Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
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Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
Ardeurs apostoliques.SUITE
Et dans une autre lettre qui fit suite de quelques jours à cette dernière, elle dit ces belles paroles, qui témoignent bien hautement de son humilité, de sa défiance d'elle-même et de sa confiance en Dieu :
« Je suis un peu craintive, j'ai peur que Notre-Seigneur ne veuille point de moi; je vous prie, pour l'amour de Dieu, de me dire ce que vous en pensez. Croyez-vous qu'il ne me rebutera pas, à cause de mes imperfections? Je tâche de les corriger; mais, hélas ! je retombe sans cesse. De la part de Dieu, je suis pleine de confiance; il n'y a que moi dont je me méfie. Je vous prie de me consoler en cette disposition, car elle est bien crucifiante. Malgré tout cela, cependant mon âme est plus contente que jamais dans la résolution que j'ai témoignée à Votre Révérence, et il me semble que je ne me sens de la vie que pour obéir à Dieu, mon Époux 1. »
Mais Dieu se plaît à éprouver les plus saintes âmes. Quand elles croient toucher au but et atteindre enfin l'objet de leurs plus saints désirs, il les en éloigne quelquefois tout d'un coup. Le R. P. dom Raymond de Saint-Bernard ne devait jamais quitter la France. Au moment de s'embarquer, il fut arrêté par ses supérieurs.
Ce contretemps lui fut sans doute très sensible; mais il sut néanmoins supporter généreusement cette épreuve. Notre vénérée Mère lui écrivit aussitôt pour le consoler, non sans éprouver au fond de son cœur une secrète joie, car elle crut d'abord que le départ du Père Raymond était seulement différé à l'année suivante, ce qui lui permettrait de partir avec lui.
Mais elle aussi ne devait pas tarder à être déçue dans ses plus chères espérances, qui ne devaient enfin se réaliser qu'après de nouvelles épreuves. L'insuccès des démarches du Père Raymond opéra, en effet, un changement d'idées dans l'esprit de bien des personnes qui avaient approuvé jusque-là les projets de notre Mère de l'Incarnation. Le R. P. Dinet lui-même, pour lequel elle avait une vénération toute particulière, finit un jour par lui dire qu'elle devait faire à Dieu le sacrifice de ses attraits pour le Canada; car il était bien probable qu'elle n'irait jamais dans ce pays que par les élans de son cœur, et qu'elle ne le verrait que du haut du ciel. Pour mettre le comble à toutes ces épreuves, Dieu permit que sa supérieure, qui avait applaudi jusqu'alors à ses généreux desseins, se mît elle aussi à les combattre. Elle lui déclara un jour qu'elle ne « vaudrait jamais rien pour le Canada, et que si Notre-Seigneur lui accordait ce qu'elle demandait avec tant d'ardeur, ce serait en punition de sa témérité ». De son côté, une bonne religieuse appelée sœur Ursule, qui avait promis à notre Mère de l'accompagner, commença à perdre confiance, et vint lui annoncer qu'elle renonçait à ses projets.
Tant de contradictions étaient bien faites pour ébranler les plus grands courages; mais la Mère Marie de l'Incarnation fut inébranlable…
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1 Ces dernières lettres ne sont point datées, mais elles sont certainement d'avril ou de mai 1635.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
Ardeurs apostoliques.SUITE
Tant de contradictions étaient bien faites pour ébranler les plus grands courages; mais la Mère Marie de l'Incarnation fut inébranlable. Comme ces grands rochers qui s'élèvent sur les côtes de la France et qui semblent défier les fureurs de l'Océan, elle dominait toutes les tempêtes et tous les orages.
Dans une nouvelle lettre écrite le 13 mai 1635, au Père Raymond, pour le consoler et le soutenir:
« Il est certain, disait-elle, que vous et moi souffrons persécution; mais, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Le bien auquel nous aspirons ne mérite-t-il pas d'être acheté à grand prix? Prenons courage, mon bon Père; l'amour du grand Jésus combattra pour nous, qui ne voulons que travailler pour lui. S'il nous veut dans la Nouvelle-France, ses desseins s'accompliront, malgré tous les efforts des créatures. Quand je considère les œuvres admirables de notre divin Maître, toutes ces bourrasques ne me semblent rien. Il est plus fort que tous les hommes .réunis ensemble, et c'est lui qui commande aux vents et aux tempêtes. »
Et dans une autre lettre datée du 29 juillet de cette même année :
« Peut-être, disait-elle, que son amour veut tous ces accidents pour éprouver nos courages. Mais, mon cher Père, j'entre fort dans vos sentiments d'espérer contre l'espérance; et, sans mentir, mon cœur n'est point ébranlé, et il me serait impossible de me défier de mon Jésus. Toutes ces nouvelles alarmes m'ont été de nouveaux aiguillons pour me faire rentrer dans sa faveur, et il me semble que j'ai maintenant beaucoup d'affaires à traiter avec mon Époux. Si j'avais beaucoup d'amour, je lui aurais bientôt gagné le cœur ; mais, quoique indigente, je m'en vais faire tous mes efforts, et peut-être ne me rebutera-t-il pas, puisqu'il se plaît à l'importunité. »
Cependant la nouvelle des saintes ardeurs dont notre Mère de l'Incarnation était animée pour la conversion de la Nouvelle-France avait déjà franchi les mers…
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Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
Lettres encourageantes des révérends Pères Jésuites du Canada.
