Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois.

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Message  Louis Dim 23 Mar 2014, 12:14 pm

Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. Le_par10
Bonjour à tous,

Dès que nous publierons de nouveaux chapitres de ce volume nous l’indiquerons dans cette table.

Bien à vous.
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Avant-Propos

Chapitre premier Naissance d’Isaac Jogues. — Éducation. — Première messe. — Mission du Canada.

Chapitre II   Le Canada. — Mission huronne. — Maladie des missionnaires. — Guérison.

Chapitre III Guérison des missionnaires. — Langue huronne. — Épidémies. —  Faveurs célestes.

Chapitre IV  Nouvelles résidences. — Résidence de Sainte-Marie, — Mission dans la nation du Petun. — Voyage au saut Sainte-Marie.

Chapitre V Les Iroquois. — Voyage du P. Jogues à Québec. — Sa captivité.

Chapitre VI Souffrances et résignation du missionnaire. — Supplice de trois Hurons. — Mort courageuse  et chrétienne.

Chapitre VII Esclavage du P. Jogues. — Intervention des Hollandais. — Nouveaux dangers. — Meurtre de René Goupil. — Songes consolants.

CHAPITRE VIII Chasse d'hiver. — Jeûnes du P Jogues. — Son oratoire. — Consolation céleste. — Retour au village. — Changement à son égard. — Étude de l'iroquois. Il parle du vrai Dieu. — La pêche. — Nouveaux dangers. —  Supplice des prisonniers.

CHAPITRE IX Démarches du chevalier de Montmagny pour délivrer le P. Jogues. — Lettres du P. Jogues. — Sa résignation. — Voyage. — Rencontre imprévue. — Consolations.

CHAPITRE X Départ pour la pêche.   — Fureur des Iroquois. — On veut le brûler. — II est sauvé par un capitaine hollandais. — Arrivée à Manhatte. — Départ pour la France.

CHAPITRE XI Traversée pénible. — Le P. Jogues en Bretagne. — Touchante hospitalité. — Collège de Rennes. — Arrivée à Paris. —  Parole du Souverain Pontife. — Retour au Canada. — Séjour à Montréal — Délivrance de Couture.

CHAPITRE XII. Grande assemblée de Trois-Rivières—Traité de paix. — Le P. Jogues chez les Iroquois. —Voyage pénible. — Retour à Trois-Rivières.

CHAPITRE XIII. Troisième voyage du P. Jogues chez les Iroquois. — Mauvais traitements. — Division parmi les Iroquois. — Meurtre du P. Jogues. — Châtiment de son meurtrier.

CHAPITRE XIV. Vertus du P. Jogues. — Grâces obtenues par son intercession.


Dernière édition par Louis le Sam 30 Aoû 2014, 11:23 am, édité 30 fois (Raison : Déposer un lien, présentation, correction du lien du chapitre III [ 25 avril ].)

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Message  Louis Dim 23 Mar 2014, 12:15 pm


LETTRE DE MONSEIGNEUR. E.  A.  TASCHEREAU,
ARCHEVÊQUE DE QUÉBEC.


Mon Révérend Père,

J'ai reçu samedi l’exemplaire de la vie du P. Jogues, par le P. Martin, que vous avez bien voulu m’envoyer. Je viens de parcourir ce volume qui justifie pleinement l’éloge que la Reine Anne d’Autriche faisait du récit quelle venait d’entendre du P. Jogues lui-même : « On fait tous les jours des « romans qui ne sont que mensonges, en voici « un qui est une vérité et où le merveilleux se trouve « joint à l’héroïsme le plus admirable. »

Cette lettre m’a rappelé les douces impressions que me fit, dans le temps où elle parut, l'édition de la Relation du P. Bressani, par le P. Martin ; les quelques pages consacrées au P. Jogues m’avaient profondément intéressé, quoiqu’elles ne renfermassent qu’une partie de la vie de cet apôtre et martyr des Iroquois.

Je me félicite devoir la réalisation du vœu alors formé par Mgr. Baillargeon d’avoir une vie complète de cet illustre missionnaire.

C'est de grand cœur que je recommande aux fidèles de mon diocèse un livre si capable de les intéresser et de les édifier. Ils y apprendront à aimer de plus en plus notre sainte religion qui seule est capable d’inspirer un semblable héroïsme. Ils s’attacheront davantage à la foi implantée dans notre Canada au prix de tant de sacrifices et arrosée par les sueurs et le sang de tant d’âmes généreuses dont les noms figurent dans ces pages avec celui du P. Jogues.

Veuillez donc exprimer au R. P. Martin combien je lui suis reconnaissant pour ce beau et bon travail, et me croire

Votre tout dévoué serviteur,


+  E. A., ARCH  DE QUEBEC.


Québec, 4 mai 1874.


AVANT-PROPOS.
Au premier moment il pourra paraître surprenant de voir publier la vie d’un modeste serviteur de Dieu, plus de deux siècles après sa mort. Le nom du P. Jogues n’est cependant pas étranger à l'histoire. L’historien de la Nouvelle-France, le P. de Charlevoix, a raconté ses travaux et surtout ses souffrances, dans quelques pages vivement senties. Il n’avait eu qu’à condenser et à grouper les longs et nombreux détails épars dans la précieuse collection des Relations des missions de la Nouvelle-France (1), aux années 1646 et 1647.

Ce travail avait été déjà fait dans des recueils biographiques (1) publiés en latin, en italien, en espagnol, etc.; mais l’étendue de ces ouvrages, et les langues dans lesquelles ils sont écrits, ne les rendaient accessibles qu’à une classe privilégiée de lecteurs.

A la fin du siècle dernier, l’abbé J. B. Forest, animé d’un légitime patriotisme, et en même temps poussé par un sentiment de piété et d’amour fraternel, entreprit d’être l’historien du P. Jogues. Comme lui Orléanais et membre de la Compagnie de Jésus jusqu’à sa suppression, il était plus à portée qu’aucun autre de recourir aux sources. Son ouvrage répondait aux désirs de la famille du serviteur de Dieu et aux vœux de sa ville natale, dont il révélait une des gloires. Il était achevé lorsque éclata dans toute sa fureur la tourmente révolutionnaire. On ne pouvait pas songer à le publier. La religion était persécutée, et la vertu elle-même allait être proscrite. A la honte de l’humanité, elle trouvait au milieu de la France moins de liberté et de respect que n’en rencontra le P. Jogues lui-même chez les cruels Iroquois.

Nous avons repris ce travail en essayant de le compléter. L’auteur n’avait pas à sa disposition des documents précieux conservés encore au Canada, ou déposés dans les archives du Gesù à Rome. — Il y en a deux surtout qui méritent une mention spéciale. L’un est le journal autographe des Supérieurs de la mission de la Nouvelle-France, dans lequel ils relataient chaque jour ce qui pouvait intéresser leur œuvre, et même quelquefois ce qui regardait la colonie elle-même (1).

L’autre a une importance bien plus grande encore. C’est un manuscrit in-4°, intitulé Mémoire touchant la mort et les vertus des PP. Isaac Jogues, Anne de Nouë, Jean de Brébeuf , etc. Les 450 premières pages sont consacrées au P. Jogues. Pour donner à ce monument un caractère tout spécial d’autorité, et le rendre au besoin capable de figurer dans un procès canonique, chaque notice et quelquefois chaque article est confirmé par une attestation autographe et sous serment du Supérieur de la mission.

La géographie et l’histoire de cette époque…

_____________________________________________________________

(1) Cette collection renferme 41 vol. in-8, rédigés ordinairement par le Supérieur de la mission. On en publiait un chaque année, et le dernier est de 1672. Ces Relations sont le document le plus précieux, et souvent l’unique de l’histoire du Canada pour ces époques reculées. Quelques-uns de ces volumes étaient devenus introuvables, même dans les plus grandes bibliothèques d’Europe. Par un sentiment patriotique digne de toute éloge, le Gouvernement canadien a favorisé leur réimpression complète en 1848, en 3 volumes in-8 compactes. Des écrivains protestants non suspects (Bancroft, Jared Sparks et Franc. Parkman) ont rendu un bel hommage à la valeur de ce monument. « Il n’est pas possible, dit Parkman, d’exagérer la valeur et l’autorité de ces récits. Je puis même dire qu'après l’examen le plus attentif, je n'ai aucun doute que ces missionnaires n’écrivissent dans une parfaite bonne foi, et que ces Relations ne méritent une  place honorable, comme documents authentiques et dignes de confiance. » ( The Jes. in N. Amer.)

Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. Page_v10

(1) Ce précieux manuscrit, propriété de l'Université- Laval à Québec, vient d'être publié dernièrement dans cette ville.


(Tiré de : op. cit.)


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Message  Louis Lun 24 Mar 2014, 12:31 pm

La géographie et l’histoire de cette époque nous ont paru réclamer quelques détails propres à aider le lecteur pour qui ces contrées pourraient être étrangères.

