Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent. Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène, se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre. La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape. On s'embrasse de part et d'autre.Bessarion fait un discours mémorable en faveur de la réunion.
Georges Scholarius en fait plusieurs dans le même sens,
où il fait un grand éloge de la science des Latins
et un fort petit de celle des Grecs.
(suite)
Quand Bessarion eut terminé Georges Scholarius présenta aussi trois discours assez prolixes pour exhorter les Grecs à la réunion. Déjà il leur avait adressé une lettre dans le même sens, où il leur faisait des observations assez curieuses.
« Quelques-uns d'entre vous, je le sais, se sont crus capables de l'emporter sur la science des Latins et de les ramener à leur sentiment. Ce que j'admire dans ces hommes d'ailleurs instruits, c'est qu'ils se soient trompés en ceci à tel point, et cela sachant bien en eux-mêmes qu'ils n'avaient pas trop le talent de persuader, non-seulement lorsqu'on les contredirait sur des choses graves, mais même si quelqu'un leur niait que deux est le premier des nombres pairs, ou que l'homme soit composé d'un corps et d'une âme, tandis que les Latins sont exercés dans la dialectique et dans toute espèce de science, particulièrement dans la plus noble de toutes, la théologie, autant qu'il peut être donné au génie de l'homme. Vous voyez tous avec quelle habileté ils ont défendu leur sentiment; c'est à tel point que personne, s'il veut être un juge équitable, ne peut y trouver à redire.
D'après la parole du Seigneur et même d'après la loi civile, le témoignage ou la décision de deux ou trois hommes termine toute affaire quelconque. Or les Latins ont produit pour témoins de leur doctrine six principaux docteurs de l'Église, dont chacun vaut l'univers entier, parlant d'une manière si précise qu'on les aurait crus les juges de la controverse, ne se bornant point à exprimer nettement le dogme, mais l'appuyant des autorités de l'Écriture et de raisons nécessaires ; docteurs si nombreux et si vénérables que nous ne pourrions les regarder d'une manière irrespectueuse quand même nous le voudrions, à ces docteurs principaux ils en ont ajouté d'autres, ceux de l'Orient, qui disent la même chose, quoique avec moins de clarté que ceux-là. »
Georges Scholarius continue sur le même ton l'éloge des Latins, et dit assez nettement que les Grecs ne leur ont répondu que par une stérile loquacité, qui n'allait jamais au but; infériorité qu'il attribue à ce qu'il n'y avait plus d'écoles publiques parmi les Grecs, que l'amour des sciences et des lettres s'y trouvait éteint, et que chacun ne songeait qu'aux besoins de la vie (1).
Après les fêtes de Pâques…
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(1) Mansi, t, 31, col. 1065. Labbe, t. 13,col. 546.
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Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.
Après les fêtes de Pâques le cardinal Julien vint trouver les Grecs et leur proposa de reprendre les conférences publiques afin d'éclaircir ce qui pouvait encore avoir besoin d'éclaircissement; mais l'empereur ni les siens ne voulurent plus de discussions sur la doctrine, en ayant eu assez. On convint seulement de nommer dix personnes de chaque côté pour chercher ensemble les moyens d'effectuer la réunion. Les commissaires grecs proposèrent d'abord la lettre de saint Maxime, où il est dit que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils ; mais, quand on vint à l'explication de la préposition par , il se trouva que les Grecs l'entendaient dans un sens et les Latins dans un autre. Ils ne purent donc s'accorder.
Pour détruire de plus en plus la principale prévention des Grecs, les Latins leur envoyèrent successivement jusqu'à deux déclarations que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, non comme de deux principes ou de deux causes, mais comme d'un seul principe et d'une seule puissance productive. Les Grecs, de leur côté, envoyèrent une déclaration dans laquelle, sans dire encore textuellement que le Saint-Esprit procède du Fils, ils disaient que le Fils épanche l'Esprit, l'épand, le fait sourdre et jaillir, que le Saint-Esprit émane du Fils, en est émis et épanché, qu'il en proflue. Comme ces paroles pouvaient s'appliquer et à l'émission temporelle du Saint-Esprit dans ses dons et à la procession éternelle du Saint-Esprit dans sa personne, les Latins demandèrent aux Grecs dans quel sens ils les entendaient; les Grecs, divisés entre eux, ne voulurent pas donner d'explication.
Il y eut plusieurs allées et venues, plusieurs entretiens particuliers de l'empereur avec le Pape, plusieurs conférences des Grecs entre eux devant le patriarche, qui était habituellement malade. Le Pape demandait qu'on reprît les conférences réciproques pour éclaircir tous les doutes ou que l'on donnât des explications.
L'empereur finit par dire : .…
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Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.
(suite)
L'empereur finit par dire : « Je ne suis pas le maître du concile, ni ne veux tyranniser les miens pour les obliger de dire quelque chose. Je ne puis y apporter aucun remède. — Eh bien! dit alors le Pape, permettez donc que votre concile nous réponde. »
Là-dessus les Grecs allèrent trouver le Pape en son consistoire. Il leur rappela ce qui avait été fait de part et d'autre ; combien, de son côté, il y avait mis de zèle et de bonne volonté, et eux de lenteur et d'inconstance ; combien toutefois la réunion était importante et nécessaire. Le métropolitain de la Russie, répondant pour les autres, reconnut la justesse de tout ce qu'avait dit le Saint-Père, mais excusa la lenteur des Grecs sur l'importance de l'affaire à décider.
Le même métropolitain de la Russie, avec ceux de Nicée, de Lacédémone et de Mitylène, alla trouver l'empereur pour le presser de conclure l'union. Tous les quatre lui déclarèrent entre autres choses : « Si Votre Majesté ne se réunit pas, nous nous réunissons. »
A ces mots le prince eut peur, les voyant ainsi séparés des autres. Il convoqua une assemblée et les exhorta tous à l'union. Les Grecs répondirent : « Si quelqu'un n'aime pas l'union des Églises qu'il soit anathème, pourvu qu'elle se fasse avec piété. » Pressé par tous les autres de prendre la parole, le métropolitain de Russie leur dit : « Vous savez, mes frères, que la cause de cette négligence et de ces lenteurs a été notre dissension et notre peu de concorde. Maintenant donc, qu'on lise les livres des saints d'Occident et d'Orient ; établissons la concordance entre eux, car ils sont d'accord; car les saints écrivent des choses qui s'accordent, attendu que le Saint-Esprit n'est pas en désaccord avec lui-même. Ils sont saints les uns et les autres, et le même Saint-Esprit a parlé en eux. Il faut donc croire que tous ils disent la même chose et ne sont point en dissentiment. Ne vous semble-t-il point à vous-mêmes que cela soit ainsi? » Ils répondirent : «Nous pensons comme vous. »
Alors le métropolitain de Nicée leur dit: « Si vous pensez que les saints sont d'accord les uns avec les autres, pourquoi ne croyez-vous pas que le Saint-Esprit procède aussi du Fils? » Et, commençant par le livre de saint Épiphane, nommé l'Ancorat, l'exposition de saint Cyrille sur l'Évangile de saint Jean et les Trésors du même Père, il lut un grand nombre de passages entiers, dont les uns disaient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils; les autres, qu'il procède des deux ; ceux-là, que l'Esprit a son être du Fils ; ceux-ci, qu'il en est épandu, qu'il en proflue.
Après cette lecture…
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Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
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(suite)
Après cette lecture le métropolitain de Mitylène produisit les Pères occidentaux, qui disent évidemment que le Père et le Fils sont un seul et même principe du Saint-Esprit; que l'Esprit est primordialement du Père, mais aussi de son Fils consubstantiel; que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils. Tous les assistants lurent ces passages, et ils furent persuadés, et ils s'écrièrent : « Jamais nous n'avions vu les saints d'Occident, jamais nous ne les avions lus; mais maintenant nous les connaissons, nous les avons lus, et nous les recevons. — Si vous les recevez, dit l'empereur, portez-en tous une sentence. » Et tous ils portèrent une décision, avec le patriarche, qu'ils recevaient les saints d'Occident, qu'ils tenaient leurs écrits pour vrais et authentiques, et non altérés; car ils ont été remplis du même Esprit, en sorte que nécessairement leurs écrits sont vrais et tendent au même but. Cela se passait le jeudi de la Pentecôte, 28 mai 1439.