Cependant la nouvelle des saintes ardeurs dont notre Mère de l'Incarnation était animée pour la conversion de la Nouvelle-France avait déjà franchi les mers. Les révérends Pères Jésuites, qui dirigeaient alors avec tant de zèle, d'intelligence et de sainteté cette mission lointaine, l'accueillirent avec bonheur. Pour bien des raisons, le concours de religieuses sûres, dévouées, capables, leur paraissait utile et souvent nécessaire. Aussi les RR. PP. Garnier et Chastelain, tous deux de la Compagnie de Jésus, dont l'un, le Père Garnier, devait un jour sceller son apostolat par le plus glorieux martyre, et plusieurs de leurs saints compagnons, lui écrivirent-ils plusieurs lettres pour la féliciter de sa vocation apostolique, et lui promettre de la seconder de tous leurs efforts.
Avec quel respect cette âme généreuse recevait ces lettres, qui lui semblaient venir du ciel! Elle les baisait avec amour et les arrosait de ses larmes. Elle eût voulu pouvoir voler au-dessus de l’Océan, pour se rendre sans retard à l'appel de ces hommes de Dieu.
Ceux-ci, de leur côté, ne cessaient de réitérer leurs appels. Depuis longtemps le R. P. Lejeune, supérieur des Missions de la Nouvelle-France, cherchait à se procurer des religieuses solidement vertueuses pour l'instruction des petites filles sauvages et même l'évangélisation des femmes. Il connaissait déjà de réputation la Mère Marie de l'Incarnation, et tout ce qu'on lui avait dit de son zèle, de son intelligence, de son dévouement, lui paraissait répondre de tous points aux exigences de la laborieuse et délicate mission du Canada. Mais, avant de la convier officiellement à cette œuvre difficile, il voulut néanmoins éprouver son courage. Il lui adressa donc deux lettres dans lesquelles il lui dépeignait, sous les couleurs les plus sombres, les difficultés de tout genre qu'elle rencontrerait au Canada, les mœurs des sauvages, leur férocité, les rigueurs du climat, les privations, les souffrances, les croix de toute nature qui l'y attendaient.
Notre Mère lisait et relisait ces lettres avec une douce joie…
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Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
La Mère de l’Incarnation surmonte tous les obstacles.
Notre Mère lisait et relisait ces lettres avec une douce joie. « N'est-ce pas là, disait-elle à son directeur en les lui montrant, un bon Père, de me traiter de la sorte? Pour vous dire mon sentiment, il m'oblige au dernier point. » Son bonheur ne connut plus de bornes quand elle apprit que les Pères missionnaires de la Nouvelle-France étaient tout à fait décidés à l'appeler auprès d'eux pour partager leurs fatigues et leurs travaux. Sous l'impression d'un tel bonheur, elle écrivit au Père Raymond la lettre suivante, datée du 26 octobre 1636 :« Mon révérend Père,
« Voici une occasion qui porte avec elle quelque chose de si agréable, que je croirais manquer à mon devoir envers Votre Révérence, si je gardais le silence et ne lui faisais part de la chose qu'elle aime le plus. Voulez-vous venir cette fois en Canada? Les Pères, qui sont allés auprès des Hurons m'y appellent tant qu'ils peuvent. Si vous aviez entendu parler ces saints, vous seriez ravi d'aise, et vous vous disposeriez à l'exécution de vos desseins. Ces âmes favorisées du Ciel daignent, me disent-elles bien, penser à moi tous les jours. Ce ne peut être que par une Providence toute particulière de Dieu, car je ne les ai jamais vus : ce qui fait que je tiens cela pour une insigne faveur. Allons donc au nom de Dieu, mon très cher Père, goûter les délices du paradis dans les croix qui se trouvent belles et grandes dans la Nouvelle-France, dans ce nouveau monde, dis-je, où l'on gagne des âmes au Roi des saints. Vous n'y serez pas si infirme qu'en France, car la charité y fait vivre. Et puis, quand vous y mourriez, ne seriez-vous pas bien heureux de finir une vie chétive dans l'exercice d'un apôtre? Faites-moi la faveur, mon très cher Père, de prier Dieu pour moi, afin qu'il lui plaise de ne me point rebuter. S'il m'accepte, je vous verrai en passant, et je vous tirerai si fort, vous et votre compagnon, que j'emporterai la pièce de vos habits, si vous ne venez 1. »
Deux années entières se passèrent encore dans ces désirs, ces préparatifs, ces continuelles attentes…
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1 Lettre du 26 octobre 1636.