Pour préparer au récit que nous allons faire, nous empruntons volontiers à un écrivain protestant de Boston (M. F. Parkman) le portrait qu’il trace des missionnaires du Canada et qui convient si bien à notre héros. Son témoignage a d’autant plus de valeur qu’au milieu de ses paroles élogieuses il ne laisse passer aucune occasion de donner cours à ses idées fausses, injustes et même calomnieuses sur la Compagnie de Jésus, et il ne peut pas échapper à la contradiction, malgré cette franche déclaration : « Aucun Ordre religieux n’a excité autant d’admiration ni autant de haine ; mais les membres qu’il a eus au Canada n’ont mérité que des éloges sans mélange. Je ne viens pas faire leur apologie, j’écris leur histoire. » (The Jesuits in North America.)

Voici ce portrait : « Toutes les puissances de l’enfer allaient s’opposer à ces hardis envahisseurs qui venaient les attaquer jusqu’au cœur de leur ancien empire; mais loin de s’affaiblir, le zèle de ces hommes de Dieu grandissait avec les obstacles ; ils arrivaient prêts au combat, et disposés à entrer en lutte avec l’enfer tout entier.

« Une vie isolée de toutes relations sociales, et éloignée de tout ce que l’ambition poursuit avec ardeur, puis une mort solitaire ou sous les formes les plus effrayantes, telle était la perspective du missionnaire. Leurs ennemis peuvent les taxer, s’ils veulent, de crédulité, de superstition ou d’un aveugle enthousiasme, la calomnie n’arrivera pas du moins à les convaincre d’hypocrisie et d’ambition. Ils entraient dans la carrière avec la droiture d'âme des saints et héroïsme des martyrs.

« On trouvera difficilement dans l’histoire de l’humanité une piété plus ardente, une abnégation de soi-même plus complète, un dévouement plus constant et plus généreux.

« Dans tous les récits de cette époque, on ne rencontre pas une ligne qui permette de soupçonner un seul de ces valeureux soldats d’avoir faibli ou chancelé un moment. Le grand mobile de toutes leurs actions était la plus grande gloire de Dieu. »

Cette vie est plus propre à intéresser la piété que la science. Elle peut cependant servir de réponse indirecte et sans réplique aux imputations calomnieuses et aux odieuses insinuations dont les missionnaires du Canada ont été l’objet de la part du janséniste Arnauld et de ses copistes, injures rajeunies de nos jours par des écrivains impies et passionnés, qui semblent tenir à honneur, quand il s’agit d’insulter à la religion et à ses ministres, de renchérir encore sur leurs devanciers (1).

Pour nous conformer au décret d’Urbain VIII, nous déclarons que tout ce qui est raconté dans cette vie, et tous les éloges ou titres honorifiques donnés aux hommes dont elle parle, n'ont d’autre autorité que le témoignage des hommes, sans vouloir prévenir en aucune manière le jugement de l’Église.


_______________________________________________

(1) Nous citerons, pour exemple, quelques extraits d'an article de M. Michelet dans la Revue des deux mondes , 15 janvier 1863. « Les Jésuites, rois du Canada, maîtres absolus des Gouverneurs, « avaient là de grands biens, une vie large, épicurienne. Ce très agréable séjour était commode à l’Ordre, qui y envoyait d'Europe ce qui l'embarrassait, parfois de saints idiots, parfois des membres compromis. Ils n'aimaient pas qu'on vît de près les établissements lointains qu’ils avaient au cœur du pays, qu'on vînt se mettre entre eux et les troupeaux humains dont ils disposaient à leur gré......

« Les Relations des Jésuites n'ont garde d'expliquer ce que « c’étaient que leurs martyrs. Ils ne l'étaient pas pour la foi, « citaient des martyrs politiques.

« Les Jésuites rabaissaient moins les sauvages que les Récollets. Ils mentaient sur deux points, — sur la religion des Indiens qu'ils donnaient pour culte du diable, — sur les conversions.... Plus menteurs que les Récollets, ils soutenaient en opérer beaucoup, et profondes et durables.....»


(Tiré de : op. cit.)
A suivre : Chapitre premier.

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Message  Louis Mar 25 Mar 2014, 12:53 pm

CHAPITRE  PREMIER
Naissance d’Isaac Jogues. — Éducation. — Première messe. — Mission du Canada.

Le P. Jogues a été le premier apôtre des Iroquois et le premier missionnaire victime de leur cruauté. Son court apostolat de six années ne présente rien d’éclatant; mais sa double captivité chez les plus féroces des sauvages du Canada, les horribles supplices qu'il endura, et sa mort tragique offrent le plus magnifique tableau des vertus sublimes de la Religion et de l’Apostolat. Un semblable caractère révèle dans une âme les dons célestes les plus excellents, et prouve qu’elle était préparée depuis longtemps au combat.

Isaac Jogues naquit à Orléans, le 10 janvier 1607, d'une famille recommandable. Privé de son père dès son bas âge, il trouva dans sa mère (1) la femme selon Dieu, qui a compris la mission sainte que le Seigneur lui a confiée dans l'éducation de ses enfants. A son baptême dans l'église de Saint-Hilaire, il reçut le nom d'Isaac, comme si Dieu eût voulu présager par là le sacrifice que devait en faire un jour sa pieuse mère, et celui qu’il aurait à offrir lui-même au Seigneur. Son heureuse nature se prêta admirablement aux soins qui entouraient son enfance, et chaque jour on voyait se développer en lui de rares dispositions pour la vertu. Il aimait à entendre raconter les souffrances de Jésus-Christ et celles des Saints. Ces récits excitaient en lui une vive émotion, et plus d'une fois ils firent couler ses larmes. Tout jeune encore il était accessible aux élans d'une ardente ferveur. Elle éclatait dans la prière et dans son empressement à profiter des occasions de souffrir pour son Dieu. Loin de murmurer contre ceux qui l'avertissaient de ses défauts ou qui lui infligeaient des punitions, on le voyait leur en témoigner sa reconnaissance comme d'un bienfait signalé.

En 1617, au moment où Isaac Jogues arrivait à l'âge de commencer ses études, les Jésuites ouvraient un collège à Orléans (2). Il y entra aussitôt, et bientôt des progrès rapides lui assurèrent sur ses condisciples une supériorité qu’il conserva toujours. Ses succès étaient le fruit d’une application constante, secondée par un jugement solide, une mémoire heureuse et beaucoup de pénétration.

Rien ne favorise…

___________________________________________________

(1) Françoise de Saint-Mesmin.
(2) Bien des oppositions avaient retardé la fondation de ce collège. Les premières lettres patentes données par Henri IV sont du 16 janvier 1609. L’autorité du maréchal de la Châtre, gouverneur de la ville, ne put vaincre ces obstacles. L’affaire ne fut reprise qu'en 1617, à l'aide de nouvelles lettres patentes de la Régente du 19 mars; le 12 mai suivant, le Gouverneur et les officiers municipaux installaient les Jésuites dans une maison rue Sainte Anne; mais ceux-ci n’ouvrirent les classes qu’à la Saint-Luc, le 18 octobre, et dans un autre local situé rue de la Vieille-Monnaie. Ce n'était encore que du provisoire. Un bienfaiteur signalé, Raoul Guzille,  prieur commadataire de Saint-Sanson, les introduisit, le 9 mars 1619, dans son prieuré, où il avait fait bâtir ce qui était nécessaire pour un collège.


(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Mer 26 Mar 2014, 12:12 pm

Rien ne favorise le développement de l’intelligence comme les heureuses dispositions du cœur. Celui d’Isaac, si bien préparé par son excellente mère depuis sa plus tendre enfance, profita on ne peut mieux des secours que lui offrait le genre de vie suivi dans la nouvelle académie, dont la piété faisait l’âme. Comme sa science, sa vertu croissait avec les années, son assiduité et sa ferveur dans la prière, les lectures édifiantes, les entretiens sérieux, une tendre dévotion envers la sainte Vierge, la participation fréquente aux sacrements, tout développait en lui le sentiment et les habitudes religieuses. Isaac devint un modèle accompli de l’écolier vertueux, et les épreuves souvent critiques de cette existence de collège ne le firent jamais dévier de la ligne qu’il s’était tracée. Les œuvres de charité et de zèle, caractère ordinaire des âmes prédestinées au service de Dieu, occupaient déjà ses loisirs, et il n’était jamais plus heureux que lorsqu’il avait pu pousser les autres à la vertu.

Isaac interrogea de bonne heure le ciel sur sa vocation; elle était l’objet fréquent de ses prières, et il se préparait d’avance à accomplir la volonté divine aussitôt qu’elle lui serait connue. La lumière de la grâce ne lui fit pas défaut; il comprit bientôt qu’il était appelé à la vie religieuse et apostolique. Ses yeux se tournèrent vers la Compagnie de Jésus, qui semblait réaliser toutes les aspirations de son cœur à ce double point de vue. Il sollicita son admission, et, dès qu’il eut reçu une réponse favorable, il voulut mettre immédiatement son projet à exécution, quoiqu’il n’eût fait encore que la rhétorique; mais il était dominé par la pensée qu’une fois résolu à se consacrer à Dieu, on ne peut jamais le faire trop tôt.