« Le lendemain ils se réunirent de nouveau, et, avant et après dîner, ils lurent et relurent les paroles des saints, particulièrement des Orientaux, saint Basile, saint Athanase, saint Cyrille en ses Trésors et ses Livres à Hermias, saint Épiphane, saint Anastase Sinaïte, saint Grégoire de Nysse et saint Jean Damascène, et tous comprirent les dogmes de la vérité. »
Ce sont les paroles du secrétaire grec, de qui nous tenons tous ces détails et qui paraît avoir été un des métropolitains.
Le jour suivant, samedi, comme on était réuni chez le patriarche avec l'empereur, arriva Georges Scholarius. Il était laïque, mais très-savant. L'empereur voulait avoir son opinion sur l'affaire présente. Georges, après avoir rappelé qu'il l'avait déjà fait connaître par plusieurs discours, conclut en ces termes :« Voulant donc sanctifier ma langue par la confession de la foi, et attendre la confession de notre Sauveur Jésus-Christ, qu'il promet comme récompense à ceux qui le confessent devant les hommes, je crois d'une pieuse intelligence et confesse, avec les saints d'Orient et d'Occident, qui sont nécessairement d'accord, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ; qu'il procède du Père par le Fils ; qu'il est du Fils, qu'il en est envoyé, qu'il est du Père par le Fils, qu'il est épandu du Fils comme du Père, qu'il est épandu substantiellement de tous deux, qu'il sourd ou jaillit, et autres expressions semblables; que de tout cela ressort une seule et même vérité, et que le Saint-Esprit reçoit son être du Père et du Fils comme d'un seul principe et d'un seul producteur, et que le Père et le Fils sont un seul et même principe de l'Esprit-Saint ; qu'il ne s'ensuit pas que le Père et le Fils soient deux principes ni qu'on les confonde en une seule per- sonne, quoique quelques-uns, qui ne peuvent comprendre parfaitement ces choses, y soupçonnent cette conséquence absurde. C'est pourquoi j'accède à ce sentiment et à cette proposition : que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, ou du Père par le Fils, comme d'un seul principe et d'une seule cause ; et je dis que cela est très-vrai, et que les saints d'Occident sont nécessairement d'accord avec ceux d'Orient; autrement il serait impossible de les accorder ; et je soumets à l'anathème ceux qui posent deux principes et ceux qui ne conservent pas intacte la distinction personnelle du Père et du Fils. »
Ayant ainsi parlé Georges Scholarius…
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Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
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Ayant ainsi parlé Georges Scholarius se retira.
Ceux de l'assemblée, prenant en main les livres des docteurs orientaux, y lurent encore beaucoup de passages. Aussi l'affaire se conclut. On demanda les avis, les sentiments se manifestèrent, la vérité fut proclamée librement.
Le patriarche parla le premier et dit : « Ayant entendu les paroles des saints Pères d'Occident et d'Orient, les unes disant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, les autres qu'il procède du Père par le Fils, quoique du Fils soit le même que par le Fils, et par le Fils le même que du Fils, nous disons que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils éternellement et substantiellement, comme d'un seul principe ou seule cause, la proposition par signifiant ici cause dans la procession du Saint-Esprit. » Le patriarche termina ainsi son avis et reçut les saints d'Occident qui disent que le Saint-Esprit est du Père et du Fils, avertissant : « Pourvu que nous ne l'ajoutions pas au Symbole ; mais, gardant tous nos rites, nous nous unirons à eux. » L'empereur se prononça dans le même sens.
Alors Isidore, métropolitain de la Russie, tenant la place du patriarche d'Antioche, dit : « Et l'on doit recevoir les paroles des saints d'Occident, et l'Esprit a son être du Fils ; le Père et le Fils sont un même principe de l'Esprit-Saint. Ainsi je m'y accorde, ainsi je professe, ainsi je prêche devant Dieu et devant vous. »
Bessarion de Nicée opina de même et fit un discours où il prouva évidemment « qu'il est impossible à un chrétien d'obtenir le salut s'il ne confesse que le Saint-Esprit est du Père et du Fils. » Ce sont les paroles du secrétaire.
Il y eut quatre prélats opposants : Antoine d'Héraclée, Marc d'Éphèse, Dosithée de Monembasie et Sophrone d'Anchiale. Ils déclarèrent qu'ils ne pouvaient absolument se persuader que le Fils est cause du Saint-Esprit ni que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe. Au contraire Dorothée de Mitylène déclara que dès son enfance il avait été opposé aux Latins, comme s'ils enseignaient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et non d'un seul, mais que dans le concile il avait reconnu son erreur et pensait maintenant comme les Latins.
« Enfin, dit le secrétaire grec, nous fûmes dix métropolitains pour l'union : ceux de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène, de Rhodes, de Nicomédie, de Distre, de Ganne, de Drame, de Mélénice. Il y eut de plus le grand-syncelle Grégoire, confesseur de l'empereur et vicaire du patriarche d'Alexandrie; parmi les chefs de monastères, l'abbé Pacôme. Se joignirent ensuite à nous les métropolitains de Cyzique, de Trébisonde, d'Héraclée, de Monembasie, celui d'Héraclée représentant le patriarche d'Alexandrie, et celui de Monembasie le patriarche de Jérusalem. Les quatre patriarches d'Orient se trouvaient ainsi d'accord pour la réunion, celui d'Antioche étant représenté par Isidore de Russie. »
Celui-ci fut envoyé par l'empereur au Pape pour lui annoncer cette heureuse nouvelle et lui demander ce qu'il ferait pour leur secours. Le Saint-Père répondit qu'il ferait encore plus qu'il n'avait promis. Il y eut encore quelques allées et venues pour la rédaction définitive de ce qui regardait le Saint-Esprit. Voici la rédaction des Grecs, dont un exemplaire fut envoyé au Pape : « Nous sommes d'accord avec vous; l'addition que vous avez faite au Symbole vient des saints ; nous l'approuvons et nous sommes unis à vous, et nous disons que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe et d'une seule cause (1). »
Enfin…
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(1). Mansi, t. 31, col. 1002.
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Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.
(suite)
Enfin, dit le secrétaire grec, le huitième jour de juin nous allâmes trouver le Pape et le priâmes que l'affaire se terminât en sa présence.
« On lut donc notre rédaction ou tome, et, Dieu aidant, elle fut approuvée ; et, se levant, ils nous embrassèrent, et ce fut une grande joie parmi nous. Comme c'était l'heure du dîner, le Pape nous dit de revenir ensuite pour entendre la lecture de la rédaction latine. Elle fut également approuvée. En conséquence, tous s'embrassèrent de nouveau avec tendresse. Le Pape envoya porter cette nouvelle à l'empereur, et tous nous tressaillîmes d'une grande joie. »
Le lendemain, les métropolitains de Russie, de Nicée, de Trébisonde et de Mitylène ayant été en députation auprès du Pape, il leur dit : « Par la grâce de Dieu nous sommes unis, nous nous accordons sur le dogme principal, et il n'y a plus rien à dire sur cet article. Maintenant éclaircissons encore ce qu'il peut y avoir de doute sur le feu du purgatoire, sur la principauté dit premier siège, sur le pain fermenté et azyme et sur le divin Sacrifice. Ensuite l'union se fera sur-le-champ, car le temps presse. »
Le patriarche aurait voulu qu'on célébrât sur-le-champ la dernière session pour y publier le décret d'union entre les deux Églises, Il désirait de tout son cœur voir l'accomplissement de ce grand ouvrage avant sa mort, qu'il sentait prochaine ; mais on lui remontra que, pour rendre cet ouvrage parfait, il fallait encore éclaircir les autres points; ce qui ne tarderait guère, attendu qu'on y avait déjà beaucoup travaillé à Ferrare.
L'on s'en occupait donc lorsque…
A suivre : Mort du patriarche Joseph, après avoir écrit son acte de réunion avec l'Église romaine.
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Mort du patriarche Joseph, après avoir écrit son acte de réunion avec l'Église romaine.
