Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois.

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Message  Louis Jeu 07 Aoû 2014, 12:52 pm


Le 4 juin, nos voyageurs descendirent la rivière, et s’arrêtèrent un moment à l’habitation hollandaise de Renselaerswich, où le capitaine du fort d’Orange les accueillit avec une grande bienveillance. Le chevalier de Montmagny avait chargé le P. Jogues de lettres de remercîment et de salutations pour le Gouverneur hollandais, et le serviteur de Dieu était heureux de pouvoir lui-même témoigner sa reconnaissance à ceux qui lui avaient sauvé la vie. Les ambassadeurs partirent deux jours après (1), accompagnés de plusieurs Iroquois qui étaient là, et qui partagèrent entre eux les bagages. Enfin, le lendemain soir, la petite caravane arriva dans la bourgade iroquoise d’Oneougiouré, autrefois Osserion, à laquelle le P. Jogues donna le nom de la Sainte-Trinité.

Deux jours entiers suffirent à peine pour satisfaire la curiosité des habitants de la contrée. Ils accouraient de toutes parts pour voir les députés. Ceux qui avaient autrefois persécuté et torturé le missionnaire, faisaient semblant de ne plus s’en souvenir, et ceux qui n’avaient pas pu se défendre d’un sentiment de compassion à la vue de ses tourments et de sa résignation, témoignaient leur contentement et leur bonheur de le revoir dans un état si différent, et revêtu d’un titre si honorable.

Le 10 juin se tint une assemblée générale des capitaines et des anciens du pays pour la réception des ambassadeurs. Elle fut brillante et solennelle. Les présents placés, selon l'usage, devant les spectateurs nombreux, témoignaient de la magnificence du roi de France et de ses intentions pacifiques.

Le P. Jogues, chargé de porter la parole du Gouverneur et des Français, sut…

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(1) La Relation de 1646 dit le 16. Le contexte suffit pour relever cette erreur typographique.

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Message  Louis Ven 08 Aoû 2014, 12:27 pm



Le P. Jogues, chargé de porter la parole du Gouverneur et des Français, sut se plier, pour le style et les manières, aux habitudes de ce peuple. Au milieu d'un profond silence, il éleva la voix, et, après avoir exprimé la joie universelle qu’avait excitée dans la colonie la vue des députés iroquois et la nouvelle de la paix conclue entre eux, les Français, les Hurons et les Algonquins, il s’écria : « Le feu du conseil est allumé à Trois-Rivières, il ne s’éteindra plus. Les Français seront vos frères; vos ennemis seront leurs ennemis, et leur bras s'étendra pour vous défendre. Nous nous sommes réjouis quand nous avons appris que vous aviez jeté loin de vous les chevelures des Algonquins et Montagnais, que les Sokoquiois ont massacrés l'année dernière (1).

« Voici cinq mille grains pour briser les liens du jeune Français qui est encore avec vous, et un autre collier de cinq mille grains pour Thérèse, afin qu'ils soient l'un et l’autre rendus à la liberté et qu’ils arrivent promptement à Québec. »

Cette harangue fut écoutée avec la plus profonde attention et les présents acceptés avec reconnaissance. La famille du Loup, la plus considérable de la nation, qui avait témoigné au P. Jogues des égards et des bontés pendant sa captivité, reçut un présent particulier.

Le missionnaire ambassadeur prit encore la parole pour les Algonquins, qui n’avaient aucune notion de la langue iroquoise. Ils étaient d’ailleurs timides, et un peu honteux d’avoir laissé derrière eux une partie de leurs présents. Il ne leur restait que dix peaux d’élans. Le P. Jogues les excusa sur la blessure de l’un des jeunes gens, sur la pesanteur du fardeau et sur la difficulté des chemins. L’assemblée se montra satisfaite, et répondit aux Algonquins par deux présents; elle en fit aussi deux pour les Hurons.

La réponse à Onontio et aux Français…

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— (1) Les Sokoquiois s'étaient armés contre les Algonquins, et étaient venus jusque sous les murs de Québec enlever la chevelure à quelques sauvages de cette nation. A la nouvelle des démarches qui avaient lieu pour la paix générale, ils voulurent l'empêcher entre les Algonquins et les Iroquois. Ornés de leur trophée sanglant, ils allèrent en députation chez ces derniers. Un conseil fut convoqué, et l’orateur sokoquiois, prenant la parole, dit: «Il y a longtemps que je vous ai entendu dire que les Algonquins étaient vos ennemis irréconciliables, et que vous les haïssiez même au delà du tombeau; de telle sorte que si dans l’autre vie vous pouviez les rencontrer, votre guerre serait éternelle. Nous sommes vos alliés; nous entrons dans vos passions et dans vos intérêts. Voici les chevelures des Algonquins que nous avons massacrés, c'est un présent qui doit sourire à votre cœur. Je vous donne en même temps ce collier qui vous servira de chaîne pour en lier comme nous, autant qu’il sera possible. » Et le Sokoquiois déposa à terre un grand collier de porcelaine.

Les Iroquois furent indignés de cette proposition. Un des capitaines répondit en rejetant ces présents : « Nous sommes surpris de votre hardiesse ou plutôt de votre témérité. Vous nous jetez la honte au visage. Vous nous considérez comme des fourbes. Onontio, avec qui nous avons traité de la paix, n’est pas un enfant. Si nous vous regardions de bon œil, il aurait raison de dire : Les Agnieronnons n’ont pas tué nos alliés, mais bien leur hache. Je pensais agir avec de véritables hommes, je n’ai traité qu’avec des trompeurs. — Ce n’est pas tout, les Algonquins, apprenant que les chevelures de leurs frères sont dans nos cabanes, enlèveraient celle des nôtres qui sont dans leur pays. Voilà le fruit de votre audace. Ainsi retirez-vous, et cachez ces chevelures. De même que nous n’avons qu’un cœur, nous ne voulons avoir qu’une langue. »


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Message  Louis Sam 09 Aoû 2014, 11:51 am


La réponse à Onontio et aux Français, qui étaient l’âme de cette négociation, fut donnée avec beaucoup de pompe et de solennité. Toutes les démonstrations de la plus sincère amitié leur furent prodiguées.

Le Français captif fut relâché ; les sauvages mirent sur lui un collier de deux mille grains de porcelaine : « Voilà, dirent-ils, le lien qui le retenait. Prends le prisonnier et sa chaîne, et fais-en ce qui plaira à Onontio. »

Quant à Thérèse, qui était mariée, ils répondirent que la liberté lui serait rendue dans le village qu’elle habitait. « Voici un collier de quinze cents grains, ajoutèrent-ils, pour garantie de notre parole. »

La famille du Loup fit son présent particulier; trente-six palmes de porcelaine assuraient les Français qu’ils trouveraient toujours une demeure parmi eux; « et toi, dirent-ils au P. Jogues, tu auras toujours chez nous une natte pour te coucher et un feu pour te réchauffer. »

Le P. Jogues avait remarqué dans l'assemblée quelques Iroquois des autres cantons et entre autres des Onnontaguerronons. Il leur fit en public un présent de mille grains de porcelaine. « Nous voulons, dit-il au capitaine, aller te saluer dans ton pays; prends ce présent pour rendre le chemin facile, et pour que personne ne soit surpris de notre visite. Au reste, nous avons trois chemins pour aller chez toi : l’un par les Agnieronnons, l’autre par le grand lac que tu nommes Ontario (1), le troisième par le pays des Hurons. »

Cette nouvelle parut surprendre les Agniers : «Il vaut mieux, lui dit un des anciens, que tu prennes le chemin qu’a tracé Onontio. Les autres sont trop dangereux; tu n’y trouverais que des gens de guerre, des hommes à figures peintes, toujours le tomawck et la hache à la main; ils ne demandent qu’à tuer. Aucun chemin n’est plus sûr que celui qui conduit ici. »

L’orateur, qui avait simplement voulu faire sentir aux Agniers qu’on pouvait se rendre indépendant d'eux, si on voulait communiquer avec les autres cantons, continua son discours et offrit son présent. Les Onnontaguerronons l'acceptèrent et promirent de le porter aux capitaines et aux anciens de leur pays.