Toutefois, plein d’une respectueuse déférence pour sa mère, il ne voulut rien faire sans son consentement; il lui communiqua son dessein. Cette femme forte comprenait trop bien ses devoirs pour n’écouter que la voix d’une tendresse si facilement aveugle, quand elle n’est pas égoïste. Avant tout elle consulta les intérêts de Dieu et le bonheur de son fils. S’étant assurée de la vérité de sa vocation, elle lui laissa toute liberté de la suivre, et, à l'exemple d’Abraham, elle n’hésita pas dans son sacrifice.

Isaac avait dix-sept ans…


(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Jeu 27 Mar 2014, 12:17 pm

Isaac avait dix-sept ans lorsqu'il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Rouen, le 24 octobre 1624. Pour guider ses pas dans la carrière qu’il embrassait et être initié aux secrets de la vie intérieure qui forme l’homme spirituel et prépare l’apôtre, il trouva là un maître profondément versé dans la pratique et la connaissance des choses de Dieu. Le P. Louis Lalemant (1), religieux d’une vertu éminente, était doué d’un talent extraordinaire pour communiquer aux autres l’esprit d’abnégation et de zèle dont il était animé. N’ayant pu, malgré ses instances, obtenir d’aller porter l’Évangile chez les peuples sauvages, il s’en dédommageait en choisissant et en formant de bons ouvriers pour accomplir cette œuvre si éminemment catholique et qui avait toutes ses prédilections.

L’aptitude et les dispositions du jeune Isaac l’avaient frappé. Il ne tarda pas à reconnaître en lui une âme pleine de droiture, d’énergie et d’ardeur, un cœur capable des plus grands sacrifices et une vertu à toute épreuve. C’étaient les qualités caractéristiques du bon missionnaire. Aussi, quand la mission de la Nouvelle-France s’ouvrit aux Jésuites pour la seconde fois en 1625, il aimait à répéter à son disciple ces paroles prophétiques : « Mon frère, vous ne mourrez pas ailleurs qu’au Canada. »

Le F. Jogues pensait en effet à se consacrer à la prédication de l'Évangile dans les contrées lointaines ; mais ses vœux ne le poussaient pas dans celte centrée d'Amérique très-peu connue à cette époque; il aspirait à aller sur les plages brûlantes de l'Éthiopie, où les succès de la foi réclamaient d'abondants secours. Il manifesta même ce pieux désir à ses Supérieurs, et les pria d'inscrire d’avance son nom parmi ceux qui auraient le bonheur d’être appelés à étendre de ce côté le règne de Jésus-Christ.

Son âge peu avancé laissait à ses projets le temps de se mûrir, et à lui-même tout le loisir de s’y bien préparer. Il allait entrer dans la carrière de l’étude et de l’enseignement, par laquelle, dans la Compagnie de Jésus, il faut ordinairement passer avant d’arriver au sacerdoce. Après son noviciat, il fut envoyé à la Flèche pour suivre pendant trois ans les cours de philosophie. Ce collège, dû à la munificence d’Henri IV, était alors très-florissant. Il comptait trois cents pensionnaires et près de deux mille externes.

Les jeunes Jésuites formaient une catégorie à part et ne s’occupaient que de leurs propres études. Cette demi-retraite, aussi profitable à la science qu’au recueillement religieux, était toute providentielle pour le F. Jogues. Parmi ses compagnons, il y en avait plusieurs destinés à partager un jour ses durs labeurs au Canada. C'étaient les FF. René Ménard, Charles Dumarché, Jacques Delaplace, Claude Quentin et Nicolas Adam. Là se trouvaient aussi les FF. Julien Maunoir et Vincent Hubi, d'une vertu déjà éminente, et qui devaient jeter plus tard le plus brillant éclat par leurs travaux et leur sainteté.

Le séjour du F. Jogues à la Flèche…

______________________________________________

(1) Trois membres de cette famille sont restés célèbres dans l'histoire des missions du Canada : Charles et Jérôme son frère, et Gabriel leur neveu, qui fut mis à mort par les Iroquois en 1649.

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Ven 28 Mar 2014, 12:06 pm

Le séjour du F. Jogues à la Flèche lui avait fourni l'occasion de connaître la mission du Canada, la seule mission française en Amérique, et ce fut sans doute ce qui amena plus tard un changement dans sa destination. Le P. Masse (1) venait de quitter ce collège l’année précédente, après y être resté dix ans. Il était reparti pour la Nouvelle-France, d’où il avait été chassé par les Anglais en 1611. Pendant son séjour en Europe, il n’avait cessé de soupirer après cette mission lointaine qu’il appelait sa Rachel. Ses récits, restés traditionnels dans la maison, y entretenaient une vive émulation pour la conversion des âmes et la propagation de l’Évangile dans les pays infidèles.

A cette époque, la Compagnie de Jésus traversait une des phases les plus brillantes de son histoire. Rien ne manquait à l’éclat de sa prospérité sur les divers théâtres où son zèle se déployait, pas même les épreuves des persécutions les plus acharnées et les plus sanglantes. Dans les pays catholiques, la haine de l’impiété s’armait contre elle des plus noires calomnies, tandis que le protestantisme, en Angleterre et en Hollande, et l’idolâtrie, dans la florissante mission du Japon, essayaient de la noyer dans le sang. On voyait alors se renouveler de la part des néophytes et de leurs apôtres les plus beaux exemples d’héroïsme chrétien des premiers âges de l’Église, et la gloire de la religion grandissait, comme à son berceau, à mesure que l’enfer réveillait dans les bourreaux les mêmes instincts de rage et de cruauté qu’autrefois. Ces luttes acharnées exaltaient les courages, et les missions les plus périlleuses étaient les plus ardemment ambitionnées.

La mort du P. Spinola…

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(1) Le P. Enemond Masse avait fait partie de la mission d’Acadie en 1611 et de celle de Québec en 1625. Après avoir été chassé par les Anglais, il revint au Canada en 1633, et y mourut en 1646. Un monument pieux a été élevé à sa mémoire en 1870, sur le lieu de sa sépulture, à Sillery, près de Québec.

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Sam 29 Mar 2014, 12:13 pm

La mort du P. Spinola (1), brûlé au Japon en 1622, dont la vie offre des circonstances si émouvantes, avait singulièrement frappé le F. Jogues. Elle lui inspira, dès ce moment, un vif désir du martyre, et Dieu sembla le préparer par là aux tortures qu’il aurait à supporter lui-même un jour. Il contemplait souvent une petite gravure qui représentait le généreux confesseur attaché au poteau, au milieu du bûcher, et les yeux fixés vers le ciel ; il croyait l’entendre quand, au moment même de son supplice, il entonna d’une voix triomphante le psaume Laudate, pueri, Dominum, que ses trente compagnons continuèrent avec le même enthousiasme, jusqu’à ce que leurs voix s’éteignissent pour toujours.

Le F. Isaac porta depuis lors cette image du serviteur de Dieu sur sa poitrine, et il s’adressait à lui pour obtenir de l’imiter dans ses travaux, et de mourir comme lui pour son Dieu ; mais il n’avait pas encore franchi tous les obstacles, et, plein de soumission à la volonté divine, il se contentait pour le moment d'un champ de bataille plus modeste, bien que riche en mérites et fécond en sacrifices. En 1629, les Supérieurs l’envoyèrent au collège de Rouen pour professer la sixième, et y continuer son cours d’enseignement jusqu’aux belles-lettres inclusivement.

La Providence sembla conduire le F. Isaac dans cette maison pour le mettre en rapport avec trois des principaux missionnaires du Canada, que les Anglais venaient d’en chasser à la suite de la plus inique agression. Le P. Charles Lalemant (1), premier supérieur de Québec, l’illustre P. de Brébeuf (1) et le P. Masse, dont il a déjà été question, rentrèrent en France en 1629, avec la ferme espérance et un ardent désir de reprendre un jour leur œuvre. Comme rien ne permettait d’en prévoir le moment, ils reçurent chacun un poste au collège de Rouen. Ils attendirent trois ans ; mais grâce aux efforts de Champlain et à l'énergique administration de Richelieu, le Canada fut enfin restitué à la France, et ces généreux ouvriers de la vigne du Seigneur furent alors successivement rendus à leur chère mission.

Le F. Jogues fut donc…
_____________________________________________________

(1) A la mort du P. Spinola, il se passa une scène touchante. De son bûcher il aperçut la mère d’un enfant qu'il avait baptisé quatre ans auparavant. Ce souvenir émut son cœur : « Où est mon petit Ignace ? s’écria-t-il. » La mère lui montra alors l’enfant, qui, comme tous les autres, s’était revêtu de ses plus beaux vêtements pour le supplice. « Le voilà, mon père, lui dit-elle, il se réjouit de mourir avec vous pour son Dieu. » Puis, s’adressant à son fils, elle ajouta avec un vif sentiment de foi : « Regarde celui qui t’a fait enfant du bon Dieu; demande-lui sa bénédiction peur toi et pour ta mère. » Ignace se jeta à genoux, les mains jointes, et le confesseur bénit ce martyr enfant. Un cri de pitié s’échappa de toutes les bouches. Pour le comprimer, les bourreaux hâtèrent l’exécution. —  (1) Le P. Charles Lalemant a traversé huit fois l’Océan. Il fut le premier supérieur à Québec. Rentré définitivement en France en 1638, il fut recteur du collège de Clermont, supérieur de la maison professe, et vice-provincial. Il mourut en 1674, à l'âge de quatre-vingt-sept ans. L'estime dont il jouissait le fit mettre sur les rangs pour l'évêché du Canada. —  (1) Le P. de Brébeuf est le missionnaire le plus populaire du Canada, à cause de ses vertus, de ses travaux et surtout de l'héroïsme de son dernier sacrifice. Les Iroquois lui firent souffrir un horrible supplice en 1649.