L'on s'en occupait donc lorsque, le mardi au soir, 9 juin, on vint tout à coup dire aux prélats grecs que le patriarche était mort, Ils y accourent tous et apprennent de ses gens qu'après son souper il était entré, selon sa coutume, dans son cabinet, et qu'ayant pris du papier et un roseau il s'était mis à écrire ; sur quoi, ayant été surpris d'un tremblement et d'une grande agitation, il avait expiré. Les prélats, étonnés, lurent ce qu’il avait écrit et trouvèrent que c'était une dernière confession de foi conçue en ces termes :« Joseph, par la miséricorde de Dieu archevêque de Constantinople, la nouvelle Rome, et patriarche œcuménique. Puisque me voici arrivé à la fin de ma vie, tout prêt à payer la dette commune à tous les hommes, j'écris par la grâce de Dieu très-clairement et souscris mon dernier sentiment, que je fais savoir à tous mes chers enfants. Je déclare donc que, tout ce que croit et enseigne la sainte Église catholique et apostolique de Notre-Seigneur Jésus-Christ de l'ancienne Rome, je le crois aussi, et que j'embrasse tous les articles de cette créance. Je confesse que le Pape de l'ancienne Rome est le bienheureux Père des Pères, le souverain Pontife et le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour rendre certaine la foi des chrétiens. Je crois aussi le purgatoire des âmes. En foi de quoi j'ai souscrit le 9 juin l’an 1439, indiction deuxième. »
Le Pape lui fit faire de magnifiques funérailles dans l'église du monastère des Dominicains, où il était logé. Les prélats grecs y officièrent selon leur rite, en présence de l'empereur, de tous les cardinaux et des évêques latins qui assistèrent aux obsèques.
Ensuite on s'assembla pour délibérer sur les articles proposés…
A suivre : Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.
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Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.
Ensuite on s'assembla pour délibérer sur les articles proposés. L'on commença par la question du pain azyme ; sur quoi les Grecs se montrèrent de bonne composition, accordant qu'on pouvait se servir indifféremment de pain levé et de pain azyme, pourvu que ce fût du pain de froment, que le ministre eût reçu l'ordination et que le lieu dans lequel on célébrait fût consacré. Ce fut Jean de Turrécrémata, depuis cardinal, qui parla sur cette question ; il prouva qu'on pouvait consacrer le pain sans levain aussi bien que l'autre, et qu'il était même plus convenable d'en user ainsi, selon la coutume des Latins, parce que Jésus-Christ, comme il le fit voir par les textes de l'Évangile, ne s'était servi que d'azymes dans l'institution. Et comme on avait dit au Pape que, selon les Grecs, la forme de ce sacrement n'était pas seulement dans les paroles de Jésus-Christ, mais encore dans les prières que le prêtre fait dans la liturgie en invoquant l'Esprit-Saint, le même théologien employa un second discours à montrer, par l'autorité des Pères et par de bonnes raisons, que ce sont les paroles de Jésus-Christ seules qui opèrent cet admirable changement de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Notre-Seigneur. Le métropolitain de Russie assura que les Grecs étaient en cela de même créance que les Latins et n'attribuaient qu'aux seules paroles de Jésus-Christ la vertu d'opérer ce changement. L'on convint donc déjà de ces deux articles.
Touchant le purgatoire on s'en tint à ce qui avait été examiné et accordé dans les conférences de Ferrare, et l'on convint que les âmes des saints avaient obtenu dans les cieux une parfaite récompense en qualité d'âmes ; que celles des pécheurs morts dans l'impénitence étaient punies souverainement, et que les âmes de ceux qui étaient entre les uns et les autres étaient dans un lieu où elles souffraient, jusqu'à ce qu'elles fussent purifiées ; d'ailleurs qu'il importait peu d'expliquer le genre de leurs souffrances, si c'est par le feu ou par les ténèbres, par la tempête ou de quelque autre manière ; que tous les hommes cependant paraîtront au jour du jugement dernier devant le tribunal de Jésus-Christ avec leur corps, pour rendre compte de leurs actions.
Il y eut plus de contestations sur la primauté du Pape…
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A suivre : Session solennelle pour consommer la réunion et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches, et par les métropolitains de-Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.
(suite)
Il y eut plus de contestations sur la primauté du Pape, non de la part des évêques, mais de l'empereur. Quant aux évêques grecs, le secrétaire du concile, l'un d'eux, dit en propres termes :
« Nous nous assemblâmes tous dans la maison de l'empereur et examinâmes les propositions des Latins. Tous les cinq nous les trouvâmes justes et exactes : la première, de la procession du Saint-Esprit; la seconde, de l'azyme et du pain fermenté ; la troisième, de la primauté du Pape ; la quatrième, de l'addition ; la cinquième, du purgatoire. Nous pressâmes beaucoup l'empereur en disant : Nous recevons tout, et qu'on termine l'affaire (1). »
L'empereur consentait bien à ce qu'on reconnût la primauté du Pape en général, mais non pas, en particulier, qu'on pût appeler à lui du jugement de tous les patriarches, ni qu'il eût pouvoir, sans l'empereur et les patriarches, de célébrer les conciles généraux. C'est pourquoi le prince assembla, le 17 juin, les prélats grecs, qui, à l'exception de Marc d'Éphèse, votèrent tous pour l'union. Le dimanche suivant ils examinèrent les privilèges du Pape et les approuvèrent tous, hormis deux points : qu'il ne pourrait convoquer de conciles œcuméniques sans l'empereur et les patriarches, et qu'en cas d'appel du jugement de ceux-ci il ne pourrait pas évoquer la cause à Rome, mais enverrait des juges sur les lieux.
Le Pape répondit, par trois cardinaux, qu'il voulait tous les privilèges de son Église, les appellations, régir et gouverner toute l'Église du Christ, comme pasteur des brebis ; que, de plus, il avait l'autorité pour célébrer un concile œcuménique quand cela était nécessaire, et que tous les patriarches étaient tenus d'obéir à sa volonté. Tout cela fut prouvé doctement aux Grecs par le provincial des Dominicains.
L'empereur, qui se voyait enlever l'espèce de suprématie que ses prédécesseurs s'étaient arrogée sur l'Eglise, fut sur le point de rompre toute la négociation; mais les évêques grecs commençaient peut-être à entrevoir la base de leur propre liberté et de leur propre indépendance dans la liberté et l'indépendance du Pontife romain.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que peu de jours après ils dressèrent l'article relatif au Pape en ces termes :
« Touchant la primauté du Pape, nous confessons qu'il est le souverain Pontife, l'intendant, le lieutenant et le vicaire du Christ, le pasteur et le docteur de tous les chrétiens, pour régir et gouverner l'Église de Dieu, sauf les privilèges des patriarches d'Orient, savoir, de celui de Constantinople, qui est le second après le Pape, ensuite de celui d'Alexandrie, d'Antioche et enfin de Jérusalem. »
Ce projet fut agréé par le Pape et les cardinaux, et l'on convint de travailler dès le lendemain à composer le décret de l'union.
On tint plusieurs conférences à cet effet. Car il fallait examiner, peser chaque phrase chaque mot, chaque particule ; enfin le projet ayant été lu fut approuvé de part et d'autre. On nomma de chaque côté six commissaires pour la rédaction définitive de la bulle. Ils y travaillèrent pendant huit jours avec tant d'application qu'ils s'assemblaient deux fois le jour. La bulle fut lue dans l'assemblée générale qui se tint le 4 juillet devant le Pape et l'empereur ; tous l'ayant approuvée d'un commun consentement, on arrêta qu'elle serait solennellement publiée deux jours après, dans la dernière session des Latins et des Grecs. On n'y parle point de la forme de la Consécration à la messe, attendu que les Grecs protestèrent et en particulier et en public devant le Pape que sur cet article ils n'avaient jamais eu d'autre créance que celle de l'Église romaine, ce dont le Pape se déclara satisfait.
En conséquence…
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(1). Mansi, t. 31, col. 1014 et 1015.
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Session solennelle pour consommer la réunion
et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.
En conséquence, le 6 juillet 1439, qui était un lundi, jour de l'octave des apôtres saint Pierre et saint Paul, on célébra la dernière session du concile entre les Grecs et les Latins dans l'église cathédrale de Florence, dans le même ordre qui avait été observé à Ferrare, si ce n'est que le trône du Pape, qui devait officier pontificalement, fut mis, selon la coutume, tout près de l'autel. Les magistrats de la république s'y trouvèrent en corps ; tous les prélats grecs, aussi bien que les Latins, allèrent, selon leur rang, faire une profonde révérence au Pape et lui baiser la main. La musique de l'empereur chanta le Veni Creator d'une manière très-suave. Les Grecs remarquèrent et vénérèrent avec beaucoup de religion et de respect la messe et toutes les cérémonies de l'Église latine.