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Louis- Admin
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Re: Mère Marie de l'Incarnation, Ière Supérieure des Ursulines de Québec.
Soupir vers le Canada.
Deux années entières se passèrent encore dans ces désirs, ces préparatifs, ces continuelles attentes. Notre Mère de l'Incarnation appelait le Canada sa terre promise, et certes, les Israélites dans le désert ne soupiraient pas avec plus d'ardeur vers la terre de Chanaan, qu'elle ne le faisait vers son cher pays d'adoption. Elle continuait à entretenir une correspondance aussi fréquente que possible avec les Pères Jésuites attachés à cette glorieuse Mission, qui, de leur côté, ne cessaient de l'engager de tout leur pouvoir à venir au secours de leurs chers néophytes. Ces appels réitérés eussent été assurément capables d'exciter le zèle d'une âme moins généreuse que la sienne, mais ils ne pouvaient rien ajouter aux ardeurs apostoliques qui la dévoraient. Jour et nuit, son esprit et son cœur étaient tout entiers au milieu de ses chères filles sauvages. Elle les portait déjà dans son cœur et les offrait constamment à Jésus.
Mais ce divin Sauveur ne va pas tarder maintenant à satisfaire l'impatience de sa chère épouse, car, par des moyens qu'elle ignore encore, il a déjà tout disposé pour son départ.
A suivre : Appendice II : Lettre de la Mère Marie Sainte-Claire à une de ses Sœurs Ursulines de Paris.
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II
LETTRE DE LA MÈRE MARIE SAINTE-CLAIRE À UNE DE SES SOEURS URSULINES DE PARIS ;
ELLE DONNE LES DÉTAILS DE SON VOYAGE, DE SA RÉCEPTION À QUÉBEC, ETC.
« Ma très chère et bien-aimée Sœur,
« Il faut que je vous raconte nos aventures. Je crois que vous aurez pour agréable que je commence par les obligations que j'ai au glorieux saint Joseph, mon très honoré père, qui a eu un soin très particulier de moi. Dès que je fus à Rouen, je ressentis les effets de sa protection; car, étant dans une petite allée du jardin, au couvent de notre ordre, je me retirai en arrière sans m'apercevoir d'un précipice qui y était, et dans lequel je tombai sans rouler. Ma chère sœur de Saint-Athanase eut belle peur. La Mère supérieure voulait me faire voir au médecin, mais je l'assurai que je n'en avais aucun besoin. Ma confiance en mon bon père était si grande, que je ne croyais pas qu'il permît qu'aucun accident m'arrivât qui pût empêcher l'effet de mon désir. Cette confiance tenait mon esprit paisible et tranquille dans les plus grands dangers. Comme nous étions à la rade, dans une grande tourmente, un matelot bien expérimenté vint dire au R. P. Menard que dans une heure il n'y aurait pas un de nous en vie, parce que le vent jetait de grande raideur un vaisseau qui avait perdu son ancre sur le nôtre. Le Père fit sur l'heure un vœu à saint Joseph, et bientôt on vint lui annoncer que nous étions hors de danger. Une autre fois (pendant le dîner) une lucarne mal cramponnée, pesant bien quatre-vingts livres, me tomba d'assez haut sur la tête. Ce coup, humainement parlant, devait me la casser. J'élevai mon esprit à saint Joseph, mon cher protecteur; à l'instant même, sans éprouver aucun mal ni frayeur, je rassurai le Père et mes sœurs, et achevai paisiblement mon dîner, comme si rien ne fût arrivé..........
