de faire ce qu'Il nous commande. Pour
être sauvés, nous devons faire Sa sainte volonté,
nous devons Lui obéir, nous devons garder Ses
commandements. Notre catéchisme nous
enseigne ceci dans la question : "Est-il suffisant
d'appartenir à l'Église de Dieu pour être sauvé ?
Il ne suffit pas d'appartenir à l'Église de Dieu pour
être sauvé, mais nous devons aussi garder les
commandements de Dieu et de l'Église." Nous
appartenons à l'Église par la foi ; cela ne suffit
pas, nous devons aussi obéir à Dieu en gardant
les commandements qu'Il nous a donnés, et
ceux que l'Église fait par Son autorité. Nous
serons donc de bons catholiques, croyant tout
ce que Dieu enseigne à travers l'Église, et
obéissant joyeusement à Sa sainte volonté,
telle que nous la connaissons par Ses
commandements.

TBC...

1 Matt. 19. 17.

Pouvons-nous croire et garder les commandements
de Dieu ? La question la plus importante peut être
répondu de deux façons. Nous pouvons répondre,
Oui ; avec l'aide de Dieu, nous pouvons croire et
garder Ses commandements ; ou, nous pouvons
répondre, Non ; de notre propre force nous ne
pouvons rien faire pour mériter le royaume des
cieux. Les deux réponses, bien qu'au début vue
de l'autre côté, sont vraies. Avec l'aide de Dieu on
peut tout faire. "Je peux tout faire en Celui qui me
fortifie." 1 Sans cette aide de Dieu, nous ne
pouvons rien faire. "Sans Moi," dit Notre-Seigneur,
"vous ne pouvez rien faire." 2 Tout dépend donc de
l'aide de Dieu ; si nous l'avons avec nous, toutes
choses deviennent faciles pour nous. Cette aide de
Dieu, qui est_si nécessaire de croire et de garder
les commandements de Dieu, et donc d'être sauvés,
nous appelons la  Divine Grâce.
Si nous comptons sur notre propre force, nous ne
serons pas en mesure de se conformer aux conditions
que Notre-Seigneur s'est fixé pour le salut ; si,
cependant, nous n'avons pas compter sur l'aide de Dieu,
c'est-à-dire sur Sa grâce, alors nous serons capables de
croire et obéir d'une manière digne de la vie éternelle.



TBC...

1 Philippe. 4. 13.
2 Jean 15. 5

Vous en avez souvent fait l'expérience vous même.
Peut-être aviez-vous une mauvaise habitude, le
mensonge, la désobéissance, ou la malédiction et
à la confession vous étiez vraiment désolé pour
votre faute ; vous avez promis à Dieu fidèlement
d'amender et de faire mieux pour l'avenir, mais
après un certain temps quelques jours, vous êtes
retombé dans votre ancien péché, et vous étiez
peut-être encore pire qu'avant la confession.
Quelle en était la raison ? Vous étiez sincère quand
vous avez promis d'éviter ce péché, mais vous
dépendez de votre propre force, et vous avez
négligé de prier pour l'aide de Dieu. La
conséquence en a été que votre force vous a
laissé tomber, et vous êtes retombé dans vos
anciennes habitudes. Si vous aviez
prié, au lieu de dépendre de vous-même, et si
vous aviez dit : Ô mon Dieu, je reconnais ma
faute et je veux éviter le péché pour l'avenir,
mais de moi-même je suis faible et misérable.
Donne-moi l'aide de ta sainte grâce, fortifie
ma volonté, aide-moi, sauve-moi. Si vous
aviez prié de cette manière, au lieu de vous
confier en vous-même, vous auriez surmonté
votre faute, ou, du moins, vous vous seriez
remarquablement amélioré et vous ne seriez
pas tombé si souvent. Dieu permet
souvent à celui qui a confiance en lui-même
de tomber dans le péché afin d'apprendre sa
propre faiblesse et d'acquérir ainsi l'humilité.
"Dieu résiste aux orgueilleux et donne la
grâce aux humbles." 1 Dieu aide ceux
qui ont confiance en Lui, et il confond ceux
qui sont autosuffisants et agissent comme
s'ils n'avaient pas besoin de Sa grâce pour
éviter le péché. C'est pourquoi le
psalmiste chante : "Ô Dieu, viens à mon
secours, ô Seigneur, hâte-toi de m'aider." 2

TBC...