L'office terminé, le souverain Pontife alla prendre sa place sur son trône auprès de l'autel, à droite ; l'empereur prit la sienne sur un autre trône, à gauche, et plus bas tous les prélats dans leurs sièges, avec leurs ornements pontificaux. Le décret de l'union fut lu, d'abord en latin par le cardinal Julien de Sainte-Sabine, ensuite en grec par Bessarion, métropolitain de Nicée. Il est conçu en ces termes :
« Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour servir de monument à perpétuité ; du consentement de notre très-cher fils en Jésus-Christ, Jean Paléologue, illustre empereur des Roméens, consentant à ce qui suit, ainsi que de ceux qui tiennent la place de nos vénérables frères les patriarches, et des autres qui représentent l'Église orientale.
Le décret de l'union fut lu, d'abord en latin…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Session solennelle pour consommer la réunion et en promulguer la bulle,
qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.
(suite)
Le décret de l'union fut lu, d'abord en latin par le cardinal Julien de Sainte-Sabine, ensuite en grec par Bessarion, métropolitain de Nicée. Il est conçu en ces termes :
« Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour servir de monument à perpétuité ; du consentement de notre très-cher fils en Jésus-Christ, Jean Paléologue, illustre empereur des Roméens, consentant à ce qui suit, ainsi que de ceux qui tiennent la place de nos vénérables frères les patriarches, et des autres qui représentent l'Église orientale.
« Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaille ! car le mur qui divisait l'Église d'Orient et d'Occident vient d'être enlevé ; la paix et la concorde est rétablie sur la pierre angulaire, Jésus-Christ, qui des deux peuples n'en a fait qu'un, joignant l'un et l'autre mur par le lien indissoluble de la paix et de la charité. Après le long nuage de la tristesse, après la noire et affligeante obscurité d'une longue division, s'est levée pour tous la sereine splendeur de l'union tant désirée ! Qu'elle se réjouisse l'Église notre mère ! ses enfants, jusqu'alors en dissension les uns contre les autres, elle les voit revenus à l'unité et à la paix ; elle qui auparavant pleurait avec tant d'amertume sur leur séparation, qu'elle rende maintenant avec une joie ineffable des actions de grâces au Dieu tout-puissant pour leur merveilleuse concorde. Que tous les fidèles s'en réjouissent par tout l'univers, et que tous ceux qui portent le nom de chrétien en félicitent l'Église catholique, leur mère ; car voici que les Pères de l'Occident et de l'Orient, après une si longue période de dissension et de discorde, se sont exposés aux périls de la mer et de la terre, ont surmonté toutes les fatigues, sont venus à ce saint concile œcuménique avec un joyeux empressement, dans le désir de la sainte union et pour rétablir l'ancienne charité. Leur intention n'a pas été frustrée; après de longues et laborieuses recherches, par la clémence du Saint-Esprit, ils sont enfin parvenus à cette union si désirable et si sainte. Qui donc pourrait rendre au Tout-Puissant des actions de grâces dignes de tels bienfaits? qui n'admirerait profondément les richesses de la miséricorde divine? Y a-t-il un cœur de bronze que la vue de cette clémence infinie n'amollirait pas ? Car ce sont là des œuvres tout à fait divines, et non pas des inventions de la fragilité humaine ; il faut donc les recevoir avec la plus profonde vénération et les reconnaître par de saints cantiques. A vous la louange, à vous la gloire, à vous l'action de grâces, Jésus-Christ, fontaine de miséricordes, qui avez conféré un si grand bien à votre épouse, l'Église catholique, et qui, dans notre génération, avez manifesté les miracles de votre tendresse, afin que tous célèbrent vos merveilles. (1)
« Car, assemblés dans ce saint concile œcuménique, les Latins et les Grecs…
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(1) Note de Louis : J’ai laissé les paragraphes tels que présentés dans Rohrbacher. Bien à vous.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Session solennelle pour consommer la réunion
et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.
(suite)
(1) « Car, assemblés dans ce saint concile œcuménique, les Latins et les Grecs ont donné les uns et les autres tous leurs soins pour discuter, avec toute l'exactitude possible, l'article relatif à la procession du Saint-Esprit. On a produit les témoignages des divines Écritures, de nombreux passages des saints docteurs de l'Orient et de l'Occident, les uns disant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, les autres qu'il procède du Père par le Fils, les uns et les autres aboutissant au même sens sous des paroles diverses. En effet les Grecs ont assuré qu'en disant que le Saint-Esprit procède du Père ils n'excluent pas le Fils ; mais, parce qu'il leur semblait que les Latins, en disant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, admettaient deux principes et deux aspirations, ils se sont abstenus de dire que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Les Latins, au contraire, ont assuré que, en disant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, ils n'ont pas dessein d'exclure le Père, ni de nier qu'il soit la source et le principe de toute divinité, savoir du Fils et du Saint-Esprit, ni de prétendre que le Fils ne reçoive pas du Père que l'Es-prit-Saint procède de lui, ni enfin d'admettre deux principes ou deux spirations ; mais qu'ils reconnaissent qu'il n'y a qu'un seul principe et une seule spiration de l'Esprit-Saint, comme ils l'ont toujours tenu. Et comme toutes ces expressions reviennent à un même sens véritable, ils sont enfin convenus, et, d'un consentement unanime, ont fait l'union qui suit, union sainte et chérie Dieu.
« Au nom de la sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, ce saint concile universel de Florence approuvant, nous définissons que cette vérité de la foi soit crue et reçue par tous les chrétiens, et qu'ainsi tous professent que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils, qu'il a son essence et son être subsistant à la fois du Père et du Fils, qu'il procède éternellement de l'un et de l'autre, comme d'un seul principe et par une seule spiration ; déclarant que les saints docteurs et les Pères qui disent que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils n'ont point d'autre sens, et font connaître par là que le Fils est, comme le Père, selon les Grecs, la cause, et, selon les Latins, le principe de la subsistance du Saint-Esprit ; et parce que le Père a communiqué à son Fils unique en l'engendrant tout ce qu'a le Père, à l'exception de ce qu'il est Père, cela même que l'Esprit-Saint procède du Fils, le Fils l'a éternellement du Père, par lequel il est aussi éternellement engendré. (1)
« Nous définissons de plus que l'explication de ces paroles : …
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(1) Note de Louis : J’ai laissé les paragraphes tels que présentés dans Rohrbacher. Bien à vous.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Session solennelle pour consommer la réunion
et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.
(suite)
(a) « Nous définissons de plus que l'explication de ces paroles : Et du Fils, Filioque, a été légitimement et avec raison ajoutée au Symbole pour éclaircir la vérité et par une nécessité alors imminente.
« Nous définissons aussi que le corps de Jésus-Christ est véritablement consacré dans le pain du froment, qu'il soit azyme ou levé, et que les prêtres doivent se servir de l'un et de l'autre, chacun selon l'usage de son Église, soit occidentale, soit orientale ;
« Que les âmes de ceux qui, vraiment pénitents, sont morts dans la charité de Dieu, avant d'avoir fait de dignes fruits de pénitence pour expier leurs péchés de commission ou d'omission, sont purifiées après leur mort par les peines du purgatoire, et qu'elles sont soulagées de ces peines par les suffrages des fidèles vivants, comme sont le sacrifice de la messe, les prières, les aumônes, les autres œuvres de piété que les fidèles ont coutume de faire pour les autres fidèles, suivant les règles de l'Église ; et que les âmes de ceux qui n'ont point péché depuis leur baptême, ou celles qui, ayant contracté la tache du péché, en ont été purifiées dans leurs corps ou après en être sorties comme nous venons de le dire, entrent aussitôt dans le ciel, et voient clairement le Dieu un et trine, comme il est, les uns plus parfaitement que les autres, selon la diversité de leurs mérites ; mais que les âmes de ceux qui décèdent dans un péché actuel mortel, ou dans le seul péché originel, descendent aussitôt en enfer, toutefois pour y être punies de peines inégales.
« Nous définissons encore que le Saint-Siège apostolique et le Pontife romain est le successeur du bienheureux Pierre, prince des apôtres, qu'il est le véritable vicaire du Christ et le chef de toute l'Église, le Père et le docteur de tous les chrétiens; qu'à lui a été donnée, par Notre-Seigneur, dans Jésus-Christ, dans[le] bienheureux Pierre, une pleine puissance de paître, de régir et de gouverner l'Église universelle, comme cela est aussi (1) contenu dans les actes des conciles œcuméniques et dans les saints canons. Renouvelons en outre l'ordre des autres patriarches marqués dans les canons, en sorte que celui de Constantinople soit le second après le très-saint Pontife romain, le troisième celui d'Alexandrie, le quatrième celui d'Antioche, et le cinquième celui de Jérusalem, sauf, bien entendu, tous leurs privilèges et leurs droits.