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Dim 30 Mar 2014, 12:15 pm

Le F. Jogues fut donc à même de se rendre bien compte et des obstacles que la foi rencontrait dans cette contrée lointaine, et des rigueurs de son climat glacial, et des travaux de toute nature de cette mission naissante, regardée déjà comme l'une des plus pénibles de la Compagnie. Les difficultés et les souffrances, bien loin d’effrayer son courage, ne firent qu’exciter son ardeur; mais il ne pouvait songer encore à la satisfaire que dans un avenir éloigné.

Pour s’en montrer plus digne, le F. Isaac se livra tout entier à ses fonctions de professeur et au développement des jeunes enfants confiés à ses soins. En les initiant aux connaissances humaines, il s’appliquait surtout à les former à la science des saints. Il aurait voulu inspirer à tous son horreur du vice et son amour pour la vertu. Son zèle actif lui suggérait mille industries pour atteindre ce but. Il les excitait surtout à l'amour de la prière, à la fréquentation des sacrements et à une tendre dévotion envers la sainte Vierge. Sa piété envers cette auguste Reine du ciel le porta, dans une circonstance solennelle, à la choisir pour sujet d’un travail littéraire qui lui avait été confié. A l’entrée de l’année scolaire, un des professeurs devait, selon l’usage, lire devant tous les élèves du collège réunis, quelque composition de son choix. Le P. Jogues, alors professeur d’humanités, reçut cette mission, et prit pour matière d’un petit poème latin un fait raconté par Evagrius (1).

Cette pièce tout à la gloire de la sainte Vierge et du Saint-Sacrement…

_____________________________________________

(1) « C’était une ancienne coutume à Constantinople, quand il restait quelques parcelles du corps très-saint de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de les donner à manger aux petits enfants qui allaient aux écoles. Ce cas s’étant présenté, le fils d’un juif, verrier de profession, se mêla à ses camarades, et son père lui ayant demandé la cause de son retard, il raconta ce qui était arrivé, et ajouta qu’il avait mangé avec les autres enfants de son âge. A ces mots, le juif, enflammé de colère, jeta son fils dans la fournaise ardente où il faisait fondre son verre.

La mère, qui s’était mise à chercher son enfant et ne le trouvait pas, parcourait toute la ville en poussant des cris lamentables et en adressant à Dieu de ferventes prières. Au bout de trois jours, se tenant à la porte du l’atelier de son mari et cédant aux mouvements de sa douleur, elle appelle tout à coup son fils à grands cris. L’enfant, qui reconnaît la voix de sa mère, lui répond aussitôt du fond de la fournaise. La mère ouvre la porte avec violence, et voit son fils debout au milieu des charbons allumés, sans qu’il eu reçût aucune atteinte. Elle l’interroge pour savoir comment il a pu se conserver ainsi sain et sauf :

« C’est une femme vêtue de pourpre, répond-il, qui venait me visiter et me donnait de l’eau pour éteindre les flammes qui m’entouraient; elle m’apportait aussi à manger toutes les fois que j’avais faim. »
« Ce fait ayant été porté à la connaissance de Justinien, il ordonna de baptiser la mère et l’enfant, selon le désir qu’ils manifestèrent, et quant au père, qui refusa obstinément d’être chrétien, il le fit crucifier à l’entrée du bourg des Figuiers, en punition de son crime. » ( Cat. de Casinius, ch. III, lre part.)

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Lun 31 Mar 2014, 12:17 pm

Cette pièce tout à la gloire de la sainte Vierge et du Saint-Sacrement, fut donnée par le P. Jogues avec un vif élan de foi et d’enthousiasme. Malheureusement l’œuvre du jeune scholastique n’est pas parvenue jusqu’à nous; on sait seulement qu’elle lui attira les éloges de son nombreux auditoire. Il avait alors vingt-cinq ans.

L’heure des études théologiques était arrivée pour lui. Il fut envoyé, pour les suivre, au collège de Clermont (1), à Paris. Cependant ce travail ne l’absorbait pas entièrement; il exerçait en même temps les fonctions de surveillant auprès des pensionnaires. Ce ministère de confiance était alors dévolu à quelques étudiants en théologie dans les grands collèges de Paris, de Bourges et de la Flèche.

Le P. Buteux, un des missionnaires du Canada qui a le mieux connu le P. Jogues et qui a donné le plus de détails sur sa vie, dit de lui sur cette époque de ses études : « C’est à ce moment que je le vis pour la première fois, et je m’appliquai à le connaître. Je remarquais surtout en lui sa rare prudence et sa ponctuelle observation des règles, qui brillait d’autant plus dans le pensionnat où il vivait, que dans ce milieu elle subit ordinairement quelque altération. Je n’avais pas moins d’admiration et de respect pour son humilité. Il la montra surtout alors par les instances qu’il fit auprès des supérieurs, pour obtenir de laisser la théologie sous prétexte d’incapacité, et d’être envoyé à la Nouvelle-France. »

Isaac annonça à sa mère son changement de maison et d’occupation. « Après avoir été maître, lui écrit-il le 10 octobre 1633, me voici redevenu écolier. Cette fonction m’est d’autant plus agréable qu’elle me fixe à l’étude d’une science sainte et sacrée, qui doit me mettre plus que jamais en état de travailler à la gloire de Dieu, en me disposant à être promu aux saints ordres dans quelques années. C’est la grâce à laquelle j’aspire. Puisse-t-elle m’être accordée, et donner alors plus d’efficacité aux prières que j’adresse au Seigneur pour toute notre maison. »

En le voyant venir à Paris, sa famille…

____________________________________________

(1) Ce collège devait son nom à Guillaume Duprat, évêque de Clermont, son fondateur sous Henri II. Il reçut celui de Louis le Grand en 1682, à l'occasion de la visite solennelle qu'y fit Louis XIV.
(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Mar 01 Avr 2014, 12:49 pm

En le voyant venir à Paris, sa famille s’était réjouie dans l’espérance d’être favorisée plus facilement de sa présence. Le mariage de son frère Philippe parut même un prétexte favorable pour obtenir sa visite à Orléans, et sa mère se décida à lui en exprimer le désir ; mais Isaac s’excusa modestement, alléguant ses études et le poste qu’il occupait auprès des élèves.

Il paraît que ses raisons ne furent pas bien accueillies, et qu'elles lui attirèrent quelques reproches auxquels son bon cœur fut sensible. Sans abdiquer les sentiments de la nature, il savait ce qu’il devait à la loi du devoir. Le sacrifice qu'il avait fait à Dieu lui demandait la privation des fêtes bien légitimes de la famille, et il répondit à sa mère avec autant de fermeté que de tendresse :

« Il ne m'est pas même venu en pensée d'en parler aux Supérieurs. Les pressantes occupations de ma charge ne me permettent pas de quitter la maison un seul jour. Ma présence d'ailleurs à cette cérémonie n'était pas nécessaire. Les prières qu'on peut faire pour le succès de ces alliances, aussi bien de loin que de près, sont toutes les marques les plus affectueuses que je puisse vous donner de l’intérêt que j'y prends... Je prie mes frères et mes sœurs d'agréer les assurances que je leur donne que celles-ci sont souvent dirigées pour leur prospérité. Ce que je ferai encore plus, comme je le crois, l'année qui vient, en laquelle je pourrai avoir le bonheur d’être promu au sacerdoce, quelque indigne que je sois d'une pareille grâce.»

Cette lettre est du 25 avril 1635, et au commencement de 1636 le fervent religieux fut ordonné prêtre. Dieu lui ménageait en même temps une autre faveur qu’il regardait toujours comme la couronne de celle-là. Les Supérieurs lui annoncèrent alors que ses aspirations vers les missions allaient se réaliser; il était désigné pour celle du Canada.

Une circonstance imprévue…

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Message  Louis Mer 02 Avr 2014, 12:26 pm

Une circonstance imprévue, et les besoins croissants de cette mission lointaine avaient fait avancer le départ des missionnaires. On équipait alors une flotte nombreuse pour le Canada, et il était important de ne pas laisser échapper cette occasion toujours rare à cette époque. Cette décision mettait le comble aux vœux du F. Jogues : aussi abandonna-t-il volontiers son cours de théologie, dont il n’avait encore fait que deux années, et il se prépara aussitôt à recevoir les saints ordres.