Les négociations de la politique n’avaient pas fait perdre de vue au missionnaire l’objet de ses désirs et le but secret de sa mission…

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(1) Le lac Ontario a porté différents noms: lac Saint-Louis, lac Frontenac, lac des Iroquois, lac Catarakoui et lac Skanadario.

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Message  Louis Dim 10 Aoû 2014, 11:43 am


Les négociations de la politique n’avaient pas fait perdre de vue au missionnaire l’objet de ses désirs et le but secret de sa mission. Il administra les sacrements à plusieurs chrétiens hurons et algonquins captifs, et leur apprit à porter leur croix avec mérite. Il visita et soulagea les malades, et envoya au ciel plusieurs enfants moribonds.

Les assemblées étant terminées, les Agniers conseillèrent au P. Jogues de ne pas prolonger son séjour parmi eux. Ils pressèrent son départ, « parce que, disaient-ils, une troupe d’Iroquois du haut pays était partie pour dresser des embûches aux Hurons qui allaient descendre chez les Français. Ils doivent suivre le Saint-Laurent et remonter par la rivière des Iroquois. Nous ne croyons pas qu’ils te fassent de mal s’ils te rencontrent, mais nous craignons pour les deux Algonquins qui sont avec toi. »

Le Père manifesta son étonnement : « Comment, dit-il, leur permettez-vous de faire la guerre dans les limites de votre territoire? — Nous les avons avertis, reprirent-ils. — Quoi ! ajouta l’envoyé français, ils méprisent donc votre parole! Mais ne voyez-vous pas qu’on vous imputera tous les désordres dont ils seront les auteurs ? » Ils parurent ouvrir les yeux sur l'inconséquence de leur conduite, et promirent d'y remédier en s'opposant à tout ce qui pouvait porter atteinte à leur loyauté. Quoi qu'il en soit, les commissaires, ayant rempli leur mandat, profitèrent de l'avis et se disposèrent au retour. Ils quittèrent le bourg de la Trinité le 16 juin, et marchèrent jusqu'au lac Saint-Sacrement. Là ils firent des canots d’écorce, et le 29, jour de la fête de saint Pierre et saint Paul, ils abordèrent à Trois-Rivières, et le 3 juillet à Québec (1).

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(1) Un manuscrit de l'époque, le Diarium des Jésuites de Québec, nous apprend que le P. Jogues avait écrit le récit détaillé de cette ambassade. Cette pièce a été perdue avec une partie des archives des Jésuites, dont le gouvernement anglais s’est emparé en 1800, à la mort du dernier membre de la Compagnie de Jésus dans le Canada, le H. P Cazot.

A suivre : Chapitre XIII.

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Message  Louis Lun 11 Aoû 2014, 11:53 am

CHAPITRE  XIII

Troisième voyage du P. Jogues chez les Iroquois. — Mauvais traitements. — Division parmi les Iroquois. — Meurtre du P. Jogues, — Châtiment de son meurtrier.

Le succès de son voyage inspira une nouvelle ardeur au P. Jogues. Pour continuer une œuvre qui s'ouvrait sous de si consolants auspices, il songea à aller passer l'hiver au milieu des Iroquois. Dans le désir candide de son cœur, il les voyait déjà prêter l'oreille à ses discours, se soumettre aux enseignements de son divin maître, embrasser la foi et en devenir un des glorieux triomphes, après en avoir été la plus infranchissable barrière. Il remerciait Dieu d’avoir été choisi pour être l’instrument d'une si miséricordieuse providence à leur égard, et dans cette douce espérance il souriait d’avance à la pensée du jour où il présenterait à Dieu, comme ses enfants chéris, ceux qui avaient été jusque-là ses ennemis et ses bourreaux.

Mais toujours impénétrable dans ses desseins, le Seigneur allait lui demander un autre témoignage que celui de la parole; il voulait la dernière goutte de ce sang généreux qui avait déjà coulé pour sa gloire. Entré dans la voie de la croix, le ministre de Jésus-Christ n'en sortira plus, et sa grande âme ne faillira jamais. S'il n’a pas eu, comme quelques-uns de ses frères, la consolation de voir le fruit de son entreprise, il n’en bénira pas moins le nom de celui pour l'amour de qui il a travaillé. Il savait que celui qui sème et qui arrose peut mériter autant que celui qui recueille et qui moissonne.

La perspective d’un nouveau voyage du P. Jogues aux Iroquois parut d'abord peu probable. On le discuta cependant le 9 juillet, dans une consulte que le P. Lalemant tint avec les PP. Le Jeune et Vimont, et à laquelle assista le P. Jogues, qui était le plus au courant de toute l'affaire. Le succès en parut si douteux, que le projet d'hivernement fut suspendu, « à moins qu'il ne se présentât quelque occasion favorable. » En attendant, le P. Jogues fut renvoyé à Montréal continuer son ministère auprès des sauvages.

Les circonstances changèrent peu de temps après, quoique nous n’en connaissions pas la cause. Le fait est consigné dans le journal du Supérieur de Québec, sous la date du 21 du même mois. Le P. Lalemant appelle les PP. Le Jeune, Vimont et de Quen à une consulte d’importance , ainsi qu’il la nomme, et la décision prise est exprimée par ces simples mots : « Arrêté l’hivernement du P. Jogues aux Iroquois. »

Cependant cette résolution ne fut pas mise immédiatement en exécution. Il y avait des préparatifs à faire et des compagnons à choisir.

Le P. Jogues ne descendit de Montréal qu’au mois d’août, et ce ne fut que le 27 septembre qu’il se mit en route pour les Iroquois. Il était accompagné d’un jeune Français, Jean De La Lande, et de quelques Hurons qui devaient prendre soin du canot et des bagages, et qui profitaient de l’occasion pour visiter leurs parents captifs. Mais bientôt effrayés de la témérité de cette entreprise, ou rebutés des périls de la navigation et de la difficulté des chemins, ces Hurons, à l’exception d’un seul, abandonnèrent en route le missionnaire. Pour lui, il ne voyait qu’un devoir à remplir, et il avançait plein de confiance. Indépendamment du but religieux qu’il se proposait, il avait mission d’entretenir la paix si solennellement jurée, et il se promettait d’en profiter pour cultiver la semence qu’il avait déjà jetée sur cette terre ingrate.

Chez les Iroquois, les dispositions à son égard n’étaient plus les mêmes, et une grande fermentation hostile régnait dans les esprits…

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Message  Louis Mar 12 Aoû 2014, 12:31 pm


Chez les Iroquois, les dispositions à son égard n’étaient plus les mêmes, et une grande fermentation hostile régnait dans les esprits. Aux intentions pacifiques avait succédé une violente animosité soulevée par la défiance. En voici la cause.

Au moment de quitter les Iroquois, le P. Jogues, qui nourrissait déjà la pensée et le désir de revenir, laissa chez son hôte un petit coffre, qui contenait son modeste viatique et quelques objets de piété ; il le lui confiait comme gage de son retour, et pour s’éviter la peine d’un double transport.

Ce dépôt parut mystérieux à plusieurs de ces esprits ignorants et soupçonneux. Ils ne cachèrent pas leurs appréhensions. Ils voyaient là un charme secret qui devait préparer leur ruine et faire le malheur de tout le pays.

Témoin de ces fâcheuses préventions, le serviteur de Dieu crut que pour les dissiper il lui suffirait de mettre sous leurs yeux les objets de leur crainte. Il ouvrit sa malle et montra devant la foule tout ce qu’elle renfermait. Mais souvent, chez les âmes égarées, la vérité pénètre plus difficilement que le mensonge.

On parut d’abord le croire, et cependant, aussitôt après son départ, les craintes ne firent que croître et se confirmer. Les fléaux les plus redoutés semblèrent fondre alors sur le pays. Ce fut premièrement une maladie contagieuse qui fit beaucoup de victimes, et, ensuite, l’apparition de certains petits vers qui détruisirent presque entièrement la récolte. Il n’en fallait pas tant pour faire triompher la calomnie et surexciter tous les esprits. La malle, instrument du maléfice, fut jetée dans la rivière sans qu’on osât l’ouvrir, et pendant un mois avant l'arrivée du missionnaire, les ennemis des Français et de la prière étaient parvenus à souffler partout la haine et la vengeance contre celui qu’on regardait comme l’auteur de tout le mal.