« Donné à Florence, dans la session publique du concile célébrée solennellement dans la grande église, l'an de l'incarnation du Seigneur 1439, le jour avant les nones de juillet (c'est le 6), de notre pontificat l'année neuvième. Moi, Eugène, évêque de l'Église catholique, j'ai souscrit en définissant ainsi; Seigneur, vous êtes mon aide et mon protecteur; ne m'abandonnez pas, ô mon Dieu ! » Ces paroles des psaumes étaient la devise du Pape Eugène IV.
Viennent ensuite les souscriptions…
(a) Note de Louis : J’ai laissé les paragraphes tels que présentés dans Rohrbacher. Bien à vous.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Session solennelle pour consommer la réunion
et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.
(suite)
Viennent ensuite les souscriptions de huit cardinaux, qui mettent simplement: « J'ai souscrit aux définitions précédentes. » Le premier est le bienheureux Nicolas Albergati, cardinal de Sainte-Croix. Après les cardinaux on voit les souscriptions de l'empereur Jean Paléologue, de son confesseur Georges, proto-syncelle ; d'Isidore, métropolitain de Kiow et de toute la Russie ; des métropolitains d'Héraclée, de Monembasie, de Cysique, de Trébisonde, de Nicomédie, de Lacédémone, de Mitylène, d'Amasée, de Rhodes et des Cyclades, de Distre, de Ganne, de Mélénice, de Drame. Nous remarquons en particulier la souscription d'Ignace, métropolitain de Tornovo, capitale de la Bulgarie, et celle de Damien, métropolitain de la Moldavie et de la Valachie, et, de plus, député de celui de Sébaste.
On voit aussi beaucoup d'évêques latins, entre autres huit évêques de France. Mais les actes observent que toutes les souscriptions n'y sont pas, attendu que beaucoup s'en allèrent à la fin de la dernière session et avant qu'on vînt à souscrire. On lit dans un ancien manuscrit que les patriarches et métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie, qui souscrivirent au décret d'union, furent au nombre de quarante.
Enfin, dans ce moment solennel, l'empereur de Constantinople, les nobles grecs, les ambassadeurs de Trébisonde, ceux du roi des Ibériens, les archevêques et évêques russes, ainsi que tous les autres, qui étaient au nombre de cinq cents, s'approchèrent du Pape en fléchissant le genou, suivant la coutume, et lui baisèrent les mains (1).
Eugène IV envoya aussitôt le décret de la foi et de l'union par toute la terre…
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(1). Labbe, t. 13, col. 1172.
A suivre : Philothée, patriarche d’Alexandrie, accède de grand cœur à la réunion, que le Pape notifie à toute la chrétienté.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Philothée, patriarche d’Alexandrie,
accède de grand cœur à la réunion,
que le Pape notifie à toute la chrétienté.
Eugène IV envoya aussitôt le décret de la foi et de l'union par toute la terre. Philothée, patriarche d'Alexandrie, reçut les lettres du Pape par le nonce Albert, Frère mineur ; dans le même temps il reçut de Constantinople des lettres tout à fait conformes de l'empereur et de ses propres vicaires. Il ressentit une grande joie de cette heureuse union et répondit au Pape une lettre affectueuse, où il l'appelle la pierre de la foi, le chef de toutes les Eglises chrétiennes, le Pape de la grande Rome, le protecteur des autres patriarches. D'après une résolution qu'il a prise avec les évêques et les clercs de sa communion en Egypte, on fera mémoire de Sa Sainteté au sacrifice de la messe avant les autres patriarches, comme cela est ordonné par les saints canons.
Le patriarche d'Alexandrie écrivit en même temps à Constantinople, et à l'empereur et à quelques prélats, que, si quelqu'un ne reçoit pas ce qui a été décrété et défini dans le concile, il doit être tenu pour tyran et hérétique et privé de la communion de l'Église universelle (2).
Dès le lendemain de la session solennelle Eugène IV adressa une lettre circulaire, avec le décret d'union, à tous les princes, prélats, universités de la chrétienté, pour leur notifier que la longue dissension entre les Églises orientale et occidentale venait de finir après quatre cent cinquante ans ; que, défrayés par l'Église romaine, étaient venus au concile œcuménique l'empereur Jean Paléologue, le patriarche Joseph de Constantinople, les députés des autres patriarches, les ambassadeurs de l'empereur de Trébisonde, ceux des Ibériens, des Russes et des Valaques.
Après des discussions approfondies les Grecs comme les Latins ont professé que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ; ils ont reconnu aussi avec reconnaissance la souveraine autorité de l'Église romaine et du Saint-Siège apostolique, que quelques-uns s'efforcent malignement d'opprimer. Une joie nouvelle, c'est que, d'un jour à l'autre, doivent arriver les Arméniens, prêts à se soumettre à l'Église romaine. En conséquence le Pape ordonne de faire des prières et des processions publiques, tant pour remercier Dieu du bien déjà fait que pour attirer ses grâces sur ce qui est encore à faire. La lettre est du 7 juillet 1439 (1).
Peu après arrivèrent effectivement à Florence…
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(2). Id., ibid., col. 1173. (1). Id., ibid., col. 1181 et seqq.
A suivre : Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens, arrivent à Florence avant le départ des Grecs, à qui le Pape accorde plus qu'il n'avait promis.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens,
arrivent à Florence avant le départ des Grecs,
à qui le Pape accorde plus qu'il n'avait promis.
Peu après arrivèrent effectivement à Florence quatre députés de Constantin, patriarche des Arméniens, à qui le Pape Eugène avait annoncé le concile comme à tous les autres ; ils furent suivis successivement des envoyés du patriarche des Jacobites, de l'empereur d'Ethiopie, des Syriens, des Maronites, des Chaldéens, qui tous venaient demander d'être reçus à la communion de l'Église romaine.
Lorsque les Grecs prirent congé du Pape il leur accorda beaucoup plus qu'il ne leur avait promis. L'empereur Jean Paléologue partit de Florence le 26 août, accompagné de trois cardinaux et d'un grand nombre de prélats qui le conduisirent jusqu'aux frontières de la république. Arrivé à Venise le 6 septembre, il s'y embarqua le 11 octobre, avec son frère et leur suite, pour retourner à Constantinople, où ils n'arrivèrent que le premier jour de février de l'année suivante 1440.
Le 18 décembre 1439, dans le concile même de Florence…
A suivre : Eugène IV fait une promotion de cardinaux, parmi lesquels Bessarion de Nicée, Isidore de Russie, Sbinco de Cracovie.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Eugène IV fait une promotion de cardinaux,
parmi lesquels Bessarion de Nicée,
Isidore de Russie, Sbinco de Cracovie.
(suite)
Le 18 décembre 1439, dans le concile même de Florence, le Pape Eugène IV fit une promotion de dix-sept cardinaux. Le premier fut le célèbre Bessarion, natif de Trébisonde ; après avoir étudié à Constantinople il se fit moine, suivant la règle de Saint-Basile, et passa vingt ans dans un monastère du Péloponèse, occupé de l'étude des belles-lettres qu'il joignit à celle de la théologie. Le philosophe Gémistus Pléthon fut un de ses maîtres. Tiré de sa retraite et devenu archevêque de Nicée, il assista comme tel au concile de Florence, où il se distingua également par son éloquence et par sa doctrine. Fixé en Italie par sa dignité de cardinal-prêtre du titre des Saints-Apôtres, Bessarion ne s'écarta point de la vie simple et studieuse qu'il menait dans son couvent du Péloponèse. Sa maison était le rendez-vous de tous ceux qui cultivaient les lettres ou qui les aimaient. Quand il sortait on voyait dans son cortège Argyropule, Philelphe, le Pogge, Valla, Théodore Gaza, Georges de Trébisonde, Caldérino. Il obtint la confiance et l'amitié de plusieurs Papes. Nicolas V le nomma archevêque de Siponto et cardinal-évêque de Frascati. Pie II lui conféra le titre de patriarche de Constantinople. À la mort de Nicolas V et de Paul II Bessarion fut sur le point d'être nommé Pape lui-même, tant il était universellement aimé et estimé.