A la nouvelle de l’ordination de son fils, la mère d’Isaac fut saintement émue. Un pareil événement était pour sa foi le bonheur et la gloire de sa vie. Dans sa légitime ambition de mère, elle sollicita la faveur de recevoir la première la bénédiction sacerdotale du plus cher de ses enfants. Les Supérieurs y consentirent d’autant plus volontiers que c’était le moyen le plus favorable de disposer ce cœur chrétien et si sensible à la douloureuse épreuve d’une séparation prochaine, bien plus pénible que celle qui avait déjà été consommée.

Le 1er février 1636, le P. Jogues annonça à sa mère la nouvelle si impatiemment attendue de sa prochaine arrivée à Orléans, et il la priait « de moyenner de toutes parts des prières, afin que  Dieu lui donnât les grâces nécessaires pour s'acquitter d’un si saint ministère. »

Le 5 du mois, après une courte apparition dans sa famille, il s’enfermait dans le collège pour se livrer aux exercices de la retraite et se préparer plus immédiatement à monter à l’autel. Le 10, premier dimanche du Carême, était fixé pour cette belle fête. En présence de tous ses parents, de ses frères en religion et de ses nombreux amis, le nouveau prêtre offrit pour la première fois l’auguste victime, Sa pieuse mère, attendrie jusqu’aux larmes, avait le bonheur de recevoir la sainte communion des mains de son fils, et voyait enfin s’accomplir le vœu le plus ardent de son cœur.

Cependant ce cher Isaac, comme elle se plaisait à l’appeler, devait dès le lendemain lui demander un sacrifice plus pénible encore que tous ceux qu’elle avait faits jusque-là. Il avait à lui annoncer son prochain départ pour sa mission, et à lui faire des adieux qui semblaient être les derniers. Malgré les ménagements les plus délicats, il ne put empêcher la vive impression que produisit cette nouvelle inattendue sur le cœur de sa mère; ses larmes coulèrent en abondance; mais, au milieu des combats et des appréhensions si légitimes de la nature, elle écouta les leçons de la foi, et les sentiments de sa résignation chrétienne finirent par triompher. Déjà la parole du jeune apôtre devenait puissante; ce fut sa première victoire.

La flotte pour le Canada mettait à la voile vers le commencement d'avril, et avant de s’embarquer, le P. Jogues devait suppléer à la troisième année de noviciat, qu’il ne lui serait plus possible do faire une fois dans sa mission. La Compagnie de Jésus exige en effet que ses enfants, après le travail absorbant du professorat et des études, aillent passer dans la solitude et la méditation une année entière pour retremper leurs âmes dans la ferveur et la pratique des vertus solides.

Ayant rempli tous les devoirs de la piété filiale…


(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Jeu 03 Avr 2014, 12:05 pm

Ayant rempli tous les devoirs de la piété filiale, le P. Jogues se dirigea vers le noviciat de Rouen pour y passer le peu de temps qui lui restait, et il sut en tirer tout le parti possible. Il est des cœurs doués de si heureuses dispositions, qu’ils savent mettre tout à profit. Leur marche est si rapide dans le chemin de la vertu, que leurs progrès ne se mesurent pas à la durée de leur course.

Dès les premiers jours d’avril, le P. Jogues dut se rendre à Dieppe, où la flotte se préparait à lever l’ancre. Avant de quitter Rouen, il écrivit un mot de consolation à sa mère. Cette lettre s’est égarée, mais cet excellent fils ne voulut pas s’embarquer sans lui écrire encore, et donner à ce cœur affligé un nouveau témoignage de sa piété filiale et quelques-unes de ces paroles de foi capables de relever le courage. Il lui envoya donc la lettre suivante, dont l’autographe est conservé avec un religieux respect dans la famille du serviteur de Dieu, et que nous copions littéralement :


Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. Jogues11
Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. Jogues12

Ce langage plein de tendresse, de résignation et d’énergie, dénote un cœur préparé au combat et déjà exercé à tous les genres de sacrifices. Sa vertu va jeter encore plus d’éclat sur le théâtre où le Seigneur lui prépare des épreuves dignes de son courage.


(Tiré de : op. cit.)
A suivre : Chapitre II.

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Message  Louis Ven 04 Avr 2014, 1:18 pm

CHAPITRE II

Le Canada. — Mission huronne. — Maladie des missionnaires.
Guérison.

La colonie du Canada ne comptait alors que quelques années d’existence, et elle était encore, pour ainsi dire, au berceau ; cependant la découverte de ces contrées datait de plus de cent ans.

Jaloux des conquêtes de l'Espagne et de l’Angleterre en Amérique, François Ier avait voulu que le drapeau de la France y flottât aussi quelque part. Le Florentin Verazani, chargé de cette mission, ne fit que se montrer sur ces côtes, et ne recueillit de ses voyages, qui lui coûtèrent la vie, que la gloire de donner à ces contrées le nom de Nouvelle-France .

Dix ans après, François 1er ordonna une nouvelle tentative, et l’illustre Malouin Jacques Cartier planta la croix sur ce sol et en prit possession au nom de son roi. Il poussa ses découvertes bien avant dans le fleuve Saint-Laurent, ainsi nommé par lui, et il entra en relation avec les naturels du pays.

Malgré quatre voyages successifs et quelques essais de colonisation, il ne put laisser dans ces contrées aucun établissement durable. La rigueur des hivers ne fut pas l'un des moindres obstacles qu’il eut à vaincre.

La mort de cet intrépide marin, et les malheurs qui frappèrent alors la France, suspendirent pour un temps ces expéditions lointaines.

Plus heureux ou plutôt mieux servi par les circonstances et par les hommes, Henri IV put enfin réaliser une partie des projets de son devancier. En 1604, il commença un établissement en Acadie, et en 1608, il envoya Champlain jeter les fondements de Québec.

L’inique invasion des Anglais en 1628 ruina toutes ces entreprises. Ils s’emparèrent de la colonie naissante, et renvoyèrent les missionnaires en Europe.

Le Canada fut rendu à la France en 1632, et Champlain, regardé à juste titre comme le père de cette colonie, fut chargé de la relever de ses ruines. A l’héroïsme dans la guerre, au dévouement pour la religion et pour la patrie, il joignait une constance que rien ne rebute et une force d’âme que rien n’abat.

Préoccupé des besoins spirituels de ce pays nouveau…


(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Sam 05 Avr 2014, 11:31 am

Préoccupé des besoins spirituels de ce pays nouveau, il y avait envoyé quelques missionnaires Récollets dès 1615; mais, en 1625, ceux-ci appelèrent les Jésuites pour partager leurs travaux.

L’année 1636 fut marquée par le renfort considérable qu’allait recevoir la mission du Canada. Cinq Pères Jésuites et un frère coadjuteur firent route avec le nouveau gouverneur, le chevalier de Monmagny, qui succédait à Champlain, mort l’année précédente. Ces missionnaires étaient les PP. Pierre Chastelain, Charles Garnier (1), Nicolas Adam, Paul Ragueneau (2), Isaac Jogues et le F. Cauvet.

La flotte, composée de huit vaisseaux sous les ordres de Duplessis-Bochard, avait levé l’ancre la 8 avril, et, après deux mois d’une heureuse traversée, elle entra dans le golfe Saint-Laurent.

Le vaisseau que montait le P. Jogues s’arrêta un moment à l’île Saint-Louis de Miscou, à l’entrée de la baie des Chaleurs, où, depuis deux ans, une mission avait été établie sous le nom de Saint-Charles, et il n’aborda à Québec que le 2 juillet.

Cette ville n’était encore qu’un poste bien peu important; quelques maisons commençaient cependant à se grouper sur le sommet du cap, sous la protection du canon du fort que Champlain y avait bâti. Tout près de là étaient la petite résidence des missionnaires, et la chapelle de Notre-Dame de Recouvrance, premier sanctuaire de la haute ville, et pieux monument de la dévotion des colons fondateurs envers la Mère de Dieu. La maison principale des missionnaires était à Notre-Dame des Anges (1), à deux kilomètres plus loin.

Le P. Jogues rendit compte à sa mère de son voyage dans la lettre suivante…

________________________________________________

(1) Le P. Charles Garnier était Parisien, et d’une rare vertu. Il ne passa que treize ans au Canada, mais toujours dans la mission huronne. Il fut tué par les Iroquois au moment où il courait au secours de ses néophytes, que ces barbares égorgaient. Il n’avait que quarante-quatre ans. — (2) Le P. Paul Ragueneau resta vingt-six ans au Canada, et y fut supérieur pendant vingt ans. Il mourut à Paria en 1680, à sortante-treize ans. — (1) N.-D. des Anges sur les bords de la rivière Lairet, près de Québec, rappelle un souvenir bien plus ancien que la résidence des Pères Jésuites. C’est là qu’en 1535 le grand explorateur du Canada, Jacques Cartier, éleva un petit fort pour passer l’hiver avec ses hardis marins. Avant de quitter ces rives, où une partie de sa troupe fut décimée par le scorbut, et où il se vit forcé d'abandonner un de ses vaisseaux, il planta une grande croix avec un écusson aux armes de France, et l’inscription : Franciscus primus, Dei gratia Francorum rex, regnat « François Ier, roi de France, règne. »


(Tiré de : op. cit.)