Sans connaître ces dispositions hostiles, le Père Jogues avait eu de sinistres pressentiments sur ce voyage, et il ne s’était pas dissimulé les dangers de sa mission. Avant de partir, il écrivit à un Jésuite de France, dépositaire des secrets de son cœur, et lui confia ses appréhensions. Ce précieux monument de son zèle pour la gloire de Dieu et de son amour pour la croix, prouve qu’il ne se cachait aucun des risques qu’il allait courir, et qu’il s’y exposait avec autant de sang-froid que d’obéissance et d’abnégation.

« Hélas ! mon très-cher Père, quand commencerai-je à aimer et à servir celui qui n’a jamais commencé à nous aimer? Quand commencerai-je à me donner totalement à celui qui s’est donné à moi sans réserve? Quoique je sois extrêmement misérable et que j’aie fait un mauvais usage des grâces que Notre-Seigneur m’a faites en ce pays, je ne perds pas courage, puisqu’il prendra soin de me rendre meilleur, me fournissant encore de nouvelles occasions de mourir à moi-même, et de m’unir inséparablement à lui.

« Les Iroquois sont venus faire quelques présents à notre Gouverneur pour retirer des prisonniers qu’il avait…


Dernière édition par Louis le Mar 12 Aoû 2014, 2:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 13 Aoû 2014, 11:50 am


« Les Iroquois sont venus faire quelques présents à notre Gouverneur pour retirer des prisonniers qu’il avait, et traiter de paix avec lui, au nom de tout le pays. Elle a été conclue, au grand contentement des Français. Elle durera tant qu’il plaira à Notre-Seigneur.

« On juge nécessaire ici pour l’entretenir, et voir doucement ce que l’on peut faire pour l’instruction de ces peuples, d’y envoyer quelque Père. J’ai sujet de croire que je serai envoyé, ayant quelque connaissance de la langue du pays. Vous voyez comme j’ai besoin d’un secours puissant de prières, étant au milieu de ces barbares. Il faudra demeurer parmi eux, sans avoir presque la liberté de prier, sans messe, sans sacrements. Il faudra être responsable de tous les accidents entre les Iroquois et les Français, les Algonquins et les Hurons.

« Mais quoi ! mon espérance est en Dieu, qui n’a que faire de nous pour l’exécution de ses desseins. C’est à nous à tâcher de lui être fidèle et de ne pas gâter son ouvrage par nos lâchetés. J’espère que vous m’obtiendrez cette faveur de Notre-Seigneur, et qu’après avoir mené une vie si tiède jusqu’à maintenant, je commencerai à le mieux servir.

« Le cœur me dit que si j’ai le bien d’être employé dans cette mission, ibo et non redibo (j’irai, mais je ne reviendrai pas); mais je serais heureux si Notre-Seigneur voulait achever le sacrifice là où il l’a commencé, et que le peu de sang répandu en cette terre fût comme les arrhes de celui que je lui donnerais de toutes les veines de mon corps et de mon cœur. Enfin ce peuple-là, sponsus mihi sanguinum est; hunc mihi despondi sanguine meo (Exod. iv, 25) (Il est pour moi un époux de sang; j’ai scellé cette alliance dans mon sang) Notre bon Maître, qui se l’est acquis par son sang, lui ouvre, s’il lui plaît, la porte de son Évangile, aussi à quatre autres nations ses alliées, qui sont proche de lui !

« Adieu, mon cher Père, priez-le qu'il m'unisse inséparablement à lui ! »

De si justes pressentiments, et l’abandon de ses compagnons presque au début du voyage, auraient dû lui ôter tout courage. Loin de là, la pensée et la vue de la mort ne le feront pas reculer, et il marchera en avant comme s’il allait à l’accomplissement de ses vœux les plus chers.

Cependant les calamités publiques avaient agi violemment sur le peuple; elles poussèrent jusqu'à la démence et à la fureur ces sauvages crédules et farouches. Ils virent dans les accidents naturels les effets de la duplicité et de la malveillance, et ils oublièrent leurs récentes promesses d’amitié. L’agitation allait croissant. Les plus sensés et les plus prudents voulaient le maintien de la paix, mais la partie remuante et irascible l’emporta, et la guerre fut décidée contre les Français, les Hurons et les Algonquins, qu’on considérait comme des traîtres acharnés à la ruine des Iroquois.

Une troupe de guerriers se mit aussitôt en campagne et se dirigea vers Montréal…

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Message  Louis Jeu 14 Aoû 2014, 11:34 am


Une troupe de guerriers se mit aussitôt en campagne et se dirigea vers Montréal ; elle surprit deux Français dans les environs de la ville. Une autre bande marchait sur le fort Richelieu, lorsqu’elle rencontra le P. Jogues à deux journées du village. Ils se jettent sur le missionnaire et sur son compagnon, les dépouillent de leurs vêtements en les accablant d’injures, et les emmènent prisonniers. Le 17 octobre 1646, ils font leur entrée triomphale dans la bourgade d’Andagaron, où le serviteur de Dieu avait déjà passé ses treize mois de captivité (1).

Les menaces de mort retentissaient de toute part à leurs oreilles. Les coups de poing et de bâton s’y joignirent bientôt comme les tristes avant coureurs de leur supplice.

« Vous mourrez demain, leur disait-on, mais ne craignez pas, vous ne serez pas brûlés; vos têtes tomberont sous nos haches, et nous les planterons sur les pieux qui entourent notre village, pour les montrer longtemps à ceux de vos frères que nous prendrons. »

Le P. Jogues essaya de leur représenter l’indignité d’une telle conduite, la confiance avec laquelle il s’était livré à eux, les invitations qu’ils lui avaient faites pour l’engager à vivre avec eux, les promesses qu’ils lui avaient solennellement jurées, la manière dont les Français en avaient usé à leur égard, leurs traités, leur parole engagée, enfin les suites fâcheuses qu’attirerait la guerre; tout fut inutile, et un morne silence lui apprit qu’il parlait à des sourds.

Ce ne fut pas tout : un sauvage furieux lui enleva des morceaux de chair sur les bras et sur le dos, et les dévora en lui disant : « Voyons si cette chair blanche est une chair de Manitou ! »

Le courage du patient ne se démentait pas.

« Non, lui répondit-il, je ne suis qu’un homme comme vous tous; mais je ne crains ni la mort ni les tourments. Pourquoi me faites-vous mourir? Je suis venu dans votre pays pour cimenter la paix, affermir la terre et vous montrer le chemin du ciel, et vous me traitez comme une bête fauve! craignez les châtiments du maître de la vie (1). »

Cependant la division était dans la tribu. Les familles (2) du Loup et de la Tortue voulaient sauver la vie des prisonniers, et faisaient tous leurs efforts pour l’obtenir. « Tuez-nous, disaient-ils à leurs adversaires, plutôt que de massacrer ainsi des personnes qui ne nous ont fait aucun mal, et qui viennent chez nous sur la foi d’un traité ; » mais la famille de l’Ours voulait absolument leur mort.

La question était très-grave dans l’intérêt de la nation entière…

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(1) La Relation de 1668 donne à tort dix-huit mois à la captivité du P. Jogues (comme ce Père lui-même dans sa lettre du 2 mai), et elle le fait mourir à Gandaouague (l’'Ossernénon du P. Jogues.) — (1)  Mss. du P. de Quen. — (2)  Chaque nation iroquoise était composée de groupes ou de familles, qui prenaient ordinairement le nom d’un animal. A ces familles appartenait le droit de nommer un ou plusieurs capitaines, qui avaient rang dans les assemblées de la confédération, et qui conduisaient les expéditions guerrières.

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Message  Louis Ven 15 Aoû 2014, 12:06 pm


La question était très-grave dans l’intérêt de la nation entière. On en référa à une grande assemblée des anciens et des capitaines qui fut convoquée à Tionnontogen, la plus considérable des bourgades des Agniers, située seize ou vingt kilomètres plus loin. Ici le parti de la paix l’emporta. Il fut décidé que les captifs auraient la vie sauve et la liberté ; mais le parti acharné à leur perte n’attendit pas les suites de cette résolution, et le crime était consommé quand les députés du conseil revinrent pour le prévenir.