1 Jacques 4. 6
2 Psaume 69. 1

La grâce est donc nécessaire pour croire et garder
les commandements. Pour obtenir cette grâce pour
nous, Jésus a souffert et est mort. Sa Passion et
sa mort ont satisfait la justice de Dieu pour les
péchés commis contre Lui, et c'est pourquoi Saint
Jean-Baptiste l'appelle l'Agneau de Dieu qui enlève
les péchés du monde. 3

Sa Passion et sa mort méritaient pour nous la grâce
afin que nous puissions à nouveau entrer dans le
bonheur du ciel. "Il n'y a de salut en aucun autre.
Car il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné aux
hommes par lequel nous devions être sauvés." 1
Lui-même nous dit que nul ne peut venir au Père
que par Lui. Sans la grâce de Dieu, nous ne
pouvons pas être sauvés ; cette grâce si
nécessaire à notre salut nous vient de Jésus, qui
l'a méritée par sa passion et sa mort. Jésus est
appelé à ce titre le second Adam. De même que
nous sommes tous tombés dans le premier Adam,
et que nous descendons de lui comme pécheurs,
de même nous devons être libérés du péché et
descendre du second Adam comme saints.  Nous
prierons donc sincèrement pour l'aide de la grâce
de Dieu ; nous n'aurons pas confiance en nos
propres forces, mais nous mettrons plutôt notre
confiance en Dieu.

TBC...

3 Jean I. 29.
1 Actes 4. 12

Nous avons répondu à la question de savoir si nous
pouvions croire et garder les commandements en
disant que, bien que nous ne puissions rien faire de
nous-mêmes, nous pouvions croire et garder les
commandements de Dieu avec Son aide. Cette
réponse nous montre que la grâce est nécessaire,
mais elle nous montre aussi que la grâce seule ne
nous fera pas croire et garder les commandements,
puisque nous disons qu'avec l'aide de sa grâce, nous
pouvons croire et garder les commandements. Nous
aussi, nous devons faire quelque chose ; Dieu nous
aide, certes, mais Il ne veut pas que nous restions
les bras croisés, mais plutôt que nous travaillions
avec Sa grâce pour croire et faire ce qui est bien.  
Saint Paul dit : "Je peux faire en Lui tout ce qui me
fortifie." L'aide de Dieu ne manquera pas si
seulement nous avons la bonne volonté d'utiliser
Sa grâce et d'accomplir de bonnes œuvres. Dieu
nous a donné le libre arbitre parce qu'Il désire un
service gratuit : Il veut que nous Le servions par
amour - non pas parce que nous sommes obligés
de Le servir, et ne pouvons pas éviter de le faire.
C'est ainsi que le soleil, la lune, les étoiles, les
animaux et les plantes Le servent. "Les cieux
montrent la gloire de Dieu, et le firmament déclare
l'œuvre de ses mains." 1 L'homme, cependant, doit
servir Dieu comme une créature rationnelle ; il doit
Le servir en soumettant son intellect à la foi et sa
volonté à l'obéissance.

TBC...

1 Psaume 18. I.

Nous avons vu que nous sommes créés pour le ciel,
et qu'après que le ciel ait été perdu par péché, le
Christ, la seconde personne de la Très Sainte Trinité
s'est fait homme, et par Sa mort a expié, c'est-à-
dire a fait satisfaction, pour le péché ; que par la
Passion et la mort de Jésus Christ le ciel s'est de
nouveau ouvert à l'homme, et la grâce, nécessaire
pour obtenir la possession du ciel, nous a été donnée.
Dans la dixième leçon du catéchisme, que nous
sommes sur le point d'étudier, nous allons apprendre
ce qu'est la grâce, combien il y a de sortes de grâces,
et combien elles sont nécessaires pour le salut. Nous
nous efforcerons d'être très attentifs, afin de bien
comprendre l'enseignement de l'Église sur ce sujet
très important. "Seigneur miséricordieux, tends
l'oreille à nos prières et éclaire nos cœurs par la
grâce de Ton Esprit-Saint, afin que nous recevions
dignement Tes saints mystères, et que nous
T'aimions d'un amour éternel".

TBC...