Il faut que je vous avoue que j'ai une consolation particulière de ce que le R. P. Menard est très dévot à ce grand saint, duquel il parle hautement. Ce bon Père disait chaque semaine une messe votive en son honneur. Il avait composé quelques motets, que nous chantions après l'élévation. Nous disions aussi ses litanies après la messe. Au reste, chère sœur, nous avons été si heureuses, que la messe ne nous a manqué qu'une seule fois en toute la traversée, ce que nous devons en partie à la dévotion du Père, qui la célébrait en des temps fort rudes et fâcheux. La sainte communion a été fréquente, les conférences et discours spirituels journaliers ; enfin les assistances spirituelles et corporelles ne nous ont point manqué. Il semblait que la divine Providence, notre bonne mère, prît plaisir à nous départir en abondance non seulement les biens nécessaires et profitables, mais encore les choses agréables et même délicieuses. Tantôt elle récréait nos âmes par un savoureux goût des faveurs célestes, puis elle charmait nos sens par la vue de la nature : une mer calme qui nous portait, un ciel serein qui charmait la vue, un bocage verdoyant et des fleurs odoriférantes (sur les côtes de Gaspé). Pour moi, je vous assure que je me reposais doucement entre les bras de cette bonne mère, ne me mettant en peine ni du présent ni de l'avenir : abandonnant tout à son amoureuse conduite, de laquelle je me suis fort bien trouvée jusqu'à présent, et il me semble que cet abandon est la source du vrai et solide contentement. C'est cette aimable conductrice qui nous a enfin menées en cette terre tant désirée, à la vue de laquelle mon cœur a sauté de joie et d'allégresse.
« A notre arrivée près de la rivière, on nous conduisit dans une chapelle fort dévote, c'est celle de nos Mères Ursulines, où, ayant adoré Dieu, nous nous approchâmes de la grille pour saluer les religieuses. En parlant à la Mère de l'Incarnation, je respirai un certain air de sainteté qui m'embauma toute. De là nous allâmes saluer M. le gouverneur (le chevalier de Montmagny) ; puis nous retournâmes et entrâmes en notre chère solitude, où nous avons vécu depuis dans une union et une paix merveilleuses. Notre Mère supérieure, qui est la Mère de l’Incarnation; nous traite avec trop de respect. Elle me fait passer après elle devant la Mère de Saint-Joseph, sa compagne de Tours, quoi que j'aie fait et dit pour m'en défendre. Ma sœur Richer de Sainte-Croix, de Dieppe, est un peu plus ancienne que ma sœur de Saint-Athanase; c'est pourquoi elle va devant. Si j'eusse pu, sans mentir, cacher quelques-unes de mes années de profession, je l'aurais fait, pour éviter la mortification que je sens de conduire les observances en l'absence de notre Mère. La Mère de Saint-Joseph est d'une humeur charmante : au temps de la récréation, elle nous fait souvent pleurer à force de rire; il serait bien difficile d'engendrer mélancolie avec elle. C'est une personne qui a beaucoup de belles qualités. Elle est maîtresse de nos petites séminaristes, qu'elle aime comme une mère aime ses enfants. Après le catéchisme, elle leur apprend à chanter et à toucher, sur la viole, des cantiques spirituels ; parfois elle les fait danser à la mode des sauvages, et ces petites sont si innocentes, que quand Mme de la Peltrie, notre fondatrice, s'y rencontre; elles vont la prier de danser avec elles, ce qu'elle fait, mais de si bonne grâce, qu'il y a du plaisir à la voir.
« Mon office, ou plutôt mes offices, s'étendent depuis la cave jusqu'au grenier. Je suis cellerière et apothicairesse; pour celle-ci, je n'y ai eu encore rien à faire, Dieu merci, mais pour celle-là elle m'a bien occupée. Cette charge s'étend bien loin : il m'a fallu recevoir toutes les provisions pour l'hiver, les descendre à la cave, les monter au grenier, et il faut avoir le soin toute l'année de voir si rien ne se gâte. Jusqu'à présent nous n'avons pas eu le loisir de respirer, vu la quantité de lettres qu'il a fallu écrire ; j'en suis un peu fatiguée. Nous tâcherons de nous recueillir quand les vaisseaux seront partis, et nous nous mettrons tout de bon à l'étude de la langue, qui est très difficile. Les langues algonquine et huronne s'apprennent par préceptes, comme la langue latine. Il n'y a pas d'apparence que j'y avance beaucoup, si vous ne m'aidez par vos bonnes prières. Je vous supplie très humblement de faire à cette intention une neuvaine au glorieux saint Joseph, comme j'espère en faire une avant que de commencer à étudier. Nos trois Mères y ont fort profité pour le temps qu'elles y ont mis. Je suis bien mortifiée de ne pouvoir entendre nos enfants, ni leur parler. Adieu, chère sœur. Je vous embrasse dans le cœur de notre aimable Jésus, où je vous prie de me regarder souvent, m'offrant à ce même Jésus et le priant qu'il accomplisse en moi sa sainte volonté, et me fasse la grâce de vivre et de mourir dans son amour. Je ferai de même pour vous, puisque je suis de cœur et d'affection, pour le temps et pour l'éternité, ma très chère sœur,
« Votre très humble et affectionnée sœur et servante en Notre-Seigneur,« Sœur ANNE DE SAINTE-CLAIRE.« Du séminaire de Saint-Joseph, aux Ursulines de Québec, ce 2 septembre 1640. »
FIN
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