Le 18 octobre, quelques Iroquois de la famille de l’Ours avaient formé en secret le criminel complot d’exécuter eux-mêmes et de leur autorité privée cet odieux attentat.

Le 18 octobre (1) au soir, ils allèrent inviter perfidement le P. Jogues à prendre son repas dans leur cabane. Habitué à voir en tout une disposition mystérieuse de la divine Providence, le serviteur de Dieu les suivit humblement. C'était l’heure de son dernier sacrifice.

Mais quelque soudain que fût le coup qui le frappa, il n’était pas pour lui imprévu. Il se tenait toujours prêt à tout événement. Au moment où le P. Jogues franchissait le seuil de la cabane, on lui asséna un coup de hache qui l’étendit mort. Sa tête fut aussitôt tranchée et placée sur un des pieux de la palissade d’enceinte, la face tournée vers le chemin par lequel il était venu.

Le lendemain de grand matin, son compagnon (1) et le Huron qui les avait conduits eurent le même sort, et leurs corps furent jetés dans la rivière.

Cet assassinat fut blâmé publiquement par le principal capitaine des Iroquois : « Ce coup de hache, dit-il, ne peut nous apporter que des malheurs. » Mais là se bornait son droit de répression du crime.

Kiotsaéton, un des députés pour la paix en 1643, déclama hautement contre cette criminelle perfidie…

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(1) Charlevoix adopte à tort la date du 17 octobre. Voy. Relat. 1646-47. — Mss. de 1652. — Lettre du P. J. Lalemant. Archives du Gesù. — (1) Ce jeune Français, Jean de la Lande, était né à Dieppe ; il ne s'engagea dans ce périlleux voyage que par des motifs surnaturels. Le désir de contribuer à la gloire de Dieu, même au péril de sa vie, l'avait poussé à solliciter la faveur d’accompagner l’intrépide missionnaire. Il trouva une couronne digne d’envie pour un cœur plein de foi.

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Message  Louis Sam 16 Aoû 2014, 12:16 pm



Kiotsaéton, un des députés pour la paix en 1643, déclama hautement contre cette criminelle perfidie, et il devint même, par son franc parler, suspect au parti des méchants. Un autre Iroquois, surnommé par les Français « le Berger », voulut aussi s'opposer à cette mort. Il était poussé par la reconnaissance; car ayant été fait prisonnier par les Algonquins, il dut son salut et sa liberté à l’intervention de M. de Montmagny. Mais ses efforts pour empêcher la fin tragique du P. Jogues furent inutiles. Quand il vit le meurtrier lever la hache pour frapper, il voulut parer le coup, et fut blessé au bras.

Cet acte de charité lui attira les bénédictions célestes; il eut le bonheur de mourir chrétien et avec les sentiments de la plus tendre piété pendant un voyage qu’il fit en France (1).

La vieille femme à qui avait appartenu le P. Jogues pendant sa captivité, qui l’avait soigné, et qu’il appelait sa tante, s’opposa, elle aussi, énergiquement au meurtre que l’on méditait : « Vous me tuerez du même coup, » disait-elle. Ce fut en vain; son frère, qui était loin de partager ses sentiments, fut même complice de cette mort, et livra la victime.

On eut encore d'autres témoignages de la division qui régnait parmi les Iroquois à la suite de cette déplorable exécution. Un capitaine, qui avait en son pouvoir un prisonnier huron, fut tellement indigné de la conduite de ses compatriotes, qu’il lui donna la liberté et le renvoya pour aller dire aux Français qu’il ne voulait pas la guerre avec eux, et que les Algonquins seuls étaient ses ennemis.

Cependant la mort du P. Jogues resta longtemps inconnue en Canada. Le bruit en avait couru, mais d’une manière un peu vague, sur le rapport de quelques femmes qui s’étaient échappées du pays des Iroquois, et sur celui du Huron qui avait été rendu à la liberté.

On put cependant bientôt la soupçonner avec raison, quand on vit de nouveau des bandes d’Iroquois infester le grand fleuve et recommencer leurs déprédations et leurs cruautés.

Une lettre de Guillaume Kieft, Gouverneur de Manhatte, adressée au chevalier de Montmagny, vint confirmer toutes les appréhensions. Quoique datée du mois de novembre 1646, elle n’arriva qu’au mois de juin de l’année suivante.

La voici d’après le manuscrit de 1652 : …

_______________________________________________________________________

(1) Cet Iroquois était tombé entre les mains d'Algonquins chrétiens alors que la religion commençait à inspirer aux sauvages plus d’humanité.  En recevant solennellement ce  captif dans le village de Sillery, un capitaine lui dit : « Ne crains pas de mauvais traitements;  nous avons quitté nos cruelles habitudes. » Quand le Berger vit briser ses liens, il en croyait à peine ses yeux. Il était  traité  avec douceur lorsqu’il s’attendait à subir toutes les horreurs du supplice. Le Gouverneur, chargé de décider sur son sort, le déclara libre, loua son courage, lui dit qu’il avait pour lui de l’amitié et lui fit des présents. L’Iroquois s’écria aussitôt : « Voilà qui va bien : mon corps est délivré de la mort, je suis exempt du feu. Onontio, tu me donnes la vie, je t’en remercie; je ne l'oublierai jamais; tout mon pays en sera reconnaissant.  La terre va être toute belle; les rivières seront calmes et unies; la paix nous fera tous amis. Je n’ai plus d'ombre dans les yeux. Les âmes de nos ancêtres massacrés par les Algonquins ont disparu. Je les ai sous les pieds. Onontio, il faut avouer que tu es bon, et que  nous sommes  méchants ; mais notre colère est éteinte. » Puis il se mit à chanter et à danser en cadence. Tout à coup  il s'arrête, saisit une hache, l’agite et gesticule comme un homme en fureur. Enfin jetant la hache au feu il dit : « Voilà ma fureur vaincue; je mets bas les armes, je suis votre ami pour toujours. » Il  tint parole et resta fidèle aux Français.

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Message  Louis Dim 17 Aoû 2014, 12:29 pm



La voici d’après le manuscrit de 1652 :

Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. - Page 6 Page_211

Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. - Page 6 Page_212



La lettre en question, écrite par Labatie, interprète hollandais, était adressée à M. Lamontagne, docteur huguenot, résidant à Manhatte, qui occupait au conseil colonial la première place après le directeur général (1); nous la donnons avec son style et son orthographe, d’après le manuscrit de 1652.


Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. - Page 6 Page_213
Le P. Isaac Jogues, premier Apôtre des Iroquois. - Page 6 Page_215

Les Iroquois portèrent aux Hollandais…
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(1) La relation de 1647, que copie Charlevoix, dit que cette lettre était adressée à M. Bourdon, ancien compagnon d'ambassade du P. Jogues. Cette assertion ne s’accorde pas avec les manuscrits contemporains que nous possédons. La suscription porte le nom de M. Lamontagne, et le contexte indique que Labatie ne voyait pas de communication possible avec la colonie française.

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Message  Louis Lun 18 Aoû 2014, 12:50 pm


Les Iroquois portèrent aux Hollandais le missel, le rituel, les caleçons et la soutane du P. Jogues, dans l’espérance sans doute d’en retirer quelque profit. Quand ceux-ci les blâmèrent d’avoir ainsi massacré des Français, ils se justifièrent par un mensonge aggravé par une calomnie. Ils répondirent que les Jésuites ne pensaient pas comme eux, et qu’ils avaient toujours leurs armes prêtes pour tuer les Hollandais.

Dieu n’a pas permis que les restes du serviteur de Dieu aient été recueillis et conservés â notre vénération, mais il l'a glorifié en tirant une vengeance éclatante de ses bourreaux et de ceux de ses compagnons, et par les faveurs qu’il a attachées à son nom, ainsi que nous le verrons.

Les deux jeunes gens qui avaient donné la mort au bon René Goupil sous les yeux du missionnaire, furent bientôt atteints d’un mal inconnu dans le pays, et moururent misérablement.