II - NATURE ET DIVISION DE LA GRÂCE

NATURE DE LA GRÂCE

Qu'entendez-vous par grâce ?
Par grâce, j'entends un don surnaturel de Dieu qui nous a été accordé,
par les mérites de Jésus-Christ, pour notre salut.


Si nous rencontrons un grand homme qui est au-dessus de
nous en position sociale, un homme que nous admirons et
que nous honorons, et qu'il nous reçoit avec bonté, nous
parle, nous donne un cadeau précieux, nous disons de lui
qu'il est très bon et gracieux. La grâce peut signifier la
bonté, mais elle peut aussi être considérée comme un
cadeau ou un don par lequel nous reconnaissons la bonté
du donateur. Dans ce second sens, il est utilisé dans notre
catéchisme. La grâce est donc un cadeau ou un don que
nous recevons de Celui qui est plus haut que nous. Un
cadeau est quelque chose que nous recevons sans l'avoir
mérité ou mérité. Si nous travaillons pour un homme
pour une certaine somme d'argent, et qu'il nous donne cet
argent à la fin du temps que nous avons travaillé pour lui,
nous ne recevons pas un cadeau - nous recevons notre
salaire. Parce qu'un homme nous paie nos salaires, nous
n'avons pas besoin de le considérer comme particulièrement
bon et gracieux. Cependant, si quelqu'un nous donne
quelque chose pour lequel nous n'avons pas travaillé et que,
par conséquent, nous n'avons pas gagné, alors nous
recevons un cadeau. La grâce n'est pas un salaire,
mais un cadeau.

TBC...

La grâce est un don surnaturel. Un don comme celui
que nous avons décrit ci-dessus est un don
purement naturel. Le catéchisme dit que la grâce est
surnaturelle. Qu'est-ce que cela signifie ? Illustrons
par quelques exemples. Quelqu'un est malade, et
Dieu lui rend sa santé ; ou un garçon a reçu des
talents spéciaux, une rapidité de compréhension,
une bonne mémoire, de sorte qu'il apprend
rapidement et retient facilement ce qu'il a appris ;
ou nous pourrions prendre l'exemple de Salomon
qui a reçu une sagesse extraordinaire. Toutes ces
choses sont des dons de Dieu, mais ce ne sont
pas des dons surnaturels. Ils ne confèrent que ce
que l'on pourrait avoir par nature, ou ils
renforcent les pouvoirs naturels de l'âme ou du
corps. La santé est quelque chose de naturel, tout
comme la compréhension et la mémoire, ainsi
que la sagesse. La grâce est quelque
chose de plus élevé que ces choses ; elle
a à voir avec notre salut éternel. C'est un don qui
nous aide à atteindre le ciel et à être
éternellement heureux ; c'est un don qui nous
aide à atteindre la fin pour laquelle nous avons
été créés ; c'est un don qui n'appartient pas à ce
monde mais à l'autre ; c'est un don qui nous
amène à Dieu.

Quand Salomon reçut de Dieu une grande
sagesse, il obtint un don naturel, parce
qu'il aurait pu être le plus sage des
hommes et pourtant ne pas obéir aux
commandements de Dieu et ainsi perdre
le ciel. Cependant, lorsqu'un garçon récite
une prière avant de se confesser et
demande à Dieu de lui donner la vraie
douleur pour ses péchés et l'aide pour les
éviter pour l'avenir, alors il prie pour un
don surnaturel. De même, nous prions
pour un don surnaturel quand nous disons :
"Jésus, prends pitié de nous", parce qu'alors
nous demandons la miséricorde qui est
nécessaire pour le pardon de nos péchés.
Quand Salomon a reçu la sagesse, c'était la
sagesse de bien gouverner son peuple. Ce
n'était qu'un don naturel, destiné à son
propre bien-être temporel et à celui du
peuple juif. Au contraire, quand nous lisons
dans les Saintes Écritures les paroles de
Salomon : "Et comme je savais que je
l'avais donné, et c'était aussi un point de
sagesse, pour savoir de quel don il
s'agissait ; j'allai vers le Seigneur, et je le
suppliai, et lui dis, de tout mon cœur, etc,'' 1
nous voyons qu'ici il demanda un don
surnaturel, car la continence consiste à
surmonter la nature. C'était aussi une
grâce surnaturelle de savoir que c'était un
don de Dieu, et que nous devons prier pour
cela. Le don de Dieu que nous appelons
grâce n'est pas un don naturel mais
surnaturel, c'est-à-dire un don qui nous aide
à obtenir le salut éternel.