Le second cardinal de la promotion de Florence fut Isidore, natif de Thessalonique, aussi moine de Saint-Basile et abbé de Saint-Démétrius à Constantinople, puis archevêque de Kiow et métropolitain de toute la Russie. Nous avons vu quelle sagesse il montra au concile œcuménique dans l'affaire de la réunion. Il fut cardinal-prêtre du titre de Saint-Marcellin et Saint-Pierre, ensuite évêque de Sabine, et enfin patriarche de Constantinople.
Parmi les quinze autres cardinaux il y avait cinq Italiens, trois Français, deux Anglais, un Hongrois, un Allemand, un Portugais, un Polonais, Sbinco, l'évêque de Cracovie, que nous avons vu à la fois le censeur et l'ami du roi Ladislas Jagellon ; enfin un Espagnol, le fameux docteur de Turrécrémata, ainsi nommé du lieu de sa naissance. Il était de l'ordre des Frères prêcheurs, fort zélé pour la discipline régulière et pour l'autorité du Pape, qu'il soutint avec autant de courage que de doctrine contre les excès du conciliabule de Bâle.
Le Pape, entouré des cardinaux…
A suivre : Le Pape, entouré des cardinaux, est comme Moïse entouré des soixante-douze sénateurs d'Israël.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape, entouré des cardinaux, est comme Moïse
entouré des soixante-douze sénateurs d'Israël.
Le Pape, entouré des cardinaux qui, d'après l’ordre de Dieu, lui aidaient à gouverner, non telle ou telle tribu, mais tout le peuple d'Israël. Les cardinaux aident au Pape à gouverner, non telle Église particulière ou tel peuple chrétien, mais toutes les Églises, tous les peuples, toute l'humanité chrétienne, l'Église universelle. Dès les premiers siècles, au temps de saint Cyprien, pendant la vacance du Saint-Siège, nous les avons vus, sous le nom de prêtres ou de clergé de Rome, non-seulement gouverner l'Église romaine, mais tracer des règles de conduite aux autres Églises durant la persécution. Appliqués ainsi au gouvernement de l'Église universelle, il n'est pas étonnant qu'ils aient la préséance sur ceux qui gouvernent les Églises particulières. C'est ce que le Pape Eugène fit entendre à l'archevêque de Cantorbéry.
Moïse vit s'élever contre lui la faction, le conciliabule de Coré, Dathan et Abiron…
A suivre : Le Pape Eugène IV, avec l'approbation du concile œcuménique de Florence, condamne l'interprétation donnée par les prélats de Bâle aux décrets de Constance.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV, avec l'approbation du concile œcuménique, donne un abrégé de la foi orthodoxe.Le Pape Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique de Florence,
condamne l'interprétation donnée
par les prélats de Bâle aux décrets de Constance.
Moïse vit s'élever contre lui la faction, le conciliabule de Coré, Dathan et Abiron ; Coré était le chef d'une des principales familles de Lévi. Eugène IV voyait s'élever contre lui une faction, les prélats du conciliabule de Bâle; un cardinal égaré se trouvait à leur tête. Nous avons vu à Constance une des trois obédiences entre lesquelles l'Église était alors divisée, pour sortir enfin du schisme déplorable résultant de trois Papes douteux, poser en principe que toute personne, fût-elle de dignité papale, est tenue d'obéir au concile général dans ce qui regarde la foi et l'extirpation dudit schisme. Sur quoi il y a deux questions :
1° Cet article est-il réellement du concile de Constance, ou simplement d'une de ses fractions, l'obédience de Jean XXIII ?
2° Cet article ne se restreint-il pas lui-même à un temps de schisme, à des Papes douteux, et n'est-il pas inapplicable à un temps d'unité, à un Pape certain, reconnu de toute l'Église ?
Or les quelques prélats de Bâle décidèrent que cet article était du concile général de Constance, et même une vérité de foi; que c'était également une vérité de foi que cet article s'appliquait non-seulement à un temps de schisme, à un Pape douteux, mais à un temps d'unité, à un Pape certain, notamment à Eugène IV. En conséquence les quelques prélats de Bâle citèrent Eugène IV comme hérétique, le déclarèrent suspens, le déposèrent, comme autrefois Dioscore déposa saint Léon, et le remplacèrent par un antipape, et cela dans le moment même où il réconciliait à l'Église les divers peuples de l'Orient.
Eugène IV ne pouvait se taire en présence de pareilles énormités. Par une bulle du 4 septembre 1439, avec l'approbation du concile œcuménique de Florence, il condamna les susdites propositions, entendues dans le mauvais sens des prélats de Bâle, sens que les faits démontrent contraire à l'Écriture sainte, aux saints Pères, au sens même du concile de Constance; il condamne et réprouve ces propositions comme impies et scandaleuses, comme tendant manifestement à déchirer l'Église, à confondre tout l'ordre ecclésiastique et toute principauté chrétienne ; il les condamne et les réprouve avec tout ce qui peut s'ensuivre (1).
C'est ici une chose à remarquer par tous les catholiques, mais surtout par les théologiens. L'interprétation donnée par les prélats de Bâle au décret de Constance touchant la supériorité du concile général sur le Pape a été condamnée et réprouvée par le concile œcuménique de Florence comme impie, scandaleuse et subversive de tout ordre et de tout gouvernement ecclésiastique. Cette condamnation, prononcée si solennellement par un Pape et un concile général, mérite une attention sérieuse.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique,
donne un abrégé de la foi orthodoxe.
Les députés de Constantin, patriarche des Arméniens, arrivèrent à Florence au mois de septembre 1439, avant le départ des Grecs ; ils étaient quatre, un évêque, nommé Joachin, et trois docteurs, nommés Sarchis, Marc et Thomas. Après avoir présenté leurs hommages au Pape ils allèrent trouver l'empereur et lui exposèrent leur dessein de se réunir à l'Église catholique, le suppliant de leur prêter pour cela son aide et ses conseils. L'empereur Paléologue répondit que leur dessein lui plaisait fort, qu'il verrait avec grand plaisir leur accession à la foi orthodoxe et à l'Église catholique.
« Je prie Dieu de diriger à bonne fin votre réunion. Si elle se fait je vous serai en aide partout où vous aurez besoin de moi. »
Ainsi parla l'empereur grec avant son départ (1). C'était bien approuver d'avance la réunion des Arméniens avec l'Église romaine. D'ailleurs tous les Grecs ne partirent point avec l'empereur. Bessarion, métropolitain de Nicée, Isidore, métropolitain de toute la Russie, devenus cardinaux quelque temps après, continuèrent à siéger dans le concile de Florence.
Dans ses lettres de créance le patriarche des Arméniens disait qu'il envoyait ses députés au concile pour rétablir la paix, la charité et l'union comme elle était jadis entre le Pape saint Sylvestre et saint Grégoire l'Illuminateur, entre l'empereur Constantin et Tiridate, roi d'Arménie. Les lettres sont du 20 juillet 1438.
Quand elles eurent été présentées au concile, le souverain Pontife, avec l'approbation du concile même, désigna trois cardinaux, avec plusieurs docteurs, pour conférer avec les Arméniens. Les cardinaux étaient l'évêque d'Ostie, le cardinal de Sainte-Croix, autrement le bienheureux Nicolas Albergati, et le cardinal de Sainte-Sabine, autrement le cardinal Julien. Les conférences eurent lieu presque tous les jours sur les matières touchant lesquelles les Arméniens étaient dans l'erreur ou dans le doute. Ces diverses questions ayant été éclaircies par l'Écriture, la tradition et les Pères, le Pape Eugène IV, avec l'approbation du saint concile, résuma le tout dans un décret qui fut publié le 22 novembre dans la vingt-septième session.
Le vicaire du Christ invite tous les chrétiens à bénir le Seigneur, qui, après neuf cents ans et plus, venait d'ôter de son Église une autre pierre de division, par la réunion de la puissante nation des Arméniens; réunion effectuée peu après celle des Grecs et qui en augmentait la joie. Puissent les autres nations suivre leur exemple !