La femme qui, par une lâche complaisance, avait coupé cruellement le pouce du P. Jogues, ainsi que ceux qui lui déchirèrent les doigts avec les dents pour en arracher les os, furent tués successivement peu de temps après.

La maladie épidémique qui se répandit dans le pays servit d’instrument à la justice divine, et elle fit plusieurs victimes parmi les Iroquois les plus acharnés.

L’assassin du P. Jogues méritait un châtiment plus exemplaire; mais ce châtiment fut en même temps un témoignage de grande miséricorde. Dieu semble avoir voulu montrer encore une fois toute la puissance de la prière du juste, demandant grâce pour ses persécuteurs.

En effet, le 16 octobre 1647, un jeune Français Jean Amiot (1), amenait à Sillery un Iroquois qu'il venait de faire prisonnier près de Trois-Rivières. Comme les Algonquins de cette mission avaient à venger la mort récente de quelques-uns des leurs frappés par les Iroquois, le Gouverneur consentit à un exemple, et livra le prisonnier aux sauvages pour subir son supplice, avec la défense toutefois de prolonger ses tourments et de se nourrir de sa chair. Il fut obéi. Le prisonnier ne souffrit pas une heure. On lui donna le coup de grâce, et son corps fut jeté dans le fleuve.

Pendant les huit ou dix jours qui se passèrent avant ce supplice…

______________________________________________________

(1) Jean Amiot avait servi jeune dans la mission huronne. Il était aussi vertueux que brave. Plus d'une fois il marcha à la tête des partis qui poursuivaient les Iroquois. Il périt dans les eaux en 1648, devant Trois-Rivières, avec François Marguerie.

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Message  Louis Mar 19 Aoû 2014, 11:53 am


Pendant les huit ou dix jours qui se passèrent avant ce supplice, les missionnaires entourèrent le prisonnier de leurs soins, afin de le préparer à bien mourir. Il les écouta avec docilité, et bientôt il les étonna par le témoignage éclatant de sa foi et du repentir de ses péchés.

Un double intérêt s’attachait à son sort; on venait de découvrir qu’il avait été l’assassin du serviteur de Dieu.

Dans la conversation, il avait raconté longuement les persécutions et les cruels traitements que les Iroquois avaient fait subir aux Français et surtout au P. Jogues, dont il exaltait la vertu. Il parlait en témoin oculaire de la subite irritation d’une partie du village contre le missionnaire, et il déclara que sa mort n’était l’œuvre que de quelques fanatiques qui agirent contre le sentiment de l’assemblée des trois bourgades réunies.

On lui demanda le nom du meurtrier de Jean de La Lande, et il le donna aussitôt; mais quand on voulut lui faire dire le nom de celui du P. Jogues, il baissa la tête et garda le silence, comme honteux de son forfait. Reconnu d’ailleurs par le Huron qui venait d’arriver des Iroquois et qui avait connu tous ces tragiques événements, le coupable n’essaya pas de nier son crime. Il ne semblait plus songer qu’à le détester et à l’expier.

Il fut bientôt jugé digne de recevoir le baptême, et en signe de paix et d’union avec sa victime, il reçut sur les fonts sacrés le nom d'Isaac (1).

Ces heureuses dispositions ne se démentirent pas un moment. Pendant son supplice, il ne laissa échapper aucune plainte. Sa bouche n’adressa aucune injure à ses bourreaux, et ne prononça ni bravades ni menaces, comme font ordinairement les victimes. Au milieu de ses douleurs, on l’entendait s’écrier : « Jésus ! Jésus ! » Il avait dit, peu auparavant : « Antaiok (nom sauvage du Français qui l’avait pris), est cause que je vais au ciel. J’en suis content, et je l’en remercie. »

Dieu se servait des hommes pour exercer contre lui sa justice, en même temps qu’il accordait à son âme le bienfait de ses plus mystérieuses miséricordes.

Sans doute la mort du serviteur de Dieu, que nous venons de raconter, fut le résultat immédiat de ces odieux soupçons de maléfice dont les Iroquois se croyaient victimes…

_____________________________________

(1) On lit dans le registre de la mission de Sillery, sous la date du 16 septembre, et de l’écriture même du P. Druillettes : « Baptisavi Isaacum captivum Agnonguerronon (vulgo Iroquois) mox comburendum. »


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Message  Louis Mer 20 Aoû 2014, 11:00 am


Sans doute la mort du serviteur de Dieu, que nous venons de raconter, fut le résultat immédiat de ces odieux soupçons de maléfice dont les Iroquois se croyaient victimes. Quelque futiles et ridicules qu'ils nous paraissent, ils étaient de nature à agir fortement sur des esprits ignorants et superstitieux. Quand on touche aux intérêts matériels d’un peuple grossier, qui ne connaît que la vie des sens, on est sûr de le pousser facilement aux derniers excès. Semblable à la brute, il ne connaît que la violence lorsqu’il se croit blessé; mais moins clairvoyant qu’elle, la prévention et l’ignorance l’aveuglent, et souvent alors il prend le mensonge pour la vérité, et le crime même pour un acte de vertu.

Dans ce tragique dénoûment de cette vie d’apôtre il y a quelque chose de plus lorsqu’on l’étudie à la lumière de la foi. N’est-ce pas la consommation héroïque d’une vie de sacrifice qu’on admire comme une mort de martyr?

Quand le P. Ch. Garnier, missionnaire alors chez les Hurons, et bientôt victime lui-même de la haine des Iroquois, annonça cette mort à un de ses frères en France, il ne craignit pas de lui dire : Hi sunt martyres caritatis et obedientiæ « Ceux-là sont martyrs de la charité et de l’obéissance. »

Le P. Jér. Lalemant, Supérieur alors des missions du Canada, s’exprime d’une manière aussi absolue dans la Relation des missions de 1647 :

« Nous avons respecté cette mort, dit-il, comme la mort d’un martyr. Quoique nous fussions ici séparés les uns des autres quand nous l’avons apprise, plusieurs, sans pouvoir se consulter, n’ont pu se résoudre à célébrer pour lui la messe des trépassés. Mais ils ont présenté l’adorable sacrifice en actions de grâces des bienfaits que Dieu lui avait élargis. Les séculiers qui l’ont connu plus particulièrement, et les maisons religieuses, ont aussi respecté cette mort, et se sont trouvés portés à l’invoquer plutôt qu’à prier pour son âme.

« En effet, c’est la pensée de plusieurs hommes doctes (et cette pensée est plus que raisonnable), que celui-là est vraiment martyr devant Dieu, qui rend témoignage au ciel et à la terre, et qui fait plus d’état de la foi et de la publication de l’Évangile que de sa propre vie, la perdant dans les dangers où il se jette pour Jésus-Christ, protestant devant sa face qu’il veut mourir pour le faire connaître. Cette mort est la mort d’un martyr devant les anges. Et c’est dans cette vue que le P. Jogues a rendu sa vie à Jésus-Christ et pour Jésus-Christ.

« Je dis bien davantage : non-seulement il a embrassé les moyens de publier l’Évangile, qui l’ont fait mourir, mais encore on peut assurer qu’il a été tué en haine de la doctrine de Jésus-Christ.

« En effet, les Algonquins, les Hurons et ensuite les Iroquois, à la persuasion de leurs captifs, ont eu, et quelques-uns ont encore une haine et une horreur extrême de notre doctrine, disant qu’elle les fait mourir et qu’elle contient des sorts et des charmes qui causent la destruction de leurs blés et qui engendrent des maladies contagieuses et populaires, dont maintenant les Iroquois commencent à être affligés. C’est pour ce sujet que nous avons pensé être massacrés en tous les endroits où nous avons été, et encore ne sommes-nous pas de présent hors d’espérance de posséder un jour ce bonheur.