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Message  Louis Dim 06 Avr 2014, 12:12 pm

Le P. Jogues rendit compte à sa mère de son voyage dans la lettre suivante, au moment où il allait s’embarquer pour monter chez les Hurons :

« Madame ma mère,

« Enfin il a plu à Notre-Seigneur de me faire aborder à la terre de la Nouvelle-France, à laquelle j’aspirais depuis tant d’années. Nous parlâmes de Dieppe le 8 avril, huit vaisseaux de compagnie, et nous sommes arrivés huit semaines après notre départ. Je débarquai dans une île appelée Miscou, où il y a deux de nos Pères (2) occupés à rendre service aux Français qui y ont une habitation, et à entamer la conversion des sauvages qui s’y rencontrent. Après avoir passé quinze jours avec eux, je montai dans un autre vaisseau qui me mena à Tadoussac (1) ; c'est le lieu où s’arrêtent les navires, tandis que les barques et autres moindres vaisseaux montent le long du grand fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec, habitation française qui s’augmente chaque jour. J’y arrivai le 2 juillet, jour de la Visitation de Notre-Dame.

« Je me suis toujours si bien porté sur mer et sur terre, grâce à Dieu, que j’ai causé de l’étonnement à tout le monde, n’étant pas chose ordinaire de faire de si longues traversées sans éprouver le moindre mal d’estomac ni le moindre dégoût. Les ornements pour la messe m’ont été d’une grande utilité, car je l’ai dite tous les jours que le temps a été favorable, bonheur dont j’aurais été privé si notre famille ne me les avait procurés; ça été une grande consolation pour moi, et une faveur que nos Pères n’ont pas eue les années précédentes. L’équipage en a profité : sans cela les quatre-vingts personnes qui étaient sur notre vaisseau eussent été deux mois sans assister au saint sacrifice, au lieu que, moyennant la faculté que j'ai eue de célébrer, ils se sont tous confessés et ont tous communié à la Pentecôte, à l'Ascension et à la Fête-Dieu. Dieu vous en saura gré et à madame Houdelin, comme ayant contribué à ce bien-là.

« Du reste, madame, tous les ans, avec la grâce de Dieu…

_________________________________________________________

(2)  Les Pères Dumarché et Turgis. L'Ile de Miscou reçut des Français le nom de Saint-Louis; mais on y fonda en 1635 une mission qui reçut le nom de Saint-Charles. Le scorbut la détruisit presque à sa naissance. Le P. Turgis, son fondateur, mourut lui-même victime du fléau en 1637. Il n’avait que trente ans. — (1) D’après Lescarbot ce nom était sauvage. Plus tard les Montagnais l'appelaient Sadilège (Relation, 1646). La station des vaisseaux était à l’entrée du Saguenay, qui se jette là dans le Saint-Laurent.

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Lun 07 Avr 2014, 11:58 am

 « Du reste, madame, tous les ans, avec la grâce de Dieu, vous aurez de mes lettres, et j'attends aussi des vôtres chaque année. Ce me sera toujours une consolation d'apprendre de vos nouvelles et de celles de notre famille, n'espérant pas vous revoir en cette vie. Que Dieu, par sa grâce, nous rassemble tous deux dans sa sainte demeure pour le louer toute une éternité! C'est à quoi nous devons soigneusement travailler tous tant que nous sommes. Ménageons si bien le temps qui nous est accordé que nous ayons fait en notre vie ce que nous voudrions avoir fait à la mort. Et quel contentement un jour pour une âme qui meurt dans la satisfaction que la conscience lui donne, d'avoir servi Dieu le moins mal qu'elle a pu, et de s'être efforcée en tout et partout de faire ce qui était le plus agréable à sa majesté. Je crois que ce sont là les pensées et les raisons qui nous ont poussés à demander avec importunité d'être envoyés dans ces contrées, où, comme il y a plus à souffrir, on témoigne aussi plus sincèrement à Dieu l’amour qu'on a pour lui.

« Si j'étais capable de vous donner un bon avis, ou que vous en eussiez besoin, je vous conseillerais de vous adresser à quelque saint directeur, à qui vous donnassiez la conduite de votre âme, et qui vous engageât à fréquenter plus assidûment les sacrements. La dévotion à laquelle vous vous êtes plue doit être plus que jamais votre occupation. Votre âge avancé et le repos dont vous jouissez vous y convient.

« Je vous écris ceci séparé de vous de plus do mille lieues, et peut-être que, dès cette année, je pourrai être envoyé chez une nation qui s'appelle les Hurons. Elle est éloignée d'ici d’environ trois cents lieues. Elle annonce de grandes dispositions à embrasser la foi. N’importe où nous soyons, pourvu que nous soyons toujours dans les bras de la Providence et dans sa sainte grâce, c’est le  souhait que fait tous les jours à l’autel pour  vous et pour notre famille celui etc.


« Des Trois-Rivières (1), ce 20 août 1636.

« P. S. Je viens de recevoir l’ordre de me disposer à partir dans trois ou quatre jours pour aller chez les Hurons. »

A l’occasion de la première messe qu’il dit au Canada…

________________________________________________

(1) Cette ville, sur le Saint-Laurent, entre Montréal et Québec, prend son nom de la rivière qui se jette près de là dans le fleuve par trois embouchures. Champlain la fonda en 1634.

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Mar 08 Avr 2014, 12:55 pm

A l’occasion de la première messe qu’il dit au Canada, le P. Jogues écrivit à sa mère ces touchantes paroles : —
« Je ne sais ce que c’est que d'entrer en Paradis; mais je sais bien qu'en ce monde il est malaisé de trouver une joie plus excessive et surabondante que celle que j'ai sentie entrant en Nouvelle-France, et y disant la première messe, le jour de la Visitation. Je vous assure que ce fut bien vraiment le jour de la visitation par la bonté de Dieu et de Notre-Dame. Il me sembla que c’était Noël pour moi, et que j’allais renaître en une vie toute nouvelle et une vie de Dieu. »

Qui ne verrait dans ces lettres le cœur du meilleur des fils, n’oubliant aucun de ses devoirs envers une tendre mère, et alliant au plus haut degré l’amour de la famille à l’amour de Dieu? Ce sentiment n’a d’égal que le zèle de l’apôtre brûlant de sauver des âmes.

A l’arrivée du P. Jogues, la mission du Canada comptait dix-huit prêtres et six frères coadjuteurs. Ils occupaient six stations, sur une ligne de plus de seize cents kilomètres, depuis l’île du Cap-Breton jusqu’aux bords du lac Huron. Ils étaient deux au Cap-Breton, deux à Saint-Louis de Miscou, deux à Québec, cinq à Notre-Dame des Anges, deux à Trois-Rivières, et cinq chez les Hurons.

Cette dernière mission allait surtout profiter du renfort venu de France. C’était sur son avenir que les Français comptaient le plus pour ouvrir les immenses contrées de l’ouest et à la religion et, au commerce. Il y avait donc un double intérêt  à s’attacher cette nation et à la civiliser par la prédication de l'Évangile. Elle occupait sur la côte orientale du lac qui porte son nom, et que Champlain avait d'abord appelé Mer douce , un territoire peu étendu, mais favorable à son genre de vie consacré au commerce, à la chasse, à la pêche et un peu à la culture. Divisés en vingt villages, les Hurons formaient en 1635 une population de trente à trente-cinq mille âmes. La foi commençait à jeter au milieu d’eux quelques racines ; mais ses progrès étaient lents, et ne s’achetaient qu'au prix des plus dures fatigues, de dangers et de privations de tout genre.

Le départ précipité du P. Jogues pour le pays des Hurons (1) fut provoqué par une circonstance fortuite. Pendant qu'il était à Trois-Rivières, attendant une occasion favorable, arriva un convoi de jeunes indigènes que le P. de Brébeuf était parvenu à réunir, et qu'il envoyait à Québec pour s’y faire instruire et devenir plus tard les soutiens et les propagateurs de la foi dans leur pays. Le P. Daniel (2) et le P. Davost accompagnaient ces enfants. Le P. Jogues eut le bonheur d'assister au débarquement, et d’avoir sous les yeux un de ces détails de la vie apostolique dont il ambitionnait de partager les travaux.

Le canot du P. Daniel…


___________________________________________________

(1)  V. l'appendice A.

(2)  Le P. A. Daniel, de Dieppe, alla en Canada en 1632, et passa quinze ans dans la mission huronne, où il périt glorieusement de la main des Iroquois en 1648.


(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Mer 09 Avr 2014, 11:59 am

Le canot du P. Daniel devançait les autres. « A sa vue, écrit le P. Le Jeune, notre cœur s'attendrit. Ce bon Père avait la face toute gaie et joyeuse, mais toute défaite. Il était pieds nus, l'aviron à la main, couvert d'une méchante soutane, son bréviaire pendu à son cou, sa chemise pourrie sur le dos ». Mais la charité a le secret de faire oublier bien des peines : le plus cordial accueil attendait les missionnaires et leurs néophytes, et, selon l’usage, il y eut des fêtes pour les sauvages qui les avaient Conduits. Presque tous appartenaient au village d’Ossossané, le plus dévoué aux Français, et que ceux-ci avaient surnommé la Rochelle (1).