Les Arméniens sont d'autant plus dignes d'éloge qu'à peine invités par le successeur de saint Pierre à venir au concile œcuménique ils ont député des personnages respectables, avec ordre de recevoir tout ce que l'Esprit-Saint inspirerait au saint concile. Pour que cette heureuse union persévère à jamais sans aucun nuage, le Pape donne aux Arméniens, du consentement de leurs députés, et avec l'approbation de ce saint concile de Florence, un abrégé de la foi orthodoxe, que l'Église romaine professe sur les articles qui avaient été l'objet des conférences…
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(1) Id. ibid.t col. 117.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réunion des Arméniens, à qui Eugène IV,
avec l'approbation du concile œcuménique,
donne un abrégé de la foi orthodoxe.
(suite)
Pour que cette heureuse union persévère à jamais sans aucun nuage, le Pape donne aux Arméniens, du consentement de leurs députés, et avec l'approbation de ce saint concile de Florence, un abrégé de la foi orthodoxe, que l'Église romaine professe sur les articles qui avaient été l'objet des conférences.
1° On leur présente le Symbole dressé au concile général de Constantinople, avec l'addition que le Saint-Esprit procède aussi du Fils, en statuant qu'on le chanterait ainsi dans les églises arméniennes.
2° On leur propose la définition du concile de Chalcédoine, quatrième œcuménique, renouvelée dans le cinquième et le sixième, touchant les deux natures de Jésus-Christ dans une seule personne. On rappelle dans le même article la condamnation de ceux qui niaient la divinité du Saint-Esprit, et l'économie du mystère de l'incarnation du Verbe, si excellemment développée dans les lettres synodales de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand à Flavien.
3° On expose le dogme touchant les deux volontés et les deux opérations en Jésus-Christ, défini dans le sixième concile général.
4° On déclare qu'il faut recevoir non-seulement les trois premiers conciles généraux auxquels les Arméniens avaient créance, mais encore tous les autres conciles œcuméniques, célébrés légitimement par l'autorité du Pontife romain ; de plus, qu'il fallait honorer comme un grand saint le Pape Léon, qui avait été la colonne de la vraie foi ;
5° Qu'il y a sept sacrements de la nouvelle loi, savoir : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre et le Mariage. Ils diffèrent de ceux de la loi ancienne en ce qu'ils confèrent la grâce que ceux-là ne faisaient que signifier. Trois choses les constituent, la matière, la forme et le ministre qui les confère dans l'intention de faire ce que fait l'Église. Le Baptême, la Confirmation et l'Ordre ne se réitèrent point, parce qu'ils impriment dans l'âme un caractère indélébile, au lieu que les quatre autres, n'en imprimant point, peuvent être réitérés. Ensuite on expose la doctrine de l'Église romaine touchant les choses qui constituent chacun de ces sacrements, le ministre qui les confère et les effets qu'ils produisent.
6° On propose le Symbole de saint Athanase, Quicumque, comme une règle de foi.
7° On fait admettre et recevoir le décret de l'union avec les Grecs, promulgué dans ce saint concile œcuménique de Florence.
8° On fixe aux Arméniens les jours auxquels ils célébreront les fêtes de l'Annonciation de la sainte Vierge, de la Nativité de saint Jean-Baptiste, de la Nativité de notre Sauveur, de la Circoncision, de l'Épiphanie, et de la Purification de la Mère de Dieu, qui sont les mêmes jours auxquels l'Église romaine les célèbre.
Après l'explication de toutes ces choses, les députés des Arméniens, tant en leur nom qu'au nom de leur patriarche et de tous les prélats et les peuples soumis à sa juridiction, reçurent avec toute l'affection et la soumission possibles ce très-salutaire décret synodal, avec tous ses chapitres, déclarations, définitions, règlements, ordonnances et statuts, ainsi que toute la doctrine qu'il contient et qu'enseigne le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine. Ils reconnurent aussi les docteurs et les saints Pères que l'Église romaine reconnaît, rejetant et condamnant les personnes et la doctrine que la même Église rejette et condamne, et professant, au nom et en la qualité susdite, que, comme vrais enfants d'obéissance, ils avaient une entière soumission pour les règlements et les ordonnances du Siège apostolique. Ce décret fut promulgué solennellement à Florence dans la session synodale, du 22 novembre 1439, l'an neuf du pontificat d'Eugène (1).
Certains auteurs ont avancé que ce décret de l'union des Arméniens avec l'Église romaine…
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(1). Labbe, t. 13.
A suivre : Doutes mal fondés de certains théologiens sur l'œcuménicité du concile de Florence au moment de la réunion des Arméniens. Motif probable de ces doutes.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Doutes mal fondés de certains théologiens sur l'œcuménicité
du concile de Florence au moment de la réunion des Arméniens.
Motif probable de ces doutes.
Certains auteurs ont avancé que ce décret de l'union des Arméniens avec l'Église romaine n'avait pas l'autorité d'un concile œcuménique, qui, selon eux, ne subsistait plus à Florence après le départ des Grecs; mais, comme nous l'avons vu, tous les Grecs ne s'en allèrent pas. Ensuite, à qui doit-on s'en rapporter? ou à ces écrivains, ou au Pape même qui présidait à ce concile, et qui déclare en termes exprès: « Que le concile auquel ont été envoyés ces députés des Arméniens est le même concile où il les avait invités pour y apprendre et recevoir tout ce que le Saint-Esprit y inspirerait; que son décret est approuvé par ce même concile et fait du consentement de ces députés ; que le décret d'union avec les Grecs a été publié dans ce même concile œcuménique de Florence qu'il célèbre encore actuellement (1) ? »
L'autorité de ces particuliers doit-elle prévaloir sur celle d'un souverain Pontife et de ce saint concile, qui se regarde comme œcuménique (2) ? Doit-elle prévaloir sur celle du cardinal-légat présidant au concile de Trente, qui déclara dans une congrégation générale, tenue le 26 février 1547, que ceux qui s'imaginent que le concile de Florence avait été fini par l'union des Grecs avec l'Église romaine se trompaient, puisqu'il avait encore duré longtemps après, savoir pendant près de trois ans, jusqu'en 1442, où il fut transféré à Rome ; que la chose résulte clairement de plusieurs constitutions publiées dans l'entre-temps, lesquelles sont rapportées dans les actes du concile, et dont Augustin Patrice, chanoine de Sienne, fait mention dans le sommaire du concile de Baie (3) ?
On demandera peut-être pourquoi certains auteurs ont essayé de révoquer en doute l'œcuménicité du concile de Florence depuis le départ de l'empereur grec. En voici peut-être la raison. Depuis cette époque le concile de Florence condamna les actes schismatiques du conciliabule de Bâle, ainsi que ses doctrines impies et scandaleuses. Or certains auteurs ressentent pour les prélats récalcitrants de Bâle et leur principe de rébellion une tendresse de famille qui ne leur permet pas de supporter qu'on en dise du mal. Donc le concile de Florence, qui les condamne, eux et leurs doctrines, ne peut pas être un concile œcuménique. Tel est, croyons-nous, le mot de l'énigme.
Dans la session publique du 22 mars 1440, avec l'approbation du même concile de Florence, et après avoir observé les délais de droit, le Pape Eugène IV condamna l'antipape de Ripaille, le déclarant schismatique et hérétique, avec monitions à ses électeurs, fauteurs et adhérents que, si dans quarante jours ils ne venaient à résipiscence et ne recouraient aux grâces du Saint-Siège, ils encourraient, sans autre jugement, les peines ordonnées par le droit contre les hérétiques, schismatiques et criminels de lèse-majesté (1).
Tandis que les prélats factieux de Bâle…
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(1). Labbe, t. 13, col. 1584.
A suivre : Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie. Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem. Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie.
Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem.
Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
Tandis que les prélats factieux de Bâle scandalisaient l'Église par leur schisme, les peuples les plus lointains continuaient à venir la consoler par leur soumission. Le 26 avril 1441 le Pape Eugène IV annonça au concile de Florence que les ambassadeurs du roi d'Ethiopie étaient près d'arriver au concile œcuménique pour y recevoir la foi orthodoxe. En même temps, pour donner au concile encore plus d'autorité, et pour plusieurs autres raisons, avec l'approbation du concile même, il en indiqua la translation à Rome, pour y continuer dans l'église de Latran quinze jours après qu'on y serait arrivé (2).
Au mois d'août de la même année (1441) les ambassadeurs d'Ethiopie arrivèrent à Florence ; ils étaient deux : André, abbé de Saint-Antoine, en Egypte, et Pierre, diacre. Ils venaient au nom de Jean, patriarche des Jacobites, et de Constantin Zaré-Jacob, empereur d'Ethiopie. Ils demandaient, au nom de ce patriarche et de cet empereur, ainsi que des peuples de leur dépendance, d'être reçus dans la communion du Saint-Siège et de l'Église romaine.