« Or tout ainsi qu’on reprochait jadis en la primitive Église aux enfants de Jésus-Christ…


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Message  Louis Jeu 21 Aoû 2014, 11:34 am


« Or tout ainsi qu’on reprochait jadis en la primitive Église aux enfants de Jésus-Christ qu’ils causaient des malheurs partout, et qu’on en massacrait quelques-uns pour ce sujet, de même sommes-nous persécutés parce que par notre doctrine, qui n’est autre que celle de Jésus-Christ, nous dépeuplons, à ce qu’ils disent, leurs contrées, et c’est pour cela qu’ils ont tué le P. Jogues. On le peut donc tenir pour martyr devant Dieu. »

Il serait peu être difficile de fournir des preuves authentiques pour constater juridiquement le martyre du serviteur de Dieu, c’est-à-dire pour prouver que la haine de la foi a déterminé les bourreaux à lui donner la mort; mais nous pouvons nous consoler sur le témoignage de saint Cyprien qui disait aux Thibaritains (Epist. 50) :

« Vous n’êtes pas seuls, puisque partout où vous allez vous êtes avec Dieu. Si en fuyant dans la solitude, si en vous cachant dans les montagnes, vous êtes assassiné par les brigands ou dévoré par une bête féroce, ou consumé par la faim, la soif, le froid, ou englouti par la tempête, qu’importe le champ de bataille? Jésus-Christ vous contemple du haut des cieux, comme son soldat qui combat pour la gloire de son nom, et vous aurez la même récompense que celui qui a tout l'éclat de la lutte, car la mort obscure n’est pas moins glorieuse que celle qui a la publicité du triomphe. Pour la certitude du martyre, il suffit d’avoir pour témoin celui qui éprouve et couronne les martyrs. »


A suivre : Chapitre XIV.

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Message  Louis Ven 22 Aoû 2014, 1:21 pm

CHAPITRE  XIV

Vertus du P. Jogues. — Grâces obtenues par son intercession.

Nous ne rendrions pas pleine justice aux vertus du P. Jogues si nous passions sous silence quelques traits plus intimes, qui ont échappé dans ce récit, et qui nous ont été transmis par son confident et son ami, le P. Buteux, dont les manuscrits ont heureusement échappé à la destruction. Il faut d’abord reconnaître qu'il possédait à un haut degré les heureuses qualités qui, d’après le P. de Brébeuf, devaient caractériser le missionnaire des Hurons.

« Pour les convertir, dit-il, il ne faut pas tant de science que de bonté et de vertu bien solide. Les quatre éléments d’un homme apostolique en la Nouvelle-France sont l’affabilité, l’humilité, la patience et une charité généreuse. Le zèle trop ardent brûle plus qu’il n’échauffe, et gâte tout. Il faut une grande magnanimité et condescendance pour attirer peu à peu ces sauvages. Ils n’entendent pas bien notre théologie, mais ils entendent parfaitement bien notre humilité et notre affabilité, et se laissent gagner. » (Relation de 1636.)


HUMILITÉ  ET MORTIFICATION.

Nous emprunterons volontiers au P. Buteux la belle pensée qu’il met en tête de ses notes sur les vertus du P. Jogues : « J’ai toujours cru que ce qu’on disait et qu’on rapportait par écrit de la vie des saints était la plus petite partie et la moins considérable de ce qu’ils avaient fait, et qu’on ne disait quasi rien de leur intérieur qui est néanmoins le plus bel ornement de leur vie. (Omnis gloria filiæ regis ab in tus, Ps. XLIV (Toute la beauté de la fille de Sion vient de son intérieur). Je pensais que leur humilité leur faisait cacher ce qu’ils avaient fait de plus rare à l’extérieur, comme les miracles ou les grandes souffrances et tourments qu’ils enduraient pour l’amour de Dieu. Je me suis confirmé dans cette pensée l’an passé, où je demeurai avec le P. Jogues la plus grande partie de l’année. La solitude où nous étions et les entretiens familiers que j’ai eus avec lui m’ont fait admirer sa vertu, et découvrir beaucoup de choses que son humilité n’avait jamais manifestées, et néanmoins je n’aurais pas encore su tout ce que je dirai, si je ne me fusse servi du pouvoir que l’obéissance m’avait donné sur celui qui m’était cependant supérieur en tout et pour tout.

« L’humilité est une des vertus que j’ai le plus admirées en lui...

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Message  Louis Sam 23 Aoû 2014, 11:27 am


HUMILITÉ  ET MORTIFICATION.

(suite)

« L’humilité est une des vertus que j’ai le plus admirées en lui. Elle m’a empêché d’obtenir bien des détails sur ses souffrances et ses combats ; il n’aimait pas à en parler. Le pressant un jour de me dire quelque chose sur ce que Dieu avait fait endurer à son âme dans sa captivité, je ne pus tirer de lui que ces trois mots : Dies isti mali, ces jours étaient mauvais.

« A l’entendre, la Compagnie de Jésus n’avait jamais eu un membre moins capable que lui de servir Dieu, ni de cœur aussi ingrat et aussi infidèle à sa grâce. Il se trouvait indigne de l’habit qu’il portait. Quand il s’entretenait de la faveur que Dieu lui avait faite de souffrir pour son amour, il gémissait sur le peu de profit qu’il en avait retiré, et ses larmes coulaient en abondance. Une de ses grandes fautes, qu’il se reprochait amèrement, était d’avoir eu quelque complaisance à la pensée de la mort comme terme de ses affreuses douleurs.

« Comment arracher quelques paroles un peu à sa louange, de la bouche d’un homme qui se cachait toujours dans l’ombre, pour couvrir les grâces signalées qu’il avait reçues du ciel, — qui était convaincu qu’il ne faisait rien de bon, et que ce qui venait des autres était toujours le meilleur? Il m’interrogeait comme aurait fait un novice sur la manière de faire son oraison et son action de grâces après la sainte messe. Il m’écrivit peu avant son départ pour Québec qu’il voudrait bien passer encore une année avec moi pour s’exercer à la vertu plus solidement qu'il n’avait fait: toutefois, ajoutait-il, j’aimerais encore mieux retourner pour la troisième fois au pays des Iroquois.

« Il a fallu user d’industrie pour obtenir de lui les renseignements qu’on a pu recueillir, non qu’il n’eût pas la soumission parfaite de l’obéissance, mais parce qu’il avait un sentiment si bas de lui-même, qu’il lui semblait ne pouvoir en parler qu’avec dédain. Il paraissait affligé et contraint lorsqu’on lui témoignait quelque estime pour avoir tant souffert pour Jésus-Christ, et lorsqu’on lui demandait à voir ses mains mutilées.

« A son retour en France, la Reine dut renouveler deux fois son invitation avant qu’il se décidât à paraître devant elle. Il ne pouvait se persuader qu’elle en eût véritablement le désir. »

Dans un moment d’épanchement avec le P. Buteux, il lui fît avec simplicité ce touchant et humble aveu : « Dieu m’a donné dès ma plus tendre jeunesse cette pieuse affection envers ceux qui me châtiaient, comme je ne le méritais que trop. Étant écolier, je prenais la férule, et quand je le pouvais, même la main de celui qui me corrigeait, afin de la baiser en signe de reconnaissance affectueuse. Mais je le fis particulièrement aux Iroquois, où, après qu’on nous eut donné la vie, je ne me lassai pas de baiser pendant plusieurs jours consécutifs, les piliers du théâtre ou échafaud sur lequel nous avions enduré, et la vue de ce lieu de supplice m’était un sujet de consolations, d’actions de grâce et de remercîments à Notre-Seigneur pour la faveur qu’il m'y avait faite. »

La dernière année de sa vie, il resta à Montréal…

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Message  Louis Dim 24 Aoû 2014, 11:21 am


HUMILITÉ  ET MORTIFICATION.
(suite)

La dernière année de sa vie, il resta à Montréal, et, comme s’il eût pressenti l’approche de la mort, il voulut s’y préparer plus immédiatement en faisant une revue générale de sa conscience depuis ses premières années. Il apporta à cette confession, dit encore le P. Buteux qui reçut l’aveu de ses fautes, l’humilité et la candeur d’un enfant.

Il ne pouvait souffrir qu’on eût pour lui les ménagements et les attentions particulières que semblait réclamer l’état de faiblesse de sa santé.