1 Wisd. 8. 21.

TBC...

Le don surnaturel de la grâce nous est donné
par les mérites de Jésus-Christ. Au
commencement Dieu créa l'homme pour le
bonheur éternel dans le ciel, et lui donna
toute la grâce nécessaire pour atteindre cette
fin. L'homme, cependant, n'est pas resté fidèle
mais a péché, et a ainsi perdu le don
surnaturel qu'il avait reçu. Par ce péché, Adam
a apporté la misère sur lui-même et sur ses
descendants. Personne n'aurait
pu obtenir la grâce pour lui-même ou pour les
autres, si un Rédempteur n'avait pas été
promis et envoyé par Dieu.Ce Rédempteur
était le Fils unique de Dieu le Père. Toute grâce
donnée à l'homme avant sa venue a été donnée
parce que Dieu avait promis de l'envoyer, et
qu'il savait d'avance que par sa souffrance et sa
mort il obtiendrait pour l'humanité une
surabondance de grâce. Le sang
d'Abel a crié vers le ciel pour se venger, mais
le sang de Jésus crie vers le ciel pour le
pardon et la grâce. Le Fils de Dieu s'est fait
homme et a versé Son sang pour la
rédemption du monde ; Son sang "qui parle
mieux qu'Abel" 1 a lavé les péchés
du monde et a mérité la grâce pour les
hommes. La grâce est accordée à l'homme à cause de
les mérites de Jésus-Christ ; mais elle ne cesse
d'être grâce parce que Dieu est poussé à nous
l'accorder par les mérites de son Divin Fils. Elle
reste encore imméritée de notre part, ainsi
qu'un don de miséricorde de la part de Dieu,
parce que même son Fils était un don de sa
miséricorde. L'amour ne détruit pas la liberté
de Dieu en nous donnant sa grâce, car Dieu
est tout libre et "Dieu est amour". 2

Le don surnaturel de la grâce, qui nous est accordé
par les mérites de Jésus Christ, nous est donné pour
notre salut. Dieu nous a créés pour le ciel ; Il veut
que nous soyons pour toujours heureux avec Lui.
C'est la raison pour laquelle Il nous donne Sa sainte
grâce.  Par grâce, Il agit toujours sur notre âme, en
nous donnant la lumière de sa vérité, afin que nous
croyions fermement à tout ce qu'Il a révélé, en
faisant bouger notre volonté, afin que nous puissions
éviter le péché et faire le bien. Si nous Lui sommes
fidèles, Il nous conduira à travers la vie et nous
couronnera de la couronne de gloire. C'est le but de
la grâce et de sa perfection.  Le ciel semble lointain ;
comment l'atteindre ? De notre propre force, nous ne
pourrons jamais l'obtenir, mais par la grâce de Dieu
sa possession sera facile. "Nul ne peut venir à Moi, si
ce n'est le Père, qui m'a envoyé, qui l'attire." 1
Réjouissons-nous de savoir que Dieu ne nous a pas
seulement fait pour le ciel, mais qu'il nous donne
aussi les moyens de l'atteindre. Il nous dit en quelque
sorte : J'ai préparé des joies indescriptibles pour vous
dans le ciel ; courage !  Moi-même, j'aiderai à les
obtenir si seulement vous ne Me résistez pas. Je vous
donnerai la force nécessaire par Ma grâce.
"Ma grâce te suffit." 2

TBC...

1 Jean 6. 44.
2 2 Cor. 12. 9.

La grâce nous est donnée pour obtenir la vie éternelle ;
elle est donc très précieuse. La grâce, dit Saint Thomas,
3 est plus précieuse que le monde entier avec tout ce
qu'elle contient. Saint Augustin affirme que même le
ciel et tous les chœurs d'anges ne peuvent être
comparés à la grâce. L'homme devrait être plus
reconnaissant à Dieu pour le plus petit don de la grâce
divine que s'il avait reçu la perfection des anges les plus
élevés et avait été fait roi du ciel et de la terre.
Les anges aussi jouissent de la grâce de Dieu,
et c'est pourquoi Saint Augustin ne parle que
des perfections naturelles des anges. La grâce
est un rayon de la beauté de Dieu qui tombe
sur nos âmes pour les rendre aussi belles.
Puisque la grâce nous rend dignes de l'amour
et de la possession de Dieu Lui-même, elle
ne peut pas être comprise entièrement par
nous ; sa valeur ne peut être mesurée par
rien de ce qui est créé ; elle peut seulement
être comparée à Dieu.

TBC...

Somme. Theol. I-II, qu. 113, a. 9 et 2.

Les anges du ciel ne peuvent pas apprécier pleinement la
valeur de la grâce ; ils se tiennent debout et adorent la
miséricorde de Dieu, qui se communique à ses créatures
. Mais je crains qu'ils ne s'étonnent aussi de
l'incompréhensible folie de l'homme, qui jette si légèrement
ce précieux cadeau pour un morceau de terre en forme
d'argent ou quelque vil plaisir des sens. Les anges doivent
pleurer en nous voyant, nous qui sommes appelés au plus
grand honneur et au plus grand bonheur dans le ciel, nous
précipitant tête baissée dans la misère et le péché, nous
exposant au danger d'être jetés pour toujours en enfer avec
le démon et ses disciples. En effet, le prophète
a dit la vérité lorsqu'il a dit : "Tout le pays est dévasté, car
il n'y a personne dans son cœur qui se soucie de ce qui se
passe.'' 1 Si nous considérions la valeur de la grâce divine,
cette grâce seule peut nous conduire à la fin pour laquelle
nous avons été créés, et elle seule peut nous apporter le
bonheur éternel du ciel, en serions-nous si peu soucieux
et la rejetterons-nous si facilement ? Bien sûr que non.

1 Jer. 12. 11.

TBC...

La grâce est comparée par saint Augustin à l'âme.
La matière en elle-même est morte, et ne peut
jamais devenir vivante ; il faut une âme pour
mettre la vie et le mouvement dans l'argile morte :
l'homme aussi est mort de lui-même pour le ciel,
et ne peut pas plus gagner le ciel de sa propre
force qu'un morceau d'argile sans vie peut se lever
et marcher. Dieu Lui-même ne peut pas créer une
créature pour laquelle la grâce devrait être naturelle,
tout comme Il ne peut pas créer de matière qui
puisse penser sans avoir d'âme. Comme l'âme est la
cause de la vie naturelle, ainsi la grâce est la cause
de la vie du ciel. La terre reçoit sa lumière du soleil,
et si le soleil devait cesser de donner de la lumière,
la terre serait dans les ténèbres ; ainsi notre âme
n'est que la terre,  et la grâce est le soleil qui
l'illumine et lui donne toute la beauté qu'elle
possède devant Dieu. La grâce rend le pauvre plus
riche que le plus grand roi ; un homme qui a la
grâce de Dieu a un plus grand trésor que celui qui
possède toutes les richesses de la terre.

TBC...

Nous devrions être très reconnaissants à Dieu
pour le don de sa sainte grâce. Nous Le
remercions de nous avoir créés à partir de rien,
et de nous avoir placés au-dessus de toutes
Ses œuvres. Jusqu'à quel point ne Lui devons-
nous pas une plus grande gratitude pour le don
encore plus grand de la grâce ? N'oublions
jamais un seul instant la grandeur de ce don de
Dieu, de peur que nous ne devenions comme
ces hommes de l'Évangile qui ont été invités à
un banquet, mais qui ont négligé de venir pour
quelque petit gain ou plaisir. Notre-Seigneur a
dit d'eux qu'ils n'étaient pas dignes du banquet.
Nous garderons toujours devant notre esprit la
valeur inestimable de la grâce divine,  qu'elle a
plus de valeur que toutes les choses de cette
terre ou même tout ce que les anges
possèdent, en dehors de la grâce, qu'elle nous
est donnée pour nous rendre toujours heureux,
que sans elle nous ne pouvons atteindre le but
pour lequel Dieu nous a créés, que sa perfection
est dans la gloire du ciel. Devant notre esprit,
nous ne serons pas stupides au point d'imiter les
invités au banquet, dont le Seigneur a dit qu'ils
n'en étaient pas dignes parce qu'ils n'appréciaient
pas la bonté de l'hôte qui les avait invités. Nous
ne renoncerons pas au banquet céleste pour
quelque considération mondaine ou quelque plaisir
passager.