Après quelques jours de repos, les sauvages se disposèrent à regagner leur pays. Alors se passa une scène touchante que le P. Jogues regarda comme providentielle et qui détermina son départ.

Au milieu du festin d'adieu, quelques sauvages adressèrent aux Jésuites un touchant reproche, témoignage évident de leur affection et de leur estime. On ne leur avait pas proposé d'emmener avec eux des missionnaires, parce qu'il y avait un mois à peine que le P. Garnier et le P. Chastelain s’étaient mis en route pour leur pays : « Est-ce que les Français ne nous aiment plus, dit un des chefs, puisqu’il ne vient aucun d’eux avec nous ? Ils ne veulent donc pas remplacer ceux que nous avons ramenés, et nous faudra-t-il remonter sans robe noire ? »

Le P. Le Jeune (1), supérieur de la mission du Canada, accéda avec empressement à cette demande, et le P. Jogues, qui ne formait pas de souhait plus ardent, fut désigné pour le voyage. Dès le lendemain il se mettait en route et s'installait dans un léger canot d’écorce.

Ce n'est pas sans une certaine émotion qu'on met pour la première fois le pied dans ces fragiles embarcations, pour s'aventurer sur les grandes eaux des fleuves rapides et des lacs immenses du Canada. Leur petite charpente est formée de lattes très-minces assujetties à leurs extrémités dans deux lisses un peu plus fortes, qui servent de bordage. On les recouvre d'écorces de bouleau de deux millimètres d’épaisseur environ. Des filaments tirés de la racine du cèdre, bois incorruptible, lient ensemble les morceaux d’écorce. Les coutures et tous les trous qui se forment sont enduits de résine. Ces canots sont de diverses dimensions. Les petits ne portent que trois hommes; les plus grands peuvent en recevoir vingt-quatre avec quinze cents kilogrammes de marchandises. Ils sont mis en mouvement avec des pagaies, et à cause de leur légèreté on peut leur imprimer une marche très-rapide. Une fois installés, les voyageurs n’étaient plus maîtres de changer de position sans compromettre l'équilibre du petit navire.

Le P. Jogues connaissait…

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(1) Son site rappelait un peu celui de la ville de la Rochelle. —(1) Le P. Paul Le Jeune abjura le protestantisme dans sa jeunesse, et devint un des fondateurs de la mission du Canada. Il en fut le Supérieur pendant près de quinze ans, et son principal historien. Revenu en France en 1649, pour être procureur de cette mission, il y mourut en 1664, à l’âge de soixante-douze ans. Son mérite l’avait fait présenter en 1651, avec les PP. Ch. Lalemant et Pari Ragueneau, pour être évêque de Québec. (Arch. du Gésu.)

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Jeu 10 Avr 2014, 11:58 am

Le P. Jogues connaissait déjà les difficultés d’un pareil voyage par les sages avis que le P. de Brébeuf avait adressés à ses frères : «Toute facile que puisse être la traversée, disait ce modèle des missionnaires, il y a toujours de quoi abattre bien fort un cœur qui ne serait pas bien mortifié. La facilité des sauvages n’accourcit pas les chemins, n’applanit pas les rochers, n’éloigne pas les dangers. Soyez avec qui vous voudrez, il faut vous attendre à être trois ou quatre semaines tout au moins par les chemins, de n’avoir pour compagnie que des personnes que vous n’avez jamais vues, d’être dans un canot d’écorces, dans une posture assez incommode, sans avoir la liberté de vous tourner de côté et d’autre, en péril cinquante fois le jour de verser ou de briser sur les roches. Pendant le jour le soleil vous brûle, pendant la nuit vous êtes la proie des maringouins. Vous montez quelquefois cinq à six sauts dans un jour, et n’avez le soir pour tout réconfort qu’un peu de blé cuit avec de belle eau claire, pour lit la terre et bien souvent des roches inégales et raboteuses : d’ordinaire point d’autres abris que les étoiles, et tout cela dans un silence perpétuel. »

(Rel. 1637.)

Le P. Jogues a raconté lui-même à sa mère une partie de ce pénible voyage…

(Tiré de : op. cit.)

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Message  Louis Ven 11 Avr 2014, 11:57 am

Le P. Jogues a raconté lui-même à sa mère une partie de ce pénible voyage, dans une lettre datée du 5 juin 1637. Elle aidera à mieux connaître ce cœur si reconnaissant envers Dieu et si zélé pour sa gloire :

« Madame ma mère,

« Comme il ne se présente chaque année qu'une occasion de vous écrire, il ne faut pas la laisser passer sans que je m'acquitte de mon devoir envers une si bonne mère. Je m’assure que vous serez bien aise de reconnaître la particulière providence avec laquelle la divine bonté m’a conduit, depuis qu’il m’a fait la grâce d’arriver dans ce pays des Hurons. Je vous écrivais l’an passé au mois d’août, au moment où j'allais me mettre en chemin. Je partis donc de Trois-Rivières le 24 d’août, jour de la Saint-Barthélemy. Je fus mis dans un canot d’écorces, qui ne peut contenir que cinq ou six personnes. Il ne serait pas aisé de vous détailler toutes les incommodités d’un pareil voyage; mais l’amour de Dieu qui nous appelle à ces missions, et le désir qu’on a de contribuer en quelque chose à la conversion de ces pauvres barbares, rend tout cela si doux que nous ne voudrions pas changer ces peines contre tous les contentements de la terre. Le vivre des voyageurs est un peu de blé d’Inde ou de Turquie, écrasé entre deux pierres et cuit à l’eau simple sans aucun autre apprêt. Nous couchons ou sur la terre ou sur des roches affreuses, qui bordent ce grand fleuve, et toujours à l’enseigne de la lune. La posture que vous tenez dans ce canot est fort incommode. Vous ne pouvez étendre vos jambes, tant il est petit et embarrassé. A peine osez-vous remuer, de peur de le faire chavirer dans l'eau. J'étais forcé d’y garder un profond silence, ne pouvant entendre nos sauvages, ni m’en faire entendre.

« Autre surcroît de peines et de fatigues; il se rencontre en ce voyage soixante à quatre-vingts sauts ou chutes d’eau, qui partent de si haut et avec tant d’impétuosité que, pour s’en être approché de trop près, les canots y ont été souvent engloutis. Il est vrai qu’allant contre le cours de la rivière, nous n’étions point exposés à ces inconvénients; mais nous n’en étions pas moins obligés de mettre assez fréquemment pied à terre, et de faire par les rochers et les bois des environs, des détours d’une lieue, plus ou moins chargés de tout le bagage et du canot même (1). Pour moi, non-seulement je portais mon petit paquet, mais j’aidais encore à nos sauvages, et les soulageais de mon mieux, jusqu’à ce qu’un enfant de dix à onze ans, qui était de notre caravane, venant à tomber malade, je fus contraint de le porter sur mes épaules, dans les marches occasionnées par les sauts dont j’ai parlé. »

Interrompons le récit du P. Jogues pour compléter cet épisode…

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(1) C'est ce que les voyageurs appellent faire portage.

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Message  Louis Sam 12 Avr 2014, 11:28 am


Interrompons le récit du P. Jogues pour compléter cet épisode, sur lequel sa modestie passe trop brièvement. Cet enfant lui avait été confié au départ. Malade dès le septième jour, il fut pour le missionnaire une source de fatigues inouïes; mais la vraie charité ne compte pas avec les sacrifices. La faiblesse du jeune sauvage devint bientôt telle qu’il ne pouvait plus ni marcher, ni même descendre du canot. Après avoir consenti deux ou trois fois à aider le P. Jogues, ses grossiers conducteurs lui refusèrent tout service. Il était donc seul à prendre soin de l’enfant, et à le porter lorsqu’on mettait pied à terre; mais soit à cause de son inexpérience, soit à cause de la difficulté des chemins, ce travail devenait périlleux pour tous les deux.

Plus d'une fois il avait essayé de faire partager ses appréhensions à ses conducteurs, mais inutilement; enfin ceux-ci, craignant qu’un accident ne les compromît, se décidèrent à accepter ce surcroît de fardeau, mais à la condition que, s'ils portaient le malade, le Père prendrait une partie de leur bagage, qui consistait en chaudières, fers de haches et autres objets très-lourds. La consolation de voir son petit protégé hors de danger donnait au missionnaire un redoublement de forces, et il ne se ménagea pas. Quant au malade, il se trouva mieux en arrivant chez les Nipissiriens, et une bonne nourriture lui rendit assez de forces pour terminer heureusement le voyage.

« On fit enfin si grande diligence, continue le P. Jogues, qu’au lieu de vingt-cinq ou trente jours que demande ordinairement ce voyage, il n’en fallut que dix-neuf pour me rendre où étaient cinq de nos Pères, dont quelques-uns comptent cinq ou six ans de résidence dans le pays. Les deux derniers venus, le P. Ch. Garnier et le P. Chastelain, n’y étaient arrivés qu’un mois devant moi.

« C’est ainsi que la Providence m’a conservé jusqu’à ce jour plein de force et de santé. Elle me fait la grâce d’être content mille fois plus parmi les inconvénients inséparables de notre situation, que si j’étais en possession de toutes les délices de la terre. Dieu se fait sentir avec beaucoup de douceur; il nous protège parmi les barbares avec tant d’amour ; il nous console avec tant de tendresse dans les petites afflictions que nous avons à endurer, qu’il ne nous vient pas même dans l’idée de regretter ce que nous avons quitté pour lui. Rien n’approche de la satisfaction que notre cœur goûte en donnant la connaissance du vrai Dieu à ces infidèles. Nous en avons baptisé cette année près de deux cent quarante, parmi lesquels il y en a quelques-uns que j’ai lavés des eaux du baptême, et qui sont assurément dans le paradis, étant de petits enfants d’un an ou de deux ans.

« La vie d’un homme pourrait-elle être mieux employée qu’à cette bonne œuvre ?...

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Message  Louis Dim 13 Avr 2014, 11:58 am


« La vie d’un homme pourrait-elle être mieux employée qu’à cette bonne œuvre? Que dis-je? Tous les travaux de mille personnes ne seraient-ils pas bien compensés par la conversion d’une seule âme qu’on gagne à Jésus-Christ? J’ai toujours une grande affection pour ce genre de vie, et pour une profession si excellente et si conforme à celle des Apôtres. Quand je n’aurais ici-bas qu' à prétendre à ce bonheur, je ferais tous les efforts possibles pour obtenir cette grâce, que j’achèterais au prix de mille vies.

« Je vous conjure, madame, si ces lignes tombent entre vos mains, par les entrailles de la charité de Jésus-Christ, de remercier le Seigneur d’une faveur si peu ordinaire qu’il m’a faite, et que tant de serviteurs de Dieu, pourvus de plus belles qualités que moi, désirent et poursuivent si chaudement. »

Le 11 septembre 1636, le P. Jogues abordait au village d’Ihonatiria, surnommé Saint-Joseph, où était le lieu de résidence des missionnaires. Ils accoururent tous au rivage pour souhaiter la bienvenue au voyageur.

Grande était la joie dans la cabane des missionnaires, à l’arrivée d’un nouveau frère qui venait partager leurs travaux et leurs espérances. Le P. Jogues se rappelait cette touchante et sincère invitation du P. de Brébeuf adressée aux futurs missionnaires des Hurons, et il en sentait lui-même les heureux effets :
« Quand vous arriverez aux Hurons, leur écrivait-il, vous trouverez à la vérité des cœurs pleins de charité. Nous vous recevrons à bras ouverts, comme un ange du paradis. Nous aurons toutes les bonnes volontés de vous faire du bien, mais nous sommes quasi dans l’impossibilité de le faire. Nous vous recevrons dans une si chétive cabane que je n’en trouve quasi pas en France d’assez misérable pour pouvoir dire : Voilà comme vous serez logés ! Tout fatigués et harassés que vous serez, nous ne pouvons vous donner qu'une pauvre natte, et tout au plus quelques peaux pour vous servir de lit, et de plus vous arriverez dans une saison où de misérables petites bestioles, que nous appelons ici touhac, et puces en bon français, vous empêcheront des nuits entières de fermer l'œil : car elles sont dans ces pays-ci incomparablement plus importunes qu'en France. Les cinq ou six mois de l'hiver se passent dans des incommodités presque continuelles, les froideurs excessives, la fumée et l'importunité des sauvages. Nous avons une cabane bâtie de simples écorces, mais si bien jointe que nous n'avons que faire de sortir pour savoir quel temps il fait. La fumée est bien souvent si épaisse, si aigre et si opiniâtre que des cinq et six jours entiers, si vous n'êtes tout à fait à l'épreuve, c’est bien tout ce que vous pouvez faire que de connaître quelque chose dans votre bréviaire.... »

Le P. Ragueneau, l'historien de cette époque, nous donne ce touchant détail sur l'accueil fait au P. Jogues : …

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Message  Louis Lun 14 Avr 2014, 12:25 pm

Le P. Ragueneau, l'historien de cette époque, nous donne ce touchant détail sur l'accueil fait au P. Jogues:

« Je lui préparai de ce que nous avions pour le recevoir; mais quel festin! une poignée de petits poissons secs avec un peu de farine. J’envoyai chercher quelques nouveaux épis que nous lui fîmes rôtir à la façon du pays. Mais il est vrai que dans son cœur, et à l'entendre, il ne fit jamais meilleure chère. La joie qui se ressent à ces entrevues semble être quelque image du contentement des bienheureux à leur arrivée dans le ciel, tant elle est pleine de suavité ! (Rel. 1637.)

Ce voyage pénible, qui lui servit comme de noviciat de sa vie apostolique, n’était qu’un prélude à bien d’autres épreuves. La joie de posséder un bien si ardemment désiré l’empêcha de sentir immédiatement sa fatigue; mais, le 17 septembre, il tomba malade. Le mal, peu grave d’abord, prit en peu de jours un caractère inquiétant, et bientôt le conduisit aux portes du tombeau. Il n’avait, comme ses frères, qu’une natte pour lit, et quelques tisanes de racines pour tempérer l’ardeur de la fièvre; mais la charité de ses frères, sa patience surtout et sa résignation à la volonté de Dieu soutenaient son courage. La maladie s’étendit bientôt au P. Garnier, au P. Chastelain et à deux domestiques. La cabane des missionnaires était un véritable hôpital. Les PP. de Brébeuf, Pierre Pijart et Le Mercier (1) furent seuls préservés du mal.

Écoutons ce dernier, qui avait été chargé du soin des malades, nous faire le récit touchant de ces moments d’angoisses et d’embarras :

« Nous fûmes dès lors quasi sans domestiques. François Petit-Pré, qui restait seul, était occupé nuit et jour à la chasse. C’était de là que nous attendions tout notre secours après Dieu. Les premiers jours que nous n’avions pas encore de gibier, nous n’avions presque rien à donner à nos malades que du bouillon de pourpier sauvage avec un filet de verjus. Voilà nos premiers consommés. Nous avions bien une poule; mais elle ne nous pondait pas un œuf tous les jours, et puis qu’est-ce qu’un œuf pour tant de malades ? C’était un grand plaisir de nous voir, nous autres qui étions sains, dans l’attente de cet œuf; et encore après, fallait-il consulter à qui nous le donnerions, et voir qui en avait le plus besoin : pour nos malades, c’était à qui ne le mangerait pas.

« Le 24 septembre, le P. Jogues se trouva dans un tel état que nous jugeâmes qu’une saignée lui était tout à fait nécessaire. Il y avait deux ou trois jours que nous ne pouvions venir à bout d’arrêter le sang qui lui coulait par le nez en telle abondance qu’il n’était pas possible de lui faire prendre quelque chose, si ce n’est avec beaucoup de difficulté... Le tout était de trouver un chirurgien. Nous étions tous si habiles en ce métier que le malade ne savait qui lui ouvrirait la veine, et tous, tant que nous étions, nous n’attendions que la bénédiction du P. Supérieur pour prendre la lancette et faire le coup. Néanmoins il s’y résolut lui-même. Aussi bien avait-il déjà saigné un sauvage fort heureusement. Il plut à Dieu que cette seconde opération fût aussi favorable que la première, et que ce qui manquait à l’art fût suppléé avec avantage par la charité...

« La divine bonté nous combla de consolations pendant cette petite affliction domestique. Nous ne fûmes jamais plus joyeux les uns et les autres. Les malades étaient aussi contents de mourir que de vivre, et par leur patience, piété et dévotion, rendaient bien légères les peines que nous prenions après eux nuit et jour. Pour nos Pères, ils jouissaient d’un bien qui n’est pas ordinaire en France, et recevaient tous les matins le Saint-Sacrement de l’autel. C’est de ce trésor qu’ils tiraient tant de sainte résolution et tant de bons sentiments, qui leur faisaient aimer leur position et préférer leur pauvreté à toutes les commodités de la France (1). »

Cette maladie, qui frappa…

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(1) Le P. Le Mercier fut deux fois Supérieur général du Canada. Rappelé en France en 1673, il fut envoyé à Cayenne en qualité Visiteur, et mourut à la Martinique en 1692. — (1) Relat. de la Nouv.-France, 1636.

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Message  Louis Mar 15 Avr 2014, 6:44 pm

Cette maladie, qui frappa les missionnaires avant que la contagion eût envahi les villages hurons, fut providentielle sous tous les rapports. Elle leur apprit à compter avant tout sur les secours de Dieu plutôt que sur les remèdes humains; elle les rendit plus aptes à rendre service aux sauvages, lorsque ceux-ci seraient atteints à leur tour. Leurs remèdes déjà éprouvés devaient inspirer plus de confiance, et leur parole avait grandi en autorité, grâce à cette protection visible du Maître de la vie. Si la maladie ne les eût pas frappés les premiers, ce peuple ignorant et crédule les aurait certainement accusés d’être la cause de ses malheurs, et aurait exercé sur eux une injuste vengeance. C’est ainsi souvent que le bien naît du mal même, et que ce qui semble un châtiment immérité est un bienfait de la Providence.

A suivre : Chapitre III.

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