« Je ne manque de rien, disait-il; je ne veux pas que lorsque je retournerai parmi les Iroquois, ma misérable nature tourne la tête vers ces maisons, où elle aura trouvé ses aises. Je n’ai besoin que des choses absolument nécessaires. Pourquoi me donnerais-je de ces adoucissements que je chercherai en vain plus tard? A Dieu ne plaise que je flatte les penchants de ce corps en lui accordant ce qu’il ne pourra pas toujours avoir ! »

Sa ferveur semblait augmenter chaque jour, et sa dévotion au très-Saint-Sacrement était le puissant moyen qu’il employait pour alimenter sa vertu. C’était devant ce Dieu caché qu’il aimait à faire ses exercices spirituels ; ni la rigueur du froid, ni l’in commodité de la chaleur, ni l’importunité des insectes n’étaient capables de le détourner de ses pieuses pratiques. Il assistait à toutes les messes qui se disaient, et il gémissait encore sur sa tiédeur. Il aurait voulu compenser, disait-il, le temps pendant lequel il n’avait pu offrir ce divin sacrifice, et suppléer par anticipation à celui où il serait encore privé de ce bonheur.

Le courage du P. Jogues pour souffrir a inspiré au P. Buteux cette pieuse réflexion :

« J’entreprends ce récit, dit-il, 1° afin de faire voir aux âmes lâches et poltronnes, telles que la mienne, comme c’est à tort que nous fuyons les peines et les mortifications sous le prétexte de santé, puisque ce Père qui a tant enduré est aussi sain et entier que jamais ; et 2° pour donner occasion aux âmes saintes et courageuses de louer Dieu et de le remercier de ce qu’il a encore en ce temps-ci des serviteurs et des âmes fidèles, qui adimplent in corpore suo quœ desunt passionum Christi (qui complètent dans leur corps ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ » (1).

_____________________________________________

(1) Col. I, 21.


A suivre :  CHARITÉ ET CHASTETÉ.

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Message  Louis Lun 25 Aoû 2014, 1:06 pm


CHARITÉ ET CHASTETÉ.

Son ardente charité envers ses frères et envers les sauvages brille déjà par ce que nous avons raconté. Jamais, au milieu de ses souffrances et des raffinements de cruauté de ses bourreaux, il ne se sentit la moindre aversion pour eux. Il éprouvait au contraire pour les Iroquois des sentiments de tendresse et de compassion; il désirait leur salut et sans cesse il priait pour eux. L’une de ses consolations était de penser qu’il avait été le premier à verser son sang pour la gloire de Dieu au milieu de cette nation infidèle, dans l’espérance que cet holocauste hâterait sa conversion.

L’aveuglement de ce peuple et son opposition à la foi affligeaient profondément son âme. Il regardait les excès de sa cruauté avec la pitié compatissante d’une mère affligée à la vue de son enfant atteint de frénésie. D’autres fois il le considérait comme la verge du Seigneur, chargée de châtier ses péchés, et il se courbait avec soumission sous sa main en adorant ses jugements.

Sa chasteté, aussi angélique que sa charité, excita l’admiration des sauvages eux-mêmes. Comme une sentinelle vigilante, il était toujours armé pour la défendre. Le traitement rigoureux qu’il imposait à son corps, déjà si cruellement torturé par ces barbares, prouve bien qu’il ne l’a jamais regardé que comme un esclave à dompter dont on a toujours à craindre la révolte.

L’état de nudité presque complète où on le laissa pendant une partie de sa captivité, fut pour son cœur une croix plus douloureuse que toutes ses autres souffrances.

Un Hollandais protestant, entrant un jour dans la cabane où il était, proféra des paroles indécentes à son adresse, et parla avec ironie de sa pudeur. Le serviteur de Dieu trouva dans son zèle des forces pour flétrir un tel langage. Il en releva si bien l'inconvenance et le crime, que les sauvages lui rendirent justice et dirent hautement que les Français n’étaient pas libertins et dissolus comme les Hollandais. Sa vertu rejaillissait ainsi sur sa nation entière.


A suivre : OBÉISSANCE ET ZÈLE.

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Message  Louis Mar 26 Aoû 2014, 11:47 am


OBÉISSANCE ET ZÈLE.
Dès son entrée en religion, le P. Jogues avait compris tout le prix de l’obéissance et le secours qu’il trouverait dans sa pratique. Naturellement timide, craintif et même pusillanime, il devenait hardi et intrépide quand il exécutait la volonté de ses Supérieurs. Ceux-ci le connaissaient si bien, que dans les circonstances difficiles ils savaient qu’ils pouvaient s’appuyer sur lui comme sur un rocher. Lorsqu’il avait entendu ce mot : « Allez », il ne connaissait plus d’obstacle, il n’apercevait plus le danger. Avait-il au contraire une décision à prendre de lui-même, il s’arrêtait minutieusement à l’examen des plus petites difficultés, tandis qu’à la voix de ses chefs il ne considérait plus que l'exécution d’un commandement et la volonté de Dieu.

Cette disposition n’échappa pas à l’œil des sauvages. En le voyant si docile à la voix de ses maîtres et si ferme pour tout ce qui regardait la gloire de Dieu, ils lui disaient : « Vraiment, Ondesonk, c’eût été dommage de te faire mourir, car tu fais bien le maître quand tu le juges à propos, et l'enfant obéissant quand on te commande ce qui est raisonnable. »

En effet, il était toujours prêt à obéir au dernier des sauvages dans les choses licites, quelque basses qu’elles fussent; mais aussi il savait résister aux plus puissants lorsqu’il croyait les intérêts de Dieu compromis.

C’est par ces qualités qu’il avait su conquérir de l’empire sur plusieurs d’entre eux. On l’écoutait volontiers, et on finit par le respecter. L’un des anciens, et des plus influents, regardait comme un honneur de recevoir sa visite, et lorsqu’il s’y attendait, il se préparait d’avance à l’accueillir de son mieux et à le bien traiter.

La sainte hardiesse avec laquelle il s’élevait contre des désordres qu’il espérait corriger, excitait l’admiration des plus sensés, et ils lui disaient souvent : « Tu parles trop hardiment, tu te feras tuer. Si, ici où tu es captif et seul de ton parti, tu nous tiens tête, que ferais-tu donc si tu étais libre et parmi les tiens? Tu ne parlerais certes pas en faveur des Iroquois. » Ils ne connaissaient ni la charité ni l'intrépidité évangélique.

Dans les courses que fit le P. Jogues chez les Hollandais pendant sa captivité…

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Message  Louis Mer 27 Aoû 2014, 11:30 am



OBÉISSANCE ET ZÈLE.
(suite)


Dans les courses que fit le P. Jogues chez les Hollandais pendant sa captivité, ils l’invitèrent souvent à prendre un peu de ces boissons spiritueuses que les sauvages appelaient de l'eau de feu et dont ils faisaient un si étrange abus dans la traite; il refusa constamment d’en goûter, pour montrer à ceux-ci l'horreur qu’il éprouvait pour cette liqueur, cause d’ivrognerie, de débauches et de tant de désordres.

Pendant sa captivité il eut la consolation de baptiser plus de soixante personnes, car il ne laissait échapper aucune des occasions que lui offrait la Providence d'ouvrir aux âmes les portes du ciel.

Ses maîtres le conduisirent un jour dans une bourgade voisine pour assister à des danses et à des jeux. Il les suivit, mais avec d’autres desseins que le plaisir. A peine arrivé il se déroba à la foule et au tumulte, et il se glissa dans les cabanes pour consoler les malades et les mourants, et leur administrer le baptême. Dans l’une de ces habitations il trouva cinq petits enfants atteints de la même maladie et prêts d’expirer. Leurs parents avaient couru à la réjouissance, en sorte qu’il eut tout le loisir de remplir son ministère et de les régénérer par le sacrement. Trois jours après, il apprit que tous s’étaient envolés au ciel.

Le zèle dont toute la vie du P. Jogues fut la constante expression, était la véritable chaîne qui le retint si longtemps captif des Iroquois. Plusieurs occasions de s’échapper s’étaient offertes à lui, mais il en repoussait toujours l’idée comme une tentation, à cause du bien qu'il trouvait à faire aux âmes. S’il finit par consentir enfin à s’évader, ce fut, comme nous l’avons vu, à cause de la crainte fondée que sa mort ne compromît les intérêts de la foi. Sa consolation était au contraire de penser qu’il pourrait peut-être un jour évangéliser ces contrées qu’il avait arrosées de son sang.