La lettre de créance écrite par le patriarche commence par ces paroles : « Jean, humble serviteur des serviteurs de Jésus-Christ, ministre du siège de saint Marc, c'est-à-dire d'Alexandrie la grande et de toute l'Egypte, de la Libye, de l'Ethiopie, de la Pentapole occidentale et de tous les peuples instruits par les prédications de l'apôtre saint Marc ; je dis humble par mes péchés, dont je demande le pardon et l'absolution au Seigneur. Je me prosterne jusqu'à terre devant vous, très-saint Père, vous la perfection du sacerdoce, le très-bon pasteur, le prince de l'honneur et de la sainteté, le très-pieux conducteur de ceux qui marchent dans la voie de ce pèlerinage, vous qui, par vos soins et votre sainteté, montrez aux autres le chemin du salut ; seigneur Eugène, Pape de la grande ville de Rome, pasteur apostolique de toutes les Églises chrétiennes, unique prince des premiers sièges, des Pères et des prêtres de Jésus-Christ, et médecin des âmes malades. »
Les lettres du Pape pour appeler au concile ont été apportées en Egypte par le nonce Albert; elles ont été lues devant tout le clergé et le peuple avec une satisfaction inexprimable ; ce fut comme une fête solennelle : on pleurait de joie. Le patriarche a reçu, comme venu du Ciel, les présents que Sa Sainteté daignait lui envoyer. Le nonce Albert et le député André, abbé de Saint-Antoine, ont charge de communiquer de vive voix au Saint-Père, soit en particulier, soit en public, bien des choses qui ne sont pas écrites. La lettre est datée du Caire, le 12 septembre, l'an du monde 6940, l'an 1157 depuis le temps des martyrs, suivant les Jacobites, et l'an de l'Incarnation du Seigneur 1440 (1).
Le 31 août, dans une congrégation générale du concile…
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(2). Raynald, ann. 1441, n. 2, avec la note de Mansi, qui est importante; Labbe, t, 13, col. 1218. — (1) Labbe, t. 13, col. 1201.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Plainte mémorable de l’Éthiopie au saint-Siège.Ambassadeurs du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie.
Autres ambassadeurs éthiopiens venus de Jérusalem.
Discours remarquables des uns et des autres au Pape Eugène IV.
(suite)
Le 31 août, dans une congrégation générale du concile, présidée par Eugène IV, le légat du patriarche des Jacobites, et en même temps ambassadeur de l'empereur d'Éthiopie, parla en ces termes :
« Quand je considère votre haute majesté et ma bassesse, très-saint Père, j'éprouve une telle frayeur que, si je fais quelque faute dans le peu que je vais dire, je vous supplie de me le pardonner ; car rien autre que la terreur ne peut me saisir, moi qui suis un homme ; poussière et cendre, je parle devant vous qui êtes un dieu sur la terre. En effet, sur la terre, vous êtes Dieu, vous êtes le Christ et son vicaire ; vous êtes le successeur de Pierre, et le père, et le chef, et le docteur de l'Église universelle, à qui ont été données les clefs pour fermer et ouvrir le paradis à qui vous voudrez. Vous êtes le prince des rois et le plus grand des maîtres. Lorsque je considère ces choses et autres semblables, je tremble d'adresser la parole à Votre Sainteté, surtout quand je jette les yeux non-seulement sur votre puissance, mais sur la sagesse des Latins, qui, depuis l'origine et constamment, s'étant appliqués à l'étude des choses divines et de la doctrine de Jésus-Christ, tiennent et croient encore maintenant ce que leur ont transmis dès le commencement les bienheureux princes des apôtres, Pierre et Paul.
« Quant aux Églises qui, privées de cette sagesse et de cette discipline, n'ont pas gardé les premiers fondements et se sont séparées de la mère et maîtresse, l'Église romaine, Dieu les a livrées en opprobre aux nations et en rapine aux infidèles, comme on peut le voir évidemment dans les Grecs et les Arméniens, et pareillement en nous, Éthiopiens jacobites, depuis que nous avons été séparés de vous l'an 900. Mais une chose qui nous console et tempère notre tristesse par l'espérance, c'est que celui qui vous a donné de réunir à l'unité de la foi catholique les Grecs et les Arméniens, et qui vous a inspiré de nous inviter à la même union, par votre très-cher fils Albert, de l'ordre des Mineurs, ce même Dieu de bonté, notre Dieu, nous accordera la grâce d'avoir avec vous la même pensée et les mêmes sentiments dans l'Église catholique de Dieu ; ce qui certainement s'accomplira. Moi, comme vous voyez, déjà appesanti par l'âge, je suis parti de chez moi pour parvenir, à travers bien des périls sur terre et sur mer, aux pieds et en la présence de Votre Sainteté, comme indigne représentant de mon patriarche, ainsi que vous verrez dans ses lettres de créance et que pourra certifier le même frère Albert, qui a subi avec moi bien des dangers et des travaux pour cette très-sainte union de la foi chrétienne (1). »
Voilà comment parlait au concile de Florence le député du patriarche des Jacobites et de l'empereur d'Ethiopie. On ne peut rien de plus humble, de plus touchant, rien surtout de plus profondément juste sur le sort des nations chrétiennes qui se séparent du centre de l'unité. Mais qu'il est admirable de voir la haute, la religieuse idée que les nations les plus lointaines conservent du Pontife romain, du successeur de saint Pierre, du vicaire de Jésus-Christ!
Le 2 septembre de la même année 1441 parurent au concile œcuménique de Florence d'autres députés éthiopiens…
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(1) Labbe, t. 13, col. 1202 et 1203.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Plainte mémorable de l’Éthiopie au Saint-Siège.
Le 2 septembre de la même année 1441 parurent au concile œcuménique de Florence d'autres députés éthiopiens; ils venaient de la part de l'abbé Nicodème, proposé par l'empereur d'Éthiopie à tous les Éthiopiens établis à Jérusalem. Voici comment ces députés parlèrent au Pape Eugène IV dans la congrégation publique de ce jour :
« Tous les hommes qui arrivent en votre présence, très-saint Père, doivent de grandes actions de grâces à Dieu de ce qu'il les rend dignes de voir en vous le Christ sur la terre, conversant parmi les hommes pécheurs ; mais nous, nés en Éthiopie, nous devons beaucoup plus que toute autre nation bénir le Seigneur, qui nous a donné de contempler présentement votre sainte foi. Premièrement nous croyons que personne ne vient ici de plus loin que nous, qui habitons non-seulement à l'extrémité de l'univers, mais presque hors de l'univers même, en Éthiopie.
« En second lieu, sans vouloir offenser les autres nations, nous ne croyons pas qu'il y en ait une qui révère le Pontife romain avec plus de foi et de dévotion. Cela se sait chez nous par expérience, à tel point que, retournant dans notre patrie, nous sommes obligés de craindre les applaudissements et les réjouissances de nos gens et du peuple qui viendront à notre rencontre ; car toujours on l'a observé pour ceux qui viennent de la présence du Pontife romain; le peuple en foule, de tout sexe et de tout âge, leur baise les pieds et s'efforce d'arracher quelque lambeau de leurs vêtements pour en faire des reliques. D'où l'on peut comprendre quelle idée nos compatriotes ont de la sainteté du Pontife romain.
« En troisième lieu notre allégresse doit être accueillie avec une joie d'autant plus grande que nous croyons notre empire plus grand qu'un autre. Maintenant encore cent rois sont soumis à notre empire. De plus, une partie non médiocre de notre gloire, c'est la reine de Saba, qui, sur la renommée de la sagesse de Salomon, vint à Jérusalem, tout comme nous, qui sommes beaucoup moins que la reine de Saba, nous sommes venus à vous, qui êtes beaucoup plus que Salomon. Enfin c'est de notre nation que furent la reine Candace et l'eunuque que baptisa Philippe, l'apôtre de Notre-Seigneur. En considération de ces grandes choses, vous qui êtes le plus grand parmi les grands, vous nous accorderez, quoique nous soyons petits, la grâce de vous regarder comme nous en avons la confiance.
« La dernière raison, et la principale, pourquoi nous nous réjouissons d'être arrivés…
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