Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.

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Message  Louis Sam 22 Juil 2017, 7:08 am

Maladies et dévouements.

(suite)

Cependant les petites fêtes de famille ne manquaient pas en ce séjour de dévouement et de sacrifices. On y donnait souvent aux chères enfants de la forêt de petits régals dont le menu nous en a même été conservé.

« Pour en traiter splendidement soixante ou quatre-vingts, on y emploie, dit notre Mère de l'Incarnation, environ un boisseau de pruneaux noirs, quatre pains de six livres pièce, quatre mesures de farine de pois ou de blé d'Inde, une douzaine de chandelles de suif fondues, deux ou trois livres de gros lard, afin que tout soit bien gras, car c'est ce qu'ils aiment ; ce festin, qui leur sert tout ensemble de boire et de manger, est un de leurs plus magnifiques repas 1. »

Et, pour que rien ne manquât à ces splendides banquets, une de ces petites Huronnes, du nom d'Agnès, qui commençait à jouer très habilement de la « viole », au témoignage de notre vénérée Mère, ne manquait jamais une si belle occasion de déployer son talent devant ses jeunes compatriotes.

Il n'en fallait pas davantage pour ravir et enthousiasmer non seulement nos petites sauvages, mais aussi leurs parents eux-mêmes. Ceux-ci voulaient à leur tour avoir part aux belles fêtes du couvent. Hommes et femmes y venaient en grand nombre, et nos généreuses Ursulines profitaient de leur visite pour les régaler eux aussi, mais surtout pour les instruire et les former à la vertu. Notre Mère de l'Incarnation les aimait tous comme s'ils eussent été ses propres enfants. Il faut l'entendre nous parler de ses chers sauvages :

« Il faut que je vous parle, écrivait-elle en septembre 1641 à une supérieure de Tours, non de la barbarie de nos sauvages, car il n'y en a plus dans cette nouvelle Église, mais on y voit un esprit tout nouveau qui porte je ne sais quoi de divin. Nous avons des dévots et des dévotes sauvages comme vous en avez de polis en France : il y a cependant cette différence qu'ils ne sont pas si subtils, ni si raffinés que les vôtres, mais ils sont d'une candeur d'enfance qui fait voir que ce sont des âmes lavées et régénérées dans le sang de Jésus-Christ. Quand j'entends parler le bon Charles Montagnais, Michel et Tekherimat, je ne quitterais pas la place pour entendre le premier prédicateur de l'Europe ! Il y a quelque temps Michel me disait : « Je ne vis plus pour les bêtes, moi, comme je vivais autrefois, ni pour des robes de castor. Je vis et je suis pour Dieu. Quand je vais à la chasse, moi, je lui dis : Grand capitaine Jésus, détermine de moi; encore que tu arrêtes les bêtes et qu'elles ne paraissent pas devant moi, j'espérerai toujours en toi! Si tu veux que je meure de faim, j'en suis content. »

Dans cette même lettre, faisant allusion aux travaux de ses religieuses, la Mère de l'Incarnation ajoutait : « Que pensez-vous que mon cœur dise de tous ces progrès ? Pensez-vous qu'il ne chérisse pas les petits travaux du Canada ? Quand j'étudie les langues, et que je vois que cette étude est pénible à la nature, j'y trouve des douceurs si divines qu'elle enlève mon esprit plus que ne font les plus sublimes lectures. »

Pourrait-on se lasser d'entendre de tels récits !...

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1 Les Ursulines de Québec, p. 33, 34.

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Message  Louis Dim 23 Juil 2017, 6:16 am

Les principales élèves sauvages.

Pourrait-on se lasser d'entendre de tels récits ! Mais nous trouvons dans la Correspondance de la vénérée Mère de l'Incarnation des détails sur les premiers temps de la colonisation du Canada bien plus précieux et bien plus intéressants encore. Voici, entre autres choses, quelques portraits de ses premières élèves, dans une lettre écrite à une dame, à la date du 3 septembre 1640, un an à peine après son arrivée au Canada :

« La première séminariste sauvage qu'on nous donna, appelée Marie Negabmat, était si accoutumée à courir dans les bois, qu'on perdait toute espérance de la retenir dans le séminaire. Le R. P. le Jeune, qui avait porté son père à nous la donner, envoya avec elles deux grandes filles sauvages chrétiennes qui demeurèrent quelque temps avec elle pour la fixer ; mais ce fut en vain, car elle s'enfuit quatre jours après dans les bois, ayant mis en pièces une robe que nous lui avions donnée. Son père, qui est un excellent chrétien, et qui vit comme un saint, lui commanda de revenir au séminaire, ce qu'elle fit. Elle n'y fut pas deux jours, qu'il y eut un changement admirable : elle ne semblait plus être elle-même, tant elle était portée à la prière et aux pratiques de la piété chrétienne ; en sorte qu'aujourd’hui elle est l'exemple des filles de Québec, quoiqu'elles soient toutes très bien élevées. Sitôt qu'elle a fait une faute, elle vient en demander pardon à genoux, et elle fait les pénitences avec une douceur et une affabilité incroyables. En un mot, on ne peut la regarder sans être touché de dévotion, tant   son  visage  marque   d'innocence   et  de   grâce intérieure.

« En même temps, on nous donna une grande fille, âgée de dix-sept ans, appelée Marie Amiskviam…

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Message  Louis Lun 24 Juil 2017, 7:59 am

Les principales élèves sauvages.

(suite)

« En même temps, on nous donna une grande fille, âgée de dix-sept ans, appelée Marie Amiskviam. Il ne se peut rien voir de plus souple, ni de plus innocent, ni encore de plus candide; car nous ne l'avons pas surprise une seule fois dans le mensonge, ce qui est une grande vertu dans les sauvages. Si ses compagnes l'accusent, elle ne s'excuse jamais. Elle est si ardente à prier Dieu, qu'il ne faut jamais l'avertir de le faire ; elle y porte même les autres, et il semble qu'elle est leur mère, tant elle a de charité pour elles. Elle a un grand esprit pour retenir ce qu'on lui enseigne, particulièrement des mystères de notre sainte foi ; ce qui nous fait espérer qu'elle fera un grand bien, quand elle sera retournée avec les sauvages. Elle est recherchée en mariage par un Français; mais on a dessein de la donner à un de sa nation, à cause de l'exemple qu'on espère qu'elle donnera aux sauvages. Oh ! si Dieu donnait la dévotion à quelques personnes de France d'aider à lui faire une petite maison ! Elle ferait, sans doute, une œuvre d'un très grand mérite. Cette fille nous a beaucoup aidées dans l'étude de la langue, parce qu'elle parle bien français. Enfin elle gagne le cœur de tout le monde par sa grande douceur et par ses belles qualités.

« Votre filleule, Marie-Madeleine Abatenau…

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Message  Louis Mar 25 Juil 2017, 7:12 am

Les principales élèves sauvages.

(suite)

« Votre filleule, Marie-Madeleine Abatenau, nous fut donnée toute couverte de petite vérole et n'ayant encore que six ans. A cet âge elle seule avait servi, dans la maladie dont ils moururent, son père et sa mère avec tant d'adresse, qu'elle était l'admiration de ceux qui la voyaient. Il ne se peut voir un enfant plus obéissante : elle prévient même l'obéissance, car elle a l'adresse de se placer dans les lieux où elle prévoit qu'on pourra l'employer, et elle fait si bien ce qu'on lui commande, et de si bonne grâce, qu'on la prendrait pour une fille de qualité ; aussi est-elle votre filleule, je dirais volontiers votre fille en Jésus-Christ. J'ajouterai, pour votre consolation, qu'elle sait par cœur son catéchisme et les prières chrétiennes, qu'elle récite avec une dévotion capable d'en donner à ceux qui la voient.

« Marie-Ursule Gamitien, filleule de Mlle de Chevreuse, n'est âgée que de cinq à six ans ; toute petite qu'elle est, elle ne nous donne pas de peine à lui faire faire son devoir de chrétienne, car elle n'est pas plus tôt éveillée, qu'elle se met d'elle-même en devoir de prier Dieu ; elle dit son chapelet pendant la messe, et chante des cantiques en sa langue sauvage.

« Agnès Chabdikuchich nous fut donnée en même temps. Le nom d'Agnès lui convient très bien, car c'est un agneau en douceur et en simplicité. Quelque temps avant que d'entrer au séminaire, elle rencontra le R. P. de Quen dans le bois où elle coupait sa provision ; elle ne l'eut pas plus tôt aperçu, qu'elle jeta sa hache à l'écart, et lui dit : « Enseigne-moi. » Elle fit cette action de si bonne grâce, qu'il en fut sensiblement touché, et, pour satisfaire sa ferveur, il la mena au séminaire avec une de ses compagnes, où elles se rendirent en peu de temps capables du saint baptême. Elle a fait de très grands progrès auprès de nous, tant dans la connaissance des mystères que dans les bonnes mœurs, dans les ouvrages manuels, à lire, à jouer de la viole, et en mille autres petites adresses. Elle n'a que douze ans, et a fait sa première communion à Pâques, avec trois de ses compagnes.

« Nicole Assepanse nous fut donnée le même jour…

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Message  Louis Mer 26 Juil 2017, 6:36 am

Les principales élèves sauvages.

(suite)

« Nicole Assepanse nous fut donnée le même jour, âgée de sept ans. Ses parents, qui sont les plus considérables d'entre les sauvages, nous prièrent de la recevoir pour un temps, parce qu'elle ne pouvait les suivre à la chasse. Cette fille a l'esprit si ouvert, qu'elle est capable d'instruction comme une fille de vingt ans. Elle n'avait été que cinq mois au séminaire, et déjà elle savait rendre compte des principaux points de notre foi, sachant parfaitement le catéchisme et les exercices du chrétien. Lorsque sa mère vint la chercher au retour de la chasse, la petite fille lui faisait faire les prières ; j'admirais la simplicité de la mère, qui n'était pas encore baptisée, de recevoir l'instruction de sa fille avec tant d'ardeur et de docilité. Ravie d'aise de l'entendre prier Dieu, elle lui disait : « Ma fille, tu nous instruiras, ton père et moi ; si tu voulais demeurer encore au séminaire, où tu es tant aimée, tu deviendrais encore bien plus capable de le faire. » Cette fille néanmoins ne put quitter sa mère, qui n'a pas d'autre enfant; mais elle lui disait :   « Encore que je m'en veuille aller, ce n'est pas que je manque d'aucune chose; je mange tout que je veux, les vierges me donnent de beaux habits, et elles m'aiment beaucoup; mais je ne puis vous quitter. » Ainsi on la retira pour l'emmener dans les cabanes, où elle est admirée de tous les sauvages.

« Je serais trop longue de vous parler séparément de toutes; mais je vous dirai, en général, que ces enfants nous aiment plus que leurs parents, ne témoignant aucun désir de les suivre, ce qui est fort extraordinaire chez les sauvages. Elles se forment sur nous autant que leur âge et leur condition le peuvent permettre. Lorsque nous faisions nos exercices spirituels, elles gardaient un continuel silence, elles n'osaient pas même lever les yeux ni nous regarder, pensant que cela nous interrompait. Mais aussi, quand nous les eûmes finis, on ne peut exprimer les caresses qu'elles nous firent, ce qu'elles ne font jamais à leurs mères naturelles. Quatre communièrent à Pâques; elles firent cette action avec tant de pureté, que la moindre ombre de péché leur faisait peur, et avec tant d'ardeur et de désir de s'unir à Notre-Seigneur, que, dans l'attente de le recevoir, elles s'écriaient: « Oh! quand sera-ce que Jésus nous viendra baiser au cœur ? » Le R. P. Pijart, qui les avait baptisées et instruites pour la communion, les voyant se comporter avec une modestie tout angélique, ne put retenir ses larmes. Nous en avons dix-huit, sans parler des femmes sauvages, qui ont permission d'entrer au lieu destiné à l'instruction des Françaises et des sauvages, où elles ne manquent pas de se trouver. »

Tels sont les touchants détails que notre vénérée Mère nous a laissés sur ses premières élèves sauvages, mais...

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Message  Louis Jeu 27 Juil 2017, 6:48 am

Mœurs et habitudes des sauvages.

Tels sont les touchants détails que notre vénérée Mère nous a laissés sur ses premières élèves sauvages, mais il ne sera pas inutile de lui emprunter encore quelques renseignements non moins touchants sur les mœurs, les coutumes de leurs parents, et sur la nature du pays lui-même. Voici à cet égard ce que nous lisons dans une de ses lettres : a

« Ils sont habillés l'été et l'hiver. L'été, ils ont une peau d'orignac, grande comme celle d'un bœuf, carrée comme une couverture, qu'ils mettent sur leurs épaules. Ils l'attachent avec une courroie, en sorte que leurs bras sortent tout nus ; ils n'ont que cela avec le brayer, ayant les pieds et la tête nus. Chez eux, à la campagne et quand ils se battent avec leurs ennemis, ils sont nus comme la main et n'ont que le brayer, qui les couvre assez modestement. Ils ont la peau minime à cause du soleil, et des graisses dont ils s'oignent par tout le corps. Ils ont pour la plupart le visage tatoué avec des raies rouges et bleues. L'hiver, ils ont pour robes des couvertures de lits accommodées comme celles dont je viens de parler, excepté qu'elles ont des manches de même. Ils ont des chausses de cuir ou des couvertures usées qui leur vont jusqu'à la ceinture. Ils ont là-dessus une veste de castor avec son poil en guise de manteau. Ceux qui se couvrent la tête, traitent pour des bonnets de nuit rouges au magasin. Ils ont aussi des capotes ou des tapaborts. Voilà pour ceux qui sont bien habillés.

« Mais il y en a qui sont presque nus en tout temps par pauvreté. Les femmes sont fort modestement vêtues, ayant toujours des ceintures qui les serrent (car les hommes n'en ont presque jamais, leurs robes allant au gré du vent). Leurs robes vont en bas jusqu'à mi-jambes, et en haut jusqu'au haut du cou, ayant presque toujours les bras couverts. Elles se couvrent aussi la tête d'un bonnet de nuit d'homme, ou d'un castor ou d'un tapabort. Leurs cheveux sont abattus sur le visage et liés par derrière ; et communément elles sont fort modestes et pudiques. Nous faisons de petites simares à nos séminaristes et les coiffons à la française. On aurait de la peine à distinguer un homme d'une femme, sans cette différence d'ajustement dont je viens de parler, car leurs visages sont tous semblables. Leurs souliers sont de peau d'orignac, préparée comme celle de buffle. Ils en froncent un morceau par le bout, mettent une pièce carrée au talon, passent une petite courroie comme à une bourse, et voilà leurs souliers faits. Les Français n'en portent point d'autres l'hiver, parce qu'on ne peut sortir pour marcher sur la neige qu'avec des raquettes, et pour cela on ne peut se servir de souliers français. Voilà ce que vous désiriez savoir touchant la façon des maisons et des habits de notre Canada 1. »

A ces précieux détails sur les mœurs et les coutumes des indigènes, notre Mère en donnait encore…
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a Note de Louis: J’ai aéré cette lettre en 2 paragraphes. Bien à vous.1 Lettres historiques. Lettre à son fils, du 27 août 1644.

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Message  Louis Ven 28 Juil 2017, 6:31 am

Mœurs et habitudes des sauvages.

(suite)

A ces précieux détails sur les mœurs et les coutumes des indigènes, notre Mère en donnait encore de non moins intéressants sur les productions naturelles du pays. « Nous voyons dans les campagnes des lis sauvages et des martagons. On y voit aussi quantité de cèdres dont les branches nous servent à faire des balais. Il y a encore beaucoup de pins, de sapins et d'épinettes qui demeurent verts pendant tout l'hiver malgré les grands froids.

« Vous me demandez de plus, ajoutait-elle en terminant, si nos sauvages sont aussi parfaits que je le dis dans mes lettres. Je vous dirai qu'en matière de mœurs, je veux dire en leur façon d'agir, de faire un compliment, on n'y voit pas la politesse française. On ne s'est pas étudié à leur apprendre cela, mais bien à leur enseigner solidement les commandements de Dieu et de l'Eglise, les points et les mystères de notre foi, les prières et les pratiques de notre religion, comme sont le signe de la croix, l'examen de conscience et autres semblables actions de piété. Un sauvage se confesse aussi bien qu'un religieux; il est naïf au possible et fait état des plus petites choses. Lorsqu'ils sont tentés, ils font des pénitences publiques avec une admirable humilité. »

Cependant, quoi qu'en dise notre vénérable Mère, dont les tendresses maternelles à l'égard de ses chers sauvages pouvaient bien n'être pas exemptes de quelque illusion, toutes les peuplades indigènes qui habitaient alors les bords du grand fleuve du Saint-Laurent n'avaient pas, tant s'en faut, des mœurs aussi douces. Beaucoup résistaient avec fureur et opiniâtreté au zèle des missionnaires. Et d'ailleurs, si la bonne nouvelle de l'Évangile était déjà, vers le milieu du XVIIesiècle, si répandue dans cette partie de l'Amérique du Nord, l'histoire ne doit pas oublier de dire, sous peine d'être injuste et ingrate, au prix de quelles fatigues, de quels efforts, de quels sacrifices, ces succès apostoliques avaient été obtenus.

A suivre : Chapitre III. Les Apôtres du Canada.

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Message  Louis Sam 29 Juil 2017, 6:14 am

.
CHAPITRE III

LES APÔTRES DU CANADA

Plantaverunt ecclesiam sanguine suo.
Ils ont planté (cette) église par l'effusion de leur sang.
(Brév. rom. — Commun des Apôtres.)

Les premiers missionnaires du Canada.

L'honneur d'avoir porté au Canada les premières semences de la foi chrétienne appartient aux religieux franciscains de la branche des Récollets. Ils y pénétrèrent avec Champlain. On raconte que le saint sacrifice de la messe fut célébré pour la première fois, sur la terre canadienne, le 13 juin 1615, par le R. P. Dolbeau, religieux de saint François.

« Rien ne manqua, dit un témoin oculaire, pour rendre cette action solennelle, autant que la simplicité de cette petite troupe d'une colonie naissante le pouvait permettre; s'étant préparés par la confession, ils y reçurent le Sauveur par la communion eucharistique. Le Te Deum y fut chanté au son de leur petite artillerie, et parmi les acclamations de joie dont cette solitude retentissait de toutes parts, l'on eût dit qu'elle s'était changée en un paradis, tous v invoquant le roi du ciel, et appelant à leurs secours les anges tutélaires de ces vastes provinces 1. »

Un an après cette prise de possession...
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1 Le P. Leclerc, cité par M. l'abbé Casgrain.

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Message  Louis Dim 30 Juil 2017, 6:12 am

Les Jésuites de cette mission.

Un an après cette prise de possession par le Dieu de l'Eucharistie des terres de la Nouvelle-France, le Père Le Caron, de l'ordre des Récollets, pénétrait, à la suite de Champlain, à plus de trois cents lieues dans l'intérieur du continent américain. Mais les fils de Saint-François, qui avaient eu la gloire d'inaugurer les Missions de cette partie du nouveau monde, ne tardèrent pas à céder la place aux fils de Saint-Ignace qui ont été, il faut le reconnaître, les vrais apôtres et fondateurs de l'Église du Canada.

On ne saurait dire tout ce...

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Message  Louis Lun 31 Juil 2017, 6:31 am

Leurs travaux, leur zèle, leurs souffrances.

On ne saurait dire tout ce qu'ils eurent à souffrir pour fonder cette glorieuse Eglise. Ils durent soutenir, pendant près d'un demi-siècle, une vraie lutte de géants contre toutes les puissances de l'enfer liguées contre eux, et surmonter les difficultés sans nombre de l'évangélisation d'un pays immense dans son étendue, peuplé d'innombrables tribus sauvages dont plusieurs étaient tout à fait féroces et sanguinaires, et dépourvu de toutes les ressources qui paraissent indispensables à des hommes civilisés. Aussi les vertus de ces intrépides missionnaires, leur zèle, leur dévouement, leur charité poussée jusqu'au martyre, ont excité l'enthousiasme des ennemis de notre sainte religion eux-mêmes. Et quand on lit l'histoire de leur apostolat dans la Nouvelle-France au XVIIe siècle, on est obligé de convenir que les annales des plus beaux siècles chrétiens ne renferment rien de plus héroïque et de plus édifiant.

Dans l'introduction de son bel ouvrage sur notre Mère de l'Incarnation, l'élégant écrivain canadien, que nous aimons tant à citer, nous les montre remontant tour à tour le cours des rivières, traversant les grands lacs dans de frêles canots, leur bréviaire suspendu à leur cou et l'aviron entre les mains, ou errant à travers les immenses forêts solitaires, n'ayant pour toute nourriture qu'une poignée de blé d'Inde, pour abri durant les nuits glaciales que les étoiles, et pour lit qu'une terre nue et quelquefois humide ou des roches inégales et raboteuses.

Ce n'était là toutefois que les moindres inconvénients de leur vie apostolique. Le plus grave danger qu'ils avaient à courir venait des sauvages eux-mêmes auxquels ils apportaient la bonne nouvelle de l'Évangile. Si la pluie ne venait pas à temps humecter leurs chétives moissons, c'était, aux yeux de ces barbares, le missionnaire qui en était cause; et si la pluie devenait à son tour trop abondante, il en portait encore, à leurs yeux, la responsabilité. Et leur mécontentement pouvait se traduire, à tout instant, par les plus cruelles vengeances, les plus affreux supplices et la mort elle-même. Quel héroïsme ne fallait-il pas pour s'aventurer ainsi au milieu de ces peuplades si barbares et si cruelles ! Mais l'amour de Jésus-Christ, qui avait donné à ces âmes apostoliques l'idée d'un tel sacrifice, était assez puissant dans leur cœur pour leur donner la force de l'accomplir.

La vénérable Mère de l'Incarnation, qui fut leur glorieuse fille spirituelle...

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Message  Louis Mar 01 Aoû 2017, 6:31 am

Témoignage de la Mère de l'Incarnation.

La vénérable Mère de l'Incarnation, qui fut leur glorieuse fille spirituelle, a rendu à la valeur et à la sainteté de ces héros de notre foi un précieux témoignage que l'histoire doit être heureuse de recueillir. Dès son arrivée à Québec, elle les vit déjà aux prises avec leurs cruels ennemis.

« Les démons, dit-elle dans une lettre datée du 13 septembre 1640 a, ont conspiré de détruire, s'ils le peuvent, la mission des Hurons, et s'efforcent de prouver que toutes les calomnies que l'on produit contre les Pères sont des vérités. On a fait de grandes assemblées afin de les exterminer, et eux, loin de s'effrayer, attendent la mort avec une constance merveilleuse.

« Une femme des plus anciennes et des plus considérables de cette nation les accusa de cette sorte dans une assemblée :

« Ce sont les robes noires qui nous font mourir par leurs sorts : écoutez-moi, je le prouve par des raisons que vous allez reconnaître. Ils se sont logés dans un tel village, où tout le monde se portait bien; aussitôt qu'ils y ont été établis, tout le monde y est mort, à l'exception de trois ou  quatre  personnes.  Ils ont changé de lieu, il en est arrivé de même. Ils sont allés visiter les cabanes des autres bourgs, et il n'y a que celui où ils ne sont pas entrés qui ait été exempt de la mortalité et de la maladie. Ne voyez-vous pas que, quand ils remuent les lèvres, ce qu'ils appellent une prière n'est autre chose que des sorts qui sortent de leur bouche, de même quand ils lisent dans leurs livres? Si on ne les met promptement à mort, ils achèveront de ruiner le pays, en sorte qu'il n'y demeurera ni petit ni grand. »

Quand on considère les événements qui se produisaient autour de ces vaillants missionnaires, il parait, en effet, impossible de ne pas y constater l'intervention directe des démons, témoins les faits allégués par cette femme, qui, bien qu'exagérés peut-être, n'étaient pas sans quelque apparence extérieure de vérité, car notre Mère reconnaît elle-même, dans la même lettre, que Dieu permettait cette épreuve « pour rendre, dit-elle, plus pure la foi de ceux qui se convertissaient ».

Mais ce qui confirme encore plus cette intervention directe des démons dans les débuts de cette persécution si terrible, c'est le fait suivant, que nous trouvons encore rapporté dans la même lettre.

« Un sauvage, se promenant, rencontra une personne inconnue qui l'effraya beaucoup. Le spectre lui dit :

« Écoute-moi, je suis Jésus que les robes noires invoquent mal à propos; mais je ne suis pas le maître de leur imposture. »

Ce démon ajouta mille imprécations contre la prière et contre la doctrine que les Pères prêchaient. »

Il n'en fallut pas davantage pour exciter de toutes parts la fureur des sauvages.

« Parmi les vaillants missionnaires, les uns sont battus, dit notre vénérée Mère, les autres blessés, les autres chassés des cabanes et des bourgs. Cependant, quoique la mort causât partout des ravages étranges, ils ne laissaient pas de se jeter sans crainte dans les périls, afin de baptiser les enfants et ceux qu'ils trouveraient en état. Plus on leur fait de mal, plus ils sont hardis. Le R. P. Pijar est descendu cette année à Québec pour les affaires de la Mission. On l'a fait ramer tout le long du voyage avec une telle inhumanité que quand il est arrivé il ne pouvait se soutenir, et à peine put-il dire la messe. Il m'a fait le récit des peines que les Pères souffrent en cette mission; elles sont inconcevables, et néanmoins son cœur était rempli d'une telle ardeur pour y retourner, qu'il oublie volontiers tous les travaux du voyage dans le désir de posséder ces amoureuses croix. Il déclare qu'il ne les changerait pas hormis que ce fût par la volonté de Dieu, pour le paradis 1. »

Dans une autre lettre de la même année, elle donne quelques détails sur ce qui arriva au Père Ragueneau et à quelques autres Pères jésuites…
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a Note de Louis: J’ai aéré cette lettre en plusieurs paragraphes. Bien à vous.

1 Lettres historiques.  Lettre à la supérieure des Ursulines de Tours, du 13 septembre 1640.

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Message  Louis Mer 02 Aoû 2017, 7:18 am

Témoignage de la Mère de l'Incarnation.

(suite)

Dans une autre lettre de la même année, elle donne quelques détails sur ce qui arriva au Père Ragueneau et à quelques autres Pères jésuites :

« Le Père Ragueneau et plusieurs autres Pères de sa compagnie ont été outrageusement battus et grièvement blessés. Un sauvage ayant levé le bras pour lui fendre la tête, la hache s'attache à ses cheveux sans pouvoir passer outre ; mais un bâton lui fut rompu sur le bras. Il eût bien voulu qu'on lui eût ôté la vie pour Jésus-Christ; mais Dieu, qui veut se servir de lui, le réserve à autre chose 1. »

Et dans une autre lettre écrite à une supérieure de la Visitation de Tours :

« Quoique la persécution ait été grande chez les Hurons, on n'a pas laissé d'y baptiser plus de douze cents personnes; et quant aux sauvages de ces quartiers-ci, ceux qui ne sont pas baptisés ont honte de paraître en public. C'est une chose ravissante de voir tous nos révérends Pères prodiguer leur vie pour attirer tous ces peuples au troupeau de Jésus-Christ. C'est à qui ira aux lieux les plus éloignés et les plus dangereux, où il n'y a aucun secours humain. Les souhaits qu'on leur fait ici les uns pour les autres sont: « Allez, nous sommes ravis que vous alliez dans un lieu d'abandonnement. Oh ! plût à Dieu qu'on vous fendit la tête d'un coup de hache! » Mais eux répondent: « Ce n'est point assez, il faut être écorché et brûlé, et souffrir tout ce que la férocité des plus barbares peut inventer de plus cruel. Nous souffrirons tout cela de bon cœur pour l'amour de Dieu et pour le salut des sauvages. — Si cela arrive, leur dit-on, nous en chanterons le Te Deum.»  Je disais au Père Ragueneau, à qui on avait rompu un gros bâton sur le bras : « Hé bien! mon Père, cela n'est-il pas bon, et n'êtes-vous pas bien aise d'avoir été si bien traité? — Hélas! me dit-il, j'eusse bien voulu qu'on en fût venu plus avant. » Voilà ses sentiments, qui sont des sentiments de véritable apôtre, et tout le monde envie ici le bonheur qui lui est arrivé. Il en a été presque de même du R. P. Chaumonot qui, voyant qu'on levait la main sur son compagnon, s'écria : « Il faut que je sois de la partie. » Il entra aussitôt hardiment, mais Dieu les sauva tous les deux pour cette fois. »

Ces généreux apôtres de Jésus-Christ savaient inspirer à leur fille spirituelle toutes les ardeurs pour le martyre dont ils étaient eux-mêmes animés. Son plus ardent désir eût été d'aller, à leur suite, chez les Hurons, pour partager leurs souffrances et participer à leurs sacrifices. Ne pouvant le faire, elle les suivait du moins d'esprit et de cœur dans leurs courses apostoliques ; et de même que tous ses désirs et tous ses rêves étaient pour le Canada avant qu'elle n'eût quitté la France, de même maintenant toutes ses aspirations étaient pour le martyre.

Ces sentiments éclatent dans une lettre qu'elle adressait à son fils...
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1 Lettre à un de ses parents, du 4 septembre 1640.

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Message  Louis Jeu 03 Aoû 2017, 6:22 am

Claude Martin entre chez les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur.

Ces sentiments éclatent dans une lettre qu'elle adressait à son fils, en cette même année 1641. Ce cher enfant, dont son cœur maternel ne pouvait se séparer, et dont on voudra bien nous permettre de rappeler ici le souvenir, n'était pas encore martyr, il est vrai ; mais il était du moins, grâce aux prières de sa sainte mère, sur le chemin de la perfection chrétienne, dont il ne se détournera plus désormais.

Cette  heureuse nouvelle avait été la grande joie de notre généreuse Ursuline en cette année 1641. Elle avait appris, à l'époque où arrivaient les vaisseaux qui portaient les lettres de France , qu'après l'insuccès de ses démarches pour entrer dans la Compagnie de Jésus, et plusieurs hésitations de sa part à se fixer dans le monde, la vocation de ce cher fils s'était enfin clairement manifestée, et qu'il était entré, dans les premiers jours de 1641 , sur les conseils du R. P. dom Raymond de Saint-Bernard, au noviciat des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, à Vendôme.

Nous n'avons pas la lettre de Claude Martin annonçant cet heureux événement à sa Mère vénérée. Mais nous avons la réponse de celle-ci, vrai monument de sollicitude maternelle et d'ardente charité, où les sentiments de la nature et ceux de la grâce se confondent et s'unissent dans l'amour de Celui qui seul a pu les inspirer.

La voici tout entière : ...

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Message  Louis Ven 04 Aoû 2017, 6:26 am

Lettre de sa mère à cette occasion.

(Note de Louis: J’insère ici, dans un seul message, la longue lettre de Mère Marie de l’Incarnation à son fils, pour ne pas perdre le « fil », si je puis dire, de sa pensée.  Cette lettre est publiée dans un seul "bloc" dans le livre : pour fin de lecture, je mets des "paragraphes" au meilleur de ma connaissance, les espérant complets par eux-mêmes. Bien à vous.)    

« Mon très cher et bien-aimé fils,

« L'amour et la vie de Jésus soient votre héritage ! Votre lettre m'a apporté une consolation si grande, qu'il me serait impossible de vous l'exprimer. J'ai été toute cette année en de grandes croix à votre occasion ; mais enfin Dieu m'a donné le calme dans la croyance que son amoureuse et paternelle bonté ne perdrait point celui que j'avais abandonné pour son   amour.  Votre  lettre  m'y  a  confirmée  en m'annonçant ce que j'avais espéré pour vous, et bien au delà de toutes mes espérances, puisque sa bonté vous a placé dans un ordre si saint que j'honore et estime infiniment. J'avais souhaité cette grâce pour vous; mais parce qu'il faut que les vocations viennent de Dieu, je ne vous en dis rien, ne voulant pas mettre du mien en ce qui appartient à Dieu seul.

« Vous avez été abandonné de votre mère et de vos parents; mais, dites-moi maintenant, cet abandon ne vous a-t-il pas été avantageux? Lorsque je vous quittai, n'ayant pas encore douze ans, je le fis avec des convulsions étranges qui n'étaient connues que de Dieu seul. Mais il fallait obéir à sa divine volonté. Il me promit d'avoir soin de vous, et alors mon cœur s'affermit pour surmonter ce qui avait retardé mon entrée en religion pendant dix années entières; encore fallait-il que la nécessité de le faire me fût signifiée par mon directeur, et par des voies que je ne puis confier à ce papier, mais que je vous dirais volontiers à l'oreille. Je prévoyais l'abandon de nos parents, ce qui me causait mille croix ; et ensuite l'infirmité humaine me faisait appréhender votre perte. Lorsque je passai par Paris, il m'était facile de vous placer. La reine, Mme la duchesse d'Aiguillon et Mme la comtesse de Brienne, qui me firent toujours l'honneur de me regarder de bon œil, et qui m'ont encore honorée cette année de leurs lettres, ne m'eussent rien refusé. (Ici je dois remercier Mme la duchesse d'Aiguillon du bien qu'elle a voulu vous faire.)  

« Mais la pensée me vint alors que si vous étiez avancé dans le monde, votre âme serait en danger de se perdre ; et je me résolus de vous laisser une seconde fois entre les mains de la Mère de bonté, me confiant que, puisque j'allais exposer ma vie pour le service de son Fils, elle prendrait soin de vous. Ne l'aviez-vous pas aussi prise pour Mère en entrant dans vos études? Vous ne pouviez donc attendre d'elle qu'un bien semblable à celui que vous possédez. Les avantages qui se sont présentés pour vous à Paris étaient quelque chose ; mais ils étaient infiniment au-dessous de ceux que vous possédez à présent.

« Vous voilà donc dans la milice sacrée, mon très cher fils; au nom de Dieu, faites état de la parole de Jésus-Christ, et pensez qu'il nous dit : « Celui qui met la main à la charrue et qui regarde derrière soi n'est pas propre au royaume des cieux. » Ce qu'il nous promet est bien plus grand que tout ce qu'on vous faisait espérer, et que vous ne devez estimer que boue et fange pour acquérir Jésus-Christ. Votre glorieux patriarche saint Benoît vous en a donné un grand exemple. Imitez-le au nom de Dieu, afin que mon cœur reçoive à la première flotte la consolation d'apprendre que mes vœux offerts à la divine Majesté, depuis vingt et un ans, sans intermission, ont été reçus du ciel. Je vous vois dans de saintes résolutions : c'est ce qui me fait espérer que Dieu, qui a commencé cet ouvrage, vous donnera la persévérance.

« Il ne se passe pas de jour que je ne vous sacrifie à son amour sur le cœur de son bien-aimé Fils: plaise à sa bonté que vous soyez un vrai holocauste tout consumé sur ce divin autel!

« J'ai une consolation très sensible du bon souhait que vous faites pour moi du martyre. Hélas ! mon très cher fils, mes péchés me priveront de ce grand bien : je n'ai rien fait jusqu'ici qui soit capable de gagner le cœur de Dieu, et il faut avoir beaucoup travaillé pour être trouvé digne de répandre son sang pour Jésus-Christ. Aussi n'osé-je porter mes prétentions si haut; mais je laisse faire sa bonté immense qui m'a toujours prévenue de tant de faveurs. Je me donne à elle, et vous donne aussi ; et pour une bénédiction que vous me demandez, je la prie qu'elle vous comble de celles qu'elle a départies à tant de valeureux soldats qui lui ont gardé une fidélité inviolable.

« Si l'on venait me dire: Votre fils est martyr, je crois que j'en mourrais de joie. Laissons faire ce Dieu plein d'amour. Il a ses temps, et II fera de vous ce qu'il a déterminé d'en faire de toute éternité. Soyez-lui fidèle, et II trouvera les occasions de faire de vous un grand saint et un grand martyr, si vous obéissez à ses divins mouvements, si vous vous plaisez à mourir à vous-même, et si vous vous efforcez de suivre l'exemple que tant de grands saints de votre ordre vous ont donné.

« Si Notre-Seigneur vous accorde la grâce de faire profession, je vous prie de m'en donner avis, et aussi de quelle manière il vous a appelé, et quels moyens vous avez pris pour exécuter votre dessein.

« Enfin faites-moi part de vos biens qui, comme vous pouvez juger, m'apportent une  consolation très grande. Priez bien Dieu pour moi ; je vous visite en Lui plusieurs fois le jour, et sans cesse je parle de vous à Jésus et à Marie. Adieu, mon très cher fils ; je ne me lasserais pas de vous entretenir; mais enfin il faut finir, et vous dire adieu pour cette année.

« De Québec, le 4 septembre 1641. »

Cette lettre fut le point de départ d'une correspondance des plus édifiantes et des plus instructives au point de vue des états d'oraison et de la pratique des vertus religieuses. Nous en parlerons dans la quatrième partie de cet ouvrage. On y verra comment notre Mère de l'Incarnation forma par ses sages conseils, dictés à la lumière de la plus haute expérience , l'âme de son cher fils aux vertus de son saint état, et devint ainsi vraiment sa mère selon la grâce, après avoir été sa mère selon la nature. Mais revenons à la mission apostolique de nos vaillantes Ursulines.

A suivre : Chapitre IV. CONSTRUCTION DU MONASTÈRE

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Message  Louis Sam 05 Aoû 2017, 6:57 am

.
CHAPITRE IV

CONSTRUCTION DU MONASTÈRE

Printemps 1641 — 20 novembre 1642

Constitui te... ut... ædifices et plantes.
Je vous ai établi pour bâtir et planter.
(Jér.,I,10.)

Arrivée de la Mère Marguerite de Flécelles de Saint-Athanase
et de la Mère Anne le Bugle de Sainte-Claire.

L'attention que nous avons donnée, dans les chapitres précédents, aux premiers travaux apostoliques de la Mère Marie de l'Incarnation et à l'état de la mission du Canada a détourné un instant nos regards d'un événement plein de consolation pour la communauté naissante. Nous voulons parler de l'arrivée de deux nouvelles Mères du monastère de Saint-Jacques à Paris. Le 7 juillet 1640, un an à peine après l'arrivée des premières Ursulines, on vit débarquer à Québec ces deux vaillantes émules de leur apostolat. La plus jeune, que nous nommons cependant la première, à cause du rôle important qu'elle a été appelée à jouer auprès de la Mère Marie de l'Incarnation, s'appelait Mère Marguerite de Flécelles de Saint-Athanase. Elle appartenait à une riche et noble famille, très connue à Paris par les charges considérables que plusieurs de ses membres avaient exercées avec honneur 1.

Encore toute jeune enfant, elle avait été mise au pensionnat des Ursulines de Paris, et « dès lors, dit une ancienne relation, son excellent naturel commença à se manifester ». Une humeur gaie et accommodante, une physionomie agréable, un port majestueux, lui gagnaient tous les cœurs. Mais l'Époux céleste, qui se sentait jaloux de cette belle âme, la favorisa, dès sa plus tendre jeunesse, d'une excellente vocation religieuse. On raconte que Dieu voulut éprouver de bonne heure sa ferveur et son courage par des peines d'esprit très violentes, dont la Providence se servit pour l'appeler au Canada. Un jour, en effet, se sentant plus éprouvée que de coutume, elle eut la pensée de promettre à Dieu d'aller collaborer à cette difficile et laborieuse mission, s'il lui plaisait de la délivrer de ses-peines intérieures.

A peine eut-elle fait cette sainte promesse, elle se sentit aussitôt consolée, et ne songea plus qu'à l'exécuter. L'occasion ne tarda pas à s'en présenter. Après le passage à Paris de notre Mère de l'Incarnation et de ses compagnes, les religieuses Ursulines du faubourg Saint-Jacques avaient formé le projet d'envoyer au Canada deux religieuses de leur Communauté. Déjà, la Mère Anne le Bugle de Sainte-Claire, dont nous parlerons tout à l'heure, avait été désignée pour recueillir l'héritage qui avait failli échoir à la Mère de Saint-Jérôme, et on se préoccupait de lui choisir une compagne, lorsque le vœu de la Mère Saint-Athanase vint lever tous les doutes, et fixer irrévocablement le choix des supérieurs.

Formée à l'école de la souffrance intérieure, cette vaillante Ursuline, dès son arrivée à Québec, se sentit puissamment attirée vers la Mère de l’Incarnation, et ce fut aussitôt, entre elles deux, une amitié profonde comme celle qui s'établit entre les âmes des saints. Nous ne tarderons pas à les voir associées, l'une et l'autre et tour à tour, au gouvernement du monastère naissant, et quand l'heure du départ pour la patrie céleste aura sonné pour notre Mère, ce sera la Mère Athanase qui sera appelée à lui fermer les yeux.

La Mère Anne le Bugle de Sainte-Claire…
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1 Les Ursulines de Québec, t. Ier, p. 479.

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Message  Louis Dim 06 Aoû 2017, 5:28 am

Arrivée de la Mère Marguerite de Flécelles de Saint-Athanase
et de la Mère Anne le Bugle de Sainte-Claire.

(suite)

La Mère Anne le Bugle de Sainte-Claire, la première élue par les Ursulines de Paris pour la maison du Canada, était plus âgée de neuf ans que sa compagne. Née dans la nuit de Noël de l'année 1605, sa vie n'avait été, jusqu'à son entrée en religion, qu'une douce floraison d'innocence et de tendre piété. Le monde l'avait recherchée un moment à cause de ses rares qualités d'esprit et de cœur, non moins que des grâces ingénues de toute sa personne. Mais le divin Epoux, qui l'avait depuis longtemps marquée du sceau des préférées de son cœur, ayant permis qu'elle fût amenée, par un concours de circonstances assez extraordinaires, à passer quelques jours au pensionnat des Ursulines d'Eu, quand elle n'était encore que jeune fille dans le monde, la supérieure de cet établissement l'engagea vivement à profiter de cette occasion pour faire une petite retraite.

Mlle Anne le Bugle n'eut pas plus tôt jeté les yeux sur Notre-Seigneur mort en croix pour nous, qu'elle conçut le dessein de lui vouer entièrement et uniquement son cœur. Ce fut en vain que ses parents mirent tout en œuvre pour la détourner de son pieux dessein. Elle venait d'entrer au monastère des Ursulines du faubourg Saint-Jacques à Paris, lorsque notre Mère de l'Incarnation et la Mère de Saint-Joseph s'y arrêtèrent quelques jours.

On se souvient de l'impression profonde que leur passage y produisit. Loin de se calmer, elle n'avait fait qu'augmenter après leur départ. Surtout après l'échec de la vocation de la Mère de Saint-Jérôme, que nous avons rapporté plus haut, ce ne fût entre les religieuses du faubourg Saint-Jacques que pieuse émulation pour obtenir la faveur qui avait été refusée à cette Mère. Pendant toute l'année elles ne cessèrent de faire des prières et de pratiquer des pénitences, pour mériter une part dans les sacrifices de la Nouvelle-France.

« Notre Mère Sainte-Claire était en des ardeurs non pareilles, dit une vieille relation du temps, et ne pouvait quasi parler d'autre chose, ce qui lui attirait de petites railleries et d'assez bonnes confusions parfois. Elle ne s'en déconcertait pas. Sachant que saint Joseph était le protecteur du Canada, et qu'il s'était déclaré le protecteur particulier des Ursulines dans la vocation des premières fondatrices, elle s'en remit entièrement à lui, disant agréablement et résolument que, lors même que son bon père saint Joseph la devrait porter par les cheveux comme un ange fît à Habacuc, elle irait au Canada 1. »

Dieu récompensa son zèle et sa ferveur; et au printemps de l'année 1640, un an après le passage de la Mère Marie de l'Incarnation à Paris, elle fut choisie pour aller coopérer à ses œuvres apostoliques dans le nouveau monde 2.

L'arrivée de ces deux religieuses portait à cinq le nombre des Mères de la nouvelle maison de Québec. Elles n'avaient point encore de sœurs converses, et c'étaient elles seules, avec le concours de Mme de la Peltrie et Mlle Charlotte Barré, qui s'occupaient de l'entretien de la maison, de l'instruction des enfants et des soins matériels de leurs élèves sauvages.

Tel était l'état de la petite communauté…
__________________________________________________________________

1 Les Ursulines de Québec, t. Ier, p. 364. — 2 Nous avons une touchante lettre que la Mère le Bugle de Sainte-Claire écrivait à sa famille peu de jours après son arrivée au Canada; on la trouvera à la fin de cet ouvrage.


Dernière édition par Louis le Sam 20 Jan 2018, 7:05 am, édité 1 fois (Raison : Insertion d'un lien dans la note 2.)

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Message  Louis Lun 07 Aoû 2017, 6:02 am

Insuffisance de la petite maison de la basse ville.

Tel était l'état de la petite communauté au commencement de l'année 1641. Malgré le petit nombre des religieuses qui la composaient encore, mais à cause du nombre assez considérable d'enfants qui venaient se grouper autour d'elles, la petite résidence de la basse ville fut bientôt reconnue tout à fait insuffisante. C'était, nous l'avons dit plus haut, une toute petite maison à laquelle on avait ajouté une légère construction en bois qui servait de chapelle. Il fallait donc de toute nécessité procurer à ces saintes religieuses et à leurs élèves un abri plus vaste, plus solide, plus sûr, et qui répondit mieux aux exigences de la mission.

Au printemps de 1641...

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Message  Louis Mar 08 Aoû 2017, 6:09 am

Mme de la Peltrie pose la première pierre du monastère.

Au printemps de 1641, Mme de la Peltrie put enfin poser la première pierre du monastère, dans la partie haute de la ville 1.

La seule pensée de bâtir un monastère aux vastes proportions, avec les faibles ressources matérielles dont on pouvait disposer alors, suppose chez celles qui la conçurent et l'exécutèrent une confiance sans bornes en la divine Providence. Il est vrai que la vénérable Mère Marie de l'Incarnation avait pour garantie du succès de son œuvre ces paroles de son divin Époux, qu'elle ne pouvait oublier: « Allez au Canada, y bâtir une maison à Jésus et à Marie. » Cet ordre divin la pressait sans cesse. « II me semble, disait-elle, que la voix de Dieu me poursuit et qu'elle me dit : Dieu veut que tu lui fasses une maison. Cette voix est capable de me faire franchir tout obstacle et de me faire oublier moi-même et mon propre repos 1.   »

On se mit donc à l'œuvre avec ce zèle et cette ardeur que la charité de Dieu et l'obéissance sont seules capables d'inspirer. Mais..,
______________________________________________________

1 Ce terrain, sur lequel fut bâti le premier monastère de Québec, est celui que les Ursulines occupent encore aujourd'hui ; il avait été concédé par les Cent-Associés, en 1637, pour une institution enseignante. (Les Ursulines de Québec.) —1 Les Ursulines de Québec, t. Ier, p. 59, 60.

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Message  Louis Mer 09 Aoû 2017, 7:10 am

Suppression de toute diversité de pratiques et d'usages
provenant de la différence de congrégations d'Ursulines
auxquelles appartenaient originairement les Ursulines de Québec.

On se mit donc à l'œuvre avec ce zèle et cette ardeur que la charité de Dieu et l'obéissance sont seules capables d'inspirer. Mais, au moment où l'on commençait à bâtir le monastère, on crut que le temps était venu d'opérer une petite réforme dans le personnel destiné à l'habiter un jour. On sait que, parmi les cinq Ursulines venues de France à Québec, les deux premières, la Mère de l'Incarnation et la Mère Marie de Saint-Joseph, appartenaient à la congrégation de Bordeaux ; les trois autres à celle de Paris. Outre certaines diversités dans le costume et certaines divergences d'usages, il y avait encore entre elles cette différence essentielle que les unes, celles de Paris, faisaient le vœu de se consacrer à l'instruction des jeunes filles, tandis que les autres ne le faisaient pas.

Grâce sans doute à ses sages conseils, à la solidité de ses raisonnements et surtout à l'entraînement de sa haute piété, la Mère Marie  de l'Incarnation était parvenue à former un tout régulier et uniforme de cette petite association de religieuses d'origine et de formation diverses. Mais elle crut, sur les avis du R. P. Vimont, supérieur de la communauté, qu'il était bon et opportun de rédiger un acte authentique d'engagement réciproque de toutes les religieuses présentes, qui servirait plus tard de base aux futures constitutions de la communauté de Québec.

Par cet acte de fusion et d'accord, si important pour le nouveau monastère, et qui porte la date du 8 septembre 1641, il était convenu, entre autres choses, que les religieuses qui venaient de Tours (congrégation de Bordeaux) feraient le quatrième vœu, celui d'instruire la jeunesse, selon la règle des Ursulines de Paris, et que les religieuses de Paris prendraient à Québec l'habit religieux tel qu'on le portait à Tours 1.

Conformément à cet engagement, la vénérable Mère Marie de l'Incarnation et la Mère de Saint-Joseph firent le quatrième vœu en présence du R. P. Vimont, et dès le lendemain matin les religieuses de Paris revêtirent les habits de la congrégation de Bordeaux. La Mère de l'Incarnation s'empressa de faire connaître cet arrangement aux diverses maisons de France, appartenant aux deux congrégations intéressées, pour solliciter leur approbation.

Non seulement elles la donnèrent avec un vif sentiment de satisfaction,  mais...
___________________________________________

1 Les Ursulines de Québec, t. Ier, ch. I, p. 60 et suiv.

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Message  Louis Jeu 10 Aoû 2017, 6:43 am

Un grand nombre d'Ursulines de France désirent imiter cet exemple.

Non seulement elles la donnèrent avec un vif sentiment de satisfaction,  mais elles songèrent même à réaliser entre elles une union générale semblable à celle-là.

On adressa à ce sujet de nombreuses lettres à notre vénérée Mère…

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Message  Louis Ven 11 Aoû 2017, 8:13 am

La Mère Marie de l'Incarnation y tient beaucoup.

On adressa à ce sujet de nombreuses lettres à notre vénérée Mère, qui fut ravie d'un si beau projet. Un de ses plus vifs désirs eût été de le voir se réaliser. Elle écrivit même dans ce but à bien des personnes capables d'en favoriser l'exécution, afin de leur en représenter les grands avantages. Elle estimait avec juste raison que cette union générale serait plus conforme à la grande compagnie de sainte Ursule, que l'institut de sainte Angèle avait pour but de reproduire et d'imiter. Elle était persuadée que cet institut y trouverait une grande force, non seulement par la communication plus ample des mérites et des suffrages qui s'établirait ainsi entre ses membres, mais encore et surtout par la haute approbation du saint-siège, qui, en consacrant à jamais ses usages, pratiques et règlements, le préserverait à l'avenir de ces changements et modifications qui ne sont jamais à l'avantage de la ferveur et du bien général des communautés religieuses.

Elle fit si bien, et la chose alla si loin, que les prélats de France, sans lesquels alors rien ne pouvait se faire, mais qui pouvaient tout exécuter, devaient en parler entre eux à l'assemblée générale du clergé, en l'année 1645. Nous n'avons pu savoir s'ils donnèrent suite à ce projet; mais, dans tous les cas, l'union générale des diverses congrégations d'Ursulines ne fut point réalisée et ne l'a jamais été depuis.

Notre vénérable Mère fut fortement attristée...

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Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec. - Page 2 Empty Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.

Message  Louis Sam 12 Aoû 2017, 8:10 am

Recommandations faites à ce sujet au moment de sa mort.

Notre vénérable Mère fut fortement attristée de ce retard, tant cette union lui tenait à cœur. Pendant sa dernière maladie et peu de jours avant sa mort, nous l'entendrons recommander spécialement à une religieuse de faire savoir aux Ursulines de France, « qu'elle voyait tant de bien dans cette union générale, qu'elle mourait dans cette espérance qu'elle se ferait un jour. » —  « A la vérité, ajouta-t-elle, il y a des difficultés ; mais elles ne sont pas si grandes qu'elles ne puissent facilement être surmontées, si chacune des maisons de l'Ordre veut bien relâcher quelque chose de ses propres intérêts. Dans chacune des congrégations il y a quelque chose de bon et quelque chose de défectueux. En empruntant à chacune ce qu'elle a de bon, on pourrait en constituer une qui serait de tous points accomplie. Il est vrai que l'idée de ce grand dessein fait entrevoir pour l'Institut une suite de biens très considérables ; mais enfin, s'il est de Dieu, c'est à lui d'en faire naître les moyens ; et pour moi j'estime qu'il ne se peut exécuter que dans une assemblée générale des prélats du royaume, avec l'agrément des communautés 1. »

Ce vœu si cher à la vénérable Mère Marie de l'Incarnation se réalisera-t-il un jour? C'est le secret de Dieu ; mais il ne sera pas sans doute inutile d'avoir rappelé les sentiments de l'illustre fondatrice du monastère de Québec à cet égard. Nous savons qu'elle y attachait une telle importance, que, malgré son attachement si vif pour le Canada, elle n'eût pas hésité à le quitter pour un temps, afin de venir travailler en France à la réalisation de ce grand projet, si le succès lui eût paru devoir répondre alors à ses efforts. On raconte même que Mgr l'archevêque de Tours, ayant eu connaissance de ces dispositions, lui envoya une lettre d'obédience pour repasser en France si elle le voulait. Mais, après en avoir pris connaissance, elle ne voulut pas y consentir, comprenant que cette démarche n'aboutirait encore à aucun résultat. Toutefois il n'y a sous le ciel, disait-elle, «  qu'une seule chose qui pourrait me retirer de mon centre et de mon cher paradis, le Canada: ce serait le devoir de travailler à l'union de nos congrégations de France, car pour une œuvre si sainte je donnerais tout, excepté de me damner et de pécher 1. »

Nous parlerons ailleurs de la ferveur religieuse et de la tendre charité qui régnait dans cette nouvelle communauté de Québec, sous la direction à la fois ferme et toute maternelle de la Mère Marie de l'Incarnation. Mais, après avoir rapporté les joies de la petite communauté naissante, il faut aussi en raconter les épreuves....
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1 Claude Martin, IIIe liv., ch. III, addition.— 1 Claude Martin, IIIe liv., ch. III. p. 412.

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Message  Louis Dim 13 Aoû 2017, 5:54 am

Départ de Mme de la Peltrie pour Montréal.

Mais, après avoir rapporté les joies de la petite communauté naissante, il faut aussi en raconter les épreuves.

On se rappelle sans doute que, six ans avant de quitter la France, notre vénérée Mère avait vu, dans sa grande vision prophétique du Canada, la pieuse dame qui l'accompagnait « la quitter quelque temps pour s'enfoncer plus avant dans l’épaisseur des brouillards ». Ce fut alors que, recourant à la très sainte Vierge, elle reçut de cette divine Mère et de son divin Fils des caresses d’une telle suavité , que son âme se sentit tout embrasée de zèle et d'amour.

Nous voici arrivés au moment où cette circonstance prophétique va se réaliser. Il y avait un an à peine que Mme de la Peltrie avait posé la première pierre du monastère dont elle devait être, ce semble, la providence visible, lorsque Dieu permit qu'elle abandonnât tout à coup sa famille adoptive de Québec, qui avait jusque-là vécu surtout de ses pieuses largesses, pour s'avancer plus avant dans les terres, dans la pensée d'y faire connaître le nom de Jésus-Christ. Son but était assurément très louable, mais était-il inspiré par un vrai sentiment de sagesse et une juste appréciation des choses ? C'est ce dont il est bien permis de douter. Voici  ce qui donna lieu à cette détermination.

« Vers la fin de l'été de 1641, M. de Maisonneuve, suscité de Dieu par des voies extraordinaires, débarquait à Québec avec Mlle Mance et une troupe de braves, pour aller planter l'étendard de la croix et de la France sur l'île de Montréal. Entraînés par cet esprit religieux et chevaleresque, ils venaient y établir une colonie et servir de rempart aux incursions des Iroquois. Comme la saison était trop avancée pour commencer leur établissement, ils passèrent l'hiver à Sillery, chez M. de Puiseaux, vieillard vénérable qui consacrait ses jours et sa fortune à la conversion des sauvages. Pendant les longues soirées de l'automne, Mme de la Peltrie fit connaissance avec Mlle Mance et se lia d'une sainte amitié avec elle. Éprise de plus en plus de son rare mérite et vivement sollicitée par elle et les siens, elle s'enthousiasma pour l'œuvre de Montréal et se crut appelée à y renouveler ce qu'elle avait si heureusement commencé à Québec.

« Au printemps de 1642, elle partit avec MlleMance, emportant tous ses meubles et emmenant avec elle sa suivante 1 et un jeune homme attaché à son service 2. »

Ce départ si inattendu, dans un moment si critique…
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1 Charlotte Barré. — 2 L'abbé Casgrain, IIIe partie, p. 332.


Dernière édition par Louis le Mer 20 Déc 2017, 8:09 am, édité 4 fois (Raison : Note de Louis ajoutée et le 1er lien et le 2e lien.)

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Message  Louis Lun 14 Aoû 2017, 8:02 am

Départ de Mme de la Peltrie pour Montréal.

(suite)

Ce départ si inattendu, dans un moment si critique, fut une grande épreuve pour toute la nouvelle famille de Sainte-Ursule de Québec. La Mère de l'Incarnation en ressentit plus que personne une très vive peine. Son âme était comme percée d'un glaive à la pensée de cette cruelle séparation d'une amie, d'une bienfaitrice insigne, et de l'abandon où allaient se trouver ses chères élèves dispersées et rendues à leurs forêts. Le souvenir des fruits admirables qu'elle avait déjà recueillis de ses travaux ne servait qu'à envenimer davantage ses blessures. Elle évoquait avec amertume dans son cœur la pensée des cinquante petites filles sauvages qui avaient été instruites dans son humble maison de la basse ville, et celle des sept cents Indiens, tant hommes que femmes, qui y avaient été assistés spirituellement et corporellement. Fallait-il donc renoncer pour toujours à ces riches moissons ?

En des conjonctures aussi difficiles, elle s'abandonna intérieurement et sans réserve, selon sa coutume, à l'action de la Providence, persuadée que si Dieu lui enlevait tous les moyens humains sur lesquels elle se plaisait à compter, c'était pour lui donner en plus grande abondance les secours de sa grâce et de sa toute-puissante protection. Aussi ne laissât-elle pas échapper la moindre parole de blâme contre la résolution de Mme de la Peltrie. Autant par un sentiment de prudence que par un sentiment de charité, elle n'en parle même presque pas dans ses écrits. Elle n'a épanché quelque chose de sa douleur que dans une lettre toute confidentielle qui nous est restée, où on lit ces mots : « Nous nous laissâmes tout enlever sans aucune répugnance; mais plutôt, à vous dire mon cœur, en les rendant, je sentais une grande joie en moi-même, m'imaginant que notre bon Dieu me traitait comme saint François, que son père abandonna, et à qui il rendit jusqu'à ses propres habits. Je me dépouillai donc de bon cœur de tout, laissant le séminaire dans une très grande pauvreté. »

Après avoir dit qu'il n'était resté que le strict nécessaire pour coucher trois séminaristes, la vénérable Mère ajoute : « Et cependant nous en avons quelquefois plus de quatorze. Nous les faisons coucher sur des planches, mettant sous elles ce que nous pouvons pour en adoucir la dureté, et nous empruntons au magasin des peaux pour les couvrir, notre pauvreté ne nous permettant pas de faire autrement. De vous dire que notre bonne fondatrice a tort, je ne le puis selon Dieu. Elle a tant de piété que je ne puis douter que ses intentions ne soient bonnes et saintes 1. »

Cependant les Ursulines avaient non seulement à meubler leur modeste habitation...
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1Les Ursulines de Québec, t. Ier, p. 68.

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Message  Louis Mar 15 Aoû 2017, 7:39 am

La construction du monastère se poursuit toujours, malgré cette épreuve.

Cependant les Ursulines avaient non seulement à meubler leur modeste habitation et à se nourrir, ainsi que leurs chères néophytes, mais il leur fallait encore poursuivre la construction de leur monastère, dont les fondations avaient été jetées au printemps de l'année précédente. Leur perplexité était extrême.

« Ce grand changement, écrivait la vénérable Mère, a mis nos affaires dans un très mauvais état; car M. de Bernières, qui en a la conduite, me mande qu'il ne peut les faire avec le peu de fondation que nous avons, qui n'est que de neuf cents livres. Les Mères hospitalières en ont trois mille et Mme la duchesse d'Aiguillon , leur fondatrice, les aide puissamment ; avec tout cela, elles ont de la peine à subsister. C'est pourquoi M. de Bernières me mande qu'il nous faut résoudre, si Dieu ne nous assiste d'ailleurs, de congédier nos séminaristes et nos ouvriers, ne pouvant suffire à leur entretien, puisque, pour payer le peu de choses qu'il nous envoie, il lui faut trouver neuf cents livres, qui est tout le revenu de notre fondation 1. »

Au milieu de ces difficultés, le courage de notre admirable Mère ne se démentit pas un instant, non plus que son invincible confiance en la Providence.

« Ne diriez-vous pas, continue-t-elle, que tout est perdu ? En effet on le croirait, s'il n'y avait pas une Providence amoureuse qui a soin des plus petits vermisseaux de la terre. Le départ de Mme de la Peltrie a beaucoup affligé nos amis qui en savent l'importance; et néanmoins mon cœur est en paix par la miséricorde de notre bon Jésus, pour lequel nous travaillons. Dans la confiance que j'ai en son amour, j'ai résolu de retenir nos séminaristes et d'aider nos pauvres sauvages jusqu'à la fin. J'ai encore retenu nos ouvriers pour bâtir le séminaire. Après ce que M. de Bernières m'a écrit, il sera sans doute épouvanté, voyant que je lui demande des vivres comme à l'ordinaire, et de plus que je lui envoie des parties pour six mille livres qui ont été employées à payer les gages de nos ouvriers et à l'achat des matériaux de notre bâtiment, sans parler du fret du vaisseau ; car en tout nous n'avons que la Providence de notre bon Dieu 2

Cependant, quelque temps après son arrivée à Montréal, dans l'été de 1642, Mme de la Peltrie…
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1 Les Ursulines de Québec, t. Ier, p. 69. — 2 ld., ibid., p. 69, 70.

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