Le Seigneur lui accorda en effet cette grâce du retour, mais c’était pour consommer son sacrifice là où il l’avait si héroïquement commencé.

Le sang du martyr ne fut pas répandu en vain…




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Message  Louis Jeu 28 Aoû 2014, 1:36 pm


OBÉISSANCE ET ZÈLE.
(suite)


Le sang du martyr ne fut pas répandu en vain. Il féconda cette terre impie. Quelques années plus tard, la foi alla y planter son étendard, et on y vit fleurir toutes les vertus chrétiennes.

Un autre fruit précieux de ce magnanime sacrifice, ce fut d’augmenter l’ardeur de ses frères et d’exciter dans leur cœur une sainte émulation de zèle et de vertu. « La rage des Iroquois, écrivait peu après le P. Jér. Lalemant, ne rendra pas inutile le mystère de la croix de Jésus-Christ. Nous serons pris, nous serons massacrés, nous serons brûlés, passe ! Le lit ne fait pas toujours la plus belle mort. Je ne vois ici personne baisser la tête. Au contraire on demande de monter aux Hurons, et tous protestent que les feux des Iroquois sont un de leurs motifs pour entreprendre un voyage si dangereux (1). »

La mort du serviteur de Dieu ne fut que le prélude des rudes épreuves par lesquelles allait passer l’Église naissante du Canada. Ce fut son époque la plus sanglante, mais aussi la plus glorieuse.

Enhardis par l’impunité et par le succès, les Iroquois se répandirent de tous côtés en portant partout la terreur et la destruction. Les plus éprouvés furent les Hurons et leurs missionnaires.

Dès 1647, un de leurs villages fut détruit tout entier avec tous ses habitants. Les Iroquois firent de toute la contrée une vaste ruine. Les PP. de Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Antoine Daniel, périrent de leurs mains, ainsi qu’un grand nombre de leurs néophytes. Mais ces jours d’infortune furent des jours de triomphe pour la foi; à l’école du malheur l’homme devient souvent sage. Les Hurons sollicitèrent en grand nombre le bienfait du baptême. Ils reconnaissaient dans les épreuves de l’adversité le châtiment qu’avait mérité leur longue et coupable résistance à la grâce. Dans leur résignation toute chrétienne, ils montrèrent un courage et une énergie de caractère qui seront, plus encore que leurs exploits guerriers, leur plus beau titre de gloire.

Quand les missionnaires purent enfin pénétrer dans les cantons iroquois, ils trouvèrent encore vivant le souvenir du serviteur de Dieu, et ils éprouvèrent plus d’une fois d’une manière sensible les effets de sa puissante protection.

Le P. Jacques de Lamberville, un des apôtres des Iroquois, obtint lui-même une de ces faveurs signalées, dans l’intérêt d’un Iroquois malade. Ses parents, très-attachés à leurs superstitions et renommés pour leur fanatisme, avaient eu recours à toutes les jongleries possibles pour obtenir sa guérison; mais le mal continuait à faire des progrès alarmants. Averti du danger par quelques néophytes, le missionnaire essaya inutilement de pénétrer près du malade. Dans cette extrémité, il s’adressa au P. Jogues pour faire lever les obstacles. Sa prière ne fut pas vaine. II terminait à peine son invocation que les portes si obstinément fermées s’ouvrirent comme d’elles-mêmes. Le malade l'accueillit volontiers et se montra docile à ses enseignements. La grâce avait triomphé, les heureuses dispositions du moribond le rendirent bientôt digne du baptême. Revenu à la santé, le nouveau néophyte ne se démentit pas et se montra fidèle jusqu’à la mort (1).

Les exemples et la puissance du serviteur de Dieu produisirent aussi d’heureux fruits même en France…

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(1) Relat., de 1647.

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Message  Louis Ven 29 Aoû 2014, 12:39 pm


OBÉISSANCE ET ZÈLE.
(suite)


Les exemples et la puissance du serviteur de Dieu produisirent aussi d’heureux fruits même en France. La mère Catherine de Saint-Augustin, cette célèbre religieuse hospitalière de Québec, dont le P. Ragueneau a écrit la vie merveilleuse, lui dut sa vocation au Canada.

Novice à quinze ans au couvent de Bayeux, elle avait déjà un désir ardent de se consacrer à ces missions lointaines, et ce désir était partagé par sa sœur aînée, déjà professe chez les Ursulines.

Mais leurs parents, et surtout le père, M. de Longpré, y mettait une opposition si absolue, que la sœur aînée finit par abandonner complètement son projet. Il n’en fut pas de même de Catherine.

Pour appuyer son refus, le père adressa une requête au Parlement, et de son côté Catherine intéressait le ciel en sa faveur. Elle triompha. La Relation des missions du Canada qui racontait les travaux, les souffrances et la mort du P. Jogues, venait d’arriver en France. Elle tomba entre les mains de M. de Longpré, qui la lut avec le plus vif intérêt. La nuit suivante il se trouva très-fortement pressé de céder aux instances de sa fille, en sorte qu’à son réveil il sentit son cœur tout changé. Au même moment et de la même manière son épouse, alors très-éloignée de lui, éprouva le même changement. Ce fut pour eux un avertissement du ciel; ils ne voulurent pas mériter le reproche de s’être opposés à la volonté de Dieu, et ils donnèrent à leur fille le consentement qu’elle attendait.

Une guérison, qui tient du prodige, arriva quelques années après dans une communauté de Poitiers…

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Message  Louis Sam 30 Aoû 2014, 11:22 am


OBÉISSANCE ET ZÈLE.
(suite)


Une guérison, qui tient du prodige, arriva quelques années après dans une communauté de Poitiers. On y possédait un objet pieux qui avait servi au P. Jogues. Une des religieuses, nommée Marie Prévost, lui dut la vie. À la suite de l’ouverture d’un abcès considérable, elle fut atteinte d’une fièvre maligne du plus mauvais caractère. Les douleurs devinrent aiguës et bientôt intolérables. Se rappelant alors la relique du P. Jogues, elle pria la Supérieure de l’appliquer sur sa plaie. Au premier moment la douleur augmenta considérablement, puis elle cessa tout à coup, et la malade se trouva complètement guérie.

L’année suivante, à la même époque et dans les mêmes circonstances, le mal reparut. La religieuse se souvint du bienfait qu’elle avait reçu, mais en se reprochant de n’avoir pas été assez reconnaissante envers son bienfaiteur. Elle eut de nouveau recours à lui, et elle promit de publier bien haut le prodige si elle guérissait. Sa prière fut encore exaucée, et elle obtint sa guérison immédiate. On en dressa aussitôt un acte authentique avec l’approbation de l’évêque, et il se conservait dans les archives des Jésuites à Paris (1).

Terminons ce récit par ce beau témoignage de l’écrivain américain déjà cité:

« Le P. Jogues est un des plus beaux exemples de la vertu catholique qu’ait vu notre continent. Les prêtres, ses confrères, admiraient son humilité, et ils nous disent qu’elle allait jusqu’au mépris de lui-même, le plus haut degré de la vertu à leurs yeux. Il se regardait en effet comme un néant, et ne vivait que pour faire la volonté de Dieu, manifestée par ses supérieurs.

Quoique d’une très grande douceur, il avait de l’énergie et de la vivacité dans le caractère. Nous l’avons vu pendant sa captivité, se montrer humblement soumis aux moindres caprices de ses maîtres; mais un mot qui blessait sa foi le changeait d’agneau en lion, et ses lèvres, qui paraissaient si timides, savaient prendre alors  le ton de la menace et du reproche. » (The Jes. in N. Amer.)


_________________________________________________

(1) Glorias del 2° siglo  de la C. de Jes. —  P. Jos. Cassani. .S. J.


FIN

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Message  Roger Boivin Sam 14 Jan 2017, 10:02 pm


Le p. Isaac Jogues de la Compagnie de Jésus, premier apôtre des Iroquois - par Martin, Félix, 1804-1886 -- publié en 1873 :

https://archive.org/stream/lepisaacjoguesde00martuoft?ref=ol#page/n9/mode/2up

Table des chapitres :

https://archive.org/stream/lepisaacjoguesde00martuoft?ref=ol#page/350/mode/